Stiles souriait de toutes ses dents. Voici longtemps qu'il rêvait de ce moment et le voilà arrivé. Il partait en vacances avec la meute ! Quatre jours de détente tous ensemble, dans un camping qui se situait dans une dense forêt, qui débouchait sur une sorte de plage. Un endroit paradisiaque.
- Stiles, tu vas trop vite ! Râla Lydia, à l'arrière. Ralentis !
- Ouais, ton tas de ferraille risque de lâcher si tu continues à cette vitesse, continua Théo.
- Parle pas mal de ma Roscoe, elle tiendra très bien le coup, assura Stiles. Elle en a vu d'autres !
- Je savais qu'on aurait dû prendre ma voiture, soupira Jackson.
- Pourquoi je suis là, moi, déjà ? Demanda Liam, l'air désespéré.
- Parce qu'il n'y avait plus de place dans la voiture où il y a Scott, lui rappela la rousse d'un ton faussement condescendant.
La banshee, installée entre Jackson et Théo, soupira. Cet hyperactif qui lui servait d'ami était irrécupérable. Des mois qu'il leur parlait de cette sortie de meute, dont Derek avait eu l'idée en premier. Autant dire que lorsqu'il l'avait émise, Stiles, pourtant en éternelle discorde avec le loup, avait pour la première fois été d'accord avec celui-ci. Des vacances tous ensemble leur ferait du bien, surtout après toutes ces épreuves surnaturelles qui les avaient épuisés, autant physiquement que mentalement. Entre leurs études et ces problèmes particuliers, les adolescents ne savaient plus où donner de la tête. Souffler un peu ne pouvait qu'être une bonne chose.
Stiles faisait sans doute partie de ceux qui avaient le plus besoin de repos. Il avait beau être humain et ne pas toujours aller sur le terrain lors de leurs missions qui se transformaient généralement en combat, c'était toujours lui qui se tuait le premier à la tâche. Lorsqu'une nouvelle entité surnaturelle ou une meute faisait son apparition, le jeune homme se lançait dans d'immenses sessions de recherches qui lui faisaient parfois faire des nuits blanches et sauter quelques repas. Son côté hyperactif ne l'aidait pas. Toujours penser, toujours réfléchir, toujours imaginer toutes les possibilités. Stiles se lançait toujours à corps perdu dans les enquêtes de la meute, quitte à parfois se mettre en danger, directement ou non. Une fois, son père avait dû l'obliger à mettre en pause des recherches pour l'obliger à manger car il tenait à peine debout. Sa meute, il l'aimait profondément, c'était sa deuxième famille. Il n'y avait rien qu'il ne ferait pas pour elle. Bien sûr, il y avait quelques ombres au tableau, certains évènements de son passé, comme l'épisode du Nogitsune, Allison et Donovan. Mais Stiles étant un sacré personnage, il avait décidé de ne pas se laisser abattre et avancer. Une vraie force de la nature, malgré son corps fin pas assez musclé. Le jeune homme avait toujours l'impression qu'un rien pourrait le briser, dans cette famille composée majoritairement de loups.
Pour faire un peu peur à ses amis, Stiles enfonça à fond l'accélérateur et Lydia hurla, de sa voix d'humaine. Il sentit également la crispation des garçons. Satisfait de son petit effet, Stiles ralentit en riant.
- Je vais vraiment finir par te buter, Stilinski… Grogna Jackson, le regard noir.
- Si tu fais ça, qui réparera Roscoe quand elle tombera en panne ? Rit Stiles, qui énonçait toutefois une vérité.
- Parce que tu penses que ça va arriver sur le trajet peut-être ? Railla Théo.
- Bien sûr, pourquoi tu crois que je garde toujours un rouleau d'adhésif dans le coffre ?
- Tuez-moi, soupira Liam.
C'est avec une joie non feinte que Lydia descendit de la Jeep de Stiles, qui était effectivement tombée en panne sur le chemin. Comme toujours, l'hyperactif l'avait rafistolée avec son rouleau d'adhésif, comme toujours, avec le sourire. Il se sentait déjà en vacances.
Leur voiture était la première arrivée, celle de Derek, qui contenait bien évidemment ce dernier avec Scott, Malia, Peter et Isaac, ne tarda pas à les rejoindre, vite suivie par celle d'Ethan, Mason et Corey. La réception, vide avant leur arrivée, fourmilla de ce petit monde qui récupéra les clés de leurs bungalows respectifs. Ils étaient au nombre de cinq : trois cabanons de trois places chacun, puis deux de deux places, pour les couples. Car évidemment, la question s'était posée dès la première réunion pour organiser ces vacances : il y avait deux couples actuellement dans la meute et il était clair qu'aucun célibataire n'avait envie de se retrouver à partager et à dormir dans le même espace que êtres vivants en chaleur. Pour cette raison, Corey et Mason eurent droit à leur petit nid, idem pour Ethan et Jackson, qui s'embrassèrent goulument lorsqu'ils se retrouvèrent. Les autres n'avaient pas encore discuté du reste de la répartition, mais c'était ce qu'ils allaient voir maintenant. Les trois bungalows de trois places étaient à côté, ceux des couples un peu plus loin dans l'allée. Chacun aurait son intimité. En soi, Scott était plus ou moins avec Malia mais, puisque ce n'était pas officiel, on n'avait pas discuté de leur cas. Ils se cherchaient, certes, rien d'assez concret toutefois pour leur réserver un bungalow pour eux. Puis, les poches des deux Hale n'étaient pas extensibles, malgré leur immense fortune.
Les clés récupérées, on indiqua l'allée des bungalows qui leur étaient réservés sur le plan du camping et la joyeuse petite troupe se mit en routes, chacun portant ses bagages. Ceux de Stiles n'étaient pas énormes, si on les comparait à ceux de Lydia. Deux valises pour quatre jours. La belle banshee voulait s'habiller en accord avec ses humeurs et le décor. Le camping était très bien situé, l'endroit était magnifique. La rouquine avait pris un énorme appareil photo pour l'occasion. Il fallait immortaliser ces premières vacances de meute, c'était primordial.
Les deux couples partirent tout de suite rejoindre les cabanons qui leur avaient été attribués. Les autres discutèrent devant les bungalows, commençant à créer des petits groupes. Lydia, ne voulant pas se retrouver seule avec deux mâles, prit d'ores et déjà Malia avec elle et sélectionna Liam, car elle le trouvait doux et savait qu'il ne jouerait pas le pervers à essayer de regarder les filles sous la douche le soir. Le louveteau ne put protester. Ce que Lydia Martin veut, Lydia Martin l'obtient. Dommage, il aurait bien voulu aller avec Scott qui, lui, avait été accaparé par Isaac. Derek prit d'autorité Peter avec lui pour, je cite, « surveiller ce psychopathe de près. » Stiles, d'humeur égale, laissa Théo décider de là où il désirait aller. Il était comme ça, le Stilinski. Il avait beau avoir ses préférences, il faisait généralement passer les autres avant lui. Son ancien ennemi rejoignit alors le groupe de Scott et Stiles fut forcé de se retrouver avec les deux Hale. Il soupira discrètement. Ce n'était pas son choix premier mais ce n'était pas grave, il ne partagerait leur territoire que pour la nuit.
- Oh non, pas lui, râla théâtralement Peter.
Son ressenti envers Stiles était aléatoire parfois, il allait le trouver on ne peut plus drôle d'autres fois, diablement agaçant. Ça dépendait de son humeur et Stiles semblait aujourd'hui taquin, on le voyait à son regard devenu espiègle.
- Me fais pas de coup fourré, le psychopathe, ou tu auras la joie de découvrir des araignées sous ton oreiller ce soir.
- C'est ça, cause toujours, morpion, ricana Peter.
Derek, de son côté, ne disait rien. Il semblait déjà fatigué de se retrouver avec ces deux énergumènes : son oncle était déjà difficile à gérer, alors s'il devait en plus s'occuper du cas Stilinski… Ces petites vacances ne s'annonçaient pas aussi reposantes que prévues.
S'il savait à quel point il avait raison.
Stiles rangea ses affaires en sifflotant un air que lui seul semblait connaître. Être dans le même bungalow que l'oncle timbré et le loup mal léché n'était pas ce qu'il aurait voulu, mais ils étaient forts. Et ils avaient un bon fond, en soi. Si jamais il lui arrivait quelque chose, il aurait deux anciens alphas pour le protéger. Stiles ricana tout seul. Ce n'était pas si mal d'être le seul humain de la meute. On ne pouvait pas compter Lydia et Mason dans le lot, la première étant une banshee et l'autre ayant gardé quelques capacités que lui avait laissées la bête. Stiles était réellement le seul être sans faculté surnaturelle de la meute. Il avait son intelligence, c'était déjà ça. Mais était-ce assez ? Stiles perdit alors son sourire et stoppa tout mouvement. Parfois, ce constat lui minait un peu le moral. Il ne voulait pas la morsure, ça, c'était sûr. Cependant, il avait parfois envie d'être comme ses amis, quelqu'un de spécial. Il se sentait régulièrement incomplet, comme s'il lui manquait quelque chose. Comme s'il aurait pu être quelqu'un de mieux, mais que c'était raté.
Stiles ne s'était même pas rendu compte qu'il fixait sa main gauche, ouverte comme si elle était censée renfermer quelque chose. Il sortit bien vite de sa contemplation inconsciente et se retourna vivement lorsqu'il entendit la porte de la chambre qui lui avait été attribuée s'ouvrir assez brusquement. Remerciez pour cela le côté brut de Derek Hale.
- Un problème ? Demanda-t-il, son visage aussi fermé que d'ordinaire, sa voix toutefois vide d'agressivité.
- C'est plutôt à toi que je devrais demander ça, grimaça Stiles. T'entres comme ça, sans prévenir. Qu'est-ce que j'ai fait ?
Leur relation avait beau s'être un peu apaisée avec le temps, ce n'était pas encore ça non plus. Ils avaient confiance l'un en l'autre, mais n'étaient pas amis pour autant. Les discordes et mésententes étaient assez fréquentes et régulières. Au moins, ils savaient pouvoir compter l'un sur l'autre, c'était un début.
- Ton odeur était différente, lâcha Derek, en croisant ses bras sur sa poitrine.
- Alors effectivement, il faisait chaud dans la voiture et y avait pas la clim, j'ai peut-être un peu sué, rien qui ne nécessite que tu relèves aussi délicatement ce fait, répondit tout naturellement Stiles en repliant un t-shirt pour qu'il prenne moins de place sur l'une des étagères du placard. Donc je vais prendre une douche dans peu de temps, t'en fais pas, ton nez sera bientôt épargné.
Derek soupira. Le sarcasme de Stiles, comme toujours, l'irritait. Néanmoins, cela ne pouvait pas lui faire oublier ce qu'il avait senti. Quelque chose qui n'avait pas sa place en ce lieu, en ce temps de vacances bien méritées.
- Je parlais pas de ta sueur, idiot. T'étais triste, lâcha Derek, qui gardait étonnamment son sang-froid.
Stiles haussa un sourcil, sans toutefois tourner la tête vers le bêta. Il prit le temps de ranger un autre t-shirt sans se presser, sans répondre non plus. Il sentait Derek se tendre et cela lui fit automatiquement esquisser un léger rictus. Il savait que le Hale détestait qu'on le fasse attendre et en conséquence, c'était une chose qu'il adorait faire. Agacer les gens était un de ses plus grands talents.
- Je ne savais pas que tu faisais dans le sentimental, Sourwolf. Plus sérieusement, t'es vraiment venu juste pour ça ? Lui demanda Stiles en se retournant finalement vers lui, l'air sincèrement surpris. Après c'est cool, ça montre que t'es pas insensible. C'est déjà bien. D'ordinaire, je me demande si tu ressens ce qu'on appelle des émotions. T'es tellement… Toi. Genre t'es toujours froid, tu parles sans cesse de manière agressive mais sans avoir réellement l'air en colère, un peu comme un robot, tu…
- Stiles, le coupa Derek, commençant sérieusement à s'exaspérer.
- Oui, pardon, je divague, je sais, se reprit Stiles.
D'un air nonchalant, il continuait de ranger ses quelques affaires dans le placard alors que son odeur était à nouveau normale. Néanmoins, hors de question pour Derek de lâcher l'affaire. Par chance, Stiles eut l'air d'avoir pitié de lui puisqu'il repartit sur le bon sujet.
- J'étais pas triste, juste… Pensif, avoua-t-il. Maintenant que tu as ta réponse, tu peux retourner vaquer à tes occupations l'esprit léger.
Stiles disait ça mais au fond, il était fortement étonné par l'intérêt que semblait lui porter le bêta. Il n'allait néanmoins pas s'en plaindre, si ça pouvait lui éviter d'être plaqué contre un mur…
- Qu'est-ce qui te rendait triste ? Continua Derek, l'air impassible.
- Alors encore une fois, j'étais pas triste, mais pensif et ensuite… C'était rien d'important. Et puis d'abord, pourquoi tu veux savoir ça ?
L'air dubitatif de Stiles était on ne peut plus visible alors qu'il passait aux pantalons. Cette fois, ce fut Derek qui l'agaça et non l'inverse, en refusant de répondre à sa question. Il restait silencieux, se contentait de le toiser, inexpressif. Et Stiles n'aimait pas ça. Au moment où il allait se remettre à parler pour lui exprimer sa pensée, Derek le devança et commença à sortir de son immobilité et à se retourner vers la porte de la petite chambre.
- Sois pas triste pendant ces vacances. Les autres sont, pour la plupart, des loups. Ils le sentiront.
- T'as peur que je leur gâche ? S'offusqua Stiles, piquant un fard à cette idée.
- Plutôt que tu te les gâches. Profite de ces quatre jours, t'auras tout le temps de penser à tes problèmes plus tard.
Et il partit, le laissant seul avec ses questionnements. Stiles ne saurait dire si le loup l'agaçait ou s'il était touché de sa potentielle sollicitude. Derek Hale était une énigme à lui tout seul : un jour, il pouvait être agressif et mal luné au possible, et presque agréable le lendemain. Connaissant son cerveau d'hyperactif et sachant fort bien qu'il ne valait mieux pas qu'il réfléchisse trop dans ce genre de cas, Stiles balaya ses questions d'un revers de main et termina de ranger ses affaires.
Ensuite, il se posa dans son lit et lut quelques pages d'un livre qu'il avait amené.
Pour le repas du soir, les membres de la meute allèrent chercher des plats à emporter au snack du camping et firent un pique-nique au bord de la plage. Le doux vent marin fouettait leur visage et apportait quelques grains de sable dans leur nourriture, mais ils s'en foutaient, ils profitaient. Même Derek et Peter semblèrent se dérider un peu. On rit, on discuta, on rigola. C'était un moment simple mais convivial qui fit du bien à tout le monde.
Alors qu'il en était à la moitié de son hamburger, Stiles ressentit une gêne au niveau de sa poitrine, comme un poids, mais ne dit rien. Il prit le soin de respirer de grandes goulées d'air de manière discrète et répétée, puis tout revint à la normale quelques secondes plus tard. Il ne se formalisa donc pas de ce fait.
Le soir, chacun resta dans son bungalow à faire des activités en tout genre, il fallait être en forme pour le lendemain.
Stiles s'était douché et lavé les dents tôt et en premier, de manière à être tranquille et à ne pas gêner les deux loups qui partageaient son mobil-home. S'il avait été avec ses amis, comme Scott, par exemple, peut-être aurait-il traîné un peu. Au moment d'aller se coucher, il eut un léger vertige qui l'obligea toutefois à s'appuyer contre le mur de la pièce à vivre du bungalow. Il ferma les yeux un instant et ses sourcils se froncèrent un tantinet, le temps qu'il retrouve une certaine notion d'équilibre. Les bruits autour de lui étaient flous et un peu saturés, si bien qu'il finit par remarquer qu'on ne l'appelait qu'au bout de quelques secondes. À ce moment-là, il rouvrit brusquement les yeux et se retourna un peu trop brusquement, si bien que son vertige, loin de diminuer, augmenta soudainement en intensité. Sa main, qui s'était décollée du mur, aurait peut-être dû y rester. Son équilibre à peine retrouvé partit en fumée et nul doute que Stiles se serait rétamé sur le sol s'il avait été seul à ce moment-là. Par chance, les deux loups qui lui servaient de colocataires pour quatre jours étaient présents. C'était Peter qui l'avait appelé en le voyant ainsi, l'air pas très bien, appuyé contre le mur de la pièce à vivre. Par contre, ce fut Derek qui le rattrapa alors qu'il était en train de chuter.
- Putain, Stiles… Souffla Derek.
- M'a pas l'air très en forme notre petit humain détestable, nota ironiquement Peter.
La tête de Stiles lui faisait mal, mais sans doute moins que si celle-ci s'était éclatée contre le plancher. Dans les bras de Derek, il grimaçait, alors que celui-ci le relevait doucement, avec une étonnante délicatesse pour sa carrure et son comportement.
- L'humain détestable t'emmerde, soupira Stiles en rouvrant très doucement les yeux.
Sa voix paraissait forte, mais l'adolescent se laissa totalement faire, comme s'il n'avait plus de forces, lorsque Derek le poussa sur le canapé près de lui. Il était préférable que l'hyperactif reste assis pour le moment. Et pourtant, il ne le lâcha pas, gardant un bras autour de lui. Même assis, Stiles ne paraissait pas avoir retrouvé sa stabilité et ça faisait peur. Son visage était pâle et les battements de son cœur, assez irréguliers. Toute énergie semblait avoir quitté le jeune homme aux multiples grains de beauté.
- En attendant, t'allais t'étaler comme une merde, lui rappela sournoisement Peter, une petite lueur d'inquiétude trahissant toutefois son regard.
- Ouais, désolé pour ça, j'ai eu un petit vertige, lâcha Stiles en se frottant le visage avec ses mains, sans réellement faire attention à sa position. Ça ne se reproduira plus.
- C'est pas la question, intervint Derek, gardant son bras autour de l'adolescent. Réponds-moi honnêtement, Stiles, est-ce que tu vas bien ?
Stiles tourna doucement la tête vers le loup de naissance et fut surpris de voir que l'inquiétude déformait ses traits.
- Tu refais dans le sentimentalisme ou je rêve ? Demanda-t-il plutôt, incrédule. Sourwolf, tu me surprends de plus en plus.
- Stiles… Soupira Derek, exaspéré.
- Mais oui, ça va… Je te l'ai dit, c'était juste un vertige. Je me suis retourné un peu vite quand vous êtes arrivés et…Ouais, je suis allé un peu vite.
Derek le sonda, sourcils un peu froncés. Son cœur ne l'avait pas trahi par des ratés, il n'avait donc pas menti… De son point de vue. Le loup avait vu l'air mal en point de l'adolescent avant qu'il ne perde l'équilibre. Il avait un problème, sans sembler le savoir lui-même.
- Toi, tu vas très vite aller au lit.
- Lâche-moi alors, dit Stiles, sans réelle conviction toutefois.
Car il avait bien fini par remarquer ce détail, le bras puissant de Derek autour de lui. Maîtriser les battements de son cœur ? Réussi. Il espérait seulement que son visage n'avait pas viré au cramoisi. Pas qu'il soit amoureux ou quoi, simplement… La présence de Hale alias testostérone sur pattes aussi près de lui avait de quoi perturber. C'était Derek, l'ancien alpha avec qui il était très souvent en désaccord. Le bêta qui avait un charisme fou et qui l'avait rattrapé lui, le pauvre humain qu'il était. Inutile, de surcroit. Il y avait de quoi être troublé. Après, le contact avec Derek n'était pas foncièrement désagréable et Stiles se surprit à espérer qu'il ne s'éloigne pas tout de suite. Un Derek bienveillant, c'était rare. Doux ? Encore plus. Franchement, Stiles préférait ça qu'être plaqué contre un mur.
- Non, il vaut mieux que je t'y amène moi-même, rétorqua Derek en ancrant son regard dans le sien.
Ces yeux bleu-vert impressionnaient toujours autant Stiles qui les avait toujours trouvés magnifique. Pendant longtemps, il avait trouvé dommage que de telles orbes appartiennent à un connard. Connard qui n'en était plus vraiment un depuis des mois, à ses yeux. Derek avait certes de mauvais côtés, mais Stiles savait qu'il avait bon fond, la preuve en était qu'il se préoccupait du petit humain fragile qu'il était. Faisait-il une fixette sur son état un peu nul par rapport à ses amis ? Peut-être. Ce n'était pas de sa faute si ce fait commençait à le miner.
- Traduction, tu sais pas marcher, se moqua gentiment Peter.
- Je suis pas encore handicapé, maugréa Stiles. Avec toutes ces conneries de surnaturel ça risque d'arriver, mais pas tout de suite.
Alors, il commença à se lever, faisant fi du bras de Derek, mais il eut un nouveau vertige qui le fit tanguer et l'obligea à fermer les yeux tant la douleur qui naquit à l'intérieur de son crâne fut forte. Tout de suite, il sentit deux bras l'entourer et le ramener vers un corps ferme. Pourquoi se sentait-il si mal, ce soir ? Pourquoi devant ces deux-là ?
- T'es têtu ma parole, soupira Derek.
Cette fois, sans que Stiles puisse dire quoi que ce soit, le loup l'aida à marcher jusqu'à sa chambre. Il ne râla plus et se reposa totalement sur lui, le laissant le guider à sa guise. Il commençait sérieusement à se sentir vaseux et fut finalement heureux que Derek ait son bras autour de lui, il le tenait si fermement qu'il était impossible qu'il tombe. Les yeux entrouverts, il fut presque spectateur de la scène qui suivit. Le Hale l'aida à s'allonger avec une surprenante douceur si bien qu'il fronça les sourcils mais ne lutta pas le moins du monde.
- Désolé… Je… Ce doit être la route, j'aurais peut-être dû faire une pause. Ou alors j'ai pas assez bouffé. Ou je…Pardon, je voulais pas me donner en spectacle devant vous…
Parce que Stiles commençait à se prendre en pleine face le fait qu'il était actuellement faible et que Derek l'avait soutenu par deux fois, obligé de l'accompagner jusqu'à sa chambre et de l'aider à s'allonger. Quelle honte. N'était-il pas déjà assez faible comme ça ?
- Laisse et repose-toi, t'en as besoin.
Stiles aurait bien continué de se confondre en excuse, mais sa fatigue aussi soudaine qu'étrange le rattrapa. Ses paupières se faisaient lourdes, tout comme son corps. Il eut bien du mal à se mouvoir assez pour arriver à se glisser sous ses draps. Il remercia intérieurement Derek de ne pas l'aider pour ça. Il avait eu la décence de le laisser faire, permettant à Stiles de ne pas augmenter sa honte.
Alors que Derek sortait de la chambre, Stiles murmura un merci tout juste avant de sombrer d'un coup d'un seul dans les limbes du sommeil. Grâce à son ouïe lupine, l'ancien alpha l'entendit et referma doucement la porte. Arrivant dans la pièce à vivre, il fit face à son oncle qui le regardait, l'œil inquisiteur. N'ayant pas le moins du monde envie d'entamer une conversation à cette heure-là, Derek l'ignora superbement et partit se coucher de son côté, sans se douter une seconde qu'une épée de Damoclès menaçait la vie de l'humain dans la pièce d'à côté.
