Bonjour à toutes et à tous !
Je reviens avec une nouvelle histoire très particulière pour moi. Il s'agit d'un projet sur lequel je travaille depuis un an et qui s'inscrit dans le cadre de mes études (mais j'en parlerai quand j'aurai publié toute la fanfiction).

J'aimerai remercier toutes les personnes qui ont accepté de relire cette fanfiction et qui m'ont rassurée pendant le processus d'écriture. Vous êtes les meilleur.e.s !

L'idée de départ est simple : et si Ziva David, à la fin de la saison 6, n'avait pas été capturée en Somalie, mais plutôt en Afghanistan, par les Dix Anneaux ?
Cela vous intrigue ? Bien !
Bonne lecture !


De D.C. à Kandahar, et même un peu plus loin

Chapitre 1

Février 2009

Je ne fus pas fâché de reprendre la route vers le Navy Yard. Dans le taxi qui m'emmenait vers mon lieu de travail, je pus me concentrer sur les tâches qui m'attendaient plutôt que sur le procès qui se tenait depuis des jours dans ma tête. Étonnamment, je n'avais même pas considéré quitter le NCIS ou même le MCRT (et je le précise parce que Jimmy m'avait posé la question). Le Directeur Vance semblait avoir trouvé un respect nouveau pour moi et pour mes capacités, ce qui était sans doute la seule conséquence positive de tout ce fiasco. Me voir en direct piéger le Directeur du Mossad lui avait montré que mes bouffonneries n'étaient que des écrans de fumée, et que derrière cette mascarade, je savais ce que je faisais. Au moins, Gibbs le savait depuis le début et m'avait toujours défendu sur ce point. Cela m'avait permis de me rassurer sur ma capacité à rester à mon poste. J'aimais passionnément mon travail d'enquêteur, et être le second de Gibbs était une grande fierté.

Cependant, mon esprit ne cessait de vouloir débattre des circonstances qui avaient conduit à la mort de Rivkin, des accusations jetées à mon égard et de l'interrogatoire qui avait eu lieu en Israël. Je voulais clore cette affaire, mais mes pensées ne s'apaisaient pas. C'était pourquoi j'avais demandé au Directeur Vance de pouvoir revenir au bureau au plus vite afin de rattraper les formalités administratives en retard qui s'accumulaient à mon pupitre et dans la boîte de réception de mon ordinateur. J'avais dû promettre de ne pas suivre Gibbs sur le terrain évidemment, mais ma clavicule m'empêchait de toute façon de me trouver dans un véhicule conduit par notre bien-aimé leader.

Après avoir payé et remercié le taxi, j'entrai enfin dans le bâtiment familier du Navy Yard qui accueillait le NCIS, après une dizaine de jours d'absence.

« Comment va votre clavicule, Agent DiNozzo ? »

Charly Lowe, le gardien en faction, qui vérifiait les badges et assurait la détection de métaux à l'entrée, était une vieille connaissance. En huit ans au NCIS, il avait toujours été là, souriant, demandant des nouvelles à tous les employés, les appelant chacun par leur nom, et connaissant les noms des membres de leurs familles. C'était toujours agréable de commencer la semaine par un sourire et c'était aussi rassurant que quelqu'un d'aussi stratégique connaisse suffisamment le personnel habituel pour détecter des anomalies.

J'entrai enfin dans l'open-space dévolu aux équipes d'enquêtes criminelles. L'orange des murs ne m'avait jamais autant fait penser aux tenues de prisonniers, mais paradoxalement, il était aussi rassurant et familier.

McGee était à son bureau, occupé par son écran d'ordinateur. Je le saluai et il parut presque choqué de me voir.

« Tony ? Mais, tu es en arrêt maladie pour encore plusieurs semaines !

- Bonjour à toi aussi McProcédure. Je vais bien, enfin, aussi bien qu'une clavicule cassée peut aller. Ne fais pas attention à moi, je suis ici pour rattraper la paperasse en retard.

- Gibbs est au courant ? »

Il devait poser la question, tout le monde se devait de poser cette question quand quelque chose sortait de l'ordinaire, et c'était logique. La peur primordiale et sacrée qu'inspirait Gibbs nous poussait tous à faire en sorte de contenter l'ogre. J'en aurais fait de même, ce qui me fit prendre conscience que, non, je n'avais pas prévenu Gibbs.

« Vance est au courant, dis-je vaguement.

- Gibbs n'est pas au courant, conclut-il, et il avait raison.

- DiNozzo, tu n'es pas supposé être ici avant plusieurs semaines, aboya Gibbs, air renfrogné sur le visage et café à la main.

- J'ai l'autorisation du Directeur, Boss, clamai-je en me redressant. Je suis là pour la paperasse qui s'accumule. Tu sais que je n'aime pas rester chez moi trop longtemps. »

Évidemment, Gibbs le savait parfaitement. Ma convalescence après la longue hospitalisation qui avait suivi ma contamination par la peste pulmonaire était certainement encore dans sa mémoire. Je n'avais pas pu habiter seul pendant un moment, il m'avait donc accueilli généreusement chez lui. L'ennui me rendait irritable et nerveux, et il en avait été le témoin privilégié.

C'était certainement pourquoi il n'ajouta rien et se contenta de s'asseoir pour consulter ses mails. En langage Gibbsien, cela signifiait que j'avais sa bénédiction pour travailler, dans les limites du raisonnable, bien entendu. Je m'assis donc à mon bureau et je m'aperçus de la monumentale erreur que je venais de commettre.

Face à moi, il y avait un bureau vide. La réalisation de l'absence de Ziva me coupa de la réalité pendant quelques instants. Je me contentais de fixer l'imposant meuble et le gris, accusateur et froid, me fixait en retour.

Disparu le pot à crayon noir où flottait un petit drapeau israélien, retirés les documents et les photos du panneau en liège, renouvelé le stock de post-it, de crayons et de formulaires administratifs en tas bien net sur le bureau.

« Tony ? fit la voix inquiète de McGee. »

Je ne répondis pas et allumai mon ordinateur. En attendant que l'antique machine se décidât à faire chauffer ses puces de silicone, je plongeai mon nez dans les dossiers papier qui m'attendaient sagement et me remis en tête les affaires qui les concernaient.

Les bavardages avec McGee me permirent de ne pas trop penser au bureau vide qui ressemblait dans mon esprit à la barre d'un tribunal. Le fantôme de Ziva n'était pas encore convoqué, mais je savais que l'accusation qu'il porterait serait dure à encaisser. McGee me distrayait suffisamment. Il me raconta l'affaire que Gibbs et lui venaient de clore, qui n'était pas difficile à résoudre, mais à seulement deux, tout devenait plus long. Nous nous taquinions, comme si rien n'avait changé. Il me raconta les dernières rumeurs, sur le ton de la confidence, au cas où Gibbs nous entendrait (cet homme pouvait se glisser furtivement derrière le meilleur ninja du monde).

Apparemment, Ducky était furieux de constater à notre retour d'Israël que ma clavicule allait plus mal qu'à notre départ. Indubitablement, être pris en tenaille dans la poigne de fer du Directeur du Mossad, puis jeté au sol par une Ziva en proie à une rupture de nerf n'avait en rien aidé ma guérison. Ducky s'en était rendu compte quand il m'avait ausculté à la sortie de l'avion (il avait lourdement insisté et j'avais fini par céder), et avait signifié au Directeur lui-même que ces méthodes étaient au mieux complètement barbares.

Cela me mit un peu de baume au cœur. Le problème de travailler avec une majorité de mâles alpha était que montrer ses difficultés devenait vite une faiblesse à exploiter. Pas que Gibbs ou Vance soient volontairement cruels, mais ils avaient tendance à faire moins confiance aux hommes qui laissaient entrevoir le moindre doute. La formation militaire était ainsi, et étant moi-même passé par l'Académie militaire, à Remington, je savais par expérience que la moindre faiblesse était un danger social. Le Corps d'Honneur avait ancré cette doctrine dans mon crâne et mon corps à coups de poing.

La pile de documents à remplir sur mon bureau semblait ne pas rétrécir. Les sangles claviculaires qui maintenaient mon dos et mes épaules droites empêchaient la moindre souplesse dans mes mouvements, si bien que chaque déplacement raide prenait deux fois plus de temps qu'à l'accoutumée. Ramasser un objet tombé par terre devenait un calvaire, et ouvrir un tiroir impliquait des mouvements contre-intuitifs. Néanmoins, la matinée passa plutôt agréablement en comparaison avec les jours précédents durant lesquels j'avais tourné comme un prisonnier dans sa cellule sans trouver de quoi m'occuper. Même les films n'avaient pas réussi à capter mon attention.

Malheureusement, ce qui devait arriver arriva. Gibbs reçut un appel.

« McGee, prends tes affaires. On a un corps. Un matelot retrouvé mort chez lui à Bethesda. »

Quelques instants plus tard, l'ascenseur se refermait sur eux et je me retrouvai seul dans le bullpen, face au bureau vide. Aussitôt, les souvenirs m'assaillirent. Toutes les fois où Ziva m'avait accusé de petits délits, d'avoir fouillé ses affaires, de lire par dessus son épaule. Et des accusations plus sérieuses. D'être jaloux, suspicieux, sexiste, xénophobe (l'insulte de racisme n'était pas loin, je le savais pertinemment). Enfin, l'accusation la plus grave : assassin. Meurtrier.

Je plaide coupable Votre Honneur. Bien sûr que j'avais tué Rivkin. La légitime défense est difficile à prouver quand il n'y a ni témoin, ni caméra, et Ziva s'était retrouvée dans la position difficile de croire soit l'ami, vivant et à peine blessé, soit l'amant, bel et bien mort. Elle avait choisi celui qui ne pouvait plus se défendre, et c'était tout à fait légitime de sa part. J'aurais désiré ne pas lui en vouloir, n'avoir aucun ressentiment pour ce choix. Impossible cependant.

Parfois, j'arrivais à reprendre mon travail et à remplir les lignes des formulaires de commande de matériel, de réquisition des véhicules banalisés ou de munitions, d'utilisation de la salle d'interrogation, de demande de renouvellement de la machine à café dans la salle de pause, etc.

Mais plus souvent qu'à mon tour, je me surprenais, les yeux dans le vague, à repasser sur la toile blanche de ma mémoire les derniers jours où la suspicion était montée en moi, et où plus je poussais Ziva dans ses retranchements, plus celle-ci refusait de coopérer. Réactance classique, j'aurais dû m'en apercevoir et utiliser une approche plus subtile, mais non. Anthony DiNozzo dans toute sa splendeur, mesdames et messieurs ! Plus buté qu'une tête de mule. Même Gibbs aurait été plus sagace.

Je fus violemment réveillé de ma rêverie peu agréable par mon téléphone portable.

« Agent Très Spécial Anthony DiNozzo. »

Mon gimmick d'accueil manquait de son peps habituel, mais quelqu'un qui ne me connaîtrait pas ne s'en rendrait pas compte.

« Anthony DiNozzo ? fit une voix grave de l'autre côté du fil. Ici Crispian Paddington. »

Je fronçais les sourcils. Qu'est-ce que mon cousin Crispian, seul bénéficiaire d'Oncle Clive me voulait ? Est-ce que la lecture du testament datait de seulement un petit mois ? Il s'était passé tellement de choses depuis ! Cela me frappa soudainement : la reconnaissance de dette ! Je l'avais complètement oubliée !

« Hey ! Crispian ! Comment vas-tu ? saluai-je avec un entrain forcé. Écoute, je sais que je dois envoyer le chèque pour régler la reconnaissance de dette, mais ces dernières semaines ont été chaotiques au mieux, et je n'ai pas eu le temps de m'en occuper. Je promets d'envoyer le chèque de banque à ton notaire le plus tôt possible !

- La reconnaissance de dette ? demanda Crispian après un moment de silence. Oh, ça. Je n'appelais pas pour cette raison, mais effectivement, mes avocats s'impatientent. On pourrait même s'arranger autrement. Écoute, ce n'était pas du tout pour cela que j'appelais

- Oh, fis-je perplexe. Je t'écoute.

- Je suis de passage à Washington, pour affaires, et j'aurais souhaité te voir. Es-tu libre ce soir ou demain soir ? Je réside à l'Adams House Hotel, je t'invite pour le dîner. »

Pris au dépourvu, j'hésitai quelques secondes.

« Eh bien, oui, je suis disponible ce soir.

- Fort bien ! Alors c'est entendu ! décréta-t-il. Dix-neuf heures ce soir au restaurant de l'Adams House Hotel. Je te remercie Anthony, mais je dois y aller. A ce soir. »

Sur ces paroles, Crispian mit fin à notre conversation, me laissant sans voix.


J'espère que ce premier chapitre vous a plu !

Le commentaire est le pain de l'auteurice, et son seul encouragement concret !

A bientôt !