Bonjour à toutes et à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le cinquante-neuvième chapitre de SAMLP !
.
lyraserah : Désolée pour la dispute entre Draco et Severus, mais c'était nécessaire pour faire avancer l'histoire :'( Et si Draco a trouvé du réconfort dans les bras de Harry, Severus, lui, en a eu lors de la visite de Sirius qui l'a pas mal rassuré *-* Et tout va s'arranger, c'est promis :) Ah oui, en effet, tu aimes beaucoup Draco XD Il y a très peu de fic sur les jumeaux et Draco et je crois n'en avoir vu aucune sur Charlie et Draco XD Ça doit se trouver davantage dans les fics anglaises, j'imagine ? :) Ou alors elles sont bien cachées dans les fics françaises XD Tu m'as donnée envie d'aller chercher ça XD
Zackos : Dit comme ça, la relation Drarry paraît tellement improbable XD «Et toi morceau de papier casse toi» = j'ai bien ri en lisant ça XD J'imagine tellement Draco parler avec Blaise et virer d'un revers de la main le malheureux bout de parchemin qui ose vouloir se poser devant lui XD Mais à aucun moment le mot ne dit que c'est à propos de Harry XD Mais Draco aurait pu le penser, c'est vrai x) Bon, j'ai des doutes quant au fait qu'il y ait des muffins au petit-déjeuner, mais pourquoi pas, après tout ? XD Oui, tu as un don pour deviner à quoi font référence les titres XD Alors il faut être bon en potions, oui, et il faut aussi avoir les ingrédients XD Mais Remus ne porte pas tous les soirs Sirius XD Il sait marcher pour aller à leur chambre, le pauvre x) Nous avons quasiment les mêmes préférences au niveau des couples ! Sauf que Ron et Harry, je ne peux les voir qu'en tant qu'amis XD Drarry c'est un peu la base, et c'est assez cliché, on a souvent tendance à aimer voir ensemble les ennemis que tout oppose… Dans toutes les sagas c'est pareil, je pense XD Je vois ce que tu veux dire pour Snarry et l'amour de Severus envers Lily, Harry n'est pas Lily, tout comme il n'est pas James :/ Ah, les fics avec les créatures magiques, c'est pas mon délire, mais il y en a où c'est hyper bien mené *-* Tom/Harry c'est un peu comme Drarry, ce sont des ennemis, alors on aime bien leur inventer une romance XD Il y a une fic que j'aime bien sur eux, mais sans savoir précisément ce que j'aime bien là-dedans XD Je n'ai plus le titre, elle est en cours, mais c'est Voldy qui est sous forme de serpent, qui n'arrive plus à reprendre sa forme humaine et seul Harry peut l'aider… Les jumeaux/Harry c'est souvent des délires, je n'en ai pas vu beaucoup mais c'est ce que j'ai retenu x) Tout le monde pense que Charlie est asexuel, je ne sais pas pourquoi XD Je préfère également un Harry gay, je ne le vois avec aucune fille, sauf avec Ginny quand c'est bien mené :) J'entends par-là, quand on a une Ginny proche de ce qu'elle est dans les films et les livres, quand elle ne cherche pas à manipuler Harry, quand elle ne le trompe pas avec tous les mecs qui lui passent sous la main… Et franchement c'est dur à trouver XD Alors j'ai voulu me mettre aux fics anglaises mais j'ai du mal, je n'aime pas le style, je suis trop habituée aux fics françaises x) J'admire ceux et celles qui arrivent à les lire et qui proposent parfois des traductions très réussies *-* Ah oui, Dumby et Grindelwald … Le seul couple gay qu'il aurait pu y avoir dans la saga XD Je comprends ton avis sur Harry et Ginny, mais il y a de rares fics où leur couple ne part pas dans tous ces clichés :) Alors mes couples préférés… Il y en a peu, et en même temps beaucoup, car je peux lire à peu près tous les couples gay XD Mais préférence quand-même pour Drarry, Sirius/Remus, Sirius/Severus et Severus/Remus :) Après, dans les couples hétéro, j'aime beaucoup Remus/Tonks, je crois que c'est mon préféré, j'ai lu des fics où ce couple est si bien exploité… Dont une où on voit Tonks avec ses collègues du Ministère, elle a une amie qui s'appelle Casey, elle fait son test de grossesse avec eux, on croirait qu'ils font un rite de magie noire alors que pas du tout XD Mais impossible de retrouver le nom de la fic, je ne sais même plus si c'est sur ff ou sur Poudlard . org, mais j'avais beaucoup aimé cette fic *-* J'aime aussi Harry/Ginny avec pleeeeeeein de conditions XD Il y aussi Blaise/Ginny, évidemment, et j'aime bien Hermione avec des persos qui ne sont pas exploités dans la saga :) Je crois avoir fait le tour XD Pour le titre, tu as visé juste dans une de tes suggestions XD Que ce soit Théo/Crabbe/Goyle ou Justin/Parker/Milligan, Théo est mêlé de près ou de loin, c'est tout ce que je peux dire XD Alors il me semble qu'avant, on ne pouvait pas poster deux reviews sur un même chapitre, mais je crois qu'une fois, j'ai vu quelqu'un qui l'avait fait, ou alors je n'ai pas fait attention et elle l'a fait sur deux chapitres différents… Mystère XD Oui, mieux vaut attendre qu'il y ait plusieurs nouveaux chapitres de PAF, mais bon, t'as le temps de tout relire je pense XD Mais tu es horrible avec JKR XD XD Mais j'avoue qu'il y a des décisions qu'elle a prises qu'elle n'aurait jamais dû prendre XD Mais j'ai bien ri avec le bug du cerveau et le bug en elle-même XD Je suis d'accord pour Ron et Hermione, d'ordinaire, je n'aime pas ce couple mais dans CHUAI (Cédric et Harry, un amour infini), il a été mis en place avec tant de naturel qu'il me plaît beaucoup, ça n'a rien à voir avec le Ron/Hermione de la saga, ni avec les Ron/Hermione des autres fics… C'est mignon, c'est simple, c'est sobre, ça coule de source, je suis trop fan alors que je n'aime pas ce couple à la base XD Pour le Sirius/Remus, j'ai bien compris que c'était ton couple préféré x) Et je veux aussi croire que ce couple existe réellement XD
Mel : Tu m'étonnes que tu sois contente avec ce beau moment Drarry XD Ce n'est pas simple pour Ginny, en effet, elle est en pleine contradiction avec sa mère :/ C'est clair que Ginny aurait dû être ainsi dans la saga, et elle l'est quand-même un peu, elle est farouche et déterminée, ça a été assez bien exploité dans les livres mais tellement peu dans les films… Ah Cormac, ce personnage si antipathique… XD Dans la saga déjà c'est un sans-gêne x) Mais j'appréciais pourtant les scènes avec lui, c'était l'un des persos les plus naturels, et puis c'était assez humoristique, surtout lors de la soirée de Slughorn… XD J'aime beaucoup ton analyse ! C'est vrai qu'on se demande si c'est une bonne idée que Hermione ne parle pas de Cormac à Terry… D'un côté, oui, et d'un autre côté, non XD Mais franchement, Terry n'est pas sanguin, elle pourrait largement lui en parler sans avoir peur qu'il aille casser la figure à Cormac… Mais c'est une réaction typique, on préfère toujours ne rien dire :/ Le coup de Cormac qui embrasse Hermione par surprise et que Terry arrive pile à ce moment-là, ça pourrait tout à fait se produire, effectivement XD Il y a bien une petite intrigue autour de tout ça mais elle est assez secondaire, ancrée dans une intrigue plus importante :) Désolée encore pour la dispute Draco/Severus, ça n'a pas été facile de l'écrire et je me doute que ça a dû être déchirant à lire, mais c'était nécessaire :'( Oui, Draco a oublié ce détail : on ne choisit pas qui notre coeur décide d'aimer :/ Il a réagi impulsivement, car il reste malgré tout un ado :/ Merci pour Draco et Harry, ça me touche énormément *-* C'est tellement dur de faire transparaître leur amour si fort et intense, alors c'est un soulagement de voir que c'est bien passé *-* Oui, le côté mignon de Drarry compense un peu le côté triste Severus/Draco XD On ne peut pas les laisser seuls dans leur chagrin, les pauvres *-* On veut en effet tous un petit-ami comme Draco ! XD On a exactement le même point de vue concernant Harry/Ginny ! Dans les films, on n'a pas le cheminement des pensées de Harry à l'égard de Ginny, et c'est vraiment dommage, car on a l'impression qu'il se rend soudain compte qu'elle existe et qu'elle a grandi :/ Luna et Neville, mais oui ! LE couple qui semblait tellement évident ! Quelle déception de voir que Luna s'est mise en couple avec Rolph Dragonneau et que Neville a fini avec Hannah… Et il me semble que Dean et Seamus auraient pu être ensemble dans la saga, mais j'ignore si c'est une info officielle :/ Et j'aurais trop aimé que ce soit le cas ! Et en même temps, leur amitié est si belle… Ils sont aussi bien en couple qu'en tant qu'amis XD Aucune surprise pour le Drarry XD Blaise/Ginny c'est la base, et Blaise/Pansy, je n'en ai pas vu, je crois, mais ça doit être intéressant *-* Ron et Blaise c'est un couple qu'on voit souvent aussi XD Dans 90% des fics, soit Blaise est avec Ginny, soit avec Ron XD Il est très attiré par les Weasley celui-là x) Alors Théo/Hermione, au début, j'aimais bien, mais j'ai vite décroché, c'était toujours la même chose XD Ah mais on clairement plus de choix dans les fics vu que la saga n'a pas exploité tous les persos XD Vous êtes plusieurs à penser que le guet-apens concerne Justin et ses harceleurs, ça paraît logique, effectivement XD Mais j'adore la théorie du jeune Poufsouffle qui embrasse Justin XD Ça partirait un peu trop en cacahuètes là XD Merci à toi pour ta review *-* Sirius/Remus, la baaaaase ! Et le couple Sirius/Severus est très intéressant aussi ! Il y a beaucoup à creuser dans ce couple ! Tiens, tu vas peut-être pouvoir éclairer plusieurs lanternes XD Si tu as remis une review mais cette fois sur le premier chapitre, c'est que tu n'as peut-être pas pu reviewer une deuxième fois sur le même chapitre ? :/
Gryffondor : Oui, il était grand temps que Severus informe Draco de son couple avec Tonks ! Les vacances approchent, mine de rien XD C'est exactement ça, il faut que Draco prenne en compte le fait qu'ils sont des inconnus l'un pour l'autre, quand bien même ils font partie de la même famille… La rencontrer lui permettra de se faire sa propre opinion, c'est sûr ! Oui, Severus et Draco n'ont pas été livrés à eux-mêmes après leur dispute, Draco a trouvé du réconfort auprès de son chéri et Severus a été rassuré par son collègue et ami… Ils ont de la chance, ceux-là XD Une discussion s'impose entre Severus et Draco, en effet, mais Draco doit d'abord se calmer et en discuter avec quelqu'un :) Ah tiens, tu es la troisième personne à penser que le titre fait référence à Justin, et la deuxième personne à penser que ça fait référence à Hermione, vu qu'il y a un ballottage, je ne vais pas spoiler XD On a les mêmes goûts pour les couples, à part pour Hermione XD Harry/Ginny c'est lieux dans les livres que dans les films ou bon nombre de fics ! Mais c'est un avis subjectif, il y a plein de personnes qui aiment la Ginny qui manipule Harry avec Ron, Hermione, Dumby et d'autres membres de la famille Weasley… Draco/Harry, Sirius/Remus et Sirius/Severus, ce sont des couples vraiment intéressants à lire *-*
.
Merci à tous pour vos reviews, c'est toujours un plaisir de vous lire ! Et merci à ceux qui continuent à suivre cette histoire !
.
Warning : Présence de violences dans ce chapitre, la scène est délimitée, et même s'il n'y a rien de trop choquant, cela peut heurter les âmes les plus sensibles, en plus de la teneur psychologique de la scène.
.
Sur ce, je vous laisse avec le nouveau chapitre et je vous souhaite une agréable lecture !
.
.
59 - Guet-apens
.
.
(mercredi 03/04) POV Théo
.
Théo bâilla pour la cent vingt-deuxième fois depuis qu'il était réveillé. Il avait peu dormi et s'était levé tôt, lassé de se tourner et se retourner dans son lit. Il avait passé la nuit à se demander où pouvait bien être Draco. La veille, ce dernier avait dû aller voir son parrain juste après le déjeuner et Théo ne l'avait plus revu depuis. Jusqu'au dîner, il ne s'était pas inquiété : pendant les vacances, il arrivait souvent que Draco soit introuvable tout un après-midi. Mais lorsque Théo avait rejoint son dortoir à vingt-trois heures et qu'il avait vu les rideaux toujours ouverts de Draco, il n'avait pas jugé cela normal. Il avait longuement hésité à aller voir le professeur Snape, avant de se dire que Draco était peut-être dans la salle sur demande. Il avait préféré attendre le lendemain pour faire quoi que ce soit. Mais il n'avait pas réussi à fermer l'oeil, ou alors très peu, guettant la moindre entrée dans le dortoir. Mais la porte ne s'était jamais ouverte. Il avait donc décidé d'aller prévenir son directeur de maison. Il terminait tout juste de s'habiller lorsque ses rideaux s'ouvrirent d'un coup sur Blaise.
- Oups, pardon… Je t'entends t'activer depuis un moment, je pensais que tu étais prêt à sortir…
- Non, je traîne un peu, ce matin.
- Tu as passé une nuit courte, toi aussi ?
Théo acquiesça.
- Ça ne ressemble pas à Draco de découcher comme ça. J'ai pensé qu'il avait peut-être dormi dans la salle sur demande parce que Harry lui manquait... Ils s'y retrouvaient souvent, tous les deux.
- Oh, pas bête du tout. J'espère juste qu'il y est seul…
Théo fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que tu sous-entends par-là ? demanda-t-il d'un ton méfiant.
- Je ne veux rien insinuer, mais je me dis qu'il a peut-être voulu du réconfort, et qu'il a dû le trouver avec Graham, vu qu'il est revenu plus tôt que prévu, qu'ils sont sortis ensemble et qu'ils sont restés très proches l'un de l'autre…
- Draco n'aurait jamais fait ça, répliqua Théo. Graham a quelqu'un d'autre en tête, de toute façon.
- Comment tu sais ça ?
- Il y a des signes qui ne trompent pas. Mais même sans ça, Draco ne serait jamais retourné vers lui alors qu'il sort avec Harry.
- C'est vrai. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé ça…
- Parce que tu cherches à tout prix une explication rassurante à l'absence de Draco, et c'est normal.
- Tu as raison, admit Blaise. Tu n'as pas d'idées, toi ?
- Non, mais je vais aller voir le professeur Snape. Enfin, comme il doit être dans la Grande Salle à l'heure qu'il est, je vais d'abord aller prendre mon petit-déjeuner. Je pourrai le suivre quand il partira, comme ça. Allons-y, d'ailleurs.
Blaise acquiesça et ce fut avec lui que Théo quitta le dortoir, puis la salle commune. Ils se rendirent à la Grande Salle qui était déjà bien bondée. Comme il s'y attendait, Théo aperçut son directeur de maison à la table des professeurs. Il s'interrogea en voyant ses traits tirés et son air soucieux. Cela avait-il un rapport avec Draco ? Il chassa cette question de son esprit. Cela ne l'avancerait à rien de s'angoisser pour le moment. Il se concentra donc sur son petit-déjeuner et participa à la discussion qu'avaient entamée Blaise et Pansy, cette dernière les ayant vite rejoints. Alors qu'ils commentaient les résultats des matchs de la Ligue, Théo vit un bout de parchemin atterrir devant lui. Intrigué, il le prit, le déplia et reconnut l'écriture de son directeur de maison. Celui-ci voulait le voir au plus vite dans son bureau. Théo redressa la tête et remarqua que son professeur n'était plus là. Il devait déjà être dans son bureau. Théo rangea le mot et se leva.
- Je dois y aller, le professeur Snape m'a convoqué.
- Tu crois que c'est à propos de Draco ? s'inquiéta Blaise.
- Draco ? Pourquoi Draco ? Qu'est-ce qu'il a ? s'étonna Pansy.
- Blaise t'expliquera. J'y vais, à tout à l'heure.
Théo quitta ses amis et sortit de la Grande Salle. Il prit la direction du bureau du professeur Snape et y arriva quelques minutes plus tard. Il frappa à la porte et fut bientôt invité à entrer, ce qu'il fit.
- Bonjour, M. Nott, veuillez vous asseoir, je vous prie.
Théo s'exécuta et s'installa en face de son professeur.
- Je souhaitais vous voir pour deux choses. Commençons par celle qui n'était pas vraiment prévue. Vous avez sûrement constaté que Draco n'était pas rentré dans votre dortoir cette nuit…
- En effet, et Blaise et moi sommes sérieusement inquiets. Je voulais justement vous en parler après le petit-déjeuner…
- Cette convocation tombe à pic, alors. Je vous rassure tout de suite : Draco est en sécurité.
Cette information rendit Théo plus perplexe qu'autre chose. Il s'attendait à ce que son directeur de maison lui dise que Draco allait bien, et non pas qu'il était «en sécurité»… Qu'est-ce que ça voulait dire, d'abord ?
- Excusez-moi mais… ça ne me rassure pas vraiment, dit-il franchement. Où est Draco ? Comment va-t-il ?
- Il va bien et il se trouve actuellement chez le parrain de Harry, avec Harry lui-même, le professeur Black et le professeur Lupin.
- Mais… que fait-il là-bas ?!
- Je ne peux pas vous en dire plus, c'est à lui de le faire quand il reviendra. Il sera de retour samedi, avec Harry et vos deux professeurs.
Théo n'était pas tout à fait satisfait par cette réponse mais il n'insista pas. Draco allait bien, c'était le principal. Il en saurait plus lorsque son ami serait là.
- Voilà pour ce qui est de Draco. J'en viens maintenant à la raison première de cette convocation. Je vous ai fait venir pour vous parler de vos examens.
Théo resta neutre mais il était surpris. C'était bien la première fois qu'il se faisait convoquer pour cette raison.
- Ai-je été décevant ? craignit-il.
- Ça, je n'en sais rien, je n'ai eu accès qu'à votre note en histoire de la magie, les autres professeurs n'ayant pas encore corrigé leurs copies.
Théo haussa les sourcils. Quelque chose lui échappait clairement. Son professeur l'avait convoqué pour lui parler de ses examens… dont il ne connaissait pas les résultats ? Ce qu'il avait à lui dire ne devait pas concerner ses notes, alors… Allait-il lui annoncer qu'il devait repasser ses examens ? Il n'y croyait pas trop. Il fut alors de nouveau honnête :
- Je ne comprends pas. Si vous n'avez pas encore mes notes, pourquoi vouliez-vous me voir au sujet de mes examens ?
Théo vit son professeur le regarder comme s'il essayait de lire en lui. Par réflexe, il bloqua aussitôt son esprit. Le professeur Snape soupira.
- Je ne comptais pas pratiquer la Legilimancie sur vous. Détendez-vous. Bon, comme vous n'avez pas l'air de savoir ce qui vous amène ici, je vais vous expliquer. Il y a quelques jours, le professeur Manley est venu me voir pour me parler de votre copie des BUSE blancs. J'ai eu la même réaction que vous en croyant qu'il y avait un problème avec le contenu de votre devoir. Sauf que ça n'avait rien à voir. Votre professeur m'a montré votre copie et j'ai vite vu où était le problème. Je me suis entretenu avec vos professeurs de sortilèges, métamorphose, botanique et Défense Contre les Forces du Mal et nous avons tous constaté la même chose. À savoir qu'il manque votre nom de famille sur chacune de vos copies.
Théo écarquilla les yeux de surprise. Il avait du mal à croire qu'il ait pu oublier de mettre son nom de famille sur ses six devoirs… Mais il y avait six professeurs qui l'affirmaient et qui en avaient la preuve, il ne pouvait pas contester leur parole…
- Mais je me vois pourtant écrire mon prénom, j'aurais dû écrire dans la foulée mon nom de famille, comme je le fais toujours, lâcha Théo, sceptique.
- C'est ce que je me dis aussi. Mais il y a visiblement quelque chose qui vous en a empêché. Peut-être aviez-vous hâte de commencer vos examens…
- Je ne me précipite jamais. Même quand je dois faire des rattrapages durant les vacances.
- Donc ce n'est ni de l'inattention, ni de la négligence, ni un acte volontaire ?
- Non, réfuta Théo.
- Dans ce cas, je ne vois qu'une explication. C'est votre inconscient qui a dû agir à votre place.
- Comment ça ?
- Il a effectué un rejet à votre insu. Vous avez eu un choc lors du procès en apprenant que votre père n'était pas votre géniteur en réalité. Inconsciemment, vous avez alors décidé que vous n'étiez plus Théodore Nott mais juste Théodore. Car comme vous n'êtes pas le fils d'Edward Nott, vous estimez que vous n'avez aucune raison de porter son nom.
- Mais.. je n'ai jamais pensé cela ! Je ne suis même pas posé la question !
- Je vous l'ai dit : c'est votre inconscient qui a agi à votre place. C'est donc normal que vous n'ayez pas conscience de tout cela. Et c'est pour cela qu'il était nécessaire de vite commencer une thérapie. Je vous ai cru lorsque vous m'avez dit que cela pouvait attendre, mais force est de constater que je n'aurais pas dû vous écouter. Vous avez urgemment besoin de parler du procès. C'est indispensable. Je ne peux pas vous laisser sans suivi psychologique alors que vous rejetez votre identité sans même en avoir conscience… Est-ce que vous trouvez cela normal, vous ?
- Non, murmura Théo. Mais vous avez déjà suffisamment de travail comme ça…
Le professeur Snape ouvrit grand les yeux, l'air choqué.
- C'est pour cela que vous avez préféré attendre la rentrée pour entamer la thérapie ? Parce que vous jugiez que j'étais déjà trop occupé ? Vous étiez de mèche avec Draco, j'imagine ? Car lui aussi était censé commencer une thérapie pendant les vacances. Sauf que, bizarrement, comme vous, il m'a dit qu'il préférait profiter de ses vacances et débuter les séances à partir de la rentrée. Vous avez décidé cela ensemble, en fait. Vous vous êtes concertés pour alléger mon travail. C'est cela ?
- Oui, avoua Théo. Mais je pensais vraiment que ma thérapie pouvait attendre. Je n'aurais pas mis ma santé mentale en danger si j'étais conscient d'avoir urgemment besoin de parler. Et j'avais bien l'intention de commencer les séances lorsque les cours auraient repris. Draco et moi voulions que vous profitiez vous aussi des vacances, parce que nous savions que vous aviez déjà trois patients en thérapie. Nous sommes lucides, nous savions bien que vous n'auriez pas pu tenir avec deux patients de plus. Nous espérions que d'ici la rentrée, le directeur vous aurait trouvé une collègue… Draco et moi avions peur que vous fassiez un burn-out. Personne ne semble s'en soucier, ou bien ils le font dans leur coin sans rien faire de concret, alors nous avons pris les choses en main. Je suis désolé, je ne voulais pas vous décevoir, mais vous avez tant fait pour moi que je souhaitais vous aider à mon tour. Et Draco est votre filleul, c'est normal qu'il s'inquiète pour vous…
Théo se tut sur ces mots. Le professeur Snape resta un long moment silencieux, l'air complètement dépassé par la situation. Il finit par pousser un profond soupir.
- Je ne vous en veux pas. Ni à vous, ni à Draco. J'ai compris vos motivations et je ne peux pas vous blâmer. Je suis même touché. Le fait que vous n'aviez pas conscience d'avoir besoin d'une thérapie urgente me conforte dans l'idée que vous n'avez pas agi de manière irresponsable en me disant que vous préfériez la commencer plus tard. Cela ne vous aurait pas ressemblé. En ce qui me concerne, vous n'avez plus à vous en faire. Je me suis résigné à admettre hier que j'avais effectivement trop de travail et j'ai donc aménagé mon emploi du temps afin d'avoir plus de temps libre.
- Pour pouvoir vous occuper d'encore plus de patients et combler les trous ?
Cela avait échappé à Théo mais le professeur Snape ne lui en tint pas rigueur. Il parut même amusé.
- Non, pour vraiment me reposer. Il faut juste que j'aie l'accord du directeur et que je vois ensuite ça avec le professeur Slughorn. Mais ça devrait se faire facilement.
- Je l'espère, dit sincèrement Théo.
- Mais ce n'est pas de moi dont il est question. C'est de vous. Acceptez-vous donc de commencer la thérapie au plus vite ?
- Oui, répondit Théo sans hésiter.
- Bien, je vous propose qu'on se voit le mercredi de dix-sept heures à dix-neuf heures et le samedi de dix heures à midi. Est-ce que cela vous va ?
- Oui, c'est parfait.
- Vous pensez pouvoir vous en sortir avec les entraînements de Quidditch et les séances de travail en binôme ?
- Oui, ne vous inquiétez pas, j'ai une bonne organisation. Je n'aurai juste plus le temps de lire le soir mais ce ne sera que provisoire.
- En effet. Et puis les séances dureront moins longtemps quand on aura avancé dans la thérapie. Là, elles vont durer deux heures car ce sera le début, on va se laisser du temps pour aborder les choses, mais lorsque vous serez un peu plus libéré, on réduira une des séances à une heure et demie, puis les deux quand ça ira encore mieux, puis on s'en tiendra à une séance d'une heure et demie vers la fin de la thérapie. Je pense qu'elle s'arrêtera peu avant les BUSE. Mais nous n'y sommes pas encore. Bien, j'ai juste quelque chose à vous demander et vous pourrez ensuite y aller. J'aimerais que vous prépariez un sac d'affaires pour Draco. Il est parti sans rien emporter avec lui, il ne peut pas rester trois jours sans vêtements…
- D'accord, je m'en occuperai. Est-ce que je dois venir vous apporter le sac quand il sera prêt ? Ou dois-je attendre la venue d'un elfe ?
La surprise se lut sur le visage du professeur Snape. Par le biais de cette question, Théo venait de lui faire comprendre qu'il avait deviné qu'il y avait des tensions entre Draco et lui.
- Apportez-le-moi, je missionnerai un elfe de le déposer au Square.
Cette réponse confirma les doutes de Théo qui fut touché de la confiance de son professeur. Mais il fut triste d'apprendre que Draco et son parrain étaient bel et bien en froid. Il ne voulait pas que cela refasse comme cinq mois plus tôt. Draco était malheureux de la distance qu'il avait mise entre son parrain et lui lorsqu'il avait eu l'impression d'être abandonné par celui-ci. Ils s'étaient réconciliés pendant les vacances de Noël et ils avaient depuis retrouvé leur relation d'antan. Et il fallait que ça continue ainsi. Théo espérait donc que ça allait s'arranger entre eux.
- Dans ce cas, je vais directement aller à mon dortoir, je ferai le sac de Draco et je vous l'amènerai dans la foulée.
- Bien, je vous remercie. Vous pouvez y aller.
Théo remercia son professeur et quitta le bureau. Il rejoignit sa salle commune, puis son dortoir et se dirigea vers les rideaux de Draco. Il connaissait par coeur son ami, il savait ce qu'il aimait porter pendant les vacances et n'eut donc aucun mal à lui préparer un sac d'affaires. Il mit également ses cours de divination, d'astronomie et de soins aux créatures magiques s'il n'avait pas encore fait ses devoirs dans ces matières. C'était généralement les dernières auxquelles s'attaquait Draco. En vingt minutes, le sac fut prêt. Il alla le porter au professeur Snape qui était resté dans son bureau. Puis il prit le chemin de la bibliothèque. Normalement, il aurait dû passer la matinée avec Justin mais son petit-ami avait une séance d'entraînement avec Alex Powell, le jeune Poufsouffle de première année à qui il avait accepté de venir en aide. Ils auraient dû avoir cette séance la veille mais Alex avait eu un empêchement. Ils avaient donc reporté la séance au lendemain, c'est-à-dire ce jour-là. Comme ce n'était pas le jour habituel de leurs séances, ils avaient librement choisi le matin. Théo se retrouvait donc seul, Blaise et Pansy étant avec leurs moitiés respectives. Mais cela ne le dérangeait pas. Cela lui permettait de faire des recherches complémentaires pour son devoir individuel de botanique qui était à rendre deux semaines plus tard. Alors qu'il arrivait au niveau des escaliers, il fut appelé par une voix féminine :
- Théo, attends !
Il se retourna et fut surpris de voir que c'était Susan qui le hélait. Avec Hannah, elle était l'une des meilleures amies de Justin mais Théo et elle ne s'étaient pourtant jamais vraiment parlé. Ce n'était pas comme s'ils en avaient vraiment eu l'occasion, en même temps… Mais ils se côtoyaient tout de même depuis quatre ans et demi, puisqu'ils étaient dans la même promotion, et Théo avait toujours bien aimé Susan, pour le peu qu'il la connaissait. Il fut donc plutôt content de la voir venir vers lui. Il lui sourit lorsqu'elle parvint à sa hauteur.
- Je ne te dérange pas ? s'inquiéta-t-elle.
- Non, pas du tout, je me rendais à la bibliothèque mais ça n'a rien d'urgent.
- Super, fit Susan, l'air soulagée. Ça fait plusieurs jours que j'espère te croiser dans le château mais on ne doit pas se promener aux mêmes heures…
- Ouh là, ça doit vraiment être important, ce que tu as à me dire… Pourquoi n'as-tu pas dit à Justin que tu voulais me voir ? Il m'aurait passé le message, étant donné que nous nous voyons quasiment tous les jours, lui et moi.
- Justement, c'est à propos de lui que je souhaite te parler.
- Oh… Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Il a un problème ?
Susan regarda autour d'elle.
- Est-ce qu'on peut aller dans un endroit un peu plus discret ?
- Oui, bien sûr.
Théo entraîna Susan dans un coin à l'abri des oreilles indiscrètes.
- Je t'écoute.
- Je ne sais plus quoi faire avec Justin et Ernie. Ça se voit que la situation les fait souffrir mais ils ne font rien pour y remédier…
- Je l'ai remarqué aussi chez Justin, grimaça Théo. Mais je ne peux pas faire grand-chose…
- Si, je pense que tu peux parler à Ernie pour le convaincre de faire un pas vers Justin.
- Susan, j'ai promis à mon directeur de maison d'arrêter de chercher inutilement le danger…
Susan sourit, amusée.
- Ernie est un pacifiste, comme la grande majorité des Poufsouffle, il ne va pas dégainer sa baguette dès qu'il te verra, protesta-t-elle gentiment. Et puis il a accepté ta relation avec Justin. Il n'a jamais rien eu contre toi…
- Ce n'est pas l'impression qu'il a donné quand Justin lui a appris qu'on sortait ensemble…
- Il a réagi à chaud, il a eu le temps de se calmer, depuis. Je suis sûre qu'il n'attend que ça, de faire la paix avec Justin, mais qu'il n'ose pas aller le voir car il a peur de se faire rembarrer…
- Justin sera peut-être réticent au début, mais si Ernie insiste un peu, il acceptera de l'écouter. Car ça le pèse aussi, cette situation.
- C'est exactement ce que je dis à Ernie mais il ne veut pas me croire.
- Tu penses qu'il va davantage m'écouter ? ironisa Théo.
- Oui, parce que ça viendra de la personne avec qui Justin passe le plus clair de son temps. Tu es le mieux placé pour connaître son état d'esprit. S'il te plaît, Théo, essaie de faire quelque chose…
Théo regarda un moment Susan avant de soupirer.
- D'accord, je vais tenter de parler à Ernie.
- Merci, je savais que je pouvais compter sur toi ! En plus, tu vas facilement trouver Ernie puisqu'il est à la bibliothèque pour le devoir individuel de sortilèges… Toi qui voulais y aller…
- Je ferai d'une pierre deux coups, en effet, dit Théo en souriant. Je vais me dépêcher d'y aller pour ne pas le rater, au cas où il aurait décidé de ne pas y rester trop longtemps.
- D'accord, bon courage, et merci encore !
Susan tourna les talons et partit. Théo ne tarda pas à l'imiter et se dirigea une nouvelle fois vers les escaliers. Il les prit, monta au quatrième étage et se rendit à la bibliothèque. Lorsqu'il y entra, il vit rapidement Ernie. Il le rejoignit et s'arrêta devant lui. Le préfet de Poufsouffle leva les yeux et sembla surpris de le voir.
- Bonjour, Ernie, est-ce que je peux te parler ?
- Je ne sais pas si ça se voit mais je suis en train de travailler… Et puis la bibliothèque n'est pas un endroit fait pour discuter. Comment tu as su que j'étais là, d'ailleurs ?!
- C'est Susan qui me l'a dit.
- C'est elle qui t'a demandé de venir me voir ? Si oui, tu perds ton temps.
- Tu ignores ce que je veux te dire, répliqua Théo.
- Je n'ai pas besoin que tu dises quoi que ce soit pour deviner que tu veux me parler de Justin.
- Et c'est une raison suffisante pour refuser la discussion ? Tu ne souhaites pas arranger les choses avec lui ?
- Moi, oui, lui, non, rétorqua Ernie.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Je l'ai croisé près de l'infirmerie quand tu étais encore en choc post-traumatique. Il était par terre et n'avait pas l'air d'aller très bien. Ça m'a inquiété, j'ai voulu savoir ce qu'il avait mais il m'a bien fait comprendre que ma présence l'importunait. Il était très agressif.
Théo fronça les sourcils. Ce comportement ne ressemblait absolument pas à Justin. Même en colère contre son meilleur ami, il ne se serait jamais montré agressif envers lui sans raison.
- Tu disais qu'il était par terre ? Et qu'il ne semblait pas en forme ?
- Oui, il avait sûrement mal quelque part car il ne se tenait pas très droit. Il était légèrement courbé en avant.
- Comme s'il avait mal au ventre ? Ou au dos ?
- Oui, je crois.
Les méninges de Théo se mirent à tourner à plein régime. Il était presque sûr que Justin s'était fait agresser ce jour-là. Depuis qu'il était sorti de l'infirmerie, Théo voyait bien que son petit-ami était constamment sur ses gardes. S'il avait subi une agression, cela expliquerait tout. Un détail lui revint soudain en mémoire. Une semaine plus tôt, Justin s'était blessé à la main. Il lui avait dit qu'il s'était coupé en ramassant les morceaux d'une statuette qu'il avait cassée. Mais avant cela, il avait caché sa main, comme s'il ne voulait pas que Théo la voit. Ce dernier ne s'était pas posé de questions sur le moment mais à présent, l'attitude de Justin lui semblait suspecte. Et s'il lui avait menti ? Et s'il avait tenté de dissimuler sa main pour ne pas que Théo s'inquiète et se doute de quelque chose ? Et s'il se faisait harceler par la personne qui l'avait agressé ?
- Théo ? Ça va ?
La voix d'Ernie tira brusquement Théo de ses pensées. Il releva la tête et croisa le regard inquiet du préfet de Poufsouffle.
- Oui, pardon, je… je réfléchissais à quelque chose. Écoute, pour Justin…
- M. NOTT, M. MACMILLAN, LA BIBLIOTHÈQUE N'EST PAS UN ENDROIT FAIT POUR DISCUTER, ALORS VEUILLEZ PARTIR D'ICI IMMÉDIATEMENT !
Théo et Ernie grimacèrent et se hâtèrent de sortir de la bibliothèque.
- Désolé, j'aurais dû lancer le sort d'insonorisation, s'excusa Théo. D'habitude, j'y pense, mais là, j'ai oublié.
- Ça ne te ressemble pas d'être aussi distrait.
- J'ai eu un début de matinée compliqué, un de mes meilleurs amis a des problèmes, mon petit-ami a l'air d'en avoir aussi, j'en ai moi-même sans m'en être rendu compte, je me suis fait convoquer à neuf heures du matin par mon directeur de maison à cause de ça, et… et je ne sais même pas pourquoi je te parle de tout ça puisque tu t'en fiches royalement. Je vais te laisser, d'ailleurs. Je savais que ce n'était pas une bonne idée de venir te voir. Ça m'apprendra à toujours dire oui à tout le monde… Au revoir, Ernie.
Théo voulut s'en aller mais Ernie lui attrapa le poignet.
- Non, attends…
Théo se retourna et fit face à l'air contrit et penaud d'Ernie.
- Je suis désolé, je n'aurais pas dû te rabrouer comme ça… C'est juste que j'ai mal pris le fait que Justin m'ait rejeté et… je n'ai pas très envie de renouveler l'expérience.
- Il n'était pas dans les bonnes conditions pour avoir une discussion calme et apaisée avec toi à ce moment-là, expliqua doucement Théo. Tout laisse à croire qu'il venait de se faire agresser.
Ernie écarquilla les yeux.
- Quoi ?! Mais… D'où est-ce que tu sors ça ?!
- C'est son comportement actuel qui me fait penser ça. Mais je ne peux pas t'en parler ici…
- Allons dans ma salle commune.
Théo n'eut pas le temps de dire Quidditch qu'Ernie l'entraîna jusqu'aux escaliers. Ils descendirent les quatre étages et se rendirent à la salle commune de Poufsouffle. Théo n'y était jamais allé et il trouva l'endroit très accueillant. Elle était assez bondée mais Ernie et lui dénichèrent un coin où ils seraient tranquilles.
- Bon, alors, qu'est-ce qui t'inquiète dans le comportement de Justin ?
- Il est sans cesse sur ses gardes quand on est ensemble. Il sursaute au moindre bruit. Il fait attention à tout ce qu'il fait. Que ce soit pour s'asseoir, pour chercher quelque chose dans son sac, pour ouvrir une porte, pour se débarrasser de sa robe de sorcier... Je lui ai fait la remarque et il m'a dit qu'il était assez maladroit en ce moment. Comme il avait cassé une statuette il n'y a pas longtemps, je l'ai cru sans hésiter. Mais je pense maintenant que tout ça est dû à une agression et à un harcèlement dont il est victime.
- Mais si c'était le cas, je m'en serais rendu compte… Car je l'avoue, je le regarde souvent et je n'ai vu personne tourner autour de lui…
- Ceux qui le harcèlent doivent se faire discrets. Ils agissent dans l'ombre.
- Tu as une idée de qui ça pourrait être ?
- Là, comme ça, non. Ça pourrait être n'importe qui.
- Qu'est-ce qu'on peut faire, alors ?
- Il faut que j'essaie d'en parler avec Justin.
- Il vaut mieux que j'attende avant d'aller le voir, du coup ?
Théo s'apprêta à répondre mais il en fut empêché par les cris d'un élève qui accourait vers eux.
- Ernie ! Ernie ! Il faut que tu m'aides, vite !
L'élève s'arrêta devant eux et Théo reconnut Alex, l'élève qu'avait pris Justin sous son aile… et qui était justement censé se trouver avec lui en ce moment-même.
- Ernie, j'ai fait une grosse erreur, il faut que tu la répares, je t'en supplie !
- Ouh là, attends, calme-toi, qu'est-ce qui se passe ?
Alex tenta tant bien que mal de reprendre son souffle mais cela s'avérait compliqué puisqu'il était essoufflé et en pleine panique. Théo eut un mauvais pressentiment.
- Justin… je crois qu'il… je n'ai pas voulu mais… je ne pouvais rien faire…
- Alex, il faut que tu te calmes, dit Ernie d'une voix apaisante. On ne comprend rien, là.
- Tu ne devrais pas être avec Justin, à l'heure qu'il est ? demanda Théo, intrigué.
Alex tourna un visage effrayé vers lui.
- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur, ajouta Théo. Je suis Théodore, le binôme de travail de Justin. Je sais que vous deviez avoir une séance d'entraînement ce matin, je suis donc un peu surpris de te voir ici sans lui…
- C'est justement ça, le problème, bredouilla Alex, les larmes aux yeux. Je n'y suis pas allé…
- Pourquoi ? interrogea doucement Théo.
- Parce qu'on me l'a demandé, murmura Alex.
Théo et Ernie se regardèrent. Tous deux sentaient visiblement qu'il y avait quelque chose de pas net derrière tout ça.
- Et si tu nous expliquais tout ? proposa Ernie.
- Vous me promettez de ne rien dire à personne et d'aller aider Justin ?
- On verra, mais s'il le faut, on te défendra, c'est promis, assura Ernie. Mais si Justin est en danger, tu dois vite tout nous raconter.
- Il y a quelques semaines, deux garçons bien plus vieux que moi m'ont attrapé dans un couloir et m'ont emmené dans un coin. Ils m'ont menacé et m'ont dit que j'avais intérêt à faire tout ce qu'ils voulaient, sinon ils s'en prendraient à ma grande sœur qui est dans la même année qu'eux. J'ai eu peur alors j'ai obéi. Ils m'ont demandé de faire en sorte d'avoir des cours particuliers avec Justin et je l'ai fait. J'ai dû leur dire où on se retrouvait. Ils ont voulu que je prenne plusieurs cours avec lui pour endormir sa confiance.
- Sa méfiance, plutôt ? corrigea Ernie.
- Ah euh… oui, sûrement. Je ne me souviens plus trop de ce qu'ils m'ont dit. J'ai donc fait tout ce qu'ils me disaient mais j'étais mal à l'aise de devoir jouer la comédie avec Justin… Il était si gentil et moi je faisais semblant, je le trahissais… Mais je n'avais pas le choix… Si je parlais, ces garçons s'en seraient pris à ma sœur et j'avais peur pour elle… Elle m'a toujours protégé, je ne pouvais pas les laisser lui faire du mal… Justin voyait bien que je n'allais pas bien mais je n'ai rien pu lui dire… Hier, les deux garçons m'ont ordonné de décaler la séance pour qu'elle ait lieu aujourd'hui. Ils ne m'ont pas dit pourquoi mais j'ai obéi. Ils m'ont également demandé de ne pas être là, parce qu'ils voulaient y aller à ma place. Je n'ai donc pas rejoint Justin comme c'était prévu. Et j'ai vite regretté. J'ai tourné en rond dans mon dortoir pendant une demie-heure avant de me décider à aller prévenir Ernie. J'avais trop peur que ces deux garçons fassent du mal à Justin par ma faute… Je sais que je risque de me faire renvoyer après tout ça mais je suis un Poufsouffle et un Poufsouffle ça ne laisse pas des élèves faire du mal à un de leurs camarades… J'espère juste qu'il ne sera pas trop tard… Ils sont dans la salle de sortilèges, normalement.
Théo et Ernie se tournèrent de nouveau l'un vers l'autre.
- On y va tout de suite, décréta Ernie.
- J'allais le dire, mais il faut d'abord confier Alex à quelqu'un, il ne peut pas rester seul…
Théo promena son regard dans la salle commune et aperçut Sophie Roper, une élève de son année.
- Sophie ! appela-t-il.
Sa camarade tourna la tête vers lui et eut l'air surprise de voir que c'était lui qui l'avait hélée. Il lui fit signe de les rejoindre, ce qu'elle s'empressa de faire.
- Peux-tu garder Alex, s'il te plaît ? Ernie et moi devons régler quelque chose et…
- J'ai tout entendu, comme à peu près tout le monde, je pense, coupa Sophie en souriant. Dépêchez-vous d'aller secourir Justin, je m'occupe d'Alex.
- Empêche-le de sortir, il doit à tout prix rester ici, insista Ernie.
- Je l'attacherai s'il le faut.
Théo et Ernie sourirent, remercièrent Sophie et se hâtèrent de quitter la salle commune. Théo devait avoir l'air calme en apparence mais ce n'était qu'un faux-semblant car en réalité, son coeur cognait fort dans sa poitrine tant il avait peur. Son petit-ami était en danger et il sentit ses larmes lui monter aux yeux à cette pensée. Il ne voulait pas perdre Justin. Et c'était pourtant ce qu'il risquait d'arriver. Car il avait deviné qui étaient ces deux garçons dont parlait Alex et il ne savait que trop bien de quoi ils étaient capables. Mais il ne les laisserait pas faire du mal au garçon qu'il aimait. Il le sauverait et il était prêt à tout pour cela. Il ne fallait surtout pas s'en prendre à ses proches. Josh Parker et Dick Milligan s'y étaient risqués et ils allaient en subir les conséquences. Théo espérait juste qu'Ernie et lui arriveraient à temps…
.
.
Un peu plus tôt, POV Justin
.
Justin était un peu fatigué alors qu'il se rendait à la salle de sortilèges pour sa séance avec Alex. Normalement, ils se voyaient le mardi et le samedi mais deux jours plus tôt, Alex lui avait dit qu'il ne pourrait pas venir à la séance du lendemain à cause d'un empêchement. Ils l'avaient donc reportée au mercredi, ce qui n'avait pas dérangé Justin qui était libre tous les jours. Il avait passé la matinée de la veille avec Théo et cela lui avait fait beaucoup de bien. Mais cela n'avait pas suffi à le détendre. Il était toujours sur le qui-vive, ayant sans cesse peur de subir une attaque de Josh Parker ou de Dick Milligan, aussi bien directe qu'indirecte. Son attitude avait commencé à intriguer Théo mais Justin avait réussi à le rassurer. Il avait dû lui mentir pour cela, comme il le faisait depuis que son petit-ami était sorti de l'infirmerie. Il avait horreur de ça mais il ne voulait surtout pas que Théo sache qu'il s'était fait agresser par Josh et que Dick et lui s'en prenaient régulièrement à lui de loin par divers moyens. Il souhaitait garder Théo en-dehors de tout cela. Il avait déjà eu une expérience traumatisante avec les deux Serdaigle, il était donc hors de question d'en rajouter une couche. Mais toute cette histoire tourmentait Justin et perturbait ses nuits. Soit il ne trouvait pas le sommeil, soit celui-ci était agité de cauchemars en tous genres. Ce qui ne lui permettait pas de se reposer puisqu'il se réveillait à chaque fois. Il avait l'impression de devenir fou.
Ce fut donc d'un pas traînant que Justin parvint à la salle de sortilèges. Il ouvrit la porte et constata qu'Alex n'était pas encore là. C'était assez habituel : Justin arrivait souvent avant lui, même si Alex était toujours très ponctuel. Mais c'était voulu : Justin faisait exprès d'être en avance afin d'avoir le temps de préparer la salle. Comme il entraînait Alex au maléfice du saucisson, il avait demandé au professeur Black s'il pouvait utiliser les mannequins animés sur lesquels les élèves s'exerçaient lors de certains cours pratiques. Il avait fait cette requête juste avant que son professeur ne s'absente de Poudlard pour la deuxième semaine des vacances. Ce dernier avait accepté et avait placé plusieurs mannequins dans l'armoire. Ainsi, Justin n'aurait pas besoin de faire le cobaye et c'était justement le but, Alex ne maîtrisant pas très bien l'anti-sort général. Justin s'en était vite aperçu et avait prévu des séances d'entraînement pour ce sort. Il sortit donc les mannequins de l'armoire et les disposa à divers endroits de la salle. Il rangea également les tables et les chaises le long des murs afin que les mannequins puissent se déplacer librement dans la pièce. Alex se débrouillait plutôt bien quand ils étaient en position statique, alors Justin avait augmenté la difficulté en les faisant bouger. Il fallait bien le mettre en conditions réelles… Si Alex avait besoin d'utiliser le maléfice du saucisson un de ces jours, il était très peu probable qu'il le fasse sur quelqu'un qui resterait sagement debout… Ce serait plutôt dans le cadre d'une course-poursuite ou quelque chose comme ça. Une fois la salle fin prête, Justin alla se poster près du bureau et attendit l'arrivée d'Alex. Il patientait généralement cinq minutes. Là, au bout de dix minutes, Alex n'était toujours pas là. Justin ne s'en formalisa pas : les couloirs étaient peut-être bondés de monde. Mais le temps passa sans qu'Alex ne montre le bout de son nez. Justin commença à se poser des questions. Alex avait-il oublié leur séance ? Avait-il eu une panne de réveil ? Avait-il décidé de ne pas venir, pour une raison ou pour une autre ? Avait-il eu un problème ? Avait-il été convoqué par leur directrice de maison ? Justin regrettait dans ces moments-là qu'il n'y ait pas de téléphones portables dans le monde sorcier. Ses parents n'en avaient pas mais c'était quelque chose qui devenait de plus en plus répandu dans le monde moldu. Emily lui en avait fait essayer un l'été précédent et il avait trouvé cela assez difficile à manier avec toutes ces touches sur lesquelles il fallait appuyer plusieurs fois pour avoir une lettre… Ce serait sûrement beaucoup plus facile d'apprendre à envoyer un message par Patronus ! Mais cela ne lui serait d'aucune utilité actuellement puisqu'Alex ne saurait pas le faire, lui. Justin n'avait donc aucun moyen de savoir où il était et il ne trouvait pas cela pratique du tout. Il s'apprêtait à sortir pour aller le chercher quand la porte s'ouvrit. Il voulut s'avancer mais il s'arrêta net en voyant deux personnes qu'il ne connaissait que trop bien entrer dans la salle. Il eut même un mouvement de recul dans une vaine tentative de se protéger. Car devant lui se tenaient les deux élèves qui étaient à l'origine de son mal-être aussi bien diurne que nocturne. Mais il ne se laissa pas intimider et lança :
- Qu'est-ce que vous faites là ?!
- Eh bien, nous sommes venus te rendre une petite visite.
- Ce n'est pas vous que j'attendais, lâcha froidement Justin. Comment avez-vous su que j'étais là, d'abord ? Vous m'avez suivi ?!
- Bien sûr que non, sinon ça ferait déjà un moment qu'on serait entrés, réfléchis un peu.
- Alors qui vous a dit où j'étais ?!
Josh et Dick eurent un horrible sourire qui fit frissonner Justin.
- Ton cher petit protégé, répondit joyeusement Josh. Il est tellement influençable… Ça a été un jeu d'enfant de le terroriser pour le pousser à faire tout ce qu'on voulait. Suffisait de le menacer de s'en prendre à sa sœur. Ah là là, ces Poufsouffle… De vraies guimauves.
Justin eut la désagréable impression de s'être fait avoir, même s'il ne savait pas encore comment.
- Je ne comprends pas, dit-il en regardant tour à tour ses deux harceleurs. Où est Alex ? Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
- Mais rien du tout, il avait juste pour ordre de ne pas venir ici.
- Mais comment étiez-vous au courant que je donnais des cours à Alex ?
Josh et Dick se tournèrent l'un vers l'autre.
- Il est long à la détente, hein ?
- Bah, que veux-tu, c'est un Poufsouffle, ils ne sont pas connus pour être très intelligents…
- Éclairons sa cervelle d'abruti, alors.
Les deux Serdaigle reportèrent leur attention sur Justin.
- Nous n'avons jamais eu l'intention de te laisser tranquille, déclara Josh. J'ai toujours su que c'était à cause de toi si Emily et toi aviez rompu. Et je n'ai jamais accepté de la voir pleurer par ta faute. Je me suis douté dès le début que Nott était mêlé à votre rupture. J'ai longtemps pensé que tu étais en pleine admiration devant lui, que tu étais sous sa coupe, qu'il t'avait envoûté comme le sale fils de Mangemort qu'il est et qu'il faisait ce qu'il voulait de toi. Peut-être même avait-il des vues sur toi. C'était ce que je croyais il y a quelques semaines quand je t'ai attrapé près de l'infirmerie. Mais à ce moment-là, j'étais loin, très loin de m'imaginer que ces sentiments pouvaient être réciproques. J'ai commencé à avoir des doutes peu après notre petite altercation. Je songeais à l'implication de Nott dans ta rupture avec Emily, j'ai fait plein de liens et de parallèles et j'ai soudain eu une révélation. Je me suis alors mis à t'observer à chaque fois que je le pouvais, et plus précisément dans la Grande Salle. Et j'ai su que je ne me trompais pas en te voyant échanger des regards avec Nott qui passaient inaperçus pour quiconque ne faisait pas attention à vous. J'ai compris que vous sortiez ensemble et jamais, jamais je n'ai ressenti autant de dégoût que ce jour-là. Et je t'ai haï comme je n'avais jamais haï personne. Et je te hais depuis davantage chaque jour. Je me suis promis de te faire payer ce que tu es. De te faire payer d'avoir quitté Emily pour une relation contre-nature. De te faire payer d'être comme Nott. Un monstre. De te faire payer de préférer les garçons aux filles. Car les gens comme toi ne méritent pas la paix. Vous ne devriez même pas exister. Vous êtes des erreurs de la nature. Et je veux que tu payes pour ça. On a d'abord voulu te fragiliser mentalement parlant. Te faire savoir qu'on était là, qu'on ne te lâchait pas, qu'on était derrière chacun de tes pas… On voulait que tu sois sur tes gardes, tout le temps, que tu en deviennes limite parano… Comme ça, quand on t'aurait face à nous, tu serais affaibli et effrayé. Et ta réaction quand nous sommes entrés nous a prouvé que notre plan avait fonctionné. Mais pour t'attirer dans un endroit, à une heure précise, pour être sûrs que tu serais là, il nous fallait un autre plan. Nous recherchions alors quelqu'un que nous pourrions contrôler à notre guise. Comme nous savions qu'une fille de notre promo avait un petit frère dans sa maison, c'est tout naturellement sur lui que s'est porté notre choix. Tu dois sûrement avoir deviné de qui il s'agit. Nous avons donc approché Alex, nous l'avons emmené quelque part, nous l'avons intimidé, nous l'avons menacé de faire du mal à sa sœur s'il ne faisait pas tout ce que nous voulions et nous lui avons demandé de te convaincre de lui donner des cours particuliers. Il devait rester en contact avec nous et nous tenir au courant des jours et des heures auxquels vous vous retrouviez. Il a bien rempli son rôle mais il nous a dit que tu t'inquiétais pour lui car il n'avait pas l'air bien. Nous avons donc décidé d'agir avant que tu ne te mettes à te poser des questions. Lundi, nous lui avons demandé de décaler votre séance du lendemain à aujourd'hui car ça nous arrangeait mieux ainsi. Il l'a fait et tu as aussitôt accepté, paraît-il. Ta vie doit être drôlement passionnante pour que tu n'aies rien à faire pendant tes vacances. Comme tu l'auras compris, nous lui avons également demandé de ne pas venir à cette séance puisque c'est nous qui sommes venus. Il n'a été qu'un pantin dans cette histoire, mais un pantin qui a été très efficace, il faut le reconnaître. Nous avons été un peu retardés avant d'arriver mais comme le bon Poufsouffle que tu es, tu n'es pas parti au bout de dix minutes de retard. Nous t'avons maintenant à notre merci et nous allons bien en profiter…
Sentant venir le coup, Justin dégaina sa baguette à la vitesse de la lumière, très vite imité par Dick et Josh qui n'eurent cependant pas le temps de faire quoi que ce soit. Justin les visa et cria :
- Expelliarmus !
Les deux baguettes volèrent et atterrirent près de lui. Il se pencha et les ramassa avant que les deux Serdaigle n'aient pu amorcer un geste pour s'en emparer. Il les tint en joue avec sa propre baguette tandis qu'il avait les leurs dans son autre main.
- Vous pensiez m'avoir aussi facilement ? Je suis peut-être un Poufsouffle rempli de guimauve mais je sais attaquer et me défendre ! Vous avez eu tort de me sous-estimer ! J'ai fait de très gros progrès en sortilèges depuis le début de l'année, vous savez. Inutile de vous dire grâce à qui…
- C'est ça, fais le malin, cracha Josh. Tu te crois supérieur avec trois baguettes en main mais jamais tu n'oseras nous attaquer ! Comme tous les gens de ton espèce, tu n'as pas ce qu'il faut pour ça !
- Eh bien si vous me croyez si inoffensif que ça, venez chercher vos baguettes. Vous ne risquez rien, après tout.
Justin vit de l'hésitation dans les yeux des deux Serdaigle. Mais ils ne se laissèrent pas démonter et s'élancèrent vers lui. Justin les repoussa aussitôt d'un sort, les faisant s'écraser contre le mur. Ils se relevèrent difficilement, l'air un peu sonnés. Mais Josh reprit vite ses esprits et Justin eut à peine le temps de le voir se saisir de quelque chose qu'il le lui lança. Il l'esquiva de justesse en se baissant et ses deux adversaires profitèrent de ce bref moment où il ne les visait plus pour se jeter sur lui. Il ne put rien faire. Ils le plaquèrent au sol et lui arrachèrent sa baguette ainsi que les leurs. Il se retrouva sans défense et avec deux baguettes pointées sur lui.
- Tu pensais vraiment pouvoir garder l'avantage bien longtemps alors qu'on est à deux contre un ? se moqua Dick. Tu es décidément bien trop naïf. Tu ne pourras pas nous échapper. Tu ferais mieux de te résigner. Allez, assez parlé. Passons aux choses sérieuses.
/!\
À peine eut-il prononcé ces mots que Dick joignit le geste à la parole. Tandis que Josh continuait à menacer Justin avec sa baguette, Dick s'approcha de lui, se pencha et le retourna brusquement face contre le sol. Justin voulut se débattre mais un violent coup de pied dans les côtes l'en dissuada. Il gémit de douleur et se recroquevilla, se mettant involontairement sur le côté, ce qui déplut à Dick qui le remit sur le ventre de façon aussi brutale que précédemment.
- Reste comme ça ! C'est ton dos qui nous intéresse, pas ta tronche.
- Qu'est-ce que vous allez faire ? s'alarma Justin.
- Tu vas voir. Ou, plutôt, tu vas le sentir…
La peur commença à gagner Justin. Il pria pour que quelqu'un vienne et le sorte de là mais son vœu ne fut pas exaucé. Sa panique s'intensifia lorsque son pull fut remonté. Et elle l'envahit tout entier lorsqu'il reconnut la lame froide d'un couteau se poser sur son dos. Terrorisé comme jamais, il se mit à ruer dans les brancards et à hurler.
- Ferme-la et arrête de bouger, gronda Dick au milieu de ses cris. Moins tu te débattras, plus vite je te lâcherai.
- Non ! Laissez-moi tranquille ! Je veux partir ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi !
Justin reçut pour toute réponse un autre coup dans les côtes. Il gémit de nouveau mais sans pouvoir se recroqueviller, Dick le maintenant d'une main ferme et lui bloquant les jambes avec un genou. Il rentra juste sa tête vers l'intérieur, seule partie de son corps qu'il pouvait encore bouger. Mais cela ne fut pas au goût de Josh :
- Regarde-moi, Justin. Ne fais pas l'effronté.
Justin n'obéit pas.
- Ne force pas Dick à t'y obliger. Regarde-moi. Je veux voir tes yeux quand le couteau s'enfoncera dans ta peau et la marquera d'un message que tu garderas à jamais sur toi.
- Va te faire foutre, marmonna Justin.
Il tenta une nouvelle fois de se débattre, réussissant presque à déséquilibrer Dick qui rugit. Il attrapa les cheveux de Justin et les tira violemment en arrière.
- Tu vas te calmer, maintenant. Ton petit numéro, ça va bien deux minutes, mais là ça suffit. Josh, fais quelque chose, je ne vais rien pouvoir faire si je dois le tenir de partout…
- Garde-le comme ça, c'est super. Je vais l'immobiliser.
Justin vit avec impuissance Josh lui jeter un sort qui le paralysa. Il ne pouvait plus bouger. Et il était obligé de regarder Josh qui le fixait avec un air de pure délectation. En revanche, il voyait, entendait et sentait tout. Mais il ne put rien faire lorsque la lame du couteau appuya sur son dos, perça sa peau et commença à s'incruster dans sa chair. Il aurait crié de douleur s'il avait pu. Les larmes lui vinrent aux yeux et il pria de nouveau pour que quelqu'un lui vienne en aide. Il ne se faisait cependant pas d'illusions mais c'était quand on se résignait que, parfois, les miracles se produisaient. Alors qu'il sentait la lame descendre le long de son dos, il entendit soudain la porte s'ouvrir d'un coup. Grâce à Dick qui avait redressé sa tête avant qu'il ne se fasse pétrifier, il avait un très large champ visuel. Il vit ainsi Josh sursauter et se retourner alors que Théo et Ernie se tenaient dans l'encadrement de la porte. Justin fut stupéfait de voir Ernie être venu à son secours. Mais ce n'était pas le moment de se poser des questions. Tout ce qui comptait, c'était qu'il n'était plus seul.
- Lâche Justin immédiatement ! hurla Ernie à Dick.
- Sinon quoi ? Qu'est-ce que tu…
- Expelliarmus !
Dick, que Justin ne voyait pas puisqu'il était dans son dos, dut contrer le sort d'Ernie car celui-ci en lança vite un autre et un duel ne tarda pas à s'engager entre eux. Josh voulut prêter main forte à son ami mais Théo en profita pour essayer de le désarmer. Seulement, un sort mal lancé de Dick lui fit manquer sa cible. S'ensuivit alors un autre duel entre Josh et Théo, auquel Justin put assister dans son intégralité, étant bien placé. Et ce qu'il vit le frappa. Son petit-ami se tenait devant lui et Justin avait pourtant l'impression que c'était une toute autre personne. Car il n'avait rien du Théo timide et réservé qu'il connaissait si bien. Le Théo qui se trouvait à quelques mètres de lui était effrayant. Mais aussi impressionnant. Le visage fermé, l'air concentré, les mâchoires serrées, il esquivait tous les sorts avec une facilité déconcertante, se déplaçait avec une étonnante agilité et semblait dominer le duel alors qu'il ne faisait que se défendre sans jamais lancer d'offensive. Mais Justin fut arraché à ce spectacle lorsqu'il entendit Ernie crier avant de faire un vol-plané et d'aller se fracasser à pleine puissance contre la porte. Justin assista avec horreur à cela et il attendit désespérément qu'Ernie se relève. Mais il ne le fit pas. Il resta étendu par terre, telle une poupée désarticulée, sûrement évanoui ou… Non, Justin refusa d'y penser. Mais le choc avait été si violent que la peur était quand-même là, s'insinuant progressivement en lui, tel un poison. Mais il ne voulait pas y croire. Il n'avait même pas pu se réconcilier avec lui... Il aurait dû le faire bien avant, quand il était encore temps... Toutes ces pensées défilèrent rapidement dans son esprit, si bien qu'il se passa à peine dix secondes entre le vol-plané d'Ernie et l'assaut surprise de Dick :
- Expelliarmus !
Justin vit Théo parer de justesse le sort et adresser un regard furibond à Dick qui venait de l'attaquer lâchement par-derrière. Dick n'eut pas le temps de regretter son geste qu'il fit face au courroux de Théo qui oublia qu'il savait lancer des informulés et qui hurla à toute vitesse :
- EXPELLIARMUS ! PETRIFICUS TOTALUS !
Dick n'eut aucune chance. Il fut désarmé et paralysé en moins de deux secondes. Un cri de rage de Josh se fit vite entendre.
- Tu vas le payer ! vociféra-t-il à l'encontre de Théo.
- Non, TOI tu vas payer ! Comme ton imbécile d'ami ! Vous n'auriez jamais dû vous en prendre à un de mes proches ! Je suis prêt à tout pour protéger ceux que j'aime ! Je ne vous laisserai pas faire du mal à Justin !
- Ton mec n'a eu que ce qu'il méritait ! Et il méritait bien plus que ce qu'on a pu lui faire !
- Mais va te faire soigner ! C'est quoi ton problème, sérieux ? C'est quoi ce besoin de faire du mal à des personnes qui ne t'ont rien fait ?! Qu'est-ce qu'il t'a fait, Justin, au juste ?!
- Qu'est-ce qu'il a fait ? QU'EST-CE QU'IL A FAIT ? CE SALE TRAÎTRE S'EST SERVI DE MA COUSINE ET L'A JETÉE POUR ALLER S'ACOQUINER AVEC UN FILS DE MANGEMORT ! VOILÀ CE QU'IL A FAIT !
- Non, c'est faux ! Je connais toute l'histoire, moi, contrairement à toi, et la situation était loin d'être aussi simple que ce que tu as l'air de croire ! Si Justin n'a pas assumé tout de suite son orientation, c'est en grande partie à cause des gens comme toi qui ont décidé qu'il n'y avait que les hétéros qui avaient le droit d'exister et qu'il fallait lyncher les autres ! Ça ne donne franchement pas envie aux personnes homosexuelles de s'assumer !
- Ça tombe bien car on n'a pas du tout envie de les voir afficher leurs relations contre-nature ! Vous méritez d'être jetés en pâture au Calmar géant ! Mais je compte bien te régler ton compte et pas plus tard que maintenant ! Stu…
- Expelliarmus !
Josh para le sort.
- Petrificus Totalus !
Théo esquiva l'attaque d'un informulé.
- Exp…
- Stupéfix !
Aucun des sorts ne toucha sa cible.
- Petri…
- Expelliarmus !
Josh ne parvint pas à désarmer Théo qui riposta :
- Confundus !
- Expelliarmus !
- Stupéfix !
- Petrificus Totalus !
- Expelliarmus !
- Immobilus !
- Tarentallegra !
Josh ne put parer ce sort qui fit danser ses jambes mais cela ne l'empêcha pas de contre-attaquer :
- Stupéfix !
- Expelliarmus !
- Petrificus Totalus !
- Confundus !
- Expelliarmus !
- Stupéfix !
L'offensive de Théo manqua de peu Josh qui perdit son sang-froid et hurla :
- SECARE !
Il prononça ce sort si vite et avec une telle puissance que Théo ne put l'esquiver. Son pull se déchira au niveau de son torse où Justin put voir une entaille se former. Mais Théo grimaça à peine et ne se laissa pas déstabiliser. Il attaqua Josh et le combat reprit de plus belle entre eux. Justin assista alors à un duel tel qu'il n'en avait jamais vu. Les sorts s'enchaînèrent à une vitesse hallucinante, touchant parfois sa cible qui riposta cependant dans la seconde. Justin fut abasourdi par l'endurance dont fit preuve Théo. Il semblait inépuisable tandis que Josh se mit à montrer des signes de fatigue. Théo dut s'en rendre compte car il mit de plus en plus de puissance dans ses sorts. Au bout d'un moment, Josh cessa d'attaquer et se contenta de se défendre à coups de Protego qu'il lançait en informulé le plus souvent mais qu'il prononçait parfois. Il ne fallut pas longtemps à Théo pour réussir enfin à le désarmer, puis à le neutraliser en lui jetant un maléfice du saucisson. Le silence retomba d'un coup dans la salle de sortilèges qui devait être sans dessus dessous. Hagard, Théo tourna vite la tête vers l'entrée de la salle. Justin ne put suivre son regard mais il vit la surprise se dessiner sur le visage de son petit-ami. Et pour cause : plusieurs professeurs ne tardèrent pas à pénétrer dans la salle. Justin fut rapidement libéré du sort que lui avait lancé Josh. Le professeur Chourave accourut vers lui.
/!\
- M. Finch-Fletchley, vous allez bien ?
- Oui… je crois. Théo… Ernie…
- Mme Pomfrey s'occupe de M. MacMillan et le professeur Snape est près de M. Nott. Tout est sous contrôle. Vous avez tous besoin de soins, alors on va tous vous emmener à l'infirmerie.
- D'accord, mais est-ce que je pourrai voir Théo ensuite ? Je sais qu'il va se faire convoquer par son directeur de maison, mais je voudrais juste lui parler quelques minutes pour le remercier, m'excuser, lui dire que je m'en veux, que je ferai tout pour qu'il ne se fasse pas expulser et…
- M. Nott ne se fera pas expulser, dit calmement le professeur Chourave.
Justin la regarda avec surprise.
- Contentez-vous de me croire pour l'instant, intima gentiment sa directrice de maison. Je suis sûre qu'il vous expliquera tout quand il sortira du bureau du professeur Snape. Mais avant cela, je veux que vous alliez à l'infirmerie. Pensez-vous pouvoir vous lever seul ?
- Je vais essayer.
Justin se redressa et parvint à se mettre debout sans devoir s'appuyer sur quoi que ce soit. Il sortit de la salle de sortilèges en compagnie du professeur Chourave et se rendit avec elle à l'infirmerie. En y entrant, il vit brièvement Mme Pomfrey discuter avec le professeur Snape avant qu'elle ne file vers des paravents derrière lesquels elle disparut. «Sûrement ceux d'Ernie» pensa Justin, la gorge serrée. Le professeur Snape rejoignit lui aussi des paravents que Justin pensa être ceux de son petit-ami. Il allait devoir attendre pour que quelqu'un s'occupe de lui. Mais il s'en fichait complètement. Tout ce qui lui importait, c'était que Théo et Ernie soient soignés. Ils étaient venus le sauver et ils s'étaient mis en danger pour lui. Et c'était eux qui avaient subi le plus de dommages. En particulier Ernie. Il avait pu lire quelques mots sur les lèvres de Mme Pomfrey lors du bref échange qu'il avait vu entre le professeur Snape et elle, et il avait saisi qu'Ernie avait besoin de soins urgents. Il avait ressenti un énorme soulagement en comprenant qu'il avait survécu au choc. Mais Ernie n'était pas tiré d'affaire pour autant. Et cela angoissait beaucoup Justin qui se sentait affreusement coupable et impuissant. Alors qu'il attendait son tour, il se répéta inlassablement la même phrase : pourvu qu'il s'en sorte.
.
.
POV Severus
.
Après avoir échangé quelques mots avec Poppy, Severus alla voir Théo qu'il avait installé cinq minutes plus tôt. Il courait partout depuis vingt minutes et c'était littéralement la folie. Poppy et lui se retrouvaient à devoir s'occuper de cinq élèves d'un coup, dont trois qui étaient blessés. Les deux autres n'avaient à priori rien mais Severus et Poppy voulaient tout de même s'en assurer. Étant donné qu'il s'agissait des deux mis en cause, qu'ils ne devaient pas s'échapper et que personne ne pouvait les examiner pour le moment, Severus avait fait venir Filius pour qu'il les surveille le temps que Poppy se libère. Il avait également fait appel à quelqu'un à qui il confierait Théo tandis qu'il soignerait M. Finch-Fletchley. Il avait dû s'organiser avec Poppy en un minimum de temps et c'était pour cela que c'était autant l'anarchie.
Lorsqu'il passa les paravents de Théo, il découvrit celui-ci assis sur le lit, les jambes ramenées vers lui et la tête enfouie dans ses bras qui entouraient ses genoux. Severus sentit son coeur se serrer en voyant cela. Il s'approcha doucement mais Théo l'entendit et releva brusquement la tête. Il se tendit de tout son être et le regarda avec un air effrayé. Severus ne reconnut pas le garçon qu'il avait vu se battre avec détermination vingt minutes plus tôt. Théo était redevenu celui qu'il avait toujours été. Cela n'étonnait pas Severus. Le Théo du duel n'était pas le Théo de tous les jours. Il ne se montrait que dans des situations exceptionnelles. C'était la première fois en quatre ans et demi que Severus rencontrait cet autre Théo, il ne l'avait vu qu'une dizaine de minutes mais la moitié lui avait suffi pour déceler des choses très importantes chez Théo. Des choses tellement importantes qu'il remercierait presque le duel d'avoir eu lieu s'il n'y avait pas un élève gravement blessé à l'infirmerie.
- N'ayez pas peur, dit-il à Théo. Je ne suis pas là pour vous gronder ou pour vous expulser. Je suis là dans un premier temps pour vous expliquer ce qui va se passer. Vous devez savoir qu'il y a plusieurs blessés, dont vous, et que nous ne sommes pas assez pour prendre tout le monde en main en même temps. Comme M. Parker et M. Milligan n'ont pas l'air d'être blessés, j'ai demandé au professeur Flitwick de les surveiller pendant que Mme Pomfrey et moi soignons ceux qui en ont besoin, c'est-à-dire M. MacMillan, M. Finch-Fletchley et vous. Avant même de me rendre à la salle de sortilèges, j'avais prévu une troisième personne pour nous aider au cas où il y aurait plus de deux blessés. Vu que vous n'êtes pas en urgence relative, cette personne pourra s'occuper de vous. Elle l'a déjà fait et avec brio, comme j'ai pu en témoigner.
Les yeux de Théo s'agrandirent.
- Vous avez fait appel à Blaise ?
- Oui, je lui ai demandé d'attendre une confirmation de ma part avant de venir. Je lui ai envoyé un Patronus il y a quelques minutes, il ne devrait donc pas tarder à arriver. Êtes-vous d'accord pour que je vous confie à lui ?
- Oui, bien sûr, accepta automatiquement Théo.
«Je lui aurais proposé de le jeter par la fenêtre, il m'aurait répondu la même chose» songea Severus avec dépit.
- Bien, je vous laisserai avec lui quand il sera là. J'irai m'occuper de M. Finch-Fletchley tandis que votre ami vous soignera. Je vérifierai les soins qu'il aura apportés mais je sais qu'il se débrouillera très bien. Nous irons ensuite dans mon bureau afin d'avoir une discussion. Encore une fois, il n'est pas question de vous disputer ou de vous renvoyer, répéta Severus en voyant Théo se tendre. Il faut parler de ce qui s'est passé, certes, mais pas seulement. Nous verrons cela tout à l'heure, n'y songez pas pour le moment. Et relâchez-vous un peu, vous êtes tendu comme un arc. Avant que votre ami n'arrive, je vais m'assurer de votre état. Comment vous sentez-vous ?
- Désorienté. Tout est flou dans mon esprit. J'ai conscience de m'être battu en duel mais je n'ai pas de souvenirs distincts. J'ai l'impression que je m'étais détaché de mon propre corps, à ce moment-là. Et de mon propre esprit. Comme si ce n'était pas tout à fait moi qui avait pris part à ce duel.
- C'est normal, vous étiez obnubilé par l'idée de sauver votre petit-ami et vous ne pensiez qu'à ça. Il n'y avait plus rien d'autre qui comptait pour vous. Vous n'aviez plus conscience de ce qui se passait autour de vous. Vous étiez dans l'instant présent, vous étiez dans l'action, tout s'est passé très vite, vous ne réfléchissiez pas à ce que vous faisiez, vous n'avez pas eu le temps de vous fabriquer des souvenirs. C'est pour ça que vous ne vous rappelez pas grand-chose. C'est déstabilisant, car ça doit faire comme un trou noir dans votre mémoire mais ça n'a rien de grave. Du moins, tant que vous ne niez pas que ce duel a eu lieu.
- Ce n'est pas le cas, affirma Théo. Je ne suis pas en plein déni. Et je ne cherche pas non plus à me protéger en refusant de me souvenir de quoi que ce soit.
- Je vous crois, dit Severus en souriant. Sinon, au niveau physique, avez-vous mal quelque part ?
- Aux endroits où les sorts d'entaille de Josh Parker m'ont touché, oui. Sinon je n'ai rien de cassé. Je n'ai pas pris de coups et je ne suis pas tombé par terre.
- Bien, il va juste falloir traiter les plaies, dans ce cas. Ce sera largement à la portée de M. Zabini.
- Oui, elles ne sont pas profondes, je le sens bien. Par rapport à l'été dernier, ce sera un jeu d'enfant pour lui.
Severus hocha la tête et voulut répondre mais les paravents s'ouvrirent au même moment. Il tourna la tête et vit M. Zabini qui semblait inquiet malgré l'air neutre qu'il tentait d'adopter.
- M. Nott va bien, l'informa Severus. Je ne l'ai pas examiné, je vous laisse le faire afin de prendre connaissance de ce qu'i traiter, mais je l'ai interrogé et je sais qu'il n'y a rien de grave.
Le soulagement se lut sur le visage de M. Zabini.
- S'il y a le moindre problème, le moindre doute, n'hésitez pas à venir me voir. Je serai derrière les paravents de la rangée d'en face, aux troisièmes en partant de la droite.
- D'accord. Si les blessures de Théo sont superficielles, ça devrait aller.
Severus acquiesça et quitta ses deux élèves. Il se dirigea vers M. Finch-Fletchley qui patientait avec sa directrice de maison.
- Je m'occupe de lui, Pomona, déclara-t-il à sa collègue.
Celle-ci hocha la tête et s'en alla.
- Suivez-moi, M. Finch-Fletchley. Je vais vous soigner.
- Et Théo ? s'inquiéta le Poufsouffle.
- Il est entre les mains d'un futur médicomage qui l'a déjà soigné pour des blessures beaucoup plus graves. Ne vous en faites pas pour lui, il est avec quelqu'un de très compétent.
M. Finch-Fletchley parut rassuré et emboîta le pas à Severus qui le mena aux paravents qu'il avait indiqués à M. Zabini. Il rassembla le matériel nécessaire et demanda à son patient de retirer son pull et de se mettre sur le ventre. Il le vit se raidir face à cette requête. Il devina pourquoi et entreprit de l'apaiser :
- N'ayez pas peur, je vais juste vous soigner, dit-il doucement.
- C'est que j'étais déjà sur le ventre quand il m'a tailladé le dos…
- Je sais, et je comprends vos craintes mais je ne vais pas vous faire de mal, je vous le promets. Au contraire, je vais vous soulager. M. Nott n'a jamais eu à se plaindre de mes soins, vous savez.
M. Finch-Fletchley sourit et se détendit. Il se débarrassa de son pull et se mit sur le ventre. Severus fut agréablement surpris de voir qu'il n'y avait qu'une plaie. Elle était certes assez longue, mais elle était relativement fine et Severus s'était plutôt attendu à ce que le dos de son patient soit couvert de plaies. Milligan n'avait visiblement pas eu le temps de faire grand-chose. Afin d'éviter de prendre M. Finch-Fletchley par surprise, il le prévint de ce qu'il allait faire :
- Restez comme ça, je vais désinfecter et je passerai ensuite un baume. Ça risque de piquer un peu mais c'est nécessaire.
Severus prit une fiole de lotion désinfectante et en versa sur une lingette avec laquelle il nettoya la plaie. Puis il administra un baume aux propriétés apaisantes et cicatrisantes. La coupure n'était pas très profonde mais malgré tous ses bons soins, Severus sut que son patient allait rester marqué. Bon nombre de cicatrices ne disparaissaient jamais vraiment et celle-là en faisait partie. Mais elle allait être tout de même assez discrète.
- Voilà, votre plaie est toute propre et elle devrait guérir rapidement en désinfectant et en appliquant le baume chaque jour jusqu'à ce qu'elle se cicatrise. Passé ce délai, vous pourrez continuer avec le baume si vous souhaitez que ça s'estompe au plus vite. Vous garderez cependant une ligne blanche mais comme c'est dans le dos, cela ne devrait pas trop vous gêner. Quelqu'un pourra-t-il vous aider à désinfecter et appliquer le baume ?
- Je demanderai à Susan, dit M. Finch-Fletchley en remettant son pull après s'être redressé.
- Bien. Avant de vous laisser y aller, je tiens à vous prévenir que vous allez être convoqué par votre directrice de maison pour que vous lui donniez votre version des faits sur ce qui s'est passé. Je vous rassure tout de suite : il n'y aura probablement pas de confrontation entre M. Milligan, M. Parker, M. Nott et vous. Si M. Milligan et M. Parker reconnaissent les faits face aux professeurs Chourave, Black, Flitwick et moi-même, ils seront directement renvoyés de Poudlard, comme c'était prévu à la moindre incartade. Ils étaient mis à l'épreuve et ils savaient très bien ce qu'ils risquaient. Ce serait donc complètement inutile d'organiser une confrontation. Ce serait un moment dur dont M. Nott et vous pourriez bien vous passer.
- Je suis tout à fait d'accord. Je n'ai franchement pas envie de me retrouver face à eux.
- C'est absolument compréhensible. Mais vous pourriez en revanche ressentir le besoin d'en parler. Et je vous le conseille fortement.
Severus tenta d'ignorer la petite voix dans sa tête qui lui disait «T'as du culot, inciter fortement un élève à devenir ton patient alors qu'il y a deux heures, tu promettais à Théo que tu profiterais de ton emploi du temps allégé pour te reposer...». Il savait qu'il abusait, surtout qu'il n'était pas encore allé voir Dumbledore pour lui parler de son désir de ne garder que les cours des cinquième année, mais c'était plus fort que lui. Un élève avait besoin d'aide, alors il devait l'aider. Mais il n'était pas sûr de compter prochainement M. Finch-Fletchley parmi ses patients car il avait l'air d'hésiter.
- Je dois y réfléchir, finit-il par dire prudemment. Je sais que ça me ferait du bien, mais… je ne me sens pas prêt à me confier pour le moment. Tout est trop frais.
- Prenez le temps qu'il vous faudra, répondit Severus. Que ce soit demain, dans six mois ou dans un an, ma proposition tiendra toujours. Ma porte vous sera toujours ouverte. Vous pouvez très bien ne pas avoir envie d'en parler maintenant et changer d'avis dans quelques mois car vous vous rendrez compte que vous avez besoin d'extérioriser. Ce ne sera jamais trop tard. Je vous laisse y réfléchir et vous viendrez me voir si vous le souhaitez et quand vous le souhaiterez.
M. Finch-Fletchley acquiesça.
- Merci, professeur. Est-ce que je pourrai voir Théo ?
- Je dois m'entretenir avec lui mais je lui dirai que vous voulez le voir.
- Merci. Je l'attendrai près de votre bureau.
- J'en aurai sûrement pour un moment avec lui, attendez une bonne heure avant de venir guetter sa sortie. Bon, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Vous pouvez y aller.
Severus donna la lotion et le baume à M. Finch-Fletchley qui les prit, le salua et partit. Severus fit du rangement puis il quitta le box pour se rendre à celui de Théo. Son ami était encore en train de le soigner.
- Tout se passe bien ? s'enquit Severus.
- Oui, il y a juste pas mal d'entailles et ça prend donc du temps, révéla M. Zabini. Je ne pensais pas qu'il y en aurait autant. Mais elles sont presque toutes superficielles. Il y en a juste deux qui sont un peu plus profondes. Mais avec des soins réguliers et un bon baume cicatrisant, ça devrait s'effacer rapidement. Bon, peut-être pas entièrement, mais si ça reste, ce sera à peine visible. En tout cas, ce qui est bien, c'est qu'il pourra faire ces soins lui-même puisque les entailles sont concentrées sur le torse et les bras.
- Oh, son binôme de travail aurait été ravi de l'aider. Ils auraient même pu se soigner mutuellement. M. Finch-Fletchley sera dans l'incapacité de faire lui-même ses propres soins mais il a déjà une idée de la personne à qui il pourra s'adresser. Vous pouvez cependant lui proposer votre aide, M. Nott.
- Ce n'est pas le genre de choses qu'on propose à son binôme de travail, protesta Théo.
- Ah oui, j'oubliais que M. Finch-Fletchley n'était que votre binôme de travail, se moqua gentiment Severus.
Théo se mit à rougir, faisant sourire Severus et M. Zabini.
- Je vous taquinais, M. Nott. Vous êtes libre de vous soigner tout seul si vous le désirez et de laisser votre petit-ami entre les mains d'une de ses amies.
- Au moins, tu es sûr qu'il n'y aura aucun risque, plaisanta M. Zabini. Ce n'est pas avec Hannah ou Susan qu'il va te tromper.
- Mais vous n'êtes pas possibles, tous les deux ! s'exclama Théo. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! Vous êtes tous comme ça, vous, les médicomages ?!
- La plupart de ceux que je connais ne sont jamais les derniers pour faire de l'humour, oui. Mais certains n'en ont aucun. M. Zabini, souhaitez-vous que je prenne la relève ?
- Il ne reste plus grand-chose à traiter, je peux finir, affirma M. Zabini.
- Bien, je vous laisse faire.
Le futur médicomage termina en effet rapidement les soins.
- Voilà, toutes tes plaies sont traitées. Il ne t'a pas raté, cet idiot. Mais il ne pouvait pas essayer de te désarmer, te stupéfixer ou te pétrifier au lieu de te lancer des sorts d'entailles ?!
- Il voulait me faire le plus de mal possible, dit Théo en haussant les épaules. Mais il ne devait pas connaître beaucoup de sorts pour ça, alors il s'est contenté de celui-là.
- Mais ce n'était pas à Justin qu'il voulait s'en prendre, à la base ? C'est ce que tu m'as dit…
- Oui, mais il a toujours eu une dent contre moi. Et il avait paralysé Justin avant que je n'arrive avec Ernie. Parker et Milligan l'ont donc occulté et ont porté leur attention sur Ernie et moi. S'ils avaient réussi à nous terrasser tous les deux, ils auraient repris leur torture sur Justin. Mais ils auraient vite été interrompus par les professeurs.
- Ce sont de grands malades, commenta M. Zabini, écœuré. Merlin, il ne faut surtout pas que Draco sache ce qui s'est passé… Il va vouloir massacrer les deux Serdaigle... Enfin, il faudrait déjà qu'on le retrouve… C'est la vraie pagaille, aujourd'hui. Hier, il disparaît, ce matin, il n'est pas revenu, au petit-déjeuner, tu te fais convoquer, en fin de matinée, j'apprends que tu as été blessé lors d'un duel avec un de tes anciens agresseurs qui étaient censés rester loin de toi… Et Draco n'est toujours pas là. Et je ne sais toujours pas ce qui est advenu de lui. C'est du grand n'importe quoi.
- Pour ce qui est de Draco, vous n'avez pas à vous en faire, il va bien. Il est chez son petit-ami, avec vos professeurs de sortilèges et de métamorphose. Il reviendra samedi avec eux. C'est tout ce que je peux vous dire. Il vous expliquera tout en détails s'il le souhaite. Bon, je vais vérifier les soins que vous avez apportés à M. Nott.
Severus s'approcha de Théo et inspecta ses blessures. Elles étaient parfaitement bien désinfectées et le baume avait été correctement appliqué.
- Excellent travail, complimenta-t-il. Vous sentez-vous mieux, M. Nott ?
- Ça fait un peu moins mal, oui. Et Blaise a été super. Comme cet été quand il m'a soigné.
- C'est qu'il a bien choisi sa voie, alors. Bon, nous allons retourner dans mon bureau. J'ai plusieurs choses à voir avec vous, M. Nott. Merci de vous être occupé de lui, M. Zabini. Si vous le désirez, je verrai avec Sainte-Mangouste si vous pourrez y effectuer un autre stage cet été.
- Ce serait super, je n'ai pas eu assez du stage que j'ai fait il y a deux ans pour tout découvrir… Et je n'ai pas pu en faire un l'été dernier car ils étaient débordés entre les patients et les formations des futurs médicomages…
- Je vais essayer de vous trouver une place.
- Merci, professeur. Je vous laisse, à ce soir vers vingt-trois heures dans le dortoir, Théo. J'imagine que je ne te verrai pas avant…
M. Zabini s'en alla tandis que Théo devenait rouge comme une tomate.
- Vous profitez bien de vos vacances, visiblement, constata Severus.
- Je suis toujours rentré avant le couvre-feu, se défendit Théo.
- Mais ce n'était pas un reproche, loin de là. Au contraire, je suis ravi d'apprendre que vous sortez le nez de vos livres et que vous passez du temps avec M. Finch-Fletchley en-dehors de vos séances de travail en binôme. Tant que vous respectez le règlement et que vous restez assidu dans vos devoirs, je vous encourage à continuer ainsi. Allez, rhabillez-vous et on y va.
Théo acquiesça, remit son pull et mit dans ses poches la fiole et le baume que Severus lui tendit. Ils quittèrent l'infirmerie et se rendirent au bureau de Severus. Une fois assis, celui-ci prit la parole :
- Comme vous vous en doutez, j'aimerais revenir sur ce qui s'est passé.
Severus vit l'angoisse envahir le regard de Théo. Il devina ses craintes et le rassura :
- Je vous ai dit que vous n'alliez pas être renvoyé.
- Mais j'ai enfreint le règlement… Je me suis battu en duel…
- Vous n'aviez pas le choix, M. Finch-Fletchley était en danger et pour le sauver, M. MacMillan et vous deviez mettre M. Parker et M. Milligan hors d'état de nuire. C'était eux ou vous. Vous avez d'abord dû éloigner les deux Serdaigle de M. Finch-Fletchley, puis vous avez dû vous défendre face à leurs attaques.
- Milligan a attaqué Ernie en premier, Parker a voulu prêter main forte à son ami et j'ai essayé de le désarmer pour le neutraliser, mais un sort de Milligan a percuté le mien et l'a dévié de sa trajectoire. S'en est suivi un duel entre Parker et moi tandis qu'Ernie et Milligan continuaient à se battre. Je ne pouvais plus aider Ernie, j'étais pris dans un duel, il était tout seul face à Milligan et… je me battais avec Parker et… j'aurais voulu l'aider mais… je ne pouvais pas…
- M. Nott, calmez-vous, ce n'est pas de votre faute si M. MacMillan a été blessé. Personne ne vous tient pour responsable de ce qui lui est arrivé. Comme vous le disiez si bien, vous étiez déjà engagé dans un duel. Vous ne pouviez pas être partout à la fois. Vous avez déjà détourné l'attention de M. Parker qui voulait se battre contre M. MacMillan avec M. Milligan.
- J'ai juste voulu le désarmer et je n'ai même pas réussi…
- Parce qu'un sort de M. Milligan a ricoché contre le vôtre. C'est ce que vous avez dit. Aussi doué soyez-vous, vous ne pouviez pas prévoir ce qui se passerait. Cessez de vous sentir coupable.
- Mais je m'en suis sorti indemne et pas Ernie, ce n'est pas juste… Il a voulu secourir son meilleur ami avec qui il était en froid, ils n'ont même pas pu se parler et ils ne pourront peut-être plus jamais le faire… Ernie s'est sacrifié pour Justin sans avoir pu se réconcilier avec lui…
- Le sort de M. MacMillan n'est pas encore fixé, vous ne devez pas partir pessimiste, dit fermement Severus. Vous avez la culpabilité de celui qui s'en est sorti et pas son camarade et c'est une réaction normale. Mais vous devez oublier cette culpabilité. Vous avez vécu une situation que bon nombre d'Aurors connaîtront dans leur carrière. Beaucoup d'entre eux perdront ou manqueront de perdre un collègue au cours d'une opération et ils se sentiront coupables pour ça. Imaginez un Auror qui s'en veut de ne pas avoir pu sauver un de ses collègues alors qu'il était lui-même aux prises avec un des malfrats. Que lui diriez-vous ?
- Qu'il ne pouvait rien faire, qu'il n'y est pour rien et qu'il ne pouvait pas lutter contre le malfrat et protéger son collègue en même temps…
- Exactement. C'est ce que vous devez vous dire pour vous aussi. Et puis vous devriez vous estimer heureux de vous en être sorti sans trop de dommages. Pensez un peu à M. Finch-Fletchley ! Pensez à son chagrin s'il manquait de perdre à la fois son petit-ami et son meilleur ami ! C'est dur pour lui, en ce moment. Alors soutenez-le et laissez votre culpabilité au placard.
Théo hocha la tête, l'air penaud.
- J'ai compris pour Ernie. Vous avez raison, c'est une chance que j'aille bien. Je dois m'en réjouir. Et je serai évidemment là pour soutenir et consoler Justin. Mais je m'en veux quand-même d'avoir mis à terre deux élèves. J'ai toujours respecté le règlement, à une exception près mais c'était pour ma survie, et voilà que je participe à un vrai carnage dans une salle de classe…
- C'était pour votre survie là aussi. Je vous l'ai dit, c'était eux ou vous. Si vous aviez refusé de vous battre, ils vous auraient laminé et Merlin seul sait ce qu'ils auraient pu vous faire… Le professeur Chourave, Mme Pomfrey et moi-même sommes arrivés assez tard. Ils auraient eu le temps de vous mettre dans un état critique s'ils l'avaient voulu. Le seul reproche qu'on aurait pu vous faire, c'est d'être allés directement régler le problème vous-mêmes au lieu de prévenir les professeurs. Mais ce n'était pas possible. M. Finch-Fletchley était en danger et le temps d'aller chercher les professeurs, M. Parker et M. Milligan auraient pu faire beaucoup de dégâts. M. Finch-Fletchley n'a qu'une plaie dans le dos, mais il est évident que s'il en avait eu le temps, M. Milligan aurait continué. Alors oui, normalement, il faut aller chercher des adultes mais il y a des cas où ce serait une perte de temps qui serait préjudiciable pour la victime. Donc même ça, on ne peut pas vous le reprocher. Vous deviez agir vite, il y avait urgence. Vous n'aviez pas le temps d'aller chercher qui que ce soit. Et une fois sur place, vous avez été obligés d'engager le duel. M. Milligan n'aurait pas arrêté sa torture sur M. Finch-Fletchley parce que vous le lui auriez gentiment demandé. Vous deviez l'écarter de lui. M. Parker et M. Milligan vous auraient de toute façon attaqués pour garder la main sur la situation. Et quand vous vous êtes retrouvé à un contre deux, vous étiez obligé de vous défendre et d'essayer de les neutraliser. Sinon ils vous auraient laminé. De plus, vous ne les avez même pas blessés. Vous les avez juste désarmés et paralysés. Vous n'avez jamais fait le choix de la facilité en leur infligeant des dommages physiques pour venir à bout d'eux alors que M. Parker n'a pas hésité, lui. Vous vous êtes juste défendu tout en prenant garde à ne jamais blesser vos adversaires. Et c'est très noble de votre part. Cela prouve que vous n'avez jamais eu l'intention de provoquer ce duel.
- Je ne peux pas me féliciter pour ça. Si j'ai réussi à venir à bout de Parker en me contentant de me défendre, de tenter de le désarmer et de le neutraliser, c'est grâce aux entraînements dont m'ont fait bénéficier les amis Mangemorts de mon père. J'en ai parlé lors du procès. Sauf qu'ils voulaient que je me batte comme eux, en cherchant à faire mal, à être incisif, à être sans pitié. Mais je n'étais pas d'accord avec ça. J'avais à peine douze ans lors du premier entraînement et déjà, à ce moment-là, j'étais contre la violence. Alors quand les Mangemorts m'attaquaient, je ne faisais que me défendre sans lancer d'offensive, sauf pour essayer de désarmer, d'immobiliser ou de paralyser l'adversaire. Je choisissais le meilleur moment pour ce genre de tentatives. J'étais très axé sur la stratégie mêlée à de l'instinct. Et ça déstabilisait beaucoup les Mangemorts qui n'étaient pas du tout habitués à ça et qui ne pouvaient jamais savoir ce que j'allais faire. Même si je n'aurais jamais dû avoir ces séances, je peux m'estimer heureux de les avoir eues. Sinon, je n'aurais pas pu tenir face à Parker. Mais je ne veux pas me sentir fier pour autant. Parce que j'aurais préféré ne pas avoir ces entraînements.
- Je comprends. Mais dites-vous que c'est votre talent et votre intelligence qui vous ont aidé. Vous n'avez pas suivi les conseils des Mangemorts, du moins, pas tous, car vous avez préféré rester fidèle à vos convictions. Et vous vous êtes alors forgé votre propre stratégie. Elle n'appartient qu'à vous. Et ça, vous pouvez en être fier. Nous reparlerons de tout cela lors de la thérapie, si vous le voulez bien. Ce sujet devra être abordé puisqu'il est lié au procès. Avant de vous parler de quelque chose de très important qui a découlé de ce que j'ai vu lors de votre duel, je souhaiterais vous expliquer ce qui s'est passé du côté des adultes. Je veux parler par-là du professeur Chourave, de Mme Pomfrey et de moi-même. Vous devez sûrement vous poser un tas de questions. Comment avez-nous été au courant de la situation ? Pourquoi avons-nous mis tant de temps à arriver ? Pourquoi sommes-nous intervenus seulement quand vous avez neutralisé M. Parker ? Pourquoi en sais-je autant sur ce qui s'est passé ?
- Je me suis surtout demandé comment vous aviez su, oui, reconnut Théo.
- C'est somme toute assez simple. Ce sont deux élèves de Poufsouffle qui sont venus me voir tandis que deux autres sont allés chercher leur directrice de maison. Ils sont partis dès que vous avez quitté la salle commune de Poufsouffle, M. MacMillan et vous. Tous ceux qui étaient présents ont entendu votre conversation avec M. Powell. Ils ont donc su que M. Finch-Fletchley était en danger et que M. MacMillan et vous étiez allés le sauver. Comme il y avait deux élèves de Poufsouffle et un élève de Serpentard impliqués dans tout ça, ils ont tout naturellement décidé d'aller prévenir les directeurs de maison de ces trois élèves. Ils ne savaient en revanche pas à quelle maison appartenaient les deux élèves qui allaient probablement attaquer M. Finch-Fletchley, puisque M. Powell ne l'a pas précisé. M. Curtis et Miss Fleming m'ont donc dit que M. Finch-Fletchley courrait un danger dans la salle de sortilèges et que M. MacMillan et vous étiez partis lui porter secours. J'ai contacté le professeur Chourave et elle m'a rejoint dans le hall. Au vu de ce que les élèves nous ont dit, nous nous sommes attendus à tomber sur un ou deux duels en arrivant à la salle de sortilèges. Et ça n'a pas manqué. Mais avant de nous y rendre, j'ai dit au professeur Chourave qu'il ne fallait surtout pas intervenir s'il y avait un duel entre vous et quelqu'un d'autre. Nous avons également prévenu Poppy et nous nous sommes organisés en amont au cas où il y aurait des blessés. Il ne faut pas croire que, dès que nous apprenons qu'il y a une situation dangereuse, nous fonçons tête la première pour aller régler ça. Il faut garder la tête froide et se préparer à toute éventualité, mais sans pour autant perdre trop de temps. Nous avons d'ailleurs vite fait tout ce qu'il fallait, puis nous nous sommes rendus à la salle de sortilèges. Lorsque nous sommes arrivés, M. Milligan était maîtrisé, désarmé et immobilisé, M. MacMillan était étendu par terre, inconscient, M. Finch-Fletchley était sous l'effet du maléfice du saucisson et vous vous battiez en duel avec M. Parker. Le professeur Chourave s'est souvenue de ce que je lui avais dit et elle n'est pas intervenue. Évidemment, nous l'aurions fait si vous étiez dans une mauvaise posture mais ce n'était pas le cas. Nous avons donc préféré ne pas prendre de risques. Car cela aurait été beaucoup trop dangereux de nous interposer à cause de votre magie instable. Nul ne pouvait savoir ce qui se serait passé si nous avions tenté de vous séparer. De plus, comme je l'ai dit, vous maîtrisiez votre duel. Il n'y avait pas de sorts trop dangereux, il valait donc mieux attendre la fin du duel pour faire quoi que ce soit. Bien sûr, s'il était devenu plus risqué, et en fonction de la gravité, nous serions intervenus tout en priant pour que votre magie ne repousse pas violemment la nôtre et qu'il n'y ait pas de dégâts. Mais cela n'a pas été nécessaire. Vous avez fini par neutraliser M. Parker et ce, sans le blesser. Le professeur Chourave est alors allée libérer M. Finch-Fletchley du sort qui le bloquait, Mme Pomfrey est allée secourir M. MacMillan et je suis venu vous voir. Voilà ce qui s'est passé de notre côté.
Théo hocha distraitement la tête.
- Je comprends mieux. Vous avez eu le nez creux en vous préparant à un potentiel afflux de patients à l'infirmerie… Il y a eu une super organisation. Ça a été un vrai travail d'équipe qui a commencé par la décision des quatre Poufsouffle d'aller prévenir des adultes…
- Oui, vous pouvez vous féliciter de ne pas avoir lancé le sort d'insonorisation quand M. Powell est venu vers M. MacMillan et vous. Sinon, ces élèves n'auraient rien entendu. Ils ont fait preuve d'une grande sagesse et d'une grande responsabilité en allant chercher des professeurs. Mais la palme du sang-froid revient sans conteste à M. MacMillan et vous. Miss Fleming m'a dit que vous aviez tout de suite pris les choses en main. M. MacMillan a décrété qu'il fallait aller immédiatement à la salle de sortilèges mais vous avez eu la présence d'esprit de penser à M. Powell qui ne pouvait pas rester seul. Vous avez alors demandé à Miss Roper de s'occuper de lui.
- Oui, Alex devait être surveillé pour qu'il ne s'échappe surtout pas de sa salle commune. Il était en danger à partir du moment où il avait dénoncé les deux élèves qui lui faisaient du chantage, même s'il ne nous a pas dit leurs noms. Je ne suis même pas sûr qu'il les connaisse. Il ne fallait pas qu'ils lui tombent dessus si Ernie et moi n'arrivions pas à temps à la salle de sortilèges et que Milligan et Parker étaient déjà partis. Et puis, de toute façon, Alex était trop paniqué pour être livré à lui-même. Il n'a que onze ans, il ne pouvait pas être abandonné à lui-même alors qu'il venait de dénoncer les deux personnes qui le traumatisaient et qui l'avaient rendu complice malgré lui d'une machination contre un de ses camarades alors qu'il n'avait rien demandé… Il n'aurait jamais dû vivre ça, il n'est qu'un enfant... Milligan et Parker ne doivent avoir aucune morale pour l'avoir intimidé, menacé et obligé à faire tout ce qu'ils voulaient. Mais ce n'est pas nouveau. Essayer de noyer quelqu'un pour le punir d'être gay n'a rien de moral. Mais je suis vraiment choqué qu'ils aient monté ce plan contre Justin et qu'ils aient utilisé un élève de première année pour le mener à bien…
- M. Curtis et Miss Fleming n'ont pas eu le temps de m'en parler mais je vais devoir recueillir votre témoignage et ce que vous savez à ce sujet. Nous verrons cela juste avant que vous ne partiez. J'ai quelque chose à voir d'abord avec vous. Lorsque je vous ai vu vous battre en duel avec M. Parker, j'ai compris beaucoup de choses sur votre magie et le rapport que vous avez avec elle.
Théo haussa les sourcils.
- Mon rapport avec elle ?
- Oui, nous avons tous un rapport avec notre magie mais nous n'en avons pas forcément conscience. Lors de votre duel, j'ai donc constaté que vous maîtrisiez à la perfection la puissance de votre magie et que vous saviez la doser et l'optimiser aux moments les plus propices. Lorsque vous avez vu que votre adversaire commençait à reculer, vous avez mis davantage de puissance dans vos sorts afin de l'affaiblir davantage jusqu'à ce qu'il rende les armes. Vous l'avez désarmé et neutralisé quand vous avez su qu'il serait trop faible pour riposter. Mais même quand vous augmentiez la puissance de vos sorts, j'ai bien vu que vous vous limitiez. Vous étiez loin d'être au max. Et tant mieux car sinon, il y aurait eu de sérieux dégâts. Nous savions déjà que vous aviez une grande puissance magique, étant donné que c'est un facteur reconnaissable du trouble dont vous êtes affecté, mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Si vous lanciez un sort avec toute la puissance que vous avez en vous, vous n'en sortiriez pas indemne, tout comme toute personne qui se trouverait dans la même pièce. C'est par instinct de survie que vous n'avez jamais utilisé votre puissance magique au max. Vous saviez inconsciemment que vous deviez vous restreindre au risque de provoquer de gros dégâts. Mais du coup, vous avez une certaine frustration dont vous n'avez pas conscience mais qui peut jouer dans les manifestations de votre trouble magique. Il serait donc préférable d'y remédier. Une magie telle que la vôtre, il faut l'entretenir. Et vous avez besoin de l'extérioriser, sans pour autant utiliser votre puissance au max. Je suis sûr que cela aurait une incidence positive sur votre trouble magique. Vos crises seraient moins fréquentes et moins intenses. Jusqu'à présent, nous ne savions pas pourquoi le traitement manquait autant d'efficacité sur vous, mais cela peut être dû à cette trop grande puissance magique. Le fait que vous ayez toujours été discret sur vos talents n'a pas arrangé les choses. Vous avez sûrement eu beaucoup moins d'accidents que les autres enfants lorsque vous étiez petit. Celui qui vous a élevé ne devait pas être très indulgent à ce sujet.
- Il me battait à cause de ça, oui. Et je n'ai pas eu beaucoup d'accidents, en effet. J'ai dû refouler ma magie quand je me suis fait punir pour la première fois suite à un vase cassé.
- Ce qui peut expliquer partiellement cette trop forte puissance magique. Il est temps que vous vous en libériez. Une heure de magie intense par semaine vous y aiderait et vous ferait le plus grand bien. Et cela réduirait les risques de crises de votre trouble magique. Car votre magie serait plus calme en vous, elle serait contrôlée, modérée, apaisée. Vous la connaîtriez mieux. Je pense que, sans le savoir, vous avez peur de votre magie. Vous sentiez, inconsciemment, et depuis longtemps, qu'elle est très puissante et ça vous a effrayé. Vous l'avez refrénée et ce n'était pas bon du tout. En fait, il aurait été préférable que vous preniez part aux cours de duel. Mais vous aviez déjà un emploi du temps assez lourd comme ça avec vos quatre options, les séances de travail en binôme et les entraînements de Quidditch. Voici donc ce que je vous propose. Vous allez vous défouler une heure par semaine, en alternance avec le professeur Black et le professeur Flitwick qui sont les plus à même de s'occuper de ça, étant respectivement professeur de sortilèges et professeur de duel. Je leur en parlerai mais je sais qu'ils seront d'accord. Le professeur Flitwick va être heureux de se confronter à un élève qui a de grandes prédispositions pour le duel. Il va probablement regretter de ne pas vous avoir dans ses cours. Je pense que cela vous fera du bien d'être cadré par ces deux professeurs. Mais je n'irai les voir que si vous êtes d'accord. C'est vous qui décidez.
- Cette idée me tente bien, avoua Théo. Mais si je comprends bien, je vais devoir me battre… contre des professeurs ?
- Oui, mais il y aura des limites, rassurez-vous. Ce seront en revanche de vrais duels, en effet. À ce stade, c'est cela qu'il faut. Ne vous sentez pas mal à l'aise à l'idée d'attaquer vos professeurs. Vous aurez le droit. Après, je ne vous oblige à rien. Je vous le répète : c'est vous qui voyez. Mais je pense que ça vous ferait vraiment du bien.
- J'accepte, alors, déclara Théo.
Severus fut un peu surpris par la rapidité de la décision de son élève.
- Vous avez le temps d'y réfléchir, je n'attends pas une réponse dans l'heure…
- Je sais mais je n'ai pas besoin d'y réfléchir. C'est tout vu. S'il y a une solution concrète qui puisse soulager mon trouble magique, ce serait dommage de passer à côté. Alors si cela ne dérange pas le professeur Black et le professeur Flitwick de s'occuper de moi, je veux bien pratiquer une heure de magie intense hebdomadaire avec eux.
- Bien, je suis ravi de vous voir accepter aussi facilement. Si cela vous convient, ces séances auront lieu le dimanche, de onze heures à midi.
- Ça me va, approuva Théo.
- Parfait. Maintenant que ceci est réglé, je vais recueillir votre témoignage sur ce qui s'est passé.
- Il va y avoir une confrontation ? s'inquiéta Théo.
- Non, rassurez-vous, ce ne sera pas nécessaire. Vous devez vous souvenir des sanctions qui ont été prononcées à leur égard lors du conseil disciplinaire ? Ils ont eu cinq semaines d'exclusion, ils ont dû s'acquitter d'une amende, ils étaient mis à l'épreuve, ils n'avaient pas le droit de vous approcher, ils avaient interdiction de se promener dans les couloirs en-dehors de leurs heures de cours, et à la moindre incartade, ils seraient définitivement renvoyés de Poudlard. Eh bien c'est ce qui les attend. Ils vont être expulsés et ne pourront donc pas passer leurs ASPIC. Ou alors ils devront s'arranger. Mais dans ce cas, ils devront payer, alors qu'ils n'auraient rien à débourser en tant qu'élèves.
- Ça doit être rare, deux Serdaigle qui ne passent pas leurs ASPIC…
- En effet. On ne peut pas dire qu'ils fassent honneur à leur maison. Mais laissons cela de côté. Vous sentez-vous prêt à témoigner de ce qui s'est passé ?
- Oui. Est-ce que je dois parler du contexte ? Car je n'ai compris qu'aujourd'hui que Justin avait des ennuis avec Milligan et Parker. J'avais bien remarqué des éléments étranges dans son comportement depuis que j'étais sorti de l'infirmerie, mais il avait des explications très convaincantes à chaque fois, alors je ne me suis pas posé de questions…
- Je veux bien que vous m'en parliez, oui. Le fait que M. Finch-Fletchley avait une attitude étrange constituera une preuve du harcèlement qu'il subissait. Dites-moi tout, le moindre détail peut avoir son importance.
Théo acquiesça et se lança dans son récit. Severus l'écouta sans l'interrompre et écrivit tout ce qu'il dit. Trois quarts d'heure plus tard, il avait un résumé plus que complet du contexte antérieur et des événements de la journée.
- Merci beaucoup, M. Nott. Face à votre version qui corroborera avec celle de M. Finch-Fletchley, M. Parker et M. Milligan devraient rapidement avouer.
- Est-ce que vous allez interroger Alex ?
- Il est un élément clé dans cette histoire, donc oui. Mais tout sera fait pour le mettre en confiance.
- Il avait peur d'être renvoyé… Mais il était prêt à prendre le risque pourvu qu'on sauve Justin…
Severus regarda attentivement Théo.
- Ce qu'a subi ce garçon vous a beaucoup marqué, n'est-ce pas ? demanda-t-il doucement.
- Oui, murmura Théo. Il est une victime, dans cette histoire. Il était obligé de faire ce que Parker et Milligan lui demandaient et il ne pouvait rien dire sinon ils s'en prendraient à sa sœur qui est dans la même année qu'eux. Il était coincé. Mais il s'en veut d'avoir attiré Justin dans ce guet-apens, et il aurait été prêt à se mettre en danger pour qu'on puisse le sauver. En soi, il l'a déjà fait en dénonçant ses deux harceleurs… J'ai peur qu'il garde un traumatisme de cette histoire et qu'il ait du mal à s'en remettre. Je sais que vous avez décidé de vous délester de la majorité de vos heures de cours pour vous reposer, mais…
- Ne vous en faites pas, je n'ai pas eu besoin que vous me suggériez de prendre M. Powell comme patient pour que je revienne sur ce que je vous ai dit il y a trois heures, dit Severus, amusé. J'ai dit à votre petit-ami qu'il serait préférable qu'il parle de tout ce qui s'est passé. Mais ça devrait être assez court pour lui. À part si ces séances le poussent à parler d'autres choses qui le tourmentent. Mais il ne m'a pas encore donné de vraie réponse.
- Vous pensez que je devrais essayer de le convaincre ?
- Vous pouvez aborder le sujet mais n'insistez pas si vous voyez qu'il est réticent.
- D'accord. Et… pour Alex ?
- Je m'en occupe avec le professeur Chourave, assura Severus. Avez-vous d'autres questions ?
- Non, c'est bon.
- Ça va aller, pour vous ? Vous avez vécu quelque chose d'assez traumatisant. Vous avez dû sauver votre petit-ami des griffes de deux élèves, vous avez vu un de vos camarades se faire projeter contre un mur, vous avez été engagé dans un duel contre un de vos ex agresseurs…
- Je pense que voir Justin va m'aider à surmonter tout cela, estima Théo. Et comme vous l'avez dit, je vais devoir le soutenir.
- Certes, mais vous ne devez pas négliger votre propre choc pour autant. Ça va peut-être maintenant mais le contre-coup pourrait être rude. Promettez-moi de venir me voir si vous ne vous sentez pas bien.
- Je vous le promets, jura Théo.
- Bien, vous pouvez y aller, alors.
Théo remercia Severus, se leva, le salua et s'en alla. Severus ne perdit pas une seconde et envoya un Patronus à Sirius. Il devait lui parler et vite. Heureusement, les Patronus étaient plus rapides que les hiboux à délivrer leur message. Aussi eut-il la réponse de Sirius dans les dix minutes qui suivirent, l'informant qu'il venait tout de suite à Poudlard. Severus ne lui avait pas dit grand-chose dans son message, juste qu'il y avait un problème avec deux élèves de Serdaigle et qu'ils devaient en discuter de vive voix. Lorsque des coups furent entendus à sa porte, Severus s'empressa d'aller ouvrir.
- Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit aussitôt Sirius. Qui sont ces deux Serdaigle dont tu me parlais ? Qu'est-ce qu'ils ont fait ?
- Assis-toi, je vais t'expliquer.
Sirius s'installa, tout comme Severus qui prit place en face de lui. Il raconta alors tout à son ami et collègue. Sirius fut surpris et sous le choc.
- Merlin mais c'est horrible… Comment de telles choses ont-elles pu se produire ici ? Alors que ces deux élèves étaient censés se tenir à carreau ?
- Ils ont tout simplement enfreint les règles qu'ils devaient respecter. Et ils ont été très discrets.
- Ils vont être renvoyés de Poudlard, j'espère ?!
- Il y a de grandes chances, oui. J'ai déjà la version des faits de Théo et Pomona va bientôt recueillir celle de M. Finch-Fletchley. Nous allons ajouter la nôtre, puisque nous avons assisté à la fin du duel entre Théo et M. Parker, ainsi que celle des deux accusés que nous aurons lors de la convocation à laquelle nous assisterons, Filius, Pomona, toi et moi. Si M. Parker et M. Milligan reconnaissent les faits, il y aura juste à envoyer toutes les dépositions au Magenmagot qui fera savoir au plus vite leur décision. Il n'y aura pas besoin de conseil disciplinaire. Il avait été décidé qu'à la moindre bêtise, ils seraient définitivement expulsés de Poudlard. Ils le seront temporairement en attendant que Pomona recueille la déposition de M. Finch-Fletchley et que tu rentres de tes vacances. La convocation aura lieu peu après la rentrée, je pense.
- D'accord. Je me serais absenté du Square quelques heures s'il l'avait fallu…
- Ce ne sera pas nécessaire. Tant que M. Parker et M. Milligan sont loin de Poudlard, nous pouvons prendre notre temps pour organiser cette convocation. Profite de tes vacances au Square. Enfin, je te dis ça, mais j'ai un service à te demander qui prendraient plusieurs heures de ton temps…
- Je t'écoute.
- C'est au sujet de Draco. Il m'avait fait part de son envie d'aller voir sa mère à Sainte-Mangouste pendant les vacances. Je devais l'accompagner et comme je voulais faire d'une pierre deux coups en cherchant à en savoir plus sur l'état de Narcissa auprès du médicomage qui s'occupe d'elle, j'avais pris contact avec lui et on avait convenu d'un rendez-vous vendredi à quinze heures. Sauf que je ne vais pas pouvoir venir avec Draco vu que nous sommes en froid… Alors j'ai pensé que tu pourrais peut-être l'y emmener…
- Oui, bien sûr, mais tu vas devoir annuler le rendez-vous avec le médicomage…
- Tu pourrais me remplacer pour ça aussi.
Sirius fronça les sourcils.
- Pardon ?
- J'aurai juste à fournir une dérogation dans laquelle j'expliciterai ton lien familial avec Draco. Tu es son grand-cousin et la seule personne de sa famille qui puisse s'occuper de lui, sa tante Bellatrix étant à Azkaban et sa tante Andromeda ayant été reniée par sa famille… Et puis tu es son professeur à Poudlard.
- Et le parrain de son petit-ami.
- Je doute que ce soit considéré comme un lien valable, s'amusa Severus. Mais rien qu'avec ce que j'ai mentionné, tu es tout à fait en droit de me remplacer. Mais je ne t'oblige à rien. Tu peux refuser.
- Non, non, je veux bien accompagner Draco. Même s'il se reposera suite à la pleine lune, Remus veillera sur Harry. Il faut bien que Draco aille voir sa mère… J'espère juste que lui acceptera que je vienne avec lui.
- Ça se passe bien, entre vous ?
- Oh oui, très bien.
- Il acceptera, alors. Merci de bien vouloir l'emmener, en tout cas. Sa mère lui manque, même s'il essaie de ne pas le montrer, c'est donc important pour lui de lui rendre visite…
- Je comprends totalement. Et je suis heureux de pouvoir faire quelque chose pour lui. Est-ce que tu souhaitais voir le médicomage seul ou avec Draco ?
- Avec Draco. Il a le droit de connaître l'état de sa mère.
- Tout à fait d'accord. On ira à Sainte-Mangouste vers treize heures trente, histoire de lui laisser du temps avec sa mère avant le rendez-vous.
- Ça me semble parfait. Je ne sais pas s'il restera plus d'une heure avec elle, ça deviendra peut-être dur, au bout d'un moment.
- Il verra en temps voulu. Juste une question : est-ce que je dois lui parler de ce qui s'est passé ? Car ça concerne quand-même un de ses meilleurs amis ainsi qu'un de ses collègues préfets…
- Ce serait mieux, oui. Tant qu'à faire, fais-le en présence de Harry.
- D'accord, je leur en parlerai ce soir, lors du dîner. Mais qu'est-ce que ça va donner pour Ernie, du coup ? D'après ce que tu m'as dit, il est dans un état assez grave…
- Oui, il est dans le coma avec un sévère traumatisme crânien. Poppy et moi allons nous relayer afin de le surveiller en continu. Là, Poppy est en train de faire tous les examens pour déterminer toutes les lésions qu'il peut avoir. Mais je sens qu'il va devoir être transféré à Sainte-Mangouste.
- Oh non… Mais… il va s'en sortir ?
- Je pense, oui. Mais ce sont surtout les potentielles séquelles qui nous inquiètent. C'est pour ça que nous devons le surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre et faire toute une panoplie d'examens. S'il y a la moindre urgence, il faut la détecter au plus vite pour éviter que ça ne s'aggrave et que les risques de séquelles s'accentuent. Je vais bientôt devoir remplacer Poppy, d'ailleurs. Il vaut mieux que je m'occupe des examens les plus approfondis. Mais il me reste encore quelques minutes avant de retourner à l'infirmerie.
- Tant mieux, car je voulais savoir si Ernie va être remplacé ou si les préfets vont devoir faire plus de rondes…
- Le mieux serait qu'il soit provisoirement remplacé, mais nous verrons tout cela samedi, lors de la réunion avec Dumbledore.
- Ah oui, j'avais presque oublié… C'est à quatorze heures, c'est ça ?
- Oui.
- Il va falloir qu'on s'en aille vers onze heures, alors… Franchement, j'aurais préféré qu'elle ait lieu hier, comme c'était prévu…
- Moi aussi. Je ne me serais pas disputé avec Draco vu que je n'aurais pas pu le convoquer à treize heures, la réunion devant se tenir une heure plus tard… Mais Pomona n'avait pas encore terminé sa liste. Elle avait besoin de quelques jours de plus pour choisir ses six élèves. Mais j'ai hâte que cette réunion ait lieu. J'ai des propositions à faire. Ce qui est arrivé à M. MacMillan m'a fait réaliser que le système des préfets n'était pas au point. C'est très rare qu'un préfet soit indisponible pendant un certain temps, on n'avait donc jamais encore soulevé cette question. Et on se retrouve donc embêtés quand ça nous tombe dessus. Je vais alors suggérer que chaque préfet ait un suppléant. Les équipes de Quidditch ont bien des joueurs titulaires et des joueurs remplaçants, alors pourquoi ce ne serait pas le cas pour les préfets ? Tant qu'on y est, j'en profiterai pour proposer qu'il y ait également des co-capitaines. Ça pourrait être utile lorsque le capitaine est dans l'incapacité d'assumer son rôle lors d'un entraînement ou d'un match. D'habitude, quand ça arrive, un joueur est nommé au pied levé pour prendre la relève mais ce serait bien que ce soit un peu plus officiel.
- Je comprends. Et ce sont de très bonnes idées. Aussi bien pour les suppléants préfets que pour les co-capitaines.
Severus regarda Sirius avec un air à la fois moqueur et amusé.
- Tu dis amen à tout ce que je propose.
- Je voulais juste te faire plaisir. En vrai, je trouve que tes idées sont nulles.
- Merci, tu me rassures. Bon, j'y vais. Merci encore pour tout.
Sirius fit un signe de tête, souhaita bon courage à Severus et s'en alla. Severus prit sa mallette et sa baguette, quitta à son tour son bureau et se rendit à l'infirmerie. Poppy vint aussitôt à sa rencontre. Il redouta alors ce qu'elle allait lui dire.
- M. MacMillan a développé un hématome autour du cerveau, j'ai déjà prévenu Sainte-Mangouste, ils sont prêts à l'accueillir.
Severus ferma brièvement les yeux. Rester calme. Ne pas craquer. Les choses étaient sous contrôle, Poppy avait fait ce qu'il fallait. Et dans un délai qui laissait de bonnes chances à M. MacMillan de s'en sortir. C'était ça qu'il devait se dire.
- Vous voulez que je m'occupe du transfert ?
- Non, je vais le faire, je ne vais pas dire que j'ai l'habitude mais j'en ai déjà fait quelques-uns.
- C'est vrai. De plus, c'est vous qui avez fait tous les examens. Je ne pourrais pas être aussi précis que vous. Je vais gérer l'infirmerie pendant votre absence, dans ce cas.
- Bien, merci, Severus.
Poppy retourna aussitôt voir son patient. Severus soupira. Il avait l'impression que plus rien n'allait depuis la veille. Voire même depuis le début de l'année scolaire. Jamais une année ne lui avait paru aussi mouvementée. Il y avait eu des périodes d'accalmie, mais elles ne restaient que provisoires… Un proverbe disait cependant qu'après la tempête, le beau temps revenait toujours. Pour l'instant, le temps était très orageux, avec un ciel noir, des torrents de pluie et d'énormes rafales de vent. Mais Severus n'était pas seul. Il avait plein de petits rayons de soleil autour de lui. Et un autre proverbe affirmait que l'union faisait la force. Alors peut-être qu'en s'y mettant tous ensemble, tous ces petits rayons feraient revenir le soleil et ce, pour longtemps…
.
.
POV Théo
.
À peine Théo fut-il sorti du bureau du professeur Snape qu'il entendit quelqu'un l'appeler. Il tourna la tête vers la droite et sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine en voyant Justin. Celui-ci lui fit signe de le rejoindre, ce qu'il s'empressa de faire. Justin l'entraîna dans un coin au moment où la porte du bureau du professeur Snape s'ouvrait. Ils restèrent sans parler, sans bouger, jusqu'à ce que les bruits de pas de leur professeur s'éloignent.
- Je pensais bien qu'il partirait peu après toi, et je ne voulais pas qu'il nous voit nous précipiter vers les escaliers et qu'il se doute qu'on allait se cacher quelque part, expliqua Justin.
- C'est pourtant ce qu'on va faire, là, tout de suite, maintenant, mais il n'est pas obligé de le savoir, dit Théo, espiègle.
- Tout à fait, approuva Justin en souriant. On y va ?
Théo acquiesça et il n'en fallut pas plus pour qu'ils sortent de leur cachette. Ils se dirigèrent vers les escaliers qu'ils montèrent jusqu'au septième étage. Ils se rendirent à la salle sur demande que Justin fit apparaître, puis ils y pénétrèrent. Théo eut à peine le temps de regarder le décor qu'il se retrouva plaqué contre un mur avec les lèvres de Justin sur les siennes. Il ne s'en plaignit absolument pas et entrouvrit aussitôt la bouche pour que la langue de Justin puisse s'y glisser. Le muscle buccal de son petit-ami ne tarda pas à rencontrer le sien et ils entamèrent vite une danse active et effrénée. Leurs lèvres n'étaient pas en reste et ne se laissaient aucun répit. Ils cherchaient autant l'un que l'autre à se soulager dans ce baiser qui était le plus intense qu'ils n'avaient encore jamais partagé jusque-là. Ils avaient besoin de sentir qu'ils étaient ensemble, qu'ils se portaient bien, que ce qui s'était passé durant la matinée était derrière eux, qu'ils étaient en sécurité, qu'ils pouvaient s'aimer, se toucher, s'embrasser, se repaître de leur amour… Théo avait tant eu peur pour Justin alors que celui-ci avait dû craindre de ne plus jamais le revoir… Le baiser était alors avide, désespéré et urgent mais ils en avaient terriblement besoin. Et malgré le manque de douceur qui n'avait pas vraiment sa place dans de ce baiser de retrouvailles, ils y mettaient tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Théo n'aurait jamais pensé vouloir ce genre de baiser mais la situation n'était pas vraiment normale non plus. Justin et lui durent cependant rompre le baiser au bout d'un moment s'ils ne souhaitaient pas s'évanouir par manque d'oxygène. Ils se regardèrent et Théo sentit les larmes lui monter aux yeux en voyant dans ceux de Justin tout l'amour qu'il lui portait. Et elles coulèrent lorsque son petit-ami lui murmura ces trois petits mots :
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi, chuchota Théo. Je t'aime. Je t'aime tellement… Je ne veux plus jamais avoir peur de te perdre, c'est trop douloureux, j'ai eu l'impression que plus rien n'aurait de sens si Ernie et moi n'arrivions pas à te sauver…
- Mais vous m'avez sauvé et c'est ça le principal, dit doucement Justin. J'aurais juste préféré que ça ne se fasse pas aux dépends de mon meilleur ami… Vous vous êtes mis en danger pour me venir en aide et je m'en veux énormément pour ça. Je te demande pardon, Théo. Je n'ai jamais voulu que tu te battes en duel avec un de tes anciens agresseurs alors que tu as horreur de ça… Tu es pacifiste, tu détestes la violence et…
Théo interrompit Justin en posant un doigt sur ses lèvres.
- Mes principes et mes valeurs n'ont plus beaucoup d'importance lorsque je dois sauver un de mes proches des griffes de quelqu'un. Je ne t'aurais jamais laissé entre les mains de ces deux Serdaigle. Je t'aime et je suis prêt à me sacrifier pour toi. Et tu ne pourras jamais m'en empêcher. Car l'amour que j'ai pour toi est plus fort que tout.
Justin sembla bouleversé par ces mots, si bien qu'il reprit possession des lèvres de Théo sans avoir pu dire quoi que ce soit. Théo lui rendit vite son baiser et ils s'embrassèrent une nouvelle fois mais de façon beaucoup plus douce que précédemment. Ils se séparèrent quelques minutes plus tard, déjà un peu plus apaisés qu'avant.
- Je suis désolé de ne t'avoir rien dit, s'excusa Justin. Tu avais pourtant vu que j'étais bizarre mais je te rassurais en inventant toutes sortes de mensonges…
- Je ne t'en veux pas, dit sincèrement Théo. Je comprends très bien pourquoi tu m'as caché ce que tu subissais. Je n'ai deviné qu'aujourd'hui que tu te faisais harceler mais j'ignorais par qui jusqu'à ce qu'Alex vienne voir Ernie, avec qui j'étais, pour lui dire que tu étais en danger et lui demander de te sauver… Il nous a racontés son histoire avec deux garçons plus vieux que lui qui lui faisaient subir du chantage, des intimidations et des menaces pour qu'il fasse ce qu'ils voulaient. Il nous a dit qu'il avait dû se rapprocher de toi par le biais des cours particuliers et que ces garçons avaient voulu aller à celui de ce matin à ta place. C'est là que j'ai compris qu'il s'agissait de Parker et Milligan.
- Et vous avez aussitôt volé à mon secours… Alors que tu savais très bien que ceux qui m'avaient attiré dans un piège étaient tes anciens agresseurs… Tu n'as pas hésité une seule seconde à venir te confronter à eux…
- Tu étais en danger, c'était tout ce que je me disais… J'ai quand-même pensé à missionner Sophie de garder Alex près d'elle avant de me ruer vers la salle de sortilèges avec Ernie…
- Mais qu'est-ce que vous faisiez ensemble, nom d'un chien ?! S'il y a bien une chose qui m'étonne plus que d'autres parmi tout ce qui s'est passé aujourd'hui, c'est que tu étais avec Ernie dans la salle commune des Poufsouffle ! Parce que j'imagine que c'est là où vous étiez si Alex a pu trouver Ernie assez facilement…
- En effet. En fait, c'est Susan qui m'a supplié d'aller voir Ernie…
Théo raconta alors à Justin sa discussion avec Susan après son entrevue avec le professeur Snape. Il lui relata ensuite sa conversation avec Ernie dans la bibliothèque, puis dans le couloir, puis dans la salle commune de Poufsouffle où ils avaient été interrompus par Alex qui était venu voir Ernie.
- Je n'aurais jamais cru que Susan te demanderait d'arranger les choses entre Ernie et moi… Et que tu irais le voir alors qu'il y avait de grandes chances qu'il t'envoie bouler… C'est d'ailleurs ce qu'il a fait au début mais tu as réussi à le convaincre d'accepter la discussion.
- Ouais, quand j'ai voulu partir après lui avoir fait un bref résumé de ma super matinée…
- Ernie est un Poufsouffle, ça a dû le peiner et il s'en est voulu de t'avoir rejeté.
Un voile de tristesse traversa le regard de Justin. Mais il se ressaisit vite et adressa un sourire contrit à Théo :
- Tu as beau ne pas m'en vouloir de t'avoir caché que je me faisais harceler, moi, je m'en veux. Je me sens coupable. Si je t'en avais parlé, tu m'aurais poussé à aller voir ma directrice de maison, je lui aurais dit que je soupçonnais Josh et Dick d'être derrière tout ça et elle aurait pris des mesures pour me protéger d'eux… Au lieu de ça, je n'ai rien dit à personne et je leur ai laissé le champ libre pour continuer de s'en prendre à moi…
- Tu avais peur de leurs représailles si tu parlais et c'est normal. Et tu ne pouvais pas savoir ce qu'ils allaient faire. Tu ne pouvais pas savoir qu'ils avaient mis Alex sous leur coupe et qu'il te menait en bateau à leur demande. Tu ne pouvais pas savoir qu'Alex te tendrait un piège sous la contrainte par le biais de vos cours particuliers et que ce seraient Parker et Milligan qui te rejoindraient ce matin et pas Alex. Tu es une victime dans tout ça, Justin. Comme Alex. C'est à eux de s'en vouloir pour ce qu'ils vous ont fait. Pas à vous.
Justin hocha la tête, l'air de souhaiter s'imprégner des paroles de Théo.
- Et puis, ce n'est pas trop tard pour que tu me racontes de quelle façon ils te harcelaient. Non pas que je veuille vraiment savoir, mais si ça peut te soulager un peu de ta culpabilité…
Justin sourit.
- Tu vas en faire des cauchemars si je te dis ce qu'ils me faisaient. Pas que c'était particulièrement violent, mais c'est surtout l'atmosphère angoissante dans laquelle j'étais perpétuellement plongé qui pourrait te mettre mal à l'aise.
- J'en ai vu d'autres. Ça va me faire mal, évidemment, mais je peux le supporter.
Justin céda et fit le récit à Théo de toutes les attaques indirectes dont il avait été victime de la part de Milligan et Parker. Son verre de jus de citrouille qui se renversait, son pantalon qui se décousait pendant qu'il marchait, ses cheveux qui le grattaient sans raison, un bout de verre qui se retrouvait dans son sac de sorte à ce qu'il se coupe avec…
- Je n'ai jamais cassé de statuette, avoua Justin après avoir cité le dernier exemple. J'ai inventé cette histoire pour justifier la blessure que j'avais à la main. Mais j'en ai bien dans mon dortoir.
- Et tu aimes réellement faire les brocantes ?
- Oui, et mon père déteste vraiment ça, lui. Il n'y a que la statuette cassée que j'ai inventée. Je suis désolé de t'avoir menti à ce sujet également.
- Cesse de t'excuser, intima gentiment Théo. Ça fait partie de ce que tu devais faire pour éviter les représailles de Milligan et Parker. Le principal, c'est que tu ailles bien et qu'ils soient renvoyés de Poudlard. Tout ça est derrière nous, désormais.
Justin acquiesça mais la tristesse envahit de nouveau son regard. Théo devina alors qu'il pensait à Ernie. La gêne le gagna et son sentiment de culpabilité revint au galop. Il le chassa néanmoins et se concentra sur Justin :
- Tu as des nouvelles d'Ernie ? Tu sais comment il va ?
- Pas vraiment. J'ai essayé d'en savoir plus pendant que tu étais avec le professeur Snape mais Mme Pomfrey ignorait elle-même l'étendue des dégâts à ce moment-là. Elle lui faisait passer tout un tas d'examens. Elle ne pouvait pas encore dire si Ernie allait avoir des séquelles. Tout ce qu'elle a pu me dire, c'est qu'il est dans le coma et qu'il a un sévère traumatisme crânien. Même si elle n'a pas voulu le préciser, j'ai bien compris qu'Ernie n'était pas sorti d'affaire pour le moment.
La voix de Justin se brisa lorsqu'il prononça ces mots.
- Je me sens tellement coupable… C'est pour me sauver qu'il s'est pris ce sort qui l'a projeté contre le mur… On était en froid et il est pourtant venu à mon secours… Et il n'a pas hésité à se mettre en danger pour moi… Il a hurlé à Milligan de me lâcher… J'aurais tellement voulu l'emmener loin de tout ça et avoir une discussion avec lui… Je ne lui en veux plus pour la réaction qu'il a eue quand je lui ai annoncé mon homosexualité, je sais maintenant qu'il n'a pas réfléchi sur le moment, enfin j'ai fini par le comprendre, et je me doute qu'il s'en voulait mais qu'il n'osait pas venir me voir… J'ai été blessé quand il m'a rejeté mais là, il m'a donné la plus belle preuve d'amitié en me sauvant des griffes de Milligan… Et je ne peux même pas le remercier pour ça… Il m'est venu en aide, il s'est battu avec Milligan alors qu'il n'avait rien à voir avec lui, je sors indemne de cette histoire et c'est lui qui se retrouve à l'infirmerie dans un état grave… Alors qu'il n'a rien demandé…
- Il a fait comme moi, il n'a pas réfléchi. Son meilleur ami était en danger, il devait le sauver. Peu importe s'il devait se sacrifier pour cela. Je te disais tout à l'heure que tu n'aurais rien pu faire pour m'empêcher de te venir en aide, eh bien lui c'est pareil. Je comprends que tu t'en veuilles mais tu n'y es pour rien. Tu ne lui as justement pas demandé de venir te secourir. Il l'a fait de lui-même. Il était conscient des risques qu'il prenait. Mais rien n'aurait pu l'empêcher de faire ce qu'il estimait être son devoir d'ami. Toi-même, tu aurais fait pareil, à sa place. Et tu n'aurais pas souhaité qu'il se sente responsable. Alors essaie de passer au-dessus de ce sentiment de culpabilité, d'accord ?
Justin hocha la tête.
- Tu as raison. Ce n'est pas non plus comme si j'avais demandé à Dick et Josh de m'attirer dans ce piège…
- Exactement. Et je suis sûr qu'Ernie va s'en sortir.
- Je l'espère. Mais je préfère qu'on parle d'autre chose. Enfin non, je ne veux pas parler. Tes lèvres m'appellent trop.
- Qu'attends-tu pour répondre à leur appel, alors ? demanda Théo, mutin.
Justin sembla beaucoup apprécier cette petite provocation et s'empara derechef des lèvres de Théo qui se laissa faire volontiers. Il répondit au baiser en y mettant autant d'ardeur que Justin. Celui-ci se pressa tout contre Théo et enfouit ses mains dans ses cheveux malgré le fait qu'ils soient courts. Théo savait que Justin les aimait justement en partie pour cela. Parce que cette coupe le rendait très mignon. Lui, passa ses bras autour du cou de son petit-ami tout en mouvant ses lèvres contre celles de Justin. Leurs langues jouaient ensemble, se taquinant, s'enroulant l'une autour de l'autre, dansant ensemble dans un long ballet sensuel… Jamais cela n'avait été aussi intense entre eux. Et pourtant Théo n'était pas spécialement gêné. Il en voulait même plus. Quelque chose s'était libéré en lui. Il avait failli perdre Justin, il désirait donc désormais profiter le plus possible de sa relation avec lui. Il se colla alors davantage à lui, souhaitant sentir au maximum le corps de son petit-ami contre le sien. Il entendit Justin soupirer dans le baiser tandis que ses mains quittèrent ses cheveux pour venir se loger dans le bas de son dos. Il exerça une pression dessus, appuyant ainsi leurs bassins l'un contre l'autre. Ce geste déclencha en Théo quelque chose qu'il n'avait jamais connu. Il eut soudain chaud. Très chaud. Il avait déjà expérimenté cette chaleur, pendant les vacances de Noël, lorsque Justin et lui s'étaient embrassés une fois dans leur repaire secret, mais là aussi, c'était beaucoup plus intense. Il eut envie de rapprocher encore plus leurs corps. Il avait l'impression que ce n'était jamais assez. Il ignorait ce qui lui prenait, tout à coup, c'était assez perturbant, mais il mit cela sur le compte de la lourde matinée qu'il avait eue. Il ne se posa pas plus de questions et se serra encore plus contre son petit-ami. Le baiser était toujours aussi passionné et n'aidait pas la température à descendre dans le corps de Théo. Soudain, les lèvres de Justin lâchèrent les siennes, le faisant grogner de frustration. Mais il n'eut pas le temps de râler car la bouche de Justin vint se poser dans son cou, lui arrachant un long gémissement qu'il ne put contenir. Il haleta alors que la chaleur affluait dans son bas-ventre et, sans pouvoir se l'expliquer, il sut à ce moment-là qu'il était plus que temps de mettre un terme à cette étreinte. Il repoussa malgré lui Justin, et le regretta presque en se retrouvant privé de la chaleur que dégageait le corps de son petit-ami. Ce dernier s'inquiéta de sa réaction :
- J'ai fait quelque chose de mal ?
- Non, c'est juste que… ça me faisait un peu trop de bien, je crois.
Justin sembla se troubler pendant quelques secondes.
- Tu veux dire… que ça t'a fait réagir ?
Théo fronça légèrement les sourcils. Justin hésita avant de préciser :
- Entre les jambes.
Théo se sentit rougir violemment. Il se concentra sur cette partie de son anatomie et réalisa en effet que c'était un peu tendu. Mais à peine se fit-il cette constatation que cette infime présence disparut. La honte qui l'avait envahi avait eu raison de sa réaction mécanique. Mais c'était sûrement mieux ainsi. Au moins, il n'aurait pas à s'en occuper. Il ne l'avait jamais fait jusque-là et il n'était pas prêt encore à le faire.
- C'est passé, informa-t-il d'un ton qu'il voulut neutre.
Le soulagement se lut dans le regard de Justin.
- Je suis désolé, je… je ne pensais pas que… que ça allait avoir cet effet-là sur toi…
- Tu ne pouvais pas prévoir, c'était la première fois que ça arrivait, dit Théo, gêné.
- Parce que c'est la première fois qu'on allait aussi loin… Enfin, on n'a rien fait de nouveau mais… disons qu'on y a mis plus d'ardeur que d'habitude. C'est normal que ça t'ait fait réagir.
- Mais… pourquoi moi ? Je veux dire… Ça aurait dû te le faire, à toi aussi… Ou alors ça te l'a fait mais tu préfères ne pas me le dire…
- Non, ce n'est pas vraiment ça. Si je ne me retenais pas, oui, ça me l'aurait fait. Mais ce qui vient de t'arriver, ça m'était arrivé à moi aussi une fois, j'avais tenté de te le faire comprendre mais sans y parvenir. J'avais alors dû partir pour m'en occuper.
- Oh… Ça me dit quelque chose, effectivement. Mais pourquoi, là, tu n'as rien eu ?
- Parce que depuis ce jour, je me retiens. J'ai bien saisi que tu n'étais pas prêt à ce qu'on fasse quoi que ce soit, donc il valait mieux que je m'empêche de réagir. Je n'avais pas envie de devoir écourter nos rendez-vous à chaque fois que je laissais le désir prendre le dessus…
- Oh… Je vois. Tu es vraiment adorable. Tu veux qu'on aille plus loin et au lieu d'essayer de me le faire savoir, tu te retiens…
- Ne commence pas à t'excuser, intima Justin gentiment mais fermement. On en a déjà parlé. Je t'ai dit que j'étais prêt à attendre le temps nécessaire et que j'avais besoin qu'on y aille doucement, moi aussi. La seule différence, c'est que je suis plus à l'aise que toi et que je suis prêt à aller un peu plus loin que toi. Mais pas trop loin non plus. Je serais tout aussi gêné que toi de faire certaines choses. Mais tout cela viendra en temps voulu.
Théo acquiesça.
- De toute façon, je ne pense pas qu'on soit vraiment en état de devenir plus intimes aujourd'hui. Je fatigue un peu vite et ça doit être pareil pour toi.
- Oui, c'était un peu dur de tenir le baiser, confirma Théo. Mais j'en avais trop envie. Mais même si on avait été en état, ça aurait été trop tôt pour moi.
- Je me doute bien. On verra ça un peu plus tard.
Théo se mordit la lèvre, hésitant, avant de demander :
- Tu voudrais faire quoi, au juste ?
Justin haussa les sourcils, l'air surpris par cette question.
- Euh… J'avoue que je n'y ai pas vraiment réfléchi. Je sais seulement que j'aimerais te caresser à volonté sous ton pull et que je voudrais t'embrasser dans le cou. Je ne l'ai fait qu'une fois jusque-là et tu avais eu la même réaction. Et je crois que je t'avais posé la même question, à savoir si j'avais fait quelque chose de mal, ajouta Justin, amusé. J'avais pu mordiller ton cou, alors que là non. Parce que tu étais déjà un peu trop émoustillé, à mon avis.
- Je dois être sensible à cet endroit-là, supposa timidement Théo.
- Oui, et c'est bon à savoir pour moi. Quand on sera plus intimes, je m'en souviendrai. Sinon, après s'embrasser et se caresser, l'étape suivante serait de se soulager ensemble.
Théo se remit à rougir. Justin s'empressa de le rassurer :
- Mais on a le temps, on n'y est pas encore…
- Non, ce n'est pas ça, c'est que… tu parles de faire ça ensemble alors que… je… je…
Théo se tut, trop honteux pour continuer.
- Hé, tu peux tout me dire, rappela doucement Justin.
- Non, c'est trop gênant…
- Je ne me moquerai pas de toi, c'est promis. Tu sais bien que je ne suis pas comme ça.
Théo hésita de nouveau mais finit vite par céder :
- Tu parles de faire ça ensemble alors que je n'ai jamais fait ça moi-même.
Justin sembla ne pas comprendre. Théo grimaça et précisa :
- Sur moi. Je n'ai jamais touché à cet endroit pour faire passer ce genre de désagrément.
Les yeux de Justin s'agrandirent légèrement sous l'effet de la surprise.
- Oh… Je ne m'attendais pas à ça… Mais tu n'as pas à avoir honte. C'est même plutôt normal. On avait également déjà parlé du fait que tu avais un rapport assez spécial à ton corps. Il a été tellement maltraité que tu n'as jamais pu concevoir qu'il pouvait servir à autre chose que subir toutes sortes de violences… C'est donc logique que tu n'aies jamais voulu y toucher et te soulager.
Les mots de Justin apaisèrent Théo.
- C'est ce que m'avait dit Draco. Parce que c'est lui qui a dû m'expliquer certaines choses quand ça m'est arrivé pour la première fois. C'était il y a quelques mois seulement et ça ne m'est arrivé que deux ou trois fois depuis.
- Et tu ne t'en es jamais occupé ?
- Non, je préfère prendre des douches froides. Pour l'instant, ça marche, alors j'en profite.
Théo avait du mal à croire qu'il était en train de parler de ça avec Justin. Et qu'il se confiait presque sans gêne, à présent. Et que cela lui faisait même du bien. Car il s'exprimait sur quelque chose qui le dépassait et dont il ne réussissait pas à parler d'habitude. À part une fois avec Draco et une autre fois avec Mme Pomfrey. Mais ça avait été laborieux. Cette journée n'était décidément pas normale du tout. Mais il se sentait plus en confiance que jamais avec Justin. Ce qui s'était passé deux heures plus tôt n'y était sûrement pas étranger.
- Il va quand-même falloir que tu t'y mettes un jour, dit Justin d'un ton gentiment moqueur.
- Je sais, et j'aimerais le faire mais je ne peux pas. Ça me bloque. Ça me fait limite peur.
- Peut-être que, maintenant qu'on en a parlé, ça va débloquer la situation…
- Je te dirai ça la prochaine fois que ça m'arrivera, rigola Théo. Sinon, je veux bien qu'on passe aux caresses sous nos hauts. Je pense être prêt pour ça. Mais pas aujourd'hui. Avec nos blessures, ce ne serait pas très agréable.
- C'est vrai, admit Justin. Tu as quoi, toi ?
- Des coupures sur le torse et les bras. Et toi ?
- Une longue et fine entaille dans le dos.
- Ah oui, c'est pour ça que le professeur Snape m'a dit que tu ne pourrais pas te soigner tout seul… Il a laissé entendre que ce serait une de tes amies qui le ferait, du coup. Étant donné que Hannah est chez elle, c'est Susan qui va devoir s'y coller ? plaisanta Théo.
- Je crois bien, oui, répondit Justin sur le même ton. Bon, du coup, pendant une bonne semaine, on va devoir se cantonner aux baisers et aux caresses à travers les vêtements, alors que tu serais prêt à aller en-dessous de nos vêtements… Du moins, en-dessous de nos hauts... Quelle injustice…
Théo se mit à rire.
- Patience, patience… Mais profitons de ce qu'on peut faire, si tu veux bien.
- Avec grand plaisir…
Justin franchit la courte distance qui les séparait, Théo et lui, et unit doucement leurs lèvres. Il serra Théo contre lui qui se laissa aller contre Justin en soupirant de bien-être dans le baiser. Celui-ci dura quelques minutes et fut rompu par Justin qui regarda Théo avec un air soucieux.
- Tu es tout tendu, fit-il remarquer.
- Oh… Je ne m'en étais pas vraiment rendu compte jusque-là mais je crois que toute la tension n'est pas encore redescendue… Je veux dire, par rapport à ce qui s'est passé ce matin. Il va me falloir du temps pour que je me détende complètement.
- Je vois. Peut-être qu'un massage te ferait du bien ?
- Même en gardant mon pull ? demanda Théo, sceptique.
- Oui, tu sentirais quand-même les effets.
- Mais je ne veux pas que tu te sentes obligé de faire ça…
- Ça me ferait plaisir, assura Justin. Mais il faut aussi et surtout que ça te fasse plaisir à toi et que tu en aies envie. Sinon ça ne servira à rien. C'est toi qui décides, je ne te force à rien.
- Je veux bien essayer, déclara Théo.
- Bien, il nous faut un ca…
Justin n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'un canapé se matérialisa.
- J'oubliais que cette salle fournissait tout ce qu'on désirait, s'émerveilla Justin. Allonge-toi sur le canapé.
Théo obtempéra et s'installa sur le canapé en se mettant sur le ventre. Il sentit un poids à côté de lui, signe que Justin l'avait rejoint. Il posa ses mains sur les épaules de Théo et commença à les masser. Théo soupira de bonheur. Justin avait raison. Ça faisait du bien. Mais c'était sûrement parce que son petit-ami semblait être fait pour ça. Il savait exactement où appuyer pour défaire les nœuds, et cela dans la douceur et la délicatesse. Théo faillit s'endormir à plusieurs reprises tellement ce massage l'apaisait. Il dut d'ailleurs y mettre un terme lorsqu'il manqua vraiment de piquer du nez.
- C'est super bon mais si tu continues, je vais faire ma nuit sur ce canapé…
- D'accord, message reçu, s'amusa Justin. Il ne doit être que treize ou quatorze heures, ce n'est pas du tout le moment de dormir, ajouta-t-il d'un ton rieur. Hé mais j'y pense, on n'a même pas mangé !
Théo écarquilla les yeux.
- Mince, je ne m'en suis même pas aperçu ! Et maintenant que tu le dis…
- Tu as faim ?
- Il me semble bien que oui, rit Théo. Mais c'est beaucoup trop tard pour aller manger… Il doit être davantage quatorze heures que treize heures…
- Bon eh bien je ne vois plus qu'une solution, alors.
- Laquelle ? Attendre le dîner ?
- Ça va pas ?! s'horrifia Justin. Après toutes les émotions qu'on a eues, on doit reprendre des forces et vite ! Hors de question de jeûner jusqu'au dîner. Je pensais plutôt à aller chercher de la nourriture aux cuisines. Vu que c'est la seule chose qu'on ne peut pas avoir ici…
- Ce serait la solution idéale mais ça me gêne un peu, avoua Théo.
- Tu t'es pourtant déjà rendu aux cuisines pour prendre de la viande afin de nourrir les Sombrals ?
- Oui, mais c'était pour eux, pas pour moi. Je suis mal à l'aise à l'idée de demander aux elfes de me préparer un repas… J'aurais l'impression de les traiter comme des domestiques.
- Ce serait vrai si tu leur faisais cette requête tous les jours. Or, ce n'est pas du tout le cas. Et puis même si c'était récurrent, ça ne les dérangerait absolument pas. Surtout si tu es gentil avec eux. Ils sont toujours ravis de rendre un service. C'est dans leur nature, tu ne peux rien y faire. Bien sûr, il ne faut pas en profiter à outrance, mais une fois de temps en temps, ce n'est pas méchant.
Théo acquiesça, comprenant parfaitement ce que Justin voulait dire.
- Je vais y aller tout seul, de toute manière. Il faut que quelqu'un reste ici. Sinon on risquerait de se faire piquer la salle sur demande.
- Ah oui, en effet. Je t'attends ici, alors.
Justin sourit, embrassa Théo et s'en alla. Théo se laissa tomber sur le dos et ferma les yeux. Il resta ainsi jusqu'à ce que Justin revienne avec plein de victuailles qu'il déposa sur une table basse qu'il fit apparaître juste devant le canapé. Il s'assit ensuite à côté de Théo qui vint aussitôt se blottir tout contre lui. Justin l'entoura de ses bras et ils se mirent à manger dans un silence très agréable. Théo se surprit à se sentir aussi bien. Après avoir mal commencé, la journée avait pris un autre tournant et se poursuivait sur un ton beaucoup plus joyeux. Il avait parlé à coeur ouvert avec Justin sur un sujet relativement tabou et cela avait indéniablement fait avancer les choses entre eux. De plus, ils étaient bien plus apaisés qu'avant, n'ayant plus à craindre une attaque de la part de Parker ou de Milligan. Car même s'ils n'avaient pas le droit de l'approcher, Théo avait toujours eu peur qu'ils fassent fi de cette interdiction et qu'ils s'en prennent de nouveau à lui. Et sans qu'il le sache, Justin était devenu lui aussi une de leurs victimes. À présent, les deux Serdaigle allaient être renvoyés et Justin et Théo allaient pouvoir respirer. Seule ombre au tableau : Ernie était à l'infirmerie dans un état inquiétant. Théo espérait de tout coeur qu'il allait s'en sortir et il y croyait dur comme fer. En attendant, tout ce qu'il pouvait faire, c'était soutenir Justin et il comptait bien s'y consacrer corps et âme. Il l'aimait et il était prêt à beaucoup pour faire revenir l'éclat dans le doux regard de son petit-ami…
.
.
Voilà pour aujourd'hui ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! C'était tendu, hein ? XD On se retrouve dimanche prochain pour le soixantième chapitre intitulé «Projet, visite et mise au clair». Passez une bonne semaine, prenez bien soin de vous et bisous tout le monde !
