7# Markarth
La route qui descendait de Markarth portait les embruns de la rivière en contrebas de la ville. Le Nordique aux cheveux couleur de blé inspira profondément. C'était probablement la dernière fois qu'il respirait ces senteurs familières. Calcelmo l'avait convié à revenir une fois las de son périple, bien sûr, mais Argis ne comptait pas tourner de nouveau la pointe de ses pieds vers sa ville adorée. Il désirait s'accomplir en tant que maraudeur, comme tout mercenaire qui se respectait : vivre durement sur les routes, prêter sa lame à ceux et celles qui en déclamaient l'utilité. L'ancien Capitaine jurait de rendre à la vie « œil pour œil » ce qu'elle lui avait pris.
La ville bâtie par les Dwemers compterait toujours dans son cœur, cependant plus de la même manière. Aussi, avant de montrer son dos à sa cité, l'éborgné crut bon de l'admirer une dernière fois. Au fond, elles allaient lui manquer ces rues pleines d'escaliers aux marches incalculables où les gamins jouaient. Elles allaient lui manquer ses descentes dans le quartier marchand où il s'attardait pour débattre avec l'orfèvre du coin sur les décorations des armures de parade. Elles allaient lui manquer les nuits durant lesquelles il se perchait au balcon de la Gentilhommière de Vlindrel pour regarder les étoiles.
« Ce ne sera plus jamais, probablement. »
Depuis la perte de son œil, les enfants ne le reconnaissaient plus. Depuis la perte de son œil, l'orfèvre ne le regardait même plus en face. Depuis la perte de son œil, Argis ne tournait plus son regard vers le ciel. Depuis la perte de son œil, il n'était plus Le Rempart de Markarth.
