Une jeune femme courait à en perdre l'haleine, longeant des couloirs sombres et interminables. Les lampes sales étaient toutes, sans exception, cassées.

Elle avait une expression terrifiée, elle ne cessa de courir comme si sa vie en dépendait, en dépit de sa jambe droite qui saignait abondamment...

Le sang s'écoulait et se répandait sur le sol jonché d'une substance noirâtre.

Un halo de lumière venant du plafond éclaira son visage.

Il était écorché, ses bras nus dévoilaient des coupures rougeoyantes, des ecchymoses bleues et violettes.

Son corps entier était recouvert de blessures...

Elles étaient d'autant plus visibles avec la pâleur de sa peau, causée par une mauvaise alimentation.

- Il ne faut pas qu'ils le sachent...Il ne faut pas qu'ils l'apprennent. Je dois me dépêcher...Chuchota t-elle d'une voix rauque

Elle entra dans une pièce peu éclairée, elle s'empressa de fermer la porte derrière elle.

Les battements de son cœur étaient encore irréguliers, elle avait peut-être réussi à échapper à leur vigilance mais elle ne s'en était pas encore sortie.

Elle glissa contre la porte et entreprit de se reposer un peu, toutes ces émotions fortes, ce n'était décidément pas bon pour le cœur...

Lorsqu'elle reprit ses esprits, elle inspecta la salle.

Elle avait finalement trouvé l'endroit qu'elle cherchait.

- Dieu merci. Se réjouit-elle

Elle se hâta de s'approcher des dizaines d'écrans d'ordinateurs qui étaient installés sur un large bureau.

Elle se dépêcha d'appuyer sur la souris. Elle tenta de l'allumer mais elle tomba sur un mot de passe qui verrouillait l'utilisateur.

- Oh non, c'est pas vrai...Soupira t-elle

Elle réfléchit à un mot de passe qui aurait une certaine logique, elle connaissait le propriétaire et il ne faisait rien au hasard.

- L'année des procès de Salem. C'est donc 1692. Ça vaut le coup d'essayer...Chuchota t-elle

Elle tapa les chiffres.

Avec joie, elle constata que c'était le bon.

- Je te connais trop bien...Sourit-elle tristement

Alors qu'elle fouillait l'ordinateur, elle se dirigea vers sa boîte mail, elle fit de son mieux pour ne pas faire de bruits en tapant sur les touches. Elle entendit de l'agitation non loin d'elle, elle devait agir vite !

Elle écrit à l'adresse de son frère aîné :

Evan,

Je suis bien vivante, je ne sais pas pour combien de temps mais je le suis, je t'en supplie, prends en charge Paige. Je ne peux pas te raconter en détails ce qui m'est arrivée, je ne veux pas t'attirer d'ennuis. Je suis morte d'inquiétude à son sujet...

Sans qu'elle ne s'en aperçoive, la porte s'ouvrit révélant une ombre menaçante. Elle était tellement concentrée dans la rédaction de ce témoignage.

Tu auras accompli ma toute dernière volonté, merci pour tout, tu as toujours pris soin de moi. Tu seras un excellent papa pour elle. Je suis sûre et certaine d'une chose c'est que tu t'occuperas aussi bien de Paige que tu l'avais fait avec moi. Sache que je t'aime de tout mon cœur, tu vas me...

- Tu vas me manquer, sniff...Dit une voix moqueuse derrière elle

Des pleurs exagérés accompagnèrent cette phrase.

Avant qu'elle ne puisse se retourner, son kidnappeur saisit sa gorge violemment et l'éloigna de l'ordinateur.

Elle poussa des cris aigus affolés, elle tirait sur les manches de son sweat vert foncé pour éloigner ses mains de son cou, il s'empressa de mettre sa main sur sa bouche :

- Ferme-la ! Sale garce, t'essayais d'envoyer un appel au secours ! S'agaça t-il

Il eut subitement une voix mielleuse :

- Quelle bonne idée, bébé.

Elle se débattait contre lui, en vain, il était trop fort. Il sortit un collier pour chien et le mit autour de son cou, il lui adressa un horrible sourire.

- Regarde ce que tu as perdu, ce n'est pas très gentil de t'en être débarrassé, je te rappelle que tu dois le garder sur toi. Un cadeau ne se jette pas. Ironisa t-il

Elle leva les yeux au ciel, profondément exaspérée, sa réaction le fit rire, il s'empressa d'accrocher à l'harnais la laisse qui allait avec.

- Sans toi je n'y aurais pas pensé, enfin presque, mais tu m'as donné envie de le faire, sauf qu'il va y avoir quelques modifications dans cet e-mail, je dirais même beaucoup. Lui murmura t-il au creux de son oreille

Il la jeta brutalement par terre, profitant de sa faiblesse, il lui asséna de violents coups de pieds dans ses côtes et son visage faisant resaigner son nez.

- Ça t'apprendra à rester sage à l'avenir. Se moqua t-il

Contre le sol et les membres déjà douloureux, elle n'arriva pas à bouger, elle regarda ce dernier attachait solidement la laisse à la chaise de bureau, qui se trouvait devant l'ordinateur, où par la suite il y prit place.

Elle essaya de se relever sauf qu'elle songea à s'en abstenir, son corps lui faisait trop souffrir, il avait réveillé des blessures qui venaient à peine de se refermer.

- Sois sage, sois sage, bébé. Ricana t-il en tapotant sa tête

C'était humiliant, elle retenait des larmes de colère.

Elle cracha du sang par terre, elle n'y fit pas attention, ses yeux étaient posés sur le moniteur.

Elle constata que comme il l'avait dit, il modifiait son e-mail. Quelle horreur, il se faisait passer pour elle ! Pour amplifier ses inquiétudes, il s'empressa de le lui lire :

- Qu'est-ce que tu dis de ça ? "Evan, pitié, tu dois absolument venir me chercher, j'ai réussi à me glisser hors de la pièce où j'étais retenue prisonnière et j'ai pu accéder à un ordinateur pour t'envoyer ce message. Sors-moi d'ici, je t'en prie, je suis piégée dans la maison des Baker à Duvley en Louisiane. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir survivre. Tu dois absolument me venir en aide... "

Pendant tout le long qu'il lisait, il avait imité sa voix d'une façon très parodique.

- C'est pas mal. C'est fou comme j'arrive à t'imiter à la perfection, hein ? Pouffa t-il en la regardant

- Non ne l'envoie pas, je ne veux pas qu'il meurt ! Supplia la pauvre jeune femme

- Réussi à me donner une bonne raison de ne pas le faire. Et peut-être que je ne lui enverrais rien du tout...Proposa son kidnappeur

- Dis-moi ce que tu veux, je te le donnerai. Promit-elle

- Quand on y réfléchit, c'est idiot que tu me proposes ça, puisque je peux déjà t'obliger à faire ce que je veux. Désolée, bébé, t'aurais pas dû t'échapper de ta chambre, considère ceci comme ta punition.

- Non ! Non ! Lucas ! S'écria t-elle

Il appuya sur la touche "entrée".

- Oups, ma main n'a pas pu s'en empêcher. J'ai menti, ta punition n'est pas finie. Rit Lucas méchamment

- Ne m'approche pas ! Hurla t-elle

Elle essaya de retirer la laisse sauf qu'elle s'aperçut qu'il avait pris soin d'ajouter un verrou quand il la mettait.

Avec un rire sadique, il se leva pour s'avancer vers elle. Son ombre recouvrit la pauvre jeune femme, qui était absolument terrorisée !


Deux mois plus tôt...

Dans une pièce plongée dans le noir complet, un homme se tenait devant plusieurs moniteurs qui filmaient des pièces inquiétantes montrant à l'intérieur des corps démembrés, un bain de sang tapissant sous eux.

Il respirait bruyamment, le corps tremblant, le visage dégoulinant de sueurs, sous ses yeux d'énormes poches noires violacées étaient encore plus visibles à la lumière des écrans.

Il semblait n'avoir pas fermer l'œil depuis des mois. Il retenait un fou rire durant un long moment, seulement il le laissa s'échapper.

Riant à gorge déployée, il ne cessa pas, c'était un rire malsain, maniaque, dément. Il finit par se calmer progressivement, il regarda avec un sourire tordu à l'écran son énième victime, il avait fini par mourir comme tous les autres.

C'était toujours la même chose, ses jouets finissaient soit tués par ses jeux sadique soit ils se suicidaient, ne pouvant plus supporter les tortures interminables et monstrueuses qu'il leurs faisait subir.

Il avait envie d'une autre victime, elle ne lui en fournissait que s'ils l'avaient déçu ou qu'elle n'en voulait plus.

Il s'ennuyait vite, cependant, ses pensées folles et insensées se dirigèrent vers quelque chose d'autre ou plutôt vers quelqu'un...

Il sortit une vieille photo cornée de son tiroir, aussitôt le souvenir qui s'y racrochait lui revenait brutalement.

L'ambiance festive était présente, des confettis colorés sur la table, des ballons rouges, bleus et jaunes, des guirlandes et bien sûr des sucreries et friandises.

Il adorait quand c'était son anniversaire, ce jour qui lui était entièrement dédié était juste le meilleur de tous ceux qu'il y avait dans l'année.

Sans compter les innombrables surprises et cadeaux qui lui étaient offerts.

Tous ses proches étaient présents en cette journée si spéciale pour lui, réunis autour de la table, ils acclamaient l'invité d'honneur.

- Joyeux anniversaire, Lucas ! Crièrent en chœur sa famille

Tout sourire, Lucas souffla les bougies sur le gâteau, tous applaudirent.

- Mon petit-fils devient un jeune homme. Pleura de joie une vieille femme

- Et tu seras fier de moi, Mamie. Je te le promets. Rit Lucas

- Je te vois déjà en train de travailler dans un centre de recherche. Après tout tu as le profil. Ajouta sa grand-mère

- Moi je le vois être chirurgien ou ingénieur mon fils adoré, je suis déjà si fier de toi. Tu es tellement doué. Compléta sa mère

- Mon garçon a bien grandi, je n'arrive pas y croire. Dit son père ému

- Déjà 16 ans ? Tu deviens vieux. Taquina une fille aux grands yeux vert

- Hé ! S'indigna Lucas

- Ève a raison, tu commences déjà à avoir des cheveux blancs, grand frère. Renchérit sa petite sœur

- Tu exagères un peu. Sourit Ève amusée

- Zoé, ne contarie pas ton frère, n'oublie pas, c'est lui le roi de cette journée. Répliqua sa mère

- Oui, Marguerite a raison. Tu as entendu, jeune fille ? Gronda le père légèrement

- Oui, Papa. Grommela Zoé

Quelques minutes après, elle recommença mais plus discrètement à se moquer de son frère.

- Chouchou...Chuchota t-elle à l'adresse de Lucas

Celui-ci lui adressa un sourire triomphant. Pour une fois qu'il avait le dessus sur elle, il allait en profiter.

- Tu aimes ton gâteau, mon chéri ? S'enquit sa mère

- Je l'adore, Maman. C'est mon préféré et tu le sais. S'amusa Lucas

- Je suis contente qu'il te plaise. Allez, il est temps que tu ouvres tes cadeaux, mon grand. Reprit Marguerite

Lucas se dépêcha d'arracher les emballages et de découvrir ce qu'on lui avait offert. Il reçut de nombreux cadeaux qui lui plurent beaucoup.

C'était officiel, les anniversaires étaient la fête qu'il préférait plus que toutes celles qui existent.

Ils passèrent un bon moment convivial, mangèrent avec appétit les bonnes choses qu'il y avait, ils bavardèrent longuement sur à peu près tout.

Lorsqu'il arriva la fin de la fête pour une certaine invitée, celle-ci se fit entendre avec un sourire chaleureux :

- Bon, je vais devoir y aller, merci pour tout et merci de m'avoir invitée. C'était vraiment une journée géniale, j'adore venir chez vous, je passe toujours de bons moments. D'ailleurs mes parents m'ont dit qu'ils adoreraient que vous venez nous rendre visite. Remercia Ève

- Mais de rien ma chérie, ça nous fait très plaisir que tu viennes passer du temps avec nous. Tu es comme chez toi ici et nous acceptons avec joie l'invitation de tes parents. N'est-ce pas, Jack ? S'enthousiasma Marguerite

- Je suis tout à fait d'accord avec ma femme, tu peux venir quand tu veux, ma biche, et comme tu es l'amie de notre fiston, c'est un peu comme si tu faisais partie de la famille. Approuva Jack

- Arrêtez Monsieur et Madame Baker, je vais finir par pleurer si ça continue. Rougit Ève

Tout le monde éclata de rire y compris Ève.

- Lucas, tu raccompagnes ton amie ? Lança sa mère

- Oui, bien sûr. Accepta Lucas

- Au revoir, je vous souhaite une bonne soirée. Dit Ève poliment

- Merci trésor, à toi aussi. Reviens vite. Répondit Marguerite d'une voix douce

- Oui, ne vous en faites pas, je vous promets que je reviendrai très vite. Je ne peux pas me passer de vous. Affirma Ève

- Elle est adorable. Complimenta Grand-mère Baker

- À la prochaine, Evie. Lança Zoé en lui faisant un clin d'œil

Ève répondit par un sourire.

- Hâte qu'on se revoit. Ajouta Zoé

- C'est pareil. Confirma Ève

- On y va ? S'enquit Lucas

Ève hocha la tête, tout sourire.

Ils marchèrent jusqu'à arriver devant chez Ève, avant de se quitter, ils engagèrent la conversation.

L'air de l'été emplit de joie les deux amis.

- J'adore ce temps, le vent est chaud exactement que je l'aime. Commenta Lucas

- Moi aussi, l'été est ma saison préférée. Acquiesça Ève

Lucas approuvait à cent pour cent sa préférence.

- Alors, tu ne t'es pas ennuyée à ce qu'il paraît. Je pensais que tu disais ça pour faire plaisir à mes parents. Dit Lucas un sourire espiègle aux lèvres

- Tu n'es pas sérieux ? Évidemment que je me suis amusée. Rit Ève

- Toi alors. Pouffa Lucas

- C'est la pure vérité. Insista t-elle doucement

- Si tu insistes autant, je te crois. Se moqua t-il

Ève, légèrement agacée, donna un faible coup de coude dans les côtes de Lucas.

- Hé, je te permets pas Mademoiselle et tu n'as pas entendu ? Aujourd'hui c'est mon jour, il n'est rien qu'à moi alors tu dois me faire plaisir. Rappela t-il

Lucas s'approcha d'elle jusqu'à pouvoir sentir le souffle d'Ève contre lui, un sourire malicieux sur le visage.

- Je l'ai déjà fait. Renseigna Ève le sourire aux lèvres

- Ah oui et comment ? Questionna Lucas

- En passant du temps avec toi. Dit Ève dans un murmure tout en se penchant

Le cœur de Lucas manqua un battement, ses yeux bleus étaient décidément incapables de se détourner de ceux d'Ève.

Intimidé par le charme envoûtant de la jeune fille, il recula.

- D'accord, princesse, ça rentre dans la ligne de mire. Concéda Lucas en levant les mains en signe d'abandon

- Encore ce surnom ? S'exaspéra Ève

- Quoi ? Tu ne l'aimes pas ? Pourtant je trouve qu'il te va bien. Embêta Lucas

- N'importe quoi...S'esclaffa Ève

- Tu devrais le penser plus souvent. Continua Lucas

- Et toi ? Tu es content de cette fête et de tous ces cadeaux ? J'aurais pensé qu'à 16 ans, ça ne te brancherait plus de passer ton anniversaire rien qu'en famille. S'informa Ève

- Mais non pas du tout, j'aime beaucoup le fêter avec ma famille. Et à vrai dire, cette année, il est encore plus spéciale que toutes les autres. C'est parce que, tu...tu étais là, Ève...Bégaya Lucas

Son amie lui accorda un sourire radieux que Lucas répondit immédiatement.

- Tu sais peut-être que cette soirée n'est pas finie...Murmura Ève

- Ah oui ? S'étonna t-il faussement

- Lucas, j'ai un autre cadeau pour toi. Ce n'est pas grand chose...Annonça t-elle en rougissant

- Lequel ? Questionna Lucas

Sans qu'il ne s'y attende, elle l'embrassa tendrement sur la joue.

Pendant ce bref instant, Lucas put sentir la douceur de ses lèvres pulpeuses sur sa peau.

Il rougit violemment lui aussi, son cœur se mit à s'emballer, ce qu'il espérait, était donc vrai ?

- Je t'aime Lucas, je sais que pourtant vu notre différence d'âge, on ne pourra pas être ensemble pour toute la vie. Admit Ève

Oui, il avait raison. Il s'apprêtait à la détromper et lui dire que ça ne le dérangeait pas qu'ils n'ont pas la même tranche d'âge.

Sauf qu'elle le devança.

- C'est même un véritable coup de chance qu'on s'est rencontrés. Mais c'est pas grave, tu es mon meilleur ami et je te considère comme mon grand frère. Rien ne pourra nous séparer. Acheva Ève

Son sourire s'évanouit, profondément déçu et le cœur en morceaux, il s'était lourdement trompé.

Lucas croyait que c'était un autre genre de sentiment qu'elle ressentait pour lui.

Il se surprenait lui-même à éprouver des sentiments amoureux à son égard alors qu'elle était beaucoup plus jeune que lui, mais elle était si différente de tous ceux qu'il avait rencontré.

Elle l'acceptait et c'était pour cette raison, qu'un amour s'était formé. Encore une fois, ce à quoi il s'attachait, n'étaient pas à lui...

- Ça ne va pas, Lucas ? Demanda t-elle en voyant sa mine sombre

- Si, ça va très bien. Je vais devoir te laisser. Coupa t-il sèchement

Blessée par la fermeté avec laquelle Lucas lui parlait, Ève tenta tout de même d'éclaircir ce qui n'allait pas.

- Lucas, attends. J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Interrogea Ève

Il avait si subitement changer d'attitude, avait-elle dit quelque chose de mal ?

- Je dois rentrer, j'ai vraiment pas le temps. Rétorqua Lucas durement

- Lucas ! Appela Ève tristement

Il ne l'écouta pas et se détourna d'elle, ce fut la dernière fois qu'il la vit même si peu de temps après il s'était excusé en lui envoyant un message, chose à laquelle elle ne répondit pas...

Lucas Baker resta assis, il jeta la photo devant lui, il se mit à tirer sur les bords de sa capuche et tentait vainement d'y enfouir son visage.

Il serrait ses dents rageusement.

- Combien de temps je vais devoir... Attendre ?! Hurla t-il à s'en casser la voix

Subitement, il entendit le bruit d'une notification provenir de son ordinateur. Il se dépêcha de s'approcher de son ordinateur et d'ouvrir l'onglet.

Une page web s'afficha, montrant la photo d'une jeune femme séduisante.

Mince, élancée, elle avait une longue chevelure clairsemé, lisse et châtain clair, sa peau neigeuse et sans aucun défaut semblait soyeuse au toucher, son visage était angélique et en forme de cœur.

Elle avait des sourcils épais bien tracés, des yeux en amande pétillants, aux longs cils, reflétant la malice et la douceur, couleur vert émeraude, son petit nez retroussé était parsemé de quelques taches de rousseur et ses lèvres charnues avaient une belle teinte rosée.

Sur la photo, elle affichait un sourire radieux.

- Je t'ai enfin retrouvée ! Je t'ai enfin retrouvée ! S'excita t-il

Il approcha sa main de l'écran pour la caresser.

Comme si elle se trouvait réellement face à lui, il amena ses doigts vers ses cheveux passant par son visage. Finalement, il approcha ses lèvres pour les poser sur celles qui étaient projetées.


- Ça a recommencé...Débuta la jeune femme

- Redécrivez-moi en détails. Demanda le psychanalyste

- Je n'arrive plus à retrouver la sortie. Je longe un long couloir, ça ressemble à un hôpital...Mais il fait si froid. L'atmosphère est glaciale. Je n'ai qu'une envie, quitter cet endroit, malheureusement toutes les portes sont fermées. Raconta sa patiente

- Bien, selon moi, ces rêves révèlent un vide affectif, cette impression d'être pris au piège serait un sans issue, vous ne pouvez pas retrouver ces personnes qui vous sont chers. Votre subconscient simule alors un lieu angoissant et confiné. Dites-moi ce qui vous a privé de ces personnes. Expliqua t-il

- J'ai perdu ma mère très jeune, tout ça à cause d'une maladie. Elle a eu un cancer des poumons...Mon père est mort deux ans plus tard dans un accident de voiture. On dirait que le destin s'est acharné sur moi, ma grande sœur et mon beau-frère sont aussi décédés, tous les deux ont été tués dans une prise d'otages. Et...Et...Confessa t-elle

- Je vois, ça a dû énormément vous affecter. Je me trompe ou bien il y a encore une personne importante à vos yeux qui vous a été arraché ? S'enquit le psychologue

- Non, c'est vrai. Vous avez raison. Seulement je n'ai pas très envie de me souvenir, tout simplement que je n'y arrive pas...Révéla sa patiente

- Mademoiselle Montgomery, vous comprenez que si vous ne faites pas l'effort d'essayer de voir plus clair, vous n'arriverez pas à mettre un terme à toutes vos souffrances. Il y a une partie de vous qui refuse de se remémorer, votre cerveau alors bloque ce fragment de souvenir pour ne pas blesser davantage votre cœur. Tempéra l'analyste

- Je ne veux pas, je veux passer à autre chose. Je dois penser à ma nièce, elle est maintenant ma fille. Insista t-elle

- Sachez que tant que vous n'aurez pas affronter toutes vos angoisses et difficultés, le passé continuera à vous poursuivre. Confia t-il

- Je prends le risque. Répondit-elle

- Très bien, je souhaite néanmoins vous venir en aide. Contactez-moi, si vous avez besoin de vous confier. Je sais que vous êtes une femme extrêmement forte, à votre place nombreux auraient perdu la raison, vous, vous vous êtes relevée et avez continué à vivre normalement. Écoutez, parfois même l'être humain le plus robuste est susceptible d'être emporté par les méandres impitoyables du passé. Gardez cela en tête. Notre séance prend fin. Annonça son psychologue

- Merci pour tout, tenez.

Sa patiente se leva de son siège et sortit de son sac 59 dollars et les tendit à Mr. Jenkins.

Le psychanalyste remonta ses lunettes sur son nez et ne prit pas l'argent des mains de la jeune femme :

- Vous savez que vous n'êtes pas obligée de me payer. Votre père était un de mes amis les plus fidèles et ceci restera à jamais dans ma mémoire. Dit t-il mal à l'aise

- Si, vous m'aidez beaucoup. Alors prenez. Insista t-elle

Il refusa encore de les prendre. Sa patiente eut un sourire amusé et décida de déposer l'argent sur le bureau qui se trouvait derrière eux.

Ses talons aiguilles résonnèrent sur le parquet du cabinet du psychologue, tandis qu'elle se dirigeait vers la sortie.

Elle fit volte-face, ses longs cheveux lisses suivant le mouvement d'une façon gracieuse, elle adressa un large sourire rayonnant :

- Merci encore, Docteur Jenkins. Passez une bonne journée. Au revoir.

- Ève, attendez ! Appela t-il en se levant à son tour

- Oui ? Répondit l'intéressée

- Vous n'en faites qu'à votre tête. Rit-il

- Je sais. Sourit-elle en retour

- Je vous raccompagne jusqu'à la sortie ? Proposa l'analyste

- Comme vous voulez, Docteur. Taquina Ève

Pendant le court trajet, Ève marchait d'un air pensif, elle songeait à tout ce que lui avait dit son psychologue.

- Vous ne devriez pas être aussi pessimiste. Pour moi, vous avez fait beaucoup de progrès. Je suis très fier de vous. La ramena t-il à la réalité

- C'est gentil. C'est grâce à vous. Remercia Ève

- Je n'ai fait que mon travail. Je dois vous laisser, nous nous reverrons à notre prochaine séance. Bon retour. Souhaita t-il

- Merci, à bientôt...Murmura t-elle

En réponse, il lui offrit un sourire chaleureux.

Ève regagna sa voiture, elle démarra le contact et conduisit jusqu'à l'école de sa fille.

Les rires et les cris des enfants résonnaient aux oreilles de la jeune femme. Ève scrutait les alentours dans l'espoir de trouver une place pour se garer devant l'établissement.

Elle arriva à en trouver une. Elle attendit patiemment l'arrivée de sa fille.

Tout en regardant le tableau de bord, Ève poussa un soupir.

"Ça continue...Pourquoi ça me fait cet effet ? Chaque fois que je viens ou passe devant une école, j'ai l'estomac qui se serre...Est-ce en rapport avec ce souvenir qui reste encore si flou ? "

Une tape contre la vitre de la voiture, fit sursauter Ève. Sa fille gloussa en voyant la réaction de sa mère :

- Oups Maman, je t'ai fait peur ?

Ève éclata de rire.

- Tu m'as bien eue.

La petite fille agrandit son sourire, elle ouvrit la portière, posa son sac à dos et s'assit sur le siège passager.

- C'était comment ta journée ? Questionna Ève

- Ça va mais c'était très ennuyeux. Avoua t-elle

- Oh Paige. Rit Ève amusée

- Je ne dis que la vérité. S'esclaffa sa fille

- Tu sais, les études c'est très important même si parfois ce n'est pas toujours très drôle. Conseilla Ève

Paige hocha la tête avec approbation, sa mère embrassa son front avec douceur.

- Quand je serai plus grande, je deviendrai journaliste ou encore vétérinaire. Décréta Paige

- Tu as encore beaucoup de temps pour choisir ton métier et le plus important c'est que tu te sentes épanouie dans ce que tu fais.

- Oui, Maman. Dis-moi, est-ce que j'aurais bientôt un papa ? Interrogea Paige

Cette question fit serrer le cœur d'Ève.

- C'est-à-dire que...Que je n'ai pas encore réussi à aimer quelqu'un d'autre. Bredouilla Ève

- Tu avais un amoureux ? Dis-moi, s'il te plaît, s'il te plaît ! Supplia Paige avide d'en savoir plus

- Petite curieuse, je ne sais plus. C'était peut-être quand j'étais petite. Je n'arrive pas à m'en souvenir. Reconnut Ève

- C'est dommage, j'aurais aimé savoir qui c'était. Soupira Paige déçue

- Je te promets que je te donnerai bientôt un Papa et quand ça sera fait, je te donnerai aussi un petit frère ou une petite sœur. Affirma Ève

- Oh oui j'en ai envie ! Tu es tellement belle Maman, je suis sûre que tu vas vite trouver un prince charmant. Dit Paige

- Oh chérie, merci. Tu sais, tu vas être contente, je t'ai fait ton plat préféré. Annonça Ève

- Génial ! Tu es vraiment la meilleure maman du monde entier ! Se réjouit Paige

- La meilleure maman, je ne pense pas. Toi par contre tu es la meilleure fille qu'on puisse avoir. Sourit Ève allégrement

Paige rit de bon cœur, la voir ainsi était la chose la plus belle chose au monde.

C'était tout ce qu'elle demandait que son enfant soit heureux dans un foyer mais qui malheureusement n'était pas tout à fait complet.

De retour à la maison, Ève, épuisée, avait fini par s'endormir.

Elle était allongée sur le dos sur une table métallique, il n'y avait aucune couverture qui la préservait du froid intense de cet endroit.

Pour une raison étrange, elle portait une fine blouse bleu cyan. Le silence lourd et pesant perturba au plus haut point la jeune adulte.

Ève se leva et s'assit, ses paumes rencontrèrent le métal froid. Un souffle chaud chatouilla son oreille droite, une voix furieuse et accusatrice y chuchota au creux :

- Pourquoi tu m'as abandonnée, grande sœur ?

La jeune femme se réveilla en sursaut, son cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique, c'était comme s'il cherchait à sortir de sa poitrine.

Des gouttelettes de sueurs s'écoulèrent de son front et de ses tempes.

- J'en ai plus qu'assez...Souffla t-elle exaspérée en passant ses mains sur son visage

Elle trouvait risible à son âge d'être perturbée par un mauvais rêve. Rien de tout ce qu'elle avait pu voir était vrai, n'était-ce pas suffisant pour la rassurer, se dit-elle.

Cette chaleur étouffante ne l'aidait pas à avoir les idées claires.

Les températures variaient énormément en Louisiane alors que c'était bientôt la fin du printemps, il y avait eu de l'orage et de la pluie.

Elle tentait de se rafraîchir en agitant sa main devant son visage. Cette astuce n'eut pas trop grand effet.

Ève se recroquevilla sur elle-même, elle posa sa tête sur ses genoux et mit ses mains autour de ses jambes.

Soupirant lourdement, la jeune femme tentait de remettre en place tous ces cauchemars abominables.

Depuis trois ans, elle faisait ces songes plus inquiétants les uns que les autres...Elle avait fini par s'y habituer, seulement ils devenaient plus intenses, plus oppressants.

La jeune adulte regarda son réveil, à la lueur d'un rayon de lune, elle parvint à déchiffrer qu'il était bientôt deux heures du matin.

Son attention se porta alors sur le cadre juste à côté, à l'intérieur se trouvait une photo de sa cousine Ariana et d'elle, serrées l'une contre l'autre, elles souriaient toutes les deux joyeusement et regardaient l'objectif.

Ève s'assit normalement sur son lit, elle se pencha pour le récupérer.

Elle passa sa main sur sa cousine :

- Tu me manques, Ariana...Admit-elle avec un sourire tendre

Ève se rappela les bons moments qu'elle avait passés avec Ariana, ce n'était plus comme avant. Ses proches vivaient tous loin d'elle, ils étaient très pris par leur travail.

Le bruit d'une notification ramena à la réalité Ève.

Elle saisit lentement son téléphone posé sur sa commode et découvrit avec stupeur un message de sa cousine :

Ève, tu dois venir me chercher d'urgence, je te raconterai tout en détail quand je t'aurais en face de moi. Je suis à Duvley en Louisiane, dans la maison des Baker. Viens le plus vite possible, je t'en supplie, aide-moi...

Ève se leva brusquement de son lit, elle s'empressa d'enfiler un jean bleu clair et un sweatshirt rouge.

Elle saisit les clés de sa voiture et ses médicaments en cas de besoin, même si elle refaisait une crise, elle ne reculerait devant rien pour aider sa cousine, elle les mit dans ses poches.

Avant de partir, elle songea à laisser un message à son grand frère pour qu'il vienne chez elle et garde Paige en son absence.

Heureusement qu'il ne dormait pas à cette heure-ci, il rentrait précisément à cet instant de son travail.

Folle d'inquiétude pour sa cousine, Ève monta précipitamment dans sa voiture et introduisit la clé dans le contact.

Elle roula pendant plus de deux heures, les routes étaient vides et sinueuses. Les marécages semblaient plus denses et plus effrayants que jamais dans cette obscurité indéterminée...

- J'arrive. Promit Ève

Le tableau de bord réfléchissant dans la pénombre indiquait deux heures dix.

- Pourvu, qu'il ne soit pas trop tard...

Arrivée, Ève se gara devant un énorme domaine, posant les pieds sur le sol poussiéreux, elle entendit de la musique assourdissante provenir de la propriété.

Ève, ahurie, ne comprenait pas. Est-ce qu'elle s'était trompée de maison ?

Éclairée par les phares de sa voiture, elle se dirigea vers le grand portail, étonnamment elle s'aperçut qu'il était verrouillé par des chaînes.

Ève remarqua le bouton de l'interphone, elle se dépêcha d'appuyer dessus, à nouveau elle n'obtint aucune réponse.

- La musique doit couvrir la sonnerie de l'interphone. Constata Ève

Elle saisit son téléphone pour composer le numéro d'Ariana. Il sonna sans qu'elle ne décroche, subitement elle reçut un message de sa cousine :

Tu es arrivée, je suis désolée si je peux pas répondre, ils m'entendraient...

Ils ? Bon, les questions ça sera pour plus tard. Je suis là mais je n'arrive pas à entrer.

Il faut que tu passes par un raccourci qui te mènera de l'autre côté de la maison.

D'accord, indique-moi où il est et j'irais.

Tu dois suivre un petit sentier, tu ne risques pas de le rater il continue tout droit sans s'arrêter.

Je me dépêche ! À tout de suite, j'espère.

Ève récupéra la clé de sa voiture sur le contact et ferma toutes les portes, elle la rangea dans sa poche.

Suivant les instructions d'Ariana, Ève se retrouva devant ce qui semblait être l'annexe de la propriété.

Heureusement, les lumières extérieurs éclairaient les pas d'Ève qui s'avança en direction de la porte.

À son plus grand étonnement, elle n'était pas verrouillée. Ève pénétra prudemment dans la maison délabrée.

D'un seul coup, la porte se referma brutalement derrière elle.

Ève essaya de rester calme, il se pourrait qu'un simple courant d'air l'avait poussée, rien d'alarmant.

Se retrouvant dans le noir complet, la jeune fille s'éclaira à la lumière de la lampe de son portable.

Elle songea qu'elle s'occuperait de la porte de sortie plus tard, le plus important était de retrouver Ariana.

Dans cette obscurité totale, Ève avançait avec précaution. Dépassant l'entrée, elle ouvrit une autre porte qui menait au couloir, celle-ci grinça bruyamment lorsqu'elle la poussa.

- Bienvenue à toi, grande sœur...Susurra une voix enfantine

Ève fit volte-face, sa respiration accéléra. Elle dirigea son faisceau lumineux de tous les côtés, il n'y avait rien du tout, elle était belle et bien seule.

- Personne, il n'y a personne...Je me fais des films...Essaya t-elle de se persuader

À peine eut-elle mis un pied, Ève éprouva un malaise, il n'y avait pas un seul bruit. Ce qu'elle vit lui donna la chair de poule, l'endroit était dans un état déplorable, on aurait dit qu'il s'était écoulé des siècles pour qu'il soit ainsi.

Le papier peint était arraché à certains endroits du mur, là où il y en avait les motifs étaient effacés, dessus trônaient des cadres et des tableaux qui représentaient des illustrations morbides.

Le sol était sale et poussiéreux. Ève marcha sur des débris de verre et de bois brûlé, déconcertée, elle fronça les sourcils.

Ne voyant pas où elle mettait les pieds, la cheville d'Ève se tordit, avec un gémissement de douleur sa peau rencontra un des morceaux de verre.

Lacérant sa chair, Ève plissa les yeux en sentant le sang chaud s'échappait de la blessure, se répandant comme une tache d'encre.

- Génial, c'est assorti avec mon sweat. Ironisa Ève

S'accroupissant, Ève, avec hésitation, approcha sa main du bout de verre qui était planté dans sa peau.

Elle respira une grande bouffée d'air puis retira d'un coup sec le verre et le jeta derrière elle pour ne plus le rencontrer...

La lésion qu'elle s'était faite, continuait à l'irriter.

- Si j'aurais su, je n'aurais pas mis des chaussures montantes...Souffla Ève

Elle reprit son chemin de façon un peu moins optimiste. Ève retenait une immense envie de vomir, le lieu dégageait une odeur répugnante ainsi que nauséabonde.

Ça sentait la moisissure et les corps qu'on abandonnait au soleil pour qu'ils pourrissent, cette odeur était si forte qu'elle lui montait jusqu'à la tête.

Elle arriva à la cuisine. Comme le couloir, elle était saccagée.

- Ariana ? Où es-tu ? Je suis arrivée.

Personne ne lui répondit. Un silence angoissant régnait, seul le vent qui soufflait et battait contre les volets lui répondit.

L'atmosphère était si lourde que l'air en devenait irrespirable.

Cette mauvaise impression d'être observé par quelqu'un de malveillant pesait énormément sur la conscience.

- Ariana ? Tu es là ? Insista t-elle

Ève, qui ne regardait pas devant elle, se cogna contre la table.

- Aïe...Se plaignit-elle

Elle l'éclaira et découvrit dessus une marmite rouillée, des cafards se sauvèrent à la lumière de sa lampe, elle ne souhaitait vraiment pas savoir ce qu'elle contenait. Juste en face un journal déchiré s'y trouvait.

Poussée par la curiosité, Ève s'approcha et l'éclaira :

Duvley Daily

Une famille disparue dans d'étranges circonstances...

Ève commença à ne plus être à l'aise, ça n'avait pas l'air d'être un faux journal, d'ailleurs elle le connaissait.

- C'est quoi ce délire ?! Où est-ce que je suis réellement ?

Cet endroit ne paraissait pas être un simple décor, absolument tout dans les moindres détails étaient bien trop réalistes.

Les odeurs repoussantes, elles pouvaient être simulées bien entendu, mais qui aurait un esprit aussi tordu pour construire une fausse maison hantée dans le but d'effrayer les intrus ?

Les insectes par terre qui se promenaient n'avait pas l'air être des faux.

Au fond d'elle, Ève essayait de se rassurer. Ce n'était pas possible, les maisons hantées par des fantômes ou démons n'existaient pas, n'est-ce pas ?

Comme pour se le persuader, elle posa finalement une main sur le couvercle de la marmite.

Lorsqu'elle l'ouvrit, elle découvrit avec horreur des tripes, il y avait même des asticots qui grouillaient à l'intérieur tellement elles étaient avariées, des cafards énormes en sortirent.

Refermant le couvercle aussitôt, Ève ne put s'empêcher de pousser un cri, c'était dégoûtant ! Elle entendit des bruits de pas précipités provenir d'en haut.

Ils étaient lourds et faisaient grincer le plancher qui se trouvait à l'étage.

- Ariana ? C'est toi ? Interrogea Ève d'une voix peu assurée

Sentant l'adrénaline grimpait de plusieurs crans, Ève, avec beaucoup de courage décida tout de même de poursuivre son exploration.

- Ce n'est pas drôle, si tu voulais me faire une blague ça m'amuse pas ! Je suis sûre que tu peux m'entendre !

Elle connaissait parfaitement l'esprit farceur de sa cousine sauf que ce n'était pas le genre d'Ariana d'aller aussi loin dans ses plaisanteries.

Elle s'engagea dans un nouveau couloir, devant elle un escalier menait vers le grenier, elle songea à ne pas s'y rendre tout de suite.

Une commode appuyée contre le mur du couloir, attira l'attention d'Ève, elle remarqua un cadre entreposé.

Lentement, elle le saisit et inspecta la photo à l'intérieur.

Dessus, une petite femme replète aux pommettes rondes et aux yeux sombres mais remplis de chaleur, souriait, elle était l'archétype des mères de foyers accueillantes et bienveillantes...

Elle était accompagnée de ce qui semblait être son mari, il portait des lunettes rondes et une barbe noire saillait sur son menton, il affichait aussi un sourire, il était tout aussi chaleureux que sa femme, le père de famille attendrissant qui prenait soin de tous.

Leurs enfants, une petite fille rondelette aux cheveux longs et ébène, elle tirait la langue malicieusement, et un petit garçon maigre aux yeux d'un bleu étonnant, qui avait l'air timide.

Ils étaient tous si heureux, qu'avait-il bien pu arrivé à cette pauvre famille ?

Eux tous, ils lui étaient étrangement familiers, surtout ce petit garçon...

Ève reposa doucement le cadre, anxieuse et pensive.

Continuant tout droit, elle entendit brusquement quelqu'un tousser. Le cœur bondissant dans sa poitrine, Ève resta figée sur place. Elle sut d'où provenait le bruit.

Il venait de la porte au fond qui se trouvait à droite. Ève inspira de l'air comme si c'était la dernière fois puis elle ouvrit la porte lentement.

Il s'agissait d'un petit salon tout aussi délabré que les autres pièces, sur l'un des canapés quelqu'un était assis et ligoté...Effarée, Ève reconnut la personne :

- Ariana !

Se précipitant pour la rejoindre, Ève trouva dans un piteux état sa cousine. Son visage blessé était d'une pâleur inquiétante, son corps était couvert de bleus et de coupures saignantes, ses vêtements étaient sales et déchirés.

Ève secoua doucement Ariana pour la réveiller :

- Ariana, je t'en prie, réponds-moi, oh mon Dieu qu'est-ce qui t'est arrivée ?

- Ève c'est toi ? Que fais-tu là ?! Va-t'en ! Pars tant qu'il est encore temps ! Paniqua sa cousine

- Quoi ?! Je comprends rien, tu m'as dit de venir te chercher ! Se justifia Ève

- Ce n'est pas moi ! C'est lui ! Je ne sais pas ce qu'il te veut. Tu dois partir vite ! Pars ! PARS ! Il va revenir ! Il va revenir ! S'affola Ariana

- Non je ne partirai pas, pas sans toi ! Refusa Ève

- Tu ne peux plus rien pour moi...Soupira sa cousine

- Je peux pas t'abandonner. Je vais te libérer ! Déclara Ève

Ève aida Ariana à se lever et elle essaya de défaire les liens.

Ève ne fit pas attention aux craquements du plancher, trop occupée à vouloir sauver Ariana.

- J'y suis presque ! Un tout dernier effort...

Alors qu'elle allait retirer les cordes, Ariana poussa un cri déchirant et du sang gicla sur le visage d'Ève. Une pelle avait traversée la gorge de sa pauvre cousine.

Un rire fou déchira le silence lourd.

Ève regarda choquée le corps ensanglanté de sa cousine tombait inerte sur le sol. Derrière se révéla un vieil homme à l'air complètement dément.

Il était sorti de nulle part.

C'était lui qui venait de tuer sa cousine de sang-froid !

Les membres tremblants à la vue du corps sans vie d'Ariana. Ève s'écria anéantie :

- ARIANA ! POURQUOI ?! Elle n'avait rien fait ! C'était moi que vous aurez dû tuer, pas elle !

- Pas la peine de te mettre dans des états pareils, elle ne méritait pas son don, crois-moi, ce n'est pas une grande perte. T'en fais pas, tout ira mieux, tu peux être contente. Dis bonjour à ton nouveau Papa. S'esclaffa t-il

- Vous êtes complètement malade ! Ne m'approchez pas, ne m'approchez pas, espèce de taré ! Rétorqua Ève

Et à ces mots, Ève s'enfuit en courant. Les larmes aux yeux en repensant à ce qui était arrivé à Ariana.

Impossible qu'il perde sa trace, à chaque pas qu'elle faisait, le plancher craquer sous son poids. C'était un sans-issue !

La voix dérangée de cet homme résonna non loin d'elle :

- Petite biche, tu ne peux pas t'enfuir. Chantonna t-il

Cette appellation lui était étrangement familière, ça n'avait pas d'importance pour l'instant présent.

La rattrapant à une vitesse flagrante, Ève le fixa abasourdie, ses yeux se posèrent sur la table de la cuisine, une arme était à sa portée.

- N'approchez pas ! Je ne veux faire de mal à personne alors écartez-vous de là ! Ordonna Ève en brandissant rapidement un large couteau

- Moi aussi, mon chou, je n'en fais que si on m'y oblige. S'esclaffa Jack en désignant la lame

- Dégagez de mon chemin ! Ordonna t-elle

Voyant qu'il ne réagissait pas et se contentait de s'approcher encore plus avec un sourire méchant.

- Je vous ai prévenu...Commença t-elle

- Tu parles trop ! S'impatienta t-il en fronçant les sourcils

Sans qu'elle ne s'y attende, il l'assomma avec sa pelle. Le corps d'Ève s'écroula contre le plancher poussiéreux tel une marionnette dont on avait coupé les fils.

Le couteau s'échappa de sa main. Du sang coula de l'arrière de son crâne et se répandit sur le sol.

Maintenant inoffensive, il s'avança vers elle pour se pencher. Avec un sourire narquois, il pouffa :

- C'est comme si tu m'attaquais avec des cornes inexistantes, ma biche.

Il ne l'avait pas tué, elle respirait encore. Jack rit bruyamment et s'empressa de soulever Ève pour la mettre sur son épaule, l'emportant ainsi avec lui.

À présent ligotée à une chaise, Ève était encore inconsciente, sa tête était en avant.

Revenant lentement à elle, elle entendit des voix fortes et agressives. Il y avait de l'agitation autour d'elle malgré que tous ses sens étaient encore flous.

Ève ne voyait pas grand chose à cause de ses longs cheveux.

Ève écarta ses cheveux pour dégager sa vue, en secouant sa tête.

Elle sentit son cœur se contracter en s'apercevant qu'elle ne pouvait pas bouger ses poignets, ils étaient attachés aux accoudoirs d'une chaise par des sangles solidement serrées, elle y ressentit un engourdissement.

Ève n'osa pas lever les yeux, elle le fit à l'entente d'une voix graveleuse :

- De retour parmi nous, fillette ?

Elle décela toute la moquerie dans cette phrase qu'il venait de prononcer.

L'homme menaçant de tout à l'heure ! Ève avala difficilement sa salive, elle ne se rappelait pas ce qui s'était produit après son altercation avec ce dernier.

Sa vue redevenant plus lucide, elle prit enfin connaissance de son nouvel environnement.

Elle se trouvait dans une salle à manger qui était dans un état épouvantable, elle sentait une horrible odeur de viande en décomposition et de chair brûlée.

Attablés avec elle, elle reconnut sans peine les propriétaires de la maison qu'elle avait vus dans les cadres photos.

Elle n'arrivait pas à y croire, l'homme chaleureux sur la photo et celui qui l'avait assommée, était la même personne ?!

Difficile à les associer tous les deux, l'homme qui lui faisait face était si négligé, sale de partout et fou.

De même, elle reconnut également abasourdie, sa femme, elle avait un teint cireux, des cheveux gras et emmêlés, ses yeux globuleux et perçants qui observaient avec méfiance Ève.

Son chemisier qui était autrefois blanc, ne ressemblait plus qu'à un chiffon usagé, de même pour sa jupe...

Leur fils ce qu'il semblait être, avait un visage émacié et anguleux, un bouc recouvrait son menton, il était aussi maigre qu'un cadavre, il semblait tout aussi malade que ses parents, son teint pâle, des cernes violacées extrêmement visibles, ses yeux bleu clair étaient injectés de sang.

Un sourire tordu étirait ses lèvres minces.

Toutefois un détail la surprit, elle n'avait vu nulle part la vieille dame qui était assise à sa gauche et où était donc leur fille ?

Ève décida de ne pas y prêter attention.

Sur la table qui se trouvait devant elle, il y avait des assiettes sales qui débordaient d'immondes mets.

Elle reconnut avec dégoût des intestins dans son plat ou autres organes qu'elle n'arrivait même pas à identifier tant ils étaient avariés.

Ève n'était pas une personne fragile à la vue des organes ou du sang, elle avait l'habitude comme elle avait déjà fait plusieurs stages en tant qu'assistante chirurgien, bien avant elle n'avait jamais été quelqu'un de facile à dégoûter.

Seulement ce qui la dérangeait c'était qu'ils n'avaient pas pris la peine de nettoyer la nourriture qu'ils consommaient. Ils la mangeaient sans aucune préparation et l'odeur qui en émanait le prouver.

Elle sentit la nausée lui montait à la tête en voyant ces individus dévoraient avec appétit ce repas répugnant.

- Oh, elle est toujours autant à croquer, tu ne trouves pas Jack ? Lança Marguerite en parlant d'Ève

Son mari hocha la tête, il adressa un sourire dangereux à leur captive.

Ève frémit violemment à la vue du sourire de Jack et en même temps à l'entente de la phrase qu'avait prononcé Marguerite.

Qu'est-ce que c'était que ce délire ? Est-ce qu'ils la connaissaient et comment ? Ce n'était pas du tout rassurant comme révélation, l'avaient-ils espionnés ?!

- Allons ne sois pas timide, ma petite, mange tout ce dont tu as envie. Ne te prive pas. Je l'ai préparée rien que pour toi. Encouragea Marguerite d'une voix douce

- Que s'est-il passé ? Oh ma tête...Tout est si confus...Souffla Ève

- Dépêche-toi d'avaler ton assiette, ça va refroidir et c'est pas bon quand c'est froid. Railla Lucas

Riant à sa propre blague, il se moquait aussi ouvertement de l'expression ahurie et terrorisée de la jeune adulte.

- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ? Interrogea Ève d'une voix rauque

Elle essaya de défaire la prise qu'avait les sangles sur ses poignets, elle n'y parvint pas.

- Relâchez-moi ! Vous m'avez piégée ! S'écria t-elle

Voyant qu'ils ne prêtaient pas attention à elle, elle essaya de trouver un moyen pour qu'ils l'écoutent.

Ève finit par en découvrir un. Elle se prépara alors à tout faire pour les exaspérer, ayant toujours la capacité de bouger ses jambes, elle se mit à les cogner en faisant trembler et tanguer dangereusement la table.

Le bruit des assiettes qui raclaient brutalement la table se fit entendre.

Ne s'y attendant pas les Baker sursautèrent, seule la vieille femme restait imperturbable. Elle ne s'arrêta pas pour autant.

- Quelle fougueuse. Se moqua Lucas qui essayait d'empêcher son assiette de tomber par terre

Il ne cessait de rire en voyant la fille se débattre comme un beau diable. Trouvant la situation hilarante.

Sa mère, qui n'était pas de son avis, lui jeta un regard noir. Elle s'adressa à Ève en colère :

- Arrête ça tout de suite ! Je vois que tu as perdu tes bonnes manières, où sont-elles passées, jeune fille ?!

Ève répondit par un sourire provocateur et continua malgré que les insinuations inquiétantes qui la mettait assez mal à l'aide.

Rageusement, Jack Baker attrapa ses jambes sous la table pour les repousser en arrière violemment, qu'elle faillit bien tomber avec sa chaise !

- Reste tranquille, ma fille. Ou je serais obligé de couper tes jambes ! Menaça t-il

- Allez-y ! Faites-le, il me restera ma bouche, je cracherai dans la nourriture et dans votre figure ! Vous allez m'écouter attentivement. Je ne vous connais même pas, pourquoi m'avoir enlevée ?! Qu'est-ce que vous voulez, de l'argent ? Vous perdez votre temps, je n'ai plus de parents et moi c'est à peine que je commence mon travail d'agente de chambre mortuaire. Alors laissez-moi partir ! S'insurgea Ève

- On n'a pas besoin d'argent on a déjà tout ce qu'il faut. Oh ma pauvre petite, tu n'as plus de parents, la chaleur d'un foyer, il n'y a rien de meilleur. La nôtre te l'apportera. Répondit Marguerite

- Tu as un beau métier ma fille, je suis très fier de toi. Tu pourras alors nous aider. Complimenta Jack

Elle le regarda offusquée et confuse par la dernière phrase qu'il venait de prononcer.

- C'est génial, c'est bien le taf que je voulais faire. Ajouta Lucas avec un clin d'œil

- Vous comprenez ce que je dis à la fin ? Dites-moi ce que vous me voulez ?! S'agaça Ève

- On ne veut rien de plus rien de moins que...toi ! Sourit sadiquement Jack

Perdant de son assurance à l'entente de cette réponse inquiétante, Ève s'emporta :

- Quoi ?! Laissez-moi partir, je ne peux pas laisser ma fille toute seule ! Elle mérite de pouvoir grandir avec le soutien de sa mère. Je me moquerais bien de ce qui pourrait m'arriver si seulement quelqu'un s'occupait d'elle.

- Oh non, tu ne vas pas partir, tu fais partie de la famille maintenant. Tu vas rester avec nous. Tu n'as pas besoin d'une fille ingrate, tu en as une toute nouvelle et c'est Eveline. Elle partagera son don avec toi, fillette, et c'est la chose la plus merveilleuse que tu puisses recevoir. Coupa sèchement Jack

- De qui parlez-vous, qu'est-ce que vous racontez ?! Je ne veux pas une autre fille, je veux la mienne. Si vous êtes une famille comme vous le dites, vous devriez comprendre, imaginez donc un seul instant que l'un de vous disparaissez, arriveriez-vous à y survivre ? Tenta Ève désespérément

- Oh elle va presque me faire pleurer. Ricana Lucas

- Son don nous a réunis pour toujours, aucun de nous ne disparaîtra, pauvre idiote ! Elle l'a dit, nous serons ensemble à jamais ! Et je crois ma petite fille chérie. Cracha Marguerite

- Laissez-moi alors contacter un de mes proches pour qu'il s'occupe de ma petite Paige. Elle est tout ce qui me reste...Demanda Ève

Seulement à nouveau, c'était comme s'ils n'avaient rien entendu.

- Je promets de ne rien demander de plus. Je le jure ! Je trouverai une excuse cohérente, je ne vous dénoncerai pas, vous pourriez surveiller ce que je vais dire...Essaya t-elle

L'idée de devoir délaisser sa fille était insupportable pour la jeune femme. Elle en avait le cœur brisé. C'était bien sa seule faiblesse.

Malgré qu'elle était une femme forte, elle ne pouvait empêcher que des larmes naquirent aux coins de ses yeux, elles dévalèrent le long de ses joues. Tout ce surplus d'émotions, ça la faisait craquer.

- Calme-toi, calme-toi. Ne te mets pas dans des états pareils, il n'y a aucune raison, tu es notre invitée d'honneur ce soir. Allez ma biche, sèche tes larmes, allons tu dois te nourrir, il ne faut pas que tu te laisses mourir de faim. Elle te veut en vie. Elle n'arrête pas de le chuchoter...Intervint Jack

Il jeta un coup d'œil en direction de la vieille femme, mais ses yeux fous revinrent aussitôt sur Ève.

Il disait ça comme si c'était elle qui n'était pas normale d'agir ainsi, ils la retenaient contre son gré mais c'était comme si elle ne faisait que passer un moment paisible avec eux.

Ève, le visage ravagée par les larmes, regarda avec des yeux fatigués le patriarche Baker, ne sachant que dire.

Ces gens-là, on ne pouvait pas les raisonner, ils étaient fous et n'avaient visiblement aucune empathie.

Jack sourit satisfait de l'avoir fait taire, il se leva de sa chaise et s'approcha vers elle pour plonger une main dans le ragoût répugnant.

Il avança lentement sa main remplie de cette nourriture indigeste vers les lèvres pulpeuses de la jeune fille.

- Avale ça, ma biche, tu as besoin de reprendre des couleurs. Ordonna Jack

- Ouais c'est ça Cendrillon, t'en as peut-être pas l'habitude de goûter à de si bonnes choses. Profite c'est ton jour de chance. S'esclaffa Lucas

- Lucas...Réprimanda doucement Marguerite

- Ou alors petite, tu préfères que je m'occupe de ta jolie gorge. Menaça Jack avec un sourire fou et en prenant de son autre main un large couteau

Sérieux dans ses propos, le patriarche rapprocha la lame de son cou, Ève ne s'en préoccupa pas plus, son cœur se contracta, elle sentait venir une sensation désagréablement familière.

Faiblissant à vue d'œil, Ève chuchota assez fort :

- Il me faut mes médicaments. Maintenant...

- Tu oserais refuser la nourriture que ma très chère Marguerite t'a préparée avec autant de soins ? S'indigna Jack furieusement

- Comment tu peux savoir si t'aime pas si t'as pas goûté ? L'enfonça Lucas

- Mes comprimés...sont...dans le sac...Respira difficilement Ève

Les Baker ne la prenant pas au sérieux se moquèrent d'elle. Mais elle ne mentait pas un filet de sang s'échappa de son nez, elle se mit à éternuer du sang.

Quand ils vurent qu'elle ne cessa pas de déverser du sang sur la table. Jack éloigna le couteau et laissa tomber le ragoût de sa main dans son assiette.

- La sale petite garce ! Je suis sûre qu'elle a fait exprès de cracher du sang sur ma nourriture ! Elle l'avait dit tout à l'heure ! S'époumona Marguerite

Le nez ensanglanté, la respiration haletante, Ève essayait tant bien que mal de ne pas rejeter du sang. Son état piteux n'empêcha pas Marguerite de venir la secouer brutalement :

- Moi qui me suis fatiguée à la tâche ! Ingrate ! Excuse-toi ! Regarde-la Jack ! Tu ne la trouves pas malpolie ?! S'égosilla Marguerite

Son mari leva les yeux au ciel, il semblait avoir l'habitude que sa femme lui fasse ce genre de scènes...Il soupira longuement.

La pauvre Ève était ballottée dans tous les sens, elle ne réagit même pas, se sentant trop affaiblie. Elle la gifla violemment, Ève la fixa offensée d'avoir été victime d'un geste aussi familier.

- Qu'est-ce qui vous prend de me frapper ?!S'offusqua Ève

- Tu as été très vilaine ! Tu mérites une punition exemplaire ! Petite peste ! Excuse-toi immédiatement ! Tout de suite !Se déchaîna Marguerite

La matriarche se mit à l'étrangler avec violence.

Ève paniqua en sentant les mains de cette dernière serrer sa trachée, empêchant l'oxygène d'entrer.

Choquée, qu'aucun des deux hommes ne réagissaient face à ce qu'elle était en train de subir, elle aperçut effarée que Lucas observait le spectacle avec ravissement.

Jack, quant à lui, regardait ailleurs d'un air ennuyé.

- Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! S'étouffa Ève

La pauvre jeune fille éternua encore du sang.

- Nous qui t'ouvrons les portes de notre maison ! T'offrons un merveilleux repas ! Petite fille mal élevée ! Aboya Marguerite

- Ferme-la Marguerite et lâche-la ! Dépêche-toi de lui ramener ses comprimés ! Evie ne veut pas qu'elle meurt pas avant de savoir si elle a envie de partager son don. Et toi Lucas met-la dans une des chambres. Elle a visiblement besoin de repos. Tu t'occuperas de lui donner ses médocs. Intervint enfin Jack

Quand la mère Baker s'éloigna finalement d'elle, Ève se mit à tousser bruyamment. Elle s'empressa de respirer.

- Ça doit être à force de dormir dans des greniers que Cendrillon a chopé pleins de microbes. Ironisa le fils

- Oublie pas de l'attacher ! Coupa Jack

- Ah ouais et comment veux-tu qu'elle ait la force de s'échapper, vieux, si elle n'arrive pas à manger ? S'exaspéra Lucas

- Fais-le ! Grommela Jack

Ève finit par ne plus entendre quoi que ce soit, son audition fut troublée par des sifflements insupportables. Sa vue se brouillait, elle finit par sombrer dans l'inconscience.

Pendant ce demi-sommeil, elle entendit sa respiration accélérée de plus en plus, les battements de son cœur cognaient dans sa cage thoracique, il semblait vouloir sortir de sa poitrine.

Son sang déferlait dans ses veines, sa circulation sanguine s'était comme solidifiée. Elle avait froid, tout son corps avait des tressautements incontrôlables...

Brusquement, elle revint à elle, le sang sur son visage avait été nettoyé à son grand étonnement.

Elle respira à pleins poumons, l'oxygène qu'elle inspira fut un soulagement pour elle, Ève avait pensée ne plus jamais respirer...

- Oh mon Dieu, j'ai bien cru que mon heure était venue...Souffla t-elle

Ève entendit une voix familière l'appelait :

- Maman...

- Paige ? C'est toi, mon cœur ? J'ai dû m'endormir après être rentrée, ça a dû être une nuit mouvementée et éprouvante, pourtant je n'arrive pas à me rappeler de la soirée...

Sa fille acquiesça :

- Tu as eu un malaise, tu ne te sentais pas bien. Maman, pourquoi tu m'as rien dit ? Ton nez n'arrêtait pas de saigner.

- Ma chérie, je ne voulais pas te le cacher. Je suis très malade mais j'essaye de me soigner. Je te promets que cette vilaine maladie ne m'empêchera jamais de m'occuper de toi. Je ferais tout pour être une mère toujours présente, affective et à l'écoute. Je satisferais tous tes besoins, toutes tes envies, parce que tu le mérites. Tu ne m'en veux pas, mon ange ? Reconnut Ève

- Non je ne t'en veux pas, Maman. Je suis très heureuse de t'entendre dire tout ça, bientôt...Tu accepteras enfin mon don. Sourit sa fille d'une étrange façon

- Quoi ? Qu'est-ce que tu as dit ? S'inquiéta Ève

- J'ai dit que rien ne pourra nous séparer, désormais. N'est-ce pas, grand frère ? Répéta t-elle

- Grand frère ? S'étonna Ève

- Ouais, vous serez ensemble pour toute la vie et même après. Ricana Lucas en sortant de l'ombre

- Qu'est-ce que vous faites là ? Ce n'était pas un mauvais rêve ? S'affola Ève

Ève essaya de se lever, en vain, elle se mit à paniquer en réalisant qu'elle était attachée au lit.

- Un rêve ? T'as pas l'air de venir de ce monde. Rit méchamment Lucas

- Mais Paige...Essaya t-elle

Ève regarda en direction de la fillette, ce n'était plus sa fille qui se tenait au-dessus d'elle mais une petite fille effrayante qui avait de longs cheveux noirs.

- Je suis contente que ton nez s'est arrêté de saigner, Maman. Tu sais, j'ai même eu peur pour toi. Ça ne m'était jamais arrivée.

- Maman ? Je ne comprends pas, il y avait ma fille, j'ai...j'ai sûrement halluciné...Bégaya Ève

- Non, Maman, tu n'as pas halluciné, je suis ta fille. Affirma la fillette

Ève essaya de garder contrôle de soi-même en dépit des battements frénétiques de son cœur.

- Comment t'appelles-tu ? Questionna la jeune femme

- Eveline, Papa dit que mon prénom est le plus beau du monde. Et je le crois. Tu ne te rappelles de rien ? Répondit la fillette

- Quoi ? S'étonna Ève

- Tu étais ma grande sœur avant...Avant que tu ne partes. Je ne t'en veux pas, tu sais, parce que maintenant que nous sommes enfin libres et que nous nous sommes retrouvées, tu vas être aussi ma Maman. Expliqua la petite fille

- Mais mon ange, je ne suis pas ta vraie maman. Dit délicatement Ève

- Si tu l'es à présent, tu vas voir comme on sera heureuses toutes les deux. On mangera notre gâteau préféré, celui qu'on raffole, le gâteau aux fruits rouges. Insista Eveline

- Comment tu arrives à faire ça ? Tu arrives à entrer dans la tête des gens...S'horrifia Ève

- Évidemment, idiote. Je suis unique. Personne ne me ressemble, je suis exceptionnelle. Se moqua Eveline

- Tu n'es pas humaine. Affirma Ève

- Oui, je ne suis pas humaine. Mais ça ne m'empêche pas de vouloir être aimée, tout ce que je veux c'est une famille. Avoua la petite fille

Elle eut alors pitié de la fillette, elle semblait être malheureuse et ne pas connaître l'amour d'une mère.

- Comment es-tu née ? S'enquit Ève

- J'ai été créée. Dit Eveline

- Tu n'as donc pas de parents ? Tu n'as ni père ni mère biologique ? Supposa Ève

- Oui, malheureusement. Cependant, j'ai trouvé enfin une famille, j'ai un père, une mère et un grand frère. Ma grande sœur ne voulait pas de moi, elle me méprisait. Acquiesça Eveline

- Tu as déjà une mère adoptive alors pourquoi veux-tu que je le sois également ? Demanda Ève

- Ça viendra, tes souvenirs...Tu ne peux pas m'avoir oubliée. Si tu veux tout savoir, Maman Marguerite commence à se faire vieille, elle ne peut plus s'occuper de moi. Et Mia refuse d'être ma mère. Toi en revanche tu es très jeune. Tu n'as que vingt-un ans et tu as des attentions qu'elles n'ont pas. Expliqua Eveline

- Trésor, je l'accepterais, seulement j'ai déjà une fille et toi tu as déjà une famille. Soupira Ève

- Ce n'est pas un problème pour moi, j'ai décidé que tu seras ma maman et tu le seras. Répliqua la fillette d'une voix ennuyée

- Eveline, tu ne peux pas m'obliger. Tu me retiens contre mon gré. Dit la jeune femme

- C'est pour que tu ne pars pas, Maman. Dit Eveline simplement

- Je dois partir d'ici, je dois retrouver ma fille ! Coupa t-elle

- Ève, maintenant et tout de suite, tu es à moi et à personne d'autre. Tu ne partiras pas, je ne veux pas que tu t'en ailles. Tu ne m'abandonneras pas comme la dernière fois. Sourit Eveline sadiquement

C'était un véritable cauchemar ! Cette gamine était folle à lier !

- Je suis un être vivant, non un jouet. J'ai un libre-arbitre, je pense, je fais des choix ! Je ne suis pas une marionnette entre tes mains ! S'emporta Ève

- Bientôt, tu vas l'être. Promit Eveline

- Tu n'oserai pas. Rit Ève nerveusement

- Je ne mens pas, tu ferais mieux de me prendre au sérieux, Ève. Réfléchis-y. Lucas, tu voudrais rester avec elle ? Je dois aller voir Mia. Annonça Eveline

- Ouais bien sûr, je m'en occupe. Accepta t-il

À la seconde suivante, Eveline avait disparue, Ève n'en crut pas ses yeux.

Elle était seule avec le fils Baker dans cette chambre austère, totalement impuissante.

Lucas s'approcha dangereusement vers leur prisonnière, un sourire inquiétant aux coins des lèvres, il s'installa à califourchon sur la chaise qui se trouvait juste en face du lit.

Son menton appuyé sur le dossier de la chaise.

- Maman ne t'as pas fait trop mal ? S'enquit-il ironiquement

Ève le fixa avec incrédulité en se rappelant comment ce dernier observait la scène où elle se faisait malmener avec contentement.

Il s'esclaffa bruyamment face à son expression.

- Ah si confuse Cendrillon, si confuse. Se moqua le fils Baker

- Arrêtez de m'appeler comme ça. Ordonna Ève affligée

- Te sens pas obliger de me vouvoyer, Cendrillon. Je crois qu'il est temps que tu vois un peu plus clair. Déclara Lucas

- Je me fiche de ce que vous avez à me dire...Tout ce que je veux c'est partir ! S'insurgea Ève

- T'as pas envie de savoir qui nous sommes ? Insista t-il

Ève resta silencieuse, ils lui étaient familiers pourtant elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus sur leur identité, tout était trouble dans sa tête.

- C'est bien ce que je pensais. Allons Ève, tu ne te rappelles pas ? Ironisa Lucas

- Quoi ?! Pourquoi vous me dites tous ça ? Je suis censée le deviner ? Je vous préviens j'ai horreur de jouer à ce jeu. Dit sarcastiquement Ève

Lucas rit froidement.

- Fais un effort. Bon, je te donne un indice. Flopy.

- Comment vous savez ça ?! S'étonna Ève

- T'es plutôt longue à la détente. Je te pensais plus maline que ça. Se moqua t-il

- Ça me revient, il n'y avait que mon meilleur ami qui connaissait ce secret. Ce n'est pas possible...C'est...toi ?! Lucas Baker ?! Reconnut Ève effarée

Il se contenta d'élargir son sourire. Ève perdit ses dernières couleurs. Elle ne pouvait pas croire que son meilleur ami d'enfance était devenu un kidnappeur ou un de ces malades mentaux.

- Non ce n'est pas vrai. Nia Ève

Il haussa un sourcil dans un geste moqueur, il décida de baisser la capuche de son sweat pour qu'elle voit distinctement son visage.

- À toi de voir, bébé. S'esclaffa Lucas

- Ce n'est pas vrai...Ce n'est pas vrai...Continua Ève

- Ça fait un bail, Ève. Mmh...Huit ans qu'on ne s'est pas vus. C'est fou comme le temps passe vite, il passe, passe...Tic tac, tic tac...Gloussa Lucas

La jeune adulte décelait toute l'instabilité de son ami, que s'était-il passé pour qu'elle le retrouve dans cet état ?

- Je t'ai à peine reconnu. Tu as tellement changé. Je n'arrivais plus à te joindre, c'est comme si tu étais parti très loin sans rien laisser derrière toi...Reprit Ève tristement

- Parti ? Oh non, non, non, ce n'est pas moi qui suis parti. C'est toi ! Accusa t-il

- Je sais, je sais, mais dis-moi, qu'est-ce qu'il t'est arrivé Lucas ? Et ta famille ? S'enquit Ève inquiète

- La meilleure chose au monde...Répondit-il dans un murmure

- Tu ne peux pas dire ça. Tu as maigri, tu as le teint livide, tu as des problèmes ?! Ou pire tu es tombé malade, toi et ta famille ?! S'affola Ève

- C'est à peu près ça. Sauf que cette maladie n'a apportée que du bon...Sourit Lucas malicieusement

- Tu dis n'importe quoi, une maladie ça n'apporte rien de bon, ça ne fait que faire souffrir atrocement la personne qui en est atteinte. Encore plus quand celle-ci ne se rend pas compte du mal que ça lui fait ! S'exclama Ève

Il a levé les yeux au ciel, agacé.

- Explique-moi ce qui s'est passé. Demanda t-elle

- C'est simple à comprendre on a fait une rencontre qui a changé notre vie en quelque chose de mieux. Mon existence était vraiment sans intérêt, ennuyante, monotone. Jusqu'à ce soir de tempête, il y a trois ans, mon père a trouvé une petite fille, Eveline. Elle nous a donnés son don. Grâce à elle, j'ai pu enfin faire tout ce dont j'avais envie, je suis fort, je ne peux pas mourir. Tu entends ça ? Même la mort ne peut rien me faire !

Il éclata d'un rire fou, ses yeux injectés de sang étaient posés sur le visage anxieux et inquiet de la jeune femme.

- Écoute, Lucas, tu dois te reposer. Je suis là, maintenant, je te laisserais pas tomber. Détache-moi et je te promets que je prendrais soin de toi. Tu verras, tout ira bien. Tenta Ève

- Est-ce que tu insinuerais que je mens ? C'est comme ça, Ève, tu ne crois pas ce que dit ton meilleur ami ?! C'est toi la menteuse, tu disais qu'on se séparerait jamais ! Et qu'est-ce que tu as fait ?! Hein ?! Tu t'es enfuie comme une voleuse ! S'énerva Lucas

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Essaya de se justifier Ève

- Tu veux voir de tes propres yeux, alors ? Hein ? Insista Lucas

- Voir quoi ? Questionna Ève

- Ce que je t'ai dit, que je ne peux pas mourir ! Tu vas voir, ça va être un véritable bain de sang. Je vais pouvoir nager dedans, ce n'est pas génial. T'en penses quoi ?

- Quoi ?! S'exclama Ève

Il sortit lentement un large couteau de la poche de son sweat.

- Non, non, Lucas. Je ne cherchais pas à te contrarier ! Paniqua Ève

Pensant qu'il voulait lui faire du mal, elle essaya de défaire ses liens.

En la voyant aussi terrorisée, Lucas éclata de rire :

- Ne t'affole pas, bébé. C'est pas pour toi.

Il approcha la lame de son propre torse.

- Non Lucas ne fais pas ça !

Ne l'écoutant pas, il s'empressa de planter la lame dans son cœur, il l'enfonça profondément faisant gicler le sang.

Ève regarda profondément horrifiée son ami d'enfance se faire ça sans qu'il ne ressente aucune douleur. Il trouvait même du plaisir à se causer des souffrances. Il ne cessait de rire comme si la lame le chatouiller.

- C'est son don. Dit Lucas

- Tu n'es pas...mort ?! Bafouilla Ève

Il ignora sa question et se leva si brusquement de sa chaise qu'elle tomba par terre.

Lucas posa brutalement ses mains sur chaque côté du visage d'Ève, provoquant chez elle un sursaut. Il avait l'air furieux, il déclara :

- Tu sais quoi je vais t'avouer quelque chose, je pouvais pas croire que t'accorder plus d'intérêt à ce...cabot stupide plutôt qu'à moi !

- Comment tu peux dire ça ? On l'avait trouvé tous les deux et on s'en était occupés. Personne ne devait savoir qu'on l'avait trouvé, c'était interdit d'avoir un animal dans un camp de vacances. Et il est mort depuis longtemps, tu ne t'en souviens pas ? Flopy était resté près d'un arbre et quand on est revenus, on avait cru qu'il dormait. En réalité il était déjà mort. Répondit-elle les sourcils froncés d'anxiété

Lucas hocha la tête, tout sourire.

- Je m'en rappelle très bien, tellement bien surtout quand je l'ai noyé dans l'eau jusqu'à qu'il s'étouffe. J'avais ressenti un plaisir comme je n'en avais jamais eu. Rit-il sadiquement

- Tu as tué Flopy ?! S'étouffa Ève

Lucas accentua son sourire :

- Oui je l'ai tué, j'en pouvais plus, il me tapait sur les nerfs. Tu ne faisais que de parler de lui, Flopy par-ci, Flopy par-là. Tu ne voulais plus parler avec moi, tu n'arrêtais pas de réfléchir à comment tu allais demander à tes parents de l'adopter. Et puis d'ailleurs, t'étais encore plus mignonne les larmes aux yeux.

- Pourquoi as-tu fait une chose pareille ?! S'écria t-elle

- Crois-moi, c'était le mieux qui pouvait arriver pour nous. Prétendit-il

- Et dire que je regrettais ce que je t'avais fait...Va-t'en ! Dégage ! Je ne veux plus te voir ! Je ne te connais pas ! Va-t'en ! Je m'en sortirais toute seule ! S'emporta t-elle

- Oh arrête, ne commence pas à m'énerver. S'exapéra Lucas

- Au secours, à l'aide ! Pitié, aidez-moi ! Hurla Ève

- Ferme-la, bordel ! Ordonna t-il

Lucas se dépêcha de couvrir sa bouche avec sa main pour l'empêcher de crier, sa main froide et calleuse fit frissonner Ève.

- Tu veux que Maman ou Papa se mettent en colère ? Ils vont débarquer ici et je donnerai pas cher de ma peau. Grinça t-il

- Ne me touche pas...Dit Ève à travers sa main

- Je voulais qu'on se revoit, pendant toutes ces années, je pensais qu'à toi. Je t'avais enfin retrouvée. Il a suffi de trouver une personne en contact avec toi. Ignora Lucas

- C'était donc toi qui s'est fait passer pour ma cousine et qui m'a attirée ici ?! Comment j'ai pu être aussi stupide ? S'en voulait Ève

- Qui voulais-tu que ça soit d'autre ? Maintenant je ne veux pas qu'Eveline prenne le contrôle sur toi, elle est visiblement attachée à toi. Il va falloir que je fasse tout pour la convaincre pour que tu deviennes mon nouveau jouet. Si tu te conduis trop mal ça devrait se faire. De toute façon, t'as toujours eu le don de décevoir les autres. Tu m'as déçu. Persifla t-il

- À peine, toi tu ne comptes pas. Si je dois mourir ici, tant pis. Ça ne me fait pas peur ! Ironisa Ève

- Détends-toi, Ève, tu vas pas mourir. Oh non, non, non, non, t'as encore beaucoup de choses à affronter. Eveline, ma mère, mon père et...Moi ! Si t'es pas à la hauteur, peut-être que tu mourras en cours de route. Malheureusement, je te laisserai pas cette chance, je te récupérerai. Même si c'est ton cadavre ou tes restes, je les recollerais ensemble et j'en ferais ma nouvelle marionnette. Se moqua t-il

Il s'esclaffa de son rire maniaque sans s'arrêter et ne cessait de serrer sa prise autour de la bouche d'Ève sous les yeux effrayés de cette dernière.

Elle était choquée de découvrir que son meilleur ami était en réalité complètement fou !