Le 31 Août 1991 – 24 heures avant la cérémonie de Répartition
Lorsque l'été se termina enfin, et qu'il fut enfin temps pour elle de préparer ses affaires et de s'apprêter à aller à King's Cross le lendemain matin, Hermione ne put s'empêcher de courir absolument partout. Il fallait qu'elle soit sûre qu'elle n'oubliait rien, vérifiant encore et encore sa liste pour toutes ses affaires et fournitures de cours.
Ses parents l'observaient depuis le canapé, sa mère s'appuyant contre son père, l'un de ses bras la serrant contre lui. Ils avaient tous deux une expression nostalgique pendant qu'ils la regardaient, les yeux pleins d'amour et de tendresse.
- Mais alors, qu'est-ce que tu vas devenir plus tard, si tu ne veux plus devenir Premier Ministre ? la taquina son père. Un chat ?
- Papa ! s'écria Hermione. Être un chat, ce n'est pas un métier !
Sa mère rit.
- Nous sommes curieux, ma chérie, dit-elle en souriant. Quel genre de carrière sont proposées aux sorcières accomplies ?
- Beaucoup de choses, dit Hermione avec force. Il y a tellement d'options que je sais à peine par où commencer. Je veux d'abord aller en cours et savoir ce que j'aime, et puis après je procéderai par élimination.
- Tu as l'air douée en Métamorphose, remarqua son père. Tu as réussi à changer le cure-dent en aiguille, après tout.
Hermione fronça les sourcils.
- Je n'arrive toujours pas à faire un chas, ceci dit.
- Ça viendra, la rassura-t-il. Allez, Hermione, donne-nous certaines possibilités.
- Eh bien, il y a les emplois au gouvernement, bien sûr. Ils ont l'équivalent du Premier Ministre – le Ministre de la Magie, expliqua Hermione. Donc peut-être ça. Il y a aussi un corps législateur qui s'appelle le Magenmagot. On dirait que la majorité des sièges sont héréditaires, par contre, donc ça peut être plus difficile.
- Mais tu aimerais faire ça ? insista sa mère. Travailler au gouvernement ?
- Aucune idée, admit Hermione. Je pourrais devenir Guérisseuse – un médecin magique. Peut-être que je ferai une maîtrise dans un domaine – c'est l'équivalent magique du doctorat. Et puis ensuite, j'expérimenterai avec la magie pour toujours, et trouverai les limites de l'univers…
Ses parents rirent.
- Eh bien, tant qu'il y a des options viables, je suppose que tu as le temps, dit son père en souriant. Mais écris-nous dès que tu es répartie, mon cœur. On a parié sur ta maison, après tout.
Hermione arrêta de ranger ses livres dans sa malle et leva les yeux vers eux, horrifiée.
- Ah bon ?
- Oui oui, confirma sa mère avec un sourire. Et on ne te dira pas sur quoi on a parié – ça pourrait t'influencer, après tout.
Hermione leur jeta un regard noir tout en terminant de ranger ses affaires, ses parents se moquant gentiment d'elle.
Bien qu'elle ait été surexcitée la veille, maintenant qu'elle était sur le quai, Hermione était nerveuse.
- Vous allez tellement, tellement me manquer, dit-elle en serrant fort ses parents dans ses bras. Je promets que je vous écrirai, et que je vais m'en sortir !
Sa mère caressa tendrement ses cheveux.
- On ne s'inquiète pas pour tes résultats académiques, la rassura-t-elle. Juste… Essaie de te faire des amis là-bas aussi, ma chérie. Ne te concentre pas uniquement sur tes études.
Hermione recula d'un pas et prit une grande inspiration, essayant de se calmer.
- D'accord, maman.
- Et ne fusionne pas les jambes des autres, lui rappela son père.
- Papa ! s'écria Hermione, les joues écarlates.
Il éclata de rire.
- Passe un bon trimestre, lui dit-il en la prenant à nouveau dans ses bras. On se voit à Noël.
Hermione murmura ses adieux et se tourna vers le mur entre les quais, essayant de calmer les battements de son cœur. Tout en accordant toute sa confiance à la magie, elle avança d'un air déterminé et d'un pas rapide, bien qu'elle finit par fermer les yeux au dernier moment, par peur de l'impact.
Mais celui-ci ne vint pas. Les sons autour d'elle changèrent d'un coup, et lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit un grand train rouge, marqué du nom de Poudlard Express.
Elle avait réussi.
Enjouée, Hermione s'approcha d'une entrée du train pour pouvoir décharger son chariot. Elle avait fait en sorte que ses parents l'emmènent à la gare en avance, pour qu'elle puisse se familiariser avec son environnement. Ses affaires étaient plus lourdes que prévu, et après avoir bataillé quelques minutes pour essayer de les charger dans le train, elle abandonna et regarda autour d'elle pour chercher de l'aide.
- Hé ! Hé, excuse-moi ?
Le garçon qu'elle appelait semblait avoir à peu près son âge, et marchait le long du quai comme s'il cherchait quelque chose.
- Est-ce que tu peux m'aider à charger ma malle ? demanda-t-elle. Je n'y arrive pas toute seule.
Le garçon semblait surpris à l'idée que l'on lui demande de l'aide, mais vint de bonne volonté, aidant Hermione à charger sa malle dans le train.
- C'est lourd, dit-il, un peu essoufflé. Qu'est-ce que tu as mis là-dedans ?
- Beaucoup de livres, admit Hermione. Je lis beaucoup.
Le garçon lui offrit un sourire timide.
- J'aime beaucoup les plantes, dit-il en retour. J'ai hâte d'avoir Botanique.
- Oh, tu es en première année aussi ?
Tandis qu'ils se battaient avec la malle d'Hermione pour la hisser dans un coin du train, Hermione apprit que sa nouvelle connaissance s'appelait Neville Londubat, et qu'il était assez maladroit mais très gentil. Il avait accidentellement perdu son crapaud, Trevor, quelque part dans le train en y chargeant ses propres affaires, et avait peur de partir sans lui. Il avait grandi dans un foyer magique, et venait d'une des familles appelées les Vingt-Huit Sacrés, des familles de Sang-Pur. Il ne ressemblait à personne qu'elle ait connu auparavant, et elle décida immédiatement qu'elle voulait qu'il devienne son ami.
- Voilà ! dit-elle en claquant des mains lorsque sa malle fut enfin installée.
Elle se tourna vers Neville et le remercia avec un grand sourire. Neville rougit, et se frotta l'arrière de la tête.
- Ce n'était rien, dit-il d'un air timide.
- Si, quand même, et j'apprécie beaucoup ton aide, dit-elle en souriant. Allez, viens, on va chercher ton crapaud.
Neville sembla surpris.
- Tu… Tu vas venir avec moi ? demanda-t-il d'un air incertain.
Ce fut au tour d'Hermione d'être surprise.
- Bien sûr que je vais t'aider, répondit-elle. C'est ce que font les amis, non ?
Un petit sourire atteignit les lèvres de Neville, et Hermione ne manqua pas la façon dont il rougit légèrement.
- Amis, murmura-t-il.
Hermione marcha devant lui, prenant le contrôle des recherches. Ensemble, ils parcoururent la totalité de la longueur du quai, méthodiquement, en s'assurant de ne pas perdre la vision sur l'ensemble du quai. Ce fut un peu plus compliqué une fois que d'autres personnes se mirent à arriver, mais ils réussirent à s'en sortir.
Neville semblait anéanti, mais Hermione garda la tête froide.
- C'est tant mieux, en fait, lui dit fermement Hermione. Ça veut dire que Trevor est dans le train. On pourra continuer à le chercher en allant à Poudlard, et il ne risque pas autant de se faire marcher dessus s'il est à l'intérieur.
Neville semblait un peu alarmé par cette idée, mais il l'autorisa à l'emmener à l'intérieur du train.
- Ma grand-mère m'a déposé tôt ce matin, expliqua-t-il. Elle – elle devait ce rendre quelque part aujourd'hui. Je suis content qu'elle ne soit pas là. Elle serait si déçue si elle savait que j'ai déjà perdu quelque chose.
Hermione hésita. Si elle voulait que Neville soit son ami, elle devrait être gentille, pas dire directement ce qu'elle a en tête.
- Les accidents, ça arrive, dit-elle au final d'un air ferme. Ça va aller, Neville. On va trouver ton crapaud.
Elle ne dit pas ce qu'elle voulait dire en premier lieu, c'est à dire demander pourquoi il n'était pas dans une cage à la base.
Ce ne serait pas très utile de lui dire ça, de toute façon.
Lorsque le train démarra, Hermione et Neville se mirent à nouveau à rechercher le crapaud méthodiquement, commençant par l'arrière du train et remontant vers l'avant. Neville était un peu trop timide pour déranger les compartiments des élèves plus âgés, mais Hermione le força à le faire de toute façon – si son crapaud était important pour lui, alors il valait le coup qu'il vainque au moins un peu sa timidité.
Hermione n'eut aucun problème à rentrer dans les compartiments les épaules droites, demandant à leurs occupants s'ils avaient vu un crapaud. La majorité des personnes secouaient simplement la tête pour lui répondre par la négative, mais une poignée lui sourit d'un air indulgent – quelle adorable petite première année.
Elle fronçait les sourcils lorsqu'elle sortit de l'un de ces compartiments. Adorable gamine, c'est ça. Peut être pour l'instant, mais elle deviendrait quelqu'un de puissant et d'important en grandissant.
Elle ouvrit la porte suivante. À l'intérieur, il y avait deux garçons qui avaient l'air d'avoir son âge. L'un d'entre eux était grand et dégingandé, avec des cheveux roux et des yeux bleus. L'autre était petit et mince, avec des cheveux noirs en bataille et des yeux verts. Aucun d'entre eux ne portait une robe.
- Est-ce que vous avez vu un crapaud ? demanda-t-elle. Neville a perdu le sien.
- On lui a déjà dit qu'on ne l'avait pas vu, dit le garçon roux.
Hermione hocha distraitement la tête, regardant sa baguette.
- Oh, tu fais de la magie ? demanda-t-elle. Voyons ça, alors.
Elle s'assit sur la banquette à côté du garçon aux cheveux noirs. Elle était curieuse de voir ce que le rouquin pouvait faire, et d'avoir une base de comparaison par rapport à son âge.
- Euh – d'accord.
Le garçon s'éclaircit la gorge.
- Soleil, jonquille et canari,
Que ce gros gras rat gris
En jaune soit colorié
De la tête jusqu'aux pieds.
Il agita sa baguette, mais rien ne se produisit. Son rat ne se réveilla même pas.
La première impulsion d'Hermione fut de lui dire que ses vers n'étaient pas un vrai sort, mais elle hésita. Sa mère lui avait dit de se faire des amis, et elle ne voulait pas être insupportable ici, pas vrai ?
- Où est-ce que tu as trouvé ce sort ? finit-elle par demandé. Je n'ai jamais entendu de formule comme celle-là.
Le garçon se renfrogna.
- Mon frère, dit-il. Il me faisait probablement une blague.
Hermione considéra la situation.
- Ce n'est pas très grave, dit-elle sur un ton diplomate. On sera bientôt à l'école, et je suis sûre qu'on pourrait apprendre ce sort là-bas, si tu veux.
Le garçon cligna des yeux, surpris, avant de la regarder avec un intérêt nouveau.
- Et tu es qui, en fait ?
C'était plutôt impoli comme manière de demander son nom à quelqu'un, mais Hermione laissa glisser.
- Je m'appelle Hermione Granger, dit-il en inclinant la tête. Et, toi, tu es…?
- Ron Weasley, marmonna le rouquin.
- Harry Potter, dit le garçon aux cheveux noirs.
- Ah, vraiment ? demanda Hermione, surprise. Attends, je retire ça. C'est une question stupide. Bien sûr que tu sais qui tu es. Je n'avais juste pas réalisé que tu serais dans mon année à l'école. Les livres ont tous glorifié ta petite enfance, et n'ont jamais élaboré sur ce qu'il s'est passé après la chute de Voldemort.
Ron émit un sifflement depuis le siège en face d'elle, mais Harry semblait intéressé.
- Je suis dans des livres ?
- Bien sûr – tu es dans Histoire de la magie moderne et Grandeur et décadence de la magie noire. Tu es aussi dans Les grands événements de la sorcellerie au XXe siècle. Mais les livres disent tous plus ou moins la même chose, dit-elle en haussant les épaules. Voldemort as essayé de te tuer, n'a pas réussi, et a disparu sans que l'on sache pourquoi.
Elle le regarda un long moment, lui et sa cicatrice, et Harry sembla mal à l'aise. Elle se mordit la lèvre dans sa réflexion.
- Enfin, les livres ne m'ont rien dit de vraiment important, comme le genre de personne que tu es, dit-elle en offrant un sourire à Harry. Alors, dis-moi, Harry – est-ce que tu as hâte d'être à Poudlard ?
Petit à petit, Harry commença à se détendre, et tous les trois commencèrent à discuter. Quand Neville remonta le train et qu'il passa devant leur porte, Hermione le traîna à l'intérieur avec elle, et les quatre apprirent à se connaître. Ron avait hâte de commencer la Défense contre les Forces du Mal, tandis que Neville aimait la Botanique. Harry n'avait pas vraiment l'air d'avoir réfléchi à la question, donc ils commencèrent à parler des maisons.
- J'espère que je serai à Gryffondor, leur dit Neville, mais je parie que je vais aller à Poufsouffle. Mon père était à Gryffondor – je pense que ma grand-mère serait déçue si j'allais ailleurs.
- Tous mes frères sont à Gryffondor, dit Ron. C'est probablement là que je vais aller. Je suppose que Serdaigle ne serait pas trop mal, mais imaginez s'ils me mettaient à Serpentard.
Hermione se raidit.
- C'est la maison où est allé Vol – je veux dire, Tu-Sais-Qui, non ? demanda Harry.
- Ouais, confirma Ron.
- Beaucoup de Mages Noirs sont allés à Serpentard, ajouta Neville.
Hermione ne put pas tenir sa langue plus longtemps.
- Merlin était à Serpentard, leur dit-elle. Cinq des sept derniers Ministres de la Magie également. La maison ne détermine pas si on devient un Mage Noir ou non.
Ron lui jeta un regard surpris.
- Tous les Mangemorts de Tu-Sais-Qui sont allés à Serpentard, lui dit-il.
- C'est un mensonge, rétorqua-t-elle. Sirius Black était à Gryffondor, Carlisle Selwyn était à Serdaigle. Peut-être qu'ils sont en majorité allés à Serpentard, mais c'est logique, si c'était la maison de Voldemort – ils auraient été ses amis, pas vrai ?
Ron et Neville frissonnèrent tous les deux lorsqu'elle utilisa le nom de Voldemort avec tant de désinvolture, mais Harry semblait pensif.
- C'est logique, oui, dit Harry. S'il y avait une maison réservée aux Mages Noirs, ils arrêteraient probablement d'y mettre des élèves.
- Pourquoi ça t'importe, de toute façon ? demanda Ron d'un air méprisant. Tu as dit que tes parents étaient moldus. Serpentard est plein de puristes, donc c'est pas comme si tu allais y aller de toute façon.
Hermione sut retenir une réplique cinglante. Ce n'était pas le moment de se disputer avec quelqu'un, ni d'expliquer la question de Sang-Nouveau. Ces garçons n'écouteraient pas de toute façon.
- Je trouve juste que ce n'est pas juste de détester toute une maison pour l'action de quelques individus, dit-elle avec prudence. Et si nous étions séparés à l'arrivée par nos maisons ? Je voudrais qu'on soit quand même amis.
Elle leur fit un petit sourire plein d'espoir, et Neville le lui rendit.
- Je serai quand même ton ami, si tu veux bien de moi, même si je suis à Poufsouffle, dit Neville.
Ron et Harry s'entre-regardèrent, puis hochèrent la tête en direction d'Hermione.
- On est amis maintenant, dit Harry. Les maisons n'ont pas d'importance. On peut toujours se voir entre les cours, non ?
- Bien sûr, dit-elle en souriant, et il lui rendit son sourire.
Il y eut une pause avant qu'Hermione se souvienne.
- Assez reposé, Neville ? demanda-t-elle en se levant et en s'étirant. On doit toujours trouver Trevor.
Neville hocha la tête et se leva. Hermione regarda Harry et Ron.
- On est sans doute plus très loin. Vous devriez mettre vos robes bientôt, leur conseilla-t-elle. On se voit plus tard.
La recherche du crapaud ne donna pas plus de résultats que lors de leur premier voyage. Avec un soupir, Hermione et Neville se mirent d'accord sur le fait qu'il serait sans doute plus facile de chercher quand les élèves seraient descendus, et retournèrent au compartiment qu'ils avaient partagé avec Harry et Ron.
- …ne veux pas être dans sa maison, disait Harry lorsqu'ils entrèrent.
- Il sera à Serpentard, c'est sûr, dit Ron d'un air sombre. Les Malefoy sont tous du côté obscur. Sans exception.
Hermione retint un rire en entendant Ron parler du côté obscur, imaginant la voix de Ron remplacée par celle de Dark Vador. Elle retint un sourire ; tous ceux qui étaient terrifiés par Lord Voldemort au point de ne pas pouvoir dire son nom à voix haute n'étaient probablement pas prêts à entendre parler du terrible Seigneur Vador.
- Vous avez rencontré Malefoy ? demanda Neville en s'asseyant.
Harry expliqua l'altercation qu'il venait d'avoir avec Drago Malefoy et ses deux gorilles. Tandis qu'il parlait, le cœur d'Hermione se serra. Ils allaient encore moins aimer Serpentard, maintenant. Si elle y allait, comme elle pensait qu'elle allait le faire, elle allait devoir s'assurer qu'ils la voient elle, et pas juste la couleur de sa cravate, pour qu'ils puissent être amis.
Hermione n'avait jamais eu d'amis avant. Elle ne voulait pas laisser derrière elle ceux qu'elle venait de rencontrer.
Malgré cela, Hermione savait que si elle devait le faire, elle le ferait. Elle avait des plans, des rumeurs à murmurer, et des relations à se faire. Elle savait que Serpentard l'aiderait à atteindre la grandeur, et si cela voulait dire qu'elle devait couper les ponts avec ses tout premiers amis, elle le ferait.
Pendant le reste du voyage, Neville et Ron expliquèrent le Quidditch à Harry avec animation et Hermione laissa le doux balancement du train la faire somnoler, rêvant de lions, serpents, blaireaux et aigles, se battant dans une vallée très loin de là.
