Bonjour à toutes et à tous !

Je pense que ce chapitre va faire plaisir à beaucoup. On change de point de vue et on change de Tony !

Bonne lecture ! :D


De D.C. à Kandahar, et même un peu plus loin

Chapitre 14

Quelque part dans les montagnes d'Afghanistan

Jusque-là tout avait été prévisible, ou presque.

Me réveiller branché à une batterie de voiture pour empêcher le shrapnel d'atteindre mon cœur, était une surprise, mais la suite avait été si prévisible que c'en était risible.

La torture d'abord manquait totalement d'originalité. Me plonger la tête dans l'eau encore et encore jusqu'à ce que mes poumons brûlent, jusqu'à ce que je ne puisse plus penser à me débattre, mais seulement à bloquer ma respiration pour éviter la noyade, à respirer pendant les quelques infimes instants qui m'étaient accordés, tout cela était navrant de banalité. Oh, c'était efficace dans un certain sens, j'avais du mal à regarder en face ne serait-ce qu'un verre d'eau, mais vraiment, cette scène était présente dans tous les films d'espionnage.

Le contenu de nos repas était prévisible. Certes dans les montagnes d'Afghanistan ou peu importait où nous étions retenus, nous n'allions pas recevoir de menus cinq étoiles ou des burgers juteux, mais le même mélange riz-haricots rouges trop cuit et insipide deux fois par jour était lassant au mieux.

L'ignorance des terroristes était prévisible, néanmoins, je devais admettre que n'importe qui paraîtrait ignorant comparé à moi. Je ne connaissais qu'une poignée de gens capable de suivre et comprendre mes paroles quand je partais dans des explications enflammées. Rhodey avait quelques notions, mais finissait toujours par m'arrêter à un moment ou un autre, Happy avait arrêté l'école au lycée pour boxer, et Pepper si elle était très compétente pour gérer ma vie et ma compagnie à ma place était vite larguée et s'en remettait à JARVIS pour un résumé compréhensible. Enfin, il ne fallait pas non plus avoir bac+12 pour différencier des éléments d'armure et des parties de missile, mais apparemment soit nous les cachions trop bien, soit les terroristes étaient terriblement ignorants et fort peu observateurs.

La violence générale était prévisible. Duh. Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans terroristes. Ziva avait beau utiliser le terme de miliciens, ils terrorisaient plus qu'ils ne miliçaient. La violence était partout, dans les mots durs aboyés pour nous appeler, dans les gestes brusques, dans les coups lorsque nous ne réagissions pas au quart de tour, et bien sûr dans la torture.

Ziva avait été prévisible. Elle avait décidé sans nous concerter de se positionner comme cible privilégiée des terroristes, afin que Yinsen et moi puissions avancer dans notre projet secret. Du bout des lèvres, elle avait dit que ce qu'elle subissait ici était du gâteau par rapport à son entraînement (mais sérieusement qui l'avait entraînée ? les nazis ?). Elle revenait donc régulièrement et prévisiblement contusionnée, fracturée ou ensanglantée, en fonction de ce que Raza lui avait fait subir.

Les colères froides de Raza étaient prévisibles, et vraiment Ziva en profitait. Nous comprîmes un peu plus tard qu'en étant régulièrement traînée hors de notre cellule, elle parvenait à récolter des informations parcellaires, qui mises bout à bout allaient nous être très précieuses. La position d'un poste de garde, le nombre de terroristes, la présence d'armes, et bien sûr, un plan décousu de la grotte.

Notre relative lenteur à construire l'armure était prévisible (et calculée). D'abord, je n'avais pas accès à JARVIS (bordel, il me manquait) pour m'aider à coder la proto-IA, calculer les ratios poids/puissance, à positionner les pièces critiques aux endroits les plus appropriées. Certes, je pouvais le faire dans mon sommeil, mais ne pas le faire était plus rapide dans tous les cas. Ensuite, je n'avais pas les meilleurs outils, ni les matières premières que j'aurais choisies dans d'autres circonstances. Il me fallait me limiter aux matériaux de récupération que nous avions sous la main (du recyclage ! Cela allait faire plaisir aux écolos qui réclamaient que Stark Industries fît plus pour l'environnement !). Enfin, j'étais seul à vraiment connaître mon affaire. Yinsen apprenait vite, notamment en ce qui concernait les manipulations minutieuses (il était tout de même chirurgien), mais Ziva n'était que rarement en état de donner un coup de main réellement utile. Nous n'étions donc pas en mesure de vaincre des records de production.

Néanmoins, si tout était prévisible à l'intérieur des grottes, le monde extérieur restait, lui, imprévisible. C'est pourquoi nous fûmes complètement pris au dépourvu quand les terroristes firent un jour irruption dans notre cellule, toutes armes dehors.

« Le missile doit être prêt dans une semaine, sinon, vous mourrez tous ! »

L'ordre nous tétanisa. Cela semblait sortir de nulle part, et rien n'aurait pu laisser prévoir que Raza allait raccourcir violemment nos délais de production. Certes, ces derniers jours, il était particulièrement violent et vindicatif, et s'en était même pris à Yinsen qu'il laissait pourtant tranquille le reste du temps. Ni Ziva ni Yinsen n'avait pu comprendre ce qui avait induit un tel comportement.

« C'est beaucoup trop court ! m'exclamai-je en reprenant mes esprits. »

Les canons des AK-47 se tournèrent vers moi, mais je ne me démontais pas. Les pensées défilaient à toute allure dans ma tête et une idée obsédante pulsait dans mon cerveau. Je devais gagner du temps.

« Une semaine, c'est beaucoup trop court, répétai-je avec plus d'assurance le corps bien campé sur mes pieds. »

Je me persuadais qu'il s'agissait d'une négociation commerciale avec un général un peu trop rigide, ou avec un politicien avide de reconnaissance électorale. Raza n'était pas différent, simplement bien plus armé et bien plus prompt à donner l'ordre de tirer.

« Vous avez une semaine pour livrer le missile, sinon, c'est la mort ! asséna le chef de guerre, plus froid et cinglant que jamais.

- Alors butez-nous maintenant ! fis-je en désignant le pseudo-peloton d'exécution qui me braquait. Parce que c'est tout ce qui va arriver ! Une semaine ? Bordel ! Mais en une semaine, je peux à la limite livrer la carcasse et les explosifs, mais la carte-mère sera en pièce détachée ! T'as pas la moindre idée du temps nécessaire au montage et au codage de la carte-mère d'un missile aussi complexe que le Jericho ! Le moindre un ou zéro mal placé et c'est ton cul qui se fait exploser ! Je suis tout seul ici à savoir faire ça ! J'ai pas de robot, pas d'ordinateur, pas d'algorithme de base déjà programmé pour raccourcir les délais ! Donc butez-nous maintenant, ça nous évitera de nous bousiller à la tâche pour rien, et tu en seras au même point ! »

Pendant de trop longues secondes, plus rien ne pouvait se prévoir ou se prédire. Les muscles faciaux de Raza s'agitaient comme l'aiguille d'un compte-à-rebours, prêt à exploser au moindre choc. Je ne sais toujours pas ce qui m'a pris. J'ignorais à l'époque ce qui poussait Raza et le reste des terroristes à nous demander d'accélérer la production aussi brutalement, mais il était évident que leurs attentes ne pourraient jamais être satisfaites. Et pour cause, il n'y avait aucun Jericho en construction. Au contraire, devoir accélérer revenait à nous mettre bien plus en danger que nous l'étions déjà, et la découverte de la supercherie nous aurait aussitôt coûté la vie. J'essayais donc naturellement de gagner du temps pour nous permettre de mettre notre plan initial à exécution.

« Je vois, fit Raza et je retins un soupir de soulagement car l'homme pouvait être singulièrement borné. Vous avez deux jours pour tout mettre en ordre. On déménage. »

Pourquoi avait-il décidé de rester imprévisible ?


Arriverez-vous à prévoir la suite ? :P

A bientôt !