Titre : Inez

Auteur : Gwenetsi

Univers : Walt Disney Zorro

Résumé : Alma avait toujours eu un soupçon sur l'enfant que les de la Vega avaient enterré mais, au vu des drames qui avaient suivi, n'en avait jamais rien dit. Elle n'imaginait pas qu'Inez pouvait être en vie, que doña Salinas avait tout causé. Personne ne savait. Personne à part Diego. Au retour en Californie de l'amie d'enfance de sa mère, tout s'entrechoque et se révèle.

Note de l'auteur : Ça devait être une histoire très courte, sauf qu'il y a trop de choses niveau intrigue. Donc seuls les chapitres seront courts (800 à 1000 mots). ^^ Je reprends l'idée d'une sœur pour Diego, présente dans la série d'animation 3D, mais à ma façon. J'emprunte le prénom d'Almudena à La espada y la rosa et ses sentiments pour Alejandro. Pour tout le reste, soit ça vient de WDZ, soit de mon imagination. ;-)

Bonne lecture !


Inez

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Chapitre 1 – Olivio

Vingt-cinq ans plus tôt.

Olivio Salinas serra les dents et se laissa aller en arrière. Sa tête rencontra le mur de pierre dans une violence qui transperça son corps de douleur. Ce n'était pas passez. Ça ne suffisait pas. Il recommença. À trois reprises.

Le cri suraigu de son épouse lui brisa le cœur plus qu'il ne l'était déjà. Ravalant ses larmes, il se décolla du mur. Comme un automate, il franchit le seuil de la chambre. Son regard croisa celui du docteur Avila, le médecin avait un air navré qui le mina davantage. C'était déjà la troisième fois en quatre ans.

Réitérant des gestes qu'il espérait ne plus jamais devoir faire, il se pencha vers sa femme alitée. Beatriz pleurait sans discontinuer sur le corps frêle et sans vie de leur enfant. Il était minuscule, mais il ressemblait à un nouveau-né. Les autres n'étaient que des formes non-terminées dont il faisait encore des cauchemars.

Il lui fallut trouver les mots encore une fois, faire taire la douleur qui s'était emparé de son cœur et de son corps. L'âme en lambeaux, désespéré, il fit face et trompa son monde. Beatriz s'apaisa sans cesser de pleurer.

Ils avaient perdu leur tout-petit. Il leur faudrait en faire le deuil. Olivio doutait réussir. Il l'avait tant espéré. Ils y avaient tellement cru…

Le monde était cruel et le rappel pire encore.

Le jeune homme referma les bras sur son fils. Le prendre dans ses bras fut un nouveau coup et une libération à la fois. Son enfant était parti mais il aurait pu le tenir contre lui. Il aurait pu voir son visage et en imprimer le souvenir dans sa mémoire. Ce serait une aide pour faire son deuil. Plus tard, cet instant serait un réconfort.

– Padre, coassa-t-il au prêtre qui se tenait en retrait, pouvons-nous…

Ses mots se perdirent dans les pleurs de sa femme. Padre Ignacio opina. Ce prénom qu'ils avaient choisi, ils pouvaient l'employer. Le petit être n'avait pas émis un souffle mais le docteur assurait qu'un bref instant son cœur avait battu. Un moment bref pendant lequel le padre l'avait baptisé.

Olivio soupçonnait le padre et le médecin de s'être arrangés avec le Très Haut afin de lui permettre cette fois de mettre un nom sur la tombe. Plus tard, dans quelques mois peut-être, il les en remercierait.

Vicente vint poser une main secourable sur son épaule. Olivio ne l'avait pas entendu entrer. Il remercia le serviteur –plus que ça, l'ami– qui lui apportait le soutien silencieux dont il avait besoin.

Après avoir embrassé le front de son fils, Olivio demanda à sa femme d'en faire de même. Elle pourrait encore le voir tout à l'heure. Juste avant de l'enfermer dans le cercueil.

Beatriz obéit. L'instant fut calme contrairement à ce qu'il avait pensé. La doña caressa le bébé avec tendresse et lui chuchota des mots qu'il n'entendit pas. Elle accepta alors qu'il quitte la pièce avec l'enfant. Le docteur avait encore des soins à lui prodiguer pour s'assurer qu'elle survive à cette épreuve.

Il retrouva Alma dans une pièce attenante. L'assistante du médecin avait préparé avec l'aide de Vicente un couffin qui pourrait être directement installé dans la boîte en bois. Une fois déposé, Olivio se fit la réflexion que l'enfant semblait dormir. Il guetta de longues secondes les signes d'une respiration qui ne vint pas.

Alma l'invita à quitter la pièce. Elle allait le nettoyer pour faire disparaître le sang encore présent. Elle l'habillerait et il pourrait revenir.

Poussé par Vicente, Olivio quitta la pièce pour gagner son bureau. Le contre-coup survint quand la porte se ferma. Son ami eut le temps de le rattraper avant que ses jambes se dérobent. Sans un mot, il le serra contre lui. Olivio laissa enfin échapper ses larmes et sa douleur, ne prononçant que quelques mots :

– Il est mort ! Mon fils est mort !

Il n'était pas possible de consoler le don. Sa détresse était au-delà des mots. Vicente se contenta de le serrer contre lui, comme lorsqu'ils étaient enfants et qu'ils avaient perdu un parent.

– Pleure, mon ami, lui dit-il quand les soubresauts s'amplifièrent. Tu n'auras pas moins mal, mais tu te sentiras mieux. Je reste avec toi.

Olivio ne sut jamais combien de temps ils restèrent dans les bras l'un de l'autre sur le parquet du bureau. Il ne retint de ces moments que l'amitié indéfectible de Vicente. Personne d'autre ne l'aurait encouragé à pleurer. Personne d'autre ne penserait que cet enfant avait le droit d'être pleuré. Il n'y avait que lui, ce serviteur fidèle qui n'avait pas de titre mais en aurait mérité un bien davantage que certaines de ses connaissances.