Bonjour à toustes !
Un très grand merci pour vos très nombreuses reviews ! Ça me fait vraiment hyper plaisir !
Il y a actuellement un bug sur ffnet qui n'envoie pas les mails d'alerte pour les nouveaux chapitres, ainsi je vous invite à vérifier que vous avez bien lu le 4ème chapitre « Nostalgie, détente et draps étrangleurs », avant de lire celui-ci.
Et on est parti pour le chapitre 5 !
Bonne lecture !
Chapitre 5 — Un coming-out et une enquête des Aurors
Dimanche 3 novembre 2019
Le soleil d'automne est déjà en train de se coucher, ses derniers rayons illuminent l'horizon. Le ciel est couvert et les nuages se teintent de rose. Il est largement l'heure pour Drago de ramener Scorpius à Poudlard. Exceptionnellement, le professeur de Potions a pu sortir avec son fils puisqu'il s'agit de son week-end de relâche. Les directeurs de maison n'en ont qu'un par mois durant lequel ils ont le droit de s'absenter, le reste du temps, leur contrat les oblige à être sur place en cas de besoin. Pour les élèves.
Cette fois, Drago a proposé à Scorpius de l'emmener chez ses grands-parents maternels. Depuis que l'enfant est à Poudlard, les occasions de se voir sont plus rares, alors Drago fait de son mieux pour garder le lien. Ils se sont levés tôt la veille pour se rendre tout d'abord à Londres afin de prendre le premier portoloin international vers New York à dix heures. Avec le décalage horaire de quatre heures, ils sont arrivés aux aurores. Ils ont attendu la correspondance pour Miami où ils sont arrivés à huit heures. Ils ont pris un deuxième petit déjeuner dans un petit restaurant — impossible de trouver autre chose à cette heure — et ont transplané dans la banlieue d'Orlando jusqu'à chez Elliott et Agatha Greengrass.
Scorpius a passé une très longue journée avec ses grands-parents pendant que Drago a arpenté les environs, se remémorant de nombreux souvenirs de cet endroit où il a vécu sept ans. Le jeune garçon s'est endormi très tôt et Drago l'a ramené à Londres le lendemain. Ils sont arrivés devant Poudlard aux environs de seize heures trente après deux portoloins et plusieurs transplanages.
Drago ne doute pas que son fils aura sûrement du mal à garder les yeux ouverts pendant le dîner, mais il ne sera pas là pour le vérifier. Il laisse Scorpius entrer dans le parc et regarde les grilles de Poudlard se refermer. Lui est attendu ailleurs. Il est fatigué par ce déplacement express de deux jours aux États-Unis, mais il ne manquerait pour rien au monde le dîner chez Pansy.
Drago arrive vers dix-sept heures devant la petite maison qui a été leur colocation pendant un moment. Il a passé plusieurs années ici, avant et après son séjour en Floride. Les souvenirs y sont très forts et pas toujours très agréables. Il sonne et entend le carillon étouffé par l'épaisseur de la porte. Il patiente, il sait que dans quelques instants, le battant s'ouvrira sur un elfe, qui lui prendra ses affaires et le dirigera vers le salon.
…
Décembre 2000
Drago se réveille en sursaut, humide de transpiration, le souffle court. Il attrape sa baguette et incante un Lumos. La lumière brille faiblement, beaucoup moins qu'elle aurait dû. Mais Drago s'est habitué à avoir des réactions mitigées, récalcitrantes, voire même inexistantes, avec cette baguette qu'on lui a prêtée. Une baguette soumise à divers sortilèges de détection, traçage et bridage.
La lueur légèrement bleutée éclaire à peine la pièce où il dort. Sa chambre. Pour le moment. Pansy, Théodore et Blaise l'hébergent gracieusement, sans qu'il n'ait rien demandé, et Drago ne sait pas combien de temps il pourra rester. Probablement jusqu'à la fin officielle de sa peine, le vingt-six août 2001, puisqu'iels se sont engagé·e·s auprès du Ministère, mais ensuite ? Drago est infiniment reconnaissant, mais il ne veut pas être une charge. Or il en est une.
Les battements de son cœur diminuent progressivement et la sueur sèche sur sa peau. Après avoir cru être fiévreux lors de son réveil, la fraîcheur de la pièce est de nouveau perceptible. Il frissonne et ramène les couvertures sur lui, toujours à moitié assis dans son lit. Aucun bruit ne se fait entendre, aucune lumière à travers les volets, il fait nuit noire dehors.
Drago essaie de se rappeler ce qui l'a tiré du sommeil. Il ne met pas longtemps à se souvenir du cauchemar et la nausée lui tord le ventre. Il serre les dents, il n'a pas envie de faire du bruit et de réveiller tout le monde en allant aux toilettes. Il se force à respirer calmement, amplement pour apaiser son esprit.
Au bout d'un certain temps, le malaise s'estompe et disparaît. Les réminiscences du mauvais rêve, en revanche, sont toujours là. Comme souvent c'est décousu et c'est un mélange de plusieurs évènements parfois espacés par des années : du Maître des Ténèbres qui le torture, en passant par les Détraqueurs d'Azkaban pendant ses six premiers mois de détention ainsi que les humiliations, injures et coups des gardiens de la prison le reste de sa peine, jusqu'à l'attitude profondément méprisante, suffisante et écœurée de son agent de réinsertion. Un sale bonhomme celui-là : il n'a jamais rien fait pour aider Drago depuis sa sortie quatre mois plus tôt. Drago le hait, il le hait presque autant qu'il a détesté Voldemort et bien plus que Harry Potter, les Weasley ou les Sang-de-bourbes. Alors qu'à l'époque de l'école, Drago pensait ne jamais pouvoir détester quelqu'un plus que ce garçon maigre, arrogant et beaucoup trop chanceux. Il en est revenu, Harry c'était de la broutille, des querelles presque enfantines, à quelques exceptions près. Et surtout, lors de son procès, Harry ne l'a pas regardé avec haine, mépris ou jugement, lui. Il a témoigné, sûrement parce qu'on lui a demandé, et il a dit la vérité. Une vérité que Drago ne pensait pas qu'il connaissait. En tout cas, ça a limité sa peine de prison et rien que pour ça il lui en est reconnaissant. Il ne l'a pas revu depuis et ne le reverra sûrement jamais, il n'aura jamais l'occasion de le remercier.
Drago éteint sa baguette et tente de trouver le sommeil de nouveau. Il sait déjà que c'est peine perdue, mais il essaie. À chaque fois qu'il fait un cauchemar, il ne peut se rendormir, quelle que soit l'heure. Il en résulte une fatigue chronique et des idées noires. Parce que ça arrive très fréquemment. Il se dit que c'est normal, après ce qu'il a vécu, d'être ainsi poursuivi jusque dans ses songes, mais c'est dur à supporter. Il a voulu voir un psymage, sauf que pour chaque sortie qu'il fait en dehors de la maison où il loge, il doit demander une autorisation à son agent d'insertion. Non seulement cela l'oblige à anticiper chaque sortie de plusieurs jours, voire une semaine entière, car l'homme prend visiblement un malin plaisir à lui répondre au dernier moment, mais en plus Drago n'a quasiment aucun libre arbitre puisque l'agent de réinsertion lui refuse presque tout. Alors Drago tente de vivre avec ses horribles souvenirs, ses mauvais rêves, sa tristesse, comme il peut. Et personne ne pourra l'aider tant qu'il ne sera pas officiellement libéré. Il compte les jours et ça lui semble infiniment loin. Mais au moins, il n'est plus en prison, plus vraiment. Pas de gardiens, pas de codétenus, pas de bizutage. Il a retrouvé le plaisir de se doucher, de manger chaud, d'avoir un vrai lit et une chambre sans courant d'air ni rat. Non pas qu'il ait quelque chose contre les rats, mais ces bestioles bouffaient tout ce qu'elles trouvaient dans les cellules : personne ne pouvait avoir de réserve cachée pour s'en servir en échange d'autre chose.
Sans surprise, le jour arrive sans qu'il n'ait dormi plus de quelques heures. Drago se lève, se prépare en mode automatique, prend son repas du matin et retourne s'enfermer dans sa chambre. Son rituel est immuable, au moins les jours de semaine. Il a obligation de passer et réussir ses ASPIC, minimum cinq avec une bonne note, sous peine de voir sa peine s'alourdir. Alors tous les jours il révise autant qu'il peut. Il reçoit régulièrement des hiboux de Poudlard qui a mis en place un système de septième année par correspondance pour celleux qui veulent redoubler et avoir leurs examens. Il sait qu'il n'est pas le seul à ne pas y être retourné physiquement, la presse parle de tous les gens qui n'ont pas eu la possibilité ou le courage de le faire.
Il est assidu, il travaille beaucoup, il met toutes les chances de son côté pour que la théorie soit parfaite. Il n'a de toute façon rien d'autre à faire : il est quasiment enfermé dans cette maison et ses colocataires sont à l'extérieur la semaine. Et surtout, il ne peut s'exercer en pratique que sur des sortilèges de base, or la majorité de ses matières nécessitent des sorts de haut niveau. Sa baguette sera temporairement débridée au moment des examens pratiques, donc en attendant, il ne sait même pas s'il arrivera à jeter quelque enchantement que ce soit. Au moins il y a les Potions qu'il peut travailler à fond. Et contrairement à ce qu'il aurait fait dans d'autres circonstances, il a choisi des matières sans partie pratique, même si cela ne l'intéresse pas le moins du monde, comme Histoire de la Magie.
Ce jour-là, sa matinée sera entrecoupée par l'arrivée de deux courriers : l'un de sa mère, l'autre de son père. Il n'a vu ni l'une ni l'autre depuis son incarcération. Narcissa est condamnée à une assignation à domicile pour dix ans et Drago n'a pas eu l'autorisation d'y aller pour le moment. Lucius est à Azkaban et y restera encore longtemps, jusqu'à sa mort, probablement, puisque sa peine s'élève à soixante ans de réclusion criminelle. Même si les sorciers ont une grande longévité, il aurait cent quatre ans à sa sortie et Drago n'y croit pas. En prison on vieillit très vite. Ses deux ans à lui ont semblé durer dix fois plus et il a l'impression d'avoir bien plus que vingt ans.
Drago reçoit régulièrement des courriers de ses deux parents depuis son incarcération. Mais il ne répond toujours que par quelques mots à sa mère, juste par politesse. Il sait qu'elle s'en veut beaucoup de ne pas avoir su le protéger, mais il estime que les regrets ne suffisent pas. Pas pour le moment. Elle aurait pu l'aider si elle avait vraiment essayé. Mais non, elle avait continué à suivre aveuglément le père de Drago dans sa folie de soumission au Seigneur des Ténèbres. Laissant leur manoir être envahi par les Mangemorts et par Lord Voldemort en personne, laissant Drago être Marqué avant même sa majorité, laissant Drago être obligé de tenter de satisfaire les missions qu'on lui avait données. Des missions impossibles. Sans compter les Doloris qui pouvaient tomber sur n'importe qui, les meurtres quotidiens en plein milieu du salon et sa tante Bellatrix qui hantait les lieux comme une goule malfaisante.
Drago ne sait pas s'il pardonnera un jour à Lucius et Narcissa pour ce qu'ils ont fait. Ou n'ont pas fait, en l'occurrence. Ses parents l'aiment, il n'en doute pas. Et il les aime, mais pour le moment il leur en veut terriblement.
Sa fin de journée est similaire à toutes les autres : il rejoint ses ami·e·s au rez-de-chaussée pour se détendre, manger, rire un peu, se changer les idées. Iels sont fort·e·s pour ça, iels prennent soin de lui. Drago est reconnaissant, mais a honte d'être dans cet état : faible psychologiquement et physiquement. Il les remercie tout le temps et Pansy affiche toujours cet air un peu hautain dans ces moments-là. Il sait que c'est pour cacher qu'elle est touchée.
Mais le fait est que plus les semaines et les mois passent et plus Drago se relève de ses épreuves. Lentement, difficilement, mais il se relève : il prévoit son futur, fait des projets, essaie d'y croire. Si seulement il pouvait vraiment y croire...
…
Ainsi qu'il l'a anticipé, Drago s'est retrouvé au salon en un rien de temps. Blaise et Pansy sont là, iels discutent avec d'autres amis. Des gens qu'iels ont rencontrés sur leur lieu de travail ou peut-être des parents d'enfants de l'école de leur fille de six ans, Drago a oublié. Il connaît à peine ces personnes. Il se mêle à la discussion discrètement et reste un peu en retrait jusqu'à l'arrivée de Théodore qui vient le sauver de son malaise.
Pour le repas, Pansy a laissé ses invité·e·s se placer à leur convenance. Drago et Théodore se sont installés au bout de la table et n'ont parlé qu'entre eux, ou presque. Ça ne dérange pas Drago d'avoir l'air un peu farouche et inaccessible, il a de toute façon l'habitude qu'on le regarde bizarrement. Même si avec les années ce genre de chose a très largement diminué. Après l'infusion de circonstances pour bien digérer, les ami·e·s de Blaise et Pansy s'en vont, laissant Drago et Théodore seuls avec leurs hôtes·se·s.
Pansy s'affale dans le canapé en soupirant dramatiquement. Drago sourit, son amie a toujours le sens de l'exagération. Blaise arrive rapidement de la cuisine avec de l'alcool fort : du Whisky-pur-feu et du bourbon. Les verres tintent sur le plateau qu'il porte avec sa deuxième main.
— Qu'avez-vous fait de ma filleule ? s'enquiert Théodore.
— Elle est chez mes parents. On n'avait pas envie de l'avoir dans les jambes ce week-end.
— Dommage, je lui avais apporté un petit cadeau. Vous pourrez lui donner ?
— Théo ! Tu la gâtes trop, elle a déjà des monceaux de jouets, sa chambre déborde, gronde gentiment Pansy.
— Tu n'auras qu'à venir samedi prochain pour lui offrir toi-même, tempère Blaise. Et puis qu'est-ce que ça peut faire si elle est gâtée ? On n'aura pas d'autres enfants alors autant en profiter.
Drago observe les échanges sans rien dire. Il se retrouve un peu dans leur situation, même si elle est bien différente. Elleux ont eu d'immenses difficultés pour concevoir et ont dû avoir un accompagnement médical. Iels ne souhaitent pas le revivre. Lui n'aura jamais plus d'histoire avec une femme, ce qui ferme la porte à d'autres enfants. Il est déjà extrêmement reconnaissant d'avoir Scorpius. Mais il ne dit rien, parce qu'il ne veut pas aborder le sujet.
— Et toi, Théo, pas d'enfant à l'horizon ?
— Il faudrait déjà qu'il trouve une femme qui le supporte plus de quelques mois, s'esclaffe Pansy. Alors ?
— J'ai rompu avec Marcy il y a une semaine.
— Quel était le problème cette fois ?
— Rien de spécial, nous n'étions pas faits pour être ensemble, c'est tout.
Drago sourit et compatit en silence pour son ami. Ce dernier semble enchaîner les amoureuses incompatibles depuis vingt ans. Drago est quasiment certain que c'est une couverture, presque aucune n'a été présentée à son cercle d'ami·e·s. Il cache lui-même beaucoup de choses et notamment une part importante de qui il est vraiment, mais il a arrêté de s'inventer une vie pour faire semblant. La pression sur les héritiers des familles Sang-Purs est tellement grande que personne n'ose faire de coming-out, ou presque. Et Drago ne peut pas vraiment donner de conseil à Théodore, il n'a jamais rien dit non plus. Il se doute très fortement qu'ils sont tous les deux dans la même situation. Il faudrait vraiment qu'il lui en parle. Cela fait des années qu'il y pense et il serait temps.
— Et toi, Drago ? enchaîne Blaise.
— Je n'ai même pas le temps de rencontrer des gens, je ne risque pas d'avoir de relation sérieuse avec qui que ce soit ! Avec un week-end de relâche par mois et quelques semaines de vacances, je ne vais pas aller bien loin.
— Drago chéri, si tu voulais vraiment, tu pourrais.
— Hé bien je n'ai pas envie. Je me suis marié une fois déjà et ma femme est décédée. Je ne veux pas réitérer l'expérience, merci bien.
Drago se ferme. Il n'aime pas les questions sur sa vie privée. Parce qu'il est obligé de mentir systématiquement. Bien sûr qu'il pourrait avoir une relation, même si sa vie professionnelle complique les choses. Simplement il n'est toujours pas prêt à affronter le regard des autres. Et paradoxalement il ne souhaite pas une histoire clandestine. En plus, il imagine mal un homme de son âge, connaissant donc son nom et son passé, vouloir se lier à lui.
Un silence s'étire lentement dans le salon. À chaque fois que ces sujets sont abordés, l'ambiance est lourde. Drago ne comprend pas pourquoi Pansy et Blaise continuent à les importuner avec leurs questions incessantes.
— Ça se passe comment avec Potter ? demande Théodore, voulant visiblement changer de sujet.
— Pas trop mal. Il est toujours aussi borné qu'avant, un vrai hippogriffe. On s'est engueulés un bon coup mi-septembre, mais il est venu s'excuser. Depuis on fait des efforts et ça se passe bien.
Blaise ricane. Il essaie de s'imaginer Harry Potter en tant qu'enseignant et c'est plutôt rigolo. Mais ce qui lui importe surtout, c'est que son ami vive bien la présence de Celui-qui-a-survécu à Poudlard. Même si les années sont passées, ce n'est jamais facile de travailler avec quelqu'un qu'on a détesté longtemps.
— Et tu crois qu'il va rester ?
— Oui, Théo, s'il survit à la première année il va rester. On voit qu'il aime ça. Et franchement je pense qu'il est bon dans ce qu'il fait. Rappelez-vous les échos que nous avions eus en cinquième année, avec leur groupe de l'Armée de Dumbledore.
Tout le monde hoche la tête, iels se souviennent bien de cette période. Pas la meilleure de leurs années à Poudlard, loin de là.
Après encore une petite heure à discuter, Drago et Théodore prennent congé, il commence à se faire tard.
— Je te ramène ? propose Drago. Je pense que tu as un peu trop bu pour transplaner seul.
— Oui, je veux bien. Merci.
Drago tend son bras à Théodore et ils disparaissent dans un craquement. Drago les fait arriver devant la porte de l'appartement londonien de Théodore. Ce dernier la déverrouille à l'aide d'un sort et d'une clé.
— Tu veux entrer ?
— Juste cinq minutes. J'ai cours demain à huit heures trente, tu sais.
Drago le suit et s'assoit sur un des tabourets de bar. Son ami allume une machine à café moldue ultra moderne et fait couler le liquide brun et amer. Il en propose un à Drago qui refuse, il est trop tard pour la caféine, il risque de ne pas dormir de la nuit.
Cela fait longtemps que Drago n'a pas vu Théodore en tête à tête. Ils se réunissent toujours chez Blaise et Pansy, essentiellement à cause de leur fille. Et Drago a tellement peu de moments libres que c'est compliqué de jongler entre Scorpius, sa mère et ses ami·e·s. Il repense à ce qui s'est dit ce soir et voit là une parfaite opportunité pour faire ce qu'il n'a jamais fait. Parler de lui. Vraiment. Et faire se confier Théodore.
— Dis-moi, Théo, pourquoi ne nous dis-tu pas la vraie raison pour laquelle tu ne restes pas avec tes copines plus de quelques mois ? Si seulement ces filles existent.
Son ami s'étouffe à moitié avec sa gorgée de café. Il se tache et fait disparaître les salissures d'un coup de baguette. Il camoufle son inquiétude, mais il n'aime pas ce que Drago insinue.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Je pense qu'on peut arrêter de se mentir, Théo. Nous allons tous les deux avoir quarante ans dans peu de temps et nous vivons certainement la même chose.
Drago lève les yeux vers Théodore. Son cœur bat vite, il craint sa réaction maintenant qu'il a lâché les premiers éléments qui dévoilent qui il est.
— Tu... tu es... commence Théodore.
Puis il se reprend :
— Qu'est-ce que tu entends par « la même chose » ?
— Nous n'aimons pas les femmes. Ni l'un ni l'autre, débite Drago très vite, sans réfléchir, pour ne pas reculer.
Le visage de Théodore devient blanc. Il manque de lâcher sa tasse et la repose brutalement sur le bar. Ses mains tremblent et son cœur va crever sa cage thoracique. Théodore a peur, vraiment peur.
— Est-ce que c'est si visible que ça ?
— Je ne sais pas si d'autres personnes s'en sont rendu compte. Moi oui, parce que je peux sûrement mieux comprendre que n'importe qui l'importance de se cacher, la peur de se dévoiler. Surtout à cause de nos familles et nos éducations très traditionnelles.
— Par Salazar, Merlin et Morgane...
La voix de Théodore se brise dans un sanglot qu'il tente d'étouffer. Ses doigts tremblent toujours. Drago n'est pas beaucoup mieux, rien que l'idée d'avoir enfin dit la vérité à quelqu'un le bouleverse. Même si ce quelqu'un est également concerné. Il a envie de pleurer, mais retient ses larmes. À la place, pour soutenir Théodore, il tend sa main en travers du bar et l'ouvre, paume vers le haut, devant son ami. Ce dernier le regarde un instant sans comprendre puis saisit ses doigts. Il le serre si fort que Drago a mal. Mais il ne dit rien parce que ça lui fait du bien aussi. Il se sent moins isolé tout à coup. Il sait bien qu'il n'est pas seul, que d'autres hommes et femmes vivent ce genre de situation. Et que certain·e·s ne s'en cachent d'ailleurs pas du tout, comme Potter que le monde entier sait bisexuel depuis son coming-out, bien des années plus tôt. Cela avait créé un tel raz-de-marée que même aux USA, les journaux sorciers ne parlaient que de ça. Juste le temps qu'un nouveau « scandale » ébranle les pages people.
— Tu ne leur diras rien, n'est-ce pas ?
— Bien sûr que non, tu le sais parfaitement. Et je compte sur ta discrétion également, je ne suis pas encore prêt.
Théodore acquiesce de la tête, il comprend.
— Alors, Marcy existe vraiment ?
— Je connais une Marcy, une amie d'une collègue. Mais je ne suis pas sorti avec elle.
— Tu as quelqu'un dans ta vie ?
Théodore hésite. Drago lui sourit pour le mettre en confiance, il gardera ses secrets. Il a l'habitude de le faire avec les siens.
— En fait oui, un moldu qui connaît notre monde par sa sœur, qui est sorcière. Elle travaille à Sainte Mangouste. Et toi ?
— Je suis heureux pour toi. Moi non, depuis Astoria c'est le désert. Avec Scorpius à élever, je n'y ai de toute façon pas tellement pensé.
Théodore comprend très bien la situation de Drago. Il ne fait pas de commentaires et Drago apprécie. Après un moment, ce dernier décide de partir. Il serre brièvement son ami dans ses bras et cette accolade a une chaleur particulière. Il ne sera plus seul avec sa différence désormais et pourra en parler.
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Lundi 4 novembre 2019
Comme tous les soirs, une fois que les cours sont terminés, Harry se rend dans la salle des professeur·e·s. Il a pris l'habitude de relever son casier à la fin de la journée et de travailler à cet endroit. Et il sait que Drago, Neville et Teddy y sont aussi régulièrement. Harry se doute que c'est pour l'épauler de leur présence et il en est reconnaissant.
Ce lundi, il y a plusieurs de ses collègues quand il déverrouille d'un sort la petite porte de son casier. Il n'attend rien de particulier, aucun·e de ses élèves n'a de travail en retard à lui rendre. Pourtant une enveloppe est là. Il la prend et l'observe distraitement en allant s'installer à une table où se trouve déjà Neville, Tomas et Drago. Le papier est neutre, son nom est écrit en lettres capitales et un sceau ferme le document. Un sceau basique, un simple ovale de cire rouge. Ce n'est donc pas une note interne à Poudlard ni un courrier officiel quelconque.
Harry décachette l'enveloppe, sa curiosité piquée au vif. Il y trouve une courte missive, écrite elle aussi en lettres capitales. Au fur et à mesure que ses yeux parcourent les mots, Harry blêmit. Puis se lève d'un coup, renversant sa chaise sans le vouloir, lançant le courrier sur la table avec rage.
— Par les couilles de Merlin, c'est pas possible ! J'ai arrêté d'être un Auror parce que j'en pouvais plus de ces apprentis mages noirs à la con et ça me poursuit jusqu'ici !
Tous les regards se tournent vers lui.
— Qu'est-ce que c'est ? demande Neville.
— Une lettre de menace d'un groupuscule appelé « Les Partisans Noirs ». Visiblement ma présence ici ne plait pas à certains proches de personnes incarcérées.
— Ils te menacent de quoi exactement ?
— De me tuer, Tomas. D'ailleurs, j'avais raison à propos de mes draps ensorcelés, Malefoy !
Ce dernier fixe Harry, hausse un sourcil et écarquille un peu les yeux.
— C'est à dire ?
— La lettre stipule que c'est eux qui sont à l'origine de l'attaque. Je ne suis pas aussi dingue que tu veux bien le croire !
Drago récupère la missive abandonnée sur la table et la lit. Il frissonne. Il a l'impression que son passé le rattrape. Il sait, pour l'avoir vu dans la presse, que des mages noirs, d'anciens Mangemorts et leurs proches non Marqués, ont été arrêtés régulièrement au cours des années qui se sont écoulées depuis la fin de la Guerre. Le phénomène s'est ralenti avec le temps et Drago n'en a plus vraiment entendu parler depuis un moment. Mais à chaque fois, il a peur qu'on lui reproche ce qu'il a fait, même s'il a payé sa dette, a fait de la prison, a changé de vie.
Il regrette de ne pas avoir cru Harry le soir d'Halloween, quand il l'a sauvé des couvertures meurtrières. Mais il est difficile pour lui de le croire sur parole, surtout pour quelque chose d'aussi inhabituel et saugrenu. Mais visiblement, le Gryffondor continue à attirer les ennuis comme au temps de sa scolarité. Depuis ce soir-là, ils se parlent assez peu, ils restent courtois et polis, mais une légère froideur se sentait dans leurs échanges. Rien de très anormal, il faut toujours un peu de temps pour que les disputes s'estompent, surtout entre eux, vu le passif.
Drago repose la lettre.
— Je suis navré, j'aurais dû te faire confiance, Potter.
Harry fait un signe de tête en direction de Drago. Il apprécie ses excuses. Preuve supplémentaire que le Serpentard n'est plus ce qu'il était.
— On va aller voir Minerva immédiatement. Viens, Harry. Et prends ce courrier.
Neville se lève et emmène Harry jusqu'au bureau directorial. C'est grave, un professeur a été officiellement menacé de mort au sein même de Poudlard, il ne faut pas prendre cela à la légère. Et Neville a besoin de l'expérience et du sang-froid de sa supérieure. Minerva McGonagall saura quoi faire.
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Mercredi 6 novembre 2019
Tulipe Karasu est Auror depuis plus de vingt ans et formatrice depuis une quinzaine d'années sur la dissimulation et la transformation pour passer inaperçu. Elle est également à la tête de sa propre équipe depuis dix ans environ.
En ce moment, son groupe n'a plus de grosses affaires en cours, alors elle était présente au briefing la veille. Une fois par jour, le directeur du Bureau des Aurors, Archie Fiertalon, fait une réunion non obligatoire en présentant les nouvelles affaires et les chefs d'équipe se les répartissent. Parfois, Fiertalon impose des dossiers quand personne n'est volontaire et il lui arrive même d'en prendre lui-même en charge avec des étudiants en dernière année.
Cette fois, Tulipe a entendu le nom « Harry Potter » et sans même savoir de quoi il s'agissait, son bras était levé. Toustes les collègues ayant connu Harry à l'époque où il travaillait au Bureau des Aurors se sentaient concerné·e·s, mais Tulipe a refusé de partager l'affaire. Harry est son ami, elle veut s'en occuper. Elle passe la journée entière du mardi à faire des recherches et potasser le dossier. Il contient assez peu d'éléments, mais le courrier signé par Harry est précis et détaillé : une déformation professionnelle, elle le sait. Elle demande à July et Marcus, qui travaillent sous ses ordres, de faire une liste des potentiel·le·s ennemi·e·s de Harry. Iels y passent la journée entière, la liste est interminable : entre les personnes envoyées à Azkaban par l'ex-Auror et leurs proches, les Mangemorts et leurs familles, ça fait du monde.
C'est pourquoi ce mercredi matin, à huit heures tapantes, Tulipe et les deux Aurors de son équipe arrivent à Poudlard. Au vu de la situation, iels passent par la cheminée de la directrice. Cette dernière est là, ainsi que Neville Londubat, Harry Potter et Drago Malefoy, apparemment témoin de l'attaque.
Comme les cours démarrent à huit heures trente, Tulipe n'a que peu de temps. Elle commence par faire un interrogatoire rapide des deux principaux intéressés : Harry Potter et Drago Malefoy. Leurs deux versions sont différentes, ce qui est entièrement normal. Cependant, Tulipe ne peut approfondir immédiatement, or elle a besoin de savoir exactement ce que le professeur de Potions a pu constater lors de sa ronde, cela peut donner des indices.
L'Auror laisse partir les deux professeurs, que leurs élèves doivent déjà attendre, et reste avec Minerva et Neville. Tulipe est contente de voir son ancien collègue, qu'elle apprécie. Même si elle aurait préféré que ce soit dans des circonstances différentes.
— L'un de vous a-t-il constaté des choses inhabituelles depuis le début de l'année scolaire ? Des élèves perturbateurs ? Des manifestations magiques particulières ?
— Rien de plus que les autres années, Tulipe. Il y a toujours des enfants plus turbulents, mais c'est assez classique. Je n'ai, pour ma part, rien constaté de spécial.
— Je suis moins en contact avec les élèves, mais je n'ai rien non plus à signaler, complète la directrice.
Tulipe réfléchit. Si tout semble normal et que rien de cela n'est déjà arrivé auparavant, il est très probable que la cible ne soit pas un hasard. Harry vient de commencer à Poudlard et son passé est riche en évènements pouvant causer des envies de vengeance. Cependant, la chef d'équipe trouve très curieux que ça ne se soit pas produit plus tôt. Quand Harry était Auror, il était relativement protégé, toujours entouré par d'autres personnes. Mais il a quitté son poste depuis cinq ans et les occasions ont dû être multiples durant ce laps de temps. Pourquoi maintenant ?
— Je vais avoir besoin de faire des interrogatoires poussés avec Harry Potter et Drago Malefoy, annonce Tulipe, en attendant qu'ils soient disponibles, nous allons passer le château au peigne fin pour trouver des traces de sorts pouvant correspondre à l'attaque décrite.
Minerva sort un rouleau de parchemin qu'elle déroule et le parcourt rapidement des yeux, avant de le ranger.
— Le professeur Malefoy n'a pas cours cette après-midi, indique-t-elle, et le professeur Potter est occupé jusqu'à dix-sept heures. Je demanderai aux elfes de vous servir à déjeuner dans la salle des professeurs.
Tulipe et ses deux coéquipier·e·s remercient Minerva et sortent du bureau. Poudlard est immense, leur recherche va être longue.
…
La journée passe vite et aucun des trois Aurors ne trouve quoi que ce soit. Les appartements de Harry sont inspectés minutieusement, mais il ne semble pas y avoir le moindre indice. Tulipe n'est pas étonnée, Harry a indiqué dans le courrier associé à sa plainte qu'il avait déjà cherché. En tant qu'ex-Auror, il a les capacités de détecter des sortilèges camouflés. Jusqu'à un certain point.
Aux environs de quinze heures trente, Tulipe demande à son équipe de terminer le ratissage de Poudlard et rejoint le bureau de Drago pour l'interroger. Tulipe laisse sa plume spéciale prendre en notes les mots exacts qui sont dits, y compris les siens. Les comptes rendus ne sont intéressants qu'avec les questions qui ont été posées.
Il commence par raconter sa ronde et précise bien qu'il n'a rien remarqué. C'était le désert ce soir-là. Comme souvent. Il ne fait pas spécialement attention à être totalement silencieux et a bien conscience que le bruit de ses pas doit résonner loin dans les couloirs. Des élèves vadrouilleurs auraient largement le temps d'aller se cacher avant qu'il ne tombe sur elleux.
— Quelle heure était-il quand vous avez entendu les cris qui vous ont alerté ?
— Je ne sais pas trop. Près de quatre heures sûrement, c'était la fin de ma ronde.
— Avez vous vu ou ressenti quelque chose quand vous êtes entré dans les appartements de monsieur Potter ? Ça peut être un bruit, une sensation, une vague vision, une réminiscence magique, n'importe quoi.
— Non, rien dont je me souviens. La porte était verrouillée, mais un simple Alohomora a suffi pour l'ouvrir. Je trouvais ces cris curieux alors j'ai préféré aller vérifier.
— Qu'avez-vous vu en entrant dans la chambre ?
— Potter en train de se débattre dans son lit. Je croyais qu'il faisait un cauchemar. Mais quand je me suis approché et j'ai marché par hasard sur sa baguette.
— Où était-elle ?
— Par terre, peut-être à un mètre du lit.
— Il ne pouvait pas la prendre seul à votre avis ?
— Visiblement non. Les draps et les couvertures avaient l'air pas mal entortillés sur lui, mais difficile de voir les détails à la lumière d'un Lumos.
— Lumos ou Lumos Maxima ?
— Lumos Maxima.
— Et ensuite ?
— Je lui ai rendu sa baguette et il a crié un sort. Tout est redevenu calme. Les draps ont semblé retomber sur le lit et sur lui.
Tulipe fait une pause et vérifie le compte rendu de Harry dans le dossier.
— Qu'avez-vous fait ensuite ?
— Potter avait l'air d'avoir soif, j'ai trouvé un verre par terre et je lui ai donné un peu du thé que j'avais dans mon thermos. Ensuite on a discuté de ce qui s'était passé et on s'est engueulé.
— Pour quelle raison ?
— Nous n'étions pas d'accord. Je n'ai pas cru à cette histoire de draps étrangleurs, j'étais persuadé qu'il avait fait un cauchemar.
Tulipe hoche la tête pour remercier Drago.
— Est-ce que je suis accusé de quelque chose ? demande-t-il, inquiet.
Tulipe se note mentalement qu'il n'a pas l'air serein. Aurait-il quelque chose à se reprocher ? Évidemment, même sans être coupable dans cette affaire, vu le passé de l'homme, Tulipe comprend qu'il puisse se sentir en danger. Mais Harry n'a pas du tout accusé son collègue, ce dernier ne semble pas être lié à cette tentative de meurtre et aux menaces de mort — pour le moment —, alors elle le rassure.
— Pas actuellement. Je vérifie simplement avec vous certaines choses, puisque vous avez été témoin de l'attaque. Néanmoins, il est indispensable que vous restiez joignable à tout moment tant que l'enquête n'est pas terminée. Et vous ne pouvez pas quitter le territoire britannique.
— Je n'ai le droit de sortir d'ici que pour accompagner les élèves à Pré-au-Lard une fois par mois, ou lors de mon week-end de relâche mensuel. Je resterai sur le territoire dans ce cas.
— Parfait. Navrée de vous imposer ces conditions, mais il s'agit de la procédure habituelle pour les témoins de crime.
— Je comprends.
Tulipe est sûre qu'il est loin de vraiment comprendre et accepter ces obligations, parce que ce sont des restrictions qui sont difficiles à supporter pour tout le monde. Mais au moins, il n'a pas refusé d'obtempérer.
Une fois l'entretien terminé, l'Auror traverse tout le château pour rejoindre le bureau de Harry. Elle n'a pas beaucoup de choses à lui demander, il a déjà fait tout le travail seul avant leur arrivée, dès la nuit de l'incident. Malgré le fait d'avoir laissé sa carrière d'Auror derrière lui des années plus tôt, les réflexes sont encore là : il a fouillé l'intégralité de sa chambre, lancé des dizaines de sorts de détection, sans aucun résultat. Le courrier qu'il a envoyé à Tulipe était particulièrement long : il lui a fait un compte rendu aussi détaillé que s'il avait été encore en poste au Bureau, sans rien négliger ou omettre. Mais, pour la procédure, elle pose toutes les questions qu'elle aurait posées à n'importe qui d'autre. Et la plume note l'intégralité des propos.
Harry se laisse faire, il comprend l'importance de cet interrogatoire officiel.
— Vous avez trouvé quelque chose ? demande-t-il quand l'entretien est fini et que la plume a été rangée.
— Absolument pas. Mais tu t'en doutais. Ton appartement est tout ce qu'il y a de plus normal, le reste du château aussi. Nous allons analyser le parchemin de menaces, c'est notre seule piste pour l'instant.
Harry soupire et Tulipe compatit pour son ami. Les ennuis semblent le poursuivre partout, quoi qu'il fasse.
— Entre nous, tu ne soupçonnes personne dans l'enceinte de Poudlard ?
— Franchement, non. Je suis arrivé depuis deux mois et je n'ai pas eu de soucis. Juste des accrochages avec Malefoy, mais c'était inévitable.
— Tu ne crois pas qu'il puisse vouloir se venger ?
— Se venger de quoi ? Et puis de toute façon il n'est pas le genre d'homme à pouvoir tuer les gens.
Tulipe fait remonter dans sa mémoire ce qu'elle sait de Drago Malefoy. Étant donné la situation elle a, bien entendu, fait des recherches sur l'intégralité des adultes présents à Poudlard. Il est le seul avec un casier judiciaire.
— Il a failli pourtant. Il a empoisonné plusieurs personnes, qui ont manqué mourir. Le genre de personne trop lâche pour l'Avada, mais qui trouve d'autres solutions.
— Tulipe ! Tu ne le penses pas vraiment ? Les circonstances étaient entièrement différentes, tu le sais parfaitement. Je te connais assez pour savoir que tu as lu tout son dossier avant de venir, alors ne me fait pas l'affront de l'ignorer.
— Je ne fais qu'émettre des suppositions à partir de faits réels, Harry. Et je ne le connais pas personnellement, moi. Les seules choses que je sais de lui, c'est son dossier au Bureau des Aurors.
— Je suis certain qu'il n'est pas ce genre de personne.
— Si tu le dis... De toute façon, au point où on en est, presque tout le monde peut-être considéré comme suspect. Y compris des élèves, surtout les plus âgés. Si tu constates des choses curieuses, envoie-moi un message directement.
Tulipe sait que Harry a son téléphone portable avec lui à Poudlard. Et qu'il l'utilise un peu. Il est indéniable que ce moyen de communication est largement plus rapide et plus pratique que n'importe quelle méthode sorcière.
— Aucun souci.
— Et ne joue pas au détective ! Les Aurors chargés de l'enquête, c'est nous.
Harry acquiesce, mais Tulipe sait que ses mises en garde n'arrêteront pas son ami. Quand on a été Auror, on ne peut jamais complètement s'en détacher. Et il n'était pas réputé pour être le plus posé du Bureau. Toujours la bougeotte. Et une fâcheuse tendance à négocier les règles.
La sorcière observe Harry, elle a l'impression qu'il va un peu mieux depuis qu'il travaille ici. Elle est heureuse pour lui, il avait besoin d'arrêter de passer ses journées à ruminer.
Quand ses deux collègues viennent la prévenir que Poudlard a été entièrement vérifié, Tulipe prend congé de Harry. Elle le serre dans ses bras avec un immense plaisir et espère le revoir rapidement. C'est égoïste, mais cette affaire va lui permettre d'être plus souvent avec son ami. Elle espère simplement que les choses ne vont pas mal tourner, parce que si Harry est concerné, ça peut vite devenir compliqué, elle le sait d'expérience.
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On se retrouve dans deux semaines, 1er avril 2022 avec le chapitre 6 : « Sommeil sans rêves », et non ce n'est pas un poisson d'avril ^^.
En attendant, portez vous bien !
