Chapitre 1 : Au lendemain de la bataille.
Une longue cape en cuir noire doublée de velours rouge recouvrait les épaules du roi, ses cheveux de jais étaient surmontés de sa couronne. Il portait une tenue militaire, simple et élégante de la même couleur que sa cape. Il regardait pensivement la mer d'étoiles défiler devant lui. Il avait ordonné depuis leur départ de pousser les moteurs au maximum. Il savait que le temps était compté, il fallait agir vite sans quoi tout serait perdu. Cela faisait à présent près d'un mois que le souverain des Mazones avait quitté sa planète sur les conseils de son père. Lors du grand conseil où il avait ordonné la fabrication il y a trois mois de dix bâtiments de guerre et de trois navires hôpitaux, les conseillers étaient restés sans voix, s'inquiétant, se demandant si le souverain craignait une invasion. Paléande, une fois la réunion terminée, était venu le voir, lui aussi très inquiet de cet ordre qui ne pouvait être contesté. Thomas se doutait de sa visite. Il était temps de dire la vérité à son conseiller principal. Il devait lui parler de ce que Sandy Brooks lui avait révélé alors qu'elle venait elle aussi d'apprendre la dangereuse mission confiée par Ryo Kimura à son grand-père. Son propre père, plus d'une fois, lui avait dit pendant ses rêves de ne pas se fier aux apparences. En tant qu'esprit, il n'avait pas le droit de trop parler mais il avait insisté sur le fait que la vérité finirait par lui être révélée.
Paléande frappa à la porte. Le souverain l'autorisa à entrer, et alors que sa mère et sa grand-mère adoraient se faire servir, le jeune souverain prépara un thé très agréable à son conseiller qu'il lui servit lui-même avant de s'asseoir à ses côtés sur le moelleux canapé. Paléande ne posa pas immédiatement la question qui lui brûlait les lèvres, appréciant le doux breuvage concocté par son roi. Il éprouvait un profond respect pour cet enfant dont l'honnêteté, le sérieux et l'intelligence le ravissaient. Le fait qu'il soit physiquement le portrait craché de son grand-père ne lui posait pas de problème alors que la simple idée de penser à celui-ci le révulsait. Au bout de plusieurs minutes, Paléande se décida.
« Votre Altesse, pourquoi avoir demandé la construction de ces bâtiments ?
- La vie de mon grand-père est en danger tout comme celles de centaines d'hommes d'équipage et peut être l'humanité elle aussi, indiqua le roi calmement.
- Mais enfin, Votre Altesse, pourquoi vous souciez de la vie de ce mécréant ! s'indigna le conseiller. Après ce qu'il a fait à Ellie, il peut bien crever je m'en moque !
- Paléande, ne vous emportez pas, commença le souverain. J'ai eu des informations inédites provenant de Sandy.
Le souverain se tut. Il respira profondément puis tourna son visage vers son conseiller. Celui-ci vit que les yeux de son roi brillaient d'une émotion certaine.
- Mon grand-père n'est pas l'homme que nous pensions, vous et moi.
- De quoi parlez-vous ? bafouilla Paléande.
- Sandy m'a révélé que, contrairement à ce que les dossiers de la police laissent croire, les enfants d'Ellie sont vivants. Leur père les cache depuis qu'ils ont subi une tentative d'assassinat. Mon grand-père se serait infiltré parmi les aristocrates pour pouvoir obtenir des renseignements pour la Résistance. Pour que cela marche, il a rompu avec Ellie, profitant de ses troubles de la mémoire pour que celle-ci ne tente pas de le reconquérir.
- Non, c'est impossible, murmura Paléande d'une voix blanche.
Il serra ses mains jointes sous l'angoisse.
- Ellie est pourtant parti en exil, rappela-t-il, choqué.
- Oui et je vois à présent sous un autre œil sa réaction vis à vis d'elle. A l'époque, je n'ai vu cela qu'avec mes yeux d'enfant mais à présent, avec ses nouvelles données, et l'âge adulte les faits apparaissent sous un tout autre éclairage. Que s'est-il passé lorsqu'il a voulu vous voir dans sa cabine ?
- Sa colère a explosé, avoua Paléande. Je pensais que c'était parce qu'il voyait Ellie comme un objet mais...
- C'était certainement une crise de jalousie, affirma Thomas.
- Est ce qu'Ellie le sait ?
- Oui, et elle n'est même pas en colère après son ex. Elle comprend la situation et le fait qu'Harlock ait fait ce choix terrible pour pouvoir accomplir sa mission.
- J'ai vraiment cru qu'il allait me tuer, se rappela Paléande en tremblant alors que des larmes lui montaient aux yeux. Je me suis trompé, je n'ai pas su voir les signes, Votre Altesse. J'ai laissé ma jalousie l'emporter car j'étais amoureux d'Ellie, je n'ai pas réfléchi à sa réaction. Au contraire, je lui ai craché ma haine au visage. Ça change tout. Vous dites que sa vie est menacée ?
- C'est ce que m'a dit mon père en me demandant de hâter la construction de ces bâtiments.
- Va-t-on en guerre, Votre Altesse ?
- Je ne sais pas Paléande, avoua le roi. Où en est notre population ?
- Nous avons enregistré un nombre record de naissances et, sur votre conseil, les enfants ont pris le traitement de croissance accélérée. D'ici peu, de nouvelles naissances arriveront et nous devrions atteindre une population de cent mille âmes environ...
- Je suis vraiment désolé de sacrifier toutes ces générations, les privant des joies de l'enfance, en les faisant grandir trop vite mais je crains que nous n'ayons pas le choix, se désola Thomas tristement. Notre population doit être suffisamment importante pour que nous puissions nous défendre et peser dans l'avenir...
- Est ce que vous comptez partir vous-même au secours de votre grand-père ? s'inquiéta Paléande.
- Bien sûr, affirma celui-ci. Je n'ai jamais eu l'occasion de lui parler et j'aimerai bien le connaître, tout du moins connaître le vrai Hans Ludwig Von Harlock et non le monstre sans cœur que j'ai croisé.
- Je viendrai avec vous, mon roi ! soutint Paléande en souriant. Comment ferons-nous pour notre peuple ?
- Vu que nous ne pourrons les contacter par radio pour ne pas être repéré, je donnerai des instructions avant le départ. Il faut espérer que notre absence ne sera pas trop longue, souhaita Thomas
- Je vous fais entièrement confiance, mon roi, j'espère que votre grand-père ne sera pas trop agacé par ma présence…
- Si vous êtes prêt à prendre le risque, Paléande, je serai ravi de faire le voyage avec vous, affirma le roi en souriant. »
Une fois les vaisseaux préparés, la population prévenue, les vaisseaux partirent à pleine puissance vers la capitale d'Amos. Ils ne disposaient que d'un mois pour arriver, aussi les mécaniciens maintenaient-ils les réacteurs à plein régime. Paléande rejoignit son souverain sur la vaste timonerie du Eliza. Le souverain avait lui-même choisit le nom du bâtiment qui trônait en lettres d'or sur ses flancs. D'ici quelques jours ils seraient à proximité d'Amos. Depuis quelques jours, Thomas nourrissait quelques inquiétudes, son père n'était plus apparu dans ses rêves ni son oncle d'ailleurs. Il espérait que celui allait bien, si l'on pouvait exprimer ainsi la situation de l'âme d'un mort. Il sourit à son fidèle conseiller venu le soutenir, se doutant que quelque chose angoissait son souverain.
Isabelle, dans sa cabine, observait la lutte qui faisait rage à l'extérieur. Elle contempla le massacre des vaisseaux de la Résistance puis assista à l'agonie de l'Arcadia. Elle avait réfléchi depuis la découverte de ses plans par son mari. Elle avait désespérément cherché une solution, envisageant tout bonnement la fuite mais pour le moment, tant que le bâtiment était en mission de guerre, toute escapade était impossible. Son mari, par cruauté, lui avait révélé que Hans avait probablement joué double jeu avec elle tout comme il l'avait avec lui et le roi Von Kiel. Aristote Zone s'était lui-même empressé de lui affirmer qu'Harlock n'avait jamais cessé d'aimer Eliza Zone, se jouant de ses sentiments à elle pour obtenir des informations. Elle n'avait pu croire cela jusqu'à ce qu'elle vit les différents enregistrements vidéo de l'arrestation d'Harlock ainsi que celui de la discussion entre Harlock et Oscar. Il lui avait alors fallu se rendre à l'évidence, Elle avait été flouée par cet homme comme son père et son mari mais étrangement cela ne la faisait que la conforter dans l'opinion qu'elle avait d'Harlock. Bien qu'elle ne soit pas experte en la nature humaine, elle avait su sentir en Hans quelque chose de rare, un trésor inestimable. Elle aurait dû se douter qu'il aimait toujours Eliza Zone, celle-ci n'était pas une femme qu'un homme pourrait mépriser du jour au lendemain. Alors qu'elle contemplait les dernières explosions qui avaient lieu sur l'Arcadia, elle comptait bien utiliser l'arrivisme d'Oscar pour arriver à faire s'entretuer son père et son mari. La mort de ces deux hommes lui donnerait une voie royale jusqu'à la couronne. Alors que les vaisseaux s'éloignaient de la zone des combats, elle réfléchissait aux raisons qui avaient poussé Harlock à se renseigner sur les nanos. Elle réfléchit pendant des heures. Le sommeil ne venant pas, elle commença à se rappeler de toutes les informations dont elle disposait sur cet homme. Alors qu'elle envisageait de tenter à nouveau de s'endormir pour se reposer un peu, l'amant de son mari entra dans sa cabine.
- Nous allons envahir les planètes de votre père, indiqua celui-ci. Avez-vous une idée d'où il peut se cacher et des forces dont il dispose ?
- Pour ce qui est des cachettes, elles ne manquent pas, mon père tout comme Oscar avait dispatché ses vaisseaux dans différents astéroïdes miniers en attendant la scission. Il y a les mines de Shall, de Parnéo, de Movista et plusieurs autres encore. Pour ce qui est des forces moins que les vôtres, annonça-t-elle en souriant.
- Veuillez me suivre, votre mari vous réclame, ordonna Von Stadt.
- Vraiment ? ironisa Isabelle. Il veut me faire prendre une drogue pour s'assurer que je ne lui mens pas ?
- Madame ! insista Von Stadt.
- A vos ordres, monsieur l'amant de mon mari, se moqua Isabelle. Vous ne serez jamais que son amant secret, un parmi tant d'autres, étant donné que les aristocrates ne veulent pas faire supprimer certaines lois.
Elle avait lancé ses propos en s'approchant, les glissant insidieusement dans les oreilles du jeune Friedrich dont la colère monta d'un cran. Cette femme le poussait à bout. Isabelle avait d'ores et déjà réfléchit à un plan. A force d'écouter aux portes, elle aussi disposait d'informations et elle savait exactement sur quels boutons appuyer pour faire se relâcher l'attention de son mari. Elle allait lui donner exactement ce qu'il voulait. Elle était prête à aller jusqu'au bout, à prendre tous les risques. Elle fut très surprise d'apprendre qu'Oscar quittait les lieux de la bataille sans prendre la peine de se rendre sur l'Arcadia pour s'assurer que tout le monde était bien mort. Elle suivit docilement Von Stadt. Celui-ci l'emmena sur le pont où son mari dirigeait les opérations. Celui-ci ne prêta guère attention à elle pendant plusieurs dizaines de minutes, donnant ses ordres, faisant comme si elle n'était pas là. Isabelle se doutait de la raison de ce petit jeu, Oscar tenait à lui montrer qu'à présent, elle n'était plus rien. Il n'avait pas tout à fait tort. Sans l'influence de son père, Isabelle n'était rien mais elle serait ravie de le sacrifier pour pouvoir retrouver sa place dans la hiérarchie sociale. Elle allait collaborer avec son cher époux. Elle attendit patiemment et lorsqu'Oscar se décida enfin à s'intéresser à elle, elle lui fit un sourire des plus enjôleurs qui intrigua son époux. Ce brusque revirement ne pouvait signifier qu'une seule chose, Isabelle avait élaboré un nouveau plan. Il regretta que la drogue de vérité ne puisse être utilisée qu'une seule fois car le cerveau ne se laissait pas prendre une seconde fois à ses illusions colorées. Il y avait bien les nanos mais la technologie étant encore aléatoire, il ne voulait pas prendre de risque avec un otage si précieux. Von Stadt avait fait son rapport à son souverain et amant. Oscar était très intrigué par les œillades aguicheuses que lui lançait la jeune princesse. Il descendit de la plate-forme de commandement pour rejoindre sa jeune épouse.
- Je suis surpris que vous ne rechigniez pas à trahir votre père, se moqua Oscar.
- Voyons Oscar, si vous avez découvert mes amours coupables avec Hans, vous ne devez rien ignorer de mes intentions concernant mon cher père.
Oscar eut un ricanement
- Qu'est-ce que vous avez comme renseignements et qu'est-ce que vous voulez en échange ? s'enquit Oscar avec un sourire moqueur sur les lèvres.
- Vous accepteriez de négocier ! s'étonna-t-elle faussement.
Elle regarda avec circonspection vers Friedrich. Oscar suivit son regard.
- Qu'est-ce qu'il y a Isabelle, vous êtes surprise de mes goûts variés ? plaisanta Oscar.
- Pour vos goûts particuliers, je suis au courant depuis notre voyage de noces… Ce qui m'intrigue, c'est autre chose… Je suis un peu curieuse.
Oscar, intrigué, attendit que son épouse se décide à clairement exprimer sa pensée.
- C'est comment de faire ça avec un autre homme pour vous ? L'interrogea-t-elle. C'est meilleur qu'avec une femme ? Meilleur qu'avec moi je suppose, mais ça, c'est parce que je ne me suis jamais donné à vous totalement.
Oscar eut un petit rire.
- Je pense qu'on devrait aller discuter de tout cela dans ma cabine, proposa Oscar qui n'avait aucune envie que des oreilles indiscrètes ne surprennent leurs propos.
- Votre amant vient avec nous ? Souhaita Isabelle en faisant une œillade coquine à Von Stadt. Je le trouve très mignon, il a les traits aussi fins et délicats qu'une fille.
- Si ça peut vous faire plaisir, accepta Oscar en souriant.
Von Stadt, passablement énervé, les suivit se demandant à quoi son amant pouvait bien jouer. Oscar comptait river son clou à cette petite aguicheuse qui jouait avec le feu. Il se disait qu'Isabelle, confrontée à la chose, se dégonflerait dès qu'il lui proposerait de passer aux choses sérieuses. Ils entrèrent dans la cabine que l'héritier de France verrouilla. Isabelle, en entendant le verrou se tourner, se dit qu'elle avait gagné. Elle se doutait qu'Oscar malgré son heure coquine avec Harlock, pensait qu'elle était encore très prude, aussi décida-t-elle de prendre les devants. A la grande surprise d'Oscar, elle s'approcha de Von Stadt qu'elle embrassa fougueusement. Celui-ci répondit à ce baiser avec la même fougue, le jeune Friedrich tenant à faire comprendre à Isabelle à qui elle avait à faire. Au bout de plusieurs minutes, leurs lèvres se séparèrent.
- Il embrasse divinement bien, le félicita Isabelle. C'est vous Oscar qui lui avez appris à embrasser comme cela ? Personnellement, cette technique je la tiens d'Harlock. Alors c'était comment, Friedrich ?
- Des plus agréable, accorda Von Stadt en souriant.
- Vous jouez avec le feu, Isabelle, ricana Oscar.
- Ne me sous-estimez pas, Oscar, vous voulez une descendance, non ? s'enquit Isabelle pour la forme. Vous auriez pu me faire éliminer depuis le procès mais vous ne l'avez pas fait. Reconnaissez que mes capacités vous intéressent.
- Il est clair que vous n'avez plus rien de la blanche colombe que j'ai épousé, avoua Oscar en souriant.
- A qui la faute d'après-vous ? rétorqua Isabelle. Vous et mon père vous m'en avez fait voire de belles et je comptais bien me servir de votre désir de pouvoir pour parvenir à régner avec Hans après vous avoir éliminé tous les deux.
- Je dois reconnaître que votre plan était très élaboré, ce qui fait que j'ai revu mon jugement en ce qui vous concerne, affirma Oscar. Et je dois reconnaître que je n'ai pas trop le choix pour avoir une descendance. J'avais espéré l'obtenir d'Eliza Zone mais vous savez comment cela a tourné.
- Elle m'a bien possédé, se désola Isabelle. Vous pensez qu'elle était à bord du Poséidon ?
- Les agressions ont stoppé après la tentative d'assassinat manqué contre Aristote et moi. Nos hommes m'ont affirmé que le hangar était désert lorsqu'ils sont arrivés jusqu'à moi. Il me parait évident qu'Harlock l'a récupéré, mis en sécurité puis envoyé en exil avec ses jumeaux à bord du Poséidon. Il n'a jamais cessé de l'aimer tout comme elle n'a jamais cessé de l'aimer.
- Elle doit être heureuse d'avoir retrouvé ses enfants, affirma Isabelle avec tristesse. Elle a une force de caractère incomparable, je comprends que vous vouliez avoir une descendance avec elle. Nous n'avons pas le choix, vous et moi Oscar, si nous voulons survivre. Pour mon père, je ne suis qu'un pion qu'il sacrifiera sans problème d'autant plus qu'il doit croire que je l'ai trahi. J'accepte de subir l'hybridation, Oscar.
Les deux hommes furent surpris. Pour Oscar, Isabelle auparavant n'aurait jamais accepté cette opération. Il était évident à présent qu'elle se mettait du côté de son mari. Son plan ayant échoué, elle n'avait plus le choix que de collaborer. Oscar ayant appris à la connaître choisit la prudence. Isabelle risquait de le trahir à nouveau.
- Vous savez que mes goûts ne changeront pas, rappela-t-il. Acceptez-vous cela ?
- Ai-je le choix ? se moqua Isabelle. Vous avez toutes les cartes en main, vous êtes libre de faire de moi ce que vous voulez, je n'ai plus qu'à m'incliner. Cela dit, j'apprécierai que vous restiez discret comme par le passé quand à vos inclinations.
- Je n'ai pas l'intention pour l'instant d'afficher quoi que ce soit, soutint Oscar. J'accepte votre collaboration. Par contre, pour ce qui est de l'hybridation, il faudra attendre.
Isabelle remit ses cheveux en place de manière très sensuelle, jetant une œillade aguicheuse aux deux hommes. Elle sourit en regardant son mari.
- Me proposeriez-vous un plan à trois, Isabelle ? ricana Oscar.
- Je vous l'ai dis, je suis très curieuse de savoir ce que cela donne. De plus, j'ai l'impression que votre cher amant n'a jamais touché une femme de sa vie. N'a-t-il pas envie d'essayer ? alluma Isabelle en faisant un clin d'œil coquin à Von Stadt.
Von Stadt s'approcha par défi. Il se plaça très près d'Isabelle, la regardant avec mépris.
- Vous ne m'intéressez absolument pas, Isabelle, affirma celui-ci dans un rictus haineux.
- Peut-être pas vous, mais votre engin semble assez réactif, Friedrich, affirma-t-elle en caressant voluptueusement l'intimité du jeune homme qui commençait à durcir sous son contact. Vous voulez que je vous montre ce que je vaux vraiment au lit, Oscar ? Vous seriez surpris.
- Si vous parvenez vraiment à coucher avec Friedrich, j'aurai une idée de votre valeur. Il n'a jamais cédé à aucune femme pendant nos trios.
- Je relève le défi, accepta Isabelle en souriant. Je vais vous montrer, Friedrich, ce qu'est une vraie femme.
Elle embrassa le jeune homme fougueusement, sa langue titillant, caressant celle du jeune homme de manière intense. Friedrich gémit de plaisir. Elle ouvrit la braguette, glissa sa main dans le pantalon afin de sortir la verge de sa cache. Celle-ci était déjà prête au combat.
- Je vais vous montrer à quoi Hans a eu droit, susurra-t-elle en enlaçant le jeune homme.
Elle le poussa vers le canapé, le jeta dessus avec force puis elle s'agenouilla afin que ses lèvres puissent s'emparer de l'intimité de l'amant du duc. Pour Friedrich, c'était une grande première, aucune femme jusqu'à présent n'avait réussi à lui faire dresser son dragon. Celui-ci, à chaque fois qu'une femme le touchait, restait terré dans sa grotte, en aucun cas désireux de partir à l'aventure. Il ne comprenait pas pourquoi l'épouse du duc lui faisait un tel effet. Ses caresses voluptueuses sur le gland et le long de sa verge le rendaient fou de désir. Même les caresses expertes du duc faisaient pâle figure face à cela. Pour Isabelle, la technique était simple, faire comme si c'était Hans. Sa bouche donnait l'exacte réplique de ce qu'elle avait envie de faire à cet homme. Elle ne ressentait même pas de colère à s'être fait flouer. Au contraire, pour elle, c'était de bonne guerre. Elle regrettait juste de ne pas avoir eu d'autres moments intenses avec cet homme. Von Stadt était au bord de l'explosion, ses muscles raidis étaient douloureux, son sang frappait contre ses tempes. Isabelle cessa finalement ses voluptueuses caresses. Elle se redressa, se déshabilla entièrement devant Von Stadt qui dévorait des yeux ce corps parfait. Elle monta sur le canapé où elle restât debout pour se placer à califourchon au-dessus du jeune homme son intimité à la hauteur des lèvres de Friedrich qui la dévora avec gourmandise sous le regard effaré d'Oscar. Elle guida le profane avec douceur et des gémissements ne tardèrent pas de s'échapper de sa gorge.
- Tu es très doué, Friedrich, le félicita-t-elle d'une voix suave. Il ne reste plus qu'une dernière leçon.
Elle se tourna vers son mari. Elle lui désigna de la tête la boîte qui se trouvait sur le bureau. Oscar s'inclina et sortit une protection qu'elle plaça sur la verge du jeune homme avant de la glisser en elle. Elle continua à le guider, Friedrich suivant consciencieusement ses directives. Le jeune homme se montra très doué. L'acte accéléra brusquement lorsque Friedrich fut suffisamment rodé aux mouvements à faire. Le rapport devint intense, les deux jeunes gens manifestant bruyamment leur plaisir sous le regard presque embarrassé d'Oscar qui ne s'attendait vraiment pas à cela, que ce soit de la part de sa femme ou de son amant. En fin de compte, c'était lui qui avait joué avec le feu. Les deux jeunes gens atteignirent l'extase ensemble alors qu'une communication était établie avec Aristote Zone qui assista à leur orgasme.
- Eh bien, il semblerait que tu t'amuses bien Oscar ? se moqua Aristote. Comment se fait-il que tu sois encore habillé ? En temps normal, tu les aurais déjà rejoint.
Les deux jeunes gens essoufflés, restaient collés l'un à l'autre.
- Alors Friedrich ? C'était comment ? s'enquit Isabelle en se redressant.
- Oh bon sang, c'est ta femme ! s'exclama Aristote qui n'avait pas vu son visage.
Celle-ci ne s'occupa même pas du politicien, se contentant de planter son regard dans celui de Von Stadt. Les yeux de celui-ci luisaient de plaisir.
- Au moins, je saurai vers qui me tourner lorsque les absences d'Oscar seront trop longues, avoua Von Stadt
- Ce sera avec plaisir, accepta Isabelle. Je connais beaucoup d'autres choses que j'ai expérimentées soit avec mon mari soit avec Hans et je suis ouverte à toutes propositions. Mais cela va devoir attendre, le collaborateur de mon mari doit vouloir discuter de choses importantes.
Oscar retira sa veste qu'il plaça autour des épaules de sa femme. Celle-ci le remercia d'une voix douce, la referma puis se leva. Von Stadt retira le préservatif qu'il jeta dans le destructeur de déchets puis il rentra son instrument dans son pantalon qu'il referma soigneusement en faisant un clin d'œil à Oscar.
- A ce que je vois, tu as à présent l'épouse parfaite, le félicita Aristote. J'ai fait scanner Amos. Tout se passe comme prévu, la population ne réagit absolument pas. La vie a repris son cours normal. Par contre, j'ai reçu un message de Sylvidra. Elle attend notre venue. Il semblerait que Kimura l'ait libéré.
- Elle n'est pas partie ? s'étonna Oscar.
- Elle est au courant pour l'hybridation et les problèmes occasionnés. Elle nous propose son aide.
- Pourquoi ferait-elle cela ? ricana Oscar. Tu ne penses pas plutôt qu'elle bluffe ? Kimura l'a libéré car elle ne représente plus une menace et qu'elle n'est d'aucune utilité.
- Si ça avait été le cas, il l'aurait abattu, Oscar, contredit Zone. Ce Kimura était beaucoup plus intelligent que je ne le pensais. Elle doit pouvoir nous aider sans quoi il ne l'aurait pas laissé en vie, d'autant plus que son meilleur ami, à cause de cette décision n'a pas obtenu justice pour son fils. On va aller la voir.
- Tu n'as pas peur de tomber dans tes anciens travers ? s'inquiéta Oscar. Je sais que tu es toujours amoureux d'elle et elle pourrait encore se servir de tes sentiments pour te manipuler.
- C'est pourquoi je me fie à toi. Tu sauras garder la tête froide, elle n'a jamais réussi à te séduire ni même à te mettre dans son lit.
- Je veillerai à nos intérêts, fais-moi confiance, Aristote, accepta Oscar. Je vais donner des ordres en conséquence.
La communication fut coupée alors qu'Isabelle finissait de se rhabiller. Elle regarda langoureusement vers son mari. Celui-ci lui fit un sourire des plus canailles.
- N'ai-je pas le droit à un moment de plaisir, Isabelle ? se plaignit Oscar en souriant.
- Vous avez du travail, ce sera donc pour plus tard. Je ne renonce pas à une petite partie à trois, si vous voulez savoir.
- Dès que nous en aurons fini avec Sylvidra, je vous offrirai une nuit que vous ne serez pas prête d'oublier.
- J'en serai ravie. Par contre, je tiens à vous prévenir que je ne suis plus sous contraceptif. Aussi, si ce soir nous ne nous protégeons pas, vous risquez d'avoir un héritier plus tôt que prévu, indiqua-t-elle en souriant.
- Vous étiez sous contraceptif ? s'étonna Oscar
- Une des précautions prises par mon père qui ne voulait pas que vous me donniez d'enfant. Il préférait que ce soit Hans, le donneur.
- Et à juste titre, si on pense à Mark, grinça Oscar vexé.
- Je ne suis pas aussi difficile que mon père dans ce domaine. Un héritier qui aurait votre intelligence serait parfait. Qu'en dîtes-vous, Oscar ? On met en route un bébé ? proposa Isabelle en souriant.
L'invitation laissa Oscar perplexe. Il devait sérieusement penser à la chose. Jusqu'à présent, cela ne lui avait pas effleuré l'esprit de faire un enfant avec son épouse actuelle. Il sourit, gêné, et quitta la cabine sans répondre. Von Stadt vit le visage d'Isabelle prendre un air vraiment triste. Il se leva pour la prendre dans ses bras.
- Laissez-le réfléchir un peu, Isabelle. Les choses se précipitent en ce moment et il a une guerre à gagner contre votre père, la consola Von Stadt.
Le comportement de celui-ci avait changé depuis le début de sa liaison avec le duc de Péhant. Il semblait plus serein et nettement plus épanoui. Isabelle lui sourit timidement. Je jeune Von Stadt quitta la cabine pour rejoindre le pont, laissant Isabelle dans ses pensées. Celle-ci avait légèrement tressailli en entendant le nom de la légendaire reine des Mazones. Elle ne pensait pas que celle-ci resterait. Pour Isabelle, la reine pourrait être une alliée précieuse. Il fallait qu'elle trouve le moyen d'entrer en contact avec elle et de rester seule avec la reine afin de lui exposer son plan et de lui proposer une alliance qui leur permettrait de vaincre à toutes les deux. Elle alla s'installer sur le canapé de la cabine, attendant le retour de son mari.
Le Vénus amorça sa descente vers Amos avec une dizaine d'autres bâtiments. Les pilotes repérèrent la base où trônait en son centre, le vaisseau de la reine. Les moteurs du vaisseau étaient à l'arrêt. Sylvidra attendait la visite des nouveaux maîtres de cette partie de la galaxie, tranquillement assise sur son trône de reine. Sylvidra avait fait exécuter sa belle-fille dès que Kimura et ses deux comparses avaient quitté la base. Il était hors de question pour elle de garder en vie une femme qui fomentait son assassinat avec la complicité de la Grande Prêtresse. Dès que le contact fut établi avec son armée secrète, elle avait ordonné la capture puis la mise à mort de celle-ci. Le choc avait été grand pour la population de civils qui avaient rejoint le point de ralliement après la chute de Gaia mais les preuves trouvées dans le vaisseau étaient accablantes. Les Mazones furent soulagées d'avoir enfin des nouvelles de leur reine. Ils furent désolés d'apprendre le décès de Mark. La reine leur assura que la descendance de son fils était malgré tout assurée grâce à la naissance de Thomas. Les capteurs poussés au maximum, la reine assista à l'atterrissage du vaisseau commandé par Oscar suivi par celui dirigé par son ex amant. Elle respira profondément. La négociation promettait d'être difficile. Elle allait devoir prendre certaines précautions. Elle avait envoyé à ses scientifiques tout ce qu'elle savait sur les modifications génétiques subies par les amis d'Aristote et la surprise avait été de taille. Sylvidra avait quelques atouts dans sa manche à présent. Kimura l'avait laissé libre pour qu'elle soigne les hybrides, et, ainsi épargner aux humains de la galaxie de subir des guerres destructrices liées à la folie sanguinaire qui s'emparait progressivement des hybrides, mais elle ne le ferait pas sans contrepartie.
Elle avait assisté à la fin de l'Arcadia alors que les vaisseaux dirigés par le duc le pilonnaient sans relâche et étrangement, en voyant le vaisseau d'Harlock exploser, elle avait ressenti de la peine. Ses larmes avaient coulées malgré elle et elle avait enragé en s'apercevant qu'elle ne pouvait contrôler cette émotion violente qui montait en elle. Pour elle, cette faiblesse était inadmissible. Elle soupçonnait fort le docteur Kimura d'avoir réussi à la faire douter d'elle-même en affirmant qu'elle aimait le capitaine de l'Arcadia. Pourtant, elle était forcée d'admettre que déjà, au moment où il avait fini dans les limbes, même si elle avait affiché un sourire, qu'elle s'était réjoui de sa mort certaine, la nuit suivante, en sentant la place vide et froide à côté d'elle, elle avait pleuré. Depuis lors, elle s'était arrangée pour toujours avoir un homme dans son lit afin de pouvoir se réfugier dans ses bras. Aristote avait fait partie de ces nombreux amants de passage, bien qu'elle le conservât près d'elle plus longtemps que beaucoup d'autres. Elle avait su voir en cet homme un potentiel de dirigeant qui lui obéirait fidèlement car amoureux d'elle. Elle avait, grâce à cela, presque oublié le capitaine de l'Arcadia, jusqu'à ce que son appareil sorte des limbes. Elle sortit de ses pensées en voyant Aristote accompagné par Oscar, escortés par des dizaines de soldats entrer dans la salle du trône.
Le regard d'Aristote en posant ses yeux sur elle était inchangé. Intérieurement son cœur se désolait pour lui qu'il soit toujours épris d'elle alors que son cerveau y voyait un atout. Ces émotions contradictoires commençaient à grandement la perturber et elle maudit en pensée le psychiatre qui avait tenté de réveiller sa conscience. Kimura s'était obstiné durant des dizaines de séances quotidiennes à tenter de la faire réagir, de faire naitre en elle des émotions, des sentiments. Elle avait à chaque fois montrée de la colère mais les séances avaient bel et bien commencé à porter leur fruit et cela l'angoissait au plus haut point. Ce petit psy ne comprenait donc pas le rôle imposé à une reine Mazone ? Force de caractère, froideur, exigence, solennité étaient des qualités indispensables pour exercer cette fonction et ce psy semblait croire qu'elle devait balayer tout ça. Cela lui était impossible, elle avait toute la responsabilité du peuple Mazone, son devoir allait envers lui, avant sa vie personnelle. Elle observa de Péhant. Celui-ci n'avait guère changé, il était toujours aussi arrogant et sûr de lui. Aucun des deux hommes ne prit la peine de la saluer ce qui fit sourire la reine. Ces petits humains étaient bien sûrs d'eux alors qu'ils avaient joué avec le feu et qu'ils s'étaient gravement brûlés.
- Félicitation pour votre victoire, les salua la reine en souriant.
- Il est encore trop tôt pour cela, Votre Altesse, répliqua Oscar. Von Kiel est toujours en vie avec son armée.
- A-t-il emmené tout le monde avec lui ? s'enquit la reine. A-t-il emmené femmes et enfants ?
- Il a abandonné sa femme sur Amos mais il a fui avec ses filles.
- Pas toutes ses filles, répliqua la reine. J'ai cru comprendre qu'Isabelle est entre vos mains.
- Ne m'en parlez pas, rétorqua Oscar. Dommage qu'il ne m'ait pas débarrassé de cette idiote.
- Menteur ! l'insulta la reine en souriant. Vous êtes soulagé au contraire qu'il ne l'ait pas emmené avec lui. La petite Isabelle doit avoir beaucoup de renseignements.
- Voyons, ma chère, connaissant le sexisme de Von Kiel, sa fille a été tenue au rôle de potiche, elle ne peut rien m'apprendre ! affirma Oscar sur la défensive.
La reine eut un rire méprisant.
- Vous ne savez pas mentir Oscar. Ne croyez pas que, parce que j'étais captive, j'ignorai ce qu'il se passait à l'extérieur. Croyez-moi, vous ne pourrez pas me berner. Je sais qu'Isabelle participait sans vergogne aux magouilles de son père et qu'elle vous espionnait pour lui donner toutes les informations nécessaires pour vous défaire !
Oscar poussa un soupir d'exaspération.
- Pourquoi n'êtes-vous pas partie ? l'interrogea Oscar que cette discussion énervait.
- Vous savez très bien pourquoi je suis restée… répliqua-t-elle en souriant.
- Sylvidra, commença Aristote.
- Aristote ! le coupa Oscar sèchement. Laisse-moi mener la discussion, ça vaudra mieux.
- Vous êtes bien présomptueux, jeune insolent ! lança Sylvidra durement. Vous vous permettez de traiter aussi mal, un homme qui a dirigé l'ensemble des planètes sous domination humaine pendant quarante ans et qui a su déjouer mes plans !
- Ne vous mêlez pas de ça, Sylvidra ! répliqua Oscar sèchement. Je connais les grandes qualités d'Aristote mais je connais aussi ses faiblesses, c'est pourquoi je ne vous laisserai pas l'influencer. Maintenant, mettez cartes sur table !
- Je sais tout de l'hybridation destinée à vous sauver du virus que mes chercheurs avaient mis au point. Je sais aussi les lourdes conséquences, plus des inédites qui n'ont dû apparaître que maintenant. C'est pourquoi je sais que vous êtes soulagé qu'Isabelle soit entre vos mains. A votre tour, Oscar, d'être franc.
- Vous pouvez nous aider ? demanda Oscar à contrecœur.
- Nous y voilà enfin. J'ai eu le verdict de mes généticiens, il y a peu. Je peux soigner une partie des dégâts mais d'autres seront irréversibles. J'espère que vous n'envisagez pas de vous reproduire entre hybrides car cela ne marchera pas. La stérilité des femmes qui ont subi l'hybridation est définitive. Dites moi, Oscar, avez-vous commis la bêtise de faire subir l'hybridation à votre chère épouse ?
- Non, avoua Oscar d'une voix blanche, l'ADN d'Isabelle est intact.
- Vous vous trouvez dans la même situation que les Illumidas, vous allez devoir mettre la main sur les femmes qui sont dans le camp de Von Kiel, à moins que vous soyez moins exigeants et que vous choisissiez des filles du peuple, ricana Sylvidra.
- Cela ne me dérange pas, elles sont très souvent bien plus agréables à vivre que les femmes de l'aristocratie, soutint Oscar en souriant.
- Bien sûr, mais avouez que vous avez de la chance, vous êtes un futur roi, marié à une fille de sang royal qui pourra vous donner une descendance…
Sylvidra suspendit son discours alors qu'un sourire se glissait sur ses lèvres.
- Tout du moins si elle supporte de porter un enfant hybride qui risque d'être plus difficile à porter qu'un enfant provenant d'un mâle Mazone, acheva-t-elle en riant légèrement. Je ne vous envie pas messieurs, vous auriez dû croire à la victoire de la Résistance et ne pas subir cette dangereuse opération.
- Pourtant Mélina Church a réussi à mettre au monde le fils de Kurt Wilson, répliqua Oscar en souriant.
Il se délecta de la surprise sur le visage de la reine.
- Oh vous ne saviez pas ! se réjouit Oscar. Votre propre laboratoire a veillé sur la grossesse d'un enfant issu d'un mâle Mazone défaillant. Mark tenait tant à ce que son neveu vienne au monde qu'il l'a fait passer pour son fils pour que vos médecins ne procèdent pas à l'avortement qui était obligatoire étant donné les lois passées concernant les Mazones défaillants.
- Mark a toujours eu trop de cœur, comme son père, reconnut Sylvidra avec écœurement.
- Les grossesses seront difficiles mais pas insurmontables, j'en suis certain. Je veillerai sur mon épouse pendant la gestation, affirma Oscar. Et pour l'autre problème ?
- La folie sanguinaire et les problèmes psychologiques ? ricana Sylvidra. Une simple correction suffira.
- Qu'est-ce que vous voulez en échange ? s'enquit Aristote.
- Vous n'avez rien à m'offrir. J'ai une armée qui n'est plus très loin. Si vous tentez quoi que ce soit contre moi, je ferai donner l'assaut et ne croyez pas qu'il s'agit de quelques dizaines de vaisseaux. Cela n'a rien à voir avec l'armée qui a affronté les Résistants. Je ne tenais pas à mettre tous mes œufs dans le même panier juste au cas où. Je dispose d'un millier de bâtiments, alors soyez raisonnable. Je partirai une fois l'opération faite. En revanche, Oscar, je prends votre femme en garantie. Nous savons tous les deux que les autres aristocrates vous accepteront plus facilement si vous êtes marié à une princesse de sang royal, c'est pourquoi je sais que vous ne tenterez rien qui mettra sa vie en péril. Vous avez trop besoin d'elle !
- Je ne comprends pas une telle générosité de votre part, douta Oscar.
La reine eut un ricanement
- Il ne s'agit pas de générosités. D'ici peu, vous serez tous atteint de folie sanguinaire et cela tournera au bain de sang. Je n'ai nulle envie que les Illumidas gagnent et puissent occuper la Terre. S'ils venaient à gagner d'autres territoires, je les aurai sur le dos et je n'y tiens pas. Je vous conseille de vous préparer à les affronter. Envisagez-vous de faire alliance avec Von Kiel ?
Elle observa les deux hommes, aucun des deux ne répondit.
- Bien sûr que non, comprit-elle. Dans ce cas, obtenez que ses équipages se mutinent pour qu'ils se rangent de votre côté et que ce couard se retrouve suspendu par le cou à deux mètres du sol.
- J'avais placé des agents dans ce sens mais Harlock l'a averti et Von Kiel les a éliminés.
- Pas de chance pour vous. Je ne saurai trop vous conseillez de commencer à construire plus de bâtiments de guerre. Ne comptez pas sur mon aide pour les affronter. Je n'ai pas l'intention de m'en mêler.
- Parce qu'en réalité, vous n'avez pas d'armée, se moqua Oscar avec un sourire goguenard.
- Vous pensez que je bluffe ? ricana la reine. Entrez en contact avec les vaisseaux qui sont près de la Terre. Il y a une petite surprise pour vous.
Oscar regarda la reine, inquiet. Celle-ci était bien trop calme, bien trop sûre d'elle, cela ne présageait rien de bon. Il utilisa sa radio pour entrer en contact avec son vaisseau et demanda la liaison avec les bâtiments qui stationnaient autour de la planète bleue.
- Ici le commandant Von Issenheim, Votre Altesse, salua l'officier dans la radio.
- Avez-vous détecté des activités suspectes ? s'enquit Oscar.
- Rien du tout monsieur, indiqua celui-ci.
La reine fit un signe de la tête à une de ses suivantes qui alluma la radio Mazone.
- Ordre est donné aux unités d'apparaître, indiqua la suivante de la reine.
Des vaisseaux Mazones firent alors tomber leur bouclier occultant, apparaissant par centaines sous le regard ébahi de l'officier.
- Monsieur, il y a des appareils Mazones. Un véritable essaim, de lourds bâtiments armés qui viennent de se matérialiser, des centaines d'appareils, paniqua le commandant Von Issenheim.
- Ne bougez pas ! ordonna Oscar. L'armada de la reine Sylvidra nous rend une petite visite.
Oscar coupa la communication. La reine le regardait, glaciale.
- Vous vous êtes laissée capturer, Votre Altesse, pourquoi ? s'étonna Oscar.
- J'étais en train de rejoindre mes troupes lorsque les boucliers de mes vaisseaux ont été détruits par l'orage électromagnétique et les gaz avaient grandement endommagés leurs blindages lorsque je suis tombée sur le vaisseau d'Eliza. Il était encore plus mal en point que le mien mais comme une prise est toujours bonne, je l'ai attaqué. Nous sommes ensuite allés à une mine de carbodiamant en espérant pouvoir refaire les blindages mais Harlock nous est tombé dessus, la suite vous la connaissez J'ai joué le jeu en espérant que les Résistants me voudraient vivante. Maintenant que vous savez tout, amenez-moi votre épouse pour que nous puissions enfin collaborer sereinement.
Oscar contacta alors son vaisseau avec sa radio.
- Friedrich, appela-t-il. Amène mon épouse à bord du vaisseau de Sylvidra.
Isabelle eut la surprise de voir Von Stadt entrer dans la cabine puis de lui demander de le suivre. La jeune femme obtempéra. Ils descendirent du vaisseau, le longèrent puis se dirigèrent vers l'appareil de la reine. Isabelle l'observa sous toutes les coutures. Il était immense, blanc, en forme de toupie. Elle prit la passerelle d'embarquement à la suite de Friedrich. Ils traversèrent les hauts couloirs vert clair puis ils arrivèrent dans la salle du trône où son époux lui exposa la situation. Isabelle n'arrivait pas à croire à sa bonne fortune. Sylvidra s'était engagée à la traiter convenablement. Isabelle devrait juste lui tenir compagnie le temps de l'opération. Alors que son mari s'apprêtait à quitter le vaisseau, elle le retint par le bras
- Vous viendrez me voir ? s'inquiéta-t-elle.
- Pas ce soir en tout cas, j'ai beaucoup de chose à faire, refusa Oscar d'une voix douce s'amusant de la roublardise qu'il sentait dans sa jeune épouse.
- Et Friedrich ? insista-t-elle sur un ton aguicheur.
- Lui aussi a du travail, affirma Oscar en souriant.
- Je vois. Ce n'est pas pour ce soir que j'aurai droit à la petite partie à trois que vous m'avez proposé, se désola Isabelle en souriant.
- Dès que possible, c'est promis, sourit Oscar.
La reine observa ce petit jeu. Décidément, Isabelle Von Kiel n'abandonnait jamais. La jeune femme, une fois son époux descendu de l'appareil, se tourna vers la reine qu'elle salua d'une élégante révérence
- Je suis très honorée de vous être enfin présentée, Votre Altesse, la salua Isabelle.
La reine eut un petit rire
- Il semblerait que les tendances libertines du duc ne vous dérangent pas, glissa Sylvidra.
- Disons qu'étant donné la situation, ces appétits pourraient m'être très utiles, Votre Altesse. Est-ce que lorsque vous aurez soigné l'hybridation, il redeviendra normal ?
- Il y a peu de chance. Lorsqu'à ses dix-huit ans, il a été embauché puis débauché sexuellement par Aristote, il avait déjà un très grand appétit dans ce domaine et les nouvelles expériences ne lui faisaient pas froid aux yeux.
En entendant cela, la jeune Isabelle sourit.
- Pourtant, il est loin d'être idiot. Il n'a suivi ses pulsions sans réfléchir que pour un seul homme, affirma Isabelle.
- Harlock, compléta la reine.
- Cet homme doit être très particulier car même moi, j'ai succombé à ses charmes alors qu'il a l'âge de mon père, plaisanta Isabelle.
- Qu'avez-vous en tête, Isabelle ?
- D'après vous, Sylvidra ? plaisanta Isabelle.
- Une revanche, je dirai, et vous voulez que je vous aide, comprit Sylvidra en souriant.
- C'est plus que ça. Nous savons toutes les deux ce qu'il se passera si Oscar accède au trône et si le Consortium est remis en place. Le fait que vous soignez leur folie sanguinaire ne changera rien à l'affaire. Oscar est un conquérant qui voudra étendre son territoire et nous savons toutes les deux qu'il voudra toujours englober plus de planètes. Je pense que vous avez besoin d'une humanité qui ne vous cherche pas d'ennui et pour cela, il suffit de sceller une alliance.
- Vous voulez régner sur l'humanité ? s'étonna Sylvidra incrédule.
- Pas tout à fait, avoua Isabelle. Sur les hommes.
- Je ne vous suis pas, Isabelle…
- Réfléchissez, Sylvidra. Quels sont ceux fomentent les guerres en permanence, qui désirent sans arrêt prouver qu'ils sont plus forts que leurs voisins ? argumenta Isabelle. Les hommes. Si nous leur retirons tout pouvoir et que ce sont les femmes qui prennent les décisions, l'humanité évoluera beaucoup plus sereinement. Les femmes doivent régner comme au temps des Amazones qui sont des peuplades anciennes qui ont suivi votre exemple. Je ne veux plus que mon mari décide pour moi. J'en ai assez de cette société aristocratique étriquée fonctionnant sur d'anciens codes. Si nous nous allions, Sylvidra, nos deux peuples pourront cohabiter sans problème. Mais pour cela il faut se débarrasser d'un énorme problème et je m'y emploie déjà.
- Est-ce que vous vous rendez compte que je pourrai tout dire à votre mari, Isabelle ? menaça Sylvidra.
- Vous ne le ferez pas car vous pensez comme moi. Si c'était Eliza Zone qui avait gouverné à la place de son père, les choses auraient été différentes et qui sait, elle aurait pu épouser votre fils. Elle n'aurait jamais rencontré le capitaine de l'Arcadia et votre fils n'aurait pas été malheureux. Nous savons toutes les deux que les hommes ne sont pas le sexe fort bien que les femmes le leur laissent croire.
- Quel est votre plan ?
- Pousser mon père et Oscar à s'entretuer, mais en ayant au préalable attendu la construction des vaisseaux nécessaires à combattre les Illumidas. Ceux-ci vont sans doute sagement attendre que cela explose entre mon père et mon époux. Ils doivent se dire qu'ensuite, il leur sera facile d'envahir la galaxie. Si je comprends bien, vous avez reconstitué votre armada, n'est-ce pas ? Sans quoi, jamais Oscar n'aurait pris la peine de négocier avec vous.
La reine eut un petit rire complice qui fit sourire Isabelle.
- Je suppose que les vaisseaux sont basés sur des modèles créés par Eliza.
- Légèrement modifiés, avoua la reine. Je n'ai aucune envie de me prendre une nouvelle raclée comme lorsque Gaia a chuté. Les Résistants, en bénéficiant de son aide, ont facilement gagné mais je ne peux pas nier que c'est un avantage. Grâce à cela, je connais la totalité de mes ennemis, même ceux qui étaient restés soigneusement cachés en espérant remporter la mise. Décidément cette galaxie est bien instable.
- Je saurai la rendre stable, Sylvidra, mais pour cela il me faut une armée. Réfléchissez, les vaisseaux des Illumidas sont bien plus nombreux que vous ne le pensiez. Faîtes-moi accéder au pouvoir Sylvidra, je serai une redoutable alliée face aux Illumidas.
- Je veux bien vous croire ! s'exclama Sylvidra en riant. Vous avez beaucoup appris en quelques mois et votre vraie nature se montre enfin. Vous devez être aussi redoutable qu'Eliza Zone.
- Mais je l'espère bien. Cette femme est un exemple que je compte bien suivre, jusqu'à un certain point, bien sûr.
- L'intégrité en moins ! affirma Sylvidra en souriant.
- Exactement, Votre Altesse.
- J'ai besoin d'une alliée sur qui je peux compter, avança Sylvidra.
- Je serai cette alliée. Je suis comme vous, je veux le pouvoir mais je ne suis pas intrépide. Je fais marcher ma tête. Avez-vous assisté à la fin de Hans ?
- Oui, avoua Sylvidra d'une voix sourde.
Isabelle remarqua le brusque changement de ton.
- Comment c'était ? s'inquiéta Isabelle.
- Regardez par vous-même, proposa Sylvidra alors qu'une vidéo tridimensionnelle envahissait la pièce. Comme vous pouvez le constater, votre époux s'est comporté comme un lâche. Des centaines de vaisseaux contre un seul bâtiment. Harlock s'est battu jusqu'au bout.
Isabelle assista, horrifiée, au jeu de massacre auquel son mari s'était livré. Cela donnait une idée très claire de la brutalité dont il pouvait faire preuve lorsqu'on le trahissait. Les vaisseaux s'étaient vraiment acharnés, donnant une idée précise de la colère du duc envers l'homme dont il était tombé éperdument amoureux. Le film s'arrêta enfin. La reine put voir la grande pâleur de son invitée.
- Contrairement à votre époux, vous n'êtes même pas en colère contre Harlock.
- Il était en infiltration, il a joué le jeu jusqu'au bout, avoua Isabelle. De quel droit serais-je en colère ?
- C'est un point commun que vous avez avec Eliza, vous avez le cœur généreux. J'ai un petit-fils vous savez ? révéla Sylvidra. Il doit être adulte à l'heure actuelle et il a dû hériter de toute la beauté de son grand-père dont son père bénéficiait déjà. Je vais vous montrer Mark pour vous donner une idée des charmes de mon petit-fils.
Une représentation holographique se matérialisa devant Isabelle. Celle-ci fut soufflée devant la grande beauté du souverain de Gaia. Le regard vif et intense des Harlock était renforcé par la noirceur de son iris. Il était comme son père mais sans marque sur le visage.
- Il était vraiment très beau, Votre Altesse, complimenta sincèrement Isabelle. Quand je pense qu'Eliza s'est refusée à lui…
- Son cœur appartenait à Harlock. Ce qui me surprend c'est qu'il lui a appartenu avant même que le destin ne les fasse se croiser. C'est une chose incompréhensible pour moi… Eliza Zone est tombé amoureuse d'un personnage historique et lorsqu'elle a été confrontée à la réalité, malgré la froideur d'Harlock, ses sentiments se sont renforcés. Cela me dépasse totalement.
- Cela vous dirait d'aller vous assurer par vous-même qu'Harlock est bel et bien mort ? proposa brusquement Isabelle.
- Vous avez bien vu l'état de son appareil ! s'exclama la reine en riant d'incrédulité.
- Dois-je vous rappelez que vous pensiez que les limbes l'avaient eu ? se moqua Isabelle. Je ne serais certaine de sa mort qu'en voyant son cadavre !
- Vous voulez vous rendre là-bas ? s'étonna la reine.
- On pourrait y aller dès cette nuit, proposa Isabelle. Vous avez certainement en stock un appareil furtif.
- Et votre mari ?
- Ne vous inquiétez pas pour cela. A l'heure actuelle, il doit chercher mon père. Je suis même certaine qu'il a suffisamment éloigné ses vaisseaux en espérant que mon père tombe dans le piège en se servant de votre vaisseau comme appât.
- En quoi pourrai-je intéresser votre père ? Il m'a toujours méprisé !
- Mais il ne méprise pas votre technologie et votre vaisseau serait une prise de choix. Vous êtes seule, sans défense, qui sait ce qui pourrait se passer, Votre Altesse. Partons en voyage, Sylvidra, au lieu d'attendre que mon père nous tombe dessus. Il faudra juste verrouiller avant de partir ! affirma Isabelle sur un ton enjoué.
Sylvidra ne put s'empêcher de rire. L'idée n'était pas mauvaise après tout mais elle avait peur de sa réaction face au cadavre d'Harlock. Elle était la reine des Mazones. Elle n'avait pas le droit de s'effondrer.
