N/A : Holy hell ! Je ne m'attendais pas à un accueil aussi chaleureux, merci à tous/toutes pour les reviews, les follows et les favoris !

Amaniel : ravie de t'avoir fait rire x) J'espère que ce chapitre te plaira aussi.

Nolio : Et oui, de retour ;) Je suis contente de savoir que tu apprécies toujours l'histoire.


Deux semaines avant la reprise des cours, Harry trouva enfin le moment de parler à Oncle Vernon de son autorisation pour Pré-Au-Lard. L'homme disgracieux demanda immédiatement s'il s'agissait d'un endroit pour monstres ou pour gens normaux, puis fronça ses sourcils broussailleux pendant cinq bonnes secondes avant de rendre son verdict.

- Marge vient passer quelques jours ici à partir de ce soir. Si tu te conduis parfaitement en sa présence, peut-être que j'accepterai de signer ta fichue attestation.

À la mention de la soeur de son oncle, Harry eut du mal à retenir une grimace. Marge Dursley était une affreuse femme qui ne semblait s'intéresser qu'à ses molosses, et qui n'avait pas hésité à donner des biscuits pour chien à Harry avant d'ordonner à l'un d'entre eux de l'attaquer. Le jeune sorcier avait sept ans à l'époque, et il était sorti de l'évènement avec le mollet en sang, au point que la cicatrice qui résulte de la morsure soit encore visible cinq ans après.

Harry hocha toutefois la tête et se promit de serrer les dents en pensant à ses amis, aux sorties qu'ils pourraient faire ensemble. Il ajouta à la liste la tête que l'horrible bonne femme ferait si elle rencontrait Artémis. Ou Tom.

Le soir même, Marge arriva en fanfare et envoya valser sa valise droit sur Harry avant de foncer vers Dudley pour le complimenter.

Le repas se passa presque calmement jusqu'au dessert. Harry était resté dans la cuisine aussi souvent que possible pour éviter d'entendre les discussions entre les trois individus – Dudley étant occupé à vider son assiette. Malheureusement, le vin consommé pendant le repas et le cognac qui accompagnait la tarte au citron avaient commencé à monter à la tête de l'éleveuse canine. Et lorsqu'Harry repassa dans la salle avec la ferme intention de remonter dans sa chambre, elle l'arrêta.

- Et toi, d'ailleurs, où est-ce que tu vas pendant l'année ?

- Je l'ai envoyé à Saint Brutus, intervint Vernon, une excellente institution pour jeunes délinquants récidivistes.

- Et ils donnent des coups de canne à Saint Brutus ?

Harry allait répondre par un sarcasme, mais capta le regard de sa tante et son oncle. Gardant sa voix aussi polie que possible, il répondit en serrant les mâchoires.

- Oui, et moi j'en reçois vraiment très souvent.

- Bien, très bien, approuva Marge. Toutes ces idioties modernes sur les punitions corporelles me fatiguent. Face à des tares comme toi, c'est la seule solution pour qu'une leçon soit retenue.

Le jeune sorcier sentit la colère commencer à gronder dans sa poitrine. À quelques mètres, la lampe du salon clignota une ou deux fois.

- Tu as de la chance que mon frère t'ait pris sous son toit, continua-t-elle. Si ça avait été moi, tu aurais fini à l'orphelinat le plus proche, ou directement au chenil.

En parlant, elle se baissa pour laisser Molaire – son chien préféré – boire dans son verre de cognac avant de se redresser. Remarquant la tête de Pétunia, Marge comprit de travers d'où venait l'expression horrifiée de sa belle-soeur et s'empressa de poursuivre.

- Voyons Pétunia, tu n'as rien à te reprocher, vous avez fait ce que vous pouviez avec lui, mais bien souvent vois-tu, c'est héréditaire. C'est toujours comme ça chez les chiens. S'il y a un problème chez la mère, on retrouve le même problème chez ses rejetons.

Elle avait à peine fini sa phrase que son verre lui explosa dans la main. Harry se retenait tout juste de répliquer, et sa main se resserrait de plus en plus fort autour de la rambarde de l'escalier. À la table, Marge attrapa une serviette et tamponna rapidement son chemisier en plaisantant.

- Non, non, Vernon, tout va bien, j'ai toujours eu une sacrée poigne. En fait, reprit-elle, maintenant que j'y pense, le problème vient souvent du père. Qu'est-ce qu'il faisait son père, Pétunia ?

- Je... Rien, il était au chômage.

- Évidemment, et il buvait sans doute aussi, comme la vraie raclure de société qu...

- LA FERME ! hurla Harry.

Ses yeux lançaient des éclairs de rage sur Marge, pendant que les trois autres s'étaient figés. Harry était immobile au milieu des escaliers, les jointures blanches crispées sur la rambarde, et son contrôle avait visiblement atteint ses limites. Ses cheveux commencèrent à voler autour de son visage sous l'effet de la brise provoquée par l'utilisation involontaire de sa magie. La soeur de Vernon pointa un doigt boudiné vers lui, les yeux furieux.

- Ecoute-moi bien, mon garçon, menaça-t-elle. Tu n...

Elle s'interrompit en voyant son doigt commencer à gonfler, bientôt suivi du reste de sa main, puis de son bras. En quelques secondes, l'entièreté de son corps se mit à gonfler comme un ballon de baudruche. Le glapissement de frayeur de Marge fit écho à celui de Pétunia, tandis que Dudley s'évanouissait et que Vernon tentait de retenir sa soeur.

Moins d'une minute plus tard, l'éleveuse était devenue un ballon de baudruche humain et était passé par la fenêtre pour s'élever dans les airs, poursuivie par Vernon qui criait son nom.

Harry retrouva le contrôle de ses émotions dès que Marge sortit de son champ de vision immédiat, et réalisa en un éclair la situation dans laquelle il s'était fourré et les conséquences qui allaient immanquablement suivre. Le jeune sorcier fonça récupérer sa baguette en quatrième vitesse, libéra Hedwige et redescendit pour ouvrir le placard. Ses cadeaux d'anniversaire, les lettres qu'il avaient reçues et le journal de Tom furent rapidement fourrés à l'intérieur de sa valise avec le reste de ses affaires, et il se dirigea vers la porte.

À l'instant où il saisit la poignée, Vernon revint vers lui en courant, le visage rouge de colère et de l'exercice physique auquel il n'était pas habitué.

- FAIS-LA REVENIR IMMEDIATEMENT ! beugla-t-il.

- Elle l'a mérité ! cria Harry. Elle n'avait pas le droit d'insulter mes parents !

- Tes parents étaient des dégénérés, et tu es exactement comme eux !

Quand son oncle fit mine de lever la main vers lui, Harry pointa sa baguette sur sa gorge. Sa voix devint glaciale.

- N'insultez pas mes parents. Et ne m'empêchez pas de partir.

- Tu n'as nulle part où aller, espèce de monstre !

- Je m'en fiche. N'importe où est mieux qu'ici.

Et sans un mot de plus, il ouvrit la porte à la volée et marcha sans se retourner dans la première direction venue.

Harry se calma en arrivant dans un parc qu'il connaissait bien. Il posa sa valise à côté de lui, puis s'assit sur une balançoire pour prendre le temps d'examiner ses options. Il était certain que la magie qu'il avait employée allait être repérée, et devait bien admettre n'avoir nulle part où aller dans l'immédiat. Partir sans réfléchir n'était peut-être pas sa meilleure idée, en fin de compte.

Mais il n'avait pas pu se retenir. Pas alors que Marge souillait la mémoire de ses parents, bafouait leurs noms et insultait le courage dont ils avaient fait preuve. Pas alors que Vernon et Pétunia le maltraitaient depuis toujours alors qu'ils couvraient Dudley d'attentions. Pas alors qu'ils se comportaient comme des monstres sans coeur et sans âme envers lui.

Harry posa ses coudes sur ses genoux et prit sa tête dans ses mains pendant quelques instants. Tant pis pour les sorties à Pré-Au-Lard avec ses amis, il avait des problèmes plus urgents à régler. Le Griffondor releva les yeux, décidé à trouver une solution, quelle qu'elle soit.

À quelques mètres de lui, un mouvement dans les buissons attira son attention, et il plissa les yeux. Avec l'obscurité de la nuit, Harry ne voyait pas grand-chose, et la pâle lumière du seul réverbère de l'aire de jeux n'aidait pas à distinguer quoi que ce soit. Intrigué, il se redressa et leva sa baguette avec l'intention de lancer un Lumos, lorsqu'un bruit de dérapage se fit entendre. Il eut à peine le temps de distinguer la silhouette d'un chien noir dans la lumière soudaine de deux phares aveuglants.

Il cligna des yeux, et constata qu'un énorme bus à étage, violet de surcroît, s'était arrêté devant lui. À peine était-il à l'arrêt que la porte s'ouvrit sur un grand brun maigre et dégingandé qui lui fit un joyeux sourire.

- Salut mon grand, où est-ce que tu ve... Harry Potter ! Hey, Ernie, c'est Harry Potter qui nous a appelé ! Enchanté Harry Potter, moi c'est Stan !

Harry était presque tombé à la renverse en voyant l'énorme véhicule, et eut besoin de quelques secondes pour se remettre du choc.

- Excusez-moi, fit-il finalement, mais je ne vous ai pas appelé ? Enfin je ne crois pas ?

- Ah bon ? s'étonna Stan. Pourtant tu as bien levé ta baguette en t'avançant vers la route ?

Bouche bée, Harry acquiesça avant d'aller chercher sa valise, mais fut devancé par Stan.

- Où est-ce que tu as besoin d'aller ? demanda-t-il en casant la valise dans la soute.

- Vous pouvez m'emmener à Londres ? fit Harry en réfléchissant à toute vitesse. Au Chaudron Baveur ?

- Sans problème ! Hey Ernie, au Chaudron Baveur !

Harry eut juste le temps de monter dans le bus et d'apercevoir le chauffeur, un vieil homme mince avec des cheveux blancs en pétard et d'étranges lunettes. Le démarrage fut si brusque que le jeune sorcier se retrouva plaqué contre une vitre, la joue collée au verre froid. Stan rigola de son manque d'équilibre quelques instants, puis l'installa sur un siège avant de lui tendre son billet en refusant tout paiement.

- Après ta victoire contre Tu-Sais-Qui, le monde sorcier a une dette envers toi, expliqua Stan avec un clin d'oeil. Le moins qu'on puisse faire, c'est de ne pas te faire payer tes déplacements d'urgence.

- Mais...

- On insiste !

En voyant que le contrôleur ne changerait pas d'avis, Harry parvint à faire un petit sourire gêné.

- D'accord... Merci, Stan.

- De rien ! C'est un plaisir de t'accueillir à bord du Magicobus !

Et il retourna à côté de la cabine du chauffeur pour entamer une discussion animée avec celui-ci. Harry en profita pour observer l'intérieur du bus magique. Comme souvent avec le monde sorcier, l'intérieur était beaucoup plus grand que ce que l'extérieur laissait croire. Plusieurs lits étaient disposés de chaque côté de l'allée principale en plus des sièges classiques, et une poignée de passagers occupait quelques emplacements. Un sorcier d'une cinquantaine d'années ronflait sur un lit, une sorcière un peu plus jeune était absorbée par l'étude d'un étrange objet biscornu, et un troisième passager à l'air quelconque lisait l'exemplaire du jour de la Gazette du Sorcier.

Le regard du Griffondor fut attiré par la photo d'un visage qui faisait la une du journal. Un sorcier brun avec des cheveux bouclés qui lui arrivaient aux épaules hurlait face à l'appareil photo, et essayait visiblement de se dégager de ce qui le retenait prisonnier. Concentré sur l'image, Harry ne remarqua le retour de Stan que lorsque celui-ci se mit à parler d'une voix nettement plus sombre.

- C'est Sirius Black, expliqua-t-il en chuchotant. Il s'est évadé d'Azkaban il y a pas deux jours. À ce qu'il parait, c'était un des plus fidèles serviteurs de Tu-Sais-Qui. Tout le monde évite de voyager depuis qu'il est libre.

- Mais... je croyais que personne ne pouvait s'échapper d'Azkaban, s'étonna Harry.

- Personne avait jamais réussi avant lui, répondit le contrôleur. Black est le premier à le faire. C'est pour ça que le Ministère est sur les nerfs.

Harry hocha la tête pour montrer qu'il comprenait, et se promit d'interroger Tom à propos de ce Sirius Black. Si c'était vraiment un de ses plus proches partisans, il saurait sûrement des choses sur lui.

En attendant, le Griffondor se contenta d'observer les paysages s'enchainer à toute vitesse autour de lui, jusqu'à faire place aux rues bondées et embouteillées de Londres. Le chauffeur, Ernie, semblait ne jamais ralentir et avoir de meilleurs réflexes qu'Harry sur un balai. Le garçon à la cicatrice ne savait pas s'il devait en être impressionné ou terrifié, à plus forte raison lorsqu'ils passèrent entre deux autres bus en se compactant.

En moins de quinze minutes, ils arrivèrent au Chaudron Baveur et Stan sortit la valise de Harry avant de lui faire un clin d'oeil.

- À la prochaine, Harry Potter ! Hey Ernie, prochaine étape, le Surrey !

Et le bus disparut aussi vite qu'il était arrivé, laissant Harry vaguement perturbé mais néanmoins ravi de l'expérience.

Le Griffondor sourit, et entra dans le pub qui était miraculeusement presque vide. Tom, le propriétaire, le remarqua aussitôt et l'invita à le rejoindre en quelques mots, avant de le guider vers l'étage où se trouvait une série de chambres. Il ouvrit la porte de l'une d'entre elles et indiqua à Harry d'entrer.

- Ah, bonsoir monsieur Potter, l'accueillit une voix fatiguée.

Harry se tourna aussitôt vers l'homme qui était assis dans la pièce, notant au passage que celle-ci ressemblait davantage à un bureau qu'à une chambre. Il n'y avait pas de fenêtre, et presque tout était en bois sombre, du mobilier aux poutres du plafond. Une table était posée contre un mur, à l'opposée d'une cheminée, et quelques chaises l'entouraient.

- Je suis Cornelius Fudge, le Ministre de la Magie, se présenta l'homme assis sur une des chaises.

Le jeune sorcier se souvint l'avoir vu lorsqu'il était venu arrêter Hagrid, mais la surprise de voir le Ministre dans le bureau fut suffisante pour que Fudge ne se pose pas de questions. L'inquiétude cloua Harry sur place lorsqu'il réalisa pour quelle raison le Ministre avait fait le déplacement.

- Je vais être renvoyé de Poudlard ? demanda-t-il directement.

- Par la barbe de Merlin, Harry, certainement pas, le rassura le Ministre. Personne ne se ferait renvoyer de Poudlard simplement pour avoir fait gonfler sa tante moldue comme un ballon.

Sous le regard rassurant et le léger air de reproche concernant son action, Harry était presque certain de voir de l'amusement. Apparemment, le Ministre de la Magie avait l'air de trouver que ce qui était arrivé à Marge Dursley était plutôt drôle.

- Par ailleurs, ajouta Fudge, elle a été retrouvée, dégonflée et sa mémoire a été effacée. Tout est donc rentré dans l'ordre, et elle n'aura aucun souvenir de l'incident. Toutefois, pour des mesures de sécurité, il vaut sans doute mieux que tu ne retournes pas chez ta famille avant le début de l'année scolaire.

Le Griffondor hocha aussitôt la tête pour marquer son accord, avant de poser la question qui s'imposait.

- Où est-ce que je vais rester en attendant ?

- Ma foi, le Chaudron Baveur me semble tout indiqué, fit Fudge comme si tout était déjà arrangé. Cependant, pour des raisons de sécurité, je crains de ne pouvoir t'autoriser à quitter cet établissement. Une équipe d'Aurors restera sur place, toujours pour assurer ta sécurité, et tes livres de cours ont déjà été achetés. Naturellement, le Ministère se charge de tout.

- C'est à cause de Sirius Black ? demanda franchement Harry.

Pour que le Ministère passe l'éponge aussi facilement et semble aussi déterminé à le protéger, c'était la seule explication logique. Le garçon à la cicatrice en eut la confirmation lorsqu'il vit Fudge grimacer légèrement avant de prendre un air rassurant.

- En effet. C'est un criminel de grande envergure qui est désormais en liberté, et nous ne pouvons pas prendre le moindre risque avec la sécurité, Harry... Mais ne t'inquiète pas, Black sera capturé sous peu. Tout est mis en oeuvre pour qu'il soit renvoyé à Azkaban dans les plus brefs délais.

- Je comprends, monsieur le Ministre. Merci de vous être déplacé en personne, fit poliment Harry, ce n'était pas nécessaire.

- Allons, je n'allais pas manquer l'occasion d'enfin te rencontrer, déclara Fudge d'un air flatté. Et puis je prends très à coeur la sécurité de mes concitoyens. À présent, tu devrais aller dormir, un jeune homme de ton âge a besoin de sommeil.

Harry se contenta de sourire poliment et de hocher la tête. Il sortit du bureau et tomba rapidement sur le patron du pub, qui l'emmena dans une chambre et lui ouvrit la porte. Apparemment, sa valise y avait déjà été installée, mais l'attention de Harry fut accaparée par la chouette blanche perchée dessus.

- Hedwige !

- Très intelligente, cette chouette, sourit Tom. Elle est arrivée ici il y a cinq minutes à peine. Le petit déjeuner est servi à partir de sept heures, bonne installation et bonne nuit !

- Merci, répondit Harry.

Le jeune Griffondor étouffa un bâillement, et prit tout juste le temps de mettre son pyjama avant de s'effondrer sous la couette.

-o-oOo-o-

À son grand déplaisir, Harry constata dès le lendemain qu'il ne pouvait pas utiliser le journal de Tom comme il avait l'habitude de le faire. Apparemment, les aurors chargés de sa protection avaient mis en place des barrières qui les avertissaient de la présence de magie noire active, et avaient débarqué dans sa chambre au bout de cinq minutes d'échange. Harry avait tout juste été capable de dissimuler le journal à temps avant de trouver une excuse à fournir aux deux sorciers qui avaient déboulé dans sa chambre. Après ça, le Griffondor avait uniquement pris le temps d'écrire une courte phrase dans le carnet pour prévenir Tom qu'il ne pourrait pas communiquer avec lui avant la rentrée.

Heureusement, maintenant qu'il avait accès à sa valise et ses cours, Harry avait la possibilité de faire ses devoirs de vacances. Les diverses matières le tinrent occupé pendant quelques jours, et il résolut de passer le temps qui restait à lire ses nouveaux manuels scolaires pour s'occuper. Il sourit en constatant qu'Hermione et Tom avaient probablement une mauvaise influence sur lui s'il en était à prendre de l'avance sur ses cours. Ce n'était pas l'attitude la plus normale qui soit pour un Griffondor.

Harry oublia cependant rapidement cette pensée en se rappelant qu'il aurait dû aller à Serpentard, et qu'Hermione aurait vraisemblablement été à sa place chez les Serdaigles. En attendant, le jeune sorcier avait de quoi lire, de quoi manger à chaque repas en plus de la boîte de Neville – qu'il avait presque terminée – et était globalement laissé tranquille. De son point de vue, son été s'achevait nettement mieux que d'habitude.

-o-oOo-o-

La veille du départ du Poudlard Express, Harry eut la surprise de voir Hermione et Ron dans la salle du Chaudron Baveur au moment de descendre pour le diner. Cependant, il réalisa en une phrase que ses deux amis étaient en train de se disputer, et s'approcha silencieusement pour comprendre ce qui se passait.

- Tiens ton horreur poilue en laisse, Hermione !

- C'est un chat Ronald, que veux-tu qu'il fasse en voyant un rat se promener en liberté ?

- Un chat ça ? Plutôt une machine à tuer couverte de fourrure ! Croûtard est déjà mal en point ces derniers temps, et cette chose essaie de l'assassiner !

- Pattenrond est très calme avec tout le monde sauf avec toi parce que tu passes ton temps à l'insulter, c'est tout !

Avant que les choses escaladent davantage, Harry toussa et descendit l'escalier, juste à temps pour voir Croûtard disparaître dans le pull de Ron. Hermione se retourna en entendant ses pas et son expression exaspérée se métamorphosa en un grand sourire. Le mouvement permit au passage à Harry de découvrir le gros chat orange qu'elle tenait dans ses bras.

- Harry ! s'exclama-t-elle.

- Salut 'Mione, salut Ron, sourit Harry. Vous êtes arrivés il y a longtemps ?

- Une heure environ, répondit la sorcière. Comment vas-tu ? Oh et je te présente Pattenrond.

- Harry, ne t'approche pas de ce chat, le prévint Ron, il est vicieux et il griffe tout ce qui passe à sa portée !

Le garçon à la cicatrice s'approcha de son amie et tendit doucement une main vers la truffe du félin, qui la renifla un instant avant de regarder Harry avec de grands yeux ahuris. Une seconde plus tard, Pattenrond se mit à frotter sa tête contre la paume du Griffondor en ronronnant. Hermione arbora un air triomphant et tourna son regard vers Ron, qui était abasourdi.

- Il m'a l'air plutôt calme, ce chat, déclara prudemment Harry. Et je vais bien, merci 'Mione. Vos cadeaux et vos lettres m'ont fait énormément plaisir, ajouta-t-il en souriant.

Sa remarque eut pour effet de désamorcer l'explosion indignée que Ron s'apprêtait à lancer, et la discussion se lança sur leurs vacances respectives. Ron était intarissable sur le voyage en Egypte et les pyramides, et Hermione raconta comment allaient ses parents et ses grands-parents. L'ambiance était plutôt détendue quand ils arrivèrent sur le sujet délicat des devoirs de vacances.

- Honnêtement, ils n'étaient pas si durs que ça, affirma Hermione.

- J'ai eu un peu de mal avec ce que McGonagall nous a demandé, mais le reste était faisable, admit Harry. Enfin, sauf le devoir de Rogue, je crois que j'ai passé une après-midi complète dessus et il doit encore rester des erreurs.

- Au moins tu l'as fini, sourit la sorcière. Si tu veux, je jetterai un oeil dessus avant qu'on parte pour Poudlard.

- Merci 'Mione, c'est gentil.

- Et toi Ron, tu en as pensé quoi ?

- Jlsaipasncrfni, marmonna le roux dans sa main.

Hermione et Harry le regardèrent sans comprendre.

- Je ne les ais pas encore finis, répéta Ron un peu plus fort.

- Pas encore finis, ou pas encore commencés ? plaisanta Harry avec un sourire en coin.

- Oh bien sûr, désolé de me comporter comme quelqu'un de normal et de ne pas passer l'été à faire mes devoirs comme vous deux ! s'énerva Ron.

- Ron, calme-toi, intervint Hermione. Harry ne faisait que plaisanter, pas vrai ?

Le garçon à la cicatrice hocha la tête, et s'étonna du regard accusateur que Ron lui lançait. Est-ce qu'il était sérieusement en train de lui reprocher d'avoir fait ses devoirs à temps ? Bien sûr, l'an dernier, Harry avait dû les faire en catastrophe juste avant le début des cours, mais c'était uniquement parce qu'il n'avait pas pu les faire chez les Dursley. Il finit par détourner la tête vers une affiche qui représentait Sirius Black avec la mention "évadé extrêmement dangereux".

- Vous avez entendu parler de lui ? demanda Harry pour changer de sujet.

L'attitude de ses amis se modifia en une fraction de seconde, et ils baissèrent la voix.

- Je n'arrive pas à croire que qui que ce soit puisse s'échapper d'Azkaban, chuchota Hermione. J'ai lu plusieurs livres qui en parlent, c'est juste un bâtiment sur un rocher perdu au milieu de l'océan, et gardé par des créatures horribles.

- M'man dit qu'avant de se faire attraper, la même nuit où Vous-Savez-Qui est mort, Black a tué treize personnes avec un seul sort ! ajouta Ron.

- Tant que ce n'est pas encore quelqu'un qui veut ma mort, ça devrait aller, déclara Harry d'un air amusé.

Ron et Hermione devinrent aussitôt silencieux et échangèrent un regard gêné.

- Quoi ? demanda Harry.

- En fait... commença Hermione.

- On a entendu mes parents hier soir, l'interrompit Ron. Ils pensent, et tout le monde est d'accord avec eux, que Black s'est évadé pour finir ce que son maître a commencé la nuit où il t'a attaqué.

Le garçon à la cicatrice laissa tomber sa tête sur la table en grognant.

- Sérieusement ? Est-ce que je peux passer une année tranquille sans que quelqu'un essaie de me tuer ?

- Ne t'inquiète pas Harry, le rassura la sorcière. Dumbledore et le Ministre de la Magie ont annoncé qu'ils avaient pris des précautions spéciales pour protéger Poudlard et les élèves.

- Ils ont engagé un professeur de Défense compétent ? ironisa Harry.

Ron explosa de rire et Hermione se mordit la lèvre pour retenir un sourire.

Après ça, la discussion redevint plus détendue et les trois amis furent rejoints par le reste de la famille Weasley pour le diner. Les conversations restèrent sur des sujets plus légers et l'organisation du trajet pour King's Cross du lendemain. À la fin du repas, Hermione proposa à Harry d'aller vérifier son devoir de Potions avant de dormir. Ron grimaça aussitôt et fuit dans la chambre qu'il partageait avec les jumeaux.

Harry s'assit sur le lit pour laisser la chaise à Hermione, et lui tendit les parchemins qui concernaient le devoir de Rogue. La sorcière s'assit, prit le devoir, mais parut mal à l'aise et ne fit que le parcourir des yeux.

- 'Mione, tout va bien ? s'inquiéta le brun.

- En fait... je voulais juste te parler seule à seul, avoua-t-elle. Je savais que Ron ne resterait pas si je disais qu'on parlait devoirs.

Harry lui lança un regard qui signifiait clairement qu'il n'était pas surpris par la manoeuvre. Depuis que Neville faisait partie de leur petit groupe, ils avaient tous les trois utilisé cette excuse à plusieurs reprises lorsqu'ils voulaient éviter que Ron entende ce qu'ils avaient à se dire. Le jeune sorcier lui adressa un sourire compréhensif et attendit patiemment que son amie arrive à formuler ce qu'elle avait sur le coeur.

- C'est juste que... ces derniers temps, Ron est... Comment dire...

- Colérique ? proposa Harry. Encore plus irresponsable que moi ? Difficile à supporter au quotidien ?

Hermione eut l'air surpris, et le fixa du regard pendant quelques instants, avant de déglutir et de se reprendre.

- C'est... oui. C'est exactement ça. Je sais qu'il est courageux et qu'il te suivrait sans hésiter, mais il réagit comme un enfant capricieux dès que quelque chose ne lui convient pas ! Je ne sais pas comment il a pu changer autant.

- Je ne suis pas certain que ce soit lui qui ait changé, 'Mione, déclara doucement Harry.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Tu as été pétrifiée par un basilisk, et tu as toujours été la plus responsable de toute la tour de Griffondor, même en première année. Neville est calme et il préfère se taire la plupart du temps, mais il apprend à s'affirmer sans marcher sur les autres. Et moi... honnêtement, je crois que j'ai assez frôlé la mort pour ne pas m'énerver sur des détails comme la date à laquelle mes devoirs sont terminés.

- Sauf si c'est Malfoy qui te fait la remarque, contra Hermione d'un air mesquin.

Harry leva les yeux au ciel dans une mimique agacée, mais son regard pétillait et il savait qu'un sourire pointait au coin de ses lèvres. Son rival avait un don certain pour le faire sortir de ses gonds sans raison, et tout Poudlard le savait. Au moins, la réciproque était vraie. Ils seraient probablement capables de s'écharper sur les sujets les plus stupides si quelqu'un les laissait faire.

- Laisse Malfoy en dehors de ça. Aux dernières nouvelles, Ron n'est pas encore aussi insupportable que lui.

- Pas encore, grommela Hermione. Mais s'il continue à se comporter comme ça, il ne manquera plus que les insultes sur mon statut de sang pour que les deux m'agacent autant.

- 'Mione, on va faire exactement comme l'an dernier et tout ira bien, la rassura Harry. Dès que Ron devient trop dur à supporter, on va à la bibliothèque. Et s'il ne change pas malgré ça... on trouvera un moyen de lui faire comprendre. Mais je suis sûr que tout s'arrangera. Tu l'as dit toi-même à Myrtille l'an dernier, il est un peu idiot mais pas mal intentionné.

- Tu dis ça mais tu n'as pas eu à rester dans la même maison que lui pendant deux jours.

- Hermione, je vis dans le même dortoir que lui pendant tout le reste de l'année. Et il ronfle.

La jeune sorcière prit un air horrifié qui fit rire Harry. Après ça, ils convinrent de trouver un moment pour en parler à Neville et lui demander son avis sur la question. Ce ne fut qu'après qu'ils se plongèrent réellement sur le devoir de Potions d'Harry.

Hermione repartit une demi-heure plus tard, après avoir montré à Harry où étaient ses principales erreurs, mais en l'ayant tout de même félicité sur la qualité de son travail.

C'est sur cette note positive que les vacances d'été s'achevèrent pour Harry. Une fois enfoui sous sa couette, le héros de Griffondor ne retint pas son sourire en pensant que le lendemain à la même heure, il serait de retour à Poudlard.


Commentaire de la bêta : Nos petits bouts de chou commencent à grandir et l'adolescence pointe le bout de son nez... Cette année va être haute en couleurs ! Êtes-vous prêt.e.s ?