Tout d'abord je tiens à vous remercier pour votre patience et votre soutient ! Plus d'un mois pour sortir ce chapitre, j'ai officiellement battu mon record. J'espère néanmoins que vous allez aimer ce petit jet qui est doux mais aussi légèrement épicé !

Au programme, engueulade, révélation et problèmes ! Enfin bon, cela devait bien arriver, haha

Bonne lecture !


Izuku regarde le plafond longuement, les bras ballants. L'isolement lui a permit de réfléchir, autant pour lui que pour les autres. Cela lui a surtout permit de penser à Katsuki, bien malgré lui.

Deux jours se sont écoulés depuis qu'il a quitté l'isolement et il n'a pas vu le blond depuis. Il a fait deux sauts à l'infirmerie où il a revu Keigo, ils ont également pu discuter énormément. Il a aussi eu la chance de croiser Denki accompagné de Yuga qui ont passés plus d'une demi-journée avec lui. Bizarrement, il a l'impression qu'ils sont un peu trop doux et adorables avec lui. Serait-ce à cause de son séjour ? De ses jours de solitudes ? Izuku se le demande tout en se mettant à marcher à travers les couloirs grouillants de vie. L'effervescence ne lui a pas manqué, loin de là. De savoir qui ils sont, ce qu'ils font, c'est ça qui le rebute le plus. Soupirant tout en pensant à ses amis mais surtout au blond, il gagne la cours en croisant trop de personne à son goût, surtout des gardiens. Depuis les derniers évènements ils sont présents partout et à chaque instant pour empêcher des esclandres ou des règlements de compte. Bien évidemment, ils ne font que retarder les choses, mais ça ils ne le savent pas.

Levant les yeux au ciel, soupirant inlassablement, Izuku fronce les sourcils. Ses pas l'ont guidés devant l'usine où travaillent la plupart des détenus de la prison, l'un des nombreux endroits qui lui est encore inconnu. L'entrepôt est légèrement en retrait, utilisant la plus grande partie de l'espace vert de la partie arrière de la cours. Il ressemble à un entrepôt lambda, mais Izuku a envie de savoir à quoi cela ressemble à l'intérieur. N'écoutant que son courage, et faisant taire ces petites voix dans sa tête, il pénètre les lieux les mains bien encrées dans ses poches. À son grand étonnement, l'accueil n'est ni chaleureux, ni glacial. Un portique de sécurité tenu par un surveillant à moitié somnolant dans une chaise de bureau, une tasse vide à la main, voilà ce qui accueille Izuku. Il regarde au plafond les caméras de surveillances et avale de travers. Il passe l'obstacle endormi, et entre dans l'usine après être passé par les vestiaires et la salle de repos. L'endroit est immense, encore plus qu'à l'extérieur. Le brouhaha est la première chose qui lui saute aux oreilles, mélange de paroles fortes et de bruit de machine. C'est entre ces murs que travaillent les sculpteurs de bois, les fabricants de plaque automobile, mais aussi les préparateurs de commandes. Izuku ne sait pas qui il va trouver, ni ce qu'il cherche, mais puisqu'il est là autant en profiter.

Il se met donc à déambuler entre les machines assourdissantes, regardant de loin mais aussi de près ceux qui travaillent, qui n'hésitent pas à le dévisager au passage. Le vert est ébahis par le professionnalisme et le sérieux que ces détenus ont dans leur travail. Il s'arrête quelque minute pour apprécier la précision qu'a l'un d'eux alors qu'il ponce une table tandis qu'un autre vient travailler les pieds pour ajouter des ornements. Il sourit discrètement quand il reconnaît sans mal Eijiro aux côtés de Hanta. Il s'approche d'eux tout en restant à bonne distance pour éviter les giclures de bois qui pourraient lui crever un œil à coup sûr. Terminant leur travail avec soin ils se félicitent mutuellement avant de retirer leurs lunettes de protection, se retournant comme un seul homme vers Izuku qui reste admiratif mais silencieux.

- Izuku, quel surprise ! Annonce le rouge en venant vers lui, lui offrant une brève accolade.

- Je passais par hasard. Dit-il pour justifier sa présence.

- Je me disais aussi, un gars comme toi n'a pas le physique pour travailler ici. Rigole Hanta en s'asseyant sur une chaise qu'il a terminé hier. Izuku se penche alors pour regarder leur œuvre. Il fronce les sourcils, ayant déjà vu ces meubles quelque part.

- Les meubles sont vendus uniquement à l'extérieur ? Demande t-il en continuant de réfléchir.

- Oui, pourquoi ? Demande Eijiro en regarde Hanta du coin de l'œil.

Mais pas le temps pour eux de converser bien longtemps puisqu'ils sont interrompus par un homme typé à la barbe bien voyante. Il dépose son bras sur les petites épaules de Izuku, l'utilisant comme repose bras sans gêne. Il regarde le duo de travailleur sans penser au vert qui sent son dos défaillir.

- Alors, vous amenez le dessert et vous faites même pas profiter ? Il baisse enfin ses yeux crèmes sur Izuku et il semble se mettre à baver. Je sais que vous êtes friands quand c'est à plusieurs alors... Il laisse sa phrase en suspend, descendant sa main sur les côtes de Izuku. Ce dernier frémit, se remémorant un très mauvais passage de son séjour.

- Tu devrais retirer tes mains. Dit Hanta en fronçant les sourcils. Il est déjà prit, et pas par nous.

- Ah, quand on parle du loup. Sourit discrètement Eijiro.

- Oï, où tu crois poser les mains, connard ? Une droite monumentale s'abat sur la joue du typé qui recule de plusieurs pas.

Izuku se retourne donc vers lui, et ne peut s'empêcher de le regarder longuement, ayant l'impression que cela fait une éternité qu'ils ne se sont pas vus. Il le détaille dans sa tenue de travail qui est, banale aux premiers regards, mais qui s'avère être d'un érotisme à couper le souffle. Une salopette d'une couleur criarde, tirant sur le jaune délavé, dont la manière dont le blond la porte ne le laisse pas indifférent. Il laisse une bretelle pendre sur son marcel noir, dévoilant un pectoral saillant et fort, qui appelle grandement le vert. Il ne devrait pas être attiré de la sorte sachant qu'il n'est ni venu lui rendre visite, et qu'il a encore moins pris de ses nouvelles. Il doit se l'avouer, malgré la haine qu'il souhaite éprouver à son égard, le blond lui a atrocement manqué, que ce soit au lit, ou rien que dans ses bras puissants. Bras qui se retrouvent sur les hanches de Izuku tandis que ce dernier ne bouge toujours pas. L'intrus a été expédié si vite que Izuku n'a pas eu le temps de réagir dans la seconde, perdu dans sa contemplation. Il retrouve néanmoins ses neurones et se dégage de la poigne de Katsuki qui ne peut empêcher un froncement de sourcil venir déformer les traits de son visage.

Sentant la tension grandissante entre les deux, Eijiro tire le bras de Hanta pour l'éloigner, l'emmenant discrètement mais sûrement dans les vestiaires, autant en profiter tant qu'il n'y a personne.

S'affrontant du regard sans lâcher prise, ils ressemblent à deux enfants boudeurs et non à des adultes. Izuku n'en démord pourtant pas, campant sur ses positions. Les poings serrés, le visage fermé, il recule sans quitter le blond des yeux, au risque de le voir surgir dans son dos.

- Qu'est ce qui te prend ? Tu m'fais quoi là ? Katsuki s'énerve rapidement, n'étant ni d'humeur, ni prêt à accueillir un Izuku sauvage sur son lieu de travail grouillant d'homme en chaleur.

- Je peux te demander la même chose ! Tu étais où ? Il campe sur ses pieds, droit comme un piquet.

- Attend, tu m'reproche quoi là ? Il avance vers lui, invitant doucement et sans lui faire remarquer Izuku à quitter l'endroit.

- Tout ! Tu n'es jamais venu me voir, alors que ça fait déjà deux jours. Même Dabi est venu me demander des nouvelles, mais toi rien.

- À ce que j'sache, c'était très clair entre nous.

- Et bien non, ça ne l'est pas du tout.

- T'en as chauffé un autre. Grogne le blond en avançant encore plus.

- Ce n'est pas vrai, et tu le sais. Je ne suis pas comme ça. Et puis, si ça avait été le cas, tu as raison, c'est très clair entre nous. Izuku se retourne enfin, perdant patience et trouvant le courage de lui tourner le dos, mais voilà son erreur. Cela énerve encore plus le yakuza qui attrape violemment son bras, le rappelant à lui d'un mouvement sec.

- Te barre pas comme ça. La discussion est loin d'être terminée.

- Pour moi elle l'est. Il regarde son bras et grimace. Lâche-moi. Dit-il en détachant bien chaque syllabe.

- Pas avant que t'ai ouvert ta grande gueule. Tu viens ici, tu brailles et maintenant tu veux te casser ? Rêve pas.

Izuku fini par craquer, à bout de nerf. Ses émotions longtemps retenus une nouvelle fois finissent par éclater devant Katsuki qui cette fois-ci ne laisse rien paraître. Il est trop remonté pour paraître émotif, et ne compte pas se laisser amadouer par des larmes de crapaud. Oui ça lui fait mal de le voir dans cet état, mais s'il faut encore en arriver là pour qu'il parle, il le fera. Il raffermit alors sa prise sur sa peau, prêt à le marquer de ses doigts.

- Je n'ai rien à te dire, encore moins ici.

- Pas d'problème. C'est l'endroit qui te dérange ? On va remédier à ça.

Tel une furie, le blond emmène de force le vert sans lâcher son bras de ses doigts puissants. Ils se dirigent d'un pas décidé vers les vestiaires désormais vide, et l'envoie presque valser dans les douches. Le corps de Izuku percute le mur carrelé, mais il continue de tenir bon malgré ses larmes et la rougeur que prend ses joues. Les douches étant à détection ces dernière s'actionnent au dessus d'eux, les trempant jusqu'aux os. Katsuki s'approche finalement de Izuku, faisant claquer ses mains sur le carrelage blanc.

- Maintenant, parle.

Le vert lève les yeux et se ravise de les baisser, déstabiliser par la fureur émanant de son amant. Il est plus qu'agacé de supporter le comportement changeant de Izuku, et ne connaissant pas la diplomatie, il use de ses mots cinglants et de ses remarques acerbes pour le faire parler. Cela braque plus le vert qu'autre chose, mais au fond il sent que c'est le bon moment, le moment qu'il repousse depuis le début. Malgré l'explication qu'ils se sont donnés la dernière fois, une ombre plane toujours sur eux, notamment sur leurs sentiments qui n'ont pas leurs place en ces lieux. Il faut que les mots sortent une bonne fois pour toute, et Izuku se sent prêt.

- Parler ? Et pour te dire quoi ? Que je t'aime ? Alors oui, je t'aime Katsuki, et à en crever même. Tu ne peux pas savoir à quel point ça fait mal d'aimer quelqu'un comme toi. Un criminel je-m'en-foutiste qui n'hésite pas à m'utiliser pour assouvir ses besoins. Tes mots, tes caresses, n'étaient que des paroles et des actions en l'air pour vider tes couilles ! J'en ai marre d'être Izuku le débile naïf bon à rien. Je tombe plus bas que terre pendant que toi tu prépare ton départ. Il s'avance, repoussant sans mal le blond avec une force insoupçonné. Katsuki, choqué par les mots du vert, recule sans résister. Tu ne me mérite pas ! Tu ne mérite pas que je m'attache à toi et pourtant c'est le cas. Parce qu'ici je suis faible, tu le sais, alors tu en as profité. J'ai cédé par peur, et j'ai constamment peur. Peur de toi, de tes réactions, de ce qui m'attend entre ces murs. Je ne suis en sécurité ni avec toi, ni loin de toi. Pour moi, la seule prison qui existe, c'est toi. Alors tu voulais que je parle ? C'est fait.

Toujours trempé Izuku se décale de Katsuki, percutant son épaule au passage, et s'enfuie sans demander son reste. Ce n'est peut-être pas ce qu'il souhaitait lui dire au départ, mais finalement il a déballé ce qu'il avait sur le cœur, à la fois son amour saignant mais aussi sa peur viscérale. Désormais la balle n'est dans aucun camp, et le glas de fin vient de sonner pour le couple naissant. En prison, pas de place pour l'amour, les disputes puériles et encore moins pour la peur, ça tout le monde le sait. Izuku en a prit conscience en isolement, et dorénavant il est temps de faire le tri dans ce qui est bon pour lui et ce qui est néfaste pour sa santé. Malgré les points positifs, Katsuki est sa principale source de problème et d'inquiétude. Leur milieu ne s'associent pas, et ne doivent pas se croiser. Entre ces murs, beaucoup de masque tombent, encore plus ceux faisant de nous des êtres de rangs supérieurs.

Toujours planté en plein milieu des douches, le bruit de l'eau s'échouant sur le sol est la seule et unique chose qui résonne. Katsuki a les paupières closes, le visage paisible, contre toute attente. Pour lui aussi les mots ont étés durs à entendre. Il aurait très bien pu rétorquer ou le faire taire d'un baiser, mais à quoi bon ? Retarder l'échéance ne faire qu'accroître le trou béant dans son cœur. Maintenant qu'il est bien transpercé, il comprend ce que ressent Izuku, et ce que ressent ses proches après de telles paroles. Cela fait foutrement mal. C'est bien plus douloureux qu'une lame transperçant la chaire ou qu'une balle trouant la peau. Les mots s'immiscent dans le corps, font leur chemin, s'implantent dans votre esprit et vous hantent continuellement. C'est la seule et unique blessure de ce monde qui ne guérit jamais entièrement. Ce mal se cache longtemps avant de ressurgir le jour où l'on s'y attend le moins. Katsuki redoute les mots plus que les coups. C'est pourquoi il est si souvent virulent et répond au quart de tour, pour éviter ce genre d'évènement.

Il plaque ses cheveux en arrière, esquissant un sourire tout en ricanant. Il se moque alors de lui même, se traitant d'imbécile. Il secoue la tête pour faire tomber l'eau, regardant soudainement le plafond. La lumière blanche l'aveugle quelque seconde avant qu'il ne regarde cette peinture d'une tristesse abyssale.

- Bordel.

Il tape du poing contre le mur, ne pouvant s'empêcher de réagir physiquement à ce qu'il vient de se passer. La première fois ça l'a fait chier, mais là ça le retourne complétement. Il ne sait pas comment réagir, les émotions se livrant bataille dans ses veines bouillonnantes. Qu'elle connerie d'avoir accepté cet arrangement, lui qui ne pensait n'avoir aucune attache en ce monde. Il faut croire que c'était avant de rencontrer ce nerd irritable. Il se met tout le temps dans des situations inquiétantes, et en plus de ça il commence à s'émanciper et à ouvrir sa grande gueule. Katsuki met sa main à couper qu'il se mettra une nouvelle fois dans la merde avant la fin de la semaine.

Ne voulant plus penser à lui, ou du moins il tente de faire abstraction, il regagne son lieu de travail en arborant un visage impassible. Malheureusement pour lui il est trempé de la tête aux pieds et ses yeux trahissent son état mental actuel. Il regarde un instant sa tenu et il fait pâle figure, ressemblant à un moins que rien.

- Kat's, ça va ? Eijiro, qui aurait voulu ne rien entendre, n'a pas loupé une miette de l'échange, les murs étant extrêmement fins. Il n'est d'ailleurs pas le seul car plusieurs têtes se montrent entre les machines, les oreilles grandes ouvertes.

Katsuki serre alors les poings, se sentant soudainement humilié, son amour propre piétiné comme jamais. Dans son esprit, il ne voit alors plus Izuku comme un amant, mais comme un détenu. Un foutu détenu qui vient de l'humilier devant ses hommes, et devant une dizaine de prisonniers qui le respectent. Il sait que les paroles vont vites ici et que bientôt, on racontera la façon dont il est devenu mielleux mais surtout sentimental. Hors de question de passer pour une chochotte, et encore moins un faible.

Voyant rouge, il dégage la main de son second de son épaule qui le regarde longuement, perdu.

- J'vais super bien. J'reviens, j'ai un truc à régler.

Sans demander la permission il badge, sort de l'enceinte et gagne la cours le pas déterminé. Les yeux noirs de colère, le visage impassible ne traduisant pas ses émotions, il enchaîne les couloirs et les escaliers à travers la prison à la recherche d'une seule personne : Izuku. Il sait qu'il ne peut pas laisser passer ça, quand bien même c'est Izuku. Les règles de la prison sont simples, manger ou être mangé. Izuku lui a manqué de respect plus d'une fois, mais il ne peut plus laisser passer. Il a été clément et gentil trop de fois, et cela ne correspond pas à son caractère, il le sait, tout le monde le sait. Ce Izuku l'a transformé, et ça lui fait si peur qu'il ne montre rien, préférant régler le problème avec sa méthode. Aimer, donner, pardonner, c'est une faiblesse pour lui, et c'est également synonyme de changement. Changer l'effraie plus que de raison, car il ne comprend pas pourquoi il devrait changer. Parce qu'il l'aime ? Foutaise. Ce n'est pas de l'amour. C'est de l'attachement à ce qui lui appartient, point barre.

Gravissant les dernières marches, il ne sourit même pas en observant Izuku de loin, ne sachant pas encore ce qu'il compte lui faire. Le poing serré, les jointures blanches, il gagne en vitesse à mesure qu'il marche en sa direction. Quand sa main s'abat sur l'épaule, faisant craquer l'os, les dés sont jetés.

Le retour en arrière sera t-il possible ?