Ceci est une fic policière au présent de l'indicatif sur fond de mafia et de corruption, en espérant que ça te plaira, la bleue. En joie.
Playlist :
Cops and Robbers – The Hoosiers
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Are you, are you ?
Coming to the tree
Where they strung up a man
They say who murdered three…
Where the dead man called out for his love to flee…
Wear a necklace of hope, side by side with me.
The Hanging Tree – cover by Holly Henry
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Jeudi 20 août 2015, 09 :12
L'ascenseur tinte en ouvrant ses portes, et Tony se contrôle pour ne pas sautiller en y entrant. Il est déjà neuf heures du matin, mais c'est son heure d'arrivée habituelle. Il a envie de sautiller car il y a un nouveau à la brigade. Tony aime boire, réparer la machine à café, et bizuter les nouveaux. D'habitude, Steve lui fait les gros yeux, mais ce nouveau-ci est un pistonné, alors on devrait le laisser lui refiler tous les rapports et le terrifier.
Bref : c'est une bonne journée qui commence.
L'ascenseur l'avertit par son jingle qu'il a juste le temps de se recoiffer avant la porte ne s'ouvre. Il sortit avec un petit sourire en coin, la démarche détendue malgré son manque offusquant de ponctualité.
« Tu es en retard, Tony, l'accueille son collègue en tentant de convaincre son ordinateur de bien vouloir envoyer un mail important.
-Tu es emmerdant, Stevy, récite-t-il. Mais tu dois savoir que je t'aime malgré tes défauts, le rassure le lieutenant en s'installant au bureau voisin."
Le couloir les sépare, et Tony lui doit sûrement la vie. Parce que le lieutenant Rogers est très musclé, et il lui arrive de perdre son calme quand Tony lui parle pendant trop longtemps.
Comme tous les matins, Steve s'interdit donc de sortir son arme de service pour l'abattre, et préfère continuer son combat de tous les instants contre la technologie.
"Alors, il est où le bleu ? s'enquiert Tony avec un sourire carnassier."
En lui jetant un œil, Steve croit soudainement voir l'affiche des Dents de la Mer.
"Du calme Tony, lui lance Natasha, passant devant eux avec des dossiers sous le bras. Fury lui a donné rendez-vous à dix heures. Il m'a chargé de te dire que ce n'est pas du pistonnage.
-Cool, et je suis Ellen Degeneres, répliqua Tony. Bien sûr que c'est du pistonnage, son père est le maire de la ville. Sans parler du fait… sourit-il encore."
C'est le sourire : je sais quelque chose que vous ne savez pas car je suis un génie de l'informatique- en fait barrez « de l'informatique ».
"…Qu'il a un Cv déplorable. Rien qui justifie son arrivée ici. J'ai cracké les dossiers secrets du boss et-
-Vous avez piraté qui ? s'enquiert le commissaire Fury juste à coté de lui, arrivé discrètement.
-La B.O.S, Bank of Sacramento chef, répond-il en faisant tourner son siège, ils ont un client avec des revenus très louches, on le soupçonne d'avoir fait le nettoyeur dans l'affaire Williams."
Steve lève les yeux au ciel, Natasha apprécie la rapidité et la crédibilité de la réplique d'une moue approbatrice et Clint, ayant tout entendu du bureau de derrière, se lève et le félicite d'une tape discrète sur l'épaule en passant, car il doit de toute façon descendre voir Bruce.
Comment ce type, Anthony Stark, arrive à être si au courant des affaires en cours alors que son principal job consiste à colporter les ragots, réparer la machine à café, pirater des trucs et avoir une intuition une fois par mois, reste un des mystères les plus insondables de la brigade criminelle de New York.
"Bien essayé Stark, mais de un j'espère pour vous que vous connaissez vos pronoms mieux que ça, de deux le Dr Banner m'a transmis son rapport sur Williams ce matin, et c'est vraiment un suicide. Pas un meurtre maquillé en suicide. Ce qui veut dire pas de nettoyeur, pas de banque of Sacramento, et vous avez encore piraté mon ordi donc je vais encore devoir vous menacer de vous mettre à la porte. »
Tony a une grimace douloureuse tandis que Fury le fusille de son œil unique. Ce dernier relève la tête vers le reste de son équipe, et fait le discours d'usage.
« Ok, donc on a un bleu à partir d'aujourd'hui, et tout ce que je vous demande c'est de lui foutre la paix. Ah si, j'ai un truc à vous demander en fait, se rappelle-t-il avant de soupirer. Qui veut le coacher ? A part Stark, demande-t-il."
Parce que des années après, il espère toujours.
Le temps qu'il finisse sa phrase, Natasha s'est rappelée que Darcy lui a demandé de passer urgemment, et Steve reçoit un appel de Bucky, son pote des Stups, qui a un suspect à lui montrer.
Tony se dit que s'il lève la main pour se porter volontaire, il va vraiment se faire virer, donc il contente de taper avec légèreté sur son clavier en attendant que ses collègues ne battent en retraite. Il jette une œillade à son chef quand il l'entend soupirer de nouveau, et promet :
« Je vais lui apprendre toutes les ficelles du métier, et s'il fait des erreurs, je les lui expliquerai avec patience et compréhension. Juré, rajoute-t-il.
-Faites diagnostiquer votre mythomanie Stark."
Mais il part tout de même, signifiant son accord.
Tony est au comble du bonheur.
D'ailleurs, quand Jarvis se met à miauler près de lui la seconde d'après, il se redresse, le prend dans ses bras, et l'emmène près de sa gamelle vide en lui grattant le cou et en lui murmurant ô combien tout cela va être drôle.
En décembre dernier, un chat a traîné plusieurs jours d'affilée devant la brigade. Un siamois bâtard et errant, couvert de puces des oreilles à la queue. Et chacun l'a regardé chaque matin en hésitant, puis l'a caressé tout de même, puis a regardé le bâtiment de la NYPD en hésitant, mais l'allergie du commissaire aux chats a toujours fini par dissuader même les cœurs les plus tendres.
Et puis Tony s'est ramené un matin avec le chat sous le bras ainsi que deux gamelles, des croquettes, une litière et un couffin dans son sac à dos. Il a déposé le tout à coté de la photocopieuse, et s'est ensuite installé à son bureau, commençant à travailler comme si rien d'inhabituel ne s'était passé. L'intégralité du service a rejoint sa campagne silencieuse, et a tout aussi silencieusement commencé à réfléchir sur les arguments qui pourraient convaincre le commissaire de garder le chat.
Steve considérait qu'avoir une mascotte permettrait de souder une équipe parfois en désaccord voire même en conflit, et les chats étaient des créatures tranquilles et apaisantes, donc l'espèce parfaite pour ça.
Clint voulait bien retirer toutes ses pétitions sur le remplacement du chauffage central s'il avait une bouillote constamment disponible dans les bureaux.
Darcy trouvait que les chats c'était vraiment trop mignon et elle voulait bien s'occuper de ses puces et de ses soucis de santé. Darcy avait fait des études vétérinaires avant d'entrer dans la police scientifique. Darcy avait fait bien trop d'études pour concorder avec son jeune âge, l'équipe présumait qu'elle n'en avait pas fait la moitié. De plus, l'ingénieure scientifique comptait mettre du death métal à fond pendant six mois s'il était mis dehors.
Natasha comptait dire qu'il était la preuve vivante que Tony avait un peu d'humanité et un bon fond, caché derrière une grosse couche d'emmerdeur, et qu'il était utile d'avoir l'animal sous les yeux quand on avait envie d'étrangler l'être humain.
Bruce, mis au courant un peu plus tard, avait construit son argumentation sur le fait qu'avoir un animal à caresser, et surtout un animal aussi paisible qu'un chat, permettrait de tranquilliser ses nerfs. Le Dr Banner, le grand génie de l'autopsie, prenait un traitement pour sa schizophrénie, mais était tout de même sujet à d'imprévisibles et violentes sautes d'humeur, ce qui entraînait une grande écoute de ses demandes de la part de toute la brigade, et surtout de la part de celui qui signait le budget de réparations tous les ans.
Sûrs ou presque de leur succès, ils ont patiemment patiemment que Fury tombe sur la boule de poil en surveillant à tour de rôle le coin près de la photocopieuse.
Et il le fit.
Sauf qu'après avoir vérifié qu'il n'y avait personne aux alentours, il se mit à le prendre dans ses bras et à lui murmurer que ça faisait un moment qu'il le voyait dans la rue sans oser le ramener et que c'était bien que quelqu'un ait eu assez de cœur pour le faire.
Ils étaient trop loin pour entendre ça, mais Tony a récupéré la vidéo de surveillance, et Natasha a lu sur ses lèvres. C'était dur à croire en côtoyant le commissaire presque tous les jours, mais il y a cette rumeur comme quoi l'agent Romanoff est un ancien espion surdoué du KGB, et qu'on peut donc lui faire confiance pour lire sur les lèvres. Ou plutôt, qu'il est extrêmement dangereux de la mettre en doute.
Alors on se mit à chercher la personne qui avait répandu la rumeur de l'allergie aux chats de Fury afin de la lyncher, mais elle demeura introuvable.
Ou de manière plus probable, il n'y avait qu'une seule personne ici qui répandait les ragots, et que c'était la même que celle qui avait osé ramener le chat. Par conséquent, le lynchage n'avait alors plus aucune logique.
L'affaire fut donc enterrée et le chat était resté à la brigade, apaisant Steve et Bruce, réchauffant Clint, ravissant Darcy, et empêchant Natasha de tuer Tony.
Dix heures moins dix, et Tony trépigne d'impatience. On est en avance pour le premier jour à la crim' de la NYPD, non ?
L'ascenseur sonne et il se lève aussitôt.
« Je t'ai manqué à ce point ? s'enquiert Clint en haussant un sourcil.
Tony lui crie un peu dessus et Clint lui réplique qu'il est vraiment trop excité à propos des nouveaux. Ils ne les gardent pas très longtemps de toute façon. Pas parce qu'ils en tuent beaucoup, mais bien souvent, ils changent de service d'eux-mêmes au bout de quelques jours, prétextant que c'était « trop sanglant », « trop difficile », ou que les collègues étaient "vraiment trop bizarres ». Les rares qui veulent rester sont peu nombreux à passer la Barrière, les trois semaines décisives au bout desquelles Fury prend la décision de les garder ou non. Le commissaire laisse beaucoup de jeunes tenter leur chance, mais en autorise très peu à intégrer sa brigade.
Mais c'est pour ça que Tony les aime ! Le plaisir du bizutage sans devoir les materner pendant des années. C'est jouissif comme l'invention du préservatif.
L'ascenseur tinte à nouveau et leur conversation se stoppe net. Un type grand, jean noir sweat vert, le visage lisse de toute émotion, en sort et marche dans le service en cherchant discrètement le bureau du directeur.
Tony le détaille sans vergogne pour juger ce qu'il vaut. Il a… un pas assuré mais lent, comme voulant avancer qu'en n'ayant examiné chaque détail de son environnement proche. Bien. Des longues jambes taillées pour courir. Essentiel. Tony se force à rester correct, et ne se fait pas de remarques comme quoi les couilles sont indispensables dans la crim', car tout ça est abstrait, considérant Natasha et Darcy. Le nouveau a des mains de pianiste. Pas sûr qu'ils aient besoin de musique sur une scène de crime, mais sait-on jamais, et puis ce type n'a peut-être jamais touché un piano de sa vie malgré ses longues mains, même si dans son milieu d'origine on a sûrement accès à un piano, et Tony se rend compte qu'il n'est plus concentré. Sa posture est droite, et là se distingue son éducation bourgeoise le destinant à dominer la planète. Bruce, par exemple, est très légèrement voûté, comme ne voulant pas imposer au monde sa présence. Alors que l'inspection est sur le point de se terminer et que Tony juge que le nouveau a environ 43% de chance de passer la Barrière, le bleu le regarde. Le bleu a les yeux verts.
Tony affiche un sourire narquois et claque :
« Le bureau à droite au fond du couloir. Au fait : tu tiendras pas deux jours. »
Après un instant de réflexion, Loki referme la bouche. Bouche qui allait tout d'abord demander le bureau du commissaire Fury, puis lancer un remerciement, et enfin balancer une insulte.
Tony a vu tout ce cheminement sur le visage près du sien, et a un sourire resplendissant.
Ah, songe Loki. D'accord. On la lui joue comme ça. Conseil à soi-même numéro un : éviter le plus possible ce flic-là (appelons-le l'Emmerdeur). Il semble fouineur et pénible. L'autre, appelons-le Yeux perçants, le jauge du regard également, mais veut plutôt voir ce qu'il vaut que lui mettre le plus vite possible la tête dans les chiottes.
Ce qui est bien évidemment le cas de l'autre.
Il se détourne sans daigner réagir à la provocation, et Tony peut reprendre son inspection. Il y a quelque chose de louche chez ce type, même s'il ne saurait dire quoi.
"T'en penses quoi toi ? demande-t-il à Clint sans cesser de fixer le bleu.
-Si c'est vraiment le fils du maire, pourquoi il est là ? Il ne devrait pas être avocat ou sénateur ?
-Quelle question. Il est là parce que c'est le meilleur boulot du monde, fait le lieutenant avec un regard si pétillant qu'il faisait peur.
-Parfois je me dis que tu es un tueur en série, Tony, soupire Clint après un instant. Et j'ai les menottes qui me démangent.
-Ne te gêne pas, mon fouet est dans un tiroir de la morgue, murmure-t-il en s'éclipsant."
Il compte soit se connecter à la vidéo de surveillance du bureau du directeur, soit courir faire des commérages à Bruce ou Darcy, soit retourner gagatiser auprès de Jarvis « Qui c'est qui a gagné un bizut tout mignon tout neuf ? C'est qui ? C'est papa, bowi mon chaton c'est papa ! ». Au choix. Le téléphone sur le bureau de Steve sonne juste à temps pour empêcher Tony de partir trop loin. Clint décroche, et écoute son collègue de la sureté publique lui faire part d'un suicide. Steve revient dans l'open space à ce moment-là, et Tony tente de faire des paris avec lui sur la future affaire. Quand Clint raccroche, Fury arrive derrière eux, accompagné du nouveau.
« On a un pendu sur la neuvième avenue, lança Clint. MacLogan veut qu'on vienne parce que la victime est fichée chez nous. Il n'y a pas besoin de beaucoup de monde, juste le doc et un enquêteur. Le bleu est prêt pour sa première affaire, boss ?
-Oui, vous allez pouvoir aller avec lui, Stark, concède Fury avec un regard d'avertissement pour son lieutenant, qui lève les mains en signe d'innocence.
-Loki Odinson, c'est bien ça ? demande Steve au bleu. Je suis le lieutenant Steve Rogers, enchanté, dit-il alors qu'ils se serrent la main."
Loki le jauge un instant. Le lieutenant lui fait l'effet d'un type droit et honnête.
"Tu as déjà rencontré le lieutenant Clint Barton, continue le lieutenant tandis que Yeux perçants fait un signe de la main, ainsi que le lieutenant Tony Stark, dit-il en montrant l'Emmerdeur qui lui sourit comme le squale qu'il est. Tony s'est proposé pour être ton mentor, ajoute Rogers, et si c'était seulement possible, le sourire de Tony se serait agrandi et l'expression de Loki se serait faite encore plus déprimée. N'hésite pas à le rembarrer s'il va trop loin ou à demander conseil à d'autres. Si tu veux bien, Tony va te faire une visite des locaux puis vous allez passer prendre Banner avant d'y aller. Clint, tu viens m'aider à boucler le dossier Williams ? Darcy doit avoir fini le rapport balistique. »
Le bleu a vraiment une sale tête. Il aurait sans doute eu l'air moins contrarié et désespéré si on lui avait annoncé qu'il allait passer le reste de ses jours à Guantanamo. Tout ça remonte considérablement le moral de Tony après l'attaque perfide des yeux verts, et il active le protocole Bleu. Steve lui jette un dernier regard d'avertissement mais rien ne peut freiner son enthousiasme.
Donc, Tony adore s'occuper des nouveaux. Il a toute une série d'étapes à respecter scrupuleusement.
D'abord, il juge. Il scrute, épie, gratte là où ça s'écaillait. De ce jugement, il détermine un premier pourcentage qui lui permet de choisir entre deux méthodes de formation. S'il est inférieur à 50% : il bizute sans vergogne sans trop prendre la peine de faire la partie apprentissage. S'il lui est supérieur : il prend le nouveau au sérieux, partage son savoir, et le bizute peut-être encore plus.
Le sujet Loki a passé cette première étape, et s'est stabilisé à 57%. Le pourcentage va ensuite évoluer tout au long de la semaine et sera définitif jeudi prochain. Tony ouvre le dossier du bleu qu'il a discrètement récupéré des mains de Fury, et commence à le feuilleter en entraînant son apprenti à sa suite.
« Okay le bleu : tu connais quoi de la police ?
-Je m'appelle Loki. Et vous avez mon dossier dans les mains."
Et sérieusement, qui dit encore « okay » ?
"C'est un faux dossier, on le sait tous les deux, réplique le vieux sans jeter un œil derrière lui ni s'arrêter de marcher.
Grossière erreur ; il ne voit pas la tension des épaules de son pupille.
"T'as aucune qualification : t'es qu'un fils à papa qui sait pas quoi faire de ses journées alors tu vas voir des cadavres."
Loki se détend.
"Yep. Parce que j'aime faire perdre du temps à des officiers de police.
-Personnellement je suis lieutenant, et j'adore les jouets, fit-il dans un sourire."
Il balance le dossier dans la poubelle près de son bureau. Le nouveau serre les dents d'agacement mais ne dit rien. Fury a passé des heures à faire ce faux dossier.
Son collègue, Yeux perçants, cherche quelque chose dans un gros meuble range-documents tout en parlant dans le téléphone coincé entre son épaule et sa joue. Cartonne, bastonne…. Barton. Il parait contrarié. L'Emmerdeur commence son speech, mais Loki ne peut s'empêcher d'écouter la moitié de conversation à la place.
"Donc ici on est une équipe un peu spéciale. On dit la crim', mais en réalité on ne traite que vingt pourcents des homicides volontaires de New York, car ils sont souvent liés aux règlements de compte des mafias -brigade anti-gang-, au trafic de drogue - brigade des stups-, ou au djihadisme -les Swat ou le FBI. Nous, on a surtout la main mise sur les affaires classées.
-Oui ma puce, je sais… Mais je suis sûr qu'elle est très bien la nouvelle nounou. Tu ne la connais pas mon ange, sois sage avec elle. Papa est au travail, il revient ce soir. Tu es où là ? Comment ça tu l'as enfermée dans la salle de bain ? Ouvre-lui la porte voyons !
-Wow, tu m'écoutes le bleu ?
-Non, votre collègue a un souci avec sa fille et c'est passionnant, répond très honnêtement Loki.
-Si tu veux être viré tout de suite, tu le dis.
-Allez, ouvre cette porte. Ton frère est très sage à l'école lui. Papa va essayer de rentrer plus tôt ce soir, continue l'agent en fermant le placard, ayant finalement trouvé son dossier. Oui, et on ira tous les trois au tir à l'arc ce week-end. Voilà. Oui, c'est promis. Tu ouvres la porte à la nounou maintenant ? Bien. Sois sage. A ce soir."
Le flic raccroche avec toujours une expression contrariée et rencontre le regard noir de l'Emmerdeur.
"Tu déconcentres le bleu avec tes problèmes d'autorité.
-La ferme, Tony. Sa maîtresse est en dépression donc Lila doit rester à la maison, et c'est la troisième baby-sitter cette semaine, fait-il en se passant la main dans les cheveux.
-N'empêche que tu gâtes trop tes gamins.
-Ils vivent mal le divorce, réplique Yeux perçants. Et de toute façon tu n'y connais rien.
-Tu gâtes trop tes gamins, confirme une rousse en s'approchant d'eux. C'est le dossier Han ? s'enquiert-elle.
-Non, Williams, soupire-t-il en renonçant à répliquer. Mais il me semble que Bruce a un souci avec Han…
-Enfin bref, reprend Tony tandis que ses collègues discutaient en cherchant le dossier. On est sept ici, plus le directeur. Tu connais déjà Rogers et Barton…
-Bon courage le bleu ! fit Yeux Perçants en s'éloignant.
-Mais je dois encore te présenter à-
-Natasha Romanoff, le coupe la rousse en tendant sa main."
Quand Loki la serre –vache, quelle poigne-, elle s'approche bien trop près à son goût et lui murmure à l'oreille:
"File une droite à Tony le plus vite possible pour qu'il te respecte."
Ah tiens, éventuellement ça pourrait être un très bon conseil. Loki décide qu'il l'aime bien.
"Laisse mon bleu tranquille, Romanoff, fait Tony d'un ton agacé."
La rousse se détache et lui tapote la joue avec un sourire. Elle est très jolie mais une petite voix dans sa tête lui dit danger et si elle te propose un verre tu dis non parce que tu aimes tes couilles par paire et puis ils ont tous l'air tarés ici de toute façon.
Elle s'en va, Loki jette un œil derrière lui, et définitivement, si la cocaïne avait forme humaine, ce serait elle.
"Donc voilà, Natasha Romanoff, fait son mentor. Y'a une rumeur comme quoi c'est une espionne du KGB depuis qu'elle sait marcher, donc voilà, si elle te propose un verre tu dis non parce que tu aimes tes couilles par paire, précise-t-il tandis que Loki hausse un sourcil amusé. Parce que si elle, elle ne te fait rien, Clint s'occupe de ton amputation rapide et pas chère dès le lendemain."
Message reçu. Ils n'ont pas l'air ensemble, mais pas touche à aucun des deux sauf désir de long séjour à l'hôpital. C'est un bon point, pour acheter le silence de l'un on pouvait menacer l'autre. Celui qu'on a chargé de le former est peut-être une enflure insupportable, mais il doit l'écouter s'il veut accumuler des informations sur eux tous.
Et lui filer une droite dès que possible, autant allier l'utile à l'agréable.
"Donc, on est sept. On travaille en étroite collaboration avec les autres services, les stups, l'anti-gang... J'ai cru comprendre que tu avais un frère dans celle-là. Ton papounet doit l'avoir mauvaise, que ni lui ni toi ne vous lanciez dans la politique ?"
Loki n'a aucune réaction, donc Tony laisse tomber pour l'instant. Le pourcentage du bleu est assez haut, il aura bien le temps de le pousser à bout à ce sujet plus tard.
Il s'arrête pour compter sur ses doigts et marmonner « pourquoi j'ai dit sept moi ». Tout à coup, il y a un truc contre la jambe de Loki et il porte sa main droite à son coté gauche en s'éloignant précipitamment de la chose. Puis il se dit merde et j'espère qu'il n'a rien vu.
Tony a tout vu et se pencha pour prendre Jarvis dans ses bras. Maintenant il sait que malgré les apparences, le bleu a l'habitude de porter un holster. Il a donc fait de la police avant de venir ici. Pourquoi Fury aurait-il fait un faux dossier pour le cacher ? Etait-il au FBI ou à la CIA sur un dossier sensible ?
Il se promet de creuser ça plus tard, puis cache sa réflexion en lui présentant le chat.
"Ah voilà. Jarvis, le bleu, le bleu, Jarvis. Les autres lui donnent d'autres noms mais c'est moi qui l'ai ramené donc il s'appelle Jarvis."
Il est très beau ce chat. Loki va l'appeler FBI.
"On est à cinq. Donc on est quatre agents de terrain, et il reste un ingénieur police technique scientifique, ainsi qu'un médecin légiste qui sont aux étages du dessous, puisqu'ici il n'y a que l'open space et le coin débrif juste là, annonce-t-il en montrant un mur avec un tableau tactile et quelques chaises. On va descendre.
Il retourne près de son bureau, dépose FBI le temps de mettre un holster d'épaule et de prendre son arme de service. Loki y jette un coup d'œil, et reconnait un glock 19, l'arme de poing réglementaire de la police. Son mentor reprend le chat sur son épaule et se dirige vers l'ascenseur.
"Quand est-ce que j'ai mon flingue ? s'enquiert Loki."
Il en a déjà un, mais il imagine que c'est une question qu'un bleu pourrait poser.
"Ҫa dépend, tu sais t'en servir ? fait le lieutenant d'un ton de défi en se retournant.
-Très bien, soupire-t-il, j'ai suivi un entraînement militaire de deux ans. Donc je sais me servir d'une arme."
Il n'aime pas devoir révéler une partie de la couverture préparée par Fury une demi-heure après être arrivé ici, mais son mentor est définitivement du type chiant.
-En gros, tu ne mentionnes pas avoir été dans la police avant, mais ta réaction face au daaangereux Jarvis laisse présager le contraire."
Loki tique. Donc il a remarqué son réflexe, mais son explication est qu'il a déjà fait de la police. Très bien, il pouvait raisonnablement le laisser penser ça.
"Je te crois pour le flingue, continue le lieutenant, Darcy t'en filera un. Ah, à propos de Darcy, fait-il en ayant l'air soudain beaucoup plus fatigué.
Il appuie sur le bouton d'appel et les portes s'ouvrent. Loki monte à sa suite et ils descendent. Les yeux bleus de FBI le fixent, au même niveau que lui car il était toujours sur l'épaule de l'agent. Qu'est-ce qu'il est petit, remarque-t-il. Finalement, il va le rebaptiser Grincheux.
"Pour ce qui est des personnalités, reprend Grincheux, Steve est le flic droit et parano par excellence, mais ça tu le verras bien assez tôt. Clint est un marrant, sauf quand il s'agit de ses gamins. Par contre, pour les autres, fais pas de connerie. Natasha est très habile avec un couteau, et notre médecin légiste a des troubles de la personnalité. N'énerve aucun des deux. Et enfin, notre ingénieure…"
Quand les portes de l'ascenseur se rouvrent, James Hetfield leur demande pour qui sonne le glas en leur hurlant dans les oreilles.
"… est complètement folle, termine le lieutenant tandis que FBI saute de son épaule pour aller vers une fille en blouse et à lunettes qui ondule une main en rythme avec la musique."
Elle se retourne après deux miaulements du chat.
"Salut Cookie ! Ça va mon grand ?"
Elle prend la créature dans ses bras et continue de chantonner les paroles en restant concentrée sur son ordinateur, qui compare deux clichés de balles très endommagées. Grincheux se racle la gorge.
"Oh, salut Tony ! Musique, fait-elle à personne en particulier, et il y a tout d'un coup beaucoup moins de basse et de guitare et c'est beaucoup mieux."
Elle s'approche de Loki et le scrute.
"Toi, je ne te connais pas, mais tu as des jolis yeux. Ma petite amie serait trop fan. Mais Cookie a des jolis yeux aussi, semble-t-elle réfléchir en prenant le chat à bout de bras, qui se contente de miauler. Tu préfères quoi Tony, bleu ou vert ? fait-elle en retournant l'animal pour le lui montrer."
Même si le lieutenant voulait répondre, il ne pourrait pas, car elle recommence aussitôt à parler. Il semble avoir l'habitude, parce qu'il lève juste les yeux au ciel et attend que ça passe.
"C'est quoi ton nom ? demande-t-elle en posant FBI par terre.
-Loki, répond-il.
-C'est beau, remarque-t-elle en se détournant. Le feu, la ruse, la discorde, tout ça. Mais toi t'as l'air sympa. Tu vas rester ? Tu aimes les spectromètres de masse ?"
Grincheux se racle la gorge et Darcy semble se ressaisir.
"Hey, j'arrête de parler.
-Il est nouveau et il a besoin d'un flingue.
-J'amène ça."
Loki se rend compte qu'il a un très léger sourire sur les lèvres tandis qu'elle se dirige vers le fond de son labo en demandant pour qui sonne le glas.
"Là elle a pris trop de café, précise Tony. Elle est plus calme d'habitude.
-Je pensais qu'elle était Asperger.
-Un peu aussi."
Elle revient vers eux en tenant l'arme et la sangle du bout des doigts, loin d'elle. Loki la débarrasse de ce qui semblait la dégoûter au plus haut point et enfile l'holster, puis observe le semi-automatique. Comme il s'y attendait, c'est aussi un Glock 19. Il ne les connait pas très bien, il préfère les Beretta, mais puisque le lieutenant pense qu'il a déjà fait de la police, il doit faire semblant d'en avoir l'habitude.
Darcy regarde toujours l'arme avec une expression de dégoût.
"Si t'es une hippie, tu devrais pas écouter Bob Marley ? lui lance le lieutenant.
-Mais je l'écoute, proteste-t-elle. Sauf quand il me dit de fumer de la weed au travail. Là je lui dis : « non Bobby», parce qu'après je suis déconcentrée et là Nicolas me dit qu'il va me virer."
Ah oui. Parce qu'entendre la voix de Bob Marley est complètement normal.
Loki est largué.
"Fury ne te virera jamais.
-Toi non plus, mais tu l'écoutes quand même quand il te menace de le faire.
-C'est mauvais pour son ulcère de s'énerver.
-Et la weed c'est bon pour les intuitions.
-Et pour les ulcères ?
-C'est le curcuma pour les ulcères.
-Vous êtes encore là ? s'étrangle Rogers qui vient d'entrer."
Grincheux sursaute, et crie quelque chose comme quoi il avait besoin de ces dix ans de sa vie et que c'est illégal de surgir dans le dos des gens comme ça. Puis il se résout à partir et fait un high five très compliqué avec Darcy, qui prend bien trois minutes et comporte le laridé du poulet ainsi que la danse du Jemenoie sans doute tiré de Pulp Fiction. Tandis que Rogers regarde sa montre parce qu'il doit vraiment boucler ce dossier, Loki cherche la sortie de secours parce que tout cela commence à être un peu trop pour lui.
Ils sont retournés dans l'ascenseur lorsqu'il s'enquiert :
« C'est toujours comme ça ?
-Non, là c'est juste aujourd'hui pour te traumatiser."
Il garde une expression sérieuse jusqu'à ce que le bleu ait l'air un peu rassuré.
"Nan j'déconne, c'est toujours comme ça."
Et il sourit.
Connard.
Loki est désespéré et songe remonter dans le bureau de Fury dire qu'il abandonne, tant pis si cela signe la fin de son plan. Ce n'est qu'après avoir passé la porte automatique qu'il se rend compte qu'ils sont à la morgue. Il y a des tables en métal gris, de grandes lampes, des instruments chirurgicaux, et tout y est très propre. Un homme plutôt baraqué en blouse blanche est en train de rassembler des gants et des masques dans une mallette.
"Hey Bruce ! lui lance Tony. Regarde qui j'amène !"
Lorsque le médecin lève le nez, son regard est fuyant et il a l'air légèrement mal à l'aise. Loki le baptise Timide et se demande s'il doit s'appeler lui-même Blanche-Neige avec ses surnoms de merde. Il a autre chose à faire, franchement.
"Bruce Banner, lui dit-il doucement en lui serrant la main, bienvenue à la brigade."
On lui a dit qu'il pouvait être dangereux, mais il est le premier à lui souhaiter la bienvenue et à le laisser se présenter, donc Loki décrète qu'il l'aime bien. Il s'entend bien avec les gens dangereux de toute manière.
"Loki, enchanté.
-Tony va te taquiner mais je peux voir qu'il t'aime bien. Ne te laisse pas marcher dessus."
Grincheux se racle la gorge de manière agacée. Le docteur Banner est décidément le préféré de Loki. Natasha semble suspicieuse et cette « Darcy » véritablement l'air perchée. Pas qu'il compte sympathiser, mais s'il doit rester plusieurs mois ici, il est bon qu'il y ait des personnes auprès desquelles il doit faire moins attention.
-Stevy t'a dit ? s'enquiert le lieutenant, on a un pendu sur la neuvième.
-J'ai eu le message et l'adresse, vous voulez venir dans le camion ?
-La terre est trop en danger pour qu'on prenne deux voitures. En avant Folamour.
Sur la route de l'appartement du pendu, Loki songe tout de même que tout ceci est une très mauvaise idée.
