En ouvrant la bouche en grand, Carl essayait de gober chaque goutte qui tombait. Ce n'était pas un franc succès, mais il n'avait que ça pour s'amuser, et Daryl le trouvait ridiculement adorable. Il oubliait le froid, la faim et les silhouettes plantés au loin en observant les grands yeux se presser ensemble au moindre éclat d'eau les menaçant d'un peu trop près, avant de se rouvrir avec une petite attention pour le chasseur. Ils avaient besoin, chacun à leur manière, de s'assurer de la présence de l'autre. Daryl venait parfois poser une main en haut du crâne de l'adolescent, caressant gentiment sa chevelure avant de continuer comme si de rien n'était. Parfois, il posait n'importe quelle question stupide juste pour invoquer à nouveau le flot de parole de Carl, qui voulait bien se prêter au jeu. La voix plus assurée qu'à leur rencontre suffisait à adoucir ces pensées noires quelques instants. Toujours quelque part au bord de sa conscience, mais couvertes par des mots plus plaisants.
Ils marchaient – quelle originalité – quand l'averse les avaient pris par surprise, n'ayant rien d'autre que leurs sacs et leurs vêtements, ils n'avaient eu d'autre choix que de continuer sous les assauts liquides en attendant de croiser quoi que ce soit qui ressemble à un abri. Mais si leurs mines restaient joyeuses, c'était qu'en plus de la sensation de complétude qui accompagnait leurs retrouvailles, le couple avait eu le luxe de se reposer dix heures d'affilées, se doucher, manger un bon repas et stocker quelques rations avant d'être chassés par l'ancien groupe de Carl. Trop de passif pour une bonne entente. Doro leur avait tout de même offert l'assurance qu'en cas d'urgence, leurs portes seraient toujours ouvertes, et quelque chose d'autre que Daryl n'avait pas pu entendre.
Heureusement pour eux, la route était bordée de champ délabrés mais entourés de barbelés ou de grillages, et ils finir par apercevoir les contours d'une maison sur l'horizon abandonnée. Au bout d'un chemin que seule des barrières en bois pourrissant laissait deviner, ils arrivaient face à la bâtisse dans un état aussi médiocre que toutes les constructions qu'ils croissaient ces temps-ci.
- Hallelujah, annonça platement Daryl, commençant à faire le tour alors que Carl passait de l'autre côté.
- R.A.S. J'ai l'impression que c'est vide.
Il sortit tout de même un couteau et une arme à feu, tapant doucement à l'une des fenêtres pour attirer l'attention d'un éventuel habitant.
- Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas fait ça, tous les deux.
- C'est vrai, je te laisse l'honneur.
Daryl poussait la porte qui se laissa faire, ne tenant qu'à peine sur ses charnières, et reculait immédiatement en s'attendant au pire. Mais personne ne vient à leur rencontre. De façon méthodique, ils parcouraient la maison, découvraient ses secrets, faisaient un tour dans le jardin avant de valider l'endroit. Daryl trouva autant de seau, saladier, casserole et vase qu'il put pour récupérer la pluie alors que Carl faisait le tour de tous les meubles. Ils finirent leurs petits rituels en s'effondrant dans le vieux canapé, deux -soupes lyophilisées en mains.
- C'est sympa ici, si on oublie la déco…
- Moi j'aime bien, ça a du charme.
Le « charme » en question n'arrivait malheureusement pas à convaincre le plus jeune. Le lambris sombre sur la moitié des murs, la peinture beige, les meubles démesurés, couverts de fioritures sculptés, les petits napperons sur chaque surface, le tapis rouge criard et les chaises au tissu vert à motifs floraux n'étaient pas une combinaison à son -goût.
- Ça me rappel mes grands-parents.
- Pas sûr que ce soit un compliment…
En oubliant ce gros détail, la maison était encore solide et confortable, mais de petite taille, donc facile à garder sous contrôle. Le rez-de-chaussée était divisé en trois pièces, salon, cuisine et une chambre avec salle de bain attenante, l'étage était partagé en trois chambres dont l'une servait de bureau et un grenier au plafond bas cachait seulement une pièce aux dimensions curieuses où s'entreposait une vie entière de bazar. Un endroit douillet en sommes.
- C'est quoi la suite du plan ? demanda Carl en sirotant sa soupe industriel trop salée.
- Bonne question, j'y ai pas encore réfléchis. On pourrait passer quelques jours dans le coin, histoire de s'organiser et on improvisera après.
- Tant qu'on est ensemble, tout me va.
Rougissant un peu en déblatérant des propos aussi dégoulinant de naïveté, Carl préféra cacher son visage dans son bol de velouté de légume, se collant un peu à son voisin qui passait une main par-dessus ses épaules. Il trouva ça reposant. Pour une fois, il était exactement là où il voulait, et ses pensées se vidaient de tout le superflu.
- T'as été… plutôt cool, au camp. Je ne savais pas que t'étais capable de ça.
- Parce que tu croyais que j'étais fragile ? répondait l'adolescent à moitié pour rire, à moitié pour reprocher à Daryl certains de ces comportements.
Pour être exacte, Carl détestait le sentiment d'être sous-estimé autant qu'il adorait l'attention particulière que Daryl lui portait. Et il semblait parfois que l'un ne pouvait pas aller sans l'autre, que le chasseur avait besoin de le voir comme une pauvre petite chose pour décider d'en prendre soin.
- Tout ce qui est précieux est fragile.
Malgré l'envie de faire remarquer que les diamants étaient parmi les pierres les plus solides, il se retient de ruiner l'atmosphère. Au contraire, il fermait les yeux pour profiter pleinement de la sensation d'une large main sur son bras dont le pouce caressait distraitement le tissu de son t-shirt. Sauf qu'il ne passa pas longtemps avant que l'envie d'aller plus loin ne le dévore. Il fallait comprendre le plus jeune. Toujours vierge à vingt ans alors et maintenant, il sortait plus ou moins officiellement avec… bon Daryl n'était pas un prince charmant, mais il était à lui tout entier, et c'était déjà beaucoup vu la situation. Il avait un partenaire fort, débrouillard, dévoué et terriblement séduisant.
Timidement, ses yeux se relevaient vers sa cible, jugeant son expression fatiguée mais satisfaite, l'intensité dans le regard qui lui répondait, clair et gêné, le petit mouvement de ses lèvres. Carl était accusé d'être trop évident à lire, mais Daryl peinait tout autant que lui à masquer ce qu'il se passait dans sa tête. La manière dont il léchait ses lèvres de malaises, ses yeux se détournant dès qu'il se sentait observer par Carl, les petits mouvements de tête qui cherchaient de quoi penser à autre chose. Tant d'effets dont le -plus jeune se délectait, une fierté mal placée l'envahissant en se sachant à l'origine de tous ces troubles.
- Tu le penses vraiment, quand tu dis que je suis précieux ?
- J'ai traversé deux états pour te retrouver… Evidemment que tu m'es précieux.
Il cachait son sourire attendrit derrière une voix sèche qui fit doucement rire Carl. Ce dernier, gonflé d'audace, se redressait légèrement, juste assez pour rejoindre les lèvres de Daryl. Il prenait plaisir à voir l'aîné manquer une respiration, n'osant pas clore la distance lui-même, mais terriblement impatient que leurs bouches se retrouvent enfin. Et ce fut le cas. Quand Carl fut satisfait du visage rouge et de l'expression affaiblie de sa victime, il le récompensait. Ses lèvres mouvaient très naturellement contre celles de son partenaire, essayant petit à petit différentes combinaisons. Il embrassait la lèvre inférieure quand l'envie lui prit de la mordiller très doucement, juste pour essayer. La sensation était nouvelle, jouissive, amusante même, et il recommençait un instant plus tard avec plus d'assurance, faisant sourire Daryl qui manqua de briser leur échange. Carl ne sut pas si c'était pour une bonne ou une mauvaise raison, jusqu'à ce que les deux mains du chasseur ne se posent dans le creux de son dos. A regrets, il se sépara un instant du délicieux contact pour s'asseoir sur les genoux de Daryl, à califourchon sur ses jambes dans une position qui lui permettait de se lover contre lui sans gêne. Reprenant leur échange, il commençait de nouvelle expérience, passant sa langue entre les lèvres dociles face à lui. Ensuite, c'est ses mains qui se mirent en quête de nouveauté, passant des épaules aux bras, puis au torse, restant toujours par-dessus le coton. Elles se familiarisaient avec les formes. Leurs chemins continuant vers le bas, dangereusement bas. Quand il atteint la ceinture du jean sombre, le baiser prit soudainement fin, Daryl faisant tout son possible pour s'éloigner de lui – pour l'instant, il ne pouvait que s'enfoncer dans le coussin du canapé.
- Ça ne va pas un peu trop vite ? demanda-t-il pour stopper Carl dans son élan. Je ne voudrais pas qu'on se précipite, tu vois ?
L'assurance de Carl s'effondra plus rapidement qu'un château de cartes, à la fois gêné d'être aussi désespéré, et un peu déçu de ne pas avoir suffisamment convaincu son partenaire. Dans son monde parfait, ses baisers auraient fait perdre toute conscience à Daryl, sauf que le vrai Daryl était bien trop attentif pour ça.
- Ouais, bien sûr, désolé.
- Je sais que ça à l'air fleur bleu, mais je voudrais que ce soit… spécial.
- C'est la personne avec qui on le fait qui compte non ?
Ne trouvant pas de bonne réponse, Daryl se contenta de souffler qu'il ne savait pas de quoi il parlait avant de retirer ses mains du dos du jeune pour les glisser sur ses mollets, un nouveau pas en arrière pour Carl. Si celui-ci ne pouvait pas avoir sa première fois, il se contenterait d'un câlin… Posant son menton dans le creux de son épaule pour sérer le chasseur fort dans ses petits bras. Ses doigts agrippé autour des épaules fortes, il remarqua du bout du pouce quelque chose qu'il ne sut pas interpréter. Sous le tissu, la texture de la peau était anormale, comme quelques fines lignes rugueuses sur la peau molle.
- Tu t'es fait quoi là ? demanda-t-il en se redressant, indiquant du bout de son indexe la curieuse partie de son épaule.
Après une seconde de réflexion, le visage de Daryl s'illumina en comprenant ce à quoi il faisait référence. Il tira sur le col de son vêtement pour montrer plusieurs croûtes, résultat d'une grosse éraflure.
- C'est un peu bête… J'essayais de fuir quelques marcheurs et j'ai vu une barricade en parpaings, je suis passé au-dessus trop vite et je me suis un peu cassé la gueule.
- Oh… Tu m'en as caché beaucoup d'autre des comme ça ?
Daryl allait répondre qu'il n'avait rien caché du tout mais Carl avait déjà soulevé son t-shirt pour faire l'inspection des dégâts. Quittant les genoux de l'aîné pour se réinstaller à côté de lui. Il y avait de nouvelles cicatrices encore toutes roses, des plaies en train de se refermer, quelques vieux bleus, rien de surprenant, mais Carl exigea tout de même une explication pour chaque marque, que Daryl donnait aussi bien qu'il en était capable, inventant parfois une histoire quand c'était trop compliqué à raconter, ou s'il avait oublié les détails. Ce fut un processus plutôt long, jusqu'à ce que Carl désigne une cicatrice différente, blanche, quasiment effacée maintenant.
- C'est vrai que je ne t'en ai jamais vraiment parlé… admit-il en se relevant, prenant une grande respiration et un air sérieux comme pour se détacher de ce l'histoire qu'il allait raconter. Mon vieux, c'était pas un gars commode, un vrai enfoiré même. Il s'en prenait plus à mon frère, et puis, il s'est barré alors c'est à moi qui aie commencé prendre les coups, quand il était bourré en général. Il sortait sa ceinture et il trouvait toutes les raisons possible pour s'en servir… C'est pas beaucoup plus compliqué que ça.
- Je suis désolé, se sentait obligé de répondre Carl, un peu étonné par la neutralité dans la voix de Daryl.
- Le soit pas, c'était y'a longtemps.
- Mais ça te fait encore mal.
- Un peu, j'essayais de ne pas y penser.
Il n'y avait pas de bonne réponse. Alors Carl se contenta de glisser sa main dans celle qu'il trouvait près de lui, pressant gentiment ses doigts dans la paume de Daryl. Et la pire des pensées trouva dans son chemin dans l'esprit de Carl. Il n'avait pas eu ce qu'il voulait, mais une partie de lui se sentait quand même plus proche de l'autre maintenant…
OoOoO
Sortir avec Daryl était une putain de torture ! Et même s'il était follement amoureux, Carl commençait à perdre patience. Il en avait envie, Daryl en avait envie, ils avaient le temps, l'intimité, et un lit plus que confortable au vu des standards actuels. Si seulement les arguments de Daryl faisaient sens… Mais ce dernier semblait trouver un malin plaisir à le torturer.
Il avait tout essayé, du plus subtiles ou plus débauché. Depuis le rapprochement discret sur le canapé, jusqu'à la soudaine décision de dormir en caleçon parce qu'il faisait trop chaud. L'idée lui était venue que Daryl n'était peut-être simplement pas attiré par lui, ou par l'acte charnel en général. Sauf qu'il voyait bien l'expression de Daryl quand il fixait un peu trop le cadet, il l'entendait souffler son nom dans la nuit d'une manière plus qu'indécente.
C'est cette ennui qui travaillait Carl alors qu'ils progressaient doucement mais surement dans un vieux restaurant principalement vidé par des visiteurs précédant. Pour la forme, ils fouillaient dans les recoins, ne trouvant qu'une grosse boite de sucette en forme de cœurs plutôt suspects, dont Carl se servit tout de même généreusement, emplissant ses poches de sucre. Au fond de l'établissement, la large porte d'une chambre froide fit soulever les sourcils de Daryl, craignant son contenu autant qu'il était rempli d'espoir.
- Viens m'aider une seconde, demanda l'aîné en déverrouillant le battant de fer, percé d'une petite fenêtre, attirant l'attention de son compagnon, occupé à jouer avec les outils de cuisine.
A deux, ils tiraient le battant pour découvrir la dernière salle, étroite et profonde, dont le mur gauche était entièrement occupé par des étagères métallique. Malheureusement, ou heureusement, l'endroit avait été pilé précédemment, ne laissant que des cartons vides et des vieux sacs de farines. Daryl gardait le battant ouvert, Carl glissait un œil dans les boites, attrapant parfois une boite de conserve qui avait échappé aux autres. Alors qu'il avait grimpé sur la première étagère pour accéder plus haut, le grincement du métal transformait son expression concentré en une surprise malvenue. Sous son poids, les vieilles attaches commençaient à lâcher, faisant pencher le meuble dans sa direction. Après une seconde pour réaliser ce qu'il lui arrivait, Carl bondissait en arrière, se préparant à rattraper le meuble en question. Une rencontre qui ne vient pas. Dans son dos, il sentait vaguement la présence de Daryl, venue à son secours en attrapant l'étagère lui-même.
- Merci, mais j'avais la situation en main.
- C'est pas ce qui me semblait…
C'est quand le chasseur eut fini de repousser la structure de métal contre le mur qu'à nouveau, un bruit gela les deux survivants.
- Putain…
La porte s'était refermée… La porte dont le mécanisme se verrouillait de l'extérieur s'était refermée… Les deux se regardaient une seconde, ravalant difficilement une flopé d'insulte de cri.
- Ma faute, je suis désolé, s'excusa Daryl d'une voix sourde de frustration et de colère.
Il avait beau pousser, frapper, chercher la moindre faiblesse dans le mur ou le métal, ses efforts avaient autant d'effet que ses prières. Après la colère, c'est la panique qui se fraya un chemin dans l'esprit de l'aîné, sentant une crise de claustrophobie s'emparer de lui.
- Au moins, on est en sécurité pour l'instant.
- Quoi ?
- Si on ne peut pas sortir, ça veut dire que rien ne peut entrer, enfin, pas les morts en tout cas. On cherchait un endroit pour passer la soirée, c'est pas trop mal ici.
- Et quand on aura besoin de sortir ?
- On verra à ce moment-là, pour l'instant, on a de quoi tenir quelques jours.
Daryl devait admettre que le pragmatisme de Carl l'impressionnait un peu, il y avait quelques choses de très tranquillisant dans l'attitude posée du jeune qui coupa court à ses débuts de crise d'angoisse. Sans être confortable, la situation lui paraissait un peu moins désespérée. Ils prirent la décision de se reposer un instant, de manger un bout et de penser à autre chose avant de revenir à leurs problèmes actuels.
Assis face à face sur les rares pans nus du mur, ils partageaient des rations froides et grumeleuses, puis quelques bonbons dont la teneur en sucre servait de conservateur naturel. Au moins, ils ne changeaient pas de gout avec le temps, ça faisait passer un peu mieux les plats artificiels, ou la pression. Ils plaisantaient un peu, pour se distraire, et Daryl venait à en penser que ce n'était pas si grave que ça. Sauf que l'ennui s'abattit rapidement, et que les yeux du chasseur retournaient en direction de la porte, recommençant à s'embarrasser l'esprit de questions compliquées. Sentant une opportunité se dessiner à l'horizon, Carl se rapprochait en prétextant avoir un peu froid. Il se blottissait dans les bras de Daryl, amusé par la subtilité du jeune autant qu'il était gêné.
- Y'a bien un moyen de s'occuper… Seul tous les deux.
Pour une fois, il ne pouvait pas s'échapper. Longuement, il considéra la question, les joues rougissantes, jugeant l'expression malicieuse de son partenaire.
- Ok, finit-il par souffler en évitant le regard du jeune, un petit sourire aux lèvres.
- Sérieusement ?!
- T'es assez grand pour savoir ce que tu veux.
- Attend, faut que toi aussi tu sois, enfin que t'en ai envie.
Une nuée d'émotions s'emparait de lui, d'abord surpris, puis surexcité avant que le doute n'apparaisse. S'installant sur les genoux du chasseur, Carl le forçait à lui faire face, portant son expression la plus bienveillante. Finalement, il attrapait le visage du jeune pour l'embrasser chastement.
- Je veux juste, pas que tu le regrettes.
Levant les yeux au ciel, Carl se retenait d'envoyer un coup de frustration dans l'épaule de son copain pour avoir osé lui servir un plat réchauffé tellement de fois qu'il avait perdu toute texture.
- Tu sais quoi. Le délire du « je suis trop dark pour être aimé » c'est un peu lourd au bout d'un moment…
- Quoi ?
- Le truc que tu fais tout le temps « Je finirais par te faire du mal » « tu vas le regretter, t'es trop jeune pour comprendre », annonçait Carl avec sa meilleure imitation, la voix ridiculement grave des films que sa mère regardait parfois dans l'après-midi, et la diction particulière de Daryl, les groupes de mots hachés, comme hésitants.
- La ferme.
Obéissant, Carl usait de sa bouche de manière plus utile. Timidement, ayant tout le temps nécessaire devant eux, ils apprenaient à se connaitre d'une manière plus charnelle. Carl découvrit une sensibilité exacerbée de son cou quand Daryl y posait des baisers fugaces, et le chasseur ne put retenir un gémissement alors que le jeune mordillait gentiment le lobe de son oreille. « Trop mignon » soupira-t-il en réitérant l'expérience, ne manquant pas de faire soupirer son sujet.
Tout un monde de sensations se dressait devant eux. L'odeur des préliminaires, les sons indécents, le mouvement des corps qu'ils n'avaient pas encore eu l'occasion d'observer avec autant d'attention. Daryl qui passait son temps à détourner le regard se permis enfin de graver les images dans sa mémoire. La façon le tissu glissait par-dessus les épaules de Carl avant d'être jeté sur le côté, le tremblement de ses mains un peu intimidées face à la nouveauté, le rouge sur ses joues à cause de la hausse de pression dans ses artères. Les muscles glissant sous la peau, la respiration rapide qui soulevait son torse, le duvet blond, noircissant à quelques endroits, les grains de beauté qui formaient d'étrange constellation sur son corps, les vieilles cicatrices. Il chérissait chacun de ses détails.
Préférant se laisser faire, le chasseur ne put retenir un rire quand les doigts du jeune glissèrent sous son t-shirt, lui chatouillant involontairement les flans, ne le rendant que plus adorable. Dans une mêlée confuse, lente et parfois maladroite, ils cherchaient le moindre recoin de peau à caresser, la moindre réaction. Les doigts perdu dans sa chevelure, tirant sur ses mèches rebelles firent grogner le chasseur de plaisir. Et Carl réagissait tout aussi vocalement sous les caresses dans son dos. Sauf que le plus jeune partait beaucoup plus dans les aigüe, ce qui fit éclater Daryl de rire.
- Euh ?
- Je t'aime, c'est tout.
L'aveu lui avait glissé avant qu'il puisse réfléchir, et une seconde après, il redevenait un idiot rougissant, cachant son visage derrière une de ses mains, que Carl se dépêcha de mordiller pour replonger son regard dans celui de Daryl. Et à nouveau, ils s'y remettaient, l'atmosphère un peu moins tendue qu'un instant plus tôt. Il n'empêchait que le plus jeune prenait les choses très au sérieux, essayant de mettre en pratique des mois entier de théorie, entretenu autant par ses rêves éveillés, que grâce à des livres érotiques qui constituait pour l'instant sa seule expérience. Il y a avait à la fois une montagne de différences, et tout autant de points communs. Il ne s'était évidemment jamais imaginé que leurs première fois serait dans une ancienne chambre froide, sur une vieille serviette à même le sol, ni que Daryl serait aussi… statique. Il aurait dût s'en douter, Daryl était du genre à se figer face à l'inconnue.
Il n'était pas déçu pour autant. En fait, ce n'était pas loin d'être parfait. La chaleur des deux corps, la piqûre de la barbe du chasseur contre ses joues lisses, dont le fin duvet ne devenait poil qu'au-dessus de sa lèvre, l'afflux de sang à chaque endroit que les mains rudes caressaient. Tout était violemment réel, le moindre souffle l'enchantait plus que ses nuits solitaires à rêver du prince charmant.
Exactement tout ce qu'il voulait, jusqu'à la petite appréhension grossissant dans son ventre quand le reste de vêtements disparut soudaine. Pour être honnête, ils s'étaient contorsionnés dans tous les sens pour se déshabillé sans briser leurs baisers, mais Carl préférait penser que les jeans avaient disparus gracieusement.
Avant même que Daryl ne puisse ruiner le moment, il recevait un regard plein de défiance, qui l'aurait inquiéter dans tout autre contexte.
- Oui, je suis sûr, promis !
- Ok.
Joignant le geste à la parole, il se penchait en arrière pour attraper l'anse de son sac, sortait tout le nécessaire.
- Prévoyant… C'est bien.
Malgré son anticipation, Carl devait bien admettre son inexpérience, il préférait donc laisser Daryl reprendre les choses en main. Littéralement. Après quelques minutes pour se repositionner plus confortablement, le plus vieux prit les devants. La main couverte de lubrifiant, il se décidait enfin à faire plaisir au plus jeune. Entre le frottement de leurs organes et la pression des doigts sur sa peau la plus sensible, Carl perdait son souffle, terrassé par de nouvelles sensations.
- C'est mieux que le faire tout seul, moqua gentiment Daryl, s'appliquant un peu plus à chaque soupire incontrôlé.
Carl aurait répondu, si son esprit était capable de formuler une idée cohérente. A la place, il ne faisait que gémir, répondant à chaque geste et chaque pression, joues brûlantes et souffle court. Et quand les lèvres de Daryl effleurèrent tendrement sa tempe, il ne put se retenir plus longtemps, couvrant leurs deux ventres de semence.
- C'était rapide… souligna Daryl en cherchant de quoi s'essuyer les mains.
- C… Ca n'a… T'es…
- Relax, ça arrive à tout le monde.
- Exactement. C'est un signe de bonne santé.
Il n'en était pas moins trop gêné pour faire autre chose que poser son front contre l'épaule de Daryl, bercé par le souffle haletant de son amant. Juste quelques minutes pour se remettre de ses émotions avant qu'il ne reprenne confiance, les yeux pétillants désirs, alors qu'il ne pouvait plus ignorer le membre de Daryl entre ses cuisses.
- On continue ?
Notes : Ca aura mis du temps... J'espère que ça aura plus. Merci d'avoir lu ce chapitre, le prochain devrait être le dernier, si tout va bien !
