Harry craignait de subir un interrogatoire en règle de la part de Hermione dans sa salle commune, mais il la croisa un peu avant d'arriver devant le tableau de la Grosse Dame. Elle fondit sur lui, le regard noir et le tira un peu à l'écart dans un renfoncement du couloir.
— Harry ! Où étais-tu, je te cherche depuis tout à l'heure !
Il soupira, sans répondre et Hermione fronça les sourcils. Elle pinça les lèvres un instant avant de secouer la tête.
— Parkinson. C'était ça que tu nous cachais, hein ?
— Hermione…
— Je veux juste une explication, Harry.

Le jeune homme hésita, caressant l'idée de la repousser et de briser leur amitié. Cependant, la voix de Pansy qui s'inquiétait de le voir s'éloigner de ses amis le convainquit de lui laisser une chance de réparer ce qui avait été brisé pendant l'été.
— Pansy est quelqu'un de bien, tu sais.

Hermione cligna des yeux et resta silencieuse un long moment.
— Tu semblais la détester…

Harry grimaça, et eut un sourire amusé.
— Oui et non. Je crois que je me suis un peu trop laissé entraîner dans cette histoire de rivalité entre maisons. Tu sais, si elle n'était pas à Serpentard… Enfin. Je… j'ai appris à la connaître autrement, et…
— Et quoi ? Tu l'aimes ?

Il eut un instant d'hésitation. Puis il biaisa.
— Elle est ma petite amie. Je compte pouvoir lui parler, lui sourire et l'embrasser régulièrement, sans avoir à subir un interrogatoire en règle.
— Harry… On s'inquiète pour toi…

Il grogna et sa magie se fit plus présente, presque oppressante.
— Dumbledore m'a déjà fait le couplet de l'inquiétude. Si elle était d'une autre maison, tu sourirais et Ron me donnerait une tape dans le dos. Je suis assez grand pour savoir ce que je veux Hermione.
— Mais si elle se sert de toi pour…
— Pour quoi ? Tenter de me tuer ? Ça ne sera pas pire que Quirell en première année, ou le faux Fol'Oeil en quatrième année. Tenter de me livrer ? Déjà fait ! Tenter de m'affaiblir ? Ils m'ont pris mes parents, puis mon parrain. Difficile de faire mieux, non ? Et à chaque fois, ils étaient amenés à moi par Dumbledore !

Hermione soupira, et se mordilla la lèvre, indécise. Finalement, elle posa la main sur l'avant-bras de son ami, et secoua la tête.
— J'espère que tu sais ce que tu fais, Harry. Mais je te fais confiance, comme toujours. Je… Je parlerais à Ron, si tu veux.

Harry resta silencieux un long moment, puis il hocha la tête avec gratitude. Hermione eut un sourire un peu tremblant et l'attira dans une étreinte amicale, avant de le relâcher. Elle se dirigeait vers l'entrée de leur salle commune, lui tournant le dos, quand il lui posa la question qui le hantait depuis le début de l'année.
— Pourquoi vous ne m'avez jamais écrit cet été ? Pourquoi vous n'avez pas donné de nouvelles ?

Hermione sursauta et se tourna. Elle n'hésita pas un seul instant.
— Parce que Dumbledore nous l'avait interdit. On aurait aimé te voir, ou s'assurer que tu ailles bien. Mais…

Harry souffla, incertain.
— Mais on a toujours brisé le règlement, non ? On a toujours… fait ce qu'on pensait le mieux.

Le visage d'Hermione se froissa, alors qu'elle prenait conscience que c'était la cause de l'éloignement de Harry. Les yeux pleins de larmes, elle se plaqua une main sur la bouche et secoua la tête, effarée.
— Oh Harry…

Elle se jeta sur lui pour l'enlacer fermement, laissant couler ses larmes.
— Il nous a dit que nous risquions de provoquer ta mort, Harry ! Que les Mangemorts pouvaient te trouver si nous leur donnions un indice en t'écrivant !

Elle laissa échapper un sanglot et continua, à mi-voix.
— Molly a hurlé après Dumbledore pour que tu puisses venir, mais il ne voulait pas. Il y avait toujours une excuse, et… après la mort de Sirius, on ne voulait pas… Ho Harry… Je suis tellement désolée.

Harry hésita un bref instant, puis enlaça Hermione avec un soupir.
— Tout va bien, Mione. Tout va bien, d'accord ? C'est fini.

Elle hocha la tête dans son cou et renifla, avant de le lâcher et de s'écarter en s'essuyant les joues. Elle eut un sourire triste en le regardant.
— Tu as raison. On aurait dû t'écrire quand même. Tu as dû penser qu'on t'avait abandonné. Je…

Harry lui sourit, apaisé.
— Ça va Hermione. Vraiment.

La jeune fille hocha une fois de plus la tête, et eut un petit sourire.
— Alors, toi et Parkinson, hein ?

Harry laissa échapper un rire amusé et roula des yeux.
— Pansy est… vraiment bien. Elle…
— Ça va. N'essaie pas de me convaincre, je te fais confiance. Garde ta salive pour Ron, parce qu'il risque de le prendre… beaucoup moins bien.

Harry soupira et fronça le nez. Il se passa une main dans les cheveux, et détourna les yeux.
— D'ailleurs à ce sujet… si tu pouvais éviter d'aborder le sujet trop vite, ça m'arrangerait. Je suis fatigué ce soir, et… Dumbledore m'a bien énervé… Je…

Hermione lui lança un drôle de regard, puis elle se lança.
— Quel est le problème avec Dumbledore ?

Le brun ricana, amer.
— Il y a qu'il m'a fait venir dans son bureau pour me dire de me tenir à l'écart de Pansy. Parce qu'elle est à Serpentard. Elle… Peu importe. Il veut que je prenne l'avenir du monde magique en charge, mais il pense que je ne suis pas capable de discernement.

Hermione resta silencieuse si longtemps que Harry crut qu'elle allait lui dire qu'il avait tort. Cependant, elle souffla.
— Tu es sûr d'elle, Harry ? Vraiment sûr que Pansy ne cherche pas à te faire du mal ?

Harry aurait pu lui avouer tout, expliquer que Pansy était réellement de leur côté, mais il répugnait à partager cette information sans l'accord de la Serpentard. Aussi, il se contenta de hocher la tête.
— Je lui fais confiance. Réellement confiance, Hermione. Elle est… Différente.

Il resta aussi impassible que possible alors qu'Hermione le dévisageait, résistant à l'envie de se tortiller, mal à l'aise. Finalement, Hermione lui offrit un large sourire et hocha la tête.
— D'accord. Je… Si elle n'ouvre pas les hostilités, j'accepte de lui laisser une chance. Après tout, si tu… si tu l'aimes ?

Harry eut un sourire reconnaissant, mais ne répondit pas, suivant Hermione dans la salle commune.