Note de l'auteur: Bonjour tout le monde ! Je reviens aujourd'hui vous proposer un univers alternatif, que j'ai créé de toute pièce pour y faire entrer une histoire de romance et d'aventure. J'ai lu beaucoup d'UA qui se basent sur le monde moderne, or j'avais envie de changer un peu, et ce sera davantage un univers de conte/heroic-fantasy que je vous propose aujourd'hui. J'ai écrit cette histoire quasiment dans son entièreté avant que de la publier pour la travailler au maximum, et je suis ravi de vous en proposer le premier chapitre. Au niveau des couples, on va rester sur du très très classique, puisqu'il va s'agir d'un immense Camilo (et je préfère prévenir tout de suite que cette histoire sera vraiment presque intégralement basée sur leurs interactions à eux deux, pour que vous sachiez où vous mettez les pieds). Il y aura quelques autres ships plus ou moins dans le background de l'histoire, qui vont rester eux aussi dans des choses déjà connues et revues. Mais puisqu'il s'agit d'un UA et d'un univers complètement de mon imagination que je vous fais découvrir, autant qu'il vous reste un peu de familiarité.
Warning : Le rating de la fic est M, et bien M. Il s'agit d'une romance yaoi, alors... Il y aura quelques lemons plus loin dans l'histoire. Un peu de violence est à prévoir également. J'ai labellisé cette fiction comme une Romance/Aventure, mais ceux qui me connaissent par ailleurs dans d'autres textes savent que j'ai une vraie tendance à écrire de l'Angst, et cela ne manquera certainement pas dans cette histoire. Vous vous en apercevrez vite.
WARNINGS SUPPLEMENTAIRES : A partir du chapitre 26 et les quinze qui suivront environ, ce qui correspond à ma deuxième partie de fiction, seront mentionnés et explorés les thèmes des troubles psychologiques de l'alimentation et du suicide. Il n'y aura rien d'horrifique mais ces thématiques resteront très importantes dans mon histoire.
Disclaimer : Evidemment, tous les personnages appartiennent à Kuramada. Les seules choses qui m'appartiennent sont les lieux dans lesquels les personnages évolueront... Et il n'y aura pas d'OCs.
Puisque la fiction est déjà écrite, je pourrai publier mes chapitres sur une base régulière, probablement un par semaine. Ce ne sera pas forcément au jour près non plus, mais je ferai de mon mieux pour que ce soit régulier. L'histoire sera quand même assez longue... Donc si vous venez me lire et que vous avez envie de continuer, accrochez-vous, vous êtes partis pour un moment.
Le premier chapitre sera l'un des plus courts de la fic. Il va mettre en place mon univers et la base de mon histoire, qui j'espère vous séduiront assez pour avoir envie de lire la suite. Je rappelle tout de même que je n'écris de la fiction que depuis très peu de temps, et que je me considère encore assez novice en écriture.
Cela étant, j'espère que vous trouverez la lecture de ce premier chapitre agréable. Puisque j'ai fini de blablater, je vais plutôt vous laisser lire mon texte ! Et évidemment, n'hésitez pas à me laisser une petite review, cela me ferait très plaisir.
Bon début de lecture !
Chapitre 1 – L'ordre de mission
Le soleil lumineux suivait une course bien entamée dans un ciel immaculé. Des drapeaux sombres claquaient haut dans le vent sec, tranchant sur un décor de pierre blanche.
En ce jour particulier, la salle du trône du palais, en haut de la Citadelle Bénite, était remplie jusqu'au-dehors. Des magistrats, des nobles, et toutes sortes de gens importants avaient été invités tout en haut de la cité bourgeoise. Ils attendaient avec impatience un communiqué de leur souverain.
Le château et la grande salle étaient bardés de gardes et serviteurs qui essayaient tant bien que mal de faire leur travail, se faufilant à travers la foule. Les échos de voix se suivaient à travers les murs épais de cette place forte. Cette agitation pouvait s'apparenter à des festivités… Mais pourtant, ce n'était pas un jour de fête. Des bannières, portées haut sur les murs de la grande salle, et ornés des armoiries de la Citadelle, étaient teintes de noir pour l'occasion. Au centre de la grande salle de réception, sur un tapis d'un rouge profond, une bonne dizaine de jeunes gens aguerris étaient agenouillés devant le souverain de la cité. Celui-ci portait le titre de Grand Pope, car il était à la fois un souverain militaire, et religieux. Celui-ci était debout, devant le groupe de jeunes gens, dans une posture solennelle. Il semblait attendre quelque chose. Que les gens autour se taisent, sans doute. Cela allait être difficile sans qu'il intervienne, néanmoins. Beaucoup de bruits couraient en ville, ces derniers temps, sur des événements funestes qui seraient arrivés au château. D'ailleurs, les bannières sombres des murs en attestaient. Les racontars et les murmures impatients emplissaient l'assemblée. Les seules personnes silencieuses étaient les jeunes hommes, manifestement tous nobles ou aguerris, qui étaient à genou devant lui. Ils attendaient les ordres de leur supérieur avec appréhension. Le Grand Pope portait une toge d'un blanc immaculé, bordée de dorures, aux liserais rappelant les armoiries sur les bannières. Il se repérait de loin, et c'était d'ailleurs tout le but. Un souverain devait être vu parmi une assemblée de gens ordinaires. Le Grand Pope avait un physique singulier, qui tranchait peut-être davantage encore par rapport à celui des autres : des cheveux d'un vert pomme mûre, et un manque étonnant de sourcils. Ceux-ci étaient remplacés par deux cercles d'un rouge éteint à leur base. Sous ceux-ci s'ouvraient des yeux violacés capables de perturber qui que ce soit les croisant. Oui… Cet homme s'imposait particulièrement par son charisme et sa prestance.
Du moins, c'était la réflexion qu'était en train de se faire un jeune homme à la longue chevelure d'un bleu-violet profond, parmi tous ceux agenouillés devant lui. Celui-ci avait risqué une œillade vers son supérieur, pour mieux l'observer. Le Grand Pope l'avait tout de suite surpris et dévisagé sévèrement. C'était comme s'il voyait tout, s'apeura légèrement l'intéressé. Obéissant, et ne cherchant pas les soucis devant cette assemblée de gens riches et nobles, il avait baissé son regard azur sur ses chaussures, attendant qu'on veuille bien lui expliquer ce qu'il faisait là.
Milo, car c'était son nom, était venu directement de la Tour de Garde. C'était un édifice militaire, qui se situait à deux jours de marche au sud de la Citadelle Bénite. Milo était chevalier, et haut gradé. A la Tour de Garde, il était responsable de la surveillance des bateaux qui passaient sur la Voie de Navigation Stable. La Tour de Garde, d'où il avait cheminé ce jour-là, était un édifice militaire, qui servait surtout à la défense. Elle préservait la Citadelle d'attaques, notamment par la mer, puisqu'elle y était au bord. Son rôle était à la fois de garantir la sécurité du côté de la mer, d'où venaient la plupart des choses étranges et des attaques, mais aussi de produire une garnison entraînée pour défendre les terres autour. Milo y avait toute une équipe, sur laquelle il avait droit de vie et de mort. Il y avait un autre chef du camp de la Tour de Garde présent dans cette assemblée, notamment le Général Aiolia. Ce dernier était son meilleur ami. Il avait cheminé avec lui jusqu'à la salle du trône, puisqu'il avait reçu le même ordre de convocation que Milo. Il se tenait d'ailleurs à sa droite, à genou comme les autres. Les deux hommes étaient tous les deux jeunes, et s'ils avaient pu accéder à des positions aussi hautes dans leur corps d'armée, c'était parce qu'ils étaient particulièrement doués au maniement de leur arme. Cela n'expliquait pas pour autant pourquoi ils avaient été demandés à la Citadelle Bénite. En général, les gens qui y officiaient étaient encore plus gradés qu'eux. La Tour de Garde était spartiate et strictement militaire, contrairement à la Citadelle, lieu florissant de commerce, et bourgeois. Se retrouver dans un endroit fastueux et civil était un peu déroutant pour Milo, qui avait passé le plus clair de son existence dans des camps militaires.
« Noble peuple de la Citadelle », commença soudain le souverain d'une voix forte. Milo avait failli l'oublier, plongé comme il l'avait été dans ses réflexions.
« Je vous ai fait venir aujourd'hui pour déplorer officiellement un événement d'une grave amplitude, annonça ensuite le Grand Pope. Il y a quelques jours, au vu et au su de nos gardes les plus aguerris, la princesse Saori, ma fille adoptive, a été enlevée par un individu puissant. Nous avons reçu de sa part une demande de rançon, ce qui nous a permis d'identifier qui était le coupable. Il s'agit du Seigneur Hadès, qui règne dans son Château des Ombres, au nord de la Grande Île de l'Au-Delà. »
A ces mots, un silence de mort tomba sur l'assemblée. Tous les gens présents connaissaient le nom de ce Seigneur Hadès. C'était un ennemi de longue date de la Citadelle Bénite, qui se terrait dans un bastion fortifié sur une île voisine, très vaste. Les deux clans s'étaient faits la guerre pendant des générations. Une telle nouvelle ne pouvait qu'emplir d'effroi tous ceux qui pourraient l'entendre. Hadès n'était pas n'importe qui. Tous connaissaient et craignaient sa puissance dans son royaume où la mort, disait-on, se tapissait à chaque recoin.
« Ma fille est la réincarnation d'une déesse, continua le souverain d'une voix imperturbable et forte. En tant que telle, elle garantit la paix, et la justice sur nos terres. Elle est notre raison d'être, notre souffle de vie. Il est parfaitement intolérable qu'elle ne soit plus présente à la Citadelle Bénite pour nous garantir la lumière. Le Seigneur Hadès met notre équilibre en danger en nous dérobant notre chère Saori. Chevaliers, et jeunes gens émérites, levez-vous. »
Devant l'ordre de leur supérieur, les jeunes hommes agenouillés se levèrent.
« Moi, Shion, vous donne à tous une chance de rendre votre existence plus glorieuse encore qu'elle ne l'est déjà. Si vous avez été convoqués ici, c'est parce que la Citadelle Bénite reconnaît en vous un véritable talent. Celui-ci ne saurait nous être plus utile qu'en ces temps sombres. Nous faisons appel à vous pour aller combattre le Seigneur Hadès, et ramener la princesse en ces terres. A celui qui me ramènera ma fille, je promets une prime d'un million de pièces d'or, et sa main. Vous qui êtes nobles, chevaliers, magistrats, ou magiciens, répondez à mon appel pour la sauvegarde de la paix sur notre Continent Béni. Le premier d'entre vous, jeunes gens, qui ramènera ma fille adoptive à la Citadelle, lieu duquel elle n'aurait jamais dû partir, se verra accorder cet honneur. Soyez preux, vertueux et courageux. Que Saori nous revienne saine et sauve ! »
Tous les hommes debout face à lui, incrédules d'une telle nouvelle, hochèrent solennellement de la tête d'un même ensemble. L'ordre de mission était donné. Le Grand Pope, qui avait déclaré ce qu'il avait à déclarer, ne jugea pas utile de prolonger la séance. Son exposé avait été clair et concis. Alors il donna signe à ses gardes d'ouvrir les portes. Avec un vrombissement de trompettes, tous sortirent sur son ordre. Les hommes appelés au sauvetage de la princesse sortirent d'abord, et la foule qui était avec eux dans la grande salle se dissipa lentement.
Milo et Aiolia, qui étaient restés côte à côte durant la cérémonie, se cherchèrent des yeux dans la cohue. Ils sortirent péniblement du Château en zigzaguant entre les gens, qui braillaient toutes sortes de commentaires et d'opinions pessimistes. Les deux amis firent de leur mieux pour ne pas se perdre à travers la foule, qui sortait assez lentement du palais. Le discours de leur supérieur avait été court, mais éloquent. Il offrait de belles possibilités pour un jeune chevalier. Milo en était très excité. Cela faisait longtemps qu'il rêvait d'une aventure. Il avait été toute sa vie dans la position de celui qui appliquait à la lettre des directives militaires strictes. Il n'avait pas eu beaucoup l'occasion de voyager beaucoup, tout au long de sa jeunesse. Il ne connaissait d'ailleurs bien que les terres du Continent Béni, sur lequel il avait tout son passé militaire. Rester dans sa Tour à regarder les mouettes et les quelques rafiots courageux qui se risquaient dans la Mer du Tumulte n'était pas une activité qui l'amusait beaucoup. C'était statique… Ennuyeux, et répétitif. Lui proposer de sauver, puis d'épouser une fille de souverain… Voilà qui éclaircissait un peu ses perspectives !
Aiolia et Milo ne dirent rien jusqu'à la sortie du palais, concentrés qu'ils étaient de ne pas se perdre. Lorsqu'ils se retrouvèrent sur le parvis du palais, au milieu d'une foule qui commençait à se clairsemer, ils décidèrent silencieusement de redescendre à la ville basse de la Citadelle. C'étaient là que se tenaient les meilleures auberges. Enfin, c'était surtout d'après ce qu'en disait Aiolia. Celui-ci n'était vraiment pas à l'aise dans les ambiances mondaines, comme Milo. Il n'avait pas trop l'habitude de se mêler aux riches. D'un hochement de tête commun et silencieux, les deux amis se mirent à marcher dans la même direction, pensifs. Ils digéraient la nouvelle. Ses bons et ses mauvais côtés. Le chemin se fit plus en descente. Le palais du Pope se situait tout en haut de la colline sur laquelle la Citadelle Bénite était construite, et il faudrait redescendre pour atteindre des quartiers plus populaires.
« Tu te rends compte ? » S'exclama enfin Milo, laissant exploser son incrédulité. Aiolia vint le regarder, après avoir fait attention de ne pas rater une marche.
« La fille du Grand Pope et une prime d'un million de pièces d'or ! Continua Milo sur un ton nettement enjoué. Quelle aubaine ! »
Son ami le général ne répondit pas tout de suite.
« Sans doute », prononça-t-il sur un ton circonspect. Manifestement, il réfléchissait à voix haute. Aiolia ne semblait pas aussi excité que son compagnon à l'idée de partir à l'aventure.
« Tu sais que ce n'est pas vraiment sa fille, lui rappela-t-il pour toute réponse. Les légendes racontent qu'elle est tombée du ciel sur la Citadelle Bénite.
- Je sais, je sais, justement ! S'enthousiasma Milo. Je connais les légendes aussi, tu sais. En tout cas, j'ai entendu dire qu'elle est vraiment magnifique. Tu imagines, toi, te marier à l'équivalent d'une déesse ? Faudrait être sacrément chanceux !
- Ouais ? Fit Aiolia avec moins d'entrain. Moi, ça ne me dit pas tant que ça. »
Milo le dévisagea avec étonnement. Visiblement, Aiolia ne partageait pas du tout son excitation. Ça ne lui ressemblait pas, ça. Le chevalier ne comprenait pas bien ce que son ami lui disait. Ça ne lui disait pas d'épouser la plus belle femme du monde ? Et de sortir un peu du trou à rats qu'était la Tour de Garde ? Lui, ça lui disait carrément. De l'aventure, une belle femme, du pognon… Que de bonnes nouvelles, en fait ! Il en remercierait presque le Seigneur Hadès de lui fournir une occasion de se dégourdir les jambes !
« Ça te dit pas d'épouser une déesse, vraiment ? Répéta-t-il, ne cachant pas sa surprise. Pourtant, regarde, y'a tous les avantages : tu quittes cette foutue Tour de Garde en te rangeant, t'as une belle somme pour t'acheter ce que tu veux, et ta femme est la plus belle qui soit ! Moi, ça me semble être un bon programme, dit comme ça !
- Boh, répondit Aiolia sans entrain particulier. Tu sais, tout n'est pas à jeter, à la Tour de Garde. »
Milo se fendit alors d'un sourire joueur. Mais oui… C'était vrai. Comment avait-il pu oublier ?
« Oui, et certainement pas une petite rousse de ta connaissance, hein ? Se moqua-t-il gentiment.
- Ferme-la, Milo, se défendit immédiatement Aiolia. Laisse Marine en dehors de ça.
- Et pourquoi ? Rétorqua son ami avec délectation. J'ai pas raison ?
- Peut-être, admit Aiolia sans s'embarrasser des masses. Mais il n'y a pas que ça, tu sais. Je suis aussi attaché à nos hommes. Et je trouve que ça ne se fait pas, de se barrer comme ça sans prévenir. Eux, ils nous voient comme leur exemple.
- Franchement, répliqua Milo, ils ne devraient pas. J'ai rien de quelqu'un d'exemplaire. Loin de là.
- Laisse-moi corriger, alors, fit Aiolia avec un sourire complice. Ils me voient comme un exemple. »
Milo haussa les épaules.
« Mouais. Enfin, tu sais, c'est dommage, se plaignit-t-il, sans se vexer le moins du monde. Je me faisais une joie de faire la route avec toi. Parce que j'imagine que tu ne vas pas venir avec moi, n'est-ce pas ?
- Non », répondit Aiolia le plus simplement du monde.
Milo lui fit un sourire amusé. Son ami n'était vraiment pas croyable.
« Franchement, Aiolia, je t'aime bien, mais des fois… Je t'avoue que je te comprends pas, avoua-t-il sincèrement. Tu as le choix entre épouser une déesse et une petite responsable de la garde et tu choisis la deuxième option ? Pas que je critique ta Marine, évidemment, mais…
- Milo, le gronda un peu Aiolia. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
- Tu ne vas pas me faire croire que la princesse est laide comme un pou, je n'y croirais pas.
- Je n'ai jamais dit ça. Mais je crois que tu ne peux pas comprendre. »
Milo le dévisagea un instant, une lueur un peu vexée passant dans son beau regard bleu.
« Non mais, écoute moi l'autre. Te gêne pas, traite-moi d'idiot tant qu'on y est, ronchonna-t-il en croisant les bras sur son torse.
- Ça n'a rien à voir avec de l'intelligence, le contredit Aiolia. Simplement, tu n'es jamais tombé amoureux. Et crois-moi, quand on l'est, on se fiche bien de savoir qui peut être la plus belle femme sur terre.
- Mouais », fit Milo, une moue boudeuse sur son beau visage.
Il y eut un silence entre les deux amis. Leurs pas les menaient plus profondément dans la ville. Ils commençaient à devoir éviter des charrettes de victuailles et des vendeurs de poules. De fait, et au grand soulagement d'Aiolia, ils commençaient à arriver dans des quartiers plus populaires.
« Et puis, t'as qu'à te dire que je te rends un fier service, déclara Aiolia, après avoir évité de peu un gosse qui courait en sens inverse.
- Ah ? Et lequel ? S'étonna Milo en croisant son regard clair.
- Si je ne viens pas, ça te fera un concurrent de moins », expliqua-t-il avec un sourire complice.
Milo secoua la tête, amusé et résigné à la fois.
« Tu me connais. J'aurais volontiers partagé le pactole. En plus, comme t'as l'air plutôt enclin à me laisser la fille…
- Milo, le coupa le général. Tu ne devrais pas parler comme ça de la princesse Saori. Elle est censée être la réincarnation d'une déesse, ou de je ne sais plus quoi…
- Ouais ! Rit alors franchement Milo. Ça, c'est ce qu'ils nous disent pour qu'on aille la chercher plus vite !
- Eh, le réprimanda gentiment son ami. Je te signale que la souveraineté de la Citadelle Bénite repose sur sa présence sacrée. Sans elle, toi et moi, on n'a plus de job.
- Pas faux, admit Milo sans se démonter. Donc c'est un service d'utilité publique, en quelque sorte ?
- En quelque sorte », agréa Aiolia avec un petit sourire.
Sur ces belles paroles, les deux amis finirent par atteindre une auberge. Aiolia fit un mouvement de tête en direction de la modeste enseigne.
« Tiens, tu veux que je te paye un verre ? Pour fêter ton départ, précisa-t-il.
- Proposé si gentiment, comment je pourrais refuser ? » S'exclama Milo, plus qu'enclin à s'amuser avec un ami.
Les deux gradés, d'un commun accord, entrèrent alors dans l'établissement. Il était plein à craquer, à cette heure-là. Traversant silencieusement les rangées garnies de tablées bien agitées, ils choisirent un emplacement près d'un mur. Une serveuse s'avança directement pour prendre leur commande. Lorsqu'elle eut tourné les talons, Milo et Aiolia se remirent à causer d'un air grave.
« T'es vraiment, vraiment sûr ? Lui redemanda Milo avec une moue enfantine. Tu sais, y'aurait matière à nous amuser, tous les deux. Même sans considérer la récompense. Et puis, tu sais bien que j'ai pas un sens de l'orientation fantastique. Tu ne vas pas m'abandonner tout seul sur une île immense, que je connais même pas, en plus, si ?
- T'achèteras des cartes de la Grande Île de l'Au-Delà, et tu repéreras bien, lui sourit son ami, sûr de lui. Après tout, si on te donne la mission, c'est qu'on pense que tu en es capable.
- Tu refuserais comme ça de rendre ce service public ? Une mission de notre souverain ? Il nous l'a donné à nous deux, en plus ! Ce serait dommage de refuser !
- Mais je ne refuse absolument pas. Regarde : je mets carrément mon meilleur homme sur le coup.
- Je ne suis pas sous tes ordres, monsieur le général en titre.
- Ouais, ben ne la ramène pas trop, toi. Moi, au moins, je ne déserte pas mon poste.
- Mais je ne déserte pas, répondit Milo sur un ton mielleux. Je rends mes devoirs devant notre souverain, moi… »
Milo vit Aiolia pousser un soupir.
« T'es vraiment insupportable, tu le sais, ça ? Lui asséna le général en levant les yeux au ciel.
- Mh… je ne suis pas sûr d'avoir imprimé, ironisa Milo, son éternel sourire malicieux aux lèvres. T'as dû me le dire déjà au moins… trois cent fois ? Redis-le, pour voir ? Que je sois sûr.
- Tu devrais t'arrêter de parler de temps en temps, franchement, soupira Aiolia, amusé tout de même. Conseil d'ami.
- C'est ça, grincha Milo. T'es vraiment un ingrat. L'Île de l'Au-Delà, c'est pas pour les mauviettes, à ce qu'on raconte. Et que y'a des marais sur la route, des déserts, des forêts, des montagnes volcaniques… Y'en a pour tous les goûts… A mon avis, t'es pas prêt de revoir ma tête pendant un moment. Tu devrais profiter de pouvoir m'entendre te parler.
- Ça, je peux le caser dans mon programme », lui sourit Aiolia.
Sur ces entrefaites, la serveuse re-pointa le bout de son nez avec leurs bières. Elle les plaça discrètement devant les deux amis, qui les saisirent et trinquèrent tout de suite.
« A ta santé, Milo, déclara Aiolia. Moi, je suis sûr que c'est toi qui ramèneras la princesse. T'es le meilleur d'entre nous. »
Touché malgré tout, Milo lui fit un simple sourire, une lueur complice dans le regard.
