Les cours devirent une routine, de celles qu'Hermione aimait le plus.
Ses études tout au long de l'année précédente avaient payé, de toute évidence – elle était première de la classe, et avec peu d'efforts puisqu'elle avait déjà maîtrisé presque tous les exercices des mois auparavant. Quelques professeurs, comme le professeur McGonagall, lui donnaient discrètement des exercices plus difficiles à faire pour la garder occupée, et Hermione aimait beaucoup ces opportunités pour essayer quelque chose de nouveau et d'inattendu. La majorité des professeurs, cependant, lui faisaient simplement de grands sourires et donnaient des points à Serpentard, ce qu'Hermione appréciait immensément.
La Botanique se passait mieux que prévu, étonnamment. Hermione avait mémorisé les schémas et points clés les plus importants du livre, et elle semblait devoir faire exactement ce que lui disait le livre, contrairement à son approche avec les Potions. Cependant, quand chaque étudiant reçut une plante Amanello à rempoter, et il fut rapidement évident que bien que les plantes de beaucoup d'autres luttaient pour rester en vie, celle d'Hermione était en pleine santé. Elle se demanda si elle avait eu de la chance ou s'il y avait quelque chose d'autre à l'œuvre, mais en était ravie dans tous les cas – et le Professeur Chourave aussi. Il semblait que seule une autre des plantes était en aussi bonne santé dans toutes les classes de première année, donc elle fut première à nouveau.
Les Sortilèges étaient une expérience positive également. Flitwick avait été si charmé lorsqu'il l'avait rencontrée ("La première Née-Moldue à Serpentard depuis des siècles !" – elle n'avait pas pris la peine de le corriger) qu'elle ne pouvait trouver défaut à ses yeux. En plus, les cours suivaient la structure du livre à la lettre, et elle avait maîtrisé les premiers chapitres depuis longtemps.
Les Potions continuaient à être délicates, perchées en équilibre entre le fait d'ennuyer et d'impressionner le Professeur Rogue. Tandis que le Maître des Potions parcourait la classe, fustigeant ceux qui n'arrivaient pas à suivre les instructions ou les lisaient mal, Hermione ignorait délibérément des sections entières des recettes, faisant des expériences pour mieux comprendre les interactions entre les ingrédients. Elle et Theo avaient pris l'habitude de travailler avec deux chaudrons : un pour une potion exactement comme demandée dans le livre, et une autre avec des changements pour pouvoir comparer les résultats. Cela fut utile pendant plusieurs cours, lors desquels leurs potions tests furent inutilisables et donc ils eurent quelque chose de correct à présenter. Après le cours, Rogue les interrogeait sur les changements effectués, méprisant leurs tentatives ratées et critiquant leur compréhension limitée. Si elle lisait entre les lignes, cependant, Hermione pouvait comprendre leurs erreurs et ses conseils pour faire mieux la prochaine fois – et ainsi, elle apprenait encore plus de ses erreurs que de ses réussites.
Sa camaraderie naissante avec Theo était sympa, aussi.
L'Histoire de la Magie et la Défense contre les Forces du Mal continuaient à être risibles. Hermione ignorait joyeusement les deux professeurs, ne prenant pas de notes et lisant des livres en classe sans la moindre pénalité. Lorsqu'elle avait commencé à faire ça en Défense, elle reçut quelques regards horrifiés, mais comme Quirrell ne posait jamais de question aux élèves et ne faisait jamais d'exercices pratiques, elle ne se fit jamais prendre. En Histoire, il semblait que personne n'était attentif – c'était le rendez-vous parfait pour rattraper ses devoirs en retard ou faire une sieste. Hermione était dégoûtée par cette situation – les professeurs de l'une des meilleures écoles de magie au monde ne devraient-ils pas être les meilleurs ? La situation lui permit, cependant, de prendre de l'avance, et Hermione finit par admettre à contrecœur que le temps d'études supplémentaire était probablement plus utile que la leçon en elle-même.
La majorité des cours de magie était formidable, mais il y avait quelque chose d'encore mieux.
Pour la première fois de sa vie, elle avait des amis.
Sans compter Theo, qui n'était qu'une sorte d'allié prudent, Hermione avait Tracey et Millie, qui n'hésitaient pas à lui parler et partageaient volontiers des sourires ou des plaisanteries. Elles ne l'embêtaient jamais pour de l'aide aux devoirs, et semblaient apprécier ses commentaires sarcastiques sur leurs professeurs, leurs cours, et leurs programmes. Hermione, de son côté, profitait grandement de l'enthousiasme de Tracey, et Millie était toujours prête à l'aider, expliquant volontiers les subtilités de certaines coutumes Sang-Pur qu'Hermione ne comprenait pas.
Plus encore, Hermione avait solidifié son amitié avec Harry Potter et Neville Londubat. Malgré leur différence de maison, Harry et Neville étaient contents de l'avoir avec eux, et c'était réciproque. Elle appréciait faire ses devoirs avec eux – à Serpentard, personne n'étudiait en groupe, puisque tout le monde faisait attention à maintenir l'apparence de brillance sans efforts – et elle répondait volontiers à leurs questions. Elle avait été horrifiée de voir leurs premières notes de devoirs écrits, et, en les relisant, s'était rendue compte de la raison – personne ne leur avait appris à écrire. Après un cours d'urgence sur les bases de la structure et de l'écriture d'un devoir, ainsi qu'un rattrapage en syntaxe et en grammaire, elle fut ravie de voir les notes de ses amis remonter en conséquence, et ils furent incroyablement reconnaissants de son intervention. La grand-mère de Neville lui avait même offert un cadeau – un appareil photo sorcier – pour qu'il lui envoie des photos de ses amis et de ses plantes préférées.
Ron Weasley, cependant, demeurait problématique pour Hermione. Ron semblait obsédé par le fait qu'elle était à Serpentard, prenant sa maison pour la preuve qu'elle finirait par les trahir à la première opportunité. Ecœurée, Hermione finit par lui demander comment exactement elle allait bien pouvoir les trahir, puisque tout ce qu'ils faisaient c'était passer du temps ensemble à étudier, mais Ron avait simplement détourné les yeux, marmonnant qu'ils "finiraient par s'en rendre compte". Ron avait également refusé de participer à son cours sur les devoirs, disant qu'il n'avait pas besoin d'aide d'une sale Serpentard, et Hermione l'avait laissé partir de la bibliothèque sans commentaire, cachant sa vexation par un sourcil haussé. Elle tirait une satisfaction un peu tordue du fait que désormais il était derrière ses amis en termes de notes, et même qu'elles s'empiraient au fur et à mesure. Elle savait bien qu'elle n'était pas censée tirer du plaisir de l'échec des autres, mais face à sa méchanceté constante, elle était contente de voir qu'elle s'en tirait bien mieux que lui.
Le soir, Hermione avait pris l'habitude d'essayer de vider complètement ses réserves magiques avant de s'endormir, dans l'espoir que cela permettrait à ses réserves d'augmenter en taille. Elle avait commencé avec la Métamorphose, mais ça n'avait pas vraiment marché – soit elle y arrivait, soit elle échouait, et si elle n'y arrivait pas alors les pouvoirs utilisés pour essayer la métamorphose en question lui revenaient. Hermione trouva finalement sa méthode avec le charme de lévitation. Elle avait commencé par faire léviter un stylo jusqu'à ce qu'elle s'épuise, puis un livre, puis une lampe. Elle se chronométra et mesura ses progrès, et fut contente de voir que toutes les quelques nuits, elle était capable de léviter l'objet un petit peu plus longtemps, ou de faire flotter des choses plus lourdes. Et dire qu'elle pourrait bientôt faire léviter sa table de nuit, juste pour s'entraîner… ! Elle était ravie de ses progrès.
Le pire côté de Poudlard, cependant, c'était ses camarades de maison.
Hermione avait su, plus ou moins, qu'elle serait isolée au sein de sa maison. Elle savait qu'en allant dans le fief des préjugés sur le sang, elle devrait le subir. Elle l'avait su. Mais elle avait su également que, même subtils, ces préjugés étaient partout, aussi s'était-elle dit qu'il serait plus simple de faire face au pire dès le début.
Elle trouvait toujours son plan solide, mais c'était très difficile à se dire quand toute sa maison ou presque l'ignorait.
Petit à petit, le fait qu'Hermione avait grandi avec des Moldus s'était répandu. Et même si une autre rumeur, cette fois-ci sur les Sang-Nouveau, circulait également, c'était avec de l'incrédulité et du mépris. Il y avait une Née-Moldue à Serpentard. C'était du jamais vu. Les étudiants plus âgés l'ignoraient, la bousculaient, et murmuraient des insultes à son oreille en la croisant dans la salle commune, et l'ostracisaient subtilement des autres. En dehors des quartiers de Serpentard, personne ne pouvait le savoir, puisque les Serpentard se serraient les coudes et présentaient un front uni, mais à l'intérieur… Hermione en souffrait.
Quant à ses camarades de classe, c'était à peine mieux.
Certes, Tracey et Millie lui parlaient, mais Theo lui parlait uniquement en Potions, ce que comprenait Hermione – il ne pouvait mettre en péril sa propre position au sein de Serpentard en lui parlant ouvertement. Et les autres Serpentard ne lui parlaient pas.
Drago Malefoy semblait être le chef des première année, faisant faire à Crabbe et Goyle ses quatre volontés, et ils lui obéissaient aveuglément. Il parlait avec Blaise et Theo, tout comme Pansy et Daphné. Parfois, il daignait adresser quelques mots à Millie et Tracey sans se départir de son air supérieur, mais il ne parlait pas du tout à Hermione. Elle ne méritait même pas son mépris – c'était comme si elle n'existait pas.
Pansy, cependant, était encore pire. Dans le dortoir des filles, ses remarques méprisantes et moqueuses ne s'arrêtaient que dans son sommeil, et Hermione avait l'impression de devoir toujours être sur ses gardes pour se défendre. Hermione appréciait voir Pansy furieuse et sans voix lorsqu'elle parvenait à parer ses remarques, en apparence facilement, mais les insultes et le rabaissement constant de Pansy étaient difficiles à ignorer. Ce fut uniquement par son amélioration constante à la pratique de la magie qu'Hermione eut la force mentale de garder confiance en elle et de ne pas commencer à croire les choses que Pansy lui disait. Comment pourrait-elle ne pas avoir sa place dans une école de magie, alors qu'elle était la meilleure de leur année ?
Hermione gardait le dos droit et ne laissait pas Pansy voir la moindre réaction suite à ses remarques. Dans la nature, les grands serpents mangeaient les plus petits sans même y penser, et Serpentard ne dérogeait pas à cette règle.
