Les personnages appartiennent à Khota Hirano et Capcom.


Allongée sur son corps, la lourdeur de ses muscles lui faisait oublier le froid de la neige qui grignotait de plus en plus son ventre et ses bras, alors qu'elle visait quelque chose au-delà de la couverture de camouflage, totalement recouverte par la poudre blanche.

Allumant sa cigarette au-dessus de sa tête, elle se moqua de ses grelotements, lança quelques blagues perverses en rapport avec sa poitrine et l'allaitement, puis termina par la menace d'une punition brutale et sadique si elle devait, ne serait-ce, rater une fois son coup sitôt que le sac d'explosif sera jeté dans les airs.

_ "L'enfer est une notion universelle. Alors celui des uns peuvent bien croiser celui des autres, non ?"


Rip van Winkle resserra le col de son manteau autour de son cou et balaya avec agacement la neige de ses lunettes. Ses doigts allaient bientôt fusionner avec son mousquet si elle devait encore rester longtemps dans le froid. La guerre l'avait pourtant habitué au pire condition et à dormir dehors, mais la transformation encore récente, ponctuée par le fait qu'elle possédait un organisme lent, alors que les vampires étaient des créatures de la nuit, résultait qu'aujourd'hui, le froid était devenu son pire ennemi.

Elle et ses hommes se trouvaient actuellement à l'orée d'un petit village isolé, en Roumanie. Affamés, impatients et épuisés, ils attendaient depuis plusieurs heures les ordres avec leur lieutenant, espérant ardemment pouvoir attaquer le village et de se nourrir de ses habitants. Mais aucun signal de la part de leur chef à ce sujet, seulement de toujours attendre les ordres.

Les nazis étaient venus en Europe de l'Est dans le but de grossir l'armée de Millénium et d'alimenter la guerre de son Major, à la recherche d'armes, de cobayes et de données scientifiques.

Ils avaient fait un arrêt la veille sur les terres gelées de la Roumanie, en pleine période de l'hiver, car leur chef avait eu vent de rumeurs étranges, et cela incluait le surnaturel. Le Major Montana Max décida donc d'y faire une halte, et en début de journée, ordonna à ses officiers et leurs hommes de se déployer autour du village, d'observer et d'attendre les ordres, tout en demeurant, et ce, impérativement, discrets et silencieux, pour ne pas attirer l'attention et rompre leur couverture, alors que leur zeppelin demeurait caché dans les nuages, bien plus loin.

Les heures ont passé, et Rip était complètement gelée. Assise en tailleur dans la neige, son mousquet sur ses cuisses, les bras croisés, elle grognait de plus en plus la douleur du froid, tout comme son estomac avec celle de la faim.

_ Impatiente d'aller en Russie, s'exclama-t-elle avec sarcasme, mais que faites-vous Major je m'impatiente !

_ Toujours aucune nouvelle Lieutenant. Vous pensez qu'on devrait partir, interrogea un soldat agacé, comme les autres, à sa cheffe.

_ On ne peut pas, grommela et frissonna Rip en claquant des dents, on doit respecter les ordres du Major.

_ Je vais finir par bouffer ce village en entier, cracha un autre soldat.

_ Et moi piller ce foutu château ! Je suis sûr qu'il y a des saloperies d'aristocrates qui se la coulent douce à l'intérieur, grogna un autre.

Le sujet attira l'attention de Rip sur le gigantesque château qui surplombait le village. Il était énorme et imposant, gothique et sombre, couvert par la neige et la glace, et très intrigant...

Les soldats n'avaient eu de cesse de plaisanter au sujet de savoir si le Dracula de Bram Stoker s'y trouvait. La chasseresse se posa plutôt la question de savoir s'il n'y avait pas quelque chose de bien plus intéressant et "réaliste" à l'intérieur. Les châteaux de nobles avaient abrité de nombreux soldats durant la guerre, et d'officiers. Il pourrait y avoir des trésors et des armes, voir bien plus, cachés entre ses murs. Le Major s'était, lui aussi, montré très intéressé par les lieux mais n'avaient pas encore ordonné à ses hommes de s'y rendre.

Rip se frotta les mains avec agacement. Elle siffla entre ses dents. Le froid l'a gagné de plus en plus. Ses bras, ses jambes, ses cuisses, sa poitrine, ses doigts, ses orteils, ses oreilles... Bientôt elle ne parviendrait plus à se servir de son arme. Son uniforme SS et son manteau ne suffiraient plus à la réchauffer et elle rejoindrait les cadavres dans la glace. Et puis le Doc la réanimerait et elle passerait de nouveau ses journées dans son laboratoire...

_ J'y vais !

Rip se leva soudainement, pris son arme, sa gourde remplie à moitié de sang, et s'avança vers le village.

_ Lieutenant où allez-vous ? Attendez-nous !

Les soldats commencèrent à se relever en vitesse lorsque Rip les arrêta.

_ Vous, restez ici ! Je pars en éclaireur seule !

_ Mais, interpella avec choc un soldat, vous êtes sûr Lieutenant ?

_ Je vais observer les alentours, je reviens dans une heure, restez ici et attendez les ordres du Major !

_ A vos ordres Lieutenant ! Saluèrent les soldats.

Rip s'éloigna d'eux quand quelque chose de roux et petit sortit d'un des sacs de munitions.

Un chat.

Il se jeta à la poursuite de Rip et se mit à la suivre une fois à sa portée.

_ Va-t'en Schrödinger ! Tu ne viens pas avec moi !

Avant qu'il ne soit le jeune garçon hybride, Schrödinger était auparavant le prénom porté par la mascotte du régiment, un chat roux désobéissant à tous ordres donnés par un autre que le Major ou le Doc. Rip soupira, le chat la suivrait quand même. Elle espéra qu'il ne soit pas tué sur la route ou le Doc serait furieux contre elle.

Et quelle honte penserait son chef lorsqu'il l'apprendrait en train de marcher en dehors de ses ordres...

Seulement Rip ne pouvait pas attendre de devenir un glaçon, l'humiliation serait bien pire pour elle.

Alors elle avança vers le village un peu plus bas, le chat roux sur ses pas.

Ce fut le soir, le soleil se couchait tout juste. Rip fit preuve de discrétion auprès des habitants, comme un chasseur, avec son mousquet aussi grand qu'elle. Les villageois étaient tous en train de rentrer chez eux, précipitamment, sitôt que sonna le clocher. Rip en profita pour faire la route jusqu'au château, observant les villageois éteindre chaque lumière, fermer chaque porte et fenêtre, comme pour se protéger quelque chose.

Rip longea les maisons en passant par les champs, montant par-dessus les barrières, enjambant les basses-cours et les poulaillers, empruntant même le cimetière, avant de finalement traverser les vignes. C'est là que Rip repéra l'entrée du château.

_ Vous n'êtes pas d'ici mademoiselle !

Rip sursauta à la voix soudaine derrière sa tête. Schrödinger aussi. Elle se retourna immédiatement, pointant son mousquet vers une silhouette imposante, le chat feulant à ses pieds. La forme semblait fumer nonchalamment un cigare dans la pénombre croissante, assis sur un chariot en bois garnis de nombreux objets.

_ Si vous criez je vous pulvérise la cervelle, menaça Rip.

_ Allons, allons, je ne suis certainement pas une menace pour vous, ria l'homme obèse, je suis le Duc, marchant itinérant du village et des quatre seigneurs qui y règnent. Et vous ? Je ne crois pas vous avoir vu auparavant ni entendu parler d'une jeune fille avec un mousquet et un chat ?

_ Lieutenant Rip van Winkle, et mes balles extermineront tout le monde sans distinction !

_ Quel beau slogan ! Et que venez-vous faire dans ce village ? Ces deux s sur le col de cet uniforme... ne sont pas anodins n'est-ce pas ?

_ Je suis là pour mon Major ! Qui habite le château ?

_ Oooooh, roucoula le Duc, vous voulez vous rendre au château ? Je dois avouer qu'il a quelque chose d'étrange mais... êtes-vous de vouloir affronter ceux qui y habitent sans aucune raison logique ?

Rip pointa soudainement son mousquet sur son visage, mais le Duc demeura toujours aussi souriant et tranquille :

_ Pour qui me prenez-vous ?! Vous essayez de m'arrêter ! Je pourrais vous tuer !

Le Duc se mit à rire, ce qui irrita fortement Rip qui hésita un peu plus appuyer sur la détente, mais ça serait une balle perdue contre un rien.

_ Ne vous énervez pas, sourit-il, ce château abrite effectivement de nombreux secrets, et de choses... vraiment étonnantes il est vrai. Mais il y a très peu de moyen d'y entrer, et d'y sortir cela dit ! Si vous deviez y pénétrer, je vous conseillerais de bien vouloir choisir votre entrée en scène, ou risquerez bien de ne plus pouvoir quitter cet opéra sanglant.

En utilisant les mots de Rip, alors qu'ils ne s'étaient tous deux jamais vu, le marchant réussi à apaiser la chasseresse qui se tourna alors vers l'immense château. Elle constata en effet sa hauteur et ses murs lisses, gelés et glacés. Rip en serra les dents d'avance, elle ne pouvait pas escalader ça, l'effort physique n'était d'ailleurs pas sa tasse de thé, ni emprunter directement la porte d'entrée.

Comment entrer alors ? Les toits étaient vraiment hauts, et à porter d'aucune maison, arbre ou rocher.

_ Si vous voulez, lança le Duc en brisant ses pensées, j'ai des munitions qui pourraient convenir à votre arme.

Rip se retourna brusquement. Elle ne dit rien et s'avança vers le château, le chat sur ses pas.

_ Je vous souhaite de faire bonne route !

Rip leva les yeux aux ciels, ce marchant n'avait été qu'agaçant pour elle. La chasseresse continua sa route jusqu'à l'entrée du château. Comment s'infiltrer ? Rip commença à faire le tour, la rivière qui entourait le château était peu profonde mais le terrain finit par devenir escarpé, et Rip atteignit des falaises glissantes. Elle fit alors demi-tour.

Rip en devint frustrée. Elle ne voulait pas faire revenir sur ses pas. Schrödinger miaula. Il se frotta contre ses jambes et vit ensuite la soldate s'asseoir dans la neige, croisant les bras et boudant son échec.

_ Je n'ai pas envie d'aller de retourner attendre les ordres du Major dans la neige...

Le chat roux se câlina contre elle mais Rip ne lui rendit pas l'affection, trop préoccupée par la situation, alors, il s'éloigna. Un rat blessé surgit. Schrödinger, dressé pour tuer les rats dans le zeppelin, s'élança sur l'animal. Rip l'aperçue et se releva immédiatement, le poursuivant avec panique.

_ Attends Schro ! Je ne dois pas te perdre !

La fuite du rat et la course-poursuite menèrent Rip vers les murs du château. Le rat disparu dans un minuscule trou. Schrödinger fonça presque dessus. Il se mit à gratter et miauler contre la pierre dans l'espoir d'attraper l'animal. Rip soupira, elle avait failli tomber dans la course. Elle grogna sur le chat ignorant jusqu'à ce que son regard croise une autre ouverture dans le mur, juste un peu plus grande pour s'y glisser...

Rip ne chercha pas plus longtemps, ni s'assura du danger et rampa à l'intérieur. Schrödinger s'accroupit légèrement et la suivit. Le tunnel semblait avoir été creusé par quelque chose devant faire à peu près sa taille et sa corpulence, il y plusieurs heures. La terre était froide et humide. Rip ne distingua aucune lumière artificielle par delà sa capacité nyctalope pendant une bonne longue minute avant de percevoir de faibles lueurs. Elle prit d'abord ça pour une hallucination visuelle mais distingua effectivement des bougies et des torches, et ainsi de suite la sortie.

Rip et Schrödinger sortirent d'un trou creusé dans une cage. La porte de celle-ci ouverte, Rip leva de nouveau son arme. Elle était enfin dans le château, ou du moins dans ses sous-sols, et l'odeur du sang frais atteints rapidement ses narines. L'allemande conclut vite, en vampire nazie affamée qui plus est, que les lieux avaient très récemment servis à faire couler le sang, mais en ignora évidemment les raisons, mais cela incluait certainement plus d'une personne.

_ Pourquoi le Major ne veut pas qu'on vienne ici ? Ils ont l'air d'être plutôt sympa, exprima-t-elle gaiement.

Rip porta ses paroles au chat alors que celui-ci passait à travers les barreaux et se fraya un chemin vers des escaliers. Rip le suivit, empruntant un autre chemin entre les différentes cellules, marchant dans toujours plus de sang et d'autres immondices organiques, croisant des chaines et des outils de tortures sur le chemin.

Elle atteignit ensuite les escaliers, les monta avec autant de précaution que le chat qui les grimpa rapidement, et atteints une pièce.

La fenêtre était barricadée, assombrissant fortement la pièce. Rip pouvait sentir le froid pénétrer à l'intérieur des lieux. Elle ne s'attarda pas. Schrödinger continuait son aventure sans prendre garde. Rip rentra dans une cuisine. L'odeur du sang était encore plus forte, et la pièce décorée par les cadavres de nombreuses bêtes, et morceaux d'humains encore frais. Seulement Rip ne perçut aucun cuisinier ou cuisinière dans les environs, comme si la préparation du repas avait été laissée en suspens. En passant à côté d'une bassine, Winkle tomba sur une magnifique bouteille de vin ornée de reliefs en argent, plongée dans le sang.

Mais elle ne resta pas longtemps à côté de ça, elle continua jusqu'à ce qu'à une porte fermée au bout d'un long couloir derrière laquelle Schrödinger eut les poils dressés. Schrödinger feula contre la porte, fermé mais semble-t-elle pas verrouillée. Rip s'approcha lentement, le mousquet vers la porte et le doigt sur la détente. Arrivée au bout, le silence toujours présent, elle approcha lentement son oreille contre la porte.

Rien.

Ou plutôt si.

Un étrange bourdonnement.

Elle ne fut pas étonnée que tout ce carnage est attiré les mouches et autres nuisibles. Mais des pas furent également entendus. Rip se baissa, coinçant son mousquet dans son bras et attrapant le chat dans ses mains pour faire cesser ses feulements. Alors accroupie, le chat dans ses bras, elle observa à travers le trou de la serrure.

De l'autre côté, Rip vit une table à manger mais n'aperçut pas seulement que quelques mouches au-dessus des assiettes. C'est un essaim de plusieurs milliers de mouches qui volèrent dans la pièce et prirent soudainement la forme d'une femme blonde encapuchonnée avec une longue robe noire, au grand étonnement de Rip.

La femme prit un calice vide sur la table, ainsi qu'une bouteille, pareil à celle qui se trouvait derrière Rip.

_ RWAR !

Rip se retourna, une autre femme, brune, portant la même robe, la projeta avec une incroyable force à travers la porte. Winkle atterrit sur le sol. Schrödinger s'échappa de ses mains, se cachant sous la table. Elle saisit son mousquet et tira sur la brunette. La balle virevolta, telle une guêpe, et dans un si petit espace, passa au travers des vases, des chaises, et du corps de la jeune femme.

La balle finit dans le mur. Rip constata avec terreur que le corps de la femme fut intacte. Et tout comme sa comparse, elle pouvait se muer en une nuée de mouches agressives.

La brune se jeta sur Rip. Surprise par l'assaut, Rip lutta avec peur alors qu'elle fut bloquée au sol. Elle utilisa son mousquet pour bloquer les attaques de la faucille que brandissait la brune alors que ses mouches, et celle de la blonde qui approchait d'elles, griffèrent son corps. Rip paniqua, lorsque la crosse de son mousquet entra en collision avec la fenêtre.

Le froid entra dans la pièce. La femme hurla de douleur et se recula avec l'autre de l'autre côté de la table, par delà de la pièce. La régénération se mit à agir sur les blessures de Rip. Voyant à quel point le froid faisait souffrir la brune et chuter les mouches au sol, elle comprit que ce fut peut-être là le moment de tirer à nouveau.

Rip rechargea son arme, à une telle vitesse qu'elle ne s'en rendit même pas compte. Cette fois-ci, la balle atteint la femme brune et la chasseuse fut chassée. La balle traversa quatre fois son corps rendu solide par le froid avant que la brune ne parvint à se muer en nuée et échapper à la balle une fois de plus.

_ Cassandra, hurla la blonde.

Après le tir, la blonde se mua en nuée et se rua vers la pièce avec colère, seulement le vent glacial la stoppa juste à l'entrée de la salle à manger. Elle grogna de rage tandis que Rip lui donna son plus beau souris machiavélique:

_ On n'aime pas le froid blondinette ?

_ Je t'interdis de m'appeler comme ça, cracha Bela.

Cassandra venait de fuir la balle mais elle fut aussi stoppée à l'entrée de la salle à manger lorsque la balle termina sa course dans le mur qui soutenait l'escalier. Rip brisa la seconde fenêtre sous leurs yeux avec sa crosse, amenant encore plus le froid à la pièce. Elle leur cacha son grincement de dents alors que le vent glacial frappa violemment son dos, mais elle tenait les deux filles en face d'elle, incapable d'attaquer l'allemande.

Rechargeant son arme dont la taille fut pratiquement celle de la pièce, Rip ne voulut toutefois pas attendre à ce que les deux femmes viennent à elle et que leur corps deviennent solide à cause du froid pour leur tirer dessus.

Même si l'expression de frustration et de faiblesse sur leurs visages la remplissait de joie.

Alors que Schrödinger était encore sous la table, Rip se recula et ouvrit la porte derrière elle en tournant la poignée dans son dos. Elle jura, la porte s'ouvrait de l'intérieur.

Une aubaine pour celle qui arriva de l'extérieur.

Rip fut projeté contre la table, ventre contre le bois.

_ Alors voilà donc notre petit soldat curieux ?

Rip entendit la voix lourde au-dessus de sa tête. Se poussant sur le dos, elle écarquilla les yeux devant la femme d'un mètre quatre-vingt-dix, en robe blanche et à la chevelure noire, qui se baissa pour passer la porte, en tenant son large chapeau blanc. Rip fut si bouche bée par la présence imposante qui se dressa au-delà de son mousquet qu'elle ne réagit pas à temps avant que la gigantesque main n'empoigne son cou et la soulève du sol.

La douleur sortit Rip du choc. Elle tenta de se débattre, futilement face à la musculature du bras de celle qui pouvait broyer son cou en un clin d'œil et perdit rapidement ses forces. Sa colère l'amena cependant à dévoiler ses yeux rouges et sa dentition, pointue et acérée comme celle d'un requin.

La grande Lady en fut surprise.

_ Un lycan ? Non, commença-t-elle. Alcina Dimitrescu reconnut les deux s sur le col de Rip. Tu oses t'inviter chez moi et t'en prendre à mes filles en arborant un tel uniforme ?

_ Salo..., s'égorgea Rip dans sa douleur.

Elle dressa son poing mais la comtesse arrêta sans mal son geste :

_ Ici au château Dimtrescu, on n'apprend les bonnes manières aux jeunes filles, tu n'as qu'à demander aux miennes !

Alcina lança Rip à travers la pièce. Atterrissant sur le sol du hall principal, loin des fenêtres et du froid, ainsi que de son mousquet, la chasseresse devint la proie, un lapin pris au piège entre quatre chiens.

Se relevant, elle fut à peine sur ses pieds que quelque chose arriva derrière elle et trancha brutalement la chair de son dos.

Daniela, la benjamine rousse, rejoignit ses sœurs et sa mère, encerclant Rip qui hurla de douleur et s'effondra de nouveau au sol, crachant du sang.

Les trois filles se mirent à rire, alors que l'odeur du sang de Rip atteint les douces narines d'Alcina. La grande dame se mit à sourire avec un grand intérêt.

Cassandra se jeta sur Rip mais sa mère la stoppa immédiatement dans son élan.

_ Attendez les filles ! J'aimerais voir à quoi nous avons affaire avant que vous vous en occupiez !

Cassandra fit la moue mais obéit à sa mère. Celle-ci lui fit signe de remettre Rip sur ses pieds avec Daniela. Ses cheveux agrippés par Cassandra, la brune lui mit sa faucille sous le cou tandis que sa sœur Daniela bloqua l'un des bras de Rip et donna l'autre à Bela qui releva la manche.

_ Non, dit sèchement Alcina. Bela arrêta son geste, elle et ses sœurs regardèrent leur mère avec incompréhension. Disons, commença plus délicatement Alcina, mordre à un endroit plus intéressant...

Les sourires réapparurent sur les lèvres des filles. Toutes les trois tirèrent ensemble sur l'uniforme de Rip. Elles balayèrent son manteau, écartèrent sa cravate et sa chemise, tout en retenant les gestes de la soldate. En sentant l'air frais sur la peau de son cou, Rip fut soudainement prise d'une crise de panique soudaine. Elle tenta de se débattre de nouveau mais sa force était ridicule, et son esprit incapable de coordonner ses mouvements, face aux trois femmes aussi grandes qu'elle, et aux bras puissants de Lady Dimitrescu qui retenue ses épaules.

Dès que les dents mordirent la peau, Rip poussa un gémissement involontaire. Son corps se raidit un instant avant de se relâcher complètement. La pression sur la chair, qui céda rapidement face à la force de la mâchoire, fut atroce mais, dura peu de temps...

La réalité échappa à Rip van Winkle sitôt les premières sensations de la morsure. Sa vision devint floue. Elle ne perçut plus aucune sensation, plus aucun son, aucune douleur, ni odeur, ni image.

Rip sombra dans un état catatonique avant de sentir le sang chaud couler sur sa peau. Sa conscience se dissipa entièrement durant l'acte.

Plongé dans l'inconscience, son esprit n'était plus que dans une mer noire, déconnectée de tout.

La morsure ne dura qu'à peine quelques secondes. Alcina s'écarta en léchant avidement ses lèvres. Il aurait été une erreur de tout boire, et encore plus de laisser ses filles mettre en lambeau une si belle pièce.

Un si beau spécimen.

Boire le sang des jeunes vierges transforme le palais, celui de Dame Dimitrescu était largement plus fin que celui de ses filles.

Le sang de Rip van Winkle était incroyable pour elle. Raffinée et d'une grande qualité, elle n'en avait jamais gouté d'aussi particulier. La jeune soldate ne devait pas être tuée, ni même avoir son sang complètement drainé.

Un mets aussi rare devait survivre !

Voyant que Rip avait perdu connaissance, les filles laissèrent son corps retomber sur le sol. En se penchant toutes les trois au-dessus d'elle, elles sentirent à leur tour l'odeur irrésistible de son sang.

_ Retenez-vous les filles, ordonna Alcina, je ne veux pas qu'elle soit tuée maintenant ! Amenez-la dans la chambre, et ne dévorez rien sur le chemin et vous serez punies !

_ Oui mère, répondirent-elles en même temps.

Oubliée au cours de l'affrontement par l'arrivée fracassante de la maîtresse de maison, Schrödinger était resté sous la table avant se décaler hors du champ de vision, sur le côté de la porte. Voyant Rip être emportée, il reprit en courant le chemin de la cuisine et de la cave, et fuya par le trou, dans la neige froide, avant que Dame Dimitrescu n'emporte le mousquet et le donne à Cassandra, ravie de ce trophée de chasse.