Quand Harry ressortit de la pensine, il était sonné par le trop-plein d'informations qu'il avait reçu. Les implications de ces souvenirs tourbillonnaient dans sa tête avec violence, lui donnant mal au crâne. Les paroles d'Amaris résonnaient malgré lui dans son esprit.

C'était un Harry confus et tourmenté que retrouva Osiris. Après son trébuchement maladroit dans la tente, le jeune homme se mit à fixer intensément l'objet de ses pensées. Osiris devina que Harry devait avoir visionné quelque chose de profondément troublant.

Avec douceur, il se saisit du poignet du Gryffondor et l'amena à l'extérieur. Harry se laissa faire avec mollesse. Une fois dehors, alors qu'une légère brise agitait leurs uniformes, Osiris s'écarta du jeune sorcier et le fixa un court instant, les bras croisés. Voulant le faire sortir de sa léthargie, Osiris amorça un premier coup de poing vers le torse de Harry.

«Pose tes questions.»

Harry reçut le coup en pleine poitrine, n'ayant nullement opposé de résistance. Celui-ci eut pour effet de le réveiller et il décida de se prendre au jeu.

«Pourquoi ne m'avoir rien dit Osiris?»

Il s'avança doucement vers son adversaire, en position de combat.

«À propos de quoi?»

Coup de pied circulaire.

«De tout.»

Droite contrée par l'avant bras de l'aîné.

«Sois plus clair.»

Coup de coude dans les côtes.

«Pourquoi ne m'avoir jamais raconté ta vie?»

Son poing dans l'épaule d'Osiris.

«Pourquoi m'avoir tu que tu étais orphelin?»

Ses phalanges percutant un torse ferme.

«Pourquoi ne m'as-tu as expliqué le lien qui t'unissait à Dumbledore?»

L'estomac, maintenant.

«Merde tu le considérais comme ton père et tu n'as pas cru bon de me le dire.»

Sa chaussure heurtant son tibia.

«Putain je fais comment moi maintenant. Pourquoi m'avoir caché tout ça, hein? Je pensais qu'on était amis!»

Uppercut à la mâchoire.

Osiris tomba sur le sol. Vaincu.

Il s'était contenté d'encaisser les coups, sans opposer de résistance. Il pressentait que le jeune homme en avait besoin. Il avait raison.

Harry le fixa de sa hauteur, légèrement essoufflé. Malgré lui, il était en colère contre Osiris pour lui avoir masqué ces informations. Il se sentait trahi. Et il détestait ce sentiment. Osiris était son ami, presque comme un père qui veillait sans cesse sur lui. Il ne voulait pas de tous ces doutes qui s'insinuaient vicieusement dans son esprit.

«Ça va mieux? Demanda doucement Osiris.

- Oh non. Non, grogna-t-il de colère. C'est bien trop facile. Tu ne vas pas te contenter de te laisser frapper. Ce que je veux, ce sont des réponses Osiris. Tu ne comprends pas hein... J'ai besoin de ces réponses ! Je veux t'entendre sortir un argument qui me convaincra de ton innocence. Toi qui sais si bien manipuler les mots, allez, je t'écoute. Réponds! S'il te plaît...»

La colère s'était transformée en désespoir. Il y avait une sorte de supplication dans sa voix dorénavant. Et celle-ci écorcha les tympans d'Osiris, transperçant son être d'un éclair de douleur.

Osiris soupira et son corps s'affala dans l'herbe.

«Je ne sais pas pourquoi, soupira-t-il. Je ne suis pas quelqu'un qui aime dévoiler sa vie. Je ne me voyais pas tout t'expliquer alors que nous nous connaissions à peine. Je ne pensais même pas que tu l'apprendrais un jour. Je suis désolé, souffla-t-il avec culpabilité.

- C'est tout? Se désola Harry.

- Oui.»

Harry secoua la tête, sentant le doute s'enfoncer plus profondément en lui. Il jeta un regard effrayé à son compagnon. Effrayé par sa propre incapacité à chasser sa suspicion. Il recula, se sentant agressé par tous ses sentiments. Et sans plus d'égard pour son ami étalé par terre, Harry s'enfuit se réfugier dans la tente.

Une larme roula sur la joue d'Osiris, bien malgré lui. C'était fini. Sa complicité nouvellement partagée avec le jeune homme venait de prendre fin. Les jours à suivre allaient être douloureusement compliqués. Osiris le savait.

Dans ce combat improvisé, ce n'était pas la victoire qu'Osiris avait perdu. C'était Harry lui-même.

OoOoOoO

Harry arriva fatigué dans le petit salon qu'il partageait avec Severus. Finalement, ce lieu de rendez-vous était un peu devenu leur. C'était leur endroit à eux. Leur bulle de complicité.

Harry avait très mal dormi. Il n'avait pas reparlé à Osiris depuis leur altercation. C'est donc pensif et épuisé qu'il s'affala dans son fauteuil.

Severus, surprit par le peu d'égard que semblait avoir le jeune homme pour lui, s'installa lui aussi dans son siège avec une pointe d'inquiétude. Bien que, si quelqu'un osait lui poser la question, jamais il ne l'avouerait.

«Tout va bien Harry?»

Pas de réponse.

«Harry?»

Seul le silence accueillit son appel.

«Potter! Gronda-t-il de sa terrible voix de professeur.

- Qui- hein- quoi- Oui?»

Voyant la mine renfrognée de son amant, Harry se força à se concentrer sur l'instant présent.

«Désolé Severus, j'étais perdu dans mes pensées, soupira-t-il.

- J'ai cru voir cela, oui, répondit prudemment Severus.»

Harry soupira et s'enfonça un peu plus dans son fauteuil. Alors qu'il tentait de chasser les pensées qui l'obsédaient depuis la veille, une douce musique emplit l'atmosphère. Harry releva la tête, surpris. En se redressant il tomba sur Severus qu'il n'avait pas vu s'approcher, lui tendant la main avec douceur et bienveillance.

«M'accorderais-tu cette danse, Harry?»

Harry ne savait pas danser. Il se rappelait parfaitement de la catastrophe ambulante qu'il avait été au bal de Noël. Cependant, la chaleur qui se dégageait de Severus l'attirait irrémédiablement. C'est pourquoi il accepta avec un hochement de tête, un sourire heureux venant chatouiller ses lèvres.

Severus les guida un peu en retrait des meubles, afin d'avoir la place de circuler. Il prit la main de Harry avec douceur, entremêlant leurs doigts ensemble et l'attrapa par la hanche. Avec lenteur, il les guida sur la musique calme. Dans des mouvements lents et tendres. Harry s'abandonna à leur ronde, profitant simplement de Severus et sa présente bienfaitrice.

Le couple valsait dans le plus parfait des silence, bercé par une musique lente et légère. Ils étaient beaux. Deux personnages diamétralement opposés, réunis sur l'harmonieux tableau de leur étreinte mouvante.

Puis, alors que la musique changea pour un rythme plus posé, presque intime, Severus attira Harry à lui. Ses mains se posèrent sur le corps de son amant, collant leur silhouettes mobiles l'une contre l'autre. Harry croisa ses mains derrière la nuque de son compagnon, posant sa tête dans le creux de sa nuque avec abandon. Le visage de Severus trouva un chemin similaire dans le cou du Gryffondor. Ils continuerent ainsi à déambuler doucement, serrés l'un contre l'autre, s'enivrant de leur odeur respective.

Finalement, après un long moment à s'être étreints dans la quiétude du silence, Severus demanda doucement, son souffle s'échouant sur la peau fragile du cou de son Gryffondor:

« Qu'est-ce qui t'inquiète autant Harry ? »

Le concerné soupira contre son épaule.

« Crois-tu qu'Osiris pourrait être l'assassin de Dumbledore ? »

Severus se crispa légèrement dans les bras de Harry.

« Je ne peux pas me positionner. Je ne connais que très peu ton... Ami, avait-il déclaré avec un drôle de ton. Cependant, je crois deviner que toi tu le soupçonnes, pas vrai ?

- Je ne sais pas, soupira-t-il à nouveau. J'aimerais te dire que non. Qu'après la complicité qui s'est développée entre nous cela m'est juste impossible.

- Mais tu ne peux pas, affirma Severus avec un ton doux, où on percevait une pointe de ressentiment indéfinissable.

- Non je ne peux pas, reprit-il avec douleur. Parce que malgré moi les doutes sont là. Et je hais ce sentiment. Tu sais, on s'est beaucoup rapproché quand... Ces dernières semaines. Et notre relation a atteint une dimension que je considérais comme acquise. Après tout, c'est le seul depuis le début du jeu qui m'a toujours été fidèle. À quoi rimerait un tel acte ?

- Ce n'est pas à moi de t'apporter toutes ces réponses Harry. Et je doute qu'Osiris te les fournira de lui-même. Peut-être y a-t-il des réponses que seul le temps pourra te fournir. Le mieux est sans doute d'attendre sans trop te prendre la tête. Si Osiris t'es si fidèle, alors les choses s'arrangeront d'elles-mêmes. Et quand bien même il aurait une part de responsabilité dans toute cette affaire, ce qui est fait est fait. C'est aussi cela aimer, accepter les gens qu'on aime avec leurs lots d'erreurs et de défauts. Regarde-moi Harry. Regarde-nous.

- Je- Oui. Tu as sûrement raison. Merci Severus.

- Bien sûr que j'ai raison, répliqua-t-il avec sarcasme. »

Harry sourit dans le cou de Severus. Celui-ci délogea sa tête de l'épaule de son amant et se redressa pour déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Severus resserra sa prise sur les hanches du jeune sorcier afin d'approfondir l'étreinte de leurs lèvres.

Leur bouches se cajolèrent avec douceur et tendresse, balet effusif de leur affection réciproque.

Le baiser prit fin avec douceur et Harry reposa sa tête là où elle était précédemment. Avec un soupir de bien-être, il murmura :

« Je t'aime Severus. »

Un sourire mi-tendre, mi-crispé vint orner les lèvres de Severus.

« Je sais, répondit-il simplement, incapable de répondre autrement à cette marque d'affection. »

Peut-être le temps lui permettrait-il d'exprimer à son tour ses sentiments pour le jeune homme. Ou peut-être pas. La décision reposait actuellement entre les mains du destin, manipulant avec une aisance malsaine les pions d'un échiquier immense. Dans un coin du plateau, un fou noir et un roi blanc flirtaient gentiment avec la mort. Et les doigts fantomatiques de la destinée ondulaient sur leur têtes, projetant leur ombre effilée sur leur silhouette enlacées.


Je tiens juste à adresser un grand merci à Zeugma412. Je ne peux malheureusement pas te répondre mais j'apprécie grandement tous tes commentaires. Merci à toi !!

Merci aussi à tous ceux qui ont lu jusqu'ici !!