Résumé du tome 1

Lors de l'été précédant sa quatrième année de scolarité, Severus Rogue a trouvé chez les Malfoy le journal de Tom Jedusor. Ignorant le lien avec Voldemort, il a subtilisé l'horcruxe, qui s'avérait un compagnon intéressant et de bon conseil. Sous l'influence du carnet, le jeune sorcier s'est mis à se comporter de manière plus rationnelle et réfléchie. Il a gagné l'estime des professeurs et s'est tenu à distances des futurs Mangemorts, dont il partage toujours les opinions, mais dont il réprouve les méthodes trop brutales et pas très efficaces.

Tom l'a aussi poussé à aborder son conflit avec les Maraudeurs en faisant preuve de pragmatisme et de prudence. Quand Sirius Black a cru malin de provoquer un face-à-face avec un loup-garou, il se trouvait avec deux autres serpentards, Viviane Arès et Regulus, le frère de Sirius. De ce fait, Dumbledore n'a pas pu totalement étouffer l'affaire. Le directeur est néanmoins parvenu à passer un accord avec les familles Black et Arès, à l'insu de Rogue.

Scandalisé, ce dernier a très mal pris la chose, mais s'est finalement réconcilié avec les Arès, grâce à Victoire, la jeune sœur de Viviane. Entre temps cependant, le journal a disparu. Pour ne rien arranger, les parents de Lily ayant appris la confrontation avec le loup-garou, ils ne veulent pas qu'elle retourne à Poudlard pour sa cinquième année, jugeant l'école trop dangereuse. Elle tient Severus pour responsable, et refuse de lui parler. En conséquence, il s'est juré de trouver un moyen de la faire revenir.

À plus brève échéance, cependant, il doit affronter un autre danger. En rentrant chez ses parents, il a trouvé le corps de Monsieur Evans devant sa porte et les Aurors l'ont arrêté.


Prologue

Alastor Maugrey était maussade. En même temps, depuis quelque temps, tout concourrait à ce que cela devienne son humeur habituelle. Il savait bien que ses collègues murmuraient dans son dos qu'il n'avait jamais mieux porté son nom, mais il s'en moquait. La plupart ne le connaissaient pas alors, leur opinion lui importait peu. Ils devaient croire qu'il avait choisi le métier d'auror pour laisser libre cours à son mauvais caractère ou par vocation, alors qu'en fait, il n'avait pas vraiment eu le choix.

Sur les conseils de son mentor et vu l'atmosphère de guerre civile larvée qui s'installait peu à peu en Angleterre, il avait décidé de faire son devoir et de s'engager dans les forces de l'ordre du Ministère de la Magie. Ses premiers succès l'avaient conforté dans sa décision et rendaient moins pénible l'abandon de ses rêves de jeunesse. Il ne suivrait pas de longues études, il n'enseignerait pas, il ferait appliquer rigoureusement la loi, quitte à y récolter moult blessures.

Il ne comptait plus ses cicatrices et il se disait parfois qu'il finirait par y laisser un bras ou une jambe, voire pire. Seule une suspicion viscérale et permanente lui avait évité jusqu'à maintenant de connaître ce sort funeste. Sa méfiance se renforçait de jour en jour et le maintenait dans un état de vigilance constante, proche de la paranoïa à en croire certains de ses confrères, mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid.

De toute façon, pour pallier aux sous-effectifs de plus en plus criants, l'administration faisait régulièrement appel aux autres services ou recrutait carrément de jeunes gens tout juste sortis de Poudlard. Maugrey n'appréciait guère ces nouvelles recrues sommairement formées. Non contents de manquer d'expérience, elles tendaient bien trop souvent à négliger les méthodes de leurs aînés, au profit de techniques soi-disant novatrices, qui aboutissaient surtout à les mettre en danger.

En ce moment, la plupart ne jurait que par les manières américaines, citant en exemple l'arrestation de Grindelwald à New-York. Ils oubliaient allègrement que les faits dataient de plusieurs décennies et qu'un ancien élève de Poudlard y avait joué un rôle déterminant.

Ces gamins inexpérimentés l'exaspéraient. Ils commettaient une lourde erreur en mettant sur le même plan le sorcier qui avait terrorisé le monde magique à l'époque, et celui qui sévissait actuellement en Grande-Bretagne. Les partisans de Lord Voldemort ne cherchaient pas à agir de manière plus ou moins insidieuse, mais entendaient se débarrasser de tous ceux qui s'opposaient à eux.

Par chance, le Ministère conservait l'appui de la population sorcière, terrifiée par toute cette violence. Cependant, les politiciens du Wizengamot, craignant un changement dans l'opinion publique, exigeaient des résultats au plus vite, ce qui les amenait à prendre des décisions discutables. Leur idée d'autoriser les aurors à utiliser les trois sortilèges Impardonnables constituait une véritable ineptie. Malgré leurs prérogatives, Maugrey et ses collègues demeuraient des êtres humains, susceptibles de commettre des erreurs. La première victime frappée à tort par un de ces maléfices causerait un scandale qui retournerait toute la nation sorcière contre eux.

Il ne cessait de répéter que rien ne pouvait remplacer un travail d'investigation patient et minutieux, mais on ne l'écoutait guère. Dans ces moments-là, la lassitude le gagnait et il se demandait si les Mangemorts ne cherchaient pas tout simplement à pousser le Ministère à la faute. Malheureusement, ses autres activités ne lui apportaient guère plus satisfaction.

Lors de sa scolarité à Poudlard, il avait attiré l'attention du directeur. Il ne s'était pas laissé prendre à ses manières de vieillard excentrique. Pour devenir président du Magenmagot et Manitou suprême de la Confédération Internationale des Sorciers, il fallait indiscutablement faire preuve de beaucoup d'intelligence et de diplomatie, voire de rouerie. En même temps, sans ces qualités, le vieux sorcier serait-il parvenu à vaincre le maléfique Grindelwald ?

Aujourd'hui, il s'avérait le plus redoutable adversaire de Voldemort, et, dans cet optique, il avait discrètement mis en place une organisation, l'ordre du Phénix. Quand on le lui avait proposé, Maugrey n'avait pas hésité à y adhérer.

Il avait espéré y trouver l'occasion de ne pas agir en début du bon sens, mais s'était souvent senti déçu. Jusqu'ici, l'essentiel de son activité avait consisté à fournir des informations sur les actions du Ministère ou à consulter les fichiers de service pour y trouver des renseignements sur certains individus. Il s'agissait sans doute de suspects qui intéressaient Dumbledore, mais il en était réduit aux suppositions. De temps en temps, il effectuait des opérations de surveillance avec d'autres membres de l'Ordre, et une fois ou deux, ça avait aboutit à un combat avec des Mangemorts. Là s'arrêtaient ses actions clandestines, qu'il jugeait à peine plus sensées que ce qu'il faisait au Ministère. Il en ignorait le contexte et les raisons, ce qui ne lui plaisait guère.

S'il devait reprocher une chose à son mentor, c'était son goût pour le secret, sa tendance à compartimenter les informations. Il avait appris l'attaque de loup-garou à Poudlard, en lisant les journaux, et, malgré ses demandes répétées, on ne lui avait fourni aucune précision. Maintenu dans le noir, il restait néanmoins sceptique sur cette histoire de faille dans la sécurité de l'école.

Il voyait bien que Mc Gonagall constituait une coupable idéale, et sans doute consentante, de par sa qualité de directrice adjointe, mais il doutait de sa responsabilité dans ce fiasco. De toute façon, il jugeait aberrante l'enquête menée par le conseil des gouverneurs. Pas d'investigations sur le terrain, juste l'audition du directeur et de la dirigeante de la Maison des Lions. Personne pour vérifier l'état des protections de l'établissement et comprendre comment une créature des ténèbres avait pu y pénétrer. Aucune question posée aux deux victimes qui venaient de passer des semaines à l'hôpital. Maugrey devinait derrière tout cela de sombres intrigues où le vieux sorcier avait dû jouer un rôle dé terminant, mais dont il ne soufflerait mot.

Parfois l'auror se surprenait à considérer Dumbledore avec circonspection. Il n'avait jamais réussi à savoir exactement comment il était parvenu à vaincre Grindelwald. Le magico-zoologiste Norbert Dragonneau, le seul qui aurait pu lui donner ces renseignements, refusait obstinément de lui parler. De toute évidence le goût du secret du directeur de Poudlard ne datait pas d'hier.

Malgré tous ses doutes et ses questionnements, l'auror ne remettait pas en cause sa loyauté. En fait, il ne voyait pas d'alternative. Le Ministère faisait apportait jour d'avantage la preuve de son incompétence et Dumbledore demeurait le seul mage redouté par le chef des Mangemorts. En conséquence, il obéissait aux ordres, et quand on lui avait enjoint de surveiller pendant l'été un élève de quinze ans, il s'était exécuté sans trop grommeler. Néanmoins, il ne comprenait pas l'utilité de cette dé marche. Dumbledore avait juste pris la peine de mentionner que Severus Rogue s'y connaissait assez en occlumencie pour détecter une tentative de lire ses pensées.

Avec l'arrivée des vacances, il s'était renseigné sur le logement du suspect. Il habitait dans une maison moldue, avec son père et sa mère, une sorcière, ce qui lui permettait l'usage de la magie. En tout cas, pour l'instant, puisque certains documents récents annonçaient de profonds changements dans la vie de Mme Rogue. Cependant, actuellement c'est son fils qui l'intéressait. Grâce à certains membres de l'Ordre du Phénix, il avait pu éplucher le dossier scolaire du quatrième année. Il en retenait l'image d'un élève talentueux, mais qui traînait avec les mauvaises personnes. Malheureusement, il commençait à connaître ce genre de profil : un individu brillant, malmené par la vie et donc avide de reconnaissance, qui tombait sous la coupe d'un personnage plus influent comme Lucius Malfoy. Le type même de recrue facile pour les Mangemorts.

Un point l'avait fait un peu tiquer : les nombreux séjours à l'infirmerie durant les premières années à Poudlard. Si les membres de la maison au serpent s'étaient trouvés impliqués, ils n'auraient jamais laissé ce genre d'événements sortir de leurs quartiers. En creusant un peu le sujet, il avait trouvé des rapports disciplinaires se rapportant à des altercations avec un groupe de gryffondors. Et ça non plus, ça ne collait pas. Un serpentard, calculateur par nature, ne serait pas lancé à maintes reprises dans des combats incertains, où il affronterait seul plusieurs adversaires.

Tout changeait néanmoins, dès le début de sa quatrième année. Plus de séjour à l'infirmerie, un comportement exemplaire en classe, des projets de recherche avec deux professeurs différents. Impressionnant pour un élève d'à peine quinze ans. Néanmoins, il demeurait perplexe. Malgré ses brillants résultats scolaires, il ne voyait pas comment Severus Rogue aurait réussi à neutraliser des défenses aussi sophistiquées que celles de l'établissement, pour y faire entrer un monstre. Cependant, faute de précision, il s'était rabattu sur cette hypothèse. Tant les notes de l'étudiant que sa pratique de l'occlumencie prouvaient qu'il possédait un énorme potentiel. S'il devenait Mangemort, il constitue rait un ennemi redoutable. Il valait mieux prévenir que guérir.

C'est pourquoi, il s'était arrangé pour garder un œil sur l'impasse du tisseur, où habitait le serpentard. Quand les alarmes avaient signalé à proximité un usage illicite de la magie, il s'était immédiatement rendu sur place. Malheureusement, comme il se trouvait en service il avait dû partir avec les membres de son équipe, sous désillusion. Ils s'étaient retrouvés face au jeune sorcier brandissant sa baguette au-dessus du corps d'un moldu. L'agression ne faisait aucun doute, mais le stagiaire qui l'accompagnait avait réagi trop vite, gâchant leurs chances de constater par eux-mêmes le délit. Pour boucler l'affaire rapidement, il allait falloir faire avouer le suspect.

Par chance, il ne manquait pas d'expérience en la matière. D'abord ne pas laisser de répit. « Bones, va dans la salle d'interrogatoire et cuisine-le sur ce qu'il faisait quand on l'a arrêté. » Il ne s'attendait pas à ce que sa collègue parvienne à grand-chose. En tant que stagiaire au département juridique, elle ne pouvait pas savoir comment obtenir les aveux d'un criminel, mais ça permettrait d'en dormir sa méfiance. Il patienta une quinzaine de minutes, avant de rentrer en faisant claquer la porte avec fracas. Il se planta à côté de la magicienne, fixant le jeune sorcier sans dire un mot. Bones recommença à poser des questions, sans aucun succès. Il l'interrompit au milieu d'une phrase. « Les racailles dans ton genre, on les envoie à l'ombre ! »

Le serpentard sursauta, réagissant pour la première fois. « Hein ? »

- Une agression, avant même d'avoir 17 ans, sacrés états de service. Tu pensais impressionner tes petits copains mangemorts ?

L'auror voyait bien la façade impassible de son interlocuteur se lézarder sous ses yeux. « Je n'ai pas… »

- Inutile de nier, on t'a surpris en flagrant délit. D'habitude les fanatiques de Voldemort prennent quand même plus de précautions avant de s'en prendre à un moldu.

- Monsieur Evans ? Comment va-t-il ?

Maugrey sentait la panique qui commençait à percer dans la voix de son interlocuteur. Il fallait qu'il pousse son avantage. « Parce qu'en plus tu connaissais la victime ? Tu ferais mieux de te préoccuper de ton sort. Avec tes nouveaux états de service, c'est fini de se la couler douce. Tu peux oublier ton bled minable, Poudlard et tes ambitions de petit caïd. »

Rogue ne répondit rien mais accusa visiblement le coup. Il était temps de porter l'estocade finale. « De nos jours, on traite les voyous de ton espèce comme ils le méritent. Tu vas passer les pro chaines années à la prison d'Azkaban. Je crois même que je glisserai un mot à ton sujet aux gardiens. Tu auras droit à toute l'affection des Détraqueurs. » Il marqua une pause, pour laisser à ses paroles le temps de faire leur effet, avant de reprendre « En même temps, il s'agit de te première infraction. Admets les faits et on en tiendra compte. Si tu signes tes aveux, tu ne passerais que quelques mois au pénitencier … »

Il ponctua sa phrase d'une petite pointe de magie de compulsion. Il s'attendait à faire basculer facilement un esprit terrifié, mais il comprit son erreur quand il sentit des boucliers mentaux réagir à sa pression. Par Merlin, un occlumens de quinze ans capable de détecter ce type manipulation ! Il fallait qu'il agisse avant le serpentard n'aie totalement récupéré sa maîtrise de soi.

« Si tu ne reconnais pas que tu as enfreint la loi, tu es bon pour le baiser d'un Détraqueur. Tu sais ce qui arrive, quand ce genre de créature absorbe ton âme ? Tu deviens une coquille vide, un corps inerte. »

Le jeune sorcier le regarda un instant, le visage figé en un masque impassible. Enfin, il parla lentement. « Si je suis en infraction, alors, en tant que sorcier mineur, j'ai des droits. Je demande l'assistance d'un adulte. »


NDA : après quelques hésitations, je suis de retour. Désolé de ne pas avoir répondu à ceux qui m'ont laissé des reviews, je vais essayer de corriger cela dans les semaines qui viennent.

Sinon, Severus va vivre quelques événements inattendus et subir moult péripéties. J'ai une poignée de chapitres d'avance, mais désormais, mon rythme sera au mieux mensuel. En cette période de confinement qui risque de durer, je me dis que si je réussi à distraire une personne quelques minutes, je n'aurai pas perdu mon temps.

Alors à tous ceux qui me lisent, je ne dirai qu'une chose: lavez-vous souvent les mains! (et si ça dessèche votre peau mettez de la crème avant de dormir.)