DISCLAIMER:
Cette fanfiction est basée sur le monde merveilleux d'Harry Potter, propriété de J. K. Rowling. La plupart des personnages, lieux, etc. lui appartiennent.
Cette histoire est la traduction française de Living with Danger, premier volet de la fabuleuse série Dangerverse, écrite par la talentueuse Whydoyouneedtoknow. J'ai obtenu l'accord de l'autrice pour publier cette traduction.
Chapitre 44 : Négociations
Tous ses sens étaient en éveil, ne laissant aucune place à la réflexion. Le soulagement et la joie la consumaient, et tout ce qu'elle pouvait articuler était un mot, le nom de l'homme qui la tenait comme si sa vie en dépendait.
Remus.
Son image lui brula les yeux, même si tout ce qu'elle voyait pour l'instant était l'épaule de ses robes, sur laquelle elle pleurait, goûtant le sel de ses propres larmes sur ses lèvres. Un de ses bras la tenait fermement contre lui, tandis que son autre main la caressait, la courbe de son visage, les mèches de ses cheveux, son bras, son épaule, son dos. Son odeur masculine évoquait la sécurité et l'excitation en même temps, comme les épices qu'elle utilisait dans ses gâteaux; l'odeur s'attardait dans son nez et sa bouche, douce, familière et réconfortante. Sa voix lui murmurait des mots d'amour; elle les entendait à peine, à l'exception de lorsqu'ils incluaient son nom : « Danger. Danger. Oh, Danger. »
Personne ici ne m'appelle comme ça, réalisa-t-elle dans un coin de son esprit. Ils utilisent toujours Gertrude ou madame Granger. Jamais Danger. Et Jamais Granger-Lupin.
Je me demande pourquoi.
« Remus. » répondit-elle finalement à voix haute, se reculant juste assez pour voir son visage. Il pleurait aussi, mais en même temps, il souriait si intensément que son visage semblait avoir du mal à le contenir. « Tu… tu m'as appelé. Je pensais l'avoir imaginé. Mais c'était toi. »
« Tu m'as dit de t'appeler à la maison. J'ai essayé, mais tu ne me répondais pas, alors je suis venu. » Il la tira vers lui à nouveau, enfouissant son visage dans ses cheveux. « Tu m'as manqué. » dit-il indistinctement. « Ce qui, considérant que cela ne fait que trois heures depuis que je t'ai vu, est plutôt triste. Je pense que je suis accro à toi. »
Danger frissonna. « Ça devrait être une habitude facile à briser, alors. » dit-elle, se forçant à s'éloigner. Son corps se plaignit – il aimait être dans les bras de Remus. C'était un endroit confortable, et l'expérience avait prouvé que, si elle y restait, des choses agréables commençaient à se passer. Son cœur enregistra une protestation lui aussi. Mais son esprit était ferme. La décision était prise.
« Pourquoi? » demanda Remus d'un ton léger. Mais Danger remarqua que sa posture s'altérait légèrement, de la posture complètement relaxée que seuls elle et la Meute connaissaient vers sa posture publique plus contrôlée, et même encore plus tendue – presque une posture de combat…
Danger prit une lente et profonde inspiration – puis les mots commencèrent à s'écouler d'elle, un torrent sur lequel elle n'avait presque aucun contrôle. Elle expliqua à toute vitesse à propos des Fondateurs, leur rôle auprès de sa magie, sa dette, et sa décision, et elle voulut crier lorsqu'elle vit le visage de Remus se fermer, lorsqu'elle le vit se retirer derrière le masque qu'il avait porté presque toute sa vie devant le monde extérieur.
Il n'a jamais porté ce masque devant moi depuis le jour de notre première rencontre. Ça n'a jamais été possible. Nous avons été dans l'esprit l'un de l'autre presque constamment depuis –nos seuls secrets ont été nos cadeaux et nos farces – et maintenant nous voilà divisés, renfermés, et après cela nous ne nous reverrons plus jamais…
« Ils disent que tu leur dois quelque chose pour la Triple malédiction des Justes sur les Dursley. » dit Remus calmement, comme s'il était un commandant, répétant les informations que l'un de ses hommes lui avait rapporté pour s'assurer de l'avoir bien compris.
« Oui. »
« Et ils clament que tu dois payer cela seule. Toi et seulement toi. Soit avec ta vie, soit avec ta magie. »
« Oui. »
« Et tu as choisi de payer avec ta vie. »
« C'est bien cela. »
Remus hocha lentement la tête. « Cet accord est invalide. » dit-il délibérément. « Il ne peut pas prendre effet. »
« Invalide? » demanda Danger avec incrédulité. « Comment? »
« Oui, j'aimerais aussi savoir comment. » dit une autre voix – une voix masculine.
Toutes les chandelles de la Grande Salle s'enflammèrent. Godric Gryffondor se tenait à l'entrée de la pièce, regardant vers eux. « Remus John Lupin. » dit-il d'un ton catégorique. « Fils de John, fils de Katherine. Vous n'avez pas été invité. »
« Je sais cela. » répondit Remus. « Mais j'ai un intérêt dans cette dette que vous clamez vous être due. »
« De quoi s'agit-il? »
« Est-ce que les autres personnes de votre groupe pourraient vous rejoindre? » demanda Remus, levant le menton légèrement, comme s'il considérait l'autre homme légèrement inférieur à lui. « Je préférerais n'avoir à m'expliquer qu'une seule fois, si possible. »
Abruptement, ils furent dans l'entre-chambre, avec les Fondateurs et leurs enfants à nouveau enlignés tout autour de la pièce, et deux chaises pour Remus et Danger. « Nous sommes assemblés. » dit Gryffondor en se reculant dans sa chaise. « Parlez, maintenant. »
« Vous n'aviez aucun droit de demander à Danger d'assumer le paiement de la dette en ce qui a trait à la Triple malédiction des Justes invoquée sur les Dursley. » dit doucement Remus.
« Et pourquoi cela? » demanda Serdaigle d'une voix glaciale.
« Parce que la Malédiction a été invoquée, non par une, mais par deux personnes. Toute dette en découlant devrait être payée par celles-ci – nous deux. » Remus regarda autour de la pièce, comme s'il cherchait quelqu'un qui oserait nier cette affirmation. Personne ne parla. « Donc, je soutien que votre entente avec Danger est nulle et non avenue, et qu'une nouvelle entente doit avoir lieu – une entente avec nous deux. »
« Non. » dit rapidement Danger, se levant de sa chaise. « N'annulez pas l'entente. Je paierai, je ferai ce que vous voulez. »
« Il marque un point. » dit raisonnablement Poufsouffle. « En toute équité, nous devrions faire ce qu'il demande. »
« Non. » dit Danger, sentant la panique monter en elle à nouveau.
« L'entente est annulée. » dit Gryffondor, faisant un petit geste de la main. « Nous allons maintenant commencer les discussions pour un nouveau paiement de cette dette. Veuillez nous excuser un moment, je vous prie. »
Remus et Danger se trouvèrent instantanément debout dans la grande Salle, éclairée maintenant d'une seule chandelle sur l'estrade. La porte de l'entre-chambre était close.
« Qu'est-ce que c'était que ça? » demanda Danger, en se retournant vers son mari. « Qu'est-ce que tu essaies de faire? »
« Te ramener à la maison. » dit Remus, comme si cela aurait dû être évident.
« Mais si je ne voulais pas revenir? As-tu pensé à ça? »
La Grande Salle était totalement silencieuse. Danger se sentit gelée sur place. Est-ce que ça venait vraiment de MOI?
« Est-ce que j'ai fait quelque chose? » lui demanda doucement Remus, si doucement qu'elle pouvait à peine l'entendre, bien qu'elle ne soit qu'à quelques pieds de lui et qu'aucun bruit ne masquait sa voix. Elle ne pouvait pas soutenir son regard – la supplication qu'elle y voyait était trop forte et elle savait qu'elle succomberait si elle le regardait. « Est-ce que c'est quelque chose que j'ai fait, qui fait que tu n'as pas envie de revenir? »
« Non. » dit Danger, entendant sa voix sortir trop haute et aigue, comme Hermione lorsqu'elle essayait de mentir – Neenie était une très mauvaise menteuse, elle l'avait toujours été, mais elle était excellente pour dire seulement la part de vérité qu'elle voulait bien divulguer…
Remus l'entendit aussi, elle pouvait le dire. « Je ne te crois pas. » dit-il en avançant vers elle. Elle recula, sentant son souffle s'accélérer. « Essayons encore. Pourquoi ne veux-tu pas revenir? »
« Si je reviens, ce sera sans mes pouvoirs. Je ne pourrai pas nous avertir des dangers, je ne pourrai pas aider si quelque chose se passe mal – je suis très mauvaise avec la magie avec baguette, tu le sais – je serai un poids, vous devrez me défendre plutôt que je vous aide à défendre les louveteaux - »
« Nous pouvons vivre avec ça. Et la plupart des gens vivent très bien sans connaître le futur. Essaie encore. Pourquoi ne veux-tu pas revenir? » Il était encore plus près d'elle, et elle réalisa avec un choc qu'elle était aculée contre le mur, elle sentait la pierre froide contre son dos et ses bras, la faisant frissonner.
« Je ne pourrai pas dompter le loup-garou en toi. Tu devras te transformer sans aucun contrôle. Tu reviendras là où tu as commencé. »
« Bien essayé, mais non. J'ai vécu avec ce que je suis durant des années avant de te rencontrer. »
« Et tu ne pouvais pas conserver un emploi, tu arrivais à peine à mettre de la nourriture sur la table – au moins à ce moment tu avais une maison et une voiture à ton nom, maintenant tu n'as même plus cela— »
« Et tu penses que la Meute va s'effondrer et me laisser dehors dans le froid? Danger, il y a quelque chose de plus ici. Quelque chose que tu ne veux pas me dire. Pourquoi? »
« Je ne veux pas te faire mal. Pas comme ça. S'il te plait, ne m'oblige pas. Ne m'oblige pas. »
« Je veux entendre ce que tu as à dire. Tu dois le laisser sortir. Qu'est-ce qui te fais si peur que… » Remus s'arrêta, la compréhension se dessinant sur son visage. « Ta peur. » dit-il sur un ton de compréhension. « Ta plus grande peur. J'ai presque oublié. C'est ce à quoi nous devons tous faire face ce soir. Notre plus grande peur. Qu'est-ce que c'est? Qu'est-ce qui te fait si peur que tu préférerais tout abandonner plutôt que d'y faire face? »
« Non. » souffla Danger, secouant la tête, frissonnant encore plus qu'avant. « Non. Non. Je ne peux pas. Je ne peux pas te faire ça. Je ne peux pas te dire ça. Je t'en prie, pas ça. Ne me force pas à le faire. S'il te plait. Je ne veux pas te faire de mal de cette manière, je t'en prie ne m'oblige pas… »
« Dis-moi. »
C'était son alpha, pas son mari, qui se tenait maintenant devant elle. C'était le leader de la Meute. Et il lui avait donné un ordre.
Elle devait obéir.
Elle tremblait tant qu'elle pouvait à peine parler. « J'ai… J'ai peur… »
« Maintenant. » dit sévèrement Remus.
« J'ai peur que tu ne m'aimes plus. » pleura Danger, sa voix se brisant, en même temps que son cœur. « J'ai peur que tu ne m'aimes plus sans mes pouvoirs. J'ai peur que tu ne m'aimais que pour ce que je pouvais faire pour toi. Et maintenant tu vas me haïr pour avoir pensé des choses si horribles sur toi, et tu vas m'écouter et partir et me laisser ici et m'oublier, et je vais rester ici et te trouver quelqu'un à aimer, quelqu'un d'assez bien pour toi qui ne penserait jamais ces terribles choses… »
Elle se laissa tomber au sol en pleurant.
Voilà, C'est fait. Je l'ai dit. C'est terminé.
Et je n'aurai plus jamais à lui faire face.
Mais lui, semblait-il, avait d'autres idées…
« Je n'ai jamais su. » dit lentement sa voix au-dessus d'elle, puis à nouveau, à son niveau. « Je n'ai jamais su que tu avais peur de ça. »
« Je l'ai caché. » pleura Danger, le visage enfoui dans les genoux, pour ne pas avoir à le regarder, n'aurait pas à voir à quel point il la détestait maintenant. « Je te l'ai toujours caché. Je ne voulais pas te faire de peine. Tu es tellement bon. Tu mérites une personne comme toi… »
La main de Remus attrapa le menton de Danger, le levant lentement, la forçant à le regarder dans les yeux.
Il n'y avait aucune haine dans ses yeux.
Seulement de la compréhension, et un amour si profond qu'elle aurait pu s'y noyer – et je le veux, tellement, mais…
« Est-ce que cela t'aiderait si je te disais la mienne? » demanda-t-il doucement. « Ma plus grande peur? »
Sa voix étouffée par les larmes, Danger opina.
« C'est celle que j'ai toujours eu. » dit-il, soutenant toujours son regard. « Depuis la première nuit où nous avons rêvé ensemble, lorsque j'ai réalisé ce que tu me disais. Ça m'a pris un moment pour connecter mon prénom avec les mots "Je t'aime", venant d'une femme comme toi. Je n'ai jamais pensé qu'une chose pareille m'arriverait à moi. Et depuis ce moment, j'ai été pétrifié par la peur qu'un jour, tu te réveillerais de ce rêve et réaliserait à quel point tu peux faire mieux, avoir quelqu'un de mieux que moi. »
Danger cilla, levant une main pour essuyer ses yeux afin de mieux voir son visage. Il était plus sérieux qu'elle ne l'avait jamais vu. Aucune trace d'humour n'apparaissait dans son expression ou sa voix.
Mais il doit blaguer. ll ne peut pas être sérieux.
N'est-ce pas?
« J'ai toujours eu peur que tu me quitte. Que tu te rendrais compte que tu n'as pas besoin de toute cette histoire de loup-garou. Que tu n'as pas besoin de passer les meilleures années de ta vie en te cachant comme une criminelle parce que le meilleur ami de ton mari est en cavale. Que tu mérites mieux que moi. Et que lorsque tu réaliserais tout ça, tu ferais tes valises, prendrait Chaton, et partirais. » Il émit un faible rire. « Imagine ma surprise maintenant, alors que tu me dis exactement la même chose. »
La respiration de Danger était tremblante, son esprit était en effervescence. Si c'est vrai – si c'est vrai—
Mon Dieu, faites que ce soit vrai!
« Danger, je vivrais une transformation incontrôlée chaque nuit, si je savais que je te verrais au matin. Tu as changé ma vie de tellement de manières, et le domptage n'est que l'une des moins importantes. » Il sourit ironiquement. « C'est vraiment agréable, vraiment utile, et j'admets que j'aime ne pas avoir à me rafistoler à chaque mois, mais je le ferai à nouveau en un instant si ça signifie que je te ramène à la maison. »
L'information commençait à entrer. Il m'aime. Il m'aime toujours. Il veut que je revienne. Même sans mes pouvoirs, il veut que je revienne.
Parce qu'il m'aime. Pas mes pouvoirs. Moi.
Remus glissa ses mains autour du visage de Danger et le tint devant lui, ses pouces caressants ses joues, ses yeux dans les siens. « Quand tu es partie, quelque chose m'est arrivé. » dit-il doucement. « Andy a dû me le jeter en pleine figure pour que je le comprenne. Je voulais mourir. Sans toi, je ne voulais pas vivre. Et ça me fait très peur. » Ses mains voyagèrent le long de son visage, replaçant délicatement une mèche de ses cheveux. « J'ai peur. J'ai besoin de toi. S'il te plait, aide-moi. »
Le souvenir de leur discussion dans les cachots de Lucius Malefoy lui revint. Mais comment diable fait-il pour se souvenir de ce genre de choses?
« Tu me connais trop bien, mon cœur. » murmura Danger en retour, laissant ses sentiments paraitre sur son visage – choc, soulagement, étonnement, joie, et de l'amour en effet, un amour à l'égal du sien, plus encore qu'elle ne l'aurait cru possible. « Je ne peux pas ne pas venir, si quelqu'un a besoin de moi. »
Ses sourcils se levèrent une seconde, lorsqu'il reconnut sa réponse de l'époque. Mais son visage ne perdit pas son air de détermination. « Alors, tu vas revenir avec moi? »
Danger prit une profonde inspiration pour répondre à la question la plus importante de toute sa vie.
« Oui. Je vais revenir. »
Puis, elle fut embrassée plus passionnément qu'elle ne pouvait se le rappeler pour la dernière décade environ.
Et puisque je n'avais même jamais eu de rendez-vous avant cela…
Oui, je dirais que c'est mon meilleur baiser à vie.
Alexander avait raison. J'étais égoïste. Je laissais ma peur l'emporter. Je ne pensais pas à ce que la Meute voudrait. Bien sûr qu'ils voudraient mon retour, avec ou sans mes pouvoirs. C'est comme ça qu'ils sont.
J'étais seulement stupide, et égoïste, et effrayée.
« Est-ce que tu m'aimes? Tu veux bien revenir? » lui demanda Remus alors qu'il la soulevait et la faisait tournoyer en riant.
« Oui, » répondit Danger en riant avec lui. « Je le veux! »
Cela ne lui prit qu'une pensée pour qu'un voile apparaisse sur sa tête, et une fois qu'il fut là, ils rirent tous deux plus fort que jamais, juste comme Remus la reposait délicatement au sol au bon endroit, celui où ils s'étaient tenus debout tous les deux dans leur premier rêve partagé.
« Vous pouvez embrasser la mariée. » dit timidement Danger, en levant le visage vers lui.
« Pas encore. » les interrompit une voix féminine acide, les faisant sursauter.
Les chandelles s'allumèrent à nouveau. Les Fondateurs, autant les originaux que la seconde génération, se tenaient en demi-cercle en bas de l'estrade, levant la tête vers eux. Rowena Serdaigle se tenait légèrement plus en avant. C'était elle qui avait parlé.
« Nos affaires avec vous sont terminées. » dit-elle, son ton s'adoucissant légèrement. « Vous avez appris ce que vous deviez apprendre. »
Danger porta sa main libre (celle qui ne tenait pas la main de Remus), à sa bouche alors qu'elle comprenait. « C'était… c'était un test. Vous me testiez – vous nous testiez – pour voir ce que nous ferions, n'est-ce pas? »
« C'est exact, ma chère. » dit Helga Poufsouffle d'un ton approbateur. « J'espère que vous ne nous en tiendrez pas rigueur, c'est ce que nous faisons. Et vous avez tous deux passé haut la main. »
« Nous n'avons pas vu personne réussir aussi bien depuis plus de cent ans. » dit Margaret Serdaigle, frottant son coude gauche en réfléchissant. « Oh, quels étaient leurs noms? Les petits garçons roux, les frères, vous vous rappelez? »
« Oui, bien sûr que je m'en rappelle. » dit Sophia. « Je me rappelles de toi qui me demandait si j'avais fait une erreur avec leurs fils. Alors que tu sais parfaitement bien que je ne fais pas d'erreur. »
« Oh non? » contesta Brenna. « Et cette fois dans l'autre univers où tu as mesuré un fil soixante-cinq ans trop court? »
L'autre univers? Se demanda Danger alors que les sœurs commençaient à se chamailler. Puis elle secoua la tête. Peu importe.
« Ça suffit, les filles. » dit Rowena d'une voix forte. Les sœurs se turent immédiatement.
« Puisque vous avez si bien réussis, toutes les conditions sont levées. » continua Godric. « Vous retournerez dans votre propre monde, au moment où vous, » il regarda Remus, « l'avez quitté. » Puis, il se tourna vers Danger. « Avec vos pouvoirs intacts. Vous les avez gagnés honnêtement en affrontant votre peur et en la vainquant. »
Danger ferma ses yeux avec soulagement. Dieu merci, Remus ne souffrira pas de tout cela.
J'imagine qu'accepter de souffrir pour moi était suffisant.
« De plus, nous vous offrons une récompense de votre choix. » conclut Godric. « Tout ce qu'il est en notre pouvoir de vous offrir. Et notre pouvoir est considérable. »
Remus regarda Danger. Des idées?
Elle acquiesça.
Vas-y, dit-il en langage de signe Maraudeur, son index droit tapant les jointures de sa main gauche.
Danger se retourna vers les Fondateurs. « Donnez-nous ce dont nous avons besoin. » dit-elle.
« Ooh, » dit Adam Poufsouffle avec admiration. « Bien joué. Alex, es-tu certain qu'elle n'a pas de liens familiaux avec toi? »
Alexander Serpentard soupira. « Malheureusement, j'en suis certain. Tu sais qui en a. »
Les Fondateurs opinèrent tous sombrement.
« Mais ne parlons plus de cela maintenant, » dit Paul Gryffondor, souriant à Remus et Danger. « Les cadeaux, mes amis estimés, les cadeaux. En ordre – Gaga, toi d'abord. »
Helga croisa les bras et essaya d'avoir l'air sévère. Malheureusement, son visage n'était pas fait pour prendre un air sévère. « Qu'est-ce que je t'ai dit à propos de ce surnom, jeune homme? »
« Humm. » Paul leva les yeux vers le plafond comme s'il y cherchait la réponse. « Ne me presse pas. Oh oui. C'était "Si tu m'appelles encore Gaga une seule fois, je te jette dans le lac." »
Alex commença à scander. « Lac, lac, lac, lac… »
Adam et les sœurs Serdaigle le joignirent. « Lac, lace, lac, lac… »
Paul eut l'air apeuré. « Maura, un coup de main ici? »
Maura lui fit un sourire innocent et joignit le chant. « Lac, lac, lac, lac… »
Paul gémit doucement.
« Plus tard, » dit Godric d'un ton sévère, mais Danger vit ses lèvres esquisser un sourire. « Alex, veux-tu commencer? »
« Avec plaisir, monsieur. » Alex avança et posa la main sur le sternum de Danger, directement sur les pendentifs qu'elle portait, en les appuyant légèrement contre son torse. Son autre main se posa au même endroit sur Remus. « Mon cadeau pour vous. » dit-il. « Les chaînes et pendentifs que vous portez ne seront tangibles que pour les gens et les choses pour lesquelles vous le souhaitez. Afin que personne ne puisse jamais vous les prendre. »
Il recula d'un pas et s'inclina face à eux, alors que Rowena Serdaigle s'avançait.
« Mon cadeau pour vous. » dit-elle en déposant ses mains au même endroit qu'Alexander avant elle. « Les pendentifs que vous portez pourront agir à la manière d'une pensive, enregistrant vos souvenirs. Et si deux personnes ou plus partagent une chaine, ils pourront tous voir les souvenirs qui y seront contenus, en utilisant des sorts que vous connaitrez, et leurs esprits seront liés, permettant la conversation silencieuse. »
Wow, ce sera pratique.
Serdaigle recula avec une révérence pleine de dignité, et Helga Poufsouffle prit sa place. « Mon cadeau pour vous. » dit-elle. « Les chaines grandiront et rapetisseront selon votre volonté, et les bouts de la chaine se fusionneront ou se sépareront lorsque vous le désirerez, sans besoin d'un fermoir. » Elle leur sourit. « Afin que vous puissiez partagez vos souvenirs et vos pensées librement. »
Godric Gryffondor fut le dernier, et lorsqu'il s'avança devant eux, Danger réussit presque, mais pas tout à fait, à trouver à qui il lui faisait penser.
Je pense que c'est plus qu'une personne. Peut-être deux à la fois. Ou trois…
« Mon cadeau pour vous a déjà été partiellement offert. » dit Gryffondor, ses mains sur leurs sternums. « C'était dans le matériel originel que vous avez utilisé pour créer ces pendentifs. Ils deviennent chauds lorsqu'une autre personne qui en porte un vit une détresse émotionnelle, et froids lorsqu'une autre personne qui en porte est en péril mortel. À cela, j'ajoute que la gravure qui représente cette personne brillera, pour que vous sachiez à qui venir en aide. » Il sourit légèrement. « Après tout, un avertissement n'est pas très utile s'il n'est pas assez spécifique pour vous permettre d'agir. »
Il recula et, à la surprise de Danger, Maura Gryffondor avança.
« Ce cadeau est pour vous seuls. » dit-elle. « Les autres cadeaux étaient pour toute votre Meute – tous vos pendentifs réagiront de la même manière. Mais j'ai un cadeau pour vous deux, et seulement vous. »
Elle prit la main droite de Danger, et la gauche de Remus, formant une sorte de cercle. « Que le pouvoir qui me vient de mon père soit partagés entre vous, comme vous partagez tout. » intona-t-elle. « Qu'à partir de ce jour, le pouvoir du feu soit vôtre. »
Elle relâcha leurs mains et retourna à sa place. Danger la fixa longuement. Est-ce qu'elle vient juste de…
Pour le tester, elle regarda une chandelle. Éteints-toi.
Elle s'éteignit.
Elle la fixa. Rallume-toi.
Et elle le fit.
« Wow. » souffla-t-elle.
« C'est un euphémisme. » murmura Remus en réponse.
« Il est maintenant temps pour vous de repartir. » dit Serdaigle. « Vous devez partir d'abord. Seul. Et vous devez jouer le rôle d'Orphée. »
« Ne pas regarder derrière. » Remus sourit. « J'y arriverai. J'ai confiance en toi. » Il regarda Danger. « Je te verrai à la maison, Eurydice[1]. » dit-il doucement. « Je t'aime. »
Remus se détourna, fit un pas – et disparu.
Les fondateurs firent face à Danger, se séparant en quatre groupes distincts.
« Sauveuse du sauveur, nous te disons au revoir. » dirent Helga et Adam Poufsouffle sur des tons de rituels.
« Aimée par l'Héritier, nous te disons au revoir. » dirent les trois Gryffondor.
« Porteuse d'Espoir, nous te disons aurevoir. » dirent les trois Serdaigle.
Alexander lui sourit. « Va en paix, Danger Granger-Lupin. » dit-il doucement.
Danger leva une main en guise d'aurevoir alors que les tourbillons de couleurs l'enveloppaient.
Pour la première fois depuis des années, Danger vit une scène de manière cohérente alors qu'elle tombait dans les tourbillons de couleurs et de sons.
« Letha, est-ce que je peux te parler? » demanda Sirius. Derrière lui, Danger pouvait voir des barreaux, et des formes indistinctes – ce doit être le présent. Ou il y a quelques minutes seulement. Après que Sirius nous ai fait mettre dans la même cellule. Les souvenirs de Remus des trois dernières heures s'étaient activés dans son esprit juste avant que la scène ne démarre, alors elle était plus ou moins à jour.
« Je ne veux pas vraiment te parler maintenant, Sirius Black. » répondit Aletha, se détournant froidement de lui.
« Pourquoi? »
« Pourquoi? » siffla Aletha, tournant pour lui faire face avec un visage si furieux que Sirius fit involontairement un pas en arrière. « Pourquoi? Tu peux faire une chose comme celle-là et me demander pourquoi. Comment as-tu pu faire ça? Comment? Sais-tu seulement ce que tu as fait? »
« Je les ai faits nous regrouper dans la même cellule. » protesta Sirius. « Ça devait arriver. Nous avons besoin les uns des autres. »
« Mais – à quel prix, Sirius? » La voix d'Aletha était mi-suppliante, mi-furieuse. « Tu as trahi Andy – elle devait te faire confiance pour s'être approchée assez près pour que tu puisses l'attraper – elle n'est pas stupide – et tu m'as trahi. Parce que je lui ai dit qu'elle pouvait avoir confiance en toi. Et maintenant, je ne sais plus si je peux avoir confiance en toi. »
Elle se détourna et appuya son front contre le mur.
« Oh. » dit Sirius d'une voix soulagée. « Oh. Si ce n'est que ça - »
« Que ça! » répéta Aletha d'une voix venimeuse, faisant grimacer Sirius. « Oui. Si tu le prends comme ça. Ce n'est que ça. Tu m'as seulement fait penser à toi comme le reste du monde le fait – et considérer que ce n'est peut-être pas aussi impossible et inimaginable que je l'avais toujours cru. C'est tout. »
Sirius bougea comme l'éclair, tirant Aletha loin du mur, la tournant sur elle-même et l'appuyant dos au mur, pour lui faire face. « Veux-tu savoir ce qui s'est réellement passé? » siffla-t-il dans son visage. « Le veux-tu? »
Aletha le fixa avec peur et haine. Cela fit se retourner l'estomac de Danger. Elle perd le contrôle – ça l'atteint beaucoup, de se retrouver prisonnière, ça l'affecte, elle ne douterait jamais de Sirius ainsi si elle était dans son état normal –
« Andy savait ce que je faisais. » dit Sirius dans un murmure, ses lèvres près de l'oreille d'Aletha. « Elle m'a laissé faire. Letha – par l'enfer, elle m'a pratiquement donné sa baguette – et elle savait que je ne lui ferais aucun mal. Elle jouait la comédie. Nous le faisions tous les deux. Réfléchis. Dans quelle main est-ce que je tenais la baguette? »
Aletha, qui tremblait maintenant légèrement, ferma les yeux. « Tu la tenais… dans ta main droite. » dit-elle lentement. « Mais… » Ses yeux s'ouvrirent et elle regarda son mari, son visage s'éclairant. « Oh. »
« Oui. » dit Sirius avec un soupir de soulagement. « Oui. Exactement. Je suis désolé – je n'ai jamais voulu te faire peur - »
Le visage d'Aletha se crispa. « Serre-moi dans tes bras. » murmura-t-elle, un instant avant de fondre en larmes bruyamment.
Sirius glissa son bras autour d'elle et le tint contre lui alors qu'elle enfouissait son visage dans son épaule et pleurait.
Et c'était sa plus grande peur – que d'une certaine manière, tout le monde avait raison et qu'elle avait tort, et que Sirius soit vraiment un fou meurtrier – et la voilà, révélée, confrontée, défaite, et disparue.
Et Sirius a réussi à vaincre la sienne d'une manière ou d'une autre – puisqu'il se comporte normalement, s'il est arrivé à trouver une façon de nous obtenir ce dont nous avons le plus besoin – les uns des autres –
Danger sourit triomphalement. La Meute l'emporte encore. Quatre à zéro, nous sommes invaincus, mesdames et messieurs.
La scène disparue. Tout disparu. Son monde devint noir.
C'est parce que tu as les yeux fermés. Ricana la voix qu'elle voulait le plus entendre.
Danger ouvrit les paupières et vit ce qu'elle voulait voir – une paire de yeux bleu, avec des touches de bruns, à quelques pouces des siens, et le visage à qui ils appartenaient, le visage de son amour, qui lui souriait.
Bon retour, dit-il doucement.
Merci. Danger s'assit lentement, testant son corps. Tout semble fonctionner, rapporta-t-elle.
« Hey, je te connais. » dit la seconde voix qu'elle désirait le plus entendre. « Tu as décidé de revenir pour te joindre à cette partie de plaisir, n'est-ce pas? »
« Salut, chien galeux. » répondit Danger à son frère de Meute, en lui souriant. « Prêt pour ta fin heureuse? »
« N'importe quand. » dit Sirius avec un clin d'œil, tapant Remus dans le dos tandis que Danger et Aletha se faisaient un câlin. « Beau travail, Lunard. » dit-il à son ami.
« Merci de m'y avoir aidé, Patmol. » répondit Remus. « Mais je dois le demander – comment diable as-tu su quoi faire? »
Danger et Aletha levèrent les yeux vers lui à cette question.
« Danger me l'a dit. » dit Sirius. « " And royal stars will trust in him. (Et l'étoile royale doit lui faire confiance) / So life, not death, will bring this Grim. (Alors ce sinistros apportera la vie, pas la mort.)" Quand j'y ai réfléchi, j'ai réalisé que ça voulait dire que je devais faire quelque chose qui ferait qu'Andy aurait à me faire confiance, et que, quoi que ce soit, ça fonctionnerait, même si ça avait l'air voué à l'échec. Est-ce que vous comprenez? »
« Non. » dit franchement Aletha. « Mais ça a fonctionné, et c'est le principal. » Elle fit un sourire larmoyant. « Ça a vraiment fonctionné. Nous sommes ensembles à nouveau. »
Danger regarda sa montre et grimaça. « Et juste à temps. Nous avons environ une minute avant le lever de la lune. Finissons-en avec ça, puis nous nous raconterons nos histoires. »
« Nous en avons quelques-unes que vous ne croirez pas. » dit Remus avec un sourire. « Et une toute nouvelle façon de les raconter, aussi. »
« Ne regardez pas, » murmura Sirius, « mais il y a plusieurs personnes sérieusement confuses là-dehors. »
Comme si ça avait été chorégraphié, le reste de la Meute se tourna pour regarder.
Andromeda Tonks affichait un immense sourire. Auror Halcyon avait la bouche grande ouverte. Amelia Bones avait l'air suspicieuse. Kingsley Shacklebolt semblait calmement satisfait. Les deux autres aurors affichaient un air totalement stupéfait.
« Allez, descends du lit. » dit Aletha en s'activant. « Laisse-moi prendre le drap. Nous le tiendrons pour toi. Tu peux au moins avoir un peu d'intimité, Remus, même si nous sommes en prison. »
Rends-moi une faveur, mon amour? Demanda Remus en privé.
Tout ce que tu veux.
Dis à Andy que, si elle le souhaite, elle peut regarder.
[1] Référence à un mythe Grec. Le jour même de ses noces avec Orphée, la dryade Eurydice, fuyant Aristée qui l'importune, est mordue par un serpent caché dans les hautes herbes. Elle en meurt et descend au royaume des Enfers. Orphée, inconsolable, y descend à sa suite et après avoir endormi de sa musique enchanteresse Cerbère, le monstrueux chien à trois têtes qui en garde l'entrée, et les terribles Euménides, peut approcher le dieu Hadès, et son épouse Perséphone. Il parvient, grâce à sa musique, à le faire fléchir, et celui-ci le laissa repartir avec sa bien-aimée à la condition qu'elle le suive en silence et qu'il ne se retourne ni ne lui parle tant qu'ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants. Alors qu'Orphée s'apprête à sortir des Enfers, n'entendant plus les pas de sa bien-aimée, impatient de la voir et ayant peur que son amour lui échappe, il se retourne imprudemment, la perdant à jamais.
