Chapitre 8 : the fourth horseman part. 2
« Mon Général ! …. Général O'Neill ! …. Mon Général ! » La voix paniquée de Hoswald lui parvenait de façon très lointaine. Il n'arrivait pas à ouvrir les yeux.
« Jack ! S'il te plait Jack ! » La voix de Cassandra semblait encore plus lointaine, comme si elle provenait de très loin. Pourtant il aurait volontiers ouvert les yeux si cela avait fait taire l'inquiétude qu'il percevait dans sa voix. Mais il n'y parvenait pas. L'effort était trop grand. La fatigue immense. Il était si fatigué. L'obscurité salvatrice lui tendait les bras, il n'y avait pas de mal à prendre un peu de repos n'est-ce pas ? Alors il se laissa emporter.
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – LABORATOIRES
« Orlin »
« Sam, vous allez bien ? » Il semblait avoir perçu son trouble, elle s'inquiétait des résultats qu'elle venait de voir dans le bureau du Dr Lam. Son cerveau subissait des dommages. Des dommages permanents qu'il acceptait de toute évidence de subir, pour elle. Pour sauver l'espèce humaine.
« Oui merci, mais je m'inquiète pour vous, j'ai vu les résultats de vos tests, ils indiquent que différentes parties de votre cerveau présentent des changements… »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – LABORATOIRES
« Ça vous est déjà arrivé d'apercevoir un ami dans la foule du coin de l'œil mais de vous retourner trop tard pour le retrouver ? Dans ces moments-là on se met à douter de l'avoir réellement aperçu, Dites-moi Sam est-ce que c'est normal de regretter un souvenir qu'on n'est pas sûr d'avoir eu. »
« Sur quoi vous travaillez ? »
« Je vous laisse des instructions sur le vaccin au cas où je ne saurais plus capable de le terminer moi-même. Il y a un risque mieux vaut être prudent. Pour moi le plus frustrant c'est de ne pas pouvoir choisir les souvenirs que je garde rien qu'une heure de plus, je sens que des informations essentielles s'effacent alors que j'en aurais besoin pour nos recherches. Par contre, je me souviens sans le moindre effort de détails qui ne nous servirons surement pas. C'est injuste car tout va finir par s'effacer. Le hasard fait très mal les choses quelques fois. »
« Est-ce qu'il y a quoi que ce soit que je puisse faire »
« Non, merci, j'avancerais plus vite tout seul. »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – SALLE DE COMMANDE
Le général Landry se tient au milieu de la salle de commande de la Porte des Etoiles et regarde le bulletin d'informations de Julia Donovan à l'écran de la télévision.
« En dépit de tous les moyens mis en œuvres les efforts des personnes impliquées, le virus continue à se répandre à une vitesse alarmante. Le gouvernement recommande à toute personne suspectant d'avoir le virus ou d'avoir été en contact avec une personne l'ayant de …. »Le sergent Harriman s'approche du général, ayant des informations urgentes à lui transmettre.
« Monsieur. Nous venons d'apprendre que la Chine, l'Angleterre et la Russie viennent de fermés toutes leurs frontières. Le trafic aérien et maritime a été suspendu. »
« La situation dégénère et hélas, ça ne peut que s'aggraver. » Soupira le Général.
« L'assistant du Général Hammond a téléphoné, nos alliés commencent à demander des comptes. Ils craignent qu'on ne puisse indéfiniment cacher l'origine de la maladie. Ils veulent vous voir au plus vite. » Nouveau soupire de la part du Général à la tête du SGC.
« Le bureau du Général Hammond ? » S'étonna-t-il en suivant le Sergent dans les escaliers menant à la salle de briefing.
« Le Général O'Neill est indisponible mon Général, son assistante nous a appris que le Général O'Neill a été contaminé par la Peste des Prêcheurs mon Général, il est hospitalisé à Bethesda. »
BETHESDA – HOPITAL MILITAIRE DE L'ARMEE DE L'AIR– CHAMBRE D'ISOLEMENT
« Tu es réveillé ? » Les bips autour de lui étaient insupportables mais la main qui tenait la sienne et cette voix brisée tout près de lui donnèrent la force d'ouvrir les yeux. Il était épuisé, courbaturé et une douleur irradiait de ses poumons. Elle n'avait pas l'air très en forme, épuisée était le terme, ses grands yeux étaient cernés, elle portait une tenue de protection hazmat. Autour de lui, une grande bulle de plastique l'isolait du reste de la pièce.
« Ca…Ssie » Sa voix était rauque. Un hoquet à mi-chemin entre le rire et les larmes échappa à la jeune femme.
« Jack. Tu es réveillé… J'ai eu si peur quand tu t'es écroulé. » Elle pressa vigoureusement sa main, il tenta de lui sourire mais l'effort était trop grand.
« Que … Qu'est-ce qui s'est passé ? » Il devait savoir. La jeune femme approcha un verre avec une paille de sa bouche et il avala goulument plusieurs gorgées, humidifiant sa gorge desséchée.
« Tes analyses ne sont pas bonnes Jack, tu as le virus. Tu as été transféré à l'hôpital militaire de Bethesda. Tu es en quarantaine. Tu as été inconscient pendant presque 5 heures. » Elle essayait de se montrer professionnelle mais, c'était son presque père qui était allongé dans ce lit. Lui qui était si solide et dynamique, il semblait si petit et si épuisé entouré de tous ses tubes et de ses machines.
« Le Homeland... Le SGC ? » Il avait du mal à maintenir des pensées cohérentes, il était si épuisé. La fièvre gagnait du terrain, il le sentait.
« Le Général Hammond a été rappelé au service temporairement. Pour le SGC, je n'en sais rien. Dès que j'ai pu, j'ai demandé à être à ton chevet, c'est Julia qui a arrangé ça, ensuite elle est retournée au QG. »
« Bien… Ne t'inquiète pas. Ça va … » Essaya-t-il de la rassurer, luttant contre la fièvre et la torpeur qui s'emparait de lui rapidement.
« Non ça ne va pas. Je voulais être là à ton réveil mais, maintenant, je vais aller prévenir Sam et l'équipe que tu … »
« NON ! » Son cri tenait plus du croassement que de l'ordre qu'il avait espéré donner.
« Jack, elle travaille sur le virus, elle a le droit de savoir que tu es … »
« NON ! » Il avala difficilement sa salive pour prononcer sa requête. « Promet moi que tu ne lui diras rien Cassandra. Elle n'a pas besoin de ça. »
« Mais elle a le droit de savoir. C'est Sam, ta Sam. » Plaida la jeune femme, dévoilant ce qu'elle savait avec ces quelques mots. Sa Sam.
« Promets le moi Cassie… Ca va aller. Elle va trouver. Elle trouve toujours. Promet le moi. » Le Général s'agitait, agrippant la main de la jeune femme, elle regarda s'affoler les machines autour d'eux.
« D'accord, d'accord, calme toi, Jack je te promets. Je ne dirais rien. Calme-toi. »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – BUREAU DU GENERAL LANDRY
« George. » Il était surpris de trouver l'ancien Général en chef du SGC dans son bureau. La situation était grave.
« Bonjour Hank, comment était cette réunion ? »
« Oh j'ai passé un mauvais quart d'heure. Et l'Agence Sanitaire a téléphoné. Un avion a quitté Salt Lake City trois jours après que l'identification du virus. Apparemment, il a fait une brève escale à Chicago avant de décoller à nouveau vers Paris. » Les deux généraux s'installèrent de chaque côté du bureau.
« Alors l'Europe est à son tour menacée par le virus ? » George Hammond était inquiet.
« Trois des passagers de cet avion présentent des symptômes. Les autorités françaises font tout ce qu'elles peuvent pour retrouver les passagers, l'équipage ainsi que le personnel au sol et de l'aéroport qui auraient pu entrer en contact avec elles. »
« Plus tous ceux que le personnel au sol aurait pu croiser, et ainsi de suite. C'est presque infaisable, à la vitesse à laquelle ce repends ce virus dans trois jours il sera au le Moyen-Orient. Et dans une semaine en Chine. »
« Oui, et la bourse s'est effondrée et les gens commencent à paniquer... Si on ne trouve pas rapidement une solution ce virus va toucher la planète entière et déstabiliser certains pays. Nous devons nous préparer à affronter les pires éventualités. »
Un silence pensif s'instaura quelques secondes dans le bureau.
« Tu as raison Hank. Heureusement, nous avons les meilleurs éléments du monde dans nos équipes pour affronter cette situation. »
« Je ne voudrais pas te sembler impoli George, mais que fais-tu là ? » Car cela l'intriguait, si Jack était hors service à Bethesda, George aurait dû se trouver à Washington.
« Je rentre à Washington dès que possible. »
BETHESDA – HOPITAL MILITAIRE DE L'ARMEE DE L'AIR– CHAMBRE D'ISOLEMENT
« Ses constantes ne sont pas bonnes. Qu'ont donné les examens ? » Cassandra Frasier se tenait de l'autre côté de la bulle d'isolement, conversant avec le médecin qui s'occupait de traiter les officiers de Washington contaminés par la Peste des Prêcheurs.
« Cassandra, vous savez que ce ne sont pas des informations que je peux communiquer à quelqu'un qui n'est pas de la famille. » Jennifer Keller admirait le dévouement de la jeune militaire qui n'avait pas quitté le chevet du Général depuis son arrivée. Néanmoins elle s'inquiétait d'une éventuelle contamination de la jeune femme avec autant de temps passé au chevet du malade sans se reposer ou se ménager des pauses.
« Je suis sa seule famille Docteur Keller, j'ai besoin de savoir où il en est. Je … Je lui ai fait une promesse, mais s'il est sur la mauvaise pente… Il y a quelqu'un que je dois prévenir. Quelqu'un qui devrait être avec lui si … »
« Il est tombé dans le coma Cassandra… Selon ce que le SGC nous a transmis comme données, il pourrait mourir dans quelques jours. Je suis désolée. » Cassandra encaissa le coup, son regard dévia vers le corps de Jack allongé dans ses draps d'hôpitaux, inconscient. « Je suis inquiète à votre sujet, passer autant de temps à son chevet pourrait vous avoir contaminée. Je préfèrerais que vous alliez dans la salle d'observation et que vous fassiez une prise de sang, en attendant, vous devrez rester là en isolement. » La jeune militaire hocha la tête.
« Très bien. Mais je dois passer un appel avant. »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – COULOIRS
« Colonel, les recherches progressent de votre côté ? » Le Général Landry avait différé le départ de George. Sa présence au SGC tombait bien, il voulait que Orlin l'accompagne en mission, il laisserait donc le commandement du SGC par intérim à George Hammond.
« Non, mon Général. Comme le virus mutait très rapidement nous voulions retrouver son ADN de départ pour mieux en comprendre l'évolution. Nous avons pu étudier le sang du prêcheur qui a créé la maladie mais nous n'avons toujours pas trouvé comment la guérir. » Elle semblait épuiser néanmoins il devait lui demander de continuer. Jack n'avait-il pas dit de lui laisser les coudées franches ?
« Continuez vos recherches, vous êtes notre seul espoir. »
« A vos ordres. »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – SALLE DE BRIEFING
« C'est toujours avant l'aube qu'il fait le plus noir. Mon oncle disait ça tout le temps, il organisait des mariages. » George Hammond pénétra une dernière fois dans cette salle de briefing qui avait été son lieu de travail quotidien pendant plusieurs années.
« Mon Général. » Samantha lui adressa un sourire timide, il était ravi de voir l'équipe réuni malgré l'absence de Jack O'Neill.
« Repos. » La militaire se détendit. Il vit qu'elle était de toute évidence épuisée.
« Depuis quand êtes-vous revenu ? »
« Ca fait un moment, Colonel. Mais je n'ai pas voulu vous déranger, vous étiez tous très occupés. Colonel Mitchell, vous avez réussi à reformer le groupe, bravo. »
« Merci Monsieur. Ça n'a pas été facile. » Non et désormais George comprenait pourquoi Samantha Carter avait été si difficile à convaincre.
« Non. Mais, ça en valait la peine. Vous ne pouviez pas rêver d'une meilleure équipe. Dommage que je n'ai pas le temps de saluer Teal'c avant de partir. »
«Déjà mon général ? »
« Je pars pour Peterson. J'ai été rappelé à Washington. » Le visage de Samantha se crispa une fraction de seconde, la tristesse fut fugitive mais l'aurait noté
« Eh bien, c'était un plaisir de vous avoir revu Monsieur. »
« J'en ai autant à votre service. Passez le bonjour à Teal'c. Prenez soin de vous. Et prenez soin aussi du Général Landry. » Alors qu'il s'éloignait dans le couloir, le général fit demi-tour. « Colonel Carter, puis-je vous dire un mot en privé ? »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – BUREAU DU GENERAL LANDRY
« Mon Général ? » La militaire semblait interloquée alors qu'il refermait derrière eux la porte du bureau du Général Landry.
« Asseyez-vous Colonel. » Samantha obtempéra. L'allure solennelle du Général ne lui laissait pas de place aux doutes, il allait lui annoncer quelque chose de grave. Lorsqu'il s'assit sur le fauteuil près du sien et non dans celui du général Landry, Samantha eut la confirmation que cette conversation ne serait pas officielle. « Samantha, j'ai repris le commandement du Homeland Security à la demande du Président il y a deux jours. » Il vit l'étonnement se peindre dans ses yeux bleus, puis les questions se former sur ses lèvres aussi continua-t-il. « J'ai été prévenu que le général Jack O'Neill s'était écroulé dans son bureau, il a été emmené en urgence à notre hôpital de Bethesda. Ses analyses ont appris à l'équipe médicale qu'il était à un stade avancé de la Peste des Prêcheurs. » Il marqua une pause lui laissant le temps d'intégrer ses informations. « Cassandra Frasier a essayé de vous joindre ce matin, mais le général Landry avait suspendu avec l'extérieur tout contact afin de vous permettre de travailler sur le vaccin. Alors c'est moi qu'elle contacté, par l'intermédiaire de l'assistance du Général. Samantha, je suis navré de vous l'apprendre mais le général O'Neill a sombré dans le coma ce matin, il est au dernier stade de la maladie. Cassandra voulait que vous le sachiez. » La douleur qui traversa le visage de la militaire serra le cœur de l'ancien Général. Dix ans, il avait côtoyé Jack O'Neill durant dix ans, et il avait aussi été témoin du sens du devoir et du sacrifice de Samantha Carter et de Jack O'Neill durant les cinq dernières années. A aucun moment il n'avait douté d'eux, il savait que Jack n'avait jamais enfreint la règle de non fraternisation avec sa subordonnée. Jamais. Il avait tenté de les aider à sa façon, en proposant de nommer Jack à la tête du SGC. Puis en le recommandant pour la direction du Homeland Security lorsqu'il avait pris sa retraite après la mort de Jacob. Il avait espéré pour eux. Si deux personnes méritaient le bonheur, c'était bien eux. « D'après elle, il n'en a plus que pour quelques jours. Elle m'a demandé de vous prévenir. J'ai hésité. J'ai failli partir sans le faire pour ne rien vous cacher. Votre travail est primordial et vous le savez. Je crois que Jack le savait aussi. » Une larme roula lentement au coin de son œil droit, fugitive vision du chagrin qui la ravageait mais qu'elle ne laissait pas transparaitre. Il prit sa main dans les siennes. « Samantha, il a fait promettre à Cassandra de ne pas vous prévenir. »
« Merci de me l'avoir dit mon général. » Elle ôta ses mains des siennes. « Je dois … Je dois retourner travailler. »
« Bien sûr Colonel, rompez. »
Alors qu'elle se levait et quittait le bureau, la voix de Walter résonna dans les haut-parleurs du SGC.
« Activation extérieure non programmée de la Porte des Etoiles » Elle descendit précipitamment l'escalier menant à la salle de contrôle de la porte.
« C'est Teal'c. » Lui apprit le Sergent alors qu'elle s'approchait de la console de contrôle. Teal'C franchit la porte vêtue de sa tenue de combat Jaffa. Mais, il n'était pas seul, un Prêcheur l'accompagnait. Les hommes levèrent leurs armes, Teal'C se plaça devant lui.
« Baissez vos armes. » Ordonna le Jaffa. Samantha faisait confiance à Teal'C, peut-être était-il celui qui leur apporterait la solution ? Peut-être sauverait-il Jack ?
« Ici le colonel Carter. Baissez vos armes. »
BETHESDA – HOPITAL MILITAIRE DE L'ARMEE DE L'AIR– CHAMBRE D'ISOLEMENT
Elle se tenait son chevet, elle tenait sa main dans la sienne, bien qu'elle soit vêtue de sa combinaison de protection. Elle avait suppliée le Dr Keller de la laisser être avec lui. Ses signes vitaux n'étaient pas bons. Il n'en avait plus pour longtemps. Elle ne voulait pas qu'il soit seul. Elle avait prévenu le Général Hammond mais Sam n'était pas venue. Elle devait sauver le monde, n'était-ce pas ce que Jack répétait tout le temps. Elle pleurait mais elle ne pouvait essuyer ses larmes, sa protection l'en empêchant.
« Tu sais, la première année que j'ai passé avec maman, j'ai longtemps espéré que Samantha et toi, vous m'adopteriez, qu'on formerait une famille comme j'en voyais chaque jour à la sortie de l'école. Un père et une mère. Dans mon esprit, vous étiez le duo parfait, je crois que je n'avais même pas encore pris conscience à l'époque qu'un couple se forme par amour, pas parce qu'une gamine de 11 ans en a décidé ainsi. » Elle rit, pressant sa main. « C'est injuste pour maman, quand j'y pense quelle petite peste j'étais. Elle m'avait recueilli, elle m'aimait et c'était vous que je voulais. Mais Sam était restée avec moi dans ce bunker, je m'étais attachée si fort à elle. Quant à toi, tu venais tous les week-ends quand vous n'étiez pas en mission. Tu m'as appris à faire du vélo, tu m'as offert un chien, Mr Burns. Pour moi vous aviez ce petit truc qui faisait de vous le papa et la maman idéal. » Elle renifla, tentant de refouler ses larmes. « Et quand Maman est morte, j'avais tellement besoin de vous. Et vous avez été là. Tu vas trouver ça bête mais, je n'avais même pas compris avant de vous surprendre un matin dans la cuisine. Et ça me semblait tellement normal. J'avais besoin de vous et vous étiez-là, ensemble. Comme je l'avais tant voulu à 11 ans. J'avais besoin de vous et vous avez tant fait pour moi… Alors je sais que tu vas être en colère, mais elle avait le droit de savoir Jack. Elle avait le droit d'être au courant. » Elle soupira. « Mais cette fois, je ne suis pas sure qu'elle puisse sauver le monde à temps, pour te sauver toi. Je suis désolée. Mais je vais rester avec toi, tu n'es pas seul. Je suis là … Tu sais il y a quelque chose que j'ai toujours voulu te dire. Mais que je n'ai jamais osé te demander. Tu es celui qui m'a apporté des fleurs pour le bal de promo afin que mon cavalier les fixent à ma boutonnière, tu es celui qui m'a appris à faire du vélo, qui m'a offert un chien, celui qui m'a dit que je pourrais tout faire, alien ou pas. Je me suis toujours dis que le jour où je me marierais, tu serais celui qui se tiendrait à mes côtés … Tu sais Jack, ce que je n'ai jamais osé te dire c'est que, pour moi, tu es mon père… Mais je sais que pour toi ce serait trop douloureux de le dire, de l'admettre, parce que tu aurais peur de me perdre… Comme tu as perdu Charlie. Mais nous ne sommes que tous les deux, et pour une fois, tu ne pourras pas fuir cette conversation… » Elle hoqueta, entre rire et larme. « Mais même maintenant, alors que tu ne peux pas faire une de tes fameuses blagues je n'arrive pas à le dire… C'est si dur, je ne pensais pas que je te perdrais si vite après maman… » Les sanglots secouèrent ses épaules alors qu'elle posait la visière de la combinaison contre le torse de Jack, se blottissant contre lui comme une enfant déguisée en astronaute. « Je t'aime, Papa. Je reste avec toi, tu n'es pas tout seul, je t'aime »
COLORADO SPRINGS – BASE DE CHEYENNE MOUTAIN – LABORATOIRE
Sam faisait les cent pas dans la salle d'observation qui surplombait le laboratoire de recherche. À ce stade du processus de fabrication du vaccin, ses compétences ne servaient plus. Elle avait été mise à la porte du laboratoire par le Colonel Stevens et le Dr Lam qui s'afféraient désormais à synthétiser le vaccin à partir des anticorps des malades que Gerak avait guéri.
« Vous devriez vous asseoir Colonel Carter. » Le Jaffa suivait attentivement les mouvements des deux chercheurs dans la salle en contrebas.
« Teal'C a raison Sam, vous avez fait tout ce que vous pouviez faire des notes d'Orlin. Asseyez-vous et reposez-vous un peu. » Cameron lui ne quittait pas Samantha des yeux. Quelque chose s'était produit durant l'entretien qu'elle avait eu avec le Général Hammond. Elle était sortie plus déterminée que jamais de cette entrevue mais à un point qui frisait l'irraisonnable.
« Mon avion décolle pour Washington dès qu'ils auront terminé la synthèse du virus. Je me reposerais dans l'avion. » Cameron fronça les sourcils. Il n'avait pas entendu dire que Samantha serait mobilisée pour aider au déploiement du vaccin.
« Vous partez pour Washington ? » S'étonna-t-il.
« Le Général Hammond m'a demandé de le rejoindre dès que le vaccin serait prêt. » Expliqua t-elle. Bien sûr, elle mentait en grande partie. Lorsque le Général Landry avait repris son poste quelques heures plus tôt, après sa guérison miraculeuse, elle avait demandé à être celle qui apporterait le vaccin jusqu'à Washington afin qu'il soit administré au Général O'Neill. Si le Général avait semblé surpris de sa requête, il n'avait néanmoins pas pu le lui refuser. Il était celui qui avait interdit qu'on lui transmette l'appel de Cassandra Frasier, il ne pouvait lui refuser d'être auprès de son ancien supérieur et de l'homme avec qui elle « partageait » la garde de la jeune femme jusqu'à sa majorité. La détresse du Colonel ne lui avait pas échappé malgré ses tentatives pour masquer ses émotions.
« Vous partez longtemps ? » Demanda Daniel en fronçant les sourcils. « Cassie va bien ? »
« SG1 va bénéficier de quelques jours de repos d'après le Général Landry. Elle est restée au chevet des malades de D.C, j'aimerai passer un peu de temps avec elle. » Elle peinait à mentir à ses deux amis les plus proches. Mais elle le devait. Jack avait refusé que Cassie les préviennent de son état… Si elle arrivait à temps, il pourrait leur expliquer lui-même pourquoi.
Dans la salle en contrebas le Dr Lam sortait des éprouvettes d'une centrifugeuse, son regard croisa celui de Carter qui s'était figée. Elle lui sourit et lui fit signe de descendre, les premières doses étaient prêtes. Elles étaient réservées au personnel, actif, du SGC. Et l'une d'elle serait pour Jack O'Neill.
BETHESDA – HOPITAL MILITAIRE DE L'ARMEE DE L'AIR– CHAMBRE D'ISOLEMENT
Il luttait pour sa vie. Cassandra le savait. Elle n'avait eu de cesse de parler depuis qu'il était tombé dans le coma. Elle était persuadée que si elle arrêtait ne serait-ce qu'un instant, il partirait. Alors elle avait parlé, encore et encore. Elle n'avait accepté de prendre du repos qu'avec la certitude qu'il ne la laisserait pas tomber. Sam l'avait appelé juste avant que son avion ne décolle de Cheyenne Moutain. Elle apportait le vaccin. Elle avait réussi. Mais personne ne pouvait affirmer que cela serait suffisant pour soigner le général déjà gravement atteint. Il restait un espoir ténu et Cassandra si accrochait de toutes ses forces. Lorsque le Dr Keller pénétra dans la chambre d'isolement, une seringue sur un plateau devant elle, l'espoir embrasa le cœur de la jeune femme. Sam était arrivée. Le Dr Keller s'approcha de son patient, Cassandra ne la quittait pas des yeux, elle désinfecta le bras de Jack avait d'injecter le vaccin en intramusculaire.
« Il faut attendre à présent. Nous n'avons aucun retour sur l'injection du vaccin. Il faut avoir la foi Cassandra. » Murmura le médecin en pressant l'épaule de la jeune femme. « Le Colonel Carter est en train de se changer, elle sera bientôt là. Quand elle sera arrivée, je voudrais t'examiner et t'injecter une dose d'antiviral. Tu as passé du temps au SGC et avec le Général, ne prenons aucun risque, d'accord ? »
La médecin quitta la pièce, laissa la jeune femme seule avec le général. Lorsque Sam pénétra dans la pièce, elle se figea à l'extérieur de la bulle de confinement. Son regard était attiré par la silhouette allongée dans le lit médical, relié à un respirateur et branché à plusieurs machines émettant des bips qui se voulaient rassurant. Il semblait si frêle, malgré sa large silhouette discernable sous les draps. Mais plus que tout, ce qui la frappa comme un coup de poing, ce fut l'immobilité totale de son visage, sans aucune expression. Elle avait dormi de centaines de nuit auprès de cet homme durant les dix dernières années. Jamais elle ne lui avait vu un visage aussi inexpressif. Même dans le caisson de stase des anciens, il avait cette expression qui faisait de lui Jack O'Neill. Il était si pâle et si immobile. Comme mort. Cassandra se retourna, sentant sa présence silencieuse derrière elle. Les larmes avaient marbré son visage de sillons plus clairs. Samantha lui ouvrit les bras, malgré son encombrante combinaison, la jeune femme se serra contre elle. Samantha ne portait qu'un masque et une tenue stérile, avant de quitter la base le Dr Lam lui avait injecté une dose du vaccin.
« Je suis désolée Cassie. Tu n'aurais pas dû traverser ça seule… » Murmura la Colonel en écartant légèrement la jeune femme d'elle. « Je vais veiller sur lui, va te reposer, je te ferais appeler au moindre changement. » Elle sera la main de la jeune femme entre les siennes. « Merci d'avoir été là Cassandra. »
La jeune femme la gorge serrée se contenta d'acquiescer et se dirigea à pas pesant vers la sortie de la chambre. Epuisée, elle l'admettait enfin maintenant que Sam était là.
Lorsque Cassandra fut sortie, Samantha s'approcha du lit médical et s'assit sur la chaise que la jeune femme avait laissée vide. Elle le regarda longuement avant de prendre sa main dans la sienne. Elle se moquait de se trouver dans un hôpital militaire, d'être susceptible d'être surprise main dans la main avec lui. Elle ne le laisserait pas seul.
« Tu es vraiment l'homme le plus borné que cette galaxie ait connue tu le sais… » Souffla-t-elle en pressant sa main. « Tu n'avais pas le droit d'ordonner à Cassie de ne rien nous dire. Si tu étais mort, elle ne s'en serait jamais remise. Le poids de la culpabilité de nous avoir caché ton état, ça l'aurait rongé à petit feu, et tu le sais Jack. » Elle essuya les larmes de colère et de souffrance qui perlaient à ses yeux. « Qu'est-ce que tu t'es dit ? Que je devais sauver le monde et que tu ne devais pas me détourner de ma mission ? Le Grand Général O'Neill a décidé et ordonné et le monde doit obtempérer, c'est ça ? Si tu savais comme je te déteste parfois, toi et tes étoiles…. » Elle pressa son front contre la paume de Jack. « Est-ce que tu sais seulement quel effet cela m'a fait quand le Général Hammond m'a appris que tu étais dans le coma ? Ce que j'ai ressenti et ce que j'ai dû refouler immédiatement …. Et si tu meures Jack … Est-ce que tu sais ce que je ressentirai ? » Elle ferma les yeux une seconde. « Tu n'avais pas le droit de choisir pour moi. De nous forcer à mentir pour toi. Parfois je déteste tes étoiles… Mais Jack … Tu n'as pas le droit de mourir… Tu ne peux pas me laisser…. Je ne veux pas que la dernière chose que je t'ai dite, ce soit « bonne nuit »… S'il te plait… Reviens nous. »
(…)
Les bips le tirèrent de l'état semi-comateux dans lequel il végétait depuis plusieurs heures. Il avait conscience de ce qui se passait autour de lui, des bips et des chuchotements. Mais son esprit était encore trop embrumé pour qu'il s'accroche suffisamment à la réalité pour avoir conscience de son corps. Son corps était endolori d'avoir gardé trop longtemps la même position. Et sa tête lui faisait un mal de chien. Pourtant, il luttait pour ouvrir les yeux. Car ses voix qui chuchotaient lui étaient familières.
« Docteur, je crois qu'il se réveille. » Cette voix. Elle était venue. Elle lâcha sa main.
« Général O'Neill, vous m'entendez ? » Cette voix lui était inconnue. « Si vous m'entendez général, pressez mes doigts. » Il obtempéra, reprenant doucement pied dans son corps. « Mon Général, vous êtes à l'hôpital militaire de Bethesda. Vous vous remettez du Virus des Prêcheurs. » Il battit des paupières, peinant à ouvrir les yeux. Sa gorge était douloureuse, résultat probable d'une intubation. La dernière chose dont il se souvenait s'était de la fièvre et des douleurs intenses dans la poitrine. Sa vision était floue, il battit des paupières encore une fois. Les ombres et silhouettes se stabilisèrent, une jeune femme blonde en tenue médical était penchée sur lui, souriante. Derrière elle, Cassandra tenait la main de Samantha. Elles souriaient toutes les deux. « Je crois mon Général, que vous êtes sorti d'affaire. »
