Pour un cupcake

Auteur : PlumePlume

Disclaimer : l'univers et les personnages de Supernatural appartiennent à ses créateurs et je ne tire aucun profit financier de cette histoire.

Spoiler : se situe quelque part pendant la saison 8. Les Winchester vivent seuls dans le bunker, Cas les aide pendant leur chasse et j'ai considéré que Naomi n'existe pas (léger spoiler de la saison 13 plus tard dans l'histoire)

Pairing : Sam / Gabriel, alias Sabriel et Destiel établi

Rating : K+

C'est parti pour ma première histoire Sabriel ! J'aime beaucoup le personnage de Gabriel et ça me désolait de voir si peu d'histoire sur ce couple, donc voilà ma participation !

L'histoire est déjà entièrement écrite (et fait la modique taille de 51k mots) et je posterai un chapitre par semaine !

Bonne lecture, on se retrouve en bas !


Chapitre 1


Les yeux de Sam glissaient paresseusement sur les tranches des livres religieusement alignés sur les rayonnages. Les monstres semblaient se tenir à carreaux ces derniers temps. Le chasseur, après avoir fui de la salle de guerre[War room en VO] en remarquant les regards langoureux entre son frère et de l'ange, était désespérément en quête de distraction dans la bibliothèque du bunker.
Un éclat rosé au milieu des reliures brunes ternies attira soudainement son attention. Il s'approcha et s'empara du fin ouvrage. 1001 recettes de cupcakes. Bizarre. L'ouvrage semblait quasiment neuf. Et surtout complètement hors de propos, coincé entre un guide de torture de loup-garou et une encyclopédie de démonologie avancée. Sam imaginait difficilement Castiel manipuler un tel ouvrage, et encore moins son frère. Quoique, l'amour de Dean pour les tartes n'était un secret pour personne… Le chasseur haussa les épaules et feuilleta rapidement le petit livre de cuisine. Oui, ça ferait une très bonne distraction.

Les mains plongées dans le saladier, Sam se surprit à beaucoup plus apprécier la cuisine qu'il ne l'aurait pensé. Peut-être était-ce parce que d'ordinaire, Dean ne l'aurait jamais laissé approcher à moins de dix mètres des fourneaux, sans doute de peur de découvrir un peu trop de verdure dans son assiette. La pensée arracha un sourire à Sam.

Les petites boules de pâtes étaient maintenant enfournées. Il ne restait plus qu'à préparer le glaçage. Sucre glace, lait, beurre… Sam pesa consciencieusement les différents ingrédients, qu'il repartit un à un dans de petits récipients. Il délaissa ensuite le sucre pour découper et faire ramollir le beurre. La recette invitait ensuite à ajouter par-dessus le beurre le sucre et le lait. Sam se figea un instant, il lui paraissait qu'il y avait dans le bol moins de sucre qu'il n'en avait pesé. Bah, ce ne devait être qu'une impression. Il haussa les épaules et versa le sucre sans s'en soucier davantage.

Le glaçage attendait patiemment au réfrigérateur, pendant que les cupcakes finissaient de cuire. Sam s'autorisa une petite pause, histoire de sortir se dégourdir un peu les jambes. Ce petit intermède culinaire l'avait mis de très bonne humeur. Le livre regorgeait de recettes plus appétissantes les unes que les autres, que Sam était impatient de tester. Et il était persuadé que son frère et Cas se dévoueraient bien volontiers pour goûter ses créations, bien que Dean se défende bien d'avoir le moindre faible pour les sucreries. Un jour, son orgueil le tuerait (ça changera des créatures surnaturelles…).

Cinq cupcakes encore chauds trônaient sur la plaque, dans leurs petites caissettes en papier multicolore. Cinq. Sam fusillait du regard l'emplacement vide sur la plaque. Il avait sorti les gâteaux dix minutes plus tôt, pour les laisser refroidir avant de les servir, et s'était éclipsé un instant pour chercher un plat où disposer ses petites douceurs. Et visiblement quelqu'un avait eu la délicatesse d'engloutir une de ses créations dans son dos. Sam roula des yeux avec agacement et disposa les cupcakes survivants sur le plat.
Dean et Cas, installés à la cuisine, ouvrirent de grands yeux surpris le voyant débarquer un plateau de cupcakes encore fumants en main. Sam grinça des dents, Dean semblait sincèrement étonné de découvrir les gâteaux. Comme s'il n'en avait dévoré un en douce tout juste cinq minutes plus tôt. Pour un peu, Sam aurait douté. Mais mis à part Castiel, il n'avait personne d'autre dans le bunker. Et Sam imaginait difficilement l'ange en train de grignoter en douce. Même si Dean avait réussi à le convaincre des bienfaits de la nourriture humaine. Le chasseur soupira, connaissant le vétéran du déni qu'était son frère, si ce dernier avait décidé de jouer l'innocent, il ne lui ferait jamais avouer. Et il n'était pas d'humeur à se battre avec lui. Alors il laissa tomber. Ce n'était pas si important, après tout.
Il tendit le plateau aux deux hommes qui se servirent, les yeux pétillants. Sam sourit et attrapa un cupcake à son tour, croquant dedans à pleines dents. Pas mauvais. Un peu sec peut-être, mais franchement pas mal, pour une première fois !

L'expérience des cupcakes fut si concluante que Sam obtint même l'autorisation de cuisiner le dîner. Le chasseur en rayonna de joie, et même les menaces de Dean s'il osait glisser le moindre légume dans le plat n'arrivèrent pas à lui enlever son sourire. Ç'eut d'ailleurs l'effet inverse, et Sam se promit de glisser discrètement quelques crudités dans l'assiette de son frère. Ce serait sa vengeance pour le cupcake de l'après-midi.
Sam s'attela à la tâche en sifflotant. Il avait ressorti pour l'occasion un vieux livre de cuisine française qu'il avait acheté à l'université, dans l'idée d'impressionner Jess avec de beaux petits plats originaux. Sam eut un petit pincement au cœur, mais noya sa mélancolie dans la préparation d'une magnifique tartiflette. Et prit soin de glisser de préparer à côté de jolis petits morceaux de tomates. Ça irait merveilleusement bien dans l'assiette de Dean.
Le chasseur s'absenta un instant pour aller chercher le fromage dans la réserve du bunker. Il eut la bonne surprise de tout trouver inchangé à son retour. Mais la délicate odeur des oignons fraîchement découpés y était sans doute pour quelque chose. Sam haussa les épaules et se remit à la confection de son plat.

– Putain !? Sam! C'est quoi ce bout de… ce truc-là !
Sam crut qu'il allait tomber de sa chaise tant il riait. Dean le fusilla du regard, en repoussant du bout de sa fourchette l'affreux petit bout de tomate qui avait malencontreusement échoué dans son assiette. Cas pencha la tête en signe d'incompréhension. Sam, qui se tenait à présent les côtes, réussit péniblement à articuler, entre deux rires :
– Ça t'apprendra à grignoter mes cupcakes quand j'ai le dos tourné !
Le bruit outré de Dean relança son fou-rire.
– Mais j'ai jamais touché à tes cupcakes dans ton dos ! Je savais même pas que tu en avais cuisiné avant que tu nous les amènes !
Sam s'essuya les yeux, tout sourire.
– Mais bien-sûr, Dean. Tu vas me dire que c'est Cas qui se met à grignoter, maintenant ?
– Bordel, je sais encore ce que je fais ! Et ne mêle pas Cas à ça ! Moi je parie que c'est toi qui l'a bouffé, ce cupcake ! À carburer à la bouffe de lapin, ça m'étonnerait qu'à moitié que tu aies tellement la dalle que tu l'aies mangé sans même t'en rendre compte !
Sam ouvrit la bouche, prêt à défendre son régime alimentaire, mais se retint et ravala à grand peine sa réplique bien sentie. Son frère n'était visiblement pas prêt à en démordre, aussi Sam préféra se résigner et jeter l'éponge. Pour une fois qu'ils avaient l'opportunité de passer un dîner à peu près calme (on pourrait même se hasarder à le qualifier de joyeux), ce n'était pas un malheureux cupcake qui allait gâcher ça. Mais quand même, Dean avait bien mérité son bout de tomate.

Le lendemain matin, Sam se leva aux aurores, bien motivé pour un brin de cuisine. L'incident de la veille ne devrait pas se reproduire car Dean et Cas ne se levaient jamais avant dix heures du matin, pendant les périodes d'accalmie entre deux chasses. Le cadet avait donc quatre bonnes heures devant lui pour ses expérimentations culinaires. Il parcourut avec enthousiasme le sommaire de son nouveau livre de recettes et jeta son dévolu sur les cupcakes au chocolat. Après tout, ses cupcakes avaient rencontré un grand succès la veille, son frère et son ange seront certainement ravis de découvrir de nouveaux petits gâteaux fumants sur la table du petit déjeuner. Ce fut donc avec un grand sourire que Sam entreprit de réunir tous les ingrédients.
La farine, le sucre, les œufs et le beurre ne furent pas durs à trouver. Le chasseur nota d'ailleurs d'aller racheter des œufs, ses nouvelles créations culinaires ayant cruellement entamé leurs réserves. Mais en arrivant à l'emplacement du chocolat, Sam constata que les quelques tablettes en stock avaient été récemment manipulées. Et sur la pile désordonnée gisait une tablette au papier entrouvert. Une tablette entamée. Ça c'était franchement inhabituel. Dean n'avait jamais été spécialement fan de chocolat. Cas non plus, du moins, autant que Sam sache.
Sam considéra la tablette ouverte, une ride soucieuse barrant son front. D'abord le livre de cuisine qui n'avait rien à faire chez les Hommes de Lettre. Bon, il concédait que ç'aurait pu être un ouvrage égaré, après tout il avait déjà surpris son frère entrain de cacher ses magazines cochons dans les rayonnages pour éviter que Cas ne tombe dessus par accident. Puis le cupcake qui disparaissait tout seul. Encore une fois, ce n'était pas impossible que son frère ou Castiel aient été pris d'une subite faim et se soient servi sans oser l'avouer. Mais ça faisait plusieurs années qu'ils vivaient ensemble, et, bien que Sam ne traînât pas souvent dans le garde-manger, il ne lui avait jamais semblé que Dean ou Cas soient particulièrement portés sur le grignotage de chocolat, ou de sucrerie en général.
Mais accepter qu'il y avait anguille sous roche revenait alors à supposer qu'une créature surnaturelle suffisamment puissante pour pénétrer l'enceinte du bunker, créature qui, comme tout monstre qui se respecte, devait sûrement vouloir leur faire la peau, se contentait simplement de venir boulotter leurs vivres de temps à autre. Sam roula des yeux. Les chasses avaient fini par le rendre totalement parano. Il s'empara d'une tablette supplémentaire et s'en retourna dans la cuisine.

Sam était en train de siroter sa deuxième tasse de café lorsque Dean et Sam, probablement attirés par les effluves de gâteaux, débarquèrent dans la cuisine. Sam ne prit pas la peine de commenter les cheveux ébouriffés de Mr. Ange-du-Seigneur-qui-n'a-pas-besoin-de-dormir, ni le suçon bien visible dans le cou de Dean. Il les salua d'un vague signe de la main et leur indiqua du menton les cupcakes aux chocolats encore chauds, disposés sur une grille sur la table. Les yeux de Cas s'illuminèrent, au grand amusement des deux frères.
– D'ailleurs Cas, tu n'as rien remarqué d'inhabituel comme activité autour du bunker, ces derniers jours ?
Dean et Castiel relevèrent la tête de concert. L'ange fronça les sourcils et avala sa bouchée de cupcake avant de répondre.
– Non, à part nous trois je n'ai senti personne aux alentours. Pourquoi, Sam ?
Le chasseur haussa les épaules.
– Pour rien, pour rien. D'ailleurs, à tout hasard, aucun de vous deux n'a eu de petite faim cette nuit ?
Il vit Dean se crisper brusquement lui lancer un regard furieux.
– Ah non, tu vas pas commencer de bon matin ! Je te dis que ni Cas ni moi n'avons touché à tes putains de gâteaux ! Faut arrêter la paranoïa, Sam !
Le cadet leva les mains en signe de paix.
– Je demandais juste. J'ai trouvé une tablette de chocolat entamée dans la réserve donc je voulais simplement savoir, je n'accuse personne, Dean.
Ce dernier fit un petit bruit dédaigneux et croqua dans son cupcake. Sam en fit de même. Si Cas n'avait rien senti, alors tout allait bien. Ou alors la créature qui grignotait en secret était autrement plus puissante que Cas. Mais Sam préféra penser que ce n'était pas le cas.
En débarrassant le petit-déjeuner, Sam fut étonné de découvrir qu'il ne restait qu'un seul cupcake, alors qu'il en avait compté deux au départ de Dean et Cas. Mais il chassa bien vite cette pensée. Il avait définitivement besoin d'aller s'aérer, loin des chasses et des complots surnaturels.

L'occasion se présenta un peu plus tard dans la journée, lorsque Sam découvrit qu'ils commençaient à sérieusement manquer de sucre, d'œufs et plusieurs autres ingrédients pour ses cupcakes. Toujours pas de chasses en vue, il pouvait donc prendre l'Impala pour aller se réapprovisionner. À condition de le signaler à Dean avant, bien entendu. La dernière fois que Sam avait disparu avec Baby sans en avertir son propriétaire, Dean avait failli avoir une attaque en découvrant l'absence de sa chère et tendre, et avait copieusement engueulé Sam à son retour. Donc, pas fou, le chasseur se dirigea vers la chambre de son frère.
La porte était entrouverte, il y passa donc la tête, sans prendre la peine de frapper, et rougit jusqu'aux oreilles en découvrant son frère et Castiel étroitement enlacés, et manifestement trop occupés à se lécher les amygdales pour le remarquer. Sam repartit silencieusement et déposa simplement un petit mot sur la table de la cuisine. Il nota également sur sa liste d'acheter de la Javel, pour se laver les yeux, une fois qu'il aurait fini les courses.

Sam remplit consciencieusement les douze caissettes alignées sur la plaque. Cette fois-ci, il avait prévu grand, voyant que ses gâteaux étaient largement appréciés par les habitants du bunker. Dans le livret de recette, les cupcakes à la noix de coco auquel il s'était essayé paraissaient beaucoup plus appétissants que l'espèce de pâte vaguement grumeleuse que Sam était en train de répartir. Mais il rattraperait le coup avec le glaçage.
Le chasseur mit un point d'honneur à ne jamais lâcher les cupcakes des yeux durant toute la cuisson puis la phase de refroidissement. Et même alors qu'il appelait Dean et Cas pour la dégustation, il se débrouilla pour ne jamais lâcher les gâteaux des yeux.
Jusque-là, aucune disparition suspecte. Les trois hommes s'installèrent et chacun pris un cupcake. Neuf. Sam tenait les comptes. Aucun cupcake ne disparaîtrait par magie. Pas sous sa surveillance.
– 'Sont vraiment délicieux tes cupcakes, Sammy ! articula Dean après avoir dévoré son gâteau. Il se pencha pour en attraper un autre. Huit.
Castiel approuva d'un mouvement de tête et en reprit un. Sept. Sam s'autorisa un petit sourire satisfait. La collation se déroula sans accroc, rassurant les inquiétudes du jeune chasseur. Il ne restait désormais que quatre cupcakes sur la table, et les deux ventres sur pattes qui lui servaient de colocataires décidèrent finalement de prendre congé, en le félicitant encore pour sa cuisine. Ils allaient quitter la salle lorsqu'un grand fracas retentit, provenant de la bibliothèque.
Ils se précipitèrent sur place pour ne découvrir qu'une pile de livres manifestement tombé d'un coin de table. Dean leva les yeux au ciel et rangea son arme. Après s'être assuré qu'il n'y avait aucune menace, Cas et lui disparurent dans un couloir tandis que Sam retournait dans la cuisine, tenaillé par une mauvaise intuition.
Bingo. Il ne restait que deux cupcakes. Sam jura.

Sam passa la soirée à tester une autre recette en sifflotant. Il en préparait suffisamment pour qu'il en reste pour le petit-déjeuner du lendemain matin. Il ne put s'empêcher de penser qu'il ménageait une petite marge pour les gâteaux qui allaient se volatiliser. Cette idée le fit grincer des dents.
Quelle que soit l'entité qui en avait après ses créations, elle semblait trouver très amusant de le faire passer pour un crétin parano aux yeux de son frère. La cuisson était lancée, Sam s'appuya contre la table et bascula la tête en arrière, puis lâcha un profond soupir.
Il avait beau tourner et retourner les faits dans sa tête, il ne voyait pas quoi ou qui pourrait se donner la peine de faire une farce pareille. Tous leurs proches humains étaient à exclure, car, vivants ou morts, Cas aurait forcément détecté leur présence. Pareil pour les démons et anges lambda, et aussi pour les loup-garous, vampires, métamorphes et autres saloperies. Il fallait bien l'admettre : un radar d'ange, c'était rudement efficace. Mais manifestement pas assez pour attraper un plaisantin bouffeur de gâteau et de chocolat.
Bien-sûr, en découvrant le phénomène, Sam avait tout de suite pensé à Gabriel. Mais ce fut avec un petit pincement au cœur qu'il se rappela que l'archange facétieux avait passé l'arme à gauche, comme la plupart de ceux qui avaient tenté d'aider les Winchester. Bien que Sam ait longtemps caressé l'espoir que l'archange soit toujours vivant quelque part – après tout l'énergumène n'en était pas à sa première prétendue mort – mais les années et les cataclysmes passant, il avait fini par se rendre tristement à l'évidence : Gabriel avait bel et bien disparu. Et à part lui, il ne restait plus grand monde assez puissant pour outrepasser les barrières du bunker et également assez tordu pour se contenter de voler de la nourriture.
Sam avait un instant effleuré l'idée que ce soit de nouveau Lucifer qui jouait avec lui, mais il rejeta cette pensée avec force. Cette époque d'hallucinations et de tortures était définitivement révolue. Et il y avait suffisamment d'autres créatures là-dehors pour lui jouer des tours, nul besoin du Diable pour ça.
Le chasseur inspira profondément. Rien que de repenser à lui lui donnait la nausée. La sonnerie du four le tira de ses tourments et Sam huma l'odeur des cupcakes avec un sourire.

Le lendemain matin, Sam ne fut qu'à moitié étonné de découvrir que trois cupcakes manquaient à l'appel. Il fut cependant beaucoup plus surpris de trouver une bouteille vide de Johnny Labinsky Kentucky Whiskey traîner au pied de la table. Le whisky de Dean. Ça semblait presque trop facile.

– Mais bordel, puisque je te dis que je ne touche pas à tes putains de cupcakes, Sammy ! En quelle langue je dois te le dire ?!
Sam leva les yeux au ciel. Effectivement, c'était trop facile. Il s'excusa pour la forme et tendit à son frère le plateau de cupcakes. Dean ajouta malicieusement, en attrapant Cas par la hanche.
– Et puis, honnêtement, la nuit dernière j'avais des choses bien plus intéressantes à faire que d'aller voler des cupcakes. Si tu vois ce que je veux dire…
Sam marmonna un « Jerk » en détournant le regard, les joues rouges.

Ce fut en milieu de matinée que Sam eut une brillante idée. Ça ne l'aiderait en rien à trouver qui s'amusait à boulotter ses créations, mais ça aurait le mérite de le défouler un peu. Sam se dirigea donc avec un sourire tout innocent vers la cuisine, où il saupoudra discrètement de sel les trois cupcakes restant. Dean et Cas étaient partis faire leurs affaires dans leur coin, donc il n'y avait pas de risque qu'ils viennent picorer les cupcakes sabotés. Et Sam s'était résolu à les sacrifier pour sa basse vengeance. Désormais, il ne restait plus qu'à attendre que l'entité ait un creux et vienne se casser la croûte. Sam jubilait d'avance.
Il déchanta lorsque, quelques heures plus tard, il se retrouva soudain avec un affreux goût de sel dans la bouche, que les litres d'eau qu'il ingéra n'arrivèrent pas du tout à faire partir. Bien au contraire. Il évita bien entendu d'en toucher le moindre mot à Dean, sans quoi il en entendrait parler pendant des années. Le sortilège partit comme il était venu lorsque Sam se remit aux fourneaux, après le dîner (beaucoup trop salé, bien-sûr).
Le chasseur remarqua le phénomène et décida, téméraire et curieux, de tenter quelques expériences. Il fit mine d'aller chercher des ingrédients mais parti vers sa chambre. Il n'avait pas atteint sa porte que sa bouche était de nouveau copieusement salée et desséchée. Il retourna dans la cuisine et commença à réunir les ingrédients, sa bouche retourna à la normale. Il ajouta malencontreusement le mauvais ingrédient dans le saladier et le sel lui démangeait de nouveau les papilles. Il sourit. Un fol espoir réchauffait sa poitrine. Il voulait se convaincre qu'il n'y avait qu'une seule personne aussi puissante et à la fois aussi puérile dans ce bas monde.
Il finit de cuire et glacer ses cupcakes, puis les laissa se refroidir dans la bibliothèque, prétextant un grand ménage de la cuisine. Et ce fut avec un grand sourire que Sam traça tous les pièges à ange et archange qu'il connaissait sur le sol et les murs de la cuisine, avec de la peinture phosphorescente. Puis, une fois le Grand Ménage achevé, il ramena les cupcakes sur la table de la cuisine. Il fit mine de ne pas remarquer qu'il manquait déjà un cupcake.
Ce soir-là, il s'endormit avec un grand sourire aux lèvres.


À suivre...

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