Bonne année du tigre !
C'est le moment que vous attendiez toutes et tous : l'avancée de l'armure dans la grotte. Vont-ils réussir à sortir sans encombre, ou les Dix Anneaux ont-ils encore un atout dans leur manche métaphorique ?
De D.C. à Kandahar, et même un peu plus loin
Chapitre 16
La première partie de notre plan se déroula sans accroc. Planquée derrière moi, Ziva était d'une précision incroyable, les terroristes n'eurent jamais aucune chance contre elle. Personne ne tenta non plus de nous prendre à revers, et Yinsen fut laissé tranquille. Le pauvre tenait sa kalach' d'une manière bien maladroite et pointait plus souvent vers les murs ou le plafond que devant lui. A partir d'un moment, les terroristes cessèrent de venir à notre rencontre, ce qui ne signifiait qu'une chose.
« Ils nous attendent à la sortie, dit Ziva sans s'arrêter de marcher. »
J'avais hâte d'en découdre moi aussi et je répondis que l'armure était là pour ça. J'avais calculé que le lance-flamme pouvait cracher jusqu'à cinq ou six mètres, donc le peloton d'exécution qui nous attendait ne me faisait pas peur. La lumière au bout du tunnel brillait fortement dans le noir et c'était un peu irréel de marcher vers elle. Quelques mètres avant la sortie, je fis signe à Ziva et Yinsen de se mettre à couvert derrière une aspérité rocheuse, et je me dirigeai seul vers l'extérieur. Aussitôt passé le pas de la grotte, une pluie de balles M43 standard s'abattit sur moi, déformant par endroit la carcasse de l'armure. Je ne m'arrêtai pas pour autant et lorsque je fus à une distance satisfaisante, je déclenchai mon briquet géant et arrosai de flammes mes assaillants.
Les cris d'agonie ne pouvaient me faire plus plaisir. J'avais reconnu certains d'entre eux comme les plus zélés de mes bourreaux, et l'inversion des rôles était une satisfaction cruelle et morbide et surtout intense.
Derrière moi, il y eut à nouveau des coups de feu. Ziva était sortie me prêter main-forte. Après ce qui me sembla une éternité, la bombonne de gaz se tarit et nous pûmes constater les dégâts que nous avions occasionnés.
Une demi-douzaine de corps plus ou moins brûlés se trouvait devant nous. Leur petit nombre m'étonna d'abord, mais je n'eus pas le loisir d'y réfléchir plus avant car un fourgon paramilitaire arrivait et de nouveaux terroristes s'en échappèrent et nous mirent en joue. Ziva avait aussitôt levé son arme mais dut la baisser aussi vite car Raza lui-même sortit du véhicule, une arme de poing vissée sur la tempe d'un homme blanc, menotté.
« Tony ? s'étrangla-t-elle et il me fallut une seconde pour comprendre qu'elle ne s'adressait pas à moi.
- Hey Ziva, fit le nouvel arrivant avec un sourire faussement enjoué. Tu as l'air drôlement bien installée ici ! Mola Ram, là, ne voulait rien me dire.
- La ferme ! Rendez-vous ! ordonna Raza qui poussa le canon de son arme jusqu'à faire pencher la tête dudit Tony sur le côté. Ou je l'abats ! »
Coincé dans l'armure, il m'était difficile de répondre, j'en étais très frustré. Ziva allait devoir mener toute la négociation seule, car Yinsen était hors de mon champ de vision, et ma première supposition était qu'il se trouvait encore dans la grotte, à couvert. Cela aurait été une bonne nouvelle si le chirurgien avait su manipuler correctement une arme.
Une nouvelle personne sortie du fourgon, une femme rousse à la peau blanche rougie par le soleil, qui s'avança avec un air contrarié. Je ne parlais que quelques mots de russe, si bien que je ne compris pas ce qu'elle dit à Raza, mais le chef de guerre n'eut pas l'air exactement ravi par ses mots. Il nous ordonna à nouveau de nous rendre en accompagnant ses mots d'un geste rageur de son arme.
Le canon du pistolet n'étant plus collé contre son crâne, l'homme menotté en profita pour lancer un coup de tête bien senti à Raza, alors que la femme perdait son air ennuyé et attaqua les autres terroristes autour d'elle.
Ses gestes précis et violents étaient d'une efficacité redoutable et elle mit trois hommes à terre en seulement quelques mouvements. Ziva en profita évidemment pour se mettre à couvert derrière moi et tirer sur ceux qu'elle parvenait à voir pour couvrir la rousse et l'autre Tony.
La bataille était rude, et je n'y étais d'aucune utilité, sauf à servir de bouclier, mais alors que Ziva et l'autre femme semblaient venir à bout des terroristes, Raza reprit ses esprits et fit une chose incroyable : il créa un mur de glace.
Vraiment. Il leva simplement la main et un mur de glace monta vers le ciel. Évidemment, nous pouvions contourner le mur, mais il s'étendait de secondes en secondes si bien qu'il scinda bientôt le camp terroriste en deux. Il traversait les cabanes de munitions vidées pour le déménagement, et les quelques tentes d'habitation qui restaient. La glace semblait très pure, car nous pouvions voir la silhouette de Raza bouger derrière, rendue floue par l'épaisseur d'eau gelée.
Nous étions si stupéfaits qu'il fallut de longs moments pour que la rousse réagisse. Elle porta la main à son oreille et demanda, en anglais cette fois :
« Vous avez vu ça ? Reçu. Je ne pense pas. Présence d'un 0-8-4 très probable. Avancez avec prudence. Reçu. Je pense que c'est le mieux. »
Alors qu'elle baissait son bras, une énorme tâche rouge apparut sur l'autre côté du mur et une détonation retentit au loin et se réverbéra longtemps dans les montages arides.
« Gibbs ? demanda Ziva à l'homme menotté.
- Gibbs. »
Raza venait de prendre une balle de sniper en pleine tête.
J'ai honte de l'avouer, mais dans la mêlée, j'avais un peu oublié Yinsen. La cinquième roue de notre carrosse avait tenté de suivre Ziva, mais s'apercevant que son arme s'était enrayée, et ne sachant pas réellement se battre, il ne s'était pas jeté inconsciemment dans la mêlée.
Quand tout fut fini, il émergea de la grotte, visiblement épuisé par toutes ces semaines, voire ces mois de détention et parfois de torture. Ziva et lui m'aidèrent à sortir de l'armure, en la désossant purement et simplement, et nous nous étreignirent de soulagement.
Il fallait désormais attendre le reste de la cavalerie, ce qui allait prendre un peu de temps. Une partie de notre petit groupe hétéroclite choisit de s'asseoir à même le sol poussiéreux, à bonne distance de l'immense mur de glace qui commençait doucement à fondre.
Enfin, je pus dévisager nos deux sauveurs sans l'étroitesse de l'ouverture pour les yeux. La femme rousse était le cliché parfait de la femme fatale, une beauté froide et létale, elle inspirait fascination et crainte autour d'elle. L'homme, qui n'était plus menotté et qui se massait les poignets, me rappelait quelqu'un et il me fallut de longues minutes pour le situer.
« Tonio ? finis-je par balbutier. Tonio DiNozzo ? Oh bordel ! J'en reviens pas !
- Vous vous connaissez ? demanda Ziva. Tony, tu connais Stark ? »
Nos ahurissements respectifs firent rire Yinsen et agacèrent la femme rousse, qui finit pas se présenter comme l'Agente-Natasha-Romanoff-du-SHIELD.
Nous expliquâmes donc entre nous les coïncidences qui nous avaient réunis. Je connaissais Tonio DiNozzo depuis l'enfance, puisque nous étions voisins à Long Island. Ziva et Tonio avaient travaillé ensemble au NCIS. Ziva et moi nous nous étions retrouvés capturés par les Dix Anneaux.
Le mur de glace, en plus d'être complètement incongru, empêchait l'arrivée du reste de la cavalerie, et il leur fallut percer un trou à travers son épaisseur. En émergèrent plusieurs hommes. Le premier portait un habit de camouflage militaire et un fusil de tireur d'élite en bandoulière, venaient ensuite un Man in Black classique qui était presqu'aussi incongru que le mur de glace dans les montagnes afghanes, un homme qui avait tout du militaire, jusqu'à la mine patibulaire, deux lambdas qui devaient être un peu plus que des lambdas, mais rien dans leurs physiques ne permettaient de déduire quoique ce soit, et enfin :
« Rhodey ! m'exclamai-je.
- Tony ! Enfoiré ! T'es en vie ! »
Je me relevai juste à temps pour rendre à mon meilleur ami son accolade, qui oscillait entre soulagement et désespoir. Ni l'un ni l'autre n'étions convaincus que le cauchemar était enfin fini, mais nous commencions doucement à y croire.
Il fallut un petit moment de retrouvailles en tout sens pour qu'enfin les choses bougent. Yinsen, Ziva et moi étions épuisés, certainement mal nourris et déshydratés, contusionnés, voire fracturés et supportant un nouveau trauma trop lourd à porter.
L'homme-camouflé-en-buisson engueulait doucement Tonio, en lui promettant que la prochaine fois qu'il jouait aux appâts à terroristes, il était viré. Ziva échangea une étreinte brève mais tout de même chaleureuse avec le militaire patibulaire, et les lambdas discutaient avec Yinsen.
Le Man in Black, Agent Coulson (typiquement un nom américano-américain, parfait pour être un agent fédéral secret), et Rhodey appelèrent un hélicoptère médical pour nous évacuer, maintenant que la zone était sécurisée.
Tout était bien qui finissait bien.
Enfin presque.
Et voilà ! Ils sont sortis ! Traumatisés mais sortis ! Et Yinsen est vivant :D
Dites-moi tout le bien que vous pensez de cette conclusion en review. Attention, l'histoire est loin d'être finie !
A bientôt !
