LE SERPENT ET L'OISEAU (I)

(Apprendre à voler)

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Résumé

« Devenir Auror, toi ? » – Sous la menace du Serpent, Alice se tient prête. Peu importe le prix à payer, les potions ratées, les titulaires grognons, la machine à café qui déconne et les Mangemorts qui se rassemblent dans l'ombre... Sans compter qu'il est là, lui aussi, le mystérieux Frank Londubat. »

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Disclaimer

Tout est à J.K. Rowling, je suis juste là pour m'amuser avec ses jouets.

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Avant-propos

Vous pouvez bien sûr commencer la lecture, mais voici quand même quelques mots pour que vous sachiez dans quoi vous vous embarquez ! Cette fic est la première partie d'une saga appelée « Le Serpent et l'Oiseau », qui relatera les trois années de formation de la future Alice Londubat au poste d'Auror. Avec la présence de Frank (bien entendu), et de quelques autres que vous allez vite découvrir. J'en profiterai pour explorer la montée de Voldemort et la formation du premier l'Ordre du Phénix. Si cette fic possède une tonalité plutôt légère, je voulais tout de même vous signaler la présence de certaines thématiques difficiles (d'où le rating T). Sachant qu'on parle ici de la guerre, il y aura certainement des passages plus sombres, ce qui signifie la mention de violence, physique ou psychologique, au cours de la narration.

Autre chose, la première partie – qui suit donc la première année – est intégralement écrite (un peu plus de vingt chapitres), mais j'aurais besoin de temps pour écrire la deuxième, donc je ne peux pas vous promettre des délais de publications toujours réguliers. J'essaierais de m'en tenir à un chapitre par mois minimum, mais ayant une vie personnelle et professionnelle, blablabla, et me connaissant un peu, je préfère ne rien promettre ! Tout ce que je peux dire, c'est que je suis motivée pour m'y atteler et que je ferai de mon mieux pour ne pas vous laisser tomber.

Je remercie Pamphile pour la relecture de ce chapitre et pour m'avoir gentiment prêté un ou deux noms de personnages dans sa passion des arbres généalogiques ! Et je m'autorise un petit coucou à Sun Dae V, toujours motivante en plus d'avoir une si jolie plume, sans qui j'aurais probablement gardé cette histoire dans mes fichiers cinq ans encore ;)

Bonne lecture !

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Leçon n°1

Il faut toujours s'attendre au pire

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oOoOo

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C'était la même sensation toutes les nuits, un rêve flou et changeant, comme les multiples versions d'une même légende. Alice sortait du manoir sous une lune brillante. Elle s'étonnait d'entendre la mer se briser sur les rochers. La mer ? Que faisait-elle au bord de la maison ? L'eau giclait contre la falaise, bouillonnait noire et profonde entre les pierres et vue d'en haut, proprement terrifiante.

Dissimulée dans le son des vagues s'élève une voix aux accents familiers.

« Alice... »

L'ombre des arbres épouse sa silhouette fine et longiligne, deux yeux bleus qui l'observent, d'abord de loin, puis de près. Ils ne cessent de se rapprocher, de l'enlacer, de l'effleurer de ses longs doigts jusqu'à entamer sa peau avec ses ongles.

Alice se tourne vers la mer déchaînée pour ne pas croiser ses yeux lumineux et durs. Il occupe tout l'espace de la nuit, le chemin de la maison, les lumières de la chambre, le rire de son frère et l'étreinte rassurante de ses parents. Son ombre est partout, même en elle, dans ses pensées, ses désirs et ses peurs, il est là, il l'attend et ne cessera jamais de l'attendre, murmure une voix qui se confond presque avec le vent.

« Tu m'appartiens, Alice. Tu es mienne. »

Ses doigts se font plus pressant contre sa peau. Elle est nue sans le souvenir de s'être déshabillée. Il lui caresse la joue et les cheveux, il lui dit tu m'aimes et il y a tant de conviction dans ses mots que malgré la terreur, elle serait presque tentée d'y croire.

Alice repousse les ombres et recule encore davantage. Devant elle, tournoient les flots impétueux qui n'ont rien à faire là, les morceaux de la lune éclatés dans les vagues alors que lui n'est pas là, ne s'y reflète pas. Elle sent qu'il se rapproche et peu à peu, l'assiège et l'aveugle, la paralyse un peu plus, un piège parfait qui alterne violence et douceur et Alice avance en tremblant vers la mer.

Son sourire s'efface en la voyant sauter.

L'eau est glaciale. Elle l'entraîne au fond, un tourbillon au milieu des rochers, dans l'obscurité des profondeurs. « Alice ! » Là où elle est, Alice ne l'entend plus. Portée au large par les vagues successives, elle s'étonne de respirer encore.

« Tu me le paieras. »

La voix, dispersée entre les flots. Déterminée.

Alice ouvrit les yeux.

oOoOo

NÉS MOLDUS, UN DANGER POUR LE SECRET ?

C'est la thèse soumise par Ambroise Selwyn hier après-midi lors de la séance hebdomadaire du Magenmagot. En s'appuyant sur une étude du scientifique Titus Owen, le Chef des Affaires Internes a mis en évidence que 20% des nés-moldus employés au Ministère parlent à leur famille des dossiers qu'ils y gèrent.

« Est-ce bien raisonnable d'accepter un tel risque au sein de notre administration ? » interroge Ambroise Selwyn. « Nous devons être plus vigilants, apprendre de nos erreurs. » Le souvenir de l'intervention des Oubliators sur le village entier de Rockfield contribue à appuyer sa thèse auprès du Magenmagot. Le ministre de la Magie, cependant, n'a pas souhaité se prononcer sur la question. « Sur le principe, Ambroise n'a pas tort, nous devons absolument faire attention à qui nous engageons », renchérit Rosalia Parkinson, du même Département, pour qui le Secret est une composante essentielle de notre univers.

« Le sang est une discrimination inconcevable aujourd'hui », affirme pourtant avec force Loren Zeller, du Département de détournement des objets moldus. « Sans compter qu'elle est absurde. Les nés-moldus s'adaptent beaucoup plus que les sang-purs au monde non-magique, et sont plus à même de conserver le secret. Doit-on rappeler que chaque année, on trouve encore des sorciers dans les rues, avec leur baguette et chapeau pointu, en dehors de la période d'Halloween ? Selwyn n'a-t-il pas été lui-même averti par le Ministère deux ans plus tôt, pour avoir été aperçu dans le ciel par pas moins de trois moldus ? Tout ça parce qu'il n'avait – je cite – pas envie de prendre le Magicobus ? »

Le discours controversé de Loren Zeller n'a pas fait l'unanimité dans les hautes sphères du Ministère, bien que plusieurs voix de son Département, dont l'ancien journaliste Julius Brown, se soient élevées pour le défendre.

[...]

Alice referma La Gazette sans terminer l'article. Elle maudit ses doigts qui tremblaient sans raison. Ou plutôt, pour une raison qu'elle n'avait aucune envie d'admettre.

On s'habituait à la peur. Le sentiment, vague, diffus, faisait désormais partie d'elle, comme une mélodie légère en fond sonore, qu'elle oubliait un temps mais qui finissait toujours par se rappeler à elle, parce que la peur ne s'effaçait jamais vraiment.

C'était le moment.

Alice avait fait son choix, c'était une question de survie. Elle s'était raccrochée à cette idée – plus jamais – pour être capable de parer à ses attaques, ne plus être dépendante de son regard, de cette menace qu'il faisait peser sur elle. Apprendre et grandir. Et si besoin, elle le tuerait en premier.

En face de la fenêtre, Marlène fumait une cigarette, le regard rivé sur un vieil immeuble bleu pastel. Le voisin devait faire ses pompes, torse-nu sur son balcon, comme tous les matins, songea Alice avec un léger sourire aux lèvres, s'approchant elle aussi pour jeter un œil au spectacle. Les muscles bien dessinés étaient parfaitement visibles de loin, et de la fumée en forme de cœur s'échappait des lèvres de Marlène.

— Tu peux arrêter de fumer dans l'appart' ?

Les yeux de Marlène se détachèrent du voisin à regret, pour décocher à Alice un regard amusé.

— J'ai ouvert la fenêtre, ma belle. Dois-je te rappeler qui le paye, cet appartement ?

Marlène tenait dans sa main une tasse minuscule de café noir. Sous le regard sombre d'Alice, elle y plongea un instant ses lèvres.

— Désolée, finit-elle par lâcher. C'était pas très délicat.

— C'est la vérité, j'imagine.

Alice détestait être dépendante. Elle avait vite compris qu'en dépit des apparences, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Ne pas se reposer sur les autres lui permettait de ne pas être déçue. Mais en l'occurrence, sans ses parents pour la soutenir financièrement, l'indépendance lui était impossible. Elle était obligée de compter sur Marlène.

— Pas trop nerveuse pour ton premier jour ?

Alice haussa les épaules.

— Bof, c'est juste la réunion de rentrée.

— La définition d'un premier jour ! Ne me dis pas que ça n'a pas importance pour toi !

— Bien sûr que ça en a. C'est le début de l'opération 'foutons-nous de la gueule d'Alice pour ses choix débiles et son incapacité à faire quoi que ce soit de ses dix doigts'.

Marlène eut un sourire amusé.

— Comme si tu ne t'étais pas lancée là-dedans justement pour leur prouver le contraire...

Le carburant d'Alice n'était pas son goût pour le travail, non, c'était l'orgueil. Depuis quelques temps, elle ne se nourrissait que du mépris des autres, un combustible à deux doigts de la faire exploser.

— Une riche idée, commenta-t-elle. Vu mes capacités en potions, à mon avis je vais vite prendre la porte.

Marlène vida les cinq millilitres de café que pouvait contenir sa tasse.

— Où est passée ma Alice qui a confiance en elle ? Celle qui a triomphé pendant les ASPIC ?

— Les ASPIC étaient un miracle accompli par Merlin, je ne vois pas d'autre explication.

— Hé, c'est toi qui as voulu t'engager là-dedans ! Moi je t'ai dit de prendre un truc plus simple.

— Comme guérisseuse, c'est ça ?

Aucune des deux n'avait choisi l'option simplicité. Alice aurait pu, on la lui avait proposée. Mais elle avait lu les petites lignes du contrat et décidé que ça n'en valait pas la peine. Elle savait très bien pourquoi elle avait choisi Auror. La petite conversation avec Marlène eut au moins le mérite de le lui rappeler. Ce n'était pas en servant des cafés ou en conduisant le magicobus qu'elle allait se protéger.

— Sérieusement, Alice, te sous-estime pas. T'as eu la force de tous les envoyer balader l'année dernière et crois-moi, c'était le truc le plus courageux que j'ai jamais vu.

oOoOo

C'était étrange de ne plus se rendre à la gare de King Cross un premier septembre. Une cabine téléphonique avait pris la place du train rougeoyant au milieu des rails. Peut-être que son père aurait aimé ça, la voir devant l'entrée du Ministère. Elle n'était pas tellement en contradiction avec les désirs familiaux, retrouver leurs heures de gloires situées quelque part au XVIIIe siècle. Au manoir, elle ne comptait plus les tableaux qui portaient sur le devant de la scène un prestige déjà fané. Sigmond, le grand batteur, Damoclès, ministre de la Magie de 1718 à 1726, et enfin Nicholas Rowle, le célèbre chasseur de dragons dont on narrait encore les histoires aujourd'hui.

Remettre la famille au sein du Ministère. C'était depuis longtemps le plan de Charles Rowle, regagner un peu d'influence et effleurer le pouvoir du passé...

Malgré la grande bâtisse et les vieux objets dans tous les recoins, tout le monde savait que Chaudron Rowle souffrait de la concurrence. Même l'aide d'Haroun Shafiq, l'apothicaire ami de la famille, ne suffisait plus. Une faillite était inéluctable. A la maison, ils n'en parlaient jamais, ils préféraient se répéter les mêmes histoires, se retrancher dans un temps qui n'existait plus. La mythologie familiale s'était étoffée avec le temps, et Nicholas Rowle en était l'un des principaux protagonistes. Tel Ulysse ou Achille, il errait sur son balai volant pour terrasser les plus extraordinaires créatures. Nicholas était d'une intelligence rare et s'accompagnait toujours de gens profondément stupides qu'il sauvait de justesse au bout d'un suspense insoutenable.

Il existait pourtant un gouffre entre le Nicholas Rowle des récits d'aventure et le Nicholas Rowle du tableau qui trônait sur la cheminée. Le premier prouvait sa valeur par des actes d'une noblesse toujours renouvelée. Le second était un bavard invétéré qui se perdait dans des histoires ponctuées d'incohérences si énormes qu'elles prêtaient à sourire.

Au creux du ventre d'Alice, il y avait cette sensation étrange, indéfinissable, un mélange d'excitation et de peur. Alice n'avait pas l'intention de reconquérir le Ministère, profiter de cette force qui montait et qui de plus en plus, se dévoilait au grand jour. Elle voulait juste que sa vie retrouve un sens. Prenant une profonde inspiration, elle pénétra dans le Bureau des Aurors.

La salle de conférence au bout du couloir était aussi accueillante qu'une chambre froide. Ce n'était pas la faute de la décoration – sobre, ou même absente –, plutôt celle de l'homme qui avait pris place sur l'estrade. Il décochait à son audience des regards furieux, attendant sans patience qu'elle s'installe devant lui. Ses yeux étaient littéralement noirs, comme un puits dont on ne peut voir le fond. Alice repéra un siège libre au premier rang et s'excusa auprès d'un inconnu pour s'y installer.

Une voix s'éleva, juste un peu plus loin.

Rowle. Je vois que j'aurais une rivale à ma hauteur !

— Quel flatteur...

Elle aurait reconnu son ton mi-badin, mi-provocateur entre mille. Travis Wenworth lui décocha un sourire, et elle s'étonna d'en éprouver une pointe de soulagement. Il y avait quelque chose de rassurant à croiser un visage familier, fut-il celui de Travis. Alice s'assit à ses côtés à contrecœur.

Il se pencha à son oreille.

— Tu crois qu'on est que tous les deux ? Tu imagines ? Juste toi et moi, pendant trois longues années...

— La ferme, Travis.

S'il y avait bien quelque chose qu'elle n'avait pas envie d'entendre, c'était bien l'avis de Travis Wenworth. Alice avait vécu d'interminables cours de botanique à l'écouter délirer sur sa vie, ses vacances en Crète avec son oncle – Harold Minchum, le ministre de la Magie en personne –, son devoir de préfet, ses dilemmes de capitaine de Quidditch et ainsi de suite. Le Serdaigle était un garçon bavard et occupé ; à l'époque, elle l'écoutait plus pour ne pas se mettre à dos l'élève le plus populaire de l'école que par intérêt pour ce qu'il déblatérait pendant des heures. Avec tout ce qui s'était passé ces deux dernières années, vexer Travis Wenworth était désormais le dernier de ses soucis.

A en voir son sourire, il n'en était nullement offensé.

— Tu sais, ta présence rendra les cours de duel très intéressants...

— Sérieusement, Wenworth, tu ne te tais donc jamais ?

— Je me demande si elle n'est pas avec nous, continua-t-il sans lui prêter la moindre attention, désignant une jeune femme à sa droite.

— Ce ne serait pas Jody Parker ?

— Bien vu !

Parker était une petite célébrité dans les journaux à sensation. Wenworth la détailla du regard, soupçonneux, sans discrétion aucune.

— C'est bizarre, non ? De passer de poursuiveuse de l'année selon Balai-Magazine à apprentie-Auror...

— Un atout pour les épreuves de vol, j'imagine.

Il pâlit.

— Quoi ? répliqua Alice. Tu as peur qu'elle rende les cours de vol très intéressants ?

Si elle avait compris quelque chose sur la philosophie de vie de Wenworth, c'était qu'il y avait lui, ses rivaux, et les autres. Vous n'étiez intéressant que s'il voyait le challenge en vous. Si vous n'étiez pas une menace, vous n'existiez pas à ses yeux. Ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose.

Travis secoua la tête.

— Si les scandales de l'année dernière ne la rattrapent pas. Elle se dopait, non ?

— Je me demande vraiment pourquoi t'étais pas à Serpentard...

— Manque d'ambition, lâcha-t-il d'un ton pince-sans-rire. En tout cas, elle est pas mal.

Alice haussa les épaules. Ce n'était pas tellement qu'elle était jolie. Plus âgée, plus mûre au milieu de gamins à peine adultes, elle dégageait une confiance en elle intimidante.

— Hé, Travis ! Alice !

— Ah, c'est vous ! répliqua ce dernier. Je me demandais où vous étiez passés.

Jack Adams et Benjamin Fenwick. Les garçons les plus Gryffondor qu'il lui ait été donné de rencontrer. Alice s'était souvent demandé si c'était le fait d'être placé dans cette maison qui conditionnait les élèves à la hardiesse ou bien le contraire. Un enfant placé chez les Lions était-il obligé de se montrer courageux pour être à la hauteur de ses camarades ? Ou l'était-il déjà par essence ? A l'inverse, le fait d'être à Serpentard induisait-il le même enfant à tenter, à un moment ou un autre, de prouver sa valeur ?

Sans doute était-ce un mélange des deux.

Jack s'installa à côté d'elle et rejeta ses cheveux blonds en arrière. Il croisa les bras dans une position d'attente, une grimace venant déformer sa mâchoire carrée.

— Un vrai labyrinthe ce Ministère, quand tu ne sais pas où aller.

Benjamin hocha la tête.

— C'est clair. Les escaliers sont immobiles, pourtant ! Voilà qui devrait simplifier les choses. Je dis bien devrait. Je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas été fichus de numéroter leurs salles dans l'ordre. Vous n'avez pas galéré, vous ? Hé, ça va, Alice ? T'as passé un bon été ? Tu sais, c'est marrant, t'es bien la dernière personne que je m'attendais à voir ici !

Comment arrivait-il à débiter autant de mots à la suite sans reprendre sa respiration ? Alice laissa courir le mystère. Physiquement, Benjamin était le parfait opposé de Jack, avec ses cheveux crépus, sa peau sombre et le crochet de serpent qui pendait à son oreille. Il lui adressa un sourire avenant, qui n'effaçait pas pour Alice le sens réel des paroles qu'il venait de prononcer.

« T'es bien la dernière personne que je m'attendais à voir ici ! » – Tu n'y as pas ta place.

Alice se sentit soudain mal à l'aise avec eux. Entre deux Gryffondor zélés et la confiance implacable de Travis Wenworth. Trop tard pour reculer, pour quitter la salle et prendre enfin une décision raisonnable.

— T'as réussi à obtenir tous tes ASPIC ? s'étonna Jack, voyant qu'elle hésitait à répondre.

Elle lui lança un regard noir.

— Ton sens du tact m'impressionnera toujours.

— Je ne voulais pas... Je disais juste que...

— C'est pas grave Adams, je comprends. Mais tu sais, du moment qu'on maîtrise l'Imperium...

Jack pâlit.

— Tu ne devrais pas plaisanter avec les Impardonnables.

— Merci pour la leçon, rétorqua-t-elle d'un ton plus âpre qu'elle ne l'avait voulu, je m'en souviendrai.

Attiser la colère, l'indignation des Gryffondor... Un vieux réflexe de Serpentard. Ils avaient raison, sans doute. Elle-même n'était pas tout à fait sûre de ce qu'elle faisait ici, ni même si elle avait vraiment le droit d'y être. Peu importe, après tout, elle n'était pas là pour se faire des amis.

Benjamin souriait, lui. Il lui adressa un regard qu'elle eut du mal à interpréter. Un regard complice ?

— L'Imperium... Voilà qui jette un éclairage nouveau sur ta note en potion ! s'amusa-t-il.

— Bien. Puisque tout le monde est là...

L'homme aux yeux noirs. Alice avait eu tout le temps d'oublier son existence. Et n'était pas tellement pressée de se rappeler. Il s'était avancé et sur l'estrade et balayait l'assemblée du regard.

— Vous êtes toujours plus nombreux au début.

Silence.

— Mon nom est Bartemius Croupton. En tant que Chef de ce Département, j'ai la responsabilité...

Le grincement d'une porte le coupa dans son discours. Croupton s'immobilisa. Un jeune homme fit son apparition sur le seuil. Il marmonna des excuses à peine audible, à bout de souffle, avant de reculer sous le regard glacial de l'orateur.

— Je crains que vous ne commenciez mal cette formation, jeune homme. La ponctualité est un attribut essentiel chez nos candidats.

— Je suis désolé... Je me suis perdu.

— Le sens de l'orientation aussi. Allez vous asseoir. Votre chaise est juste là, n'allez pas vous perdre en route.

Travis se pencha à l'oreille d'Alice.

— Londubat ? Une matinée décidément pleine de surprises !

Frank Londubat s'assit près de Jack, visiblement mal à l'aise. Celui-ci lui tapota gentiment l'épaule pour le rassurer. Pour une surprise, c'en était bel et bien une.

Que Jack, Benjamin ou Travis tentent la formation n'avait rien de surprenant, Alice ne les aurait vus nulle part ailleurs. Mais Londubat ? Il était bien le seul dont elle n'expliquait pas la présence.

Non pas qu'elle le connaisse très bien. La seule chose qu'ils aient réellement partagée était un exposé en quatrième année, une collaboration qui s'était révélée plutôt désastreuse. Ils suivaient aussi les mêmes cours de potion, les deux dernières années, mais Alice était trop occupée à essayer de survivre pour faire attention à ce qui se passait autour d'elle.

Les potions n'étaient pas la matière d'Alice, c'était bien connu. Slughorn la haïssait. Il avait ses raisons, Alice avait beau provenir d'une famille qui fabriquait des chaudrons, elle passait son temps à les détruire. Elle ne comprenait jamais la méthodologie, oubliait le temps, galérait à découper ses ingrédients et une fois sur deux, infestait les cachots de vapeurs toxiques. La seule raison pour laquelle Slughorn demeurait poli était sans doute la place qu'occupait sa famille dans le Registre sacré des vingt-huit. Hormis cela, ce n'était pas un secret : il la haïssait.

Bien sûr, Slughorn adorait Frank, et à raison. Frank était formidable. Il travaillait avec rigueur et plaçait toujours les bons ingrédients dans un chaudron qui n'explosait jamais. Pour ce qu'elle en savait, Londubat était un garçon qui bossait beaucoup. En passant à la bibliothèque, Alice était presque certaine de l'apercevoir sur un coin de table, seul ou avec ses amis de Poufsouffle, le nez dans ses livres.

— Ma responsabilité est celle de la justice, poursuivit Croupton d'une voix égale. Les temps sont durs. L'envie rôde. Le pouvoir et l'ambition sont tapis parmi nous. Oh, ce n'est pas nouveau : les sorciers ont toujours été balancés entre les exigences de la loi et l'expression du mal la plus incivile et la plus dangereuse. Si la balance s'incline et ne s'effondre pas du côté des ténèbres, c'est que quelques-uns veillent, et sont là pour la faire pencher de l'autre côté. Des hommes et des femmes que vous pourriez devenir. Peut-être. Peut-être pas. La question se pose, mesdames et messieurs : quels individus serez-vous face au mal ?

Alice l'écoutait à peine. Pour une raison inconnue, elle ne parvenait pas à détacher son regard de Londubat. Peut-être qu'il ne paraissait pas appartenir à cet endroit, lui non plus ?

— Que pourra votre noblesse d'esprit face à la haine, au fanatisme et au dégoût ? Quels mots seront les vôtres face à la torture ? Que fera votre bras face à la monstruosité et la laideur du monde ? Que martèleront vos cœurs face à la caresse intime de la mort et aux griffes du sommeil éternel ?

— Tu crois qu'il écrit lui-même ses discours ? fit une voix moqueuse derrière elle. Y'a une tonalité lyrique en plus, cette année.

— Tu vois vraiment Croupton écrire la « caresse intime de la mort » penché sur son parchemin ?

Un rire peu discret retentit. Alice laissa couler les mots sur elle. Puis elle se secoua. Londubat avait beau être le garçon le moins aventureux du monde, s'il voulait risquer de subir la caresse intime de la mort plutôt que cultiver des poireaux dans les campagnes d'Angleterre, c'était son problème. Elle ne le connaissait pas. Ils s'étaient ignorés pendant sept ans. Ils ne fréquentaient pas les mêmes cercles, ne partageaient pas les mêmes centres d'intérêt. Londubat aimait le Quidditch – il avait été remplaçant officiel de l'équipe de Poufsouffle – et le temps qu'il ne passait pas à s'entraîner dans l'espoir de passer titulaire, il le passait dans les serres de Poudlard ou à écouter Hagrid lui parler des créatures de la Forêt Interdite.

Alice reporta son attention sur le discours de Croupton qui déjà lui paraissait interminable.

— Quel individu, chers apprentis, quel individu serez-vous face au mal, au vrai mal ? Je l'ignore. Sur sept candidats, à peine un parviendra au bout. C'est un fait : être Auror est difficile. Être Auror nécessite de l'engagement et des sacrifices. Être Auror nécessite du travail et une dévotion sans mesure. Être Auror n'est pas pour tout le monde. Alors posez-vous chacun la question... Suis-je prêt ? Êtes-vous vraiment prêts ?

La voix de Croupton s'éteignit en renforçant le silence. Il sourit comme pour détendre l'atmosphère. Un échec cuisant. Un sourire aussi froid que ses yeux. Alice frissonna sous son blouson, remarquant avec stupéfaction que Londubat n'avait pas frémi. Il regardait le chef du Département, le visage impassible.

Lorsqu'il tourna la tête vers elle, Alice s'empressa de détourner les yeux.

— Alors les nouveaux ? Comment ça va ?

Croupton avait à peine quitté la pièce que deux garçons – Alice reconnut les jeunes Aurors assis derrière elle – avait surgi dans leur direction. Ils arboraient un sourire ravi.

— Barty n'a pas réveillé en vous l'envie de vous pendre ? s'amusa l'un d'eux.

— C'est son moment préféré de l'année. Il adore terrifier les nouvelles recrues. C'est efficace : si vous survivez à son discours, y'a des chances pour que vous soyez fait pour le job.

L'un d'eux fit une courbette.

— Je m'appelle Fabian. Mon frère c'est Gideon. On est dans notre dernière année de formation.

La salle paraissait presque plus légère. Le visage des deux garçons contrastait agréablement avec la dureté de leur chef. Le premier prit les devants et leur désigna la sortie de la salle de conférence.

— Allez venez ! On va vous faire visiter.

Alice sentit la curiosité lui chatouiller le cœur. Elle emboîta le pas au petit groupe sans réfléchir davantage. Ils étaient bel et bien sept. En plus de Jody Parker et de ses camarades de Poudlard, un garçon blond qu'elle ne connaissait pas les avait suivis.

La première pièce était large et grouillante de vie. Il s'agissait d'un open space, une série de bureaux entièrement à découvert, occupés par des individus vêtus de noir, dynamiques et pressés, même assis. Ils parlaient fort sans toujours attendre la réponse, faisaient voler des notes de service, utilisaient des mots comme code vert ou urgence rouge et discutaient des nouveaux arrivages de balais en dépit des coupes budgétaires. Le bruit et l'agitation l'apaisèrent étrangement et un instant – un instant seulement –, ses doutes s'effacèrent.

— Ici sont rassemblés tous les bureaux des titulaires ! déclara Gideon en leur ouvrant le passage d'un geste de la main.

— Rien d'extraordinaire, mais c'est utile d'avoir une table à soi pour écrire son rapport.

— Je crois qu'ils s'en passeraient bien ! Vous verrez que la procédure ici est une vraie...

— Hé Prewett, vous comptez rester planter dans le couloir toute la journée ? Y'en a qui bossent ici.

L'homme qui passa à côté d'eux arborait des yeux globuleux et une coiffure digne d'un balai brosse. Il adressa aux apprentis un regard furibond. Gideon ne se laissa pas démonter.

— Bonjour Dawlish, la forme ?

Il le salua d'un geste de la main enthousiaste avant de se tourner vers les apprentis, les yeux pétillants de malice :

— N'hésitez pas à leur demander conseil. Un Auror est toujours disponible et vous accueillera avec le sourire aux lèvres. C'est dans son contrat.

— C'est vrai ? s'étonna Jack.

Fabian éclata de rire.

— J'adore les première année. Ils sont adorables.

Jack se renfrogna, vexé. Alice leva les yeux vers la Grande Horloge que Gideon venait de leur désigner, juste au dessus de l'entrée. L'unique aiguille ne désignait pas des chiffres mais des couleurs, de vert à noir en passant par le rouge. Pour le moment, elle était arrêtée presque en haut du cercle, un vert un peu pâle.

— La Grande Horloge indique le niveau d'alerte. Plus on approche du rouge, plus on est dans une situation compliquée. Je crois que le noir indique qu'on est tous mort. Mais bon, c'est encore jamais arrivé.

— Voilà qui est rassurant, articula Benjamin.

Gideon sourit. Ils les conduisit jusqu'à une porte où étaient inscrits les mots « SALLE 106 ».

— C'est bizarre, commenta Travis. Il n'y a pas de salle 105. Ni 107 d'ailleurs. C'est ça dont tu parlais, Benjy ?

— Bienvenue au Ministère, sourit Fabian. La logique n'a jamais été leur priorité.

Une remarque qui pouvait tout à fait s'étendre au monde sorcier dans sa totalité, songea Alice avec amertume.

— C'est donc la salle 106, annonça Gideon. Ou le raccourci, comme on l'appelle parfois. C'est un dispositif qui permet de transplaner quelque part en urgence pourvu que l'on possède un badge à son nom. C'est aussi là que sont gérées les demandes de portoloin, balais et autres tapis volants. Pour l'instant, vous n'avez pas trop à vous en préoccuper.

— Pour l'instant ?

— Du moins jusqu'à décembre. Oh, vous verrez bien, loin de moi l'idée de vous gâcher la surprise.

— En fait, poursuivit Fabian, la première année est surtout composée de cours théoriques. Des trucs bien pointus dispensés par des spécialistes. Aurors ou ex-Aurors d'ailleurs, ça fait un complément de retraite.

— C'est un peu Poudlard bis, en plus hard-core.

Travis grimaça.

— C'est-à-dire ?

— C'est de la théorie. On va plus loin sur certaines matières, on en ajoute d'autres : potions, dissimulation, duel, traque, champ de force, vol en milieu hostile...

— Quasiment toutes, c'est ça ? plaisanta Benjamin.

— C'est ça. Les sorties se font au fur et à mesure et seront de plus en plus régulières. En deuxième année, c'est plutôt une formation en alternance. Vous avez toujours des journées de formation mais la plupart du temps, vous suivez un Auror comme un petit chien.

— Génial !

— Enfin, ça dépend si l'Auror en question est gentil avec les chiens.

Fabian et Gideon échangèrent un regard amusé.

— Quand on pense à ce qui est arrivé à Sturgis...

— Pauvre Sturgis.

— Bref. En troisième année, fini la théorie ! On est petit chien à mi-temps, le reste on commence à voler de nos propres ailes.

Travis fit nerveusement tourner sa baguette entre ses mains.

— Y'a un examen à la fin de l'année ?

— Oui. Celui à la fin de la première année sert à écrémer les troupes. Ils ne gardent que les meilleurs parmi les meilleurs, ceux qui ont réussi à atteindre l'excellence.

Gideon leur adressa un clin d'oeil.

— L'année d'avant, ils étaient neuf, personne n'a réussi. Nous, on était deux à la ligne d'arrivée. C'est ce qu'ils appellent un cru exceptionnel !

— Ils vous diront que c'est pour choisir l'élite, la vérité c'est que ça leur coûte moins cher d'engager des Brigadiers. Les Aurors sont pas trop mal payés. En même temps, on risque notre vie pour ça, donc...

Leurs mots résonnaient plus fort que le lyrisme de Bartemius Croupton. « Vous êtes toujours plus nombreux au début. » Alice entendit le rire désabusé de son frère. Revit l'incompréhension de Narcissa Black. Auror, toi ?

Elle suivit les apprentis au fond du couloir. Fabian ralentit, puis laissa s'installer le silence pour ménager son effet dramatique.

— Ici se trouve la salle la plus extraordinaire que vous ne verrez jamais.

Il ouvrit une porte qui indiquait « Archives » en lettres métalliques. A l'intérieur se dessinait une pièce étroite où trônait, au centre du mur, une unique cheminée.

Le visage de Travis se fendit d'un rire moqueur.

— Ah ça, pour être c'est extraordinaire...

— Méfie-toi toujours de ce qui ne paie pas de mine, répliqua Gideon.

— Nous te présentons la plus grande source d'information du monde magique.

— Casiers, journaux, informations, livres...

— ... Tout ce que les hommes ont un jour accompli est consigné dans cette salle.

— Il ne suffit que d'écrire un nom sur un morceau de parchemin et de le brûler dans cette cheminée pour tout savoir de lui.

Les Prewett refermèrent la porte.

— Mais il faut une accréditation pour pouvoir l'utiliser. Ce n'est pas votre cas.

— Même nous, nous n'avons que des informations partielles...

— Mais un jour...

La voix de Gideon se perdit dans ses rêves. Ce fut Fabian qui le ramena à la réalité.

— Il nous manque l'essentiel !

Les deux frères menèrent le petit groupe jusqu'au hall d'entrée. Le sourire aux lèvres, Gideon ouvrit une porte désignée comme la « salle d'étude ». La pièce était peu spacieuse mais confortable. Des livres de toutes tailles tapissaient les murs, sauf à l'entrée où trois panneaux de liège, qui contenaient affiches et informations diverses, occupaient l'espace. Le fond de la salle accueillait une épaisse cheminée en pierre, autour de laquelle s'éparpillaient trois canapés défoncés, deux poufs et quelques tables.

Entre deux canapés, une boîte noire enveloppée d'un halo de lumière émettait un ronronnement étrange. Elle était dotée d'un tube qui ressemblait à une trompe et qui laissait Alice dubitative malgré la mention « Thé / Café » qu'elle portait un peu plus haut.

— Voici la salle des apprentis, annonça Gideon.

Il s'écarta pour laisser passer les candidats.

— C'est ici qu'on vient manger, lire, étudier, enchaîner les cafés, mourir ou pleurer.

— Ne soyez pas surpris si un Auror décide d'y faire un tour pour le canapé et les cafés gratuits. Vous les reconnaîtrez facilement.

— Un conseil, déclara Fabian avec le plus grand sérieux, ne vous plaignez jamais de ce que vous subissez si un Auror peut vous entendre.

— Mon frère n'a pas tort. Ils le savent, ils l'ont vécu, ils connaissent votre souffrance. Mais ils vous prendront quand même pour des pleurnichards et tout le bureau sera au courant. C'est ce qui est arrivé à Sturgis, tu te souviens Fabian ?

— Oui, c'est vrai... Pauvre Sturgis.

Gideon sourit. Le mot souffrance n'avait plus d'effet sur Alice. Elle le savait déjà, elle n'en avait pas douté une seconde. Jetant un coup d'œil aux autres, elle réalisa que l'excitation dominait la peur.

— Bon, reprit-il, je crois qu'on a fait le tour. Vos emplois du temps sont affichés sur le mur et ils peuvent changer... à peu près n'importe quand.

— Exact, ne vous reposez jamais sur vos lauriers. Ce n'est pas parce qu'il est écrit que vous finissez à 14h que vous finirez à 14h. Le mieux c'est d'être là à 7h du matin tous les jours et de repartir à 20h du soir. On ne sait jamais.

— Et encore, ce serait pas votre plus grosse journée.

Plus leur audience pâlissait, plus le sourire des deux frères s'élargissait. Fabian saisit le tube de la machine et fit couler quelques gouttes de café dans son gobelet.

— On ne va pas vous mentir, la première année est loin d'être une partie de plaisir.

— Mais on y survit ! ajouta Gideon.

— Un conseil : ne vous tuez pas à la tâche non plus. Dans notre promo, cinq ont fini à l'hôpital avant la fin de l'année.

— Vous êtes sérieux ? demanda Jack d'un ton qui révélait une pointe d'angoisse.

Fabian haussa les épaules, l'air de dire on n'arrive pas là par hasard. Gideon tapota le dos du Gryffondor.

— J'aimerais vous dire que ça s'arrange après mais...

— Barty a raison, on ne peut pas dire que les temps les plus paisibles nous attendent.

Les frères Prewett leur adressèrent un dernier sourire.

— Allez, bon courage, les jeunes !

— Nous, on prend les paris sur ceux qui resteront !

Alice les regarda s'éloigner. Au creux de son ventre dansaient des émotions contradictoires. Joie, crainte, excitation. Elle s'était tenue à sa décision. Elle avait surmonté ses difficultés.

Il lui faudrait maintenant rester.

oOoOo

Petite note de fin

J'espère que ce premier chapitre vous aura plu ! Je ne peux pas dire avec certitude quand arrivera la suite, mais j'espère le plus tôt possible. J'ai fait ma rentrée et je vous avoue que c'est une nouvelle vie qui commence sur les chapeaux de roue, je suis bien occupée !

N'hésitez à laisser vos premières impressions, je les lirai avec plaisir.

A bientôt, prenez soin de vous !