Des livres ! Il y avait des livres absolument partout, et Hermione ne savait pas où regarder. Toute cette magie ! Toutes ces connaissances ! Juste là, à sa portée !

Se forçant à se calmer, Hermione se concentra sur sa mission : comprendre ce que voulait dire McGonagall lorsqu'elle parlait de "réserves de pouvoir". Cela avait l'air important, et semblait également si basique qu'il était supposé que tout le monde savait de quoi il s'agissait.

Hermione prit un moment pour comprendre l'organisation de la bibliothèque, et fut soulagée lorsqu'elle trouva enfin un catalogue. Mieux encore, le catalogue était enchanté, chaque carte la menant directement au livre qui lui était relié, et Hermione amassa rapidement trois livres qui semblaient pleins de promesses.

Tandis qu'elle se dirigeait vers une table libre, elle fut surprise de voir deux visages familiers dans la bibliothèque.

- Harry ! Neville !

Harry Potter et Neville Londubat levèrent les yeux vers elle, surpris, et elle accourut pour s'asseoir avec eux. Madame Pince, la bibliothécaire, leur jeta un regard noir, et Hermione baissa le ton instantanément.

- Je suis trop contente de vous revoir, leur dit-elle. Comment ça va ? Comment se passe votre premier jour ?

Harry et Neville échangèrent un long regard, et Harry prit la parole.

- On a eu Défense et Sortilèges jusqu'ici, lui dit-il.

- C'était chouette, les Sortilèges, risqua Neville. Le Professeur Flitwick est vraiment gentil. Il nous a montré comment faire briller le bout de notre baguette. Personne n'a vraiment réussi pour l'instant, mais il nous a juste dit de nous entraîner au lieu de nous donner des devoirs, donc c'était bien.

Hermione lui sourit.

- Ça a l'air bien, oui, répondit-elle. J'ai eu Métamorphose. C'est assez intense, vous avez de la chance d'avoir eu quelque chose de simple pour votre premier jour.

Lentement, Harry et Neville lui rendirent son sourire.

- Qu'est-ce que tu as pensé de la Défense ? demanda Harry. Quirrell a dit qu'il avait les Serpentard juste après nous.

Hermione fit la moue.

- Il est nul, comme prof, déclara-t-elle. Tous les maléfices dont il a parlé ? La théorie n'est pas bonne. J'ai vérifié dans deux livres différents. Et son cours était horrible. J'ai arrêté d'écouter vers la moitié.

Harry et Neville lui firent un grand sourire.

- Je l'ai trouvé nul aussi, dit Harry. En plus, j'ai eu une migraine dès que je suis rentré dans sa classe –"

- Les gars ! J'ai trouvé – qu'est-ce que c'est que ça ?

Hermione leva les yeux et vit Ron Weasley debout près de la table, tenant des livres sur les vampires, et la fusillant du regard.

- Je vais chercher des bouquins, et je vous retrouve en train de fraterniser avec une Serpentard ? cracha-t-il, et Hermione fut vexée par le venin dans sa voix.

- De quoi tu parles, Ron ? demanda Hermione, choquée. On a tous pris le train ensemble hier. Ce n'est pas comme si tu ne me connaissais pas.

- C'était avant que tu sois répartie à Serpentard, répliqua-t-il en s'asseyant près de Harry.

Il croisa les bras et ne la lâcha pas de son regard noir, et Hermione marqua une pause, incertaine de la marche à suivre face à une telle antipathie.

- Je suis toujours la même personne qu'hier, dit-elle lentement. La couleur de ma cravate a-t-elle donc tant d'importance ?

- Si elle est verte, oui, déclara Ron fermement, et Hermione soupira.

- Pourquoi ? demanda Hermione. Qu'est-ce que tu as contre Serpentard ?

Les yeux de Ron étincelèrent, et Hermione regretta instantanément sa question.

- Ce n'est qu'une bande de serpents égoïstes, dit-il. Tous les partisans de Tu-Sais-Qui ? Ils venaient de Serpentard. Tous les Mages Noirs sont allés à Serpentard, et les Serpentard sont connus pour leurs blagues cruelles envers les autres maisons, et ils ne se font jamais prendre. Ils ne font que se battre pour être les meilleurs, et feraient n'importe quoi pour y arriver. Ils trichent au Quidditch, aussi, et ce sont des puristes du sang, qui veulent éradiquer tous ceux qui ne sont pas Sang-Pur.

Il cracha la dernière partie de sa tirade, et Hermione cligna des yeux, surprise.

- … Tu réalises que mes parents sont Moldus, pas vrai, Ron ? demanda Hermione lentement.

La confusion s'installa lentement dans les yeux de Ron, pendant qu'il se calmait un peu.

- Tes parents – ?

- Des Moldus, tous les deux. Des dentistes, en fait, répondit Hermione avec un signe de tête pour Harry. Je ne sais pas pour les autres, mais en tous cas, moi, je ne suis pas sur le point de lancer une campagne pour éradiquer qui que ce soit, et certainement pas par rapport au sang.

Ron semblait complètement perdu.

- Mais alors – comment tu as pu être répartie à Serpentard ?

Hermione haussa les épaules.

- Probablement parce que je suis ambitieuse, admit-elle sans gêne. J'ai toujours eu de grandes ambitions quand j'étais enfant, et ça n'a pas changé – c'est juste que maintenant, elles sont magiques.

Elle lui fit un sourire prudent.

- Si tu crois que tous les Serpentard sont des traîtres, alors tu peux peut-être considérer que je les trahis en passant du temps avec vous ? demanda-t-elle. La majorité des Serpentard ne me parle pas de toute façon, parce que mes parents sont Moldus.

Harry lui jeta un regard acéré.

- Ils ne te parlent pas ? demanda-t-il, ses yeux verts plus brillants que d'habitude.

Hermione hocha la tête, puis marqua une pause.

- Enfin, sauf pour se moquer de moi, dit-elle. Theo Nott a voulu faire un pari, tout à l'heure, sur qui réussirait l'exercice de Métamorphose en premier. Il a dit que si je perdais, je devrais être son Elfe de Maison toute la semaine, avec l'uniforme et tout.

Les yeux de Harry ne marquèrent aucun changement, mais Ron et Neville eurent une exclamation d'horreur.

- Mais non, murmura Neville, les yeux écarquillés. Il a fait ça à un membre de sa maison ?

Hermione cligna des yeux, un peu confuse.

- Oui, pendant le petit déjeuner. Heureusement, j'ai gagné, mais quand même… J'ai l'impression de rater quelque chose, cela dit. Qu'est-ce que c'est, un Elfe de Maison ?

Neville grimaça, et Ron frissonna.

- C'est ces créatures à taille demi-humaine à peu près, expliqua Ron. Ce sont eux qui font les tâches ménagères chez les Sang-Pur. Et ils portent un genre de tunique, comme une taie d'oreiller mais avec des trous pour leurs bras et leurs jambes. Ils sont toujours sales.

Les sourcils d'Hermione se levèrent très haut.

- Il voulait faire de moi son esclave ? demanda-t-elle, la voix un peu perçante. Il voulait que je porte une taie d'oreiller ?

Madame Pince leur fit une remarque acerbe et un regard noir, et elle baissa à nouveau la voix, toujours enragée.

- Je n'avais pas réalisé à quel point c'était grave ! dit-elle d'un air furieux. Maintenant, je ne culpabilise plus du tout de lui faire porter mes livres ! Et les sorciers ont des esclaves ?

- Ce ne sont pas vraiment des esclaves, dit Neville rapidement, les yeux baissés. Ils… C'est une espèce différente. Et ils aiment leur travail. Ils vivent du lien qu'ils ont envers la famille qu'ils servent, bien que certaines familles les abusent parfois. Mais ce n'est pas si horrible, Hermione. Vraiment.

Neville la regardait d'un air hésitant, et Hermione céda, se calmant avec difficulté.

- Bon, soit, dit-elle avec un regard pour Ron. Donc, est-ce qu'on peut travailler sur la Défense ensemble, ou est-ce que tu vas continuer à parler du fait que tu ne veux pas que la Née-Moldue de Serpentard s'assoie avec toi ?

Ron sembla un peu honteux, et il ouvrit un livre sans ajouter un mot.

- Je n'arrive pas à croire qu'il nous ait donné des devoirs le premier jour, finit-il par geindre, et Hermione lui prit l'autre livre.

- Ça va aller, dit-elle avec confiance. Quinze centimètres, c'est à peine deux paragraphes. On aura fini avant le dîner.

Hermione termina son "devoir" en une demi-heure – quinze centimètres, ce n'était vraiment rien, même si elle avait rapetissé son écriture pour ajouter des détails. Tandis que ses camarades continuaient à se plaindre et à chercher des informations dans les livres, Hermione ouvrit l'un des livres qu'elle avait trouvés, Les puissants et les pathétiques, et commença à lire.

C'était fascinant. Le livre parlait des différences entre les sorciers 'puissants' et les sorciers 'pathétiques', tout en mentionnant à peine le statut de sang, fort heureusement. La majorité de la différence semblait découler de l'agilité magique, mais il semblait y avoir un sous-entendu évident qu'Hermione put à peu près appréhender.

D'après ce qu'elle avait compris, les sorciers et les sorcières avaient des "réserves magiques" en eux, qui contenait leur pouvoir magique. Les sorciers les plus puissants avaient des réserves plus importantes, tandis que les moins puissants en avaient moins. Le livre semblait sous-entendre que les réserves grandissaient avec l'âge, mais il n'y avait pas de conclusion sur ce qui faisait qu'un sorcier était plus puissant qu'un autre.

Hermione trouvait cela curieux mais intéressant, et plein de promesses. Si l'une des caractéristiques principales d'un sorcier puissant était "beaucoup de réserves", alors elles semblaient pouvoir être agrandies. Hermione supposait que les réserves d'une personne ne grandissaient pas avec l'âge, mais avec l'usage, l'entraînant comme un muscle. Si Hermione pouvait trouver des sorts qui utilisaient beaucoup de pouvoir magique pour son âge, et s'entraînait souvent (peut-être avant de se coucher), alors elle pourrait "entraîner" son propre puits de pouvoir et l'agrandir plus vite que ses pairs.

Enfin. C'était l'idée, en tous cas, se dit Hermione avec une pointe de regret. Elle ne savait pas vraiment si ça marcherait.

Mais ça ne pouvait pas faire de mal, en tous cas.

- Granger ?

Hermione leva les yeux et vit Theo, qui lui faisait un sourire narquois non loin. Il fit un signe de la main vers l'horloge la plus proche, et Hermione se releva instantanément.

- C'est l'heure du dîner, dit-elle aux autres d'une voix chantante. Je vous vois plus tard !

Elle ramassa ses trois livres et les mena à Madame Pince pour les emmener dans son dortoir, avant de les mettre dans son sac. Elle ne voulait pas que Theo voie les titres – ce serait mieux si personne ne savait qu'elle était en train de travailler pour devenir plus puissante.

Cette fois, Theo prit son sac sans la moindre rancœur, et, à sa grande surprise, lui offrit son bras lorsqu'ils arrivèrent aux escaliers.

- Eh bien, Theo, dit Hermione avec satisfaction. Quel gentleman tu fais.

Theo leva les yeux au ciel.

- J'ai été bien élevé, en tant que Sang-Pur, après tout.

D'après ce qu'Hermione en avait compris, les attentes envers les hommes de Sang-Pur étaient à peu près les mêmes que pour la noblesse à la Renaissance – instruits et parfaits en tout.

- Tu ne m'as pas offert la courtoisie tout à l'heure, cela dit, dit Hermione en levant un sourcil. Qu'est-ce qui a changé ?

Il y eut un silence pendant que Theo la menait vers le bas des escaliers.

- J'ai entendu McGonagall parler à Chourave, dit-il d'un ton abrupt et en la regardant de côté. Tu as réussi à changer ce morceau de bois en tuyau ?

Hermione rougit et grimaça légèrement.

- A la toute fin, et ce n'était pas du plomb, admit-elle. Trop brillant pour ça. Je pense que c'était de l'acier, ou de l'aluminium ?

Une ombre de sourire dansa sur les lèvres de Theo.

- C'est ça qui t'inquiète ? remarqua-t-il d'un air amusé. Pas le fait que tu aies réussi à faire ça en tant que première année ?

- Et pourquoi je n'y arriverais pas ? demanda Hermione. Le professeur McGonagall m'a dit de le faire. Elle a dit qu'elle me donnerait des points si j'y arrivais.

- Apparemment, tu as battu le record de McGonagall quand tu as fait ça, lui répondit Theo.

Il semblait apprécier la façon dont les yeux d'Hermione s'écarquillèrent.

- Elle n'y est arrivée que pendant sa quatrième leçon. Et Dumbledore, sa troisième leçon.

Il y eut un silence.

- Elle nous a donné des points quand même, non ? risqua Hermione. Elle n'était pas vexée que je l'aie battue ?

- L'inverse, en fait. Elle avait l'air fière de toi, même si tu es à Serpentard. Et elle nous a donné cinquante points. Cinquante. D'un seul coup. Tous les autres première année en ont eu cinq d'un coup, maximum.

Theo lui fit monter un autre escalier et descendre le long d'un couloir pour éviter Peeves qui lançait des bombes à eau sur les autres élèves.

- Donc, maintenant, tu me crois, c'est ça ? demanda Hermione. Tu as entendu parler de mon exploit, et tu penses que je suis puissante maintenant, donc je ne peux pas être Née-Moldue ?

Theo la regarda longuement.

- Je ne connais pas cette histoire de Sang-Nouveau, mais ça fait sens, admit-il. Toutes les Maisons ont dû venir de quelque part. Et il n'y a pas eu de nouvelle Maison depuis une éternité, donc c'est logique de ne pas trouver d'information dans les livres, surtout quand tu ne cherches pas spécifiquement ça. Donc je veux bien suspendre mon incrédulité.

Hermione fit de son mieux pour cacher sa surprise.

- Dans tous les cas, poursuivit Theo, on m'a toujours appris à respecter le pouvoir, et tu as déjà prouvé que tu en disposais amplement.

Hermione leva un sourcil.

- Et les autres…?

Theo eut un sourire en coin.

- Blaise se fout du sang – tout ce qu'il voit, c'est que tu es une fille, jolie qui plus est, à Serpentard, lui dit-il.

Hermione rougit.

- Et Tracey et Millicent ne sont pas en position de juger qui que ce soit par rapport à leur sang. Daphné attend de voir ce que tu peux faire, et Drago aussi – ils ne veulent pas se contenter d'une seule classe pour en juger, bien qu'ils n'étaient pas avec moi quand j'ai entendu McGonagall en parler. Et Pansy ? Elle ne t'acceptera pas de sitôt – elle aime être au sommet, et elle ne va pas te céder la place sans se battre.

- Si eux ne se prononcent pas encore, pourquoi toi oui ? demanda Hermione.

Le sourire de Theo s'agrandit.

- Si je te soutiens et que, comme je le crois, tu finis par être super puissante, je me suis établi comme une personne de confiance et comme un ami depuis le tout début, lui dit-il avec les yeux brillants. Si au final c'est du vent, alors j'ai suffisamment de pouvoir en tant que membre des Vingt-Huit Sacrés pour que mon indiscrétion de jeunesse soit aisément pardonnée, et ça n'aura plus d'importance après la troisième année, au maximum.

Hermione éclata de rire.

- Tu es le Serpentard parfait, dit-elle à voix haute. Déjà occupé à comploter et à te faire des connexions.

- Merci, dit Theo en s'inclinant avant d'ouvrir la porte de la Grande Salle. Dîner, ma Dame ?

Hermione sourit.

- Après toi.