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J'inaugure ce recueil qui va accompagner les sept cycles de la saga "Dynasties". Ici, je publierai des textes que l'on peut considérer comme bonus, généralement rattachés à des chapitres existants dans les cycles, donc le rythme de publication de ce recueil dépendra entièrement de la progression de l'histoire d'origine.


1 – Émancipées

Cycle I – Tome 1 : Hela (#1)
Rattaché au chapitre n°11 : Déesses et Valkyries


- Quel ridicule, cette histoire de Valkyries ! s'exclama Astríd. Et notre roi qui encourage ces jeunes écervelées à quitter leurs foyers pour se lancer à l'aventure avec les hommes !

- La décadence des mœurs ! l'approuva Bessia. À ce rythme, plus aucune jeune fille de bonne éducation n'arrivera vierge au mariage !

La Reine Wisna tenait salon, et ses dames de compagnie s'étaient immédiatement emparées du sujet qui faisait l'actualité du moment au Royaume Éternel : la nouvelle légion exclusivement féminine annoncée par Odin.

- Qu'avez-vous donc, Cillié ? s'enquit gentiment Wisna. Vous semblez troublée, tout d'un coup.

L'aristocrate interpellée releva vivement la tête vers sa souveraine.

- Eh bien, ma fille a décidé de s'enrôler dans cette légion, fit-elle d'un air penaud et presque contrit. Je n'ai pu la faire revenir sur sa folle décision.

- Oh, je suis si peinée pour vous, ma chère, minauda Bessia. Cet affront qu'elle a osé vous faire !

- Je me demande bien ce que j'ai pu rater dans son éducation...

- Voyons, ma chère, ce n'est pas de votre faute ! tenta de la rassurer Astríd. Nous avons toutes pu observer vos efforts extraordinaires pour contenir cette jeune rebelle depuis des années. Malheureusement, même les familles les plus dignes et distinguées peuvent voir émerger des brebis galeuses dans leurs rangs.

Wisna détourna son regard vert, mal à l'aise. Le visage de sa fille était apparu dans ses pensées, durant une fraction de seconde. Le pincement au cœur qui l'avait accompagné, lui, perdura.

Et elle, qu'avait-elle fait de travers durant les très jeunes années de Hela ? Était-ce la décision de la confier à une gouvernante qui avait irrémédiablement distendu leurs liens ? C'était pourtant une pratique habituelle, qui ne conduisait que rarement à de telles situations entre mères et filles.

Ou bien était-ce la faute exclusive de l'éducation qu'Odin avait décidé de donner à cette petite fille déjà boudeuse ?

- Votre Majesté, tout va bien ? se risqua Bessia, sortant la souveraine de ses songes.

- Cette conversation m'a seulement menée à penser à Hela, avoua Wisna aux trois femmes qu'elle considérait comme ses amies.

- Que vous deviez être triste, se chagrina Cillié. Ce mauvais vent d'émancipation aura eu raison de nos magnifiques enfants.

- Des rumeurs courent sur la Princesse, ajouta Astríd. Elles la disent sur le point de devenir la Déesse de la Guerre.

Cillié et Bessia échangèrent un regard effaré.

- Je suis au courant de ce qui se raconte à ce sujet, répondit Wisna.

- Est-ce vrai ?

- Ce serait une hérésie, persifla Astríd.

- Ce n'est pas tout à fait exact. Odin veut la nommer Déesse de la Mort.

Les trois dames de compagnie en perdirent leurs mots.

- Nommer une femme..., murmura finalement Bessia, une femme, pleine de fertilité et de vie, comme Déesse de la Mort...

- C'est affligeant, termina Astríd pour elle.

- Ma pauvre Reine, sanglota Cillié, aucun affront ne vous aura été épargné !

- Une fille héritière, énuméra Astríd, un refus de votre Roi de vous visiter pour avoir un fils, et maintenant, cela...

- Asgard partira bientôt en cendres, et cette impression ne fait que se renforcer au fil des décennies, déclara Wisna d'une voix usée. Gardons nos pleurs et nos lamentations pour le jour où l'apocalypse nous tombera dessus, devançant le Ragnarök pourtant prédit depuis des millénaires.

Elle détourna le regard une fois de plus, tournant sa tête aux cheveux noirs coiffés méticuleusement vers le paysage visible depuis la baie vitrée du salon d'apparat.


Comme vous pouvez le constater, le féminisme, c'était pas gagné dans cette version d'Asgard !