Le serpent à plumes et la couleuvre dorée
Résumé : Dix ans après la guerre, Draco et Harry comptent bien vivre comme bon leur semble sans se soucier de leur stupide tatouage. De toute façon, seuls 20% des sorciers finissent avec leur âme-sœur. C'est sans compter sur Hermione et son besoin de former une équipe pour régler une affaire législative impliquant des vampires.
Rating : M
Disclamer : Tout l'univers de Harry Potter et les personnages originaux appartiennent à J.K. Rowling et bien entendu je ne retire aucun avantage financier de l'histoire que j'ai créée à partir de cet univers foisonnant.
Cette histoire met en scène une relation amoureuse entre deux hommes mais ça me semble assez clair aux vues des tags utilisés donc toute personne avec de mauvaises intentions peut passer son chemin.
TW : lemon/ guerre/ sang/ mention de mort/meurtre/ mention de dépression /mention de maltraitance/ Original characters
Après un arrêt assez abrupt de toute activité littéraire et ayant mis une pose sur un de mes gros projets d'écriture dans un autre univers, j'ai décidé de m'essayer à nouveau à l'écriture en me lançant dans une toute nouvelle aventure. C'est mon premier Drarry et ma première histoire dans cette fandom et j'espère qu'elle réussira à attiser votre curiosité. Elle fera 12 chapitres déjà imaginés mais pas encore transcrits sur le papier.
Prologue : âme-sœurs
5 juin 1997
Draco a tout simplement envie de crever. Il n'arrive plus à supporter toute cette pression. Cet étau qui se resserre de plus en plus autour de sa gorge. Cette prison dans laquelle il s'est emmuré pour rendre fier son père, pour protéger sa mère, pour sauver sa misérable existence. Prison ridicule qu'il fantasmait tant auparavant. Pourquoi est-ce qu'il se bat ? Pourquoi est-ce qu'il se bat alors qu'il n'a aucune chance ? Aucune chance de s'en sortir. C'est bien pour cette raison que le Seigneur des ténèbres lui a donné cette mission folle, n'est-ce pas ? Tuer Dumbledore pour la survie de sa famille et permettre aux Mangemorts de s'introduire dans le château. Projet fou ordonné par un sorcier puissant et demeuré prêt à tout pour détruire tous ceux qui se mettront en travers de son chemin.
Draco pourra laisser ces fanatiques pénétrer dans le château mais tuer l'un des plus puissants sorciers de leur époque. Tuer un autre être humain. Comment est-il censé faire ? Est-ce qu'il pourra vraiment prononcer cette incantation terrible ? « Avada Kedavra » , se répète l'étudiant en boucle dans sa tête. Comme si le fait de dire ces mots le plus souvent possible lui permettra d'effacer de son cœur et de son âme l'horreur de leur portée.
Les reflets de la lune éclairent à peine sa chambre de préfet, passant à travers la fenêtre laissée entrouverte pour tenter vainement d'aérer la pièce étouffante. Allongé sur son lit, la chemise de nuit translucide laissant entrevoir les cicatrices du sectumsempra, Draco observe son avant-bras tatoué avec appréhension.
Lorsqu'il était enfant et qu'il apercevait ce tatouage sur la peau de son père, le sang-pur ressentait toujours une once incommensurable d'envie et d'admiration face à cette représentation de pouvoir. Aujourd'hui, Draco rêve de pouvoir arracher ces traces d'encre de sa peau. Ou au moins empêcher qu'elle lui fasse aussi mal lorsque le Seigneur l'appelle ou lui lance un doloris acéré.
Ce tatouage décuple les sorts que Voldemort inflige à ses sujets jusqu'à pouvoir effacer les mots projetés par la marque de leur âme-sœur : l'anima gemella.
Il est bientôt 22h54. Heure où Draco est apparu sur terre il y a de cela dix-sept ans. Dans trois minutes exactement, il découvrira si le tatouage du seigneur a totalement effacé la marque et lui empêchera de découvrir les mots que pourrait potentiellement lui dire sa moitié. Le jeune homme ne sait même pas pourquoi il s'y accroche comme un enfant le ferait à la vue d'une étoile filante. Tellement peu de sorciers tombent sur leur âme-sœur au cours de leur vie. Ce n'est plus qu'une simple tache laissée par le Destin qui éclaire le chemin d'une poignée d'individus. Lui-même n'a jamais été poussé à s'attacher à cette marque. Les sorciers ne se laissent pas mener par le Destin aussi bêtement que les veelas, les loup-garous et autres créatures. Les sorciers valent mieux que ce coup du sort et ont la possibilité de choisir leurs objectifs et d'honorer leur sang. C'est là d'où vient l'honneur du sorcier. La possibilité de ne faire qu'un avec les éléments magiques et la nature mais aussi de s'en détourner pour faire face à sa vie et à ses responsabilités.
22h54. Draco ressent une chaleur intense se répandre dans son bas-ventre. Tout son corps est pris d'un frisson presque lascif tandis que son avant-bras luit d'une lumière rubis avec une douceur dont l'intensité lui coupe le souffle. Après plusieurs secondes d'hébétude, cette sensation de complétude finit par disparaitre. Le sang-pur pensait que recevoir la marque le ferait souffrir. C'était parfois le cas pour certaines personnes. A la place, le blond a été secoué par le type de sensations qu'il ne ressent qu'en s'adonnant à des actes purement sexuels.
Draco regarde sa peau avec appréhension et tombe sur un serpent doré qui enlace le tatouage de Voldemort le dissimulant presque. Choqué par la taille imposante et improbable de son anima gemella, il faut quelques minutes au sorcier pour se rendre compte qu'aucun mot n'apparait devant lui en observant la magnifique couleuvre.
Il en est sans doute mieux ainsi. Draco n'a pas besoin de quelqu'un. Quelqu'un qui pourrait le détourner de son rôle, de sa mission. Encore heureux que cette personne soit morte, n'existe pas ou ne puisse jamais prononcer ces mots à cause de son lien avec le Seigneur des ténèbres. Draco fera ce qu'on attend de lui. Il accomplira tout ce qu'il faut pour ne pas ternir son nom et les ambitions de son père. Et il sera un sorcier capable de tenir son rang et la devise si chère à son camp. « Toujours pur ».
31 juillet 1997
Quatre jours sont passés depuis la mort de Maugrey Fol-œil et d'Hedwige. Depuis son départ de chez les Dursley. Harry sait qu'il doit rester fort. L'auror d'élite n'a pas donné sa vie lors de cette bataille pour que le « héros du monde sorcier » se morfonde en pensant au fait qu'il n'a pas encore retrouvé son corps, ni celui de sa petite chouette. Il doit garder la tête froide. Se concentrer sur la chasse aux Horcruxes est sa priorité. Il va bientôt devoir partir avec Ron et Hermione. Rien qu'à l'idée que ses amis veuillent le suivre coûte que coûte dans cette quête folle lui donne envie de vomir. Après les noces de Bill et Fleur, ils devront fuir. Et si un jour, ses amis finissent aussi froids et cadavériques que le corps de Sirius, que va-t-il devenir ? Harry se retrouvera seul au monde…
« Harry, l'interpelle gentiment Ginny sur le pas de la porte. Maman a besoin d'aide pour emballer les étrennes pour le mariage.
-J'arrive tout de suite. » déclare avec précipitation le jeune homme en se ressaisissant.
Alors qu'il se lève pour la suivre, chassant d'un revers de main l'humidité passagère qui aurait pu emplir ses yeux, Harry est surpris de sentir la douceur des lèvres de la rousse contre les siennes. Ouvrant la bouche afin de se frayer un passage dans l'antre buccale de la jeune fille, il est satisfait de la sentir gémir contre lui lorsque leurs langues s'emmêlent. Harry aime cette chaleur qui gronde dans son ventre, dans sa tête et dans son corps lorsqu'il embrasse Ginny. Lorsqu'il est avec elle, il a l'impression de pouvoir jouer à l'adolescent un peu plus longtemps. Il a l'impression de pouvoir oublier la guerre. Agréable illusion qui finit par s'étioler lorsqu'ils se séparent enfin.
« Bon anniversaire Harry, murmure Ginny dans un souffle les joues aussi enflammées que sa propre chevelure.
-Merci.
-Rien n'est apparu sur ton avant-bras ? demande la jeune Weasley en caressant cette étendue de peau avec circonspection.
-Non, mais ce n'est rien, répond Harry à un volume aussi bas que le sien.
-Pourquoi ?
-Tu es là, déclare-t-il simplement »
A l'entente de ses mots, la jeune fille se jette dans les bras du sorcier et le serre avec une force qui le fait trembler. Harry ne comprendra jamais pourquoi cette marque, même si elle ne conditionne pas leur futur, est si importante pour les sorciers. Il est heureux de ne pas avoir de marque. Il en a déjà une contre son gré. Une qui l'oblige à mettre en jeu sa vie et celle de ses proches pour le monde sorcier. Et pour une fois, il est soulagé d'être l'exception qui confirme la règle et de ne pas avoir cette fichue anima gemella. Harry n'a pas besoin que le destin se joue de lui une nouvelle fois.
10 janvier 2008
Une coupe de vin à la main, Draco essaie de noyer tant bien que mal son petit cœur fragile balloté par le Destin. Blaise lui a proposé d'aller dans un de ses clubs de prédilection, lui assurant qu'il pourrait trouver un coup d'un soir sans aucun problème. Mais Draco a besoin de plus qu'un coup d'un soir. Il a besoin de quelqu'un avec qui il pourrait passer le reste de sa misérable existence. Quelqu'un qui ne serait pas trop agaçant, beau, intelligent, qui aurait du bon goût et qui serait capable de supporter son stupide caractère et sa réputation exécrable. Quelqu'un comme Alexei. Alexei et ses jolis yeux bleus plus pâles que l'océan Pacifique en pleine agitation. Alexei et son adorable accent russe, ses fossettes lorsqu'il sourit, sa voix ténor qui l'enveloppe après une torride nuit. Qu'est-il censé faire sans Alexei? L'un des seuls qui le considérait comme autre chose qu'un ancien mangemort. Qui acceptait qu'il l'habille, le rende plus beau, l'aide à se présenter en société, à prospérer. Ils auraient continué à être si beaux tous les deux. Ils étaient si bien ensemble. Malgré les assiettes cassées et les cris. Malgré les quelques flirts qu'avait parfois son ancien amant. Malgré sa propre possessivité maladive et son arrogance, Draco était tellement heureux avec lui. Il a envie de pleurer. Définitivement envie de pleurer mais il ne le fera pas. Parce qu'un Malfoy ne pleure pas même quand il a plus de 2g d'alcool dans le sang. Peut-être qu'il a rejeté une bonne partie des inepties racistes et rétrogrades apprises dans sa jeunesse mais il a pris soin de conserver ce qui compte vraiment. L'honneur, le prestige, la prestance et la contenance. Il n'aurait pas commencé à se saouler bêtement si l'homme qui était censé partagé sa vie n'était pas parti. Parti à cause de son âme-sœur.
Le Destin se fout vraiment de Draco. Littéralement. Il n'a pas assez expié ses péchés pour qu'une marque, qu'un tatouage vienne encore bousiller son existence ! Il a fallu que l'homme qu'il aimait et qu'il aime toujours, information qu'il n'avouera jamais sobre, fasse partie des vingt pourcents de sorciers à rencontrer et à s'accrocher à leur âme-sœur. Pire cette âme-sœur n'est même pas une créature mais un sorcier. Encore pire, les mots sur leur tatouage respectif étaient les premiers mots qu'ils ont prononcés en se rencontrant ! Est-ce qu'on peut faire plus niais ? Plus effroyablement romantique que ça ? Et après seulement six mois, ils ont l'air de filer le parfait amour, ils sont resplendissants sur cette photographie prise par ce torchon qu'est la Gazette du sorcier.
Draco le hait ce couple éblouissant qui s'élancera aux portes du ministère pour donner un vent de fraicheur à cette société rabougrie. Alexei Solomine, fils de diplomate russe philanthrope avec Tim Droitencour, un jeune magistrat brillant. N'y a-t-il pas plus assorti que ça ?
Il ne reste que les dossiers de ses patients pour empêcher Draco de sombrer dans la rage et le désespoir le plus complet. Quelle vie insipide ! Quel monde irritant !
Alors que le blond s'apprête à reprendre un verre. Il étouffe une exclamation en regardant la couleuvre dorée enlaçant son tatouage honteux. Les mots de son âme sœur sont en train de défiler devant ses yeux, onze ans après l'apparition de l'animal sur sa peau. Croyant que c'est sans doute son imagination qui lui joue des tours, aidée par un taux d'ébriété conséquent, le blond se décide à aller au lit.
Cependant, le lendemain, les mots sont toujours présents défilant devant ses yeux alors qu'il prend sa douche. Ils sont tellement ridicules et niais que Draco a presque envie d'en pleurer. Le Destin prend un malin plaisir à le torturer.
10 janvier 2008
L'aéroport d'Heathrow est bondé et il faut tout le calme puisé au fond du corps agité et puissant de Harry pour ne pas déchanter et quitter les lieux. Le survivant a toujours du mal à comprendre pourquoi son mentor et ami André aime autant prendre l'avion pour ses déplacements. Rester plus de huit heures assis sur un siège en classe économique entouré de familles venues rendre visite à leurs proches ou de voyageurs en vadrouille avec pour seule nourriture disponible des plats plus que douteux est loin d'être une expérience agréable aux yeux de Harry. Mais bon, le sorcier aime bien faire le ménage de façon moldue donc qui est-il pour juger ?
Les écrans de l'aéroport indiquent que l'avion en provenance de Paris est arrivé à bon port. Se positionnant le plus proche des portes de sortie, Harry sert la tasse de café brûlante entre ses mains avant d'en boire quelques gorgées salvatrices. Avec tout le travail au ministère, il a à peine eu le temps de passer dans son appartement londonien pour se changer et s'assurer que la chambre d'amis est en état pour accueillir le malgache.
Le sexagénaire finit par apparaitre dans son champ de vision. Avec son bob kaki, sa veste beige et son pantalon en toile assorti, Harry ne sait pas si le voyageur va pouvoir supporter l'humidité et le froid ambiant de ce début d'année.
« Hey mon grand ! s'exclame André en le serrant dans ses bras, abandonnant sur le côté des valises chargées.
-Ça fait super longtemps. Ta famille va bien ? murmure le jeune homme en se penchant pour rendre son étreinte au sorcier.
-J'ai passé Noel avec mes petits-enfants à Paris. De vraies piles électriques, il y a pas à dire ! Mais j'ai hâte de retourner au pays.
-Tu ne peux pas te passer de Soafara c'est ça ! se moque gentiment Harry en prenant un des bagages dans ses bras.
-Ça c'est bien la parole d'un petit jeune pas casé ! Tu ne te moquerais pas autant de moi si tu avais rencontré ton âme-sœur, se plaint le noir aux cheveux grisonnant en le suivant. Attention à ce paquet ! Il y a de la nourriture là-dedans, ma Soa va me tuer si je ne te le donne pas en état.
-A manger ! Mais non c'est trop !
-Arrête de te formaliser de tout ça. Avec ta carrure et ton travail, il faut bien se nourrir. Alors comment va la jolie ? » demande André en s'asseyant sur le siège passager de la voiture rouge du britannique.
-Très bien. Ananta a un peu froid ces temps-ci mais elle va très bien depuis sa dernière mue. Je voulais faire le rituel depuis longtemps mais il fallait que tu sois là au cas où quelque chose tourne mal.
-Bien sûr ! C'est quand même moi qui t'ai appris à faire ça. On passe chez toi pour déposer tous mes bagages puis on va la voir.
-Je préfèrerais qu'on aille la voir directement. Elle n'est pas très patiente. »
Après quelques minutes sur l'autoroute des moldus, Harry finit par les téléporter au 12 square Grimmaurd. La bâtisse, bien qu'ayant subi des rénovations sous la main assidue du héros reste extrêmement lugubre.
« Ce manoir est toujours aussi flippant. Tu as pu sortir le portrait de l'autre folle au moins ? demande André en montant sur le perron.
-Le maléfice de glu Perpétuelle est vraiment agaçant à défaire et Walburga Black n'arrête pas de m'insulter quand j'essaie de la décoller. Désolé mais on devra espérer qu'elle dorme. Fais le moins de bruit possible.
-Dire que tu gardes cette vieille bicoque de dégénérés pour un seul animal.
-Je ne peux pas faire autrement. Sinon je ne pourrai jamais inviter personne chez moi.
-Je ne comprendrai jamais pourquoi les sorciers européens ont si peur des reptiles et des Maledictus… »
Dans le hall, les deux hommes sont accueillis par un énorme serpent blanc d'environ six mètres et aux yeux rouges luisant tels des rubis dans l'obscurité. La plupart des individus se seraient échapper dans un râle effaré à la vue de cette créature mais pas Harry, ni son ami. Le sorcier se précipitesur le reptile les bras grands ouverts pour enlacer son visage tandis qu'André l'observe, un sourire amusé sur les lèvres.
« Hey ma belle ! Tu vois, André est arrivé ! lui murmure le brun en fourchelang tout en posant son front contre le sien.
-Vous en avez mis du temps Harry. Je me languissais de toi.
-Tu dis ça à chaque fois alors que je passe te voir tous les jours.
-Ce n'est pas suffisant et tu le sais. Jamais je ne me lasserai de toi. Jamais. J'aime sentir ton corps tout chaud contre moi et ta magie surtout lorsqu'il fait froid. » susurre Ananta en glissant sa langue sur la peau de Harry qui étouffe un rire amusé.
« J'ai l'impression de faire face aux retrouvailles de deux amants, se moque le vieux sorcier en s'approchant de la Maledictus pour la saluer.
-Arrête de dire ça ! Tu vas lui donner de mauvaises idées en tête! se plaint Harry en tenant le bras du malgache.
-Lui au moins il voit l'évidence de notre relation. »
Ne laissant pas le temps à son amie de rentrer dans un débat déjà plusieurs fois entamé, la langue-de-plomb les fait tous les trois transplaner.
Le petit groupe se retrouve sur l'ile à la Caverne aux larges des côtes de l'Angleterre, la mer d'Irlande s'étendant à perte de vue. Depuis que Harry fréquente cette petite ile cachée aux yeux des moldus, celle-ci a perdu de l'atmosphère inquiétante qui la caractérisait lorsqu'elle était encore sous le joug de Voldemort. Le héros n'aurait jamais pensé que cette étendue de roches et de sable abandonnée deviendrait pour lui un lieu de ressourcement et de recueillement. Un lieu où il pourrait s'isoler du monde et enfin laisser toute cette magie qui l'étouffe et qui l'envahit sans cesse, vivoter et être libérée sans crainte. Sans les voyages qu'il a faits autour du monde l'année de ses vingt-et-un an dans les divers mondes sorciers de la planète, il n'aurait jamais eu la force de canaliser toute cette énergie ou même de l'utiliser. Sans des personnes comme André, Harry n'aurait jamais compris qu'il n'avait pas à avoir peur de lui-même ni de ses propres pouvoirs. Il n'aurait pas pu se plonger tout entier dans toute cette magie. Il ne pourrait pas se sentir aussi libre, même s'il se cache pour éprouver ses soupçons divins de vie.
« J'adore cet endroit ! Est-ce qu'on peut commencer le rituel ? » demande Ananta en rampant jusqu'à ses pieds enfin débarrasser de ses chaussures.
Harry n'aurait pas adopté Ananta et l'aurait sans doute tuée en la découvrant cacher dans les canalisations de Poudlard lors de sa mission il y a cinq ans.
« On peut commencer. » déclare Harry, un sourire s'emparant de son visage.
André laisse sa magie se dissiper de son corps créant une barrière sécurisant une partie du périmètre d'eau dans laquelle Harry commence à s'enfoncer avec sa compagne d'une blancheur de lait. Comme la plupart des sorciers d'Afrique et des iles, le vieil homme ne possède pas de baguette et arrive à contrôler ses pouvoirs sans bout de bois pour réceptacle.
Harry laisse le corps du reptile s'enrouler autour de sa taille alors qu'il nage dans l'eau, laissant sa magie quitter son corps sous des volutes de fumées noires, bleutées et d'un rouge criant. Il se laisse porter par l'eau et commence à se connecter avec les profondeurs de la mer agitée. Les souvenirs des roches de la grotte qui ont été entaillées et souillées par l'horcruxe et le pouvoir du mage noir l'assaillent. Il se laisse emporter par des souvenirs qui ne sont pas les siens. Il se lie avec un sursaut de pouvoir, les restes de Voldemort qui vivent encore en lui. Il se lie avec sa propre puissance magique, endormie, retenue pour ne pas exploser ou détruire le monde qui l'entoure. Harry se laisse submerger. Il laisse les dernières traces de l'héritier de Salazar Serpentard se lier à son propre pouvoir en se concentrant sur la douceur et la force de l'étreinte d'Ananta, de son serpent, de son amie. Des images plein la tête, le corps englouti par la vie, Harry se laisse bercer par les flots, inconscient de l'explosion de magie qu'il a engendrée et du regard subjugué de son professeur resté assis sur le sable froid.
A la tombée de la nuit, Harry sort enfin des vagues gelées, portée par le corps souple et reptilien de sa compagne qui pose délicatement son corps sur les roches. André le déplace avec un souffle magique jusqu'à lui avant de le recouvrir d'un grand plaid réchauffé grâce un sort.
Harry finit par ouvrir les yeux, crachant l'eau encore engouffrée dans ses poumons.
« Hé bien, mon grand ! Je pensais que tu ne te réveillerais jamais ! rit le sorcier en lui assénant des tapes sur le dos. Tu m'as offert un sacré spectacle à vrai dire. Tu as beaucoup progressé depuis la dernière fois.
-Tu trouves ? demande Harry dans un souffle.
-Bien sûr. Ma présence n'était pas vraiment nécessaire, tu sais ? Tu es bien plus fort que la plupart des gens maintenant. Et puis, ta puissance semble encore plus importante et contrôlée qu'avant le rituel. Comment tu te sens ?
-Bien. Je crois… que je ne me suis jamais senti aussi complet. »
C'est vrai. Quand il était un horcruxe, Harry sentait souvent la présence de Voldemort dans son être, dans sa chair, tout près de lui, tel un intrus qui le dévorait de l'intérieur. Après sa propre mort, il a ressenti un vide incommensurable et une difficulté inédite à gérer sa propre puissance magique et les séquelles laissées par son affrontement face au mage noir et à toutes ces années de combat. Il lui a fallu tellement de temps, de travail et de reconstruction pour en arriver là où il en est aujourd'hui.
Alors qu'il essuie sa chevelure trempée, le héros se fige. Un magnifique oiseau vert, au torse ocre et au bec doré déploie majestueusement ses ailes noires sur son avant-bras droit. Les mots de son âme-sœur défilent devant ses yeux et Harry manque de s'étrangler en les déchiffrant.
Le rire gras de son mentor le sort de sa transe et il pose immédiatement un regard horrifié sur celui-ci :
« On peut dire que tu n'as pas pu échapper au Destin ! Et quelle anima gemella tu as ! Un serpent à plumes : un Quetzal coloré qui plus est ! Il n'y a pas à dire Harry, tu ne peux rien faire comme tout le monde ! »
Le concerné émet un gémissement à mi-chemin entre la rage et l'offuscation. Malgré tout ce que le survivant a traversé, le Destin, Mère Nature, Dieu ou une quelconque entité n'a pas l'intention de lui lâcher la grappe.
Harry Potter ne peut pas échapper à son destin, quel qu'il soit.
