Chapitre 1 : Enfin chez soi !

Grimmjow regarde le paysage défiler au travers de la fenêtre, le coude appuyé sur le rebord de son siège. Les secousses régulières du train, la musique entraînante dans ses oreilles, tout est presque parfait… Si ce n'était pour le vacarme qu'occasionnent une bande de gamin sortit de collège à l'autre bout du wagon. Le soir tombe et il se réconforte dans le fait qu'il sera bientôt arriver à destination. Plus que quelques arrêts, et il pourra enfin échapper au bruit assourdissant de ce train bondé de monde et respirer l'air frais de cette soirée d'hiver. La vitre assombrie par l'obscurité dehors lui renvoie son reflet, ses yeux bleus se fixent distraitement sur sa silhouette, et son esprit perdu dans ses pensées flottantes au rythme des secousses.

Lorsque le train s'arrêta enfin, il expira un long soupir avant de se lever de son siège. Jetant un œil derrière lui pour être sûr de rien oublier, il se fraya un chemin au travers de la foule et la pile de sacs à dos agglutinés dans l'allée du wagon. Malgré les obstacles encombrants, il finit par sortir du train et à poser pied sur le sol graveleux du perron. Il étend ses bras au-dessus de sa tête et réprima un bâillement fatigué en regardant autour de lui, appréciant le décor familier. Les gens sortit du train, eux se dirigent tel un amas de fourmis vers le tunnel menant au autres perrons ainsi qu'au parking et au hall d'entrée de la gare. A peine une minute plus tard, il se retrouve seul sur le quai, un sourire en coin remontant le bord de ses lèvres alors qu'il marche tranquillement en direction opposée du tunnel, vers la passerelle surplombant les rails. Il aimait particulièrement ce pont en fer massif, la vue qu'il lui offrait, le peu de monde qu'il y trouvait, se pencher sur son rebord lui donnait toujours un sentiment de nostalgie et de sérénité. Il monta les marches, les mains dans les poches et une fois en haut une bourrasque de vent vient l'accueillir. Profitant de l'instant, il s'appuie sur la rambarde, qui au premier contact avec son bras nu le fait frissonner. Il resta là un moment à regarder le train repartir sur lequel il se trouvait il y a un instant, les rails disparaître au loin à l'horizon, les lumières nocturnes éclairant la bâtisse ancienne de la gare, les quelques personnes attendant leur train et un peu plus loin, le parking où l'attend sa voiture. Si jamais quelqu'un s'y intéressait, il parlerait volontiers pendant des heures du véhicule et de sa fierté de l'avoir si bien restauré. Ses courbes font miroiter la peinture bleu métallisé dans les lumières éclairant le parking à mesure qu'il s'en approche. Il lui a fallu pas loin de deux ans pour mettre la main sur toutes les pièces manquantes, et c'était toujours un plaisir de la conduire, même pour un tout petit tour.

D'habitude, Grimmjow ne prenait jamais la peine de prendre le train, mais aujourd'hui, il avait une conférence à laquelle il avait dû assister dans la ville voisine pour promouvoir son travail. Comme l'endroit était sujet aux accidents et au vandalisme, il n'a même pas risqué la chance de voir l'une de ses voitures abîmée par un quelconque jeune imbécile à la recherche de problèmes, même si dans l'hypothèse, l'assurance couvrirait tous les dégâts… Il possédait en tout trois voitures, et celle-ci était de loin sa préférée, c'était une magnifique Jaguar ancienne de 1948.

Il se laissa glisser dans le siège et caressa furtivement le volant avant de démarrer le moteur. La route qui menait à son domicile était calme et à peine éclairée. Avec une douce touche de musique, Grimmjow apprécie les virages et le rugissement doux de sa voiture à chaque accélération. Il lui fallu une vingtaine de minutes pour atteindre le portail d'entrée du manoir dans lequel il vivait. La grille massive s'ouvre à son arrivée et il remonte lentement l'allée menant aux garages un peu plus haut.

Il finit par garer son véhicule en prenant grand soin que tout soit parfait avant de mettre fin au son caractéristique du moteur. Encore un dernier coup d'œil sur le tableau de bord, tout semble vraiment parfait. C'est encore une fois satisfait de lui et sifflotant qu'il sort du garage pour rejoindre le hall d'entrée, les mains enfoncées dans les poches.

Le manoir possède un hall immense, avec un escalier en deux parties se rejoignant à l'étage, ainsi qu'une statue d'un jaguar faisant face à l'entrée en rugissant. Il accroche son manteau sur le porte manteau et hoche la tête en voyant s'approcher le majordome. "Kensei…"

L'homme lui sourit et s'incline brièvement avant de prendre la parole. "Monsieur, permettez moi de vous informer que votre père vous attends dans son bureau pour avoir des nouvelles de votre conférence aujourd'hui."

En faisant claquer sa langue contre son palet, Grimmjow acquiesce et soupirant. "Je m'en doute… Merci Kensei."

Il se dirige d'un pas lourd vers l'escalier et monte les marches deux à deux. Il suit le couloir sinueux et décoré à outrance et s'arrête devant une porte en bois ciré affichant une petite pancarte dorée arborant le nom 'Jaegerjaquez'. Une grimace étire ses traits en lisant le nom de son patronyme, ils avaient beau avoir le même nom, ils n'avaient strictement rien en commun, et ne s'appréciaient aucunement. Prenant une longue inspiration, Grimmjow frappa sèchement sur la porte pour annoncer sa présence. Une voix profonde lui répond.

"Entre!"

Sans plus attendre, il ouvre la porte et se glisse silencieusement dans la pièce. Un bureau magnifique en bois d'olivier trône au centre et un sol en marbre noir se met harmonieusement en contraste avec la baie vitrée offrant une vue imprenable sur les jardins du domaine. Sur une chaise en cuir, dans un recoin éclairé par une petite lampe de chevet. Un cigare en bouche, il observe son fils entrer par-dessus ses lunettes. Une nuée de fumée s'échappe de ses lèvres entrouvertes et Grimmjow retient un de montrer son énervement.

"Alors…" Bougonne le père en lâchant un autre nuage de fumée acre.

Se raclant la gorge, Grimmjow retient un nouveau claquement de langue et entame son résumé, annonçant la présentation réussie de son prototype pour un nouveau modèle Lamborghini. C'était un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps, étant tombé sous le charme de la série Espada de Lamborghini, qui malheureusement n'eut droit qu'à une seule édition. Il s'est démené pour reprendre le design pour en faire une version hybride et aujourd'hui, il avait enfin eu l'occasion de présenter le premier prototype fonctionnel et cela avait été une vrai réussite, obtenant plusieurs précommandes pour financer le reste du projet. Il avait beau être fichtrement riche, il voulait faire les choses correctement et se prouver qu'il pouvait y arriver sans le soutien financier que son nom pouvait lui porter. Ayant fini son compte rendu, son père acquiesça silencieusement et il s'inclina brièvement en s'éclipsant de la pièce envahie par l'odeur désagréable du cigare.

Soulagé d'être enfin libéré de ses obligations, il expire tout l'air de ses poumons et se remonte le moral en songeant à ce qu'il pourrait bien faire pour fêter cette journée réussie. Rien de tel qu'une partie de billard accompagné d'un bon cocktail exotique, se dit-il en sortant son portable de sa poche pour contacter sa sœur et le petit ami de cette dernière. N'obtenant pas de réponse immédiate, il enfouit son téléphone dans son jean et rejoint sa chambre pour ensuite se déshabiller et se glisser sous le jet chaud de la douche. L'eau coule le long de ses cheveux bleus qui commencent à lui arriver à hauteur d'épaule. Il est perdu dans ses pensées et fronce le nez en repensant à sa relation foireuse avec son père. Il échangerait cette vie de milliardaire pour une famille normale s'il le pouvait. Depuis sa plus jeune enfance, il avait eu la plus grande liberté du monde, l'attirant bien souvent dans les problèmes pendant son adolescence… Mais jamais il n'avait pu éprouver l'amour d'une famille aimante et attentionnée. Certes, il n'avait manqué de rien… sauf ça. Il baisse la tête et regarde l'eau couler à ses pieds, formant ici et là un amas de bulles savonneuses. Une vague de rage l'envahit et il heurte la parois carrelée de la douche en réprimant un grognement frustré. Il n'avait jamais été très doué pour maîtriser ses émotions et ce genre d'impulsions colériques lui arrivait occasionnellement. Un frisson douloureux résonne dans son bras et le fait grimacer. Expirant un long soupir défait, il se laisse glisser le long du mur et contemple ses mains tremblantes un bref instant avant de fermer les yeux et reposer sa tête en arrière contre le mur froid de la douche. La fraîcheur du carrelage sur son dos apaise ses sens en ébullition et le calme lui revient graduellement. Il reste encore un long moment assis avant de se décider à sortir de la cabine et de refermer le robinet d'eau derrière lui. Se passant une serviette autour de la taille, il s'arrête devant sa penderie pour en sortir quelques vêtements un peu chic pour la soirée. Son choix s'est porté sur un pantalon de costume gris clair et une chemise blanche. Enfin prêt, il jette un œil sur son portable et sourit en voyant la réponse affirmative et enthousiaste de sa sœur. Sortant de sa chambre, il se dirige d'un pas plus léger vers le couloir menant aux garages et choisis soigneusement une des paires de clefs pendue au crochet à côté de son manteau.

D'une humeur bien plus joyeuse, il fait glisser sa main le long de la carrosserie bleu électrique de la voiture avant de glisser un doigt dans la clenche pour ouvrir la portière de l'ancienne Espada. Il s'installe confortablement sur le siège en cuir beige et démarre le V12 en un coup de poignet. On lui reproche souvent de s'intéresser plus à la mécanique qu'à la gente féminine, mais lui, cela le fait juste bien rire, car il doit admettre que les femmes avait plutôt tendance à l'ennuyer plus qu'autre chose. Surtout celles qu'il côtoie dans les cercles huppés, plus intéressées par son argent et son nom que sa personne.

Le centre ville n'est qu'à quelques kilomètres du domaine Jaegerjaquez et il lui faut à peine un quart d'heure avant d'arriver en face du bar Hueco Mundo, où ils s'étaient donnés rendez-vous. C'est en quelque sorte devenu leur point de rencontre depuis que Nnoitra a découvert le côté exotique du pool bar, et il faut dire que le gérant fait des cocktails de malade. C'est une signature de l'établissement, malgré la petitesse de l'endroit, le bar commence à être bien connu.

Grimmjow entre d'un pas leste dans le bar et repère le couple à leur table habituelle. Ils lui font signe et il s'arrête au comptoir pour commander un cocktail avant de les rejoindre. C'est à peine arrivé à hauteur de la table de billard que sa sœur lui saute au cou pour l'accueillir dans une tempête de cheveux vert.

Il fit tourner Nell en la serrant fort contre lui et cela fit rire la jeune femme au formes généreuses. Il finit par la déposer pour enfin pouvoir saluer Nnoitra qui attend tranquillement de l'autre côté de la table. Et lui saisit la main dans une poignée amicale. Son ami le regarde de son sourire narquois.

"Toujours en retard, hmmm. Tu sais, y a des petites astuces pour y remédier… Comme d'avancer ta montre de dix minutes, voir un peu plus dans ton cas…"

Grimmjow ricane en arborant un air de défis dans les yeux. "Si vous étiez plus rapide à répondre à mes messages, peut-être que j'aurais envie d'être à l'heure pour une fois…"

Nell les regarda en soupirant, exaspérés par leur attitude défiante. "Vous êtes venu pour vous chamaillé, ou pour passer une bonne soirée? A force, je vais finir par douter que vous soyez réellement meilleurs amis…"

Haussant les épaules, Grimmjow sourit à sa sœur et s'empare du set de billard pour le disposer sur le tapis vert. "Deux contre un?" Demande-t-il en appliquant de la craie sur sa queue en la faisant tournoyer habillement contre le cube bleu.

Nnoitra grimace et hoche la tête avant d'attraper Nell par la taille et de lui déposer un baiser affectueux sur la tête. Grimmjow détourne le regard, ayant encore et toujours un peu de mal à accepter que sa petite sœur protégée soit tombée sous le charme de son meilleur ami.

Il se penche sur le tapis de jeu pour casser le triangle et relève les yeux sur les nouveaux arrivants, captivé par le jeune homme en tête du trio. Il avait les cheveux d'un roux flamboyant, un sourire charmeur, des yeux aussi brillant que des perles d'ambres et une allure souple et fringante.