1
Vingt et un ans plus tard

Il avait bien changé. Le Département avait changé de mission, changé d'apparence, changé de direction. Finies, les recherches obscures frôlant la magie noire. Finis, les jugements de nés-Moldus sous la domination de Voldemort. Vingt et un ans étaient passés au Département des Mystères. Il était tôt, trop tôt encore pour que les couloirs soient surchargés de personnel, comme c'était inévitablement le cas tous les après-midi. Il faudrait attendre encore quelques heures, avant que le grand hall d'entrée ne se remplisse de sorcières et de sorciers enthousiastes. Déjà, par-delà la surface, les premiers rayons du soleil commençaient à poindre au-dessus de l'horizon, éclairant Londres de sa douce lumière. Une nouvelle journée commençait pour tous les habitants de Londres. Les familles de sorciers aux emplois matinaux ouvraient paisiblement les yeux, tirés en douceur de leur sommeil par les tout nouveaux enchantements de réveil du ministère.

Harry et Ginny Potter dormaient encore paisiblement. Un rayon de soleil entra par la fenêtre et frappa la joue de Harry, libérant une douce chaleur qui l'éveilla. Il prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. Il prit un temps pour se rappeler où il se trouvait. Il était chez lui, dans la Noble et très ancienne Maison des Potter. Elle avait changé, elle aussi, elle aussi, en vingt et un ans. Harry y avait fait de nombreuses rénovations, en particulier pour nettoyer et éclairer cette relique du passé, et la rendre propre à héberger leurs trois enfants. Chaque matin, maintenant, le soleil venait le réveiller à la bonne heure.

Harry passa un bras sous sa tête et contempla le paysage par la fenêtre. Sur la droite se tenait une petite dune de sable. Au-delà de cette dune, après la forêt venait un lac, sur la rive duquel il y avait un village, et à côté du village, une colline, la colline de Têtafouine. Par-delà cette colline, il y avait une rivière, puis un champ, puis le Terrier, où vivaient Ron et Hermione Weasley. Harry resta perdu dans ses pensées le temps que le soleil monte suffisamment pour éclairer Ginny. Elle ouvrit les yeux et regarda Harry. Il tourna la tête et la regarda. Ils se contemplèrent silencieusement. Ils sourirent.

2
Le Nouveau Département des Mystères

Une heure plus tard, après un long voyage à travers le dédale de couloirs du Ministère, Harry arriva devant la porte de son Département. Il avait longtemps rêvé de cette porte, des années auparavant. Il repensa à tout ce qui s'était passé alors. Il avait vécu une des années les plus sombres de sa vie, qui l'avait menée à rentrer par effraction dans le ministère, avec ses compagnons dont…

Hermione tapa sur l'épaule de Harry.

— Oh, tu dors ?

Harry se réveilla de sa rêverie et la regarda. Il secoua la tête en souriant. Ils franchirent la porte en bavardant jusqu'à la chambre d'expérimentations où ils devaient passer la journée.

— Rose me demandait tout le temps comment ça se passait, le travail avec toi, dit Hermione. Maintenant qu'elle est à Poudlard, j'aurai moins besoin de me casser la tête pour ne pas révéler les secrets du Département !

— C'est vrai que ça simplifie les choses.

— Et chez toi, comment ça se passe, avec Ginny et les enfants ?

— Chez nous aussi, les enfants sont tous à Poudlard. Quand ils rentreront pour les vacances, samedi, ça sera autre chose.

— Vous passerez bien nous voir au Terrier ! Lily a bien passé sa rentrée en première année ?

— Oui, sans problèmes. Ginny s'était inquiété pour rien, finalement.

La porte s'ouvrit et laissa passer Ray Carmichael, leur nouveau collègue. Il était arrivé au Département à peine quelques semaines plus tôt, et avait été affecté dans leur équipe.

— Bonjour Harry, bonjour Hermione…

— Salut, Ray, répondirent Harry et Hermione.

Ray posa son chapeau et s'assit.

— Qu'est-ce qu'on fait, ce matin, Hermione ? demanda-t-il.

— Alors… dit-elle en fouillant ses notes. L'expérience d'aujourd'hui vise à créer une alternative viable aux Retourneurs de Temps par sortilège ou par enchantement.

Elle se leva et disposa les Retourneurs sur la table antisorts.

— On va commencer par des petits sortilèges de Transfert, par exemple sur des livres ou des montres…

— Ça ne marchera pas, l'enchantement d'un Retourneur de Temps est trop simple pour être transféré aussi facilement.

— Hmm, tu as raison… Il faut les compacter avant de pouvoir les manipuler convenablement.

— Ok, alors… sortilège de compactage, tout le monde ?

Ray hocha la tête et se plaça de l'autre côté de la table. Harry et lui sortirent leurs baguettes.

— Prêts ? demanda Hermione. Trois, deux, un…

Des rayons jaunes sortirent de leurs baguettes et frappèrent le groupe de Retourneurs de Temps qui disparurent dans une petite détonation en laissant la place à un plus gros sablier.

— Ok, dit Hermione. Ça a marché. On passe au Transfert, maintenant ?

Harry et Ray acquiescèrent en rangeant leurs baguettes.

Hermione pointa le sablier et se concentra. Soudain, sa baguette se mit à trembler puis à vibrer et elle écarquilla les yeux. Un rayon rouge sortit de sa baguette et percuta le sablier. Une formidable explosion secoua la pièce, et Harry se sentit soufflé contre le mur, pendant que la pièce disparaissait sous la poussière, les débris des étagères et de leur contenu, et les toiles de protection visiblement inutiles qui recouvraient la pièce. Une seconde explosion, plus violente encore, détruisit ce qui restait du matériel et l'envoya voler contre le mur. Tout devint noir.

3
L'accident

Harry reprit connaissance sur un sol froid et poussiéreux. Il ouvrit les yeux. Il ne reconnut pas l'endroit où il se trouvait. Il était dans une pièce totalement vide, aux murs gris et nus. Une seule lueur rougeâtre semblait venir d'une tache rouge à peu près circulaire sur le mur. Il se leva et s'en approcha. Sa surface semblait bosselée et solide, mais en mouvement perpétuel. Il sortit sa baguette, interloqué, et toucha doucement le centre de la tache rouge. L'ensemble des petites bosses se mit soudain en rotation. Une vibration grave émana de la tache, avant de grimper dans les aigus. Harry se recula prudemment, et la tache creva, laissant apparaître peu à peu une surface de bois bloquant le passage, laissant trente centimètres de vide au-dessus. C'est un portail ! pensa-t-il aussitôt. Il s'approcha et regarda par-dessus la paroi de bois. Il découvrit la pièce qu'il venait de quitter, presque détruite par l'explosion. Il vit que la paroi de bois était en fait une table, la table où ils avaient réalisé l'expérience. Elle était bloquée par deux étagères renversées et encastrées l'une dans l'autre. Il essaya de pousser, rien ne bougea. Il appela :

— Hermione ? Ray ?

Il perçut un mouvement en face de lui, et Hermione émergea tant bien que mal des décombres. Elle le regarda avec des yeux ronds.

— Harry ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Je crois que c'est un portail. J'ai l'impression qu'il a été provoqué par l'explosion. Tu vas bien ?

Elle se releva.

— Oui, je crois.

— Où est Ray ? demanda Harry.

Elle regarda autour d'elle et prit un air horrifié.

— Il est là ! Je… je crois que c'est lui !

Elle se précipita et sortit du champ de vision de Harry.

— Aaaah !

— Hermione !

Harry tenta une nouvelle fois d'écarter la table, mais elle ne bougea pas. Hermione revint en face de lui, blême.

— Il… il est mort, Harry. Il a été écrasé sous une étagère.

Sous le choc, Harry ne répondit pas. Hermione le réveilla de sa torpeur.

— Où es-tu exactement ? Tu vois quelque chose ?

— Non. Je suis dans une pièce vide. Je ne la reconnais pas.

— Tu peux revenir ?

— Non, j'ai essayé, la table est bloquée, elle ne bougera pas. Et un sortilège de Lévitation ne fonctionnera pas, elle est protégée contre toute sorte de maléfices.

Ils furent coupés par des coups violents frappés à la porte. Ils la cherchèrent des yeux. Elle était ensevelie sous les décombres. Hermione cria :

— Oui ! On est là !

Une femme cria Reducto ! et ils entendirent une explosion étouffée.

— La porte résiste, dit Harry.

— Nos protections antimagiques jouent contre nous, pesta Hermione. Essaye de savoir où tu es pendant que je dégage la porte.

Harry obéit et se détourna. Il marmonna Lumos ! et sa baguette s'alluma. Il examina les murs et découvrit une porte dans le mur de droite. Il l'ouvrit et se retrouva dans une nuit noire, en pleine campagne.

4
Souvenirs

Harry, surpris, regarda autour de lui. Il était devant un chemin de terre bordé de sapins. Étonné, il s'engagea prudemment sur le chemin. Après une centaine de mètres de terre battue et caillouteuse, sous les branches des arbres, le chemin déboucha sur un village.

Il fronça les sourcils. Il reconnaissait cette façon dont les arbres s'écartaient. Il reconnaissait cette église hideuse. Il ne parvenait pas à le resituer, mais ce village réveillait un souvenir en lui. Un souvenir qui datait, vraisemblablement. Il avança jusqu'au milieu de la place centrale, puis s'arrêta et regarda autour de lui. Rien n'y faisait, il n'arrivait pas à retrouver le nom de ce village, ni d'où il le connaissait. Pris d'une appréhension soudaine, il se précipita à l'ombre d'un porche. Il regarda discrètement la rue.

Dans la nuit humide et venteuse, deux enfants déguisés en citrouilles traversaient la place d'une démarche chaloupée. Il remarqua que les vitrines des magasins étaient couvertes d'araignées en papier. Il aperçut soudain un inconnu en capuchon qui marchait d'un pas souple, déterminé et puissant, presque… triomphal. Un des enfants l'apostropha. Harry n'entendit pas de mots distinctement, mais l'enfant fit volte-face et s'enfuit en courant. L'inconnu marqua une pause, puis se détourna et s'engagea dans une ruelle plus sombre. Harry décida de le suivre, discrètement. Il entendit une porte s'ouvrir avec fracas, puis des pas précipités.

— Lily ! Prend Harry et va-t'en ! C'est lui ! Va-t'en ! Cours ! Je vais le retenir…

Le cœur de Harry manqua un battement. Cette voix ! Ces mots !

— Avada Kedavra !

Une lumière verte éclaira la ruelle et se refléta sur une clôture qui étincela comme un paratonnerre frappé par la foudre. Harry entendit un choc sourd heurter le sol, et une femme crier à l'étage. Il se précipita vers le corps de son père.

Les yeux de James Potter s'écarquillèrent quand celui-ci se vit lui-même s'agenouiller et lui prendre la main. James Potter expira dans les bras de son fils. Rageusement, Harry se releva et monta l'escalier qui le menait à Lily et à lui-même. Il arriva dans le dos de Voldemort.

— Pas Harry, pas Harry, je vous en supplie, pas lui !

— Pousse-toi, espèce d'idiote… Allez, pousse-toi…

Lily regarda Harry avec des yeux ronds par-dessus l'épaule de Voldemort. Un nouvel éclair de lumière verte illuminé la pièce, et elle tomba comme son mari. L'enfant n'avait pas du tout pleuré pendant tout ce temps : il parvenait à se tenir debout, accroché aux barreaux de son petit lit, et regardait le visage de l'intrus d'un air radieux et intéressé.

Voldemort se retourna. Harry le vit écarquiller les yeux devant celui qu'il prit pour James. Harry leva froidement sa baguette…

— Avada…

— Avada Kedavra !

La détonation retentit comme un coup de canon et les flammes vertes qui explosèrent entre eux marquèrent le point où les deux sortilèges se frappèrent de plein fouet. Voldemort fut brisé : il s'écroula, telle une marionnette macabre dont on aurait coupé les fils. Harry le regarda agoniser. Soudain, il se rappela qu'un fragment de Voldemort allait se fixer sur la seule vie possible. D'un grand coup de baguette, il envoya voler le corps de Voldemort au bas du berceau. Il pointa sa baguette sur le front du bébé pour y graver un éclair, pour permettre à l'Âme de Voldemort de s'y fixer.

5
Violet doré

Soudain, un rayonnement violet et doré émana du bébé, traversa le rayon et sa baguette et entra en Harry. Il se sentit pénétré par une énergie inconnue. Comme dans un rêve, il s'enfuit de la maison avant que des voisins ne le surprennent, et courut sans s'arrêter jusqu'à la petite maison d'où il était venu. Une douleur intense le déchira et il tomba à quatre pattes sur le chemin de terre, le souffle coupé. Sa main semblait luire d'une énergie interne et étrange, et des volutes de lumière dorée et violette entourèrent sa main, puis son corps tout entier. Il cria de douleur. La lumière disparut progressivement mais il continuait de sentir une chaleur désagréable dans la région de son cœur. Affaibli, il se releva et marcha tant bien que mal vers la tache rouge qui s'était reformée et qui palpitait. Il la frappa du bout de sa baguette et elle se rouvrit, mais plus vive et plus étroite que la première fois.

— Hermione !

La table avait disparu et la pièce semblait moins sale et détruite qu'avant. La tête d'Hermione apparut à l'ouverture.

— Harry ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as disparu depuis des heures !

— Je ne sais pas… pour moi il ne s'est passé que quelques dizaines de minutes… Le portail a dû se refermer et se rouvrir à une date légèrement différente ! Hermione, je suis à Godric's Hollow ! Je viens de voir Voldemort tuer mon père !

Hermione ouvrit des yeux ronds.

— C'est donc un portail temporel…

— Hermione, je dois revenir de ton côté ! Je ne suis pas censé être ici !

Ils regardèrent les bords du portail, beaucoup plus étroits que la fois précédente. Il ne faisait qu'une trentaine de centimètres de largeur.

— Tu ne passeras jamais.

Il attrapa à mains nues les bords du portail pour les agrandir, mais au moment où sa peau rentra en contact avec la paroi, le portail implosa et le projeta en arrière. La douleur atroce se réveilla et sembla déchirer chacun de ses muscles, pendant que les lambeaux d'énergie violet doré réapparaissaient sur tout son corps. Il hurla alors que son champ de vision se déchirait, envahi d'une lumière violette et dorée éblouissante.

L'intérieur de la maison disparut, laissant place à l'obscurité.

6
Cambriolage

Harry se releva d'un coup et regarda autour de lui. Il reconnut tout de suite : il se trouvait au Chemin de Traverse. L'énergie temporelle fourmillait dans tout son corps. Il se raidit soudain et son corps expulsa le trop-plein d'énergie. Un portail violet, similaire à celui qu'il avait rencontré deux fois auparavant et toujours plus étroit, se forma sur le mur en face de lui. La tête d'Hermione réapparut aussitôt.

— Enfin, te revoilà ! J'ai eu peur de ne plus jamais te revoir.

Sa robe avait changé. Une étrange lumière baignait la pièce, et son plafond avait l'air d'avoir tout simplement disparu.

— Il s'est passé combien de temps, de ton côté, cette fois-ci ? demanda Harry.

— Une nuit entière, soupira Hermione. Et de notre côté, le ministère ne peut pas consacrer toutes ses forces à retrouver, on a eu toute une série de tremblements de terre dans toute l'Angleterre, et même quelques-uns dans le reste du monde. Le ministère doit être déménagé, le souterrain n'est pas sûr. Notre labo a été déplacé à l'extérieur dans les premiers, et j'ai réussi à garder notre portail intact pendant le déplacement, mais enfin…

Elle se baissa. Harry l'entendit fouiller dans des affaires, puis revenir dans son champ de vision. Elle lui lança un sac compact.

— C'est un kit de survie, ça te permettra de tenir le temps qu'on te récupère. Tu as ta cape d'invisibilité, du Polynectar, du Poussoss…

— Hermione, la coupa Harry, comment comptes-tu me retrouver, exactement ?

— On ne sait pas, Harry. Je suis désolée. On va essayer tout ce qu'on peut pour que tu puisses revenir à notre époque. Tiens, donne-moi un de tes cheveux, au cas où on en aurait besoin.

Harry s'arracha une touffe de cheveux qu'il passa à Hermione par le portail.

— Ne change pas trop le passé, on ne sait jamais ce que ça pourrait donner. Essaye de savoir à quelle époque tu te trouves, ça peut accélérer les recherches.

Elle leva soudain la tête vers le ciel, en écarquillant les yeux.

— Hermione ! Qu'est-ce qu'il y a ?

Hermione restait immobile, tremblante, le regard fixé sur quelque chose que Harry ne pouvait pas voir. Le portail se mit à vibrer et à se refermer.

— Hermione !

Elle tourna la tête vers lui, l'air plus effarée que jamais.

— Je te recontacterai !

Elle referma le portail.

— Hermione !

Son cri résonna dans la rue vide. Pestant contre cette rupture brutale et énigmatique, il examina les environs. Les alentours étaient déserts. La nuit noire et silencieuse emplissait chaque recoin d'ombres impénétrables. Lumos ! murmura-t'il, et l'extrémité de sa baguette s'alluma. Aucune ombre ne remua. Il examina les magasins qui l'entouraient. Soudain, il tressaillit et s'immobilisa. Il se précipita devant une vitrine qui lui semblait familière. Il éclaira l'intérieur de la boutique, révélant des balais de toutes sortes et de toutes formes accrochés aux murs. Il dirigea ensuite son rayon sur l'objet qui avait attiré son attention : un balai magnifique et rutilant, posé bien en évidence sur le devant de la vitrine. L'Eclair de Feu ! Il posa ses mains sur la vitrine pour mieux l'admirer. L'exemplaire qu'il possédait était bien plus vieux que le modèle exposé. Mais alors… Harry s'immobilisa. L'éclair de feu n'existait pas encore quand ses parents étaient morts. Il se trouvait donc à une époque bien plus tardive qu'il ne pensait. Il avait dû avancer dans le temps au même moment que quelque chose l'avait téléporté au Chemin de Traverse.

Harry s'adossa contre un mur et se prit la tête dans les mains. Il prit un temps pour se demander où aller. Il n'avait pas d'argent sorcier ou moldu pour se payer une chambre d'hôtel. Il était hors de question qu'il retourne à Privet Drive, surtout que les Dursley ne risquaient pas de le reconnaître, habitués qu'ils étaient à le voir avec vingt-cinq ans de moins. La solution lui apparut soudain clairement : il devait retourner à Poudlard. Le château recelait bien un recoin où il pourrait s'abriter, et la servilité des elfes des cuisines lui permettrait de survivre sans aucun problème. Il devait se procurer un moyen discret de se rendre à Poudlard. Le Magicobus ne l'aiderait sûrement pas, étant donné la volubilité de son contrôleur. Non, la seule solution possible était d'utiliser un balai. Il sourit.

Il ouvrit le sac qu'Hermione lui avait passé, et en sortit sa cape d'invisibilité, dont il se recouvrit, et une bague verte qu'il passa à son doigt. La bague lui permettait de passer à travers les surfaces transparentes, suite à un nouvel enchantement qu'ils avaient développé, Hermione et lui. Il traversa donc la vitrine, et se saisit d'un des balais. Le bois était frais sous sa main. Le balai vibra d'une énergie nouvelle quand Harry l'enfourcha. Il sourit. Aucun balai n'avait jamais su lui résister. Il fixa le sac sur son dos de manière à ce que le vent ne l'emporte pas et s'élança dans la nuit noire.

7
Londres

Harry filait dans la nuit silencieuse. Il ferma les yeux et inspira à fond l'air frais qui ébouriffait ses cheveux. Il se faufila entre les toits et cheminées de Londres. Il aperçut la cabine téléphonique qui servait d'entrée au Ministère de la Magie, qu'il venait de quitter. Il se posa, le temps de réfléchir un moment.

Devait-il se rendre au ministère pour y chercher l'aide des autorités ? Non, songea-t'il, ça ne ferait qu'empirer les choses. Fudge était encore au pouvoir, les magouilles politiques étaient encore d'actualité. Quémander assistance ne servirait à rien. Il tapa le sol de son pied et se réfugia dans les ténèbres du ciel nocturne. Il devait se rendre à Poudlard au plus tôt, avant que le soleil ne se lève. Il monta en chandelle pour tenter de se repérer. Il regarda tout autour de lui. Tout ce qu'il parvenait à reconnaître était une grande tour surmontée d'une horloge. Big Ben. Il mit pied à terre sur le haut de la tour. Il sortit sa baguette et la posa dans sa main.

— Pointe au Nord ! murmura-t-il.

Il repartit à vitesse modérée dans la direction que lui indiquait sa baguette jusqu'à la gare de King's Cross. Un peu désorienté, il prit de la hauteur pour tenter d'apercevoir la voie 9 ¾. Quand il l'aperçut, il lança son balai à vive allure et fila au-dessus de la voie. Ce faisant, ses pensées vagabondaient. Qu'allait-il trouver à Poudlard ? Le château en lui-même serait plus ou moins le même que la dernière fois qu'il l'avait vu, mais Qui allait-il trouver ? Qui, comment et surtout quand ? Dans quelle année se trouvait-il ? Comment faire pour attendre les secours sans impacter le futur ? Il allait avoir besoin de beaucoup de chance…

Il soupira et remonta les lunettes sur son nez. Il avait envie de tester ce que cet Éclair de Feu, neuf de surcroît, avait dans le ventre. Il se pencha, s'aplatissant contre le manche rigide du balai dans une posture plus aérodynamique. Il accéléra jusqu'à ce que l'air lui étire les traits du visage. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Voler si vite lui avait manqué.

Trop vite, à ce qu'il lui sembla du moins, il vit arriver la fin de la voie et le chemin boueux et tortueux que prenaient les diligences de Poudlard au début de chaque année. Il ralentit et reprit assez d'altitude pour atteindre à peine la cime des arbres de la Forêt Interdite. Il se dirigea lentement et discrètement vers le parc du château. Quand enfin il arriva à la lisière des arbres et osa jeter un regard vers le lac, ce qu'il vit le terrifia.

8
Poudlard

Des Détraqueurs. Partout. Ils arrivaient de tous les côtés, de plus en plus nombreux, surgissant des ténèbres, glissant le long des rives du lac. Son sang ne fit qu'un tour. Là, au milieu de la rive, là où tous les Détraqueurs se dirigeaient, il y avait, il devait y avoir…

Harry était là-bas, avec Hermione… et Sirius.

Harry écarquilla les yeux. Il devait s'y trouver à encore un autre endroit. Il regarda cette fois dans les buissons de l'autre rive du lac.

Il s'y trouvait. Encore une fois. Harry-des-buissons marchait mais se mit à courir en apercevant les Détraqueurs. Harry-le-plus-jeune produisait de minuscules volutes d'argent en guise de Patronus. Les Détraqueurs gagnaient du terrain. Les volutes disparurent, comme des fumées dissipées par le vent. Harry-des-buissons semblait encore fébrile et désorienté, en train de chercher son père, se rappela Harry, sur son balai.

Le cercle des Détraqueurs se refermait, de l'autre côté du lac. L'un d'eux releva sa cagoule. Harry-des-buissons s'immobilisa.

Harry observait, attentif.

Harry-des-buissons surgit en brandissant sa baguette magique. Il en sortit un animal argenté qui galopa silencieusement sur la surface lisse et sombre du lac. Il baissa la tête pour charger les Détraqueurs qui grouillaient sur la rive... À présent, il galopait tout autour des formes noires allongées par terre et les Détraqueurs reculaient, se dispersaient en désordre et disparaissaient dans l'obscurité.

Harry vit le Patronus faire demi-tour et revenir vers les buissons avant de s'arrêter sur la rive. Harry-des-buissons tendit une main tremblante, mais la créature disparut. Hermione arrivait en courant en traînant l'hippogriffe. Harry les regarda discuter rapidement pendant que Rogue reprenait conscience. Il fit apparaître des brancards pour y allonger Harry-le-plus-jeune, Hermione et Sirius, puis il les fit léviter en direction du château aux côtés de celui de Ron à l'aide de sa baguette magique.

Il détourna les yeux et vit Harry et Hermione discuter fébrilement.

Il décida d'agir. Il rabattit la capuche de sa Cape d'Invisibilité, et décrivit un grand arc de cercle qui évitait le champ de vision de son double pour aboutir aux portes de Poudlard. Cachant son balai sous sa cape d'invisibilité, il se faufila à la suite de Rogue. Il rangea provisoirement son balai dans un placard près de l'entrée, et rattrapa silencieusement Rogue dans les escaliers. Il le suivit jusqu'à l'infirmerie. Une fois Rogue ressorti, il dirigea sa baguette vers la porte et murmura Assurdiato. Il enleva sa cape et regarda son double endormi. Il se demandait ce qu'il se passerait si il essayait d'interagir avec lui. Il s'approcha et souffla sur la mèche de cheveux qui marquait la cicatrice. Elle était toujours aussi visible sur son propre front, même vingt-cinq ans plus tard. Mais ce n'est pas la même cicatrice, lui souffla une voix dans sa tête. Il pouvait constater de très légères différences entre l'éclair dont Voldemort lui avait marqué le front, et celui qu'il avait dessiné sur le front de son double plus jeune. Il ne se rappelait pas d'avoir été si petit et frêle, par contre. Il siffla de dépit en découvrant la maigreur des bras de son double.

Il trouvait extrêmement amusant de pouvoir s'examiner lui-même de l'extérieur, et en version rajeunie. Il remarqua que son double avait l'air frigorifié : il avait la chair de poule et les dents serrées. Il approcha sa main pour toucher sa joue.

Quand leur peau entra en contact, Harry sentit comme un choc d'électricité statique paralyser son bras. Une déflagration retourna le lit et un flash violet et doré projeta Harry en arrière. Il sentit son dos s'écraser contre le mur.

9
Doublon

Harry se redressa immédiatement, hagard, aux aguets. Il brandissait sa baguette magique devant lui, cherchant si quelqu'un n'avait pas pu provoquer cette explosion à sa place. Mais non, il n'y avait que lui, le lit renversé de Harry, et Ron et Hermione dans le fond de la pièce, dormant toujours. Il espérait que l'assurdiato avait réussi à couvrir le bruit de l'explosion. Il entendit un gargouillement venant du lit renversé. Il le retourna sur le flanc. Il vit le jeune Harry écarquiller les yeux, ne comprenant rien à ce qu'il voyait, le torse couvert de sang, le bras tordu dans un angle impossible. Il toussa.

— Papa…

Harry soupira.

— Non, je ne suis pas ton père.

Son double fronça les sourcils et toussa à nouveau. Il cracha quelques gouttes de sang. Harry s'agenouilla, les yeux humides, sachant qu'il n'avait pas longtemps à vivre, puisque que la mort de l'un signifiait la mort de l'autre. Il posa sa main sur le cœur du jeune Harry et sentit qu'il était au bord de la crise cardiaque. Son cœur battait beaucoup trop vite.

— Harry, écoute-moi. Calme-toi. Je viens du futur, et…

Mais son regard, déjà apeuré, s'emplit d'effroi à ces mots. Il fixa avec une expression emplie de terreur le torse de Harry. Il haleta, son corps s'arqua, son cœur s'emballa puis s'arrêta pour ne jamais repartir. Harry vit une larme couler des yeux vitreux le long de la joue avant de toucher le sol de l'infirmerie et de se mélanger au sang. Harry se redressa, une douleur sourde dans la poitrine. Il ne comprenait pas pourquoi il était encore en vie. Il releva la tête et fronça les sourcils. Il y avait une explication possible. Si elle était vraie, alors le monde dans lequel il était n'était pas celui dans lequel il avait vécu, pas son propre passé, mais un monde parallèle, dans lequel tout pouvait arriver. Comme ma propre mort, par exemple, pensa-t-il.

Un picotement dans le torse le sortit de sa réflexion. Il baissa les yeux et vit une nouvelle lueur violet doré qui semblait pulser de sa poitrine. Le contact avec son double semblait lui avoir réinsufflé un surplus d'énergie temporelle. Il se releva et regarda autour de lui. Dans quelques minutes, Madame Pomfresh allait revenir… elle ou quelqu'un d'autre, Harry ne parvenait pas à se rappeler avec précision d'événements datant de vingt-cinq ans. Toujours était-il que la salle ne pouvait pas rester dans cet état-là, avec du sang recouvrant la moitié du sol de la pièce, un lit renversé, et le cadavre désarticulé du Survivant gisant à terre. Harry réfléchit pendant quelques secondes avant de se rendre à l'évidence : le seul moyen était de prendre la place de sa version plus jeune, au moins temporairement. Et il avait le nécessaire

Il fouilla dans son sac et en sortit un flacon de potion qu'il ouvrit. Du Polynectar. Il arracha un cheveu de la tête de son double. La potion couleur de boue moussa, fuma, puis prit une couleur dorée et brillante. Harry ne put s'empêcher de repenser à cette nuit-là, où six personnes avaient bu de cette même potion et avaient pris son apparence. Peu en avaient réchappé. Il frissonna et avala la potion d'un trait.

Etrangement, il ne ressentit aucune douleur. Il se sentit simplement rétrécir. Ses lunettes trop grandes tombèrent de son nez. Quand ce fut fini, il ne mit qu'une demi-minute à enfiler les vêtements et à envelopper le corps de Harry dans sa grande cape d'adulte. Il se leva et, pointant sa baguette vers le sol, il murmura des incantations jusqu'à ce que le sol soit nettoyé des dernières traces de sang. Il redressa le lit de Harry, masqua son corps sous la cape d'invisibilité et le traîna sous le lit.

Poussé par la curiosité, il s'approcha du lit d'Hermione. Il tendit la main pour écarter la mèche qui recouvrait son visage. Cette fois, n'étant pas son double, elle ne risquait pas de provoquer quelque réaction que ce soit…

Mais l'énergie qui traversait son corps ne l'entendait pas de cette oreille. Un éclair de lumière violet doré traversa sa main et pénétra le corps d'Hermione. Son corps se tendit violemment et s'arqua, ne touchant le matelas que par la tête et les pieds, et prit une immense inspiration, puis, tout aussi brusquement, tous ses muscles se relâchèrent et elle retomba dans les draps. Son corps fut secoué de quelques spasmes puis s'arrêta, seulement rythmé par sa respiration lente. Harry, inquiet, décida qu'il valait mieux attendre un moment un peu moins critique avant d'examiner plus en détails les conséquences de cet afflux d'énergie, et alla jusqu'à son lit. Il se glissa dans les draps, alors qu'il entendait des petits pas descendre progressivement l'escalier. Il rajusta les draps et couvertures en hâte du mieux qu'il put, et fit semblant de dormir tandis que les clés cliquetaient dans la serrure et que la porte s'ouvrait.

10
Retour et retournements

Harry fit de son mieux pour faire semblant de dormir, apparemment avec succès. Il était tenaillé par la peur qu'on découvre le corps de l'autre Harry, ou que les effets du Polynectar s'évanouissent avant qu'il ne puisse s'enfuir des regards. Il réfléchissait à toute vitesse, se demandant quelles options il lui restait, après la mort de son double. Il faisait des efforts surhumains pour retenir ses larmes, dues autant à la peur qu'à la perte d'une autre part de lui-même, littéralement.

Il finit par lentement se calmer quand il reconnut la voix de Cornélius Fudge, en train de discuter avec Rogue.

— Et pourtant, Black, Harry et cette jeune fille…

— Ils étaient évanouis à ce moment-là. Bien entendu, j'ai ligoté et bâillonné Black, j'ai fait apparaître des brancards et je les ai aussitôt ramenés au château.

Il y eut un moment de silence. Il décida d'ouvrir furtivement les yeux.

Tout lui sembla un peu flou, puisqu'il avait ôté ses lunettes. Il distingua la silhouette de Madame Pomfresh qui lui tournait le dos, penchée sur le lit de Ron, dont Harry apercevait les cheveux roux sous le bras de Madame Pomfresh.

Harry tourna la tête. Hermione était allongée sur le lit à côté de lui. Un rayon de lune éclairait son visage. Elle aussi avait les yeux ouverts. Elle paraissait pétrifiée et lorsqu'elle vit que Harry avait repris conscience, elle posa un doigt sur ses lèvres pour lui indiquer de faire silence en pointant l'index de son autre main vers la porte de l'infirmerie entrouverte par laquelle on entendait les voix de Fudge et de Rogue qui parlaient dans le couloir.

Madame Pomfresh s'avança d'un pas décidé vers le lit de Harry. Il tourna la tête vers elle et vit qu'elle tenait un énorme morceau de chocolat à la main.

— Ah, vous êtes réveillés, tous les deux ! lança-t-elle d'un ton brusque. Elle posa le chocolat sur la table de chevet de Harry et entreprit de le casser en morceaux à l'aide d'un petit marteau.

— Comment va Ron ? demanda Hermione.

— Il survivra, répondit sombrement Madame Pomfresh. Et vous deux, vous allez rester ici.

— Et Sirius Black ?

— Tout va bien, Granger, dit Madame Pomfresh d'une voix apaisante. Ils l'ont capturé. Il est enfermé là-haut. Les Détraqueurs vont lui donner un baiser d'un moment à l'autre…

— Quoi ? Hermione sauta à bas du lit. Harry se redressa et s'assit. Mais le cri était parvenu jusqu'au couloir et, un instant plus tard, Cornélius Fudge et Rogue firent irruption dans la salle.

— Miss Granger, qu'y a-t-il ? dit Fudge, inquiet. Tu dois rester au lit. Est-ce qu'ils ont pris leur chocolat ? demanda-t-il à Madame Pomfresh d'un ton anxieux.

Pendant que la dispute se résolvait entre Hermione, Rogue et Fudge, Harry essaya de se rappeler du plus de détails possible de cette fameuse double nuit. La dernière chose qu'il voulait faire était de causer des changements qu'il ne maîtrisait pas dans le cours du temps. Il fut tiré de ses pensées par un nouveau cri d'Hermione.

— NOUS SAVONS TRÈS BIEN OÙ NOUS EN SOMMES ! rugit Hermione.

— Monsieur le Ministre ! Professeur ! s'écria Madame Pomfresh avec colère. Je dois vous demander de sortir. Ce sont mes malades et il ne faut pas les brusquer !

— Je ne suis pas brusquée du tout, j'essaye de leur dire ce qui s'est passé ! répliqua Hermione furieuse. Si seulement ils voulaient bien m'écouter…

Mais Madame Pomfresh lui fourra soudain dans la bouche un gros morceau de chocolat qui sembla l'étouffer, et elle en profita pour la forcer à se remettre au lit.

— S'il vous plaît, Monsieur le Ministre, ces enfants ont besoin de soins… Allez-vous-en, je vous en prie… La porte s'ouvrit à nouveau. Cette fois, c'était Dumbledore. Hermione déglutit à grand-peine et se leva à nouveau.

— Professeur Dumbledore, Sirius Black…

— Pour l'amour du Ciel ! s'exclama Madame Pomfresh, folle de rage. C'est une infirmerie, ici ! Monsieur le Directeur, il faut absolument…

— Toutes mes excuses, Pompom, mais j'ai besoin de dire un mot à Mr Potter et à Miss Granger, répondit Dumbledore, très calme. Je viens de parler à Sirius Black…

— J'imagine qu'il vous a raconté le même conte de fées qu'il a fourré dans la tête de Granger ? dit sèchement Rogue. Une histoire de rat et de Pettigrow qui serait vivant…

— C'est en effet l'histoire que m'a racontée Black, admit Dumbledore en regardant attentivement Rogue à travers ses lunettes en demi-lune.

— Mon témoignage n'a donc aucune importance ? répliqua Rogue. Peter Pettigrow ne se trouvait pas dans la Cabane hurlante, et je n'ai pas vu trace de lui dans le parc.

— C'est parce que vous étiez évanoui, professeur ! dit gravement Hermione. Vous n'êtes pas arrivé à temps pour entendre…

— Miss Granger, JE VOUS PRIE DE VOUS TAIRE !

— Allons, Rogue, dit Fudge, surpris. Cette jeune fille a subi un choc, nous devons nous montrer indulgents…

— J'aimerais parler à Harry et à Hermione en particulier, dit Dumbledore d'un ton brusque. Cornélius, Severus, Pompom, laissez-nous, je vous prie.

— Monsieur le Directeur ! balbutia Madame Pomfresh. Ils ont besoin de soins ! Ils ont besoin de repos !

— Désolé, mais ça ne peut pas attendre, j'insiste, répliqua Dumbledore.

Madame Pomfresh eut une moue indignée et retourna vers son bureau. Harry suivait attentivement l'évolution de la situation.

Quand la porte se fut refermée sur Rogue et Fudge, Dumbledore se tourna vers les lits. Hermione se mit à parler à toute vitesse pour expliquer ce qui s'était passé, mais Dumbledore leva la main pour la faire taire.

— À vous d'écouter, maintenant, et je voudrais que vous me laissiez aller jusqu'au bout sans m'interrompre, car nous n'avons pas beaucoup de temps, dit-il avec calme. Il n'y a pas l'ombre d'une preuve qui puisse confirmer l'histoire de Black, à part votre témoignage, et le témoignage de deux jeunes sorciers de treize ans ne convaincra personne. Des dizaines de témoins ont juré qu'ils avaient vu Sirius tuer Pettigrow. J'ai moi-même certifié au ministère que Sirius avait été le Gardien du Secret des Potter…

— Le professeur Lupin pourra vous raconter… hasarda Hermione.

— Le professeur Lupin se trouve actuellement en plein cœur de la forêt et il est bien incapable de raconter quoi que ce soit à quiconque.

Harry cessa d'écouter un instant. Lupin. Il n'avait pas pensé à tous les morts qu'il allait maintenant rencontrer. Toutes les victimes de Voldemort, encore en vie dans cette version du monde.

— Mais…

Écoute-moi, Hermione. Il est trop tard, tu comprends ? Tu dois admettre que la version du professeur Rogue est beaucoup plus convaincante que la tienne.

— Il déteste Sirius, dit Hermione d'un ton désespéré. Tout ça à cause d'une farce stupide que Sirius lui a faite…

— Sirius n'a pas eu le comportement d'un innocent. Souvenez-vous de l'attaque de la grosse dame… Et puis il a pénétré dans la tour de Gryffondor armé d'un couteau… Sans Pettigrow, nous n'avons aucune chance de modifier le jugement qui condamne Sirius.

Mais, vous, vous nous croyez !

— Oui, je vous crois, dit Dumbledore. Mais je n'ai pas le pouvoir de convaincre les autres de la vérité, ni d'annuler les décisions du ministère de la Magie. Ce qu'il nous faudrait, c'est un peu plus de temps… Ses yeux bleus se posèrent alternativement sur Harry et sur Hermione.

— Mais… commença Hermione. HO ! s'exclama-t-elle soudain, en ouvrant des yeux ronds.

— Maintenant, écoutez-moi bien, dit Dumbledore à voix basse en articulant très soigneusement. Sirius est enfermé dans le bureau du professeur Flitwick au septième étage. La treizième fenêtre à droite de la tour ouest. Si tout se passe bien, vous pourrez sauver plus d'un innocent, ce soir. Mais rappelez-vous ceci, tous les deux : il ne faut pas que l'on vous voie. Miss Granger, vous connaissez la loi, vous connaissez l'enjeu… Il ne faut surtout pas que l'on vous voie. Harry joua la comédie, comme si il ne comprenait pas ce qui se passait. Dumbledore s'approcha de la porte et se tourna vers eux.

— Je vais verrouiller la porte. Il est minuit moins cinq, dit-il en consultant sa montre. Miss Granger, trois tours devraient suffire. Bonne chance.

Quand la porte se fut refermée sur Dumbledore, Hermione passa une main dans le décolleté de sa robe, qu'elle sembla faire bâiller plus que nécessaire, et elle en sortit la très longue et très fine chaîne d'or du Retourneur de Temps qu'elle portait autour du cou.

— Viens ici, Harry, dit-elle précipitamment.

Harry s'avança vers elle. Hermione tenait le sablier devant elle.

— Viens…

Elle lui passa également la chaîne autour du cou et se colla contre lui.

— Prêt ? dit-elle, le souffle court.

— Prêt… pour quoi ? demanda Harry.

Hermione sourit et fit tourner le sablier trois fois.

Harry s'attendait à un presque banal voyage en Retourneur de Temps, mais alors qu'il était pris dans le tourbillon de couleurs qui les aspirait, il sentit comme si quelque chose le quittait, quelque chose qu'il avait engrangé pendant tant d'années, quelque chose qui le quittait comme… l'énergie temporelle ! Il vit les étincelles violet doré s'enfuir de son corps, aspirées hors de son corps comme par un vide spatial…

Tout tourna autour de lui. Il ne sentit pas sa tête s'écraser contre les dalles du hall.

11
Altérations intriquées

Quand Harry reprit conscience, il se trouvait dans une boîte de bois. Il papillonna des paupières et se força à réfléchir malgré la faiblesse généralisée qu'il ressentait. Hermione était collée contre lui. Il était dans un placard à balai, celui-là même où il avait caché l'Eclair de Feu, et Hermione était collée contre lui. Elle le fixait d'un air inquiet, et elle parut soulagée en le voyant ouvrir les yeux.

— Ça va ? Tu te sens bien ? Tu avais perdu connaissance…

— Oui, grogna Harry. J'ai dû me cogner contre quelque chose.

— Harry, on a remonté le temps ! On est revenu trois heures en arrière.

Elle colla son oreille contre la porte.

— Ca s'appelle un Retourneur…

— …de Temps, oui, je sais.

— Quoi ? glapit Hermione en se retournant d'un air abasourdi. Comment connais-tu son existence ?

— J'ai lu une allusion à ça dans un livre, une fois, répondit Harry d'un air vague.

— Ah…

Hermione avait l'air admiratif. Elle détourna la tête.

— Mais je ne comprends pas ce que Dumbledore attend de nous !

— Il veut qu'on aille sauver la vie de Buck. Il nous permettra d'aller à la fenêtre du bureau de Flitwick, là où est enfermé Sirius. Nous irons l'en sortir, et Sirius pourra s'échapper grâce à Buck ! Ils pourront s'échapper tous les deux ! Hermione parut terrifiée mais de plus en plus admirative devant ses déductions.

— Si on arrive à faire tout ça sans être vu, ça sera un miracle !

— Il faut qu'on essaye, dit Harry en haussant les épaules.

Il colla son oreille contre la porte.

— Il n'y a personne. Viens, on y va…

Harry ouvrit la porte du placard. Le hall d'entrée était désert. Ils sortirent le plus vite possible de leur cachette, sans faire de bruit, puis descendirent les marches qui menaient dans le parc. Un liseré d'or entourait la cime des arbres de la forêt interdite et les ombres s'allongeaient autour d'eux.

— Si jamais quelqu'un regarde par a fenêtre… dit Hermione d'une petite voix aiguë en jetant un coup d'œil à la façade du château. On va courir, ajouta t'elle d'un ton décidé. Droit dans la forêt !

Elle lui prit la main et s'élança à toutes jambes, suivie par Harry.

Parvenue à l'abri des arbres, Hermione se retourna et serra la main de Harry entre les siennes en posant sur lui un regard amical. Harry rougit, déglutit et détourna les yeux. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait.

— Heu, allons un peu plus loin, dit-il d'une voix étranglée.

Il s'avança derrière les arbres en direction du potager à citrouilles. Qu'est ce qui me prend, de rougir comme ça ? Je réagis comme un adolescent… et puis qu'est-ce qui lui prend à Hermione ?

Ils aperçurent l'hippogriffe attaché à la clôture qui entourait le potager où Hagrid faisait encore pousser ses citrouilles.

Hermione posa doucement la main sur son bras et lui montra le château du doigt. Dumbledore, Fudge, et Macnair le mangemort descendaient l'escalier, accompagnés d'un vieillard que Harry ne reconnaissait pas.

— On ne devrait pas tarder à sortir, murmura Hermione à son oreille.

En effet, un instant plus tard, la porte s'ouvrit à l'arrière de la cabane et Harry se vit sortir en compagnie de Ron, d'Hermione et de Hagrid. Il entendit leurs échanges chuchotés, alors que Hagrid disait au trio de s'en aller. Ils entendirent des coups frappés à la porte de la cabane. Les exécuteurs étaient arrivés. Hagrid fit volte-face et retourna dans sa cabane en laissant la porte de derrière entrouverte. Harry vit l'herbe s'aplatir sous les pieds invisibles du trio tandis qu'ils s'éloignaient à l'abri de la cape.

Cachés derrière les arbres, ils entendaient à présent par la porte restée entrouverte ce qui se disait à l'intérieur de la cabane.

— Où est l'animal ? demanda la voix glacée de Macnair.

— De… dehors… répondit Hagrid d'une voix rauque. Harry se cacha derrière l'arbre en voyant Macnair apparaître à la fenêtre pour regarder Buck. Ils entendirent alors la voix de Fudge.

— Nous… heu… nous devons vous lire la déclaration officielle concernant l'exécution, Hagrid. Je serai bref. Ensuite, vous la signerez conjointement avec Macnair. Macnair, vous devez également écouter le texte de la déclaration, question de procédure… Le visage de Macnair disparut de la fenêtre. C'était le moment d'intervenir.

— Attends-moi ici, murmura Harry à Hermione. J'y vais.

Harry courut à toutes jambes, sauta par-dessus la clôture qui entourait le potager et se précipita sur Buck. Pendant ce temps, Fudge lisait son papier officiel.

Par décision de la Commission d'Examen des Créatures dangereuses, l'hippogriffe appelé Buck, ci-après dénommé le condamné, sera exécuté à la date du 6 juin, au coucher du soleil…

Une petite voix venant des tréfonds de sa mémoire lui rappela de ne pas ciller face à l'hippogriffe. Harry fixa les yeux orange de Buck et s'inclina. Buck s'agenouilla aussitôt puis se releva. Harry essaya alors de dénouer la corde qui l'attachait à la clôture.

— … condamné à la décapitation, dont la mise en œuvre sera confiée au bourreau désigné par la Commission, Mr Walden Macnair…

— Viens, Buck, murmura Harry. Viens, on va t'aider. Doucement… Doucement…

— … attesté par les signataires. Hagrid, vous signez ici…

Harry tira sur la corde de toutes ses forces, mais Buck, les pattes avant bien plantées dans le sol, semblait décidé à ne pas bouger.

— Bien, nous allons procéder à l'acte, dit la voix chevrotante du vieillard, à l'intérieur de la cabane. Hagrid, il serait peut-être préférable que vous restiez ici…

— Non, je… je veux être avec lui… Je ne veux pas qu'il reste tout seul…

Des bruits de pas retentirent dans la cabane.

Buck, viens ! chuchota Harry.

Il tira encore plus fort sur la corde et l'hippogriffe consentit enfin à avancer, en agitant ses ailes avec mauvaise humeur. Ils avaient encore trois mètres à parcourir pour atteindre Hermione et on pouvait les voir très facilement de l'arrière de la cabane.

— Un instant, Macnair, dit alors la voix de Dumbledore. Vous aussi, vous devez signer.

Les bruits de pas s'interrompirent. Harry tira sur la corde. Buck fit claquer son bec et avança un peu plus vite. Le visage inquiet d'Hermione apparut derrière le tronc d'un arbre.

— Dépêche-toi, Harry ! dit-elle en remuant simplement les lèvres.

Harry entendait toujours la voix de Dumbledore, à l'intérieur de la cabane. Il tira la corde un bon coup et Buck se mit à courir à contrecœur. Ils avaient enfin atteint le couvert des arbres…

— Vite ! Vite ! gémit Hermione en se glissant entre lui et la corde.

Elle saisit la corde à son tour pour aider Harry à la tirer plus fort… en faisant frotter ses fesses contre lui. Harry rougit à nouveau. Il regarda par-dessus son épaule. On ne pouvait plus les voir à présent.

— Arrête ! chuchota-t-il à Hermione. Ils risquent de nous entendre…

Un grincement leur indiqua que quelqu'un venait d'ouvrir la porte de derrière. Hermione le plaqua contre le tronc d'un arbre et se colla à lui. Elle posa un doigt sur ses lèvres et glissa une de ses jambes entre celles de Harry. Il écarquilla les yeux quand elle commença à l'embrasser dans le cou, et sursauta quand elle agrippa ses fesses. Il était abasourdi. Comment réagir devant de telles avances sexuelles de la part de sa meilleure amie - et accessoirement, de la femme de son meilleur ami ? Il restait là, contraint à essayer de faire le moins de bruit possible, tandis qu'elle se laissait aller à passer une main sous ses vêtements pour caresser son torse tout en se frottant le bas des reins contre sa hanche. Elle multipliait ses embrassades passionnées. Il tenta de lui attrapper le bras pour la retenir.

Soudain, Harry vit juste à temps Buck s'échapper de son champ de vision. Il tourna la tête et vit ce qui l'attirait : Hagrid se dirigeait vers le château en chantant à tue-tête, la démarche incertaine, avec une grande bouteille à la main. Il se retourna en sortant sa baguette, en faisant tomber Hermione en arrière avec un petit cri de surprise et de douleur. Il visa la corde accrochée autour du cou de Buck et fit un petit geste vers le bas. Un piton métallique apparut et stoppa net le mouvement de l'hippogriffe, qui baissa la tête d'un air triste. Harry rangea sa baguette et se retourna, en poussant un soupir de soulagement. Hermione était agenouillée et le regardait d'un air admiratif.

— Houlalà, quel héros ! Sans toi, qui sait ce qui aurait pu se passer, gloussa-t-elle. Elle se traîna à genoux vers lui et commença à défaire son…

— Non !

Il la repoussa encore et elle tomba sur les fesses. Son décolleté bâillait toujours. Elle le regarda avec un demi-sourire en se mordant les lèvres, et il regretta aussitôt son geste. Pendant qu'il restait indécis, Hermione en profita pour lui attraper les jambes et le faire tomber en arrière.

Elle marcha à quatre pattes sur lui et s'assit sur ses cuisses. Elle caressa des deux mains ses pectoraux naissants à travers ses vêtements. Harry décida de se laisser faire. Elle se pencha lentement pour l'embrasser longuement. Il sentit ses hormones d'adolescent s'affoler. Sans réfléchir, il posa ses mains sur sa poitrine, pressant doucement ses seins tout en caressant doucement ses tétons. Elle décrivit des mouvements de va-et-vient avec son bassin, frottant leurs sexes l'un contre l'autre avec un gémissement de désir. Il ouvrit les mains et les fit glisser le long de ses flancs jusqu'à ses hanches. Elle se redressa, se libéra de son emprise et se dressa sur les genoux. Elle releva le bas de sa robe et fit glisser sa culotte, sur laquelle Harry remarqua une tache d'humidité, révélant ses fesses pâles et menues, et son vagin glabre. Harry pensa : Et il n'a que deux ans de moins que celui de Ginny, la première fois qu'on a…

Hermione commença à masser son vagin, ne pouvant retenir un gémissement de plaisir. Tandis qu'elle frottait son clitoris de l'autre main, elle sortir le sexe d'Harry de ses vêtements. Elle ôta sa culotte, qu'elle jeta dans le feuillage qui les dominait, et s'installa précautionneusement sur son sexe en érection. Elle continua par des mouvements de va-et-vient, s'empalant sur Harry dont le désir contraint allait croissant au fur et à mesure qu'elle montait et descendait de plus en plus rapidement. Il commença à défaire la robe d'Hermione. Sans cesser ses mouvements, elle la fit passer par-dessus sa tête et la laissa en boule sur le sol à ses côtés. Elle se dressa, les mains sur les fesses, les yeux à demi fermés, en se mordant la lèvre. Harry posa ses mains sur ses fesses, entrelaçant leurs doigts si fort, qu'à la fin, Hermione finit par lâcher prise. Des spasmes et des cris de plaisir déformèrent son visage et ses va-et-vient devinrent de plus en plus irréguliers et erratiques, pendant que Harry se laissait aller. Soudain, au moment où ses spasmes étaient les plus intenses, les yeux d'Hermione se révulsèrent et elle s'effondra tout d'un coup en arrière, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils.

Harry, surprit, se redressa sur les coudes, son sexe humide oscillant doucement, se demandant ce qu'il devait faire, essayant de récapituler ce qui s'était passé. Il n'était pas préparé à cet assaut hormonal, l'adolescence allait décidément lui causer des problèmes.

Brusquement, alors qu'il commençait à se rhabiller, les yeux d'Hermione se rouvrirent. Sans bouger rien d'autre que les yeux et la tête, son regard passa de l'étonnement, en constatant qu'elle était nue sur le sol de la forêt, à l'horreur, en voyant Harry, à l'effroi, en voyant sa culotte perchée sur une branche de cinq mètres de haut, à la perplexité, en voyant sa robe par terre en tas, et enfin à la peur, quand son regard se fixa à nouveau sur Harry.

— Harry ? s'écria-t-elle. QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA ?

— Hermione ? Mais…

Il reboutonna ses vêtements à la hâte.

— Ne fais pas l'innocent, Harry, qu'est-ce que tu m'as fait ? Je me rappelle très bien qu'on n'a jamais fait ça tous les deux, encore moins à l'âge que j'ai l'air d'avoir ! Tu… Qu'est-ce que tu as fait ?

— Mais… mais c'est toi qui viens de me sauter dessus !

En un éclair, il comprit.

— Tu es Hermione du présent ? De mon monde ?

— Oui, c'est moi ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de moi qui te saute dessus ?

— Je vais t'expliquer. En fait, depuis que je suis arrivé, ta version locale débloque complètement, elle a pas arrêté de me faire des avances depuis qu'on est partis de l'infirmerie. Je crois que c'est parce qu'elle a absorbé de l'énergie temporelle.

— L'énergie temporelle ? L'infirmerie ? Comment ça ? On est où et quand, exactement ?

— On est à la fin de notre troisième année. Tu te rappelles de l'histoire du Retourneur de temps ? Eh bien, on vient de sauver Buck. Il est juste là, ajouta-t-il en pointant du doigt l'endroit où Buck était attaché.

Hermione tenta de tourner la tête, puis ses membres tressautèrent légèrement. Elle pesta.

— Je n'arrive pas à bouger les membres, juste la tête.

— Au fait, comment es-tu arrivée là ? demanda Harry, en essayant de changer de sujet.

Il attrapa la robe d'Hermione, la déplia, et la déposa sur son corps comme une couverture. Il s'agenouilla près d'elle pour l'écouter.

— On essayé de rouvrir le portail, répondit Hermione, en se calquant sur ta signature énergétique temporelle, mais on t'a perdu avant d'avoir réussi. Alors on a essayé de le faire marcher comme une Pensine. Ça ne marchait pas vraiment, on se retrouvait à faire des introspections sur le passé, jusqu'à un moment où on a essayé avec quelqu'un qui s'est retrouvé dans le ventre de sa mère. En fait, on entrait en contact avec nous-même du passé, et on entrait dans la tête de notre double endormi, sauf que celui-là est remonté assez loin dans le passé pour tomber à un moment où il ne rêvait pas, faute d'avoir quelque chose à rêver. En gros, pour pouvoir contrôler ton corps du passé, il faut que ta conscience ne soit pas en train d'utiliser ton corps, sinon le contact ne se fait pas, mais il faut que ton corps soit éveillé, sinon tu ne vois que des rêves et des souvenirs.

Elle avala sa salive.

— Apparemment, je suis tombée pile au bon moment…

Harry, gêné, s'expliqua à nouveau.

— Ton double, cette version de toi, m'a littéralement sauté dessus, et je ne savais pas comment réagir, parce que ce n'est pas comme ça que ça s'est passé, normalement. Et puis je me suis dit que cette version de toi n'étais pas mariée à Ron, et que je ne la rendrais que triste et frustrée en refusant. Les hormones de ce ridicule corps d'adolescent ont fait le reste.

Hermione parut comprendre. Son expression s'adoucit.

— En fait, ce n'est pas vraiment nous qui avons couchés ensemble… Tu as sûrement eu raison. Qui sait ce qui aurait pu se passer si "je" t'avais boudé et si j'avais arrêté d'être ton amie. Les conséquences sur le futur local auraient pu être désastreuses.

Elle fronça les sourcils.

— En parlant de conséquences, comment se fait-il que je te parle à toi, et pas à ton double ? Où est-il ?

— Il… est mort, répondit Harry en avalant sa salive.

Hermione ouvrit des yeux ronds.

— Mort ? Mais… comment ça se fait ?

— J'ai voulu le toucher, et ça a provoqué une explosion. Il est mort juste après, avec moi à son chevet. Il m'a pris pour son père. Pour mon père.

Hermione ne disait pas un mot.

— J'ai pris du Polynectar et j'ai pris sa place. Je ne pouvais pas le laisser mort dans l'infirmerie ou le faire disparaître. En attendant de pouvoir l'enterrer, j'ai masqué le corps avec la Cape d'Invisibilité.

Hermione garda un moment un silence endeuillé.

— Au fond, ça vaut mieux, d'une certaine manière.

— Oui, je sais où dormir et manger. Et je crois que c'est dû à notre retour dans le temps, mais ma transformation semble durer plus longtemps que les effets normaux du Polynectar. Je suis vraiment retombé en enfance, dit-il en fronçant les sourcils. Et crois-moi, ça ne me réjouit pas. Vous avez une idée de comment me sortir d'ici ?

Hermione parut embarrassée.

— Le charme qui nous sert à localiser les gens dans le temps ne marche qu'après la levée de la Trace de la cible. Nous ne pouvons pas te trouver ici, car il n'existe pas ici de Harry Potter adulte, puisque tu es adolescent. On devra attendre encore quelques années dans ton futur pour que cet adulte existe.

Harry étouffa un juron. Il n'arrivait pas à y croire. Condamné à attendre cinq ans… non, quatre ans, dans un corps d'adolescent ! Hermione baissa les yeux.

— Le problème, c'est que nous aussi on doit attendre. Pas autant que toi, seulement quelques jours pour une de tes années, à peu près, mais… je ne sais même pas si on arrivera à tenir jusque-là.

Harry ouvrit des yeux ronds.

— Comment ça ?

— L'explosion que nous avons subie dans le labo a affecté le monde entier. Des tremblements de terre ont secoué tous les continents, et pire, notre lune s'est carrément disloquée. Des météorites ont détruit des villes, des raz-de-marée ont ravagé nos côtes… Londres a été miraculeusement épargné, pour l'instant, mais l'Irlande a été rayée de la carte. Personne ne sait quoi faire.

Un silence de mort suivit ses déclarations.

— Du coup, j'espérais en fait venir dans ce monde-ci plutôt que le contraire, ajouta-t-elle avec un sourire forcé.

Harry ne savait pas quoi dire.

— C'est… sûrement possible. En cas de besoin, je pourrai sûrement simuler ma propre mort pour qu'on puisse s'exiler. Ou alors on dira qu'on a dédoublé l'Hermione de ce monde ci… On trouvera une solution, ne t'inquiète pas.

Hermione eut un sourire triste et hocha la tête.

— Je vais revenir dans mon monde, dit-elle après un long silence. Je commence à avoir froid, ajouta-t-elle avec un regard appuyé sur la seule robe qui couvrait à peine son corps.

Harry rougit. Elle allait prendre congé, mais elle finit par dire :

— Si vous devez finir amants… Pour éviter que "je" tombe enceinte, tu peux jeter un sort d'impassibilité sur l'utérus. C'est ce qu'on a fait avec Ron, ça marche à tous les coups.

Terriblement gêné, Harry prit sa baguette. Pendant qu'Hermione détournait les yeux, il releva le bas de la robe et inséra avec précaution sa baguette dans le vagin d'Hermione. Il prononça l'incantation.

— Voilà, comme ça c'est plus sûr.

Harry retira sa baguette, se redressa, et l'essuya sur le bas de la robe d'Hermione. Il la regarda à nouveau.

Elle avait fermé les yeux et sa tête était partie en arrière. Au bout d'un moment, elle prit une grande inspiration, rouvrit les yeux, se redressa sur les coudes et le regarda avec une expression amusée.

— Whoa ! Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi intense ! On remet ça quand tu veux, dit-elle avec un sourire aguicheur.

12
Jusqu'au bout de la nuit

Harry commençait à se ressaisir de ce que venait de lui dire Hermione. Qu'allaient devenir ses enfants ? Ginny ? Ses amis ?

Voyant qu'Hermione s'était rhabillée, il écarta la main qui voulait lui caresser encore une fois le torse.

— Pas maintenant, Hermione. S'il te plait.

Il s'assit contre un tronc d'arbre et elle s'assit sagement en face de lui. Il ne leur restait plus qu'à attendre. Il pesta mentalement contre le fait de devoir attendre des années dans ce monde infernal.

Hermione s'était endormie. Après plus d'une heure, il repéra du mouvement du côté du Saule Cogneur. Il se releva et secoua doucement l'épaule d'Hermione. Elle ouvrit les yeux.

— On arrive, lui murmura-t-il.

Elle se releva. Buck dressa la tête. Ils virent Lupin, Ron et Pettigrow s'extraire maladroitement de l'ouverture, au pied de l'arbre. Harry sentit son coeur se retourner en voyant Peter, en se souvenant de l'ultime geste de bonté qui avait entraîné sa mort, des années auparavant de son point de vue.

Son coeur manqua à nouveau un battement, et il ne put retenir un sanglot étouffé. Sirius venait de sortir de l'arbre. Il n'était pas prêt à le revoir comme ça. Il avait envie de courir le rejoindre, et de le prendre dans ses bras… Il regarda le petit groupe se diriger vers le château. Il se tourna vers Hermione, en tentant de se ressaisir.

— Viens, on doit partir d'ici. Lupin va arriver droit sur nous.

Hermione acquiesça. Harry détacha Buck d'un coup de baguette.

— On va retourner chez Hagrid, il n'est pas là en ce moment.

La cabane était en vue. Harry se précipita sur la porte et l'ouvrit à la volée. Harry entra après l'hippogriffe, suivi de près par Hermione. Puis elle se retourna et eut la présence d'esprit de verrouiller la porte.

Harry était troublé. D'abord elle montrait un appétit sexuel insatiable en oubliant les dangers auxquels ils faisaient face, et maintenant elle pensait à faire ça, comme si rien ne s'était passé…

Quoique…

Elle aussi semblait perdue dans ses pensées. Harry espérait qu'elle n'allait pas que passer d'un extrême à l'autre, qu'elle allait au moins trouver un juste milieu.

Et si c'était le sortilège qu'il lui avait infligé qui faisait cet effet-là sur elle ? Harry ressentit une pointe de culpabilité de lui avoir jeté sans la prévenir. Mais il se rasséréna tout de suite : Hermione du futur lui avait elle-même demandé de le faire. Et puis un sort d'Impassibilité n'avait pas d'effets psychologiques, c'était absurde, il avait été testé par Hermione elle-même. Il secoua la tête et tenta de se concentrer sur ce qui se passait. Maintenant que le petit groupe s'était défait et que les détraqueurs arrivait, c'était le moment d'intervenir.

— Je vais retourner dehors.

Hermione se tourna vers lui, l'air inquiet et soupçonneux.

— Fais-moi confiance.

Il l'embrassa sur la joue. Elle sourit. Il ressortit et contourna la cabane. Il se concentra. Il devait agir exactement de la même façon que vingt-cinq ans auparavant. Heureusement, son double sur son balai, plus jeune mais physiquement plus vieux – que ça devenait complexe ! - venait de le voir et c'était encore frais dans sa mémoire.

Harry regarda en direction du lac. Il devait faire semblant de chercher son père. Son cœur se serra quand il se rappela que cette pensée allait hanter son double jusqu'à sa mort.

Il resta là, hésitant, trottinant en regardant autour de lui.

Des Détraqueurs apparurent. Ils glissaient le long des rives du lac… Pour la quatrième fois de son existence, Harry vit le cercle des Détraqueurs se refermer. C'était le moment. Il se dressa de derrière le buisson.

SPERO PATRONUM ! hurla-t-il.

Comme à chaque fois, son Patronus jaillit de sa baguette. Il le regarda mettre les Détraqueurs en déroute, et pensa juste à temps à tendre la main vers lui avant qu'il ne disparaisse.

Il entendit des sabots et se tourna vers Hermione, qui arrivait avec Buck.

— Qu'est-ce que tu… commença-t-elle.

— Je viens de nous sauver. J'ai fait fuir les Détraqueurs avec un Patronus. Maintenant, Rogue va se lever et nous ramener au château, regarde.

En effet, Rogue reprit conscience et fit apparaître les brancards. Harry détourna l'attention d'Hermione au moment où son double adulte passait la porte. Il regarda sa montre. Hermione l'imita.

— C'est presque l'heure, dit-elle d'une voix inquiète. Nous avons trois quarts d'heure pour agir avant que Dumbledore ne nous enferme dans l'infirmerie. Nous devons sauver Sirius et retourner dans nos lits avant que quelqu'un s'aperçoive de notre absence.

Ils attendirent en regardant les nuages se refléter dans le lac.

— Tu crois qu'il est déjà là-haut ? dit Harry en regardant sa montre. Il regarda la façade du château et compta les fenêtres de la tour ouest.

— Regarde ! murmura Hermione en montrant la porte du château. Qui est-ce ?

— Macnair, dit Harry. Le bourreau, il est allé chercher les Détraqueurs pour Sirius. On y va, Hermione.

Il grimpa sur le dos de Buck en prenant appui sur un buisson. Puis il aida Hermione à s'asseoir derrière lui. Elle passa ses bras autour de sa taille et posa son menton sur son épaule. Il vérifia qu'elle ne risquait pas de glisser, puis donna un petit coup de talon sur les flancs de Buck.

L'hippogriffe s'éleva alors dans la nuit. Harry le serrait entre ses genoux. Hermione enfouit sa tête dans le cou de Harry, en s'agrippant à sa taille. Il vira vers la gauche et compta les fenêtres tandis que Buck changeait docilement de direction.

Harry tira de toutes ses forces sur les rênes. Buck s'immobilisa dans les airs. Il plissa les yeux pour distinguer à travers la vitre la pièce plongée dans l'obscurité. Il vit Sirius lever la tête et ouvrir des yeux ronds. Il se leva d'un bond, se précipita sur la fenêtre et essaya de l'ouvrir, mais elle était verrouillée.

— Reculez ! lui cria Harry en réprimant un sanglot. Il sortit sa baguette magique, son autre main toujours cramponnée à l'encolure de Buck.

Alohomora !

La fenêtre s'ouvrit aussitôt.

— Comment ?… Comment… balbutia Black en regardant l'hippogriffe.

— Vite, montez ! On n'a pas beaucoup de temps, dit Harry en réprimant son émotion. Il faut sortir d'ici, des Détraqueurs vont arriver.

Sirius s'accrocha aux montants de la fenêtre et se hissa sur le rebord. Un instant plus tard, il était monté sur l'hippogriffe, juste derrière Hermione. Harry agita les rênes en serrant des jambes les flancs de l'animal. Il agita ses ailes puissantes, parvint à prendre de l'altitude et se posa sur les créneaux de la tour est. Harry et Hermione sautèrent à terre.

— Il faut que tu t'enfuies, maintenant, Sirius, vite ! haleta Harry.

— Qu'est-ce qui est arrivé à l'autre garçon ? Ron ? demanda précipitamment Sirius.

Harry, pris au dépourvu, ne sut pas quoi répondre.

— Heu… Il s'en remettra. Vas-y, tu dois partir, maintenant !

Mais Sirius continuait de le fixer.

— Comment pourrais-je te…

— Vas-y ! cria Harry en l'interrompant. Il sentait que si Sirius restait une minute de plus, il allait se mettre à pleurer et à le prendre dans ses bras.

— Nous nous reverrons, dit Sirius. Tu es… le digne fils de ton père, Harry…

L'hippogriffe se cabra et pris son envol. Harry resta là, au bord des larmes, le regardant s'éloigner. Bientôt, la silhouette ne fut plus qu'un point minuscule dans le ciel, puis il disparut, avalé par un nuage.

13
Retour à l'infirmerie

Harry finit par regarder sa montre.

— Hermione !

Il la tira par la manche.

— Il nous reste dix minutes avant que Dumbledore ne verrouille la porte.

Hermione détacha son regard vide du ciel et le suivit. Ils franchirent la porte qui se trouvait derrière eux et descendirent les marches de l'escalier de pierre en colimaçon. Arrivé en bas, il entendit une voix et se plaqua avec Hermione contre le mur. Elle eut un petit grognement de surprise et se blottit contre lui pour l'embrasser. Harry décida de la laisser faire le temps d'écouter ce qu'il se passait.

— Je ne serais pas étonné qu'ils souhaitent vous interviewer, mon cher Rogue… Et dès que le jeune Potter aura retrouvé ses esprits, je pense qu'il aura hâte de raconter à La Gazette comment vous lui avez sauvé la vie…

C'étaient Rogue et Fudge. Dans un autre monde, il aurait été énervé, ou au moins irrité, de les entendre s'attribuer le mérite de la capture d'un innocent, mais présentement, il devait s'occuper d'Hermione et du retour à l'infirmerie. Quand le bruit de leurs pas se fut évanoui au bout du couloir, il repoussa doucement Hermione qui produisit un gémissement de désir et de protestation. Il n'en tint pas compte et la tira dans la direction opposée. Il entendit le caquètement de Peeves, et bifurqua dans une autre direction pour l'esquiver. Il coururent le long des couloirs et des escaliers pour finalement déboucher en vue de l'infirmerie. Ils virent la porte s'ouvrir et Dumbledore apparut de dos.

— Je vais verrouiller la porte. Il est minuit moins cinq, dit-il en consultant sa montre. Miss Granger, trois tours devraient suffire. Bonne chance.

Dumbledore sortit de l'infirmerie, ferma la porte et s'apprêta à la verrouiller à l'aide de sa baguette magique. Pris de panique, Harry et Hermione coururent à toutes jambes. Dumbledore se tourna vers eux et un large sourire se dessina sous sa longue moustache argentée.

— Alors ? demanda-t-il à voix basse.

— On a réussi ! répondit Harry, hors d'haleine. Sirius s'est enfui en s'envolant avec Buck. Dumbledore eut un regard rayonnant.

— Bravo. Je crois que… – il tendit l'oreille en direction de l'infirmerie – oui, je crois que vous êtes déjà partis. Allez vous recoucher, je vais vous enfermer.

Harry poussa Hermione dans la salle où il n'y avait que Ron, toujours endormi dans son lit. Quand ils entendirent la serrure cliqueter derrière eux, Hermione se retourna vers Harry. Elle voulut l'embrasser mais Harry la repoussa gentiment.

— Il est trop tard, Hermione, chuchota-t-il. Et Ron ou Madame Pomfresh pourraient nous entendre.

Elle fit un pas en arrière et commença à enlever sa robe. Il la prit par le sein et la fit basculer sur son lit.

— Couche-toi, maintenant.

Il se glissa dans les draps et voulut regarder Hermione, mais elle lui tournait le dos d'un air boudeur. Elle se retourna pour lui faire face.

— Dis, Harry…

— Oui ?

— Ce qu'il s'est passé dans la forêt… je ne sais pas ce qui m'a pris sur le moment, mais je ne regrette pas.

— Heu… moi non plus, mais…

— Laisse-moi finir, l'interrompit-elle. Je ne regrette pas, et je compte bien le refaire avec toi. Mais je sais que si quelqu'un l'apprend, on aura des ennuis tous les deux.

— Ne t'inquiète pas, la devança Harry. Je ne le dirais à personne. Même pas à Ron.

Hermione sourit.

— Super.

Elle allait sans doute ajouter quelque chose, mais à ce moment précis, Madame Pomfresh sortit de son bureau et s'avança vers eux à grands pas.

— Le directeur est parti ? Je vais enfin pouvoir m'occuper de mes patients, maintenant ?

Elle était de mauvaise humeur et Harry et Hermione prirent docilement leur chocolat. Madame Pomfresh resta auprès d'eux pour s'assurer qu'ils le mangeaient jusqu'à la dernière miette. Hermione et Harry attendaient, l'oreille aux aguets, les nerfs tendus… Enfin, alors qu'ils prenaient le quatrième morceau de chocolat que Madame Pomfresh leur tendait, ils entendirent des hurlements de colère qui se répercutaient en écho quelque part au-dessus de leur tête.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? dit Madame Pomfresh d'un air inquiet.

Ils entendaient à présent des voix furieuses qui se rapprochaient. Madame Pomfresh se tourna vers la porte.

— Ils vont réveiller tout le monde ! Où est-ce qu'ils se croient ?

— Il a dû transplaner, Severus. Il aurait fallu laisser quelqu'un avec lui dans la pièce. Quand ça va se savoir…

— IL N'A PAS TRANSPLANÉ ! rugit Rogue qui semblait tout proche, à présent. IL EST IMPOSSIBLE DE TRANSPLANER À L'INTÉRIEUR DE CE CHÂTEAU ! JE SUIS SÛR QUE POTTER EST DANS LE COUP !

— Severus… soyez raisonnable… Harry était enfermé…

BANG ! La porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée. Fudge, Rogue et Dumbledore firent irruption dans la salle. Seul Dumbledore semblait parfaitement calme. Il avait même l'air de s'amuser. Fudge paraissait en colère. Mais Rogue était véritablement hors de lui.

— ÇA SUFFIT, MAINTENANT, POTTER ! cria-t-il. QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ FABRIQUÉ ?

— Professeur Rogue ! s'indigna Madame Pomfresh. Contrôlez-vous, je vous prie !

— Allons, Rogue, soyez raisonnable, dit Fudge. Cette porte était verrouillée, nous l'avons bien vu…

— ILS L'ONT AIDÉ À S'ENFUIR, JE LE SAIS ! hurla Rogue en pointant l'index sur Harry et Hermione. Les traits de son visage étaient convulsés et ses vociférations s'accompagnaient d'un nuage de postillons.

— Allons, calmez-vous ! lança Fudge. Ce que vous dites n'a pas de sens !

— VOUS NE CONNAISSEZ PAS POTTER ! s'écria Rogue. C'EST LUI QUI A FAIT ÇA, JE SAIS QUE C'EST LUI !

— Ça suffit, Severus, dit tranquillement Dumbledore. Réfléchissez un peu. Cette porte a été verrouillée depuis que j'ai quitté l'infirmerie il y a dix minutes. Madame Pomfresh, avez-vous vu ces élèves quitter leurs lits ?

— Bien sûr que non, répliqua Madame Pomfresh, exaspérée. Je ne les ai pas quittés depuis que vous êtes parti !

— Vous voyez bien, Severus, dit Dumbledore. À moins que vous ne vouliez nous faire croire que Harry et Hermione ont la faculté de se trouver en même temps dans deux endroits différents, je ne vois pas de raison de les importuner davantage.

Rogue resta immobile, bouillant de rage, en regardant alternativement Fudge qui paraissait outré par sa conduite et Dumbledore dont les yeux pétillaient derrière ses lunettes. Rogue tourna soudain les talons, les pans de sa robe tourbillonnant dans son sillage, et quitta l'infirmerie à grands pas furieux. Harry suivit l'évolution de la situation avec intérêt, tentant de ne rien manquer.

Lorsque Dumbledore sortit à son tour en compagnie de Fudge, Madame Pomfresh se hâta de verrouiller à nouveau la porte. En marmonnant des paroles incompréhensibles d'un air furieux, elle retourna ensuite dans son bureau.

Il y eut alors un gémissement à l'autre bout de la salle. Ron venait de se réveiller. Il se redressa dans son lit et regarda autour de lui en se massant la tête.

— Qu'est-ce qui… Qu'est-ce qui s'est passé ? grogna-t-il. Harry ? Qu'est-ce qu'on fait là ? Où est Sirius ? Et Lupin ?

Hermione jeta un coup d'œil à Harry.

— C'est moi qui raconte, dit-elle d'un air fatigué.

Harry haussa les épaules et reprit un peu de chocolat.

14
Enterrement

Harry dut attendre une heure et demie avant que les autres ne s'endorment enfin. Il se leva silencieusement. Après avoir soumis les environs à l'assurdiato, il sortit le corps de Harry de dessous le lit. Après réflexion, il décida de le transporter à la façon de Ron, sur un brancard. Il ouvrit la fenêtre.

Accio Balai ! murmura-t-il.

Après quelques instants, l'Éclair de Feu du placard à balais surgit de l'obscurité et il l'attrapa avec dextérité. En faisant léviter avec précautions le brancard devant lui, il enfourcha le balai et descendit très progressivement vers la terre ferme. Là, il se dirigea vers l'orée de la Forêt Interdite. Il posa pied à terre quand il eut perdu le château de vue.

Il découpa un carré dans la terre des sous-bois avec sa baguette, et y déposa du plus délicatement qu'il put le corps de son double.

Il devait se retenir de ne pas pleurer. Tout cela lui rappelait trop douloureusement la mort de Dobby. Il referma la tombe, récupéra la cape d'invisibilité qui venait de son monde et enfourcha son balai. Il regarda autour de lui, essayant de mémoriser l'endroit, puis il donna un grand coup de pied par terre et s'élança au-dessus de la forêt en direction du château. Il volait vite, pour échapper à ses souvenirs maintenant sans fondements. Il savait où cacher cette cape de secours. Septième étage, en face de la tapisserie qui représentait Barnabas le Follet battu par les trolls.

Il atterrit en haut de la tour et mit pied à terre. En attrapant son balai, il s'immobilisa. Il devait s'en débarrasser aussi, puisqu'un autre exemplaire, bien à lui, se trouvait dans sa chambre. Il décida de le ranger au même endroit que la cape.

Il descendit rapidement les escaliers. Il était pressé. Personne n'était censé se réveiller avant le lendemain matin, mais il avait peur que le nouveau tempérament imprévisible d'Hermione ne vienne bouleverser l'ordre normal des événements. Il arriva enfin devant la tapisserie, la cape dans une main et le balai dans l'autre. Il passa devant trois fois en se répétant mentalement qu'il voulait entrer dans la salle des objets cachés. Il ouvrit la porte de la Salle sur Demande et se retrouva dans la salle aussi vaste qu'une cathédrale, avec ses rayons de lumière filtrants à travers les hautes fenêtres.

Harry était ému de se retrouver dans cette salle qui avait vu tant d'histoire de Poudlard. Là où était cachés le Diadème Perdu de Poufsouffle, là où l'Armée de Dumbledore s'était réunie, là où Neville avait organisé la résistance contre les Carrow pendant l'occupation de Poudlard… là où Vincent Crabbe était mort, détruisant la Salle avec lui.

Il s'avança dans les travées, et s'arrêta devant une commode renversée. Il enveloppa la cape du mieux qu'il put autour du balai et le cacha derrière la commode. Il grava l'endroit dans sa mémoire, puis ressortit de la salle. Quand il referma la porte, le mur retrouva aussitôt sa surface de pierre nue.

Harry, aux aguets, traversa le château, en ayant la chance de ne pas faire de mauvaise rencontre. Quand il arriva devant la porte de l'infirmerie, évidemment verrouillée, il ouvrit son sac, qu'il avait eu la présence d'esprit d'emporter, et enfila la bague passe-muraille. Il regarda par le trou de la serrure et visualisa le pas de la porte, mais de l'autre côté. Le pouvoir de la bague fit le reste et il se retrouva transporté à travers le trou de la serrure. Il s'écroula à terre, essoufflé. Se servir de la bague était éprouvant. Il glissa le sac et la bague sous son lit et se glissa dans les couvertures, où il put enfin s'endormir.

Lorsqu'ils quittèrent l'infirmerie le lendemain à midi, Harry, Ron et Hermione retrouvèrent un château presque désert. La chaleur étouffante et la fin des examens avaient apparemment incité tout le monde à profiter de leur dernière sortie à Pré-au-lard. Mais ni Ron, ni Hermione n'avaient envie d'aller rejoindre les autres, préférant se promener dans le parc en compagnie de Harry. Assis au bord du lac, ils se demandaient où pouvaient être Sirius et Buck, à présent. Harry perdit le fil de la conversation, loin qu'il était de leurs préoccupations.

Une ombre les enveloppa soudain et ils virent apparaître Hagrid qui s'essuyait le visage avec un mouchoir de la taille d'une nappe. Il avait le regard un peu vitreux, mais arborait un grand sourire.

— Je sais que je ne devrais pas être très content de ce qui s'est passé hier soir, dit-il. La fuite de Black et tout ça… Mais devinez un peu ce qui est arrivé ?

— Quoi ? demanda Ron en faisant semblant d'avoir l'air curieux.

— Buck ! Il s'est échappé ! Il est libre ! J'ai fêté ça toute la nuit !

— C'est merveilleux ! s'exclama Hermione en jetant un regard noir à Ron qui semblait sur le point d'éclater de rire.

— Oui, je n'ai pas dû l'attacher assez solidement, reprit Hagrid. Ce matin, j'avais un peu peur qu'il soit tombé sur le professeur Lupin, mais Lupin affirme qu'il n'a rien dévoré la nuit dernière…

— Où est-il à présent ? demanda Ron.

— Il fait ses valises, bien sûr.

— Ses valises ? Pourquoi ?

— Il s'en va, bien sûr, dit Hagrid, apparemment surpris. Il a donné sa démission à la première heure ce matin. Il a dit qu'il ne voulait pas prendre le risque que ça se reproduise.

Harry se rappela soudain qu'il devait discuter avec lui au moment de son départ. Il se releva.

— Je vais aller le voir, dit-il à Ron et à Hermione.

— Mais s'il a démissionné ?

— Je ne crois pas qu'on puisse faire grand-chose…

— Ça m'est égal, je veux quand même le voir.

La porte du bureau de Lupin était ouverte. Il avait presque fini de ranger ses affaires. Un aquarium vide était posé à côté de sa vieille valise ouverte. Il était tel que Harry s'en souvenait. Son cœur chavira de nouveau. Lupin était penché sur son bureau et ne releva la tête qu'en entendant Harry frapper à la porte.

— Je vous ai vu arriver, dit Lupin avec un sourire. Il montra le morceau de parchemin sur lequel il était resté penché : c'était la carte du Maraudeur.

— Je viens de voir Hagrid, dit Harry. Il nous dit que vous aviez démissionné.

— J'en ai bien peur… soupira Lupin.

Il hocha la tête en silence et continua de vider ses tiroirs.

— D'après ce que m'a dit le directeur ce matin, reprit-il, vous avez sauvé la vie de plusieurs personnes, hier soir, Harry. S'il y a une chose dont je suis fier, c'est des progrès que vous avez faits. Parlez-moi un peu de votre Patronus.

Harry raconta à Lupin ce qui s'était passé, en essayant de ne pas montrer la difficulté qu'il avait à se rappeler du cours normal des événements. Lorsqu'il eut terminé, Lupin eut un nouveau sourire, jeta ses derniers livres dans la valise, referma les tiroirs de son bureau et se tourna vers Harry.

— Tenez… J'ai rapporté ça de la Cabane hurlante hier soir, dit-il en tendant à Harry sa cape d'invisibilité.

Il hésita, puis lui donna également la carte du Maraudeur.

— Je ne suis plus votre professeur, je peux donc également vous rendre ceci sans me sentir coupable… Je n'en ai pas l'usage, mais j'imagine qu'elle vous sera utile…

Harry prit la carte avec un sourire. Il ne l'avait pas eue dans les mains depuis longtemps.

Il remarqua qu'un point noté Dumbledore se rapprochait de leur emplacement. Il fallait qu'il parte. Il tendit la main vers Lupin. Avec un sourire et une vague expression de surprise, il serra la main de Harry, qui tourna les talons et sortit de la pièce avant que Dumbledore n'arrive.

Une fois arrivé à une distance suffisante du bureau, et à l'abri des regards, il s'effondra et s'enferma dans une salle vide. Il avait envie de pleurer. Sirius, Lupin… Les revoir lui faisait trop mal. Il prit de grandes inspirations pour se calmer.

Il fallait qu'il arrive à respecter les événements du passé. Ce qu'il avait de justesse réussi à faire pendant les dernières vingt-quatre heures ne pouvait pas durer éternellement. À trop changer le passé, le futur deviendrait de plus en plus imprévisible. Mais jamais il n'arriverait à se rappeler avec assez de précision de ce qu'il avait vécu vingt-cinq ans plus tôt. Quant à improviser et tenter de réagir de manière naturelle…

Harry passa de nombreuses heures, les jours suivants, à fouiller la bibliothèque, à la recherche d'un sortilège sur la mémoire qui serait capable de lui venir en aide. Au fur et à mesure que la fin de l'année approchait, il sentait approcher le moment où il allait devoir revenir chez les Dursley, où il n'aurait plus aucun contact avec les ressources dont il avait désespérément besoin. C'était peut-être ce qui l'énervait le plus : rien dans sa nouvelle vie n'était stable ni n'avait de sens, et pourtant il était obligé de retourner s'enterrer chez eux pendant l'été.

Finalement, après des jours de recherche, Harry trouva enfin ce qu'il cherchait : le charme d'hypermnésie, qui lui permettait de se souvenir avec grande précision d'événements pourtant lointains de son passé. Il se l'appliqua à lui-même une fois isolé et à l'abri des regards.

Il en sentit les effets arriver progressivement dans les jours qui suivirent. Il se rappelait avec de plus en plus de précision des événements qui… allaient se passer, de son point de vue. Les détails devenaient de plus en plus clairs, et prit la décision, chaque soir, de rechercher dans sa mémoire les événements du lendemain et de s'y préparer. Il reprit enfin un peu confiance en lui.

15
Fin de parcours

Harry était le seul à savoir réellement tout ce qui s'était passé la nuit où Sirius, Buck et Pettigrow s'étaient enfuis. À mesure qu'approchait la fin des classes, il entendait de plus en plus de théories qui prétendaient expliquer les événements, mais aucune n'avait évidemment la moindre chance de s'approcher si peu que ce fût de la vérité.

Malefoy était furieux que Buck se soit enfui. Il avait la certitude que Hagrid s'était arrangé pour le mettre à l'abri et paraissait outré que son père et lui aient pu se laisser berner par un garde-chasse. Harry hésita sur la façon de lui parler, mais il se rappelait qu'ils étaient encore rivaux pour au moins quatre années.

Le plus dur, peut-être plus encore que son entrevue avec Lupin, était le fait de voir Rogue si souvent, en cours, à chaque repas et parfois au détour d'un couloir. Savoir ce qu'il vivait et ressentait à chaque fois qu'il voyait Harry, la culpabilité et la responsabilité de la mort de son amour éternel et perdu, lui faisait perdre la force de sourire pendant de longues heures.

Percy avait comme prévu obtenu son ASPIC, et Fred et George leur BUSE. Gryffondor, grâce notamment aux prouesses de Harry sur le terrain de Quidditch, avait de nouveau gagné la coupe des Quatre Maisons pour la troisième année consécutive. La Grande Salle fut donc décorée aux couleurs rouge et or de Gryffondor pour le banquet de fin d'année et la table des vainqueurs se montra de très loin la plus bruyante.

Lorsque le Poudlard Express quitta la gare, le lendemain matin, Hermione annonça à Ron et à Harry une nouvelle, surprenante pour Ron.

— Je suis allée voir le professeur McGonagall ce matin, juste avant le petit déjeuner, dit-elle. Et j'ai décidé d'abandonner l'étude des Moldus.

— Mais tu as eu ton examen avec trois cent vingt pour cent de bonnes réponses ! dit Ron.

— Je sais, soupira Hermione, mais je ne pourrai pas supporter une autre année comme celle-ci. Ce Retourneur de Temps me rendait folle. Je l'ai rendu. Sans l'étude des Moldus et la Divination, j'aurai de nouveau un emploi du temps normal.

— Je ne comprends toujours pas que tu ne nous aies rien dit, ronchonna Ron. Normalement, nous sommes tes amis !

— J'avais promis de ne rien dire à personne, répondit Hermione d'un air sévère.

Elle se tourna vers Harry et lui lança un regard qui semblait lui rappeler que lui aussi ne devait rien dire. Harry acquiesça discrètement et se détourna. Il regarda le château disparaître derrière une montagne en pensant qu'il lui faudrait attendre deux mois avant de le revoir…

— Ne sois pas triste, Harry, dit Hermione.

— Je pensais aux vacances, répondit Harry.

— Moi aussi, j'y ai pensé, dit Ron. Harry, il faut que tu viennes à la maison. J'arrangerai ça avec mes parents et je t'appellerai. Je sais comment me servir d'un fêlétone, maintenant.

— Un téléphone, Ron, rectifia Hermione. Tu devrais étudier les Moldus, l'année prochaine…

Ron ne lui répondit pas.

— C'est la coupe du monde de Quidditch, cet été ! dit-il. Qu'est-ce que tu en dis ? Viens à la maison et on ira ensemble ! Mon père s'arrange toujours pour avoir des billets par le ministère.

Harry se figea. Le souvenir d'une tête de mort flottant au-dessus de la forêt lui glaça le sang. Il déglutit avec difficulté et fit de son mieux pour avoir l'air enthousiaste.

— J'imagine… que les Dursley seront ravis de me laisser partir… articula Harry, la gorge nouée.

Vers la fin de l'après-midi, Hermione lui tapa sur l'épaule.

— Harry, lui dit-elle, qu'est-ce que c'est que ça ?

Harry jeta un coup d'œil au-dehors. Une petite boule grise venait d'apparaître derrière la vitre. Il haussa un sourcil. Coquecigrue ! Harry se hâta d'ouvrir la fenêtre, tendit le bras et attrapa l'oiseau. Il laissa tomber la lettre sur la banquette et se mit à voleter d'un air joyeux dans le compartiment. Ron l'attrapa pour le protéger.

La lettre était évidemment adressée à Harry. Il ouvrit l'enveloppe.

— C'est Sirius, annonça-t-il.

— Quoi ? s'écrièrent Ron et Hermione d'une même voix. Lis-nous ça !

Harry réprima son émotion en lisant son parrain qui s'adressait à lui.

Cher Harry,

J'espère que cette lettre te parviendra avant que tu n'arrives chez ton oncle et ta tante. J'ignore s'ils ont l'habitude de recevoir du courrier par hibou postal.

Buck et moi, nous nous cachons. Je ne te dirai pas où, au cas où cette lettre tomberait en de mauvaises mains. Je ne sais pas si on peut faire confiance à ce hibou, mais c'est le seul que j'aie trouvé et il avait l'air très content de faire ce travail.

Je crois que les Détraqueurs me cherchent toujours, mais ils ne me trouveront jamais ici. Je vais m'arranger pour que des Moldus m'aperçoivent bientôt très loin de Poudlard afin que les mesures de sécurité du château soient levées.

Il y a quelque chose que je n'ai pas eu le temps de te dire quand nous nous sommes vus. C'est moi qui t'ai envoyé l'Éclair de Feu…

— Ah ! dit Hermione d'un air triomphant. Tu vois, je te l'avais dit que c'était lui !

— Oui, mais il ne l'avait pas ensorcelé, fit remarquer Ron. Aïe !

Coquecigrue lui avait mordillé un doigt dans ce qu'il pensait être un geste d'affection.

C'est Pattenrond qui a apporté le bon de commande à la poste de Pré-au-lard. J'ai indiqué ton nom, mais je leur ai dit de prendre l'or dans le coffre numéro 711 de Gringotts. C'est le mien. Considère qu'il s'agit d'un cadeau de ton parrain pour tes treize ans.

Je voudrais aussi te demander pardon pour la frayeur que j'ai dû te faire le soir où tu as quitté la maison de ton oncle. Je voulais simplement t'apercevoir un bref instant avant de continuer ma route vers le nord, mais je crois bien que tu as eu peur en me voyant.

Je t'envoie également quelque chose qui devrait te faciliter la vie à Poudlard, l'année prochaine.

Si jamais tu as besoin de moi, écris-moi, ta chouette saura où me trouver. Je t'écrirai bientôt une autre lettre.

Sirius

Harry sortit de l'enveloppe l'autre morceau de parchemin, qui lui permettait de se rendre à Pré-au-lard le week-end.

— Ça suffira pour Dumbledore. Ah, il y a un P.S…

J'ai pensé que ton ami Ron aurait peut-être envie de garder ce hibou, puisque c'est à cause de moi qu'il n'a plus de rat.

Pendant que Ron réagissait à son nouveau cadeau, Harry rangea avec précaution le parchemin écrit par Sirius.

Le train finit par arriver à la gare de King's Cross. Harry franchit en compagnie de Ron et d'Hermione la barrière magique du quai 9 3⁄4. Il repéra aussitôt l'oncle Vernon, avec un pincement au cœur. Harry n'avait jamais pris la peine de reprendre contact avec eux, après la guerre. Le méritaient-ils ? Probablement pas. Mais ça lui faisait une étrange sensation quand même.

Harry dit au revoir à Ron et à Hermione.

— Je t'appellerai pour la coupe du monde !

— Non, corrigea Harry. Envoie-moi une lettre, ça vaudra mieux. Et surtout, dis bien à ton père de ne pas utiliser la poudre de Cheminette.

Il les laissa sur cette phrase énigmatique et suivit d'un air sombre l'Oncle Vernon vers la voiture.