Rédemption
Résumé : La vie n'avait pas été tendre, ni pour Harry, ni pour Loki. Ils avaient vu et subis des horreurs durant leur passé mais avaient survécu et voulaient tourner leur regard vers l'avenir. L'un médicomage, l'autre un dieu recherché pour ses crimes, ils se rencontrent d'une manière bien singulière et finissent par vivre ensemble.
Chapitre 1 : Etre Compris
Harry détestait sa vie. Elle ne lui avait jamais fait de cadeau. Il se sortait à peine d'un problème qu'il tombait irrémédiablement dans un autre. Le premier avait été Voldemort. La guerre était finie depuis très longtemps maintenant. Harry avait trente-neuf ans. Son ennemi mortel mort, le Sauveur s'était directement attelé à la reconstruction de Poudlard. Il avait accepté l'Ordre de Merlin, première classe sans rien dire mais cela le mettait mal à l'aise car c'était en se couvrant les mains de sang qu'il l'avait eu, en tuant Voldemort. C'était certes un être de la pire espèce et il méritait clairement de mourir pour ce qu'il avait fait à de nombreux gens. Mais Harry se sentait souillé depuis.
Bien qu'on lui avait proposé d'entrer directement à l'école des aurors, il avait refusé poliment et avait décidé de reprendre ses études et de passer ses ASPICs. Ron et Hermione qui avaient eux aussi reçus cette proposition pour l'école des aurors avaient aussi déclinés pour rester avec leur ami. Une fois ses ASPICs en main, le ministère était venu réitérer sa proposition pour l'école des aurors. Ron et Hermione avaient directement accepté, mais Harry avait décliné à nouveau. Bien qu'il restait un excellent combattant, un duelliste hors pair et qu'il ferait certainement une excellente carrière en tant qu'auror, il ne supportait pas l'idée de devoir vivre de combats. Il s'était battu toute sa vie. Il voulait arrêter et vivre au calme. Il continuerait certes à s'entraîner au duel pour ne pas perdre son niveau puisque des mangemorts couraient toujours mais il ne voulait pas faire des combats contre les mages noirs son gagne-pain.
Il s'était lancé alors dans des études en médicomagie. Il avait étudié six longues années et avait pris entre autre comme option la médecine moldue qui ne cessait d'évoluer et pouvait apporter un œil neuf sur certaines choses. Il avait fait ses six stages à Poudlard et avait eu son diplôme avec mention : Grande Distinction.
Il s'était, dans le courant de ses études, marié avec Ginny et avait eu avec elle trois enfants : James Sirius Potter, Albus Severus Potter et Lily Luna Potter. Il était heureux, travaillant le jour à Sainte Mangouste, rentrant le soir pour passer du temps en famille et éduquer ses enfants. Il pensait être au paradis, enfin libre de son passé.
Mais il se trompait.
Un jour, Rita Skeeter était venu le voir alors que Ginny était à son boulot. Elle lui apportait de mauvaises nouvelles bien que croustillantes pour elle. Mais comme elle avait eu quelques problèmes avec le Sauveur par le passé pour diffamation, elle préférait venir le voir plutôt que de lâcher son scoop et qu'il y ait un scandale.
Ginny le trompait avec Dean Thomas. Et cela faisait longtemps d'après les preuves que lui avait fournies la journaliste. De par son statut de médicomage, Harry était devenu relativement bon en potions. Il avait un doute. Il brassa donc une potion de généalogie. Il prit un cheveu de chacun de ses enfants et fit le test. Il s'était effondré. Seul Albus était de lui. Ginny le trompait depuis presque le début. Il avait été si aveugle et naïf. Pourtant Malfoy, qui avait une dette de vie envers le Sauveur, l'avait prévenu. Il n'avait pas écouté.
Il avait gardé les résultats des tests, ainsi que les preuves et avait demandé à Skeeter de taire la nouvelle le temps qu'il réfléchisse. Elle avait accepté naturellement. Elle avait trop peur des représailles. Il avait gardé le silence pendant deux ans, mais s'éloignait de plus en plus de cette femme qui partageait son lit et qu'il avait cru connaître. Ginny ne semblait même pas s'en rendre compte. Harry s'occupait toujours des enfants, leur accordant à tous la même attention qu'avant. Même si James et Lily n'étaient pas de lui, ils n'étaient encore que des enfants, légalement les siens. Ils n'étaient pas responsables de l'adultère de leur mère.
Mais le pire était à venir. Lors de l'anniversaire d'Albus, un Mangemort avait débarqué et s'était attaqué à sa famille. Il avait lancé un Bombarda sur Lily, James, Albus, Rose, la fille d'Hermione et de Ron, et Teddy, le fils de Remus, qui étaient en train de jouer ensemble dans le jardin. Tout s'était passé très vite. Harry avait repris ses vieux instincts de combattant et s'était défendu comme autrefois. En voyant Hermione tomber sous un Avada, il en avait lancé un lui-même contre le Mangemort.
Quand il ne vit pas ses enfants tout de suite, il s'était inquiété et avait crié leurs noms. En voyant James revenir en boitillant et en appelant à l'aide, il avait tout de suite réagi. Il avait fait venir à lui son matériel médical. Il était prêt à s'occuper de lui mais James avait secoué la tête en pleurant en montrant un cratère un peu plus loin. Le médicomage y avait trouvé les corps sans vie de Teddy, Rose et Albus. Lily était gravement blessée. Il s'était occupé d'elle de manière professionnelle, relevant ses barrières d'occlumancie pour contrôler ses pensées et ne pas craquer. Ginny pleurait. Mais malgré tout ce qu'Harry avait pu faire, malgré tous les soins prodigués, rien n'y fit. Lily s'était battue pendant trois jours et trois nuits, souffrant horriblement, pour finalement s'éteindre au petit matin dans les bras de sa mère.
Et Ginny avait tenté de rejeter la faute sur lui en hurlant et le frappant. Cela avait été trop pour lui. Et il avait repris contact avec Skeeter pour médiatiser sa vendetta alors qu'il intentait un procès et réclamait le divorce. Et il eut gain de cause. Il rejeta Ginny, se mettant à dos Ron et MollyWeasley par la même occasion. Ils ne voulaient pas comprendre la trahison dont il était victime depuis le début de son mariage. Un test de paternité fut fait et il s'avérait que c'était bien Dean Thomas qui était le père biologique de James.
Harry avait eu beaucoup de mal à expliquer la situation à ce dernier. Il n'avait que dix ans. Bien qu'il n'était pas son père, le Sauveur l'avait élevé et l'appréciait énormément. Il l'avait certes fait enlever de son arbre familial mais avait laissé intact la voûte qu'il avait ouverte pour lui à Gringott et avait ajouté une somme supplémentaire pour qu'il puisse payer ses études à Poudlard. Il lui avait assuré que s'il avait un jour besoin d'aide, il serait toujours là pour parler ou pour lui rendre un service. Ce n'était pas sa faute à lui. Au final, James était aussi victime que lui. Du jour au lendemain, son monde s'écroulait et il avait tout perdu. Harry lui avait certifié que même s'il n'était pas son père, il serait en quelque sorte pour lui son parrain. Il en avait fait un serment inviolable. Cela avait eu pour résultat de rassurer le gamin.
Mais malgré sa promesse, Harry ne put jamais plus revoir James. Ginny, Ron et Molly y veillaient. Il demandait toutefois des nouvelles de son, dorénavant, filleul, ses notes, son comportement, à sa tête de maison, Minerva McGonagall avec qui il avait gardé contact. James s'avérait être un excellent élève. Une vraie graine de Gryffondor. Un peu perturbateur et cherchant les ennuis. Mais sinon il était studieux et était très bon en métamorphose et en DCFM.
Alors depuis Harry vivait seul. Il avait quitté son boulot à Sainte Mangouste et avait quitté le pays qui l'avait vu naître. Il était parti s'installer aux Etats-Unis, dans le New Jersey et avait ouvert un petit cabinet privé. Il n'avait pas besoin de travailler pour vivre aisément mais il aimait beaucoup aider les autres et les soigner. Il s'occupait tant des Moldus que des sorciers. Un sortilège sur sa porte lui signalait par une légère vibration magique quand il s'agissait d'un sorcier.
Il habitait en campagne et sa maison était sous fidelitas pour s'assurer que personne ne pourrait venir l'y déranger. Il en était bien évidemment le Gardien du Secret. Tout son courrier allait à son cabinet médical en ville.
Il vivait une journée comme les autres, bien qu'il s'offrait quinze jours de vacances. Il était dans sa petite maison à préparer le repas, ignorant ce qu'il se passait dehors. Il pelait et coupait ses légumes. Il allait se préparer un bon spaguetti bolognaise fait maison.
Sauf que, contre toute attente, et à la plus grande surprise du sorcier, un homme atterrit bruyamment sur le sol de son salon, gravement blessé. Harry sauta sur ses pieds, baguette de sortie, et s'approcha de l'intrus. En le voyant ainsi, croisant son regard vert suppliant, il se mit en mode médicomage et s'agenouilla à ses côtés.
« Cela va aller, monsieur, je vais m'occuper de vous. »
L'homme à la chevelure aussi noire que le plumage d'un corbeau perdit connaissance.
xXxXxXx
Loki reprit conscience sur le sol démoli de la tour Stark. Il était sérieusement blessé. Tout lui revint rapidement en mémoire. Les Chitauris avaient peut-être le contrôle de son esprit mais il n'avait rien oublié. Il était aux premières loges. Il avait tout vu. Il était certes le Dieu du Chaos et de la Discorde mais il était assez intelligent pour se montrer raisonnable. Là, on devait vraiment le prendre pour un monstre.
Il tenta de se redresser mais ne put que se laisser à nouveau écraser sur le sol en haletant de douleur, crachant un peu de sang au passage. Il eut soudain des flashs de sa période d'emprisonnement où les Chitauris l'avaient torturé physiquement et mentalement pour le briser et le soumettre. Pendant longtemps il avait pensé que Thor viendrait le chercher, qu'il viendrait le sauver. Il en avait fait la promesse, de toujours protéger son petit frère. Mais avec le temps, son espoir s'était effrité et avait peu à peu disparu pour ne plus que laisser en lui qu'un désespoir abyssal et profond. Et il s'était agenouillé devant l'Autre.
Il avait été horrifié quand Il lui avait demandé d'attaquerMidgard. Il lui demandait de lui remettre le Tesseract. Loki ne pouvait laisser faire cela. Alors il avait obéi et avait attaqué Midgard, mais pas de manière habituelle. Tout le monde avait cru à son désir de pouvoir et sa volonté de régner quand il l'avait déclaré haut et fort. Même Thor y avait cru. Mais il n'en était rien. Il voulait bien participer à la régence mais plus en tant que conseiller. Il aimait être libre et ne pas avoir d'obligations 24H/24. Il l'avait compris par son expérience de régence pendant que le Tout-Puissant Odin était plongé dans son long sommeil réparateur juste après avoir exilé Thor. Il s'était senti enchaîné au trône et il n'avait pas apprécié.
Et puis, quand bien même il le voudrait, il n'aurait jamais attaqué de face ainsi. Ce n'était pas sa façon de faire. Il aurait fait cela en douceur, lentement, plaçant peu à peu ses pions. Cela aurait pris des années, peut-être un siècle ou deux mais il n'aurait jamais fait pareille boucherie. Il n'était pas un guerrier comme les Asgardiens, ne jurant que par les combats. Non, il était rusé et calculateur et préférait de loin la plume à l'épée.
Il n'avait fait autant son cinéma justement que pour donner l'alerte. Il voulait que son frère l'arrête avant qu'il ne détruise Midgard. Il savait que le Dr Selvig avait mis une sécurité sur le portail. Il n'avait rien dit, mais il appréciait l'idée et avait fait comme s'il n'avait rien vu. Et il n'en avait naturellement pas informé les Chitauris qui lui laissaient une semi-liberté. C'était pour lui la dernière chance de voir Thor et espérer être sauvé. Mais Thor n'avait voulu que l'arrêter pour le faire prisonnier, ou carrément chercher à le tuer.
Loki se tourna lentement, douloureusement et se traîna sur quelques mètres. Chaque mouvement était une douleur atroce. Etrangement, il ne sentait plus le contrôle des Chitauris sur lui. Il se sentait à nouveau entièrement libre de ses mouvements. Il se concentra sur sa magie pour guérir ses blessures mais dans l'état où il était, cela prendrait beaucoup de temps. Il devait se cacher ou il se ferait tuer. Il tenait vraiment à la vie même si elle n'avait pas été tendre avec lui ces dernières années. Il voulait survivre ! Et surtout, il ne voulait pas aller en prison ! Car c'est cela qui l'attendait. Mourir seul dans une cellule haute sécurité à Asgard.
Il sentit soudain plusieurs regards dans son dos et il se retourna lentement. Il croisa immédiatement les yeux bleus de son frère, Thor, qui le menaçait de son marteau. Il y avait également le monstre Hulk, Tony Stark dans son armure rougeoyante, Capitaine America avec son costume moulant et son bouclier, la Russe rousse Natasha Romanov et l'archer qu'il avait contrôlé par nécessité, Clint Barton. Quand il croisa le regard gris de ce dernier, il se prit immédiatement une flèche dans le bas ventre. Il réprima un cri de douleur alors qu'il reculait encore. Il arracha la flèche et porta la main à la plaie qui commençait à saigner plus abondamment que le reste. Il concentra son pouvoir de guérison sur elle en particulier afin de perdre le moins de sang possible.
« C'est fini, Loki, » fit Thor de sa voix forte et autoritaire. « Je te ramène à Asgard pour que tu y sois jugé. »
« Jugé pour des crimes dont je ne suis pas directement responsable, » rétorqua le Jotunn avec amertume.
« C'est toi qui es à l'origine de tout ce merdier, » cracha Barton en préparant une seconde flèche.
« Je t'ai en effet manipulé, » haleta Loki en se relevant tant bien que mal, une main toujours pressée contre son ventre. « Mais si tu avais clairement observé les choses autour de toi, petit faucon, tu aurais remarqué que tu n'étais pas le seul à l'être. »
« Foutaises ! »
Le Dieu de la Malice se détourna du Mortel pour ne fixer que le Dieu du Tonnerre. Les yeux verts plongés dans les yeux couleur du ciel. Il sentait que cela allait barder et qu'il ne pourrait pas tenir longtemps. Renonçant temporairement aux soins dont il avait vraiment besoin, il rassembla ce qu'il lui restait de magie pour trouver un endroit aux alentours où il serait en sécurité le temps que son corps guérisse. Se faisant, il continua à parler.
« Tu étais mon frère, Thor, » murmura-t-il avec peine. « Tu étais mon frère et tu m'as abandonné. »
« C'est toi qui as fait l'idiot, Loki, » rétorqua l'Asgardien. « Tous ces massacres … »
« Tu avais fait une promesse, » continua le Dieu blessé tant dans son corps que dans son âme. « Tu as fait une promesse et tu as manqué à ta parole ! Tu m'as abandonné alors que j'avais besoin de toi ! »
« Non, c'est faux. Fini les petits tours, les pirouettes et les entourloupes, Loki. Je te ramène à Asgard, mon frère. »
« Plutôt mourir seul sur Midgard que d'être larisée de tous les soldats et du roi d'Asgard ! » cracha le plus jeune. « Jamais personne ne m'écoutera là-bas alors que j'ai tout fait pour que tu m'arrêtes ! Jamais personne n'écoutera Loki Langue d'Argent parce qu'il est un sorcier et qu'il aime faire des farces douteuses ! » Sa voix se brisa, misérable.« Cela a toujours été de ma faute, n'est-ce pas ? »
La magie de Loki repéra un endroit où il pourrait être à l'abri de Thor, à l'abri des Avengers et, surtout, à l'abri du regard d'Heimdall.
« Thor. Je suis désolé. J'ai agi ainsi pour que tu interviennes. Mais je vois que parler ne sert à rien. Je préfère abandonner la partie que je sais perdue d'avance à cause de ma réputation. J'ai toujours perdu face à vous autres Asgardiens parce que je ne vous ressemble en rien ! »
« Qu'est-ce que tu racontes ? C'est ridicule ! »
« Parce que tu es trop aveuglé pour te rendre à l'évidence ! Je renonce, Thor. Adieu, mon frère. » Il hésita un instant avant d'ajouter ces derniers mots, le cœur en peine.« Dis à Mère que je l'aime. »
Lokiprit alors les dernières ressources qu'il avait encore en lui pour disparaître de la tour Stark avant même que l'un des Avengers puisse réagir. Il atterrit au milieu d'un salon au décor simple mais chaleureux. Il s'effondra sur le sol, épuisé par ce déplacement qui avait puisé ses dernières réserves d'énergie. Il vit un Mortel approcher de lui, de taille moyenne, la petite quarantaine, le regard aussi vert que le sien, qui le menaçait avec une sorte de baguette. Il laissa tomber lourdement sa tête sur le sol, trop faible pour pouvoir se défendre.
Soudain, le Mortel changea de comportement et s'agenouilla à côté de lui. Il portait déjà une main sur ses plaies, tout en lui parlant d'une voix douce et rassurante. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu quelqu'un lui parler de cette façon.
« Cela va aller, monsieur, » disait-il. « Je vais m'occuper de vous. »
Loki sombra dans l'inconscience, loin de la douleur.
xXxXxXx
Harry commença à dévêtir l'homme en face de lui. Il portait une tenue bien étrange, même chez les sorciers, on n'en portait pas de pareille. Le tissu était vert émeraude, brodé d'or et il avait bon nombre de protections en cuir sur le corps. On aurait dit un déguisement de style médiéval. Il ôtait le haut pour s'occuper des blessures les plus importantes quand soudain la peau pâle de l'homme prit une teinte bleu sombre et que de nombreuses lignes comme des cicatrices ou plutôt des marques naturelles apparurent sur sa peau. Deux cornes poussèrent sur la tête. Le sorcier sursauta, plus de surprise que de peur. Il reprit toutefois bien vite contenance et commença à prodiguer les soins.
Il soigna toutes les blessures internes, stoppant les hémorragies. Ne connaissant pas sa nature, il ne lui donna pas une potion de régénération sanguine. Il lui donna toutefois une contre la douleur. Il referma et pansa les plaies extérieures. Lors de ce long travail, il remarqua les nombreuses cicatrices plus claires qui s'étaient mal refermées. L'étranger semblait avoir souffert plus que n'importe qui. Même plus que lui qui ne portait que les cicatrices de son enfance chez les Dursley – qu'il avait pris plaisir à ruiner et faire emprisonner pour le cas de son oncle – ainsi que la guerre. Mais l'homme bleu avait des plaies comme s'il avait été brisé entièrement, certaines lui faisaient même penser à de la torture. Apparemment, il y avait des dingues et des tortionnaires partout…
Quand il eut fini, il le fit léviter et l'allongea sur son lit. Il plaça un sortilège pour l'alerter du réveil de son patient et repartit nettoyer son salon pour ôter toute trace de sang. Il retourna ensuite à la préparation de son repas. Heureusement qu'il était en vacances, il pourrait garder un œil sur l'étranger. Il se demandait comment il avait pu passer le sortilège du fidelitas. Il ne l'avait jamais rencontré et il n'avait jamais dévoilé son adresse à personne. Il vivait seul depuis ce qu'il lui semblait une éternité.
Il mangea en silence son spaguetti et garda les restes de son repas sous un sort de stase. Il alla ensuite se délasser les muscles en prenant un bain après la tension qui s'y était installée lorsqu'il avait soigné l'inconnu à la chevelure corbeau. Il y resta un moment, au calme. Il se vida l'esprit et profita de l'eau chaude. Il en sortit une demi-heure plus tard, totalement détendu et il s'installa dans son canapé avec un livre et un plaid. Il passerait la nuit dans le salon. Il lut quelques heures avant de s'allonger et de se laisser aller au pays des songes.
Le lendemain, il se chargea de nettoyer la tenue de l'étranger et de la réparer. Il passa rapidement à son cabinet pour y récupérer son courrier ainsi que le numéro du WizardMag, le journal quotidien de la communauté sorcière des Etats-Unis. Il revint ensuite chez lui et lut les nouvelles du jour. Il recracha son thé en voyant les gros-titres. New York : Champ de bataille.
Il lut rapidement l'article. Les Moldus avaient subi une attaque d'extra-terrestres volants et le groupe de défense qui se faisait appeler les Avengers avait défendu la ville. Le centre de New York était en ruines. Il n'avait rien remarqué puisqu'il avait transplané directement dans son cabinet. Et il n'avait pas de courrier moldu de glisser dans sa boîte. Maintenant, il comprenait pourquoi il n'avait même pas les publicités habituelles. Peut-être que l'homme allongé sur son lit faisait partie des Avengers … Il verrait bien quand il se réveillerait.
Il se prépara une petite salade pour son repas de midi. Il sentit un petit tiraillement dans sa magie lui signalant que l'inconnu se réveillait. Il embarqua son assiette dans la chambre et le regarda se réveiller depuis l'embrasure de la porte. Progressivement, la peau bleue prit une teinte rose très pâle et les cornes et les cicatrices disparurent.
'Il porte toujours son glamour au point de l'activer inconsciemment,' s'étonna le sorcier.
Il vit l'homme ouvrir les yeux. Des yeux aussi verts que les siens. Il le vit bouger légèrement et il l'entendit gémir de douleur. Il posa rapidement son assiette sur la table.
« Doucement, Belle au Bois Dormant, » fit-il en faisant venir à lui une potion contre la douleur. « Buvez. Cela vous fera du bien. »
« Qu'est-ce que c'est ? » croassa l'homme.
« Unanti-douleur. »
« Comment saurais-je que ce n'est pas du poison ? »
Harry soupira mais sourit avant de prendre une petite gorgée de la fiole avant de la tendre à son patient plutôt méfiant. Ce dernier accepta finalement de le prendre. Il grimaça.
« Oui, je sais, » rit doucement le médicomage. « Cela n'a pas très bon goût mais au moins, cela a l'avantage d'agir rapidement. » Il invoqua une chaise à côté du lit et s'y installa. « Alors dites-moi. Qui êtes-vous et comment êtes-vous rentré chez moi ? »
xXxXxXx
Loki se réveilla lentement. Il était allongé dans un lit confortable et les draps étaient doux. Un courant d'air léger passait, apportant l'odeur de la campagne. Il pouvait entendre des oiseaux chanter. Il ouvrit les yeux et observa les lieux. Une chambre simple, masculine, sans aucun décor superflu si ce n'est cadre sur la commode au loin. Les murs étaient beiges. Il était dans un simple lit aux draps verts, une table de nuit en bois sombre, une garde-robe contre le mur à côté de la porte. Il remarqua la présence d'un homme aux cheveux noirs en bataille occupé à manger nonchalamment appuyé contre le chambranle de la porte.
Il se redressa lentement et ressentit immédiatement une douleur lui vriller la poitrine. Il grimaça et ne put retenir un gémissement.
« Doucement, Belle au Bois Dormant, » fit le Mortel en déposant son assiette sur la commode.
Loki écarquilla légèrement les yeux en le voyant user de magie pour amener à lui un flacon avec un liquide rougeâtre. Il était aussi un peu vexé d'être appelé 'Belle au bois dormant.' Mais il ne préféra rien en dire. Il ne se sentait pas capable d'affronter un Mortel, surtout en voyant ce dernier manipuler la magie.
« Buvez, » continua ce dernier « Cela vous fera du bien. »
« Qu'est-ce que c'est ? » croassa le Dieu.
« Unanti-douleur. »
« Comment saurais-je que ce n'est pas du poison ? »
Loki avait plissé les yeux. Il était un dieu fourbe et rusé et il n'était pas né de la dernière pluie. Il avait malgré tout plus de mille ans. Cela pouvait très bien contenir du poison. Il vit le Mortel porter le flacon à sa bouche et en boire une petite gorgée avant de le lui tendre. Le Dieu prit la fiole d'un bras bien trop tremblant à son goût et en but le liquide rougeâtre. Il grimaça quand il toucha sa langue. C'était immonde.
« Oui, je sais, » rit doucement le Mortel. « Cela n'a pas très bon goût mais au moins, cela a l'avantage d'agir rapidement. »
En effet, la douleur avait rapidement commencé à refluer pour ne plus qu'être sourde. Loki se détendit légèrement. Il vit l'homme agiter la main et un siège apparut à côté du lit dans lequel il était. Il s'y assit et regarda le Dieu directement dans les yeux.
« Alors dites-moi. Qui êtes-vous et comment êtes-vous rentré chez moi ? »
Le Dieu de la Malice pinça les lèvres. Il était responsable de la destruction de New York, s'il lui disait qui il était, il y avait un risque qu'il le ramène aux Avengers et donc à son frère. Retour à la case départ. Le Mortel soupira.
« Ecoutez, je ne vous veux aucun mal. Si vous ne voulez pas me dire qui vous êtes, soit. Mais dites-moi au moins comment vous avez fait pour passer le sortilège de fidelitas. »
« Le sortilège de fidelitas ? » demanda Loki en relevant un sourcil. « Qu'est-ce que cela ? »
« Un sortilège qui permet de garder cacher un objet ou un endroit aux yeux de tous jusqu'à ce que le gardien du secret le dévoile à quelqu'un. Ma maison n'existe pas aux yeux du monde. Ce n'est qu'un terrain vague que j'ai acheté. »
« Est-ce que ce sortilège peut cacher une personne ? »
Il vit de l'étonnement passer sur le visage du Mortel avant de passer à une intense réflexion. Il le vit tendre le bras et un gros grimoire arriva dans la pièce. Il l'observa le feuilleter rapidement.
« Cela n'a jamais été utilisé de cette manière, ou en tout cas, cela n'a pas été recensé, » dit l'homme au bout d'un moment. « Mais il existe les sortilèges de glamour et vraiment en cas de nécessité la potion Polynectar, qui est temporaire, ou une potion de sang, qui elle change l'apparence définitivement. Mais cette dernière est issue de la magie noire. Pourquoi voulez-vous disparaître ? »
« Parce que j'ai fait quelque chose de mal contre mon gré et qu'on refuse de m'écouter, » répondit honnêtement Loki.
« Ah. » Le Mortel se frotta les yeux. « Est-ce que par quelque chose de mal, vous entendez le champ de ruines qu'est devenu New York ? » Loki ferma les yeux. « A voir votre tête, je suppose que oui. Cela arrive souvent quand les gens sont soumis à l'Imperium. Ne vous en faites pas. Cela s'arrangera. Les sorciers sont très compréhensifs quand un impardonnable est utilisé. Si vous le dites sous veritaserum, je ne vois pas pourquoi on ne vous écouterait pas. »
« Parce que je ne dépends pas de la justice midgardienne mais bien asgardienne, Mortel. Je suis le dieu Loki. »
Le Mortel éclata de rire et tomba de sa chaise.
« Pardon, » dit-il tout en continuant de rire. « C'est juste que … ah ah … loin de moi l'idée de vous offensez mais … ah ah … Un dieu chez moi ! »
Loki observa l'homme se redresser en prenant appui sur le lit et tenter de reprendre son calme.
« Je suis mort, cela doit être ça ! Moi, Harry foutu Potter, mort dans son sommeil après une énième nuit pourrie, dans sa vie pourrie, dans ce monde pourri. »
« Tu es bien vivant, jeune Mortel, » fit Loki, attirant le regard émeraude de l'homme sur lui. « Et je suis bien Loki, Dieu du Chaos. »
« Si je puis me permettre, comment le dieu viking de la malice s'est-il retrouvé sous Imperium et a été forcé de démolir la moitié de New York ? »
« Il arrive même au plus rusé des renards de se faire attraper, » répondit le Dieu dans un murmure en détournant le regard.
« Je vois. Et je suppose que c'est parce que vous êtes, si j'en crois les légendes, un horrible roublard et unpetit farceur et que vous maniez les mots avec habileté qu'on ne va pas vous croire ? »
« Oui, cela entre autres choses. »
En voyant le regard curieux du Mortel, vide de tout jugement et qui acceptait ce qu'il disait pour la vérité, Loki décida de se confier. Même si ce n'était qu'à un simple Midgardien. Et puis mille années de souffrance et de mépris, cela rongeait. Si cela pouvait le soulager un peu de le dire à un Mortel, alors soit. Et puis, il était curieux lui aussi. C'était la première fois qu'il rencontrait un sorcier de Midgard.
« A Asgard, la magie est vue comme une tare. Elle est tolérée quand les femmes l'utilisent car elles sont de nature plus faible et douce. Elle est surtout utilisée pour la guérison. J'ai toujours été vu comme un être faible parce que j'utilisais ma tête et ma magie lors de mes combats, attaquant dans le dos plutôt que de face. Cela a été le début du calvaire pour moi. Voir la honte et le dégout dans le regard de tous, la déception dans le regard d'Odin. Mon frère s'est peu à peu éloigné de moi au fil des siècles. Au point qu'il ne puisse plus me reconnaître apparemment car aller croire que je ferais une attaque directe sur Midgard pour en devenir le roi. Moi le Dieu de la Malice ? » Il retint un sanglot. « Le fait que je suis un Jotunn n'aide pas non plus, un monstre hideux … »
« La créature bleue avec deux cornes sur la tête ? » demanda le Mortel.
Loki hocha doucement la tête.
« Rassurez-vous, il y a beaucoup plus monstrueux que vous ! Et puis, on ne juge pas un livre sur sa couverture ! On peut très bien paraître laid et effrayant et pourtant être aussi doux et inoffensif qu'un agneau. »
« Tu as vu ma véritable forme et cela ne te répugne pas ? » s'étonna Loki, ému malgré lui. « Tu n'as pas peur ? »
« Avant même d'avoir vingt ans, j'ai du affronter un sorcier noir complètement fou et son armée de fidèles, des vampires, des loup-garous, des géants et des trolls des montagnes, des acromentules, des inferi, un dragon et un basilic. Je pense pouvoir supporter aisément la vue d'un schroumpf bleu avec des cornes ! »
« Merci, je suppose …, » fit le Dieu. « Et toi ? Qu'est-ce qui pousse un Mortel à vivre caché comme tu le fais. »
« Vous ne perdez pas le nord, Dieu Loki… »
« Juste Loki. »
« Alors, appelez-moi Harry. »
Loki accepta volontiers et écouta la tragique histoire du jeune Midgardien qui à l'aube de sa vie avait été plongé dans une guerre contre plus fort que lui et qu'il avait vécu malheur sur malheur. En un sens, issus de deux mondes totalement différents, il était enclin à penser qu'ils se ressemblaient beaucoup. Mais il restait un Dieu et Harry un Mortel.
xXxXxXx
« Et toi ? Qu'est-ce qui pousse un Mortel à vivre caché comme tu le fais. »
Harry eut un sourire en coin à cette question.
« Vous ne perdez pas le nord, Dieu Loki…, » répliqua-t-il amusé.
« Juste Loki. »
« Alors, appelez-moi Harry. »
Le Survivant s'installa plus confortablement sur sa chaise et décida de raconter brièvement son histoire au Dieu de la Malice.
« Si vous allez dehors, n'importe où dans le monde, à la condition que ce soit dans un lieu sorcier, et que vous dites mon nom à quelqu'un, tout le monde vous dira que je suis un héros de guerre. Moi, je suis plutôt enclin à dire que je suis un des survivants de cette guerre. Il y a plus de quarante ans, un mage noir du nom de Lord Voldemortcausait la terreur en Angleterre. Il prônait les idéologies des sorciers au sang pur au détriment des sorciers nés de Moldus. »
« Moldus ? »
« Des hommes sans le moindre pouvoir magique, » répondit Harry avant de continuer. « Il voulait aussi massacrer ces derniers ou les réduire à l'état d'esclave. Un jour, il y a eu une prophétie annonçant sa fin des mains d'un garçon né en fin juillet. Cela l'a mis sur la trace de mes parents et il les a assassinés devant moi alors que je n'avais qu'un an. On ignore encore ce qu'il s'est passé mais quand il a voulu me tuer, le sortilège a ricoché et il s'est retrouvé dépourvu de corps. »
Il le vit froncer les sourcils.
« Cela parait impossible, je sais mais c'est pourtant ce qui est arrivé. Mes parents morts, on m'a placé dans la seule famille qui me restait encore, des Moldus qui avaient la magie en horreur. Ils me détestaient et ils me l'ont bien fait comprendre pendant les seize années où j'ai vécu sous leur toit. Ils ont même été jusqu'à me mentir à propos de mes parents et me traitant de monstre à cause de ma magie accidentelle. »
Il soupira alors que son regard se perdait dans le vide.
« J'ai appris la vérité à l'âge de onze ans. Ainsi que la célébrité qui allait avec, » ajouta-t-il amèrement. « J'étais adulé pour avoir soi-disant tué le plus grand mage noir du siècle à l'âge d'un an. »
« Impossible. »
« On est d'accord, » répliqua Harry avec amusement. « C'est ma mère qui l'a vaincu la première fois avec une protection sans pareille. L'amour d'une mère. On ne sait pas quel sortilège elle a employé mais c'est ce que Voldemort m'a révélé quand il a récupéré sa puissance. J'ai été dans une école de sorciers pour apprendre la magie et chaque année, Voldemort a tenté de me tuer d'une manière différente ou de retrouver ses pouvoirs, jusqu'à finalement réussir quand j'approchais de mes quinze ans. Et quand il est revenu, il a voulu m'affronter en duel. »
« Alors que tu n'avais que quinze ans ? Mais tu n'étais encore qu'un enfant… »
« Cela ne faisait aucune différence pour lui. Il voulait juste jouer avec moi. Mais j'ai réussi à m'échapper ce jour-là et la guerre a éclaté, d'abord secrète et sournoise pendant un an où tout le monde me traitait de menteur, avant de devenir violente et meurtrière après que j'ai perdu le dernier de mes proches, mon parrain. Il ne me restait dès lors plus que mes amis. C'est à cette période que j'ai découvert que Voldemort avait découvert le secret de l'immortalité et le prix qu'il avait payé pour l'obtenir. »
« C'est impossible. »
« Pas pour qui brise les lois de la nature pour arriver à ses fins. Il a créé ce qu'on appelle des horcruxes. » Loki fronça les sourcils. « C'est un objet qui contient un fragment d'âme d'une personne. Tant que ce fragment d'âme existe, la personne ne peut pas mourir. Avec mes amis, nous avons retrouvé chacun des horcruxes et nous les avons détruits jusqu'au dernier avant d'affronter Voldemort une dernière fois. Et je l'ai vaincu. J'ai tué cet homme et j'ai pu enfin vivre ma vie. Prendre enfin mes décisions. Là où tout le monde s'attendait à ce que je devienne un auror et un défenseur de la justice comme mes parents, je suis devenu un guérisseur. J'ai aussi fondé une famille, enfin … plus ou moins. »
« Tu n'as pas été heureux ? »
« Si, j'ai été très heureux pendant quelques années, » fit amèrement Harry en croisant le regard du dieu. « Mais aussi aveugle à la tromperie que dont j'ai été victime depuis le début. Mon épouse me trompait. »
Loki releva un sourcil amusé.
« C'est monnaie courante à Asgard. Bien que généralement, ce sont les hommes qui ont ce comportement. »
« Oui mais cela m'a blessé profondément, d'autant plus que je n'ai jamais eu de vraie famille et que j'étais plus qu'heureux d'avoir une épouse et trois enfants. Mais deux d'entre eux n'étaient pas les miens. Je les ai élevés même ensuite, gardant le secret mais je me suis éloigné de mon épouse sans pour autant blesser le cœur des enfants. »
Le cœur d'Harry commença à le tirer un peu alors qu'il se remémorait le terrible jour où il avait tout perdu. Tout ce qu'il lui restait.
« Un jour, alors que c'était l'anniversaire de mon fils, un homme, un fanatique de Voldemort, est venu pour se venger et il a attaqué la maison. J'ai perdu mes derniers amis, j'ai perdu mon filleul et j'ai perdu mon fils. J'ai fait ce que j'ai pu pour sauver la fille de mon épouse mais malgré toutes mes compétences, elle est morte de ses blessures après une longue agonie. Seul James a survécu et même si je ne suis pas son père et que j'ai tout fait pour ne plus jamais avoir affaire avec mon ex, j'ai continué à payer pour ses études et je continue à prendre des nouvelles malgré la mesure d'injonction demandée par la famille Weasley. Depuis, je vis ici, aux Etats-Unis sous le nom de ma mère pour avoir la paix et je soigne les gens. »
« Quel âge a ce garçon ? »
« James ? » Loki hocha la tête. « Il va bientôt avoir seize ans. Et contrairement à ce que sa mère croit, il n'est pas en colère contre moi. Et bientôt il pourra agir comme il l'entendra sans plus jamais avoir à obéir à sa mère. » Il soupira. « Voilà. Vous savez une grande partie de ma vie. Et cela m'a fait du bien de la raconter pour une fois. Généralement tout le monde connait mon histoire avant moi. C'est assez pénible à la longue. »
« J'imagine, » répondit le Dieu.
Harry passa une main sur son visage avant de fixer son patient.
« Oh Merlin ! » s'exclama-t-il en se redressant. « Je vous parle mais je ne vous ai même pas demandé si vous aviez faim ! Quel idiot je fais ! J'espère que vous savez manger la nourriture humaine. »
« Oui, je mange votre nourriture mais en grande quantité pour répondre à mes besoins bien plus importants. »
« La quantité ne sera pas un grand problème… je crois. Au pire, j'irai au magasin. »
« Y a-t-il un endroit où je peux me soulager ? » demanda Loki en se redressant difficilement.
Harry le fixa quelques secondes avant de montrer une porte sur le côté.
« Dans la salle de bain juste là. Si vous avez besoin de quelque chose, je serai en bas à faire la cuisine. »
« Oui, merci beaucoup. »
xXxXxXx
Loki était reconnaissant envers Harry. Il savait qu'il était responsable des horreurs de New York, il lui avait offert le gite et le couvert car il avait compris qu'il était une victime et que son cas serait défendable devant des sorciers midgardiens. Cela avait un peu réchauffé son cœur. Quelque part dans l'univers, on ne le prendrait pas directement pour un menteur et on écouterait ce qu'il avait à dire pour sa défense.
Le Midgardien partait chaque jour travailler, soigner les hommes et les femmes qui venaient à son cabinet. Pendant ce temps, lui découvrait sa bibliothèque et la magie midgardienne. Elle était intéressante et innovante par bien des aspects, comparée à la magie ancestrale des Vanes.
Le temps passa et les jours se muèrent rapidement en semaines sans que l'homme ne vienne lui demander quoi que ce soit. Il lui préparait à manger et discutait volontiers avec lui, répondant à ses questions sur la magie avec plaisir. Il en était étonné. Jamais il n'avait quelqu'un d'aussi désintéressé. Il offrait sans rien demander en échange.
Il n'avait jamais vu un tel comportement durant toute son existence. Pourtant son existence si similaire à la sienne aurait du l'aigrir, le refermer sur lui-même. Loki en venait à se demander s'il serait comme lui s'il avait vécu sur Midgard auprès des hommes plutôt qu'à Asgard…
« Comment as-tu faire pour rester une telle lumière ? » lui avait-il demandé un jour.
La question avait surpris son bienfaiteur, le prenant de court.
« Que veux-tu dire ? »
« Je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler quelqu'un de gentil. Ni même naïf. Comme tu l'as dit, nos épreuves sont similaires et … eh bien… » Loki se massa la nuque alors qu'il cherchait comment exprimer le fond de sa pensée. « … Le monde t'en a fait voir de toutes les couleurs. Tu as vu ce qu'il y avait de pire et pourtant tu es resté désintéressé et tu aides les autres sans demander une quelconque compensation. Je ne comprends pas comment tu as pu rester ainsi avec ton passé. »
« Je pense que c'est propre au temps qui passe et au caractère de chacun, » répondit lentement Harry. « Je n'ai jamais voulu faire du mal à qui que ce soit et j'ai toujours eu tendance à voir le bien partout. J'ai été trompé plusieurs fois c'est vrai. Manipulé et trahi par mes proches mais je reste, je pense, une bonne personne parce que je ne m'attarde pas sur le mal que font les autres mais bien sur le bien qu'ils peuvent encore accomplir. »
Il soupira et s'assit devant le Dieu qui l'écoutait attentivement.
« Maintenant, je ne suis pas naïf, Loki. Je ne le suis plus. Et je suis un peu aigri dans un sens par mon passé mais j'essaie d'aller vers l'avenir. Je savoure la vie et ses petits plaisirs, je cueille et diffuse les sourires sur les visages des personnes que je croise. Je fais un geste, je dis un mot, et la journée est illuminée. Dans toute obscurité, il y a toujours une lueur d'espoir et de joie, comme une petite flamme qu'il faut entretenir. »
« J'aurais aimé entendre cela, ce genre de discours, il y a longtemps… Tu es très sage pour un Midgardien. »
« Tu choquerais certainement une personne de mon passé en disant cela, » rit doucement Harry.
« J'aimerais que tu me montres. »
« Que je te montre quoi ? »
« Comment tu fais pour rester aussi lumineux ? »
« Hmmm… Si … si on change ton apparence, tu peux toujours venir avec moi dans mon cabinet mais… »
« Oui ? »
« Je ne sais pas trop ce que tu pourrais apprendre de moi. Du moins, je ne vois pas comment je pourrais te montrer, c'est … Je ne sais pas … Je me rappelle que, quand j'étais plus jeune, un homme disait que j'avais un complexe du héros, déterminé à vouloir défendre la veuve et l'orphelin. J'ai toujours trouvé cela exagéré mais … je ne sais pas. Sincèrement, je pense que faire le bien, même une petite action, c'est tout ce qui suffit à apporter la lumière même dans les moments les plus sombres. »
« Alors je suis dans l'obscurité depuis très longtemps car je n'arrive pas à voir la lumière. »
« Si tu la vois, Loki, sinon nous n'aurions pas cette conversation et tu serais déjà parti. »
Le Jotunn ne put lui donner tort. Il était resté parce qu'il le voulait. Il se sentait en sécurité dans cette maison. A l'abri d'Heimdall et des Avengers, il pouvait y vivre sans jugement et avoir une conversation civilisée avec une personne de sexe masculin, ce qu'il n'avait plus eu depuis…. Il n'arrivait même plus à se souvenir. A Asgard, les hommes, tout comme des femmes, n'avaient jamais cessé de le critiquer pour son utilisation de la magie. Maintenant, il avait enfin une personne avec qui parler. C'était cela en grande partie qui l'avait poussé à rester. Pouvoir parler et avoir la sensation d'être compris.
Défi galactique
Ecrire sur un Dieu - Qui est-ce
