Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont eu un intérêt pour cette histoire et qui prennent le temps de poster des commentaires. Je vous laisse avec la suite.
Chapitre 3 : Orgie sanguine
Le hall d'entrée du Coven Rosier est digne de ce que le monde des mortels imagine quand on parle de la demeure de vampires. La lumière passant à travers les vitraux est suffisante pour apercevoir tout le mobilier pourpre, lilas et ocre ainsi que les roses d'un rouge pur qui décorent les lieux tout en embaumant la pièce d'une odeur si particulière.
Harry s'avance avec Ananta, laissant ses deux collègues légèrement en retrait pour éviter de laisser peser son aura trop fortement sur leurs épaules. Ses yeux sont rivés sur l'homme à la haute stature aux côtés d'une Narcissa Malfoy d'une élégance exemplaire. La femme qu'il n'a pas vu depuis son procès n'a quasiment pas changé physiquement. Elle porte une longue robe noire en mousseline. Ses cheveux noirs et argent sont relevés en un chignon serré, dégageant ses épaules et son long cou d'une blancheur de lait ornée d'un collier en diamant le cachant aux yeux de tous. Son nouveau mari qui porte un tailleur corbeau assorti à sa tenue est accroché à son bras. Ses cheveux bruns coupés au ras du cou mettent en valeur son visage aquilin et ses yeux d'un noir profond rougeoient légèrement dans la pénombre dans laquelle il est dressé.
Stéphane Le Rosier a tout de l'image que l'on peut se faire d'un vampire. Son visage jusque là impassible se fend d'un sourire aiguisé alors qu'il se dirige avec son épouse jusqu'à ces prestigieux invités comme un seul corps.
" Monsieur Potter ! C'est un horreur qu'un sorcier tel que vous accepte de travailler à nos côtés. Madame Weasley-Granger m'a prévenu qu'elle enverrait une équipe d'élite mais il est vrai que je ne m'attendais pas à vous rencontrer personnellement, déclare-t-il en tendant une main blanche en évitant soigneusement du regard son serpent.
-Le plaisir est partagé. Mes collègues et moi espérons que cette collaboration sera satisfaisante." répond Harry en acceptant son salut.
Il perçoit un léger tressaillement de la part du vampire lorsqu'il touche sa peau mais le sorcier n'en attendait pas moins aux vues de sa libération de magie.
« Madame Malfoy, c'est un honneur de vous voir en pleine forme. » déclare le brun avant de saisir sa main gantée pour y déposer un baiser plein de cérémonie faisant rougir sa propriétaire qui garde néanmoins un visage impassible.
C'est sans doute elle qui a dû apprendre tous les rouages du maintien à son fils si elle est capable de cacher aussi bien son trouble.
« C'est surtout moi qui suis honorée de vous recevoir Monsieur Potter. La famille Malfoy aura toujours une dette envers vous. J'ose espérer que cette collaboration pourra permettre de faire évoluer les relations entre nos deux espèces.
-Harry, il y a au moins dix autres cœurs dans la pièce qui battent très lentement. Murmure Ananta en se trémoussant de plaisir.
-Pour améliorer nos relations, il faudrait déjà que les dix vampires restés cachés puissent se montrer à notre vue. » clame haut et fort Ron avec sa voix claire d'auror.
Il n'y a pas à dire, le meilleur ami du survivant n'est pas l'un des meilleurs éléments de son département pour rien. Ses sens aiguisés, ses aptitudes de bataille acquises lors des temps sombres et son sens de la tactique expliquent entre autres pourquoi Hermione l'a choisi pour cette mission. Il saura capable de protéger ses collègues si besoin.
« Ha ha ! On a bien des personnes très compétentes avec nous, ma chère Narcissa ! rit le patriarche d'une voix grave. Veuillez nous excuser pour cette indélicatesse de notre part mais il est très rare de recevoir des sorciers dans le Coven. Vous pouvez comprendre nos inquiétudes j'imagine. »
D'un geste de tête, le comte intime à ses protégés de sortir de leur cachette. Les auras d'un aspect opaque et sombre caractéristiques des êtres plus proches des morts que des vivants se font plus visibles au regard aiguisé de la langue-de-plomb qui découvrent ainsi le visage des vampires auparavant cachés.
« Bienvenue au Coven Rosier, déclarent-ils tous en cœur.
-Merci.
-Ce n'est pas très bien vu, ni très rassurant de se cacher ainsi surtout lors d'une première rencontre, remarque Draco d'un ton trainant et pourtant acerbe.
-Tu aurais au moins nous prévenir qu'il viendrait avec une créature pareil Draco ! Ce n'est pas que le seul sorcier qu'on a vu avec un serpent pareil est le fou raciste mais un peu quand même, répond un homme musculeux et légèrement trapu aux cheveux noirs mi-long et aux yeux noisette portant une blouse blanche.
-Marius Mihai c'est bien ça ? demande aimablement Harry en reprenant tout à coup le contrôle de son aura. Il a pu montrer la menace qu'il pouvait représenter. Plus besoin de le montrer aussi explicitement au monde. Ravi de faire votre connaissance. Vous êtes bien l'un des collaborateurs de la banque de sang ?
-C'est bien ça. Vous me verrez aux tables des négociations Monsieur Potter. » répond-il avec un léger accent roumain.
-Bien ! Puisque les présentations se passent si bien ! Je pense que nous allons laisser mon beau-fils vous faire une petite visite de vos quartiers ! déclare Stéphane avec engouement.
-On se retrouve donc à vingt-et-une heure c'est bien ça ? demande Malefoy.
-Exactement. »
Les canines du comte sont tellement proéminentes à son dernier sourire qu'Harry se demande jusqu'à quelle longueur elles peuvent pousser lorsqu'il s'abreuve au cou de son calice. Le survivant n'a pas le temps de tergiverser plus longtemps avant de suivre son collègue sang-pur avec son ami sous les regards lourds et curieux des créatures de la nuit.
En entrant dans l'ascenseur, Draco est enfin capable de reprendre son souffle. Bon sang ! Potter a beau les avoir prévenus qu'il montrerait un peu ses capacités à leurs collaborateurs, le blond ne s'est pas attendu à une telle déferlante de pouvoir. Il s'est senti tellement attiré par toute cette puissance magique émanant du brun. Pendant une fraction de secondes, le médicomage a complètement perdu le contrôle de ses propres pouvoirs comme un enfant et il a bien cru ne pouvoir réussir à calmer son rythme cardiaque.
« Sérieusement Harry, t'aurais pu attendre au moins deux minutes que je me prépare à ton aura ! J'ai cru que j'allais m'écrouler ! » grommelle le roux en étirant son cou.
Depuis le début de leur travail, Draco est de plus en plus souvent d'accord avec la belette ce qui commence vraiment à être préoccupant.
« -C'était dans le plan Ron. De toute façon tu t'es très bien débrouillé ! T'as même remarqué qu'on était cerné.
-Notre étage n'est accessible qu'en prenant l'ascenseur, le coupe sans cérémonie l'aristocrate. Ça empêchera ainsi n'importe quel vampire d'essayer d'entrer en prenant les escaliers ou autre. Il y a aussi une sonnette qui s'actionne dans chacune de nos chambres lorsque l'ascenseur s'arrête au dixième également.
-Très ingénieux, commente le brun.
-Simplement le bon sens qui semble parfois te manquer Potter. » répond Draco.
Son serpent siffle quelque chose à son interlocuteur qui sourit avant de répondre en fourchelang à son amie avec une expression amusée. Au départ, les discussions entre ces deux-là avaient le don d'hérisser le poil du sang-pur. Leur proximité lui rappelait trop les moments où Voldemort était au manoir et concoctait ses meilleurs plans et diatribes avec sa compagne reptile. Mais plus le temps passe, plus Draco se demande ce qu'ils peuvent bien se dire et pourquoi le héros du monde sorcier semble autant apprécier cette fichue Maledictus. De toute manière, le lunetteux a toujours eu des goûts plus que douteux. La preuve, il a refusé sa demande d'amitié. Peut-être bien qu'il n'était qu'un jeune enfant capricieux et prétentieux à l'époque mais personne ne pouvait résister à son adorable petite bouille. Preuve que le sorcier à lunettes a vraiment un problème.
Après avoir présenté leur chambre respective à ses comparses, le médicomage s'enferme dans la sienne afin de prendre un peu de repos et de se préparer à la longue nuit de discussion et de négociations qui les attend.
En arrivant dans le boudoir où se déroule la réunion, lieu très mal choisi si on avait demandé son avis, Draco est très surpris de ne pas apercevoir des envolées de fumées propres à ces lieux où drogues et luxure se côtoient paresseusement. Son beau-père est assis dans son fauteuil aux côtés de sa mère et de ses nombreux conseillers dont Marius et Isadora. Ils ne pensaient pas que ces deux collègues seraient autant impliqués dans les négociations. La vampiresse d'origine kenyane s'approche de lui d'un pas décidé, sa blouse blanche de médecin tranchant avec sa peau ébène et les énormes créoles dorées et rubis qui ornent ses oreilles se marient parfaitement avec sa coupe afro.
« Draco, Draco, tu ne nous as pas assez informés sur ta petite équipe. Je ne savais pas que ton peuple enverrait des dangers pareils ! » se plaint la vampiresse avec un regard dur qui lui a fait extrêmement froid dans le dos la première fois qu'il l'a rencontrée.
Pour être honnête, la jeune femme a toujours eu le don de faire sentir le jeune homme tout petit, lui rappelant souvent son manque de connaissance, sa bêtise, l'étroitesse d'esprit dont il faisait preuve auparavant et sa faiblesse. Leur première rencontre a été tellement gênante et étrange pour lui. L'activiste et médecin de génie transformée par Stéphane au début du siècle dernier à cause des mauvais traitements subis dans le zoo humain dans lequel elle était parquée est une femme de caractère qui est toujours obligée de se battre pour tenir debout et pour ne pas être détruite. Détruite et tuée prématurément par le genre de personnes qu'il a suivies aveuglément dans sa jeunesse. Par le genre de personnes comme son père. Que ce soit parmi les moldus ou les sorciers, il y a toujours des personnes prêtes à asseoir leur désir de domination en annihilant d'autres groupes d'individus. Pire que les vampires se tenant face à lui, ils ne s'abreuvent pas simplement de leur liquide vital mais de tout leur être jusqu'à corrompre leur esprit jusqu'à leur propre autodestruction.
C'est sans doute parce que cette réalité est plus effrayante que tous ces morts-vivants entourant cette table que le blond a appris à se contrôler et à ne pas les craindre autant que certains de ses congénères. Il y a beaucoup plus effrayants que des vampires.
" Tu penses réellement que Granger n'aurait pas envoyer une équipe de qualité ? Les sorciers ne sont pas des idiots ! Et je suis vexé que tu ne me considères pas comme une menace, déclare Draco avec une expression hautaine avant de s'asseoir.
-Toi, je peux te mettre à terre quand je veux, Petit Blond ! répond Isadora avec un sourire moqueur.
-Si tu le dis."
Weasley et Potter entrent comme un seul homme à l'intérieur de la pièce. Ils détonent complètement parmi tous les autres, rayonnants de vie. Le survivant dégage toujours cet air intransigeant d'une puissance incommensurable et se dirige immédiatement vers Draco.
« Waouh ! Le brun a l'air dangereusement délicieux… murmure le médecin d'une voix rauque. Je te laisse, Petit Blond. »
Draco supprime activement de son cerveau la dernière phrase prononcée par sa traitresse de collaboratrice avant de faire un signe à ses deux camarades qui prennent place à ses côtés.
Les discussions durent plusieurs heures durant laquelle ils mettent en place leur plan d'attaque pour convaincre les membres du Conseil. Leur principal ennemi reste le Coven de Gregory Duncan, un vieux vampire américain transformé durant la guerre de Sécession. Son Coven est énorme à cause des nombreux humains qu'il transforme souvent sans leur consentement. Il est le parrain d'une des mafias les plus proéminentes de Londres et a le nez dans de nombreux trafics dont celui de transformation de vampires à la limite de la légalité et la vente de calices. Si les tablettes de sang artificielles sont mieux tolérées, cela mettra à mal une partie de son business. C'est donc l'un des comtes opposés le plus fermement à la perméabilité des frontières.
« J'ai une question Monsieur Le Rosier, dit Potter. Le Coven de Duncan est bien celui où bon nombre de vampires se sont ralliés aux Mangemorts durant la Deuxième Guerre des Sorciers si je ne m'abuse. Il a donc perdu une partie de la confiance dans le monde vampire en ne respectant pas le Traité de Non prise de position, je me trompe ?
-Pas assez pour perdre tous ses contacts et son statut. Son Coven est toujours aussi puissant que le mien du fait de sa vieillesse et de son ancienne liaison avec le comte Dracula, notre père immortel à tous, répond Stéphane en pleine réflexion.
-Justement par rapport à ce fait, il me semble judicieux qu'il ne puisse pas aller dans le monde des sorciers avec ses alliés du fait de cette trahison, ajoute Weasley avec fermeté.
-Je comprends votre demande mais je ne sais pas comment cette requête pourra ne pas d'autant plus renfermer bon nombre des patriarches.
-Si en échange, le Ministère Sorcier accepte de collaborer avec votre département pour résoudre ces affaires mystérieuses de meurtres qui touchent votre communauté, je suis certain qu'ils seront prêts à accepter cette petite condition.
-Parce que des aurors accepteraient de travailler avec des créatures qu'ils chassent habituellement ? demande Marius avec perplexité.
-Si aucune des sangsues du Coven de ce Duncan ne met un pied dans le monde sorcier, déclare le roux sûr de lui. Mon équipe peut s'en charger sans problème.
-Ça me semble être une idée plutôt satisfaisante, réfléchit le comte en humant son verre de vin. Mais les aurors et les vampires n'ont jamais fait bon ménage.
-On peut aussi vous envoyer une équipe de langues-de-plombs si vous préférez, propose Draco tranquillement. Ce sont des équipes bien plus discrètes qui rechigneront moins à travailler avec vous.
-Mon équipe pourrait s'en charger. » ajoute Potter sans ciller alors qu'Ananta émet un bâillement sonore.
Personne ne semble enclin à contredire le survivant. Décidément, l'idée de faire équipe avec l'un des plus grands sorciers de leur époque semble en boucher un coin aux créatures de la nuit. Draco est lui-même surpris, ne s'attendant pas à ce que le sorcier suive son idée avec autant de facilité. Décidément, il n'est pas si difficile que ça de travailler avec le grand Potter.
Cette première nuit de réunion a complètement éreinté Harry. Il s'écrase sur son lit et fixe l'horloge de sa somptueuse chambre qui indique quatre heures du matin. Être entouré de vampires est extrêmement éreintant et suivre leur rythme de vie également même s'il ne s'agit que de la première nuit. Demain à vingt-deux heures, ils accueilleront le Conseil Vampirique britannique pour signer une partie du contrat et essayer de faire passer leurs idées principales. Pour l'instant tout est sous contrôle et se passe plutôt correctement. L'idée de Draco était même plutôt bonne même si Harry aurait préféré ne pas se lancer dans une histoire sordide de meurtres. Il déteste ce genre de cas. Alors qu'il se frotte le ventre pensivement, faisant remonter son vieux tee-shirt délavé, Harry laisse Ananta se glisser avec lui sous les couvertures.
« J'aime beaucoup travailler avec toi Harry. C'est tellement amusant d'être entouré de tous ces cœurs. Ils battent si lentement. Tu sais qu'on peut aussi ressentir la peur des vampires ?
-Leurs auras même s'ils n'ont pas de magie sont différentes de celles des moldues aussi, répond passivement le brun.
-Elles ne t'ont pas trop affecté Harry donc tu n'as pas à t'inquiéter.
-Tu trouves ? Tant mieux parce que j'étais nerveux au début.
-Moins nerveux que lorsque tu es seul avec le médicomage. Ne t'en fais pas.
-Je ne suis pas nerveux quand je suis avec Malefoy !
-Pourtant ton odeur change un peu lorsque tu es avec lui… répond Ananta songeuse.
-C'est normal, je dois mettre cette potion bizarre !
-Si tu le dis ! Mais parfois quand tu es avec lui, j'ai peur de ne plus pouvoir faire partie de ta vie Harry, avoue le serpent en l'enlaçant avant de lui lécher la joue.
-Qu'est-ce qui te fait croire une chose aussi bizarre ?! s'insurge le sorcier interloqué.
-Ton désir.
-Je ne ressens aucun désir envers Malefoy ! répond le brun avec offuscation. C'est juste de la curiosité ! Je n'ai jamais pu sentir ce gars prétentieux c'est tout ! Ce n'est pas parce qu'on peut travailler correctement ensemble qu'il y a besoin de chercher plus loin… »
La langue-de-plomb est arrêtée dans son explication alambiquée par le ronflement sonore de sa compagne qui a fini par s'endormir, sa petite tête posée au creux de son cou.
Le lendemain, Harry se réveille à midi, bien loin des quatorze heures qu'il espérait atteindre pour être en forme toute la soirée qui s'annonce. Il soupire, s'habille et donne à manger à Ananta qui semble avoir repris du poil de la bête. Le sorcier ne l'a jamais vue d'aussi bonne humeur. Il aimerait tellement pouvoir la faire sortir plus souvent. Mais la peur envers des créatures comme elle façonne encore beaucoup trop le monde dans lequel il vit. En se connectant à l'esprit du reptile, il se rend compte que quasiment personne n'est réveillé dans la maisonnée. La plupart des cœurs se sont arrêtés, témoignage du sommeil impénétrable des vampires.
Ayant une faim de loup, Harry se décide à rejoindre Ron pour petit-déjeuner avec lui et réfléchir au message le plus adéquat à envoyer à la coordinatrice de l'opération. En tapant à sa porte, le brun tombe sur un Ron échevelé à peine sorti du lit.
« Tant mieux que t'es là Harry ! Parle à Mione, je viens à peine de me réveiller ma parole ! » se plaint-il une brosse à dent dans la bouche tout en lui tendant son cellulaire, à moitié endormi.
Le héros réprime un rire avant de répondre aux questions de la sorcière. Le temps a beau passé, Hermione sera toujours là pour empêcher Ron de piquer les meilleures grasses matinées de sa vie.
Il traine tout le reste de la journée dans la chambre de Ron où ils s'entretiennent un peu physiquement avant de se préparer à la longue nuit qui les attend. Le brun lui propose vers six heures du soir de se préparer à manger avant tous ces entretiens où seul du vin sera présent pour combler leur estomac.
La cuisine qui est laissée à leur disposition est extrêmement fonctionnelle et incroyablement garnie pour une demeure peuplée uniquement de sangs froids. Harry a pour ambition de faire cuire la viande de bœuf qui semble excellente avec des légumes et des pâtes. Les produits sont d'une telle qualité qu'il serait bête de ne pas en profiter.
Alors que le héros s'affaire en cuisine, Ananta dans ses pattes au grand dam du roux, il manque de faire tomber son rôti en tombant sur un Draco en pyjama de soie, les yeux encore embrumés par le sommeil.
« MALFOY !
-Si tu pouvais ne pas crier aussi fort aussi tôt dans la soirée Potter, ça protégerait mes pauvres tympans qui n'ont rien demandé ! se plaint Draco en faisant léviter une théière et de quoi se faire un thé.
-Tu viens à peine de te réveiller ? demande Ron surpris.
-Je ne me suis pas couché aussi tôt que vous, j'avais des choses à régler avec Marius et Isadora… répond-il avec un air renfrogné qui sert étrangement les entrailles du brun.
-Les deux médecins ? questionne tranquillement Harry en posant le repas sur la table. Il lui a semblé que les deux étaient plutôt proches du blond à sa grande surprise.
-Hmmm… »
Si un jour, Harry penserait voir Malfoy les cheveux en pagaille lui répondant simplement par un hochement de la tête au lieu d'une de ses phrases pédantes, il se serait mieux préparé. En prenant une photographie de lui pour faire du chantage par exemple. Ou en apprenant à mieux contrôler ses réactions. Harry se sent étrangement déconnecté de lui-même. Cette scène est sans doute beaucoup trop irréaliste pour lui. Pourtant il n'y a pas de raison. Ils sont collègues et sur une longue mission. Logique que Malefoy ne soit pas toujours tiré à quatre épingles ! Il n'est sans doute pas aussi propre sur lui après une nuit de garde également !
« Tu veux manger avec nous ? demande Harry avant de s'insulter dans sa tête dès que la question franchit ses lèvres.
-J'ai des goûts au-dessus de tes standards, Potter.
- Lui au moins, il s'est tenir un fouet contrairement à toi La Fouine ! défend Ron.
-Désolé de ne pas avoir subi une éducation de plébéien !
-Tu manges ou pas ? demande Harry excédé en commençant à sortir les assiettes.
-Je n'ai jamais refusé. »
Toute cette histoire pour que monsieur l'aristocrate accepte alors qu'il aurait pu le faire sans broncher. « Quelle diva ! » se dit Harry en posant avec fermeté son assiette remplie au blond. Il ne peut réprimer un sourire en se rendant compte que pendant tout le repas où la discussion se fait surtout avec son ami, il n'entend pas une seule plainte ou remarque acerbe vis-à-vis de son plat.
A l'heure convenue, tous les trois apprêtés de leur tenue officielle de soirée, ils attendent aux côtés du Coven Rosier l'arrivée du Conseil. Lorsque les premières limousines commencent à stationner devant le perron, Harry commence à libérer ses pouvoirs de la même façon qu'il l'a faite à son arrivée. Il sent ses congénères se tendre mais qu'importe.
Les premiers vampires commencent à entrer. Il les salue un à un, satisfait de l'effet qu'il a sur eux, renforcé par la présence menaçante du serpent blanc à ses côtés. Lorsqu'il rencontre enfin Gregory Duncan et les deux comparses à sa suite, Harry ne peut s'empêcher de serrer les dents. Il est sûr d'avoir déjà croisé ses deux acolytes sur le champ de bataille il y a bientôt onze ans. Et leur chef a une aura encore plus sombre et menaçante. Son physique trapu du soldat d'une cinquantaine d'années est dissimulé dans un trois-pièces hors de prix et ses yeux d'un rouge profond semble aussi sanguinaires que son sourire qui se veut à la fois aimable et effrayant.
« Monsieur Potter. Je suis ravi d'enfin faire la connaissance d'un sorcier aussi puissant que vous ! s'exclame l'homme avec emphase.
-Et moi beaucoup moins sachant que je crois reconnaitre vos deux collègues, répond-il avec provocation en serrant rapidement sa main ornée de bagues en or.
-Oh vous savez Monsieur Potter, on fait tous des erreurs de jeunesse ! Surtout lorsque le désir, cette force si puissante, embrume notre esprit. » répond lentement un vampire aux cheveux châtains et aux magnifiques yeux miels en observant d'un regard appuyé Malfoy.
Le cœur du médicomage s'emballe d'une étrange façon qui enchante guère Harry alors qu'il peut sentir grâce au sens aiguisé d'Ananta un soupçon presque diffus de peur émané de lui pendant une fraction de secondes.
"Votre nom ? demande froidement Harry en s'avançant légèrement pour se poster devant son collègue pour tendre la main à ce vampire douteux.
-Damien Williams, Monsieur. » répond-il en saisissant sa main avec un sourire presque animal qui énerve d'autant plus le brun.
Les négociations sont longues comme s'était préparé le survivant. A la fin de celles-ci, son équipe avec l'appui du Coven de Stéphane le Rosier a réussi à faire passer la plupart des demandes et même celles contre l'entrée du Coven de Duncan dans le monde sorcier. En contrepartie, c'est l'équipe que Harry forme en ce moment avec Malefoy et Ron qui sera affectée dans l'enquête sur les vampires assassinés.
Le héros est soulagé d'avoir réussi à dominer la conversation et à rallier les vampires les plus sceptiques pour signer ce traité pour les bénéfices de leur camp respectif. A présent, une soirée a été prévue pour marquer l'événement et permettre à tous de se détendre.
Tous les invités sont consignés dans leur chambre avant le début des festivités annoncées à minuit. Dans l'ascenseur, Harry ressent une pointe d'apaisement en se rendant compte que ces deux collègues sont plus détendus. Surtout Malfoy qui a eu un niveau de tension que le brun n'a jamais ressenti chez lui auparavant.
« Avant la soirée, je vous conseille de vous asperger au moins deux fois plus avec la potion que je vous ai préparée. Les phéromones des vampires vont être dans toute la pièce et ils sont du genre à être très impudiques à ce genre de soirées surtout si elles suivent des réunions d'une grande importance.
-Des phéromones ? demande Ron perplexe.
-Oui. Cela fait monter la libido de toutes les personnes dans la pièce et leur permet de trouver plus facilement leur proie parmi les non-vampires, parmi eux ou pour s'amuser et éprouver plus de plaisir avec leur partenaire. Si vous ne voulez pas finir dans le lit d'un vampire inconnu sur un coup de tête, je vous conseille de vous préparer et de boire aussi la potion rose dans votre mallette.
-Cela coupera tous nos désirs ?
-Seuls les désirs issus d'une manipulation de l'esprit, oui. Débrouillez-vous pour vos propres pulsions sinon, déclare Malefoy en délassant légèrement le col de sa chemise. Je vais un peu me reposer, je suis éreinté. Sonnez lorsque l'on doit descendre ! jette-t-il avant de disparaitre dans sa chambre.
-Cette fouine me sort par les yeux des fois ! Chance qu'il est utile, je te jure ! N'empêche cette histoire me stresse un peu. Tu imagines s'il se passe quelque chose. Il faut faire attention aux scandales. Tu m'écoutes Harry ?
-Ah oui… Par rapport aux scandales ne t'inquiètes pas, tu es l'âme-sœur d'Hermione de toute façon. C'est pas comme si tu voudras la tromper…
-Je parlais de toi…
-Je suis capable de me contrôler ! » S'agace le brun.
Son aura se fait légèrement plus pesante. C'est vrai qu'Harry peut parfaitement avoir un coup d'un soir dans le monde moldu mais il n'a aucune envie d'avoir des crocs planter dans son cou.
« Je crois que je dois me reposer aussi.
-Ouais, on se retrouve après c'est mieux. » répond Ron soucieux.
A l'heure tant attendue, l'équipe se dirige avec appréhension jusqu'à la salle de bal. Il ne faut que quelques pas à l'intérieur pour que Harry comprenne pourquoi le blond les a prestement avertis. Les auras de tous les vampires n'ont jamais été aussi vivantes et des effluves de mille couleurs apparaissent devant ses yeux experts. Toute la salle suinte l'odeur de sexe et de luxure et des parfums savoureux s'échappent de toutes les créatures de la nuit qui se collent les unes aux autres. Certains couples sont déjà en train de s'échanger du sang ou de s'embrasser sur des divans tandis que d'autres sont en discussion tout en caressant leur moitié.
Harry et Ron se sentent immédiatement en décalage complet alors que Malefoy les entraine vers sa mère aux côtés de son mari. Contrairement à beaucoup de couples, ceux-ci n'échangent aucun geste l'un vers l'autre si ce n'est la main ferme de Stéphane posée sur la taille fine de son calice.
Ils parlent avec le couple et certains des membres du Conseil pendant plusieurs minutes avant que le médicomage ne leur fausse compagnie entrainant Marius Mihai pour discuter de son projet avec un groupe de jeunes vampires curieux.
L'étrange atmosphère commence à monter à la tête de Harry alors que les odeurs de passion ardente se font de plus en plus pressentes tout autour de lui.
« Cette ambiance est extrêmement agréable. Les cœurs battent beaucoup plus vite et l'odeur de sang est délicieuse. » susurre Ananta à son oreille.
Harry l'ignore et émet un signe pour pousser le vampire qui lui parle à continuer son discours. Ron est beaucoup plus proche de lui depuis le début de cette discussion. Le comte Le Rosier et Madame Malfoy leur ont fait faux bond depuis déjà trente minutes et Harry espère qu'après cette discussion, il pourra s'enfermer dans sa chambre pour échapper à tous ces gémissements et ce lieu sulfureux.
Au moment où il pensait pouvoir détaler avec son ami dont les yeux bleus commencent à se dilater dangereusement, Harry est arrêté par Isadora Ponti.
« Monsieur Potter ! Je crois que je n'ai pas eu le plaisir de converser avec vous, déclare la femme avant de prendre un verre de sang frais.
-Vous avez laissé vos collaborateurs ?
-Draco est assez grand pour se débrouiller tout seul et Marius a dû partir batifoler je ne sais où, sourit-elle en plongeant ses yeux noirs dans les siens. Je ne vais pas mentir sur le fait que vous m'intriguez Monsieur Potter. J'ai rarement croisé de sorciers sachant contrôler aussi bien leur aura et avoir une telle puissance. Même en Afrique c'est extrêmement rare.
-Vous connaissez bien le monde sorcier ?
-Pas européen. Il est très fermé aux autres créatures contrairement à ceux aux quatre coins du globe.
-C'est vrai. C'est pour ça que je me suis aussi formé ailleurs. »
S'en suit alors une conversation durant laquelle ils discutent de leurs différentes connaissances et de la façon dont les sorciers arrivent parfois à entrer en collaboration avec des zombies au Bénin ou avec des esprits dans les quatre coins du globe. Isadora est extrêmement érudite et Harry apprécie beaucoup sa compagnie. Elle ne semble pas craindre particulièrement sa présence ou le serpent qui l'accompagne et elle lui donne même quelques informations sur les vampires.
« Les phéromones sortent de différentes glandes mais surtout des glandes parotidiennes et des glandes mandibulaires. C'est ainsi qu'on peut permettre d'orienter les désirs enfouis de nos proies. Puisque nous sommes généralement très attirants, elles finissent rapidement par succomber à notre charme… »
Harry est alors distrait par la présence de Draco qui réapparait dans son champ de vision. Seul après avoir expliqué à une foule de personnes son projet, il se dirige vers le buffet pour se prendre un verre. Sa démarche assurée et d'une telle élégance que son poids semble à peine peser sur le sol. Alors qu'ils portent le même costume noir avec chemise blanche et sa cape corbeau, celui-ci sied différemment au blond. Il épouse parfaitement les contours de son corps, caressant ses jambes interminables soutenant ses hanches étroites aux balancements pourtant si séducteurs qui disparaissent parfois sous la cape que Draco bouge avec aisance comme s'il s'agissait d'une seconde peau. Sous cette lumière tamisée se reflétant sur sa peau pâle alors que la nuit ou plutôt le matin ne cesse de continuer sa course, Draco semble étrangement désirable. Cette constatation manque de couper le souffle de Harry au moment où le bras et la tête de Ron s'écrase sur son épaule.
« Harry… Je me sens vraiment pas très bien… Mione me manque… souffle son ami dans un soubresaut tout en s'accrochant à sa robe tel un naufragé.
-Excusez-nous Isadora mais je pense que nous ferions mieux de rentrer, s'excuse précipitamment Harry alors que le rouge commence à lui monter aux joues et que Ron se frotte un peu plus à lui avec désespoir avant de réprimer un pleur.
-Bien sûr. Vous avez été étonnamment endurants pour des non-vampires. Bonne nuit Monsieur Potter. Je vous montrerai le grimoire que je possède la prochaine qu'on aura l'occasion de nous revoir.
-Merci encore pour cette discussion très agréable. » conclut Harry en échangeant un baise-main tout en maintenant son ami.
Au moment où ses lèvres se posent sur la peau douce et noire de la vampiresse, son cœur s'accélère dangereusement en sentant l'aura de Draco s'agiter plus loin. Lorsqu'il reporte son attention sur le blond, Harry se rend compte que le vampire suspicieux appelé Damien l'a rejoint. Même si ses signes vitaux sont parfaitement sous contrôle, la magie émanant de l'aristocrate ne trompe pas Harry. Il ne sait pas pourquoi mais une envie de meurtre le prend à l'instant où le vampire approche le médicomage. De quel droit ose-t-il tenter un rapprochement et comment ose-t-il intimidé Draco ?
« Ananta. Reste ici avec lui. Je m'occupe de Ron puis je viens te récupérer. Pas de meurtre mais tu peux t'amuser comme tu veux.
-D'accord je vais protéger ton cher petit médicomage. Mais tu devras me donner plus de rations de viande la prochaine fois pour la peine. Après tout je te laisse m'échapper parce que j'ai bon cœur.
-Protège-le parce qu'il s'agit de mon coéquipier ! Et puis je t'ai déjà dit que je n'étais pas amoureux de toi !
-Je sais bien mais je pensais qu'on pouvait peut-être être âme-sœur. Mais tout ça est compromis parce que tu n'as d'yeux que pour ce sorcier ! Chance que je l'aime bien… J'aurai voulu le manger autrement…
-Ananta… Je dois vraiment te laisser… Répond le brun décidant de ne pas débattre avec son amie. Il croit bien que Ron est sur le point de pleurer maintenant.
-Vas-y. Essaie d'échapper à ton désir si ça te rassure ! » se plaint le serpent avant de partir effectuer sa quête.
Harry s'engouffre dans l'ascenseur suintant de phéromones inconnues. Des couleurs tamisées, effluves d'actes charnels et de pouvoirs vampiriques hantent le lieu étroit alors que Ron commence à divaguer.
« Pourquoi Mione n'est pas avec nous… On aurait pu coucher tous ensemble comme la dernière fois. Tu te rappelles. Elle était tellement belle… Tu sais… C'est la femme la plus belle, la plus désirable, la plus incroyable que j'ai jamais vue ! Il y a personne qui lui arrivait à la cheville ! Pourquoi elle est pas avec nous à la place de la fouine… » se met à geindre Ron en pressant tout son corps contre son meilleur ami.
Harry soupire. L'auror est pire que les moments où il se saoule pour oublier les moments où il est séparé trop longtemps de sa bien-aimée. Si ces phéromones l'affectent autant, c'est tout à fait normal que le roux s'accroche à la personne qui lui rappelle le plus les moments d'intimité passés avec sa femme. Ils ont couché tous les trois ensembles, une seule fois, peu de temps avant leur mariage. Ses deux amis voulaient tenter une nouvelle expérience mais voulaient le faire avec une personne avec qu'ils se sentiraient assez en confiance pour lâcher prise. La seule personne qui correspondait à ce profil était Harry. Il a accepté avec plaisir et curiosité. Cela a été une belle nuit. Très belle nuit. Il ne s'est jamais senti autant en connexion avec ces deux amis. Ils ont traversé l'enfer ensemble. Cette nuit d'union a donc été comme une déclaration d'amour pur et infini entre les trois. Il n'oubliera jamais cette nuit car le héros ne s'est jamais senti autant en sécurité que dans les bras de ses deux meilleurs amis. Certaines personnes trouveraient ça bizarre mais cette expérience n'est arrivée entre eux qu'une seule fois et Harry sait très bien qu'il n'aurait jamais pu coucher avec l'un d'eux séparément. Car Ron n'est pas vraiment intéressé par les garçons et car Hermione est comme de la famille pour lui. Ça a toujours été Ron et Hermione pour toujours et à jamais. Et Harry a aimé partager leur amour et leur donner toute l'amitié qu'il éprouve pour eux juste pour une nuit.
Le héros réussit à trainer Ron jusqu'à sa chambre et à le changer alors qu'il pleure à présent à grosses gouttes se sachant seul avec Harry. Le roux finit par s'endormir bercé par les bras de son meilleur ami.
Cette soirée est un véritable enfer pour Draco. Dès qu'il est entré dans la salle de bal avec ses deux acolytes, l'odeur musquée de Harry a empli ses narines d'une façon tellement dévastatrice que le blond a craint de s'effondrer de manière totalement embarrassante au sol. Il a parachuté le plus rapidement possible ses deux collègues à sa mère et son beau-père avant de fuir au bras de Marius pour se jeter dans des explications abracadabrantesques sous les yeux d'un public parfois novice.
Cette oppression et ce désir pour le survivant ne l'ont pas quitté de toute la soirée. A chaque fois qu'il tombait dans son champ de vision, le blond ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller devant son visage ennuyé face à ses interlocuteurs, devant son regard brillant d'intérêt lorsqu'il s'est mis à discuter avec son amie Isadora. Que pouvait-elle dire de si intéressant pour rendre le visage du brun encore plus attirant. Ses traits puissants et ses sourcils légèrement broussailleux apparaissent d'une manière si différente au clair de la Lune. Cela demande à Draco toute sa concentration pour ne pas sombrer. Jamais il ne s'est senti ainsi, pas même la nuit où il a ramené son ex à l'une de ces soirées. Même s'ils ont fini par avoir une nuit d'amour plus qu'agréable, Draco n'a jamais ressenti une attirance aussi entêtante.
Au moment où Draco voit Weasley s'effondrer de manière beaucoup trop proche Harry, son cœur fait un étrange bond dans sa poitrine. Il tente de se reprendre et au moment où il ouvre les yeux, son sang se glace dans ses veines. Lui qui pensait que Damien était parti plus tôt ! Draco aurait dû savoir que le vampire ne pouvait se refuser une nuit de plaisir. Après tout, c'est la seule et unique raison pour laquelle il a rejoint Voldemort. Pour pouvoir goûter au sang de sorciers et apprécier le plaisir de tuer de ses propres mains. C'est pour le plaisir que le vampire s'est insinué dans son corps, dans son esprit, dans ses veines et dans son cœur alors qu'il essayait tant bien que mal de ne pas se noyer dans cette guerre.
Draco est tombé trop violemment pour lui. Trop vite et trop fort. Damien était son premier amour et il a joué avec son cœur comme s'il s'agissait d'une simple poupée. Draco l'a sans doute mérité. C'était un Mangemort. Après tout, à cause de lui, plusieurs de ses camarades innocents sont morts. Son père était l'une des têtes pensantes de l'armée des ténèbres. Lorsque le Seigneur des Ténèbres a découvert son terrible secret. Sa liaison, pire son attachement avec un mort-vivant, il s'est fait une joie de partager l'un de ses souvenirs les plus intimes à son père. Cette nuit le sort Doloris n'a jamais été aussi atroce. Draco a été enfermé pendant des jours le mois de décembre par son père lors de la septième année. Son paternel avait tellement honte de lui. S'être accoquiné avec une créature aussi vile. Son propre fils ! Qui ne pourrait pas lui apporter un fils sortant par voie naturelle ce qui est déjà moyennement acceptable mais qui en plus n'était pas fichu de s'accrocher au moins à un sang-pur!
Après cette punition, Draco n'a jamais revu Damien. La séparation a été terrible. Beaucoup trop brutale. Pourtant Draco savait qu'il n'était qu'un jouet. Le vampire n'a jamais été tendre avec lui, toujours mesquin. Il aimait voir son masque s'étioler pour lui, il aimait le voir se soumettre à lui. Draco aimait ça aussi. Peut-être un peu trop. C'était comme une cam dans la folie de cette année. Un moyen de se sentir vivant quelques instants. Même en prison le lien de sang qu'il avait malheureusement créé avec Damien l'a hanté pendant encore un an. Il lui a fallu du temps pour se remettre de cette histoire désastreuse. Du temps pour refaire à nouveau confiance à quelqu'un. Pour pouvoir se projeter avec quelqu'un. Sans le travail avec la psychomédicomage qu'il a rencontrée aux Etats-Unis, il n'aurait sans doute pas réussi à se reconstruire et à faire face à cet homme malgré le nœud qui lui noue l'estomac. Parce que personne à part son père et Voldemort était au courant de cette liaison. Il n'a jamais voulu que personne d'autre ne le sache. Cela aurait été beaucoup trop humiliant. Et il ne voulait pas faire souffrir sa mère inutilement.
« Qu'est-ce que tu veux Damien ? demande le blond froidement en essayant de calmer ses signes vitaux.
-Je ne pensais pas te revoir un jour Draco. Tu es devenu un jeune homme extrêmement charmant. Jamais je n'aurais pensé que les Malfoy, que la femme qui était attaché à ton fou de père puisse finir avec un des miens. Le monde est amusant tu ne trouves pas ?
-Je trouve surtout que le destin est parfois bien mesquin, répond le blond avec indifférence.
-Pourquoi aussi peu de sentiments pour ton premier amour, Mon Ange. » murmure avec douceur son ancien amant.
Le sang du blond se fige à ses mots. Bien sûr que le vampire le savait. Bien sûr qu'il devait savoir qu'il était stupidement tombé amoureux de lui. Il avait remarqué qu'il s'était attaché stupidement à lui malgré le fait que ce n'était que du sexe entre eux. Rien de plus. C'est sans doute pour ça que le vampire lui a demandé s'il pouvait mordre sa cuisse. S'il pouvait lui donner un peu de cette saveur si particulière qu'est le goût du nectar d'un sang-pur.
« Je ne suis plus ton Ange depuis longtemps ! Ne sois pas ridicule Damien ! rétorque Draco d'une voix blanche avant de jeter un sort de magie noire qui fait froncer les sourcils du vampire sous le coup de la douleur.
-C'est comme ça que tu me traites après tout ce temps…
-Parce que tu pensais que j'allais te traiter comment exactement ? Tu as eu ce que tu voulais de moi, je ne vois pas pourquoi tu viens remuer une histoire terminée depuis longtemps !
-Mais parce que je sens ton désir Draco. Les phéromones t'affectent toujours autant qu'il y a onze ans même si tu tentes de rester impassible face à mes avances… »
Draco lance une autre attaque mentale sans sourciller faisant plier de douleur le vampire face à lui. Au moment où le médicomage pense devoir lancer un autre assaut, son agresseur devient pâle comme un linge et détale précipitamment. En regardant à ses pieds, Draco tombe sur le corps reptilien d'Ananta qui siffle avec menace. Mais qu'est-ce que le serpent de Harry fiche ici ?! A la recherche du survivant dans la salle, il ne trouve aucune trace de lui. Il a sans doute dû ramener Weasley donc pourquoi laisser sa bestiole ici ?! Il n'a quand même pas laissé le serpent pour qu'il le protège ou une quelconque bêtise de ce genre comme si c'était une demoiselle en détresse ! Qu'est-ce que le survivant l'agace ! C'est forcément à cause de l'effet des phéromones s'il a envie de mettre cet idiot dans son lit et rien d'autre !
Draco regarde Ananta avec ennui et est surpris de la voir s'enrouler autour de sa taille avant de poser une partie de son corps sur ses épaules et sa tête contre sa carotide comme elle le fait avec son maitre. Elle est étrangement douce et sa température corporelle est étonnamment agréable. Même son sifflement ne semble plus aussi angoissant qu'avant. C'est presque rassurant après la rencontre peu agréable à laquelle Draco a dû faire face.
« Tu peux rester sur mes épaules mais c'est seulement parce que je suis trop fatigué pour me battre. Est-ce que c'est clair ? » grogne l'aristocrate.
Le reptile d'un blanc neigeux siffle à son oreille et Draco espère que la bestiole a prononcé une réponse affirmative.
Harry finit par sortir de la chambre de Ron après que celui-ci s'est endormi. A présent, les phéromones font beaucoup moins d'effets sur son corps. Il suffit qu'il retourne chercher son amie. Après il pourra s'enfermer dans sa chambre, évacuer toute sa frustration sous la douche et oublier le fait que son esprit a été un peu trop focalisé sur Draco toute cette soirée. Depuis quand Malefoy est-il devenu Draco ?
Les portes s'ouvrent au moment où cette question fuse dans l'esprit de Harry. Des phéromones lui montent à la tête mais surtout l'odeur de chèvrefeuille et de potion si caractéristique du médicomage. Adossé contre la rampe de l'ascenseur avec désinvolture, le blond dépose avec délicatesse Ananta au sol, détachant par mégarde un pan de sa cape l'obligeant à entrouvrir un peu sa chemise pour remettre sa broche en place. Son mouvement machinal hypnotise Harry alors qu'une plainte s'échappe de cette fine bouche rosée si tentante :
"Quand on a un machin aussi énorme comme animal de compagnie, on ne le refile pas à son collègue. Est-ce que tu m'écoutes au moins Harry ?"demande avec agacement Draco en posant son regard gris sur lui.
Son regard ardoise n'est pas aussi placide que d'habitude. Il est orageux. Et pour la première fois, Harry croit y déceler un soupçon de désir. Il entend le cœur du blond s'accélérer au moment où il pose ses yeux sur son cou dénudé d'une pâleur translucide. Ou peut-être est-ce simplement l'accelerando de son propre cœur que le survivant perçoit à l'instant où son prénom a franchi les lèvres de son ancien rival pour la première fois?
Harry aimerait qu'il le répète encore une fois. Son prénom.
Harry aimerait entendre la voix de Draco le répéter jusqu'à ce que le jour se lève et l'oblige à reprendre possession de sa raison.
Harry ne voulait pas. Il ne voulait pas succomber au désir. Le désir si fort de posséder et d'être serré tellement fort jusqu'à perdre tout sens des responsabilités et de la mesure. Mais Harry a beau tenté de fuir, Désir est revenu telle une rafale pour le narguer. Et Il ne peut plus lutter.
En deux enjambées, il attrape le visage de Draco pour écraser ses lèvres contre les siennes. Un battement de cœur. Draco passe ses bras autour de son goût et agrippe ses cheveux. Un autre battement de cœur. Leurs langues se rencontrent enfin dans une danse possédée. Une inspiration. Harry peut enfin sentir le souffle de Draco contre ses lèvres. Un gémissement. Tout le monde tangue alors qu'Harry les fait tous les deux transplaner. Ils atterrissent au pied d'un lit qu'il ne connait pas. Mais le sorcier sait qu'ils se trouvent dans la chambre du blond. Lorsque ses lèvres sont à nouveau dévorées par ses jumelles quémandeuses, Harry comprend qu'il a perdu la bataille. L'un des plus grands sorciers de la dernière décennie a succombé à cause d'un des sortilèges les plus tentateurs : le pouvoir enchanteur du corps de Draco contre le sien.
