L'envol du phœnix

Merci à Alixe, Dina et LaPaumée et Fée Flea(u) qui me tiennent la main à toutes étapes
Merci à vous de lire et de partager

7. Une odeur de destin

Cyrus avait essayé de se blottir dans son lit et de ne pas bouger, espérant contre toute logique effacer ce que Sirius avait entendu, calmer son coeur et son corps, se rendormir. Mais Sirius au fond de son esprit était en éruption : il avait une fille qui ne connaissait même pas son nom - pas qu'il ait eu tant d'affection que cela pour l'idée de lignée, mais si Aesthélia disait vrait, Cruze ne savait de lui qu'une seule chose : qu'il n'avait pas été intéressé par son existence... Sirius avait grandi entre des parents qu'il avait profondément dérangés et déçus ; s'il ne regrettait pas ses choix, il savait intimement la douleur de ne pas être aimé de ses propres parents... et jamais il ne voulait être la cause de la même douleur. Jamais.

C'était sans doute une des raisons qui l'avaient fait repousser l'idée d'un enfant à l'époque - avant cet Halloween et Azkaban, réalisa-t-il : ne pas faire souffrir un enfant comme lui avait souffert. Peut-être même que s'il n'avait pas déjà tenu le petit Harry dans ses bras, il n'aurait jamais envisagé d'essayer. Et si Aesthelia n'en avait pas eu autant envie, il n'y aurait même jamais pensé, ajouta-t-il avec une dérision douloureuse. Aesthelia...

Était-ce le désir d'Aesthelia qui avait annihilé toutes leurs précautions et brisé leurs serments ? - s'interrogea encore Sirius. Et il se rendit compte qu'il ressentait moins de colère que de curiosité. Car l'enfant -Cruz - existait et c'était l'important. Aesthelia l'avait cachée du monde et, ça, il pouvait le comprendre vu les circonstances. Mais qu'elle ait suffisamment douté de son innocence pour ne pas même l'évoquer, lui, eux, leur amour...ça lui donnait envie d'hurler. Et Cyrus mordait l'oreiller, terrifié par la réaction que pourrait avoir Laelia si elle découvrait Sirius en colère.

Car il était en colère, et pas seulement contre lui. Même Albus, même Remus n'en avaient rien su ? Sirius était obligé de croire Nymphadora, mais le doute était trop grand : n'avaient-ils pas seulement jugé qu'il ne méritait pas de savoir ? Pensé eux aussi que l'enfant serait mieux sans même l'idée de lui ? Et ces pensées circulaires finissaient toujours sur la même question : s'il avait su tout cela en sortant d'Azkaban, aurait-il bu les trois fioles de Rogue ?

Cyrus, ce double, jeune et innocent, possible futur, cachette trop petite, gémit, dépassé par sa douleur, ses doutes, ses regrets. Il gémit juste alors que Laelia venait voir s'il dormait.

"Ça va ? Cyrus, réponds-moi !", demanda la jeune femme en le secouant - il y avait beaucoup d'inquiétude dans sa voix.

L'enfant serra ses paupières, comme pour nier les torrents de larmes qui en coulaient. L'adulte retint son souffle.

"Tu fais un cauchemar", essaya encore Laelia le secouant plus fort. "Réveille-toi, tout va bien ! Je suis là, tu es en sécurité, ici, avec moi, au Brésil..."

La comédie ne tenait pas, même Sirius dut en convenir. Cyrus se laissa redresser et ouvrit les yeux. Il hésita un instant puis se jeta dans les bras de Laelia en pleurant de plus belle.

"Là, là, c'était un sacré cauchemar, dis-moi", essaya la jeune femme en lui caressant le dos.

"Si... Sirius...", hoqueta l'enfant contre sa poitrine.

"J'imagine en effet qu'il a de quoi faire des cauchemars", soupira Laelia sur un ton sincère. "Mais même s'ils peuvent te sembler très réels, ce sont des cauchemars, ce sont ses pires peurs, ses pires regrets, pas ce qui va t'arriver maintenant ou le futur.. Il faut penser à demain, Cyrus !"

"Demain tu vas mourir", sanglota l'enfant. "Demain, on va rentrer en Angleterre, attraper Peter et... revenir... à cause, à cause de cette... fille !"

"Aesthelia ?", crut comprendre Laelia. "Mais je croyais que tu aimais bien Aesthelia..."

"Cruz..."

Le silence de Laelia était peut-être pire qu'une confirmation.

"Il veut rencontrer Cruz !", clama Cyrus comme une accusation.

Et Sirius eut honte sans trop savoir pourquoi. Peut-être que tous avaient raison et qu'il n'était pas digne d'avoir une fille. Après tout, il n'avait même pas su protéger ses amis et son filleul, alors une petite fille... Loin de ce regret, Laelia blêmit. L'émotion fut telle que tout son visage sembla soudain tanguer et ses poumons manquer d'air. Ce fut un peu la claque qui manquait à Cyrus : Laelia était un leurre ; elle n'existait pas, et il refondit en larmes, plié en deux sur la couverture. La main de la jeune femme finit pas se poser sur son dos, comme une caresse.

"Tu nous as entendues", elle souffla, ce n'était pas une question. "Je suis désolée."

"Tu ne savais pas ?", demanda Sirius - Cyrus était incapable d'une pensée cohérente.

"Merlin, Cyrus, si j'avais su... si, Remus, lui-même l'avait su... jamais il ne lui aurait demandé cela, pour commencer... Il aurait trouvé une autre idée... n'importe quelle autre idée ! Déjà, même sans cette enfant, c'était beaucoup demander à Aesthélia, mais là..."

"Pourquoi a-t-elle accepté alors ?", questionna timidement Sirius - peut-être qu'une fille saurait.

"La curiosité, sans doute... l'espoir aussi... l'amour pour toi... pour votre... fille aussi... Qui a plus besoin de ton innocence qu'elles ?", réfléchit Laelia à haute voix. "Reste que dire oui et faire face ne sont pas la même chose..."

"C'est très dur pour toi aussi", comprit Sirius - ce n'était pas la première fois qu'il le pensait mais c'était la première fois qu'elle le traitait comme un adulte quelque part, qu'elle rendait cette question possible.

"Plus que je ne l'avais imaginé... Ce n'est pas comme une surveillance ou une blague, c'est toute la journée, toutes les heures... c'est beaucoup de responsabilités, d'improvisation... Mais Cyrus est super attachant", elle conclut avec une nouvelle caresse. "Il s'en sort super bien."

"Quand il ne fond pas en larmes, ne se montre pas mal élevé ou ne s'enfuit pas", remarqua Sirius un peu amèrement - c'étaient toujours tellement déroutant l'envergure et le puissance des sentiments de cet enfant !

"Bah, je ne sais pas... ça fait parti de lui... Remus s'y attendait plus ou moins", ajouta-t-elle.

"Remus s'y attendait ?" L'idée prenait Sirius par surprise. Remus... Quand pourrait-il enfin discuter avec lui ?

"Cyrus, ou Sirius, ça n'a pas tellement d'importance, si ? Ce qui est important est ailleurs, c'est le but", affirma la jeune femme avec un ton redevenu plus proche de celui de Laelia-en-mission.

"Et c'est quoi le but ?", demanda-t-il en relevant brusquement la tête pour soutenir son regard.

"Sortir Sirius de prison, prouver son innocence, ...lui rendre sa vie", énonça Laelia avec juste une petite hésitation avant le troisième terme de son énumération qui fit penser à Sirius qu'elle avait écarté une autre formulation.

Dans une autre vie, son père - Orion Black - l'avait obligé à être initié à la légilimencie... et il en avait revu les bases pendant sa formation d'Auror, si seulement il pouvait s'emparer de la baguette de Laelia... savoir tout ce qui manquait était une tentation énorme.

"Et c'est quoi, sa vie ?", questionna Cyrus, bousculant toute ses pensées avec une ardeur et un désespoir de jeune chiot.

"Ce qu'il voudra en faire... dilapider sa fortune dans les casinos moldus, remplir Square Grimmaurd de motos, faire le tour du monde, se présenter comme ministre de la Magie, s'occuper de son filleul, voire de sa fille", répliqua Laelia avec une fausse légèreté. "Il me semble qu'il a un vaste choix !"

"Je ne peux rien faire de tout cela tant que je suis Cyrus", répondit l'homme avec une immense fatigue. Son corps d'enfant n'en pouvait plus.

"Eh bien, Harry attend ta venue, tu sais", glissa Laelia. "Faire sa connaissance ne te dit rien ?"

Comme à chaque fois que Laelia parlait d'Harry, Sirius vit James dans sa tête. Un mini-James avec lequel il passerait sans doute du bon temps. Mais l'image l'intéressa moins cette fois que les précédentes.

"Et ma fille ?", coassa-t-il, de sa stupide voix pointue qui enlevait toute crédibilité à sa question.

Laelia eut un geste d'impuissance.

"Elle pourrait rencontrer Cyrus", proposa Sirius sur une impulsion venue il ne savait d'où. "Un autre enfant, fils d'ethnomage comme elle... juste la voir !"

"Aesthelia dit que vous vous ressemblez comme des jumeaux."

"Dire que je suis un cousin éloigné ?"

"Je ne crois pas qu'elle voudra", estima Laelia dans un soupir. "Je veux bien lui proposer mais je ne sais même pas si c'est organisable. Demain, nous partons à Manaus, puis on prendra une pirogue et on s'enfoncera... là où nous devons aller... Je ne crois pas qu'Aesthelia va amener sa fille avec nous. Moi, à sa place, je ne le ferais pas", conclut Laelia avec une certaine émotion dans la voix.

"Mais tu peux lui demander ?", insista Sirius en ayant l'impression d'être totalement déraisonnable - peut-être à cause du timbre de la voix.

"Tu veux qu'elle sache que tu sais ?", s'effara Laelia. "Elle va s'enfuir et tout laisser tomber !"

"Tu peux dire que c'est ton idée..."

"Pourquoi prendrait-elle le risque de te faire rencontrer sa fille qui ne sait rien de ton existence, Sirius ?", questionna sévèrement Laelia. "Pour me faire plaisir ?"

Il se laissa retomber sur les oreillers épuisé et désespéré. Ce corps était impuissant et il avait beau avoir deux esprits, aucun ne semblait assez affûté pour surmonter les obstacles jetés sur sa route.

"Tu as dit tout à l'heure que le but était de me rendre ma vie", commenta-t-il amèrement. "Mais finalement ce n'est pas une vie, je n'ai aucun choix."

"C'est juste trop tôt", essaya-t-elle de le raisonner, avec un peu trop d'embarras pour être totalement crédible néanmoins. "Le plan est compliqué mais très bien ficelé, on prendrait trop de risques à changer quoi que ce soit maintenant... Il faut aller jusqu'au bout."

Sirius eut l'impression que c'était un credo qu'elle énonçait autant pour elle que pour lui. Cyrus n'aima pas l'idée de bout, qui impliquait que des choses allaient se terminer, mais il avait déjà trop pleuré et il n'avait plus la force de se révolter contre le destin.

"Je te lis un livre", proposa alors la jeune femme, s'accrochant maintenant au rituel qu'ils avaient instauré comme à une formule magique.

L'enfant acquiesça et ferma les yeux avant la fin de la première page. L'homme décida de le laisser faire

oo

Ils partirent tous les trois le lendemain comme annoncé par Laelia. Dès le petit-déjeuner, il ne fut question que de paquets et d'horaires. Sirius eut l'impression fugace que l'agitation dépassait l'obligation; qu'elle les empêchait de prendre le temps de réfléchir et de vivre. Aesthelia lui parut distante et brusque avec Laelia comme avec lui et il se dit que l'imminence du dénouement était une certitude. Cyrus alla avec rage shooter dans son ballon dehors jusqu'au moment où Laelia vint le chercher. Ils transplanèrent jusqu'à Manaus - et Cyrus fut surpris par la chaleur suffocante quand ils se matérialisèrent.

"C'est l'humidité qui donne cette impression de chaleur insupportable", expliqua Aesthelia avec attention et gentillesse. "Il faut beaucoup boire, et ton corps va s'habituer."

Cyrus opina mais ressentit le vertige qui saisit Sirius - Aesthelia lui avait déjà prodigué le même conseil, quasiment au même endroit. Sans doute lut-elle le désarroi dans ses yeux car elle s'éloigna vivement la seconde d'après pour ne plus lui adresser la parole.

La journée se remplit ensuite de visites à différents sorciers de la ville. Généralement Cyrus était à chaque fois invité à attendre sur des porches ombragés en buvant des boissons glacées. Parfois, il joua avec des enfants à des jeux tant sorciers que Moldus. C'était bienvenu, même Sirius le pensait sincèrement. Ça lui évitait de penser - aucune pensée n'était constructive.

En fin de journée, ils prirent une longue pirogue qui devait les amener à une maison isolée où Aesthelia et Laelia devaient installer la base de leurs travaux futurs. Cyrus les avait entendues raconter cette histoire toute la journée à chacune de leurs visites. C'était sans doute important pour le plan, jugeait Sirius avec dérision. Sur la pirogue, la forêt - toujours présente, presque écrasante, toujours recommencée -, les cris des singes et des urutaus, le rythme des rameurs, étaient néanmoins suffisamment dépaysants pour noyer la pression qui écrasait Sirius et broyait Cyrus. Blotti contre Laelia qui semblait elle aussi fatiguée, l'enfant s'endormit finalement pour un sommeil sans rêve et sans cauchemar.

Laelia le réveilla alors qu'ils accostaient au milieu de la nuit sur un ponton grinçant. Il y avait un groupe d'Indiens sur la berge. Des gens qui semblaient vénérer Aesthelia et prêts à étendre ce sentiment à Laelia et à lui-même. Des gens qui murmuraient en le regardant que sa peau était si blanche et ses yeux si clairs. Comme la petite. La phrase revint plusieurs fois. Cyrus était trop épuisé pour parler, poser des questions ou même laisser Sirius le faire. Il titubait en remontant la berge glissante derrière Laelia. Plusieurs fois une femme indienne le rattrapa d'une main constante alors qu'il dérapait. Il traversa un porche de bois où se balançaient des hamacs curieusement colorés, puis un salon peu meublé, et on l'attira dans une chambre où le lit était recouvert d'une moustiquaire neigeuse. Laelia l'aida d'autorité à se déshabiller et à se coucher en lui répétant qu'il n'y avait rien de mieux à faire que de prendre des forces. Cyrus se laissa sombrer en se demandant vaguement pourquoi il lui faudrait des forces - à moins que ce soit Sirius qui s'interrogeât.

Il ne se réveilla pas avant son premier cauchemar. Laelia le secouait. Il y avait des cris et d'étranges claquements dans l'air. Comme un tonnerre mais sans foudre et sans écho, songea Cyrus.

"Des Moldus attaquent", annonça Laelia assez sèchement. "Ils sont armés."

On dirait des coups de feu, estima Sirius avec un peu d'inquiétude. Les sorciers n'étaient pas protégés des armes à feu.

"Ils attaquent ?" - questionna-t-il. Sincèrement curieux de ce que des Moldus pouvaient vouloir à une petite communauté magique forestière.

"Ils attaquent le village pour chasser les Indiens et prendre contrôle du ruisseau... et de l'or qu'il contient", raconta Laelia en lui enfilant une chemise brune. "Ils vont sans doute attaquer la maison. Nous devons sortir."

Cyrus ne trouva même pas le souffle suffisant pour poser une question. Il se laissa tirer dans la maison plongée dans l'obscurité. Tous les gens qui avaient été là quelques heures plus tôt avaient disparu, remarqua Sirius en se demandant s'ils étaient allés prêter main forte aux villageois attaqués. A l'extérieur, il se dit que l'aube ne devait pas être loin et qu'il faisait curieusement froid. Les claquements des armes à feu moldues continuaient, assez proches mais pas si proches que ça. C'était presque irréel, comme un mauvais rêve. Mais Laelia avait sa baguette à la main et un air déterminée que Cyrus trouvait rassurant, et Sirius se dit qu'elle n'aurait pas été aussi sérieuse dans un rêve. Soudain une flamme haute et claire s'éleva à une centaine de mètres. Des cris fusèrent. Une odeur douçâtre emplir l'air - du pétrole, reconnut Sirius.

"Ils brûlent les maisons", précisa inutilement Laelia en les amenant plus à couvert de la forêt.

Ils s'enfoncèrent entre les arbres immenses en suivant une sorte de sentier étroit. Sirius se demanda vaguement si Laelia savait où ils allaient. Cyrus, qui n'en doutait pas, se retourna et distingua des ombres humaines en contre-jour des flammes. De nouveaux cris se firent entendre - des cris aigus ; des femmes et des enfants - jugea Sirius revivant du même coup des attaques des Mangemorts sur le Chemin de Traverse. Comme dans ses cauchemars. Ça lui coupa la force de courir et il s'arrêta net. Comme la main de Laelia le tirait, il la lâcha. Peut-être parce qu'il ne bougeait plus, il crut entendre des pas derrière eux ; crut distinguer des silhouettes. Et Cyrus eut très peur et désigna les ombres au jugé.

Laelia se tendit à côté de lui et le poussa pour le faire passer devant elle.

"Tu vas courir tout droit, toujours tout droit... Ne te retourne pas, jamais !", ordonna-t-elle le regard étonnamment solennel.

"Mais, toi !", protesta Cyrus.

"Je vais les retenir et les occuper, ne t'inquiète pas pour moi", dit lentement Laelia.

Cyrus regretta ne pas avoir de baguette, il regretta aussi que Aesthelia ne soit pas là... et puis l'absence de cette dernière pris un sens nouveau.

"Non !", hurla-t-il. "Non, je ne partirai pas, tu ne mourras pas !"

"Cyrus, tu dois partir ", insista la jeune femme en continuant de le pousser sur le sentier.

"Non !"

"Si tu hurles encore, je t'assomme", menaça Laelia, en le bâillonnant d'une main.

Des voix furieuses s'interpelaient pas très loin. Sans doute les cherchaient-ils, comprit Sirius. Cyrus opina donc pour que Laelia le lâche.

"Tu n'as pas le choix", asséna cette dernière.

Leurs deux regards gris s'affrontèrent dans la nuit, à la lumière de l'incendie qui semblait prendre de l'ampleur. Allaient-ils brûler la maison d'Aesthelia ? s'étonna Sirius. Quel genre de plan demande autant de sacrifices ? Est-ce que sa pseudo liberté justifiait tout ça ? Il était temps de poser ses propres termes, de reprendre la main.

"Bien sur que si, on a le choix", chuchota-t-il furieusement. "On va partir ensemble, s'enfuir..."

"Et après ?", le coupa-t-elle. "Laelia doit mourir, Cyrus ; il n'y a pas d'autres solutions pour que tu retrouves, Harry et Remus..."

"Il est stupide votre plan !", râla Cyrus plus fort.

"C'est bien trop tard pour en changer", soupira Laelia étrangement lasse.

"Je refuse !"

"Tu ne me laisses pas le choix", annonça Laelia en levant sa baguette.

oooo

Cyrus se réveilla dans une barque qui dérivait. Il se réveilla de soif. Il transpirait sous la chemise brune épaisse et rêche que lui avait enfilé Laelia. Le soleil était haut dans le ciel et brûlait sa peau blanche.

- Comme la petite, se rappela étrangement Sirius.

- Quelle petite ?

- Cruz, soupira Sirius, mais l'important est de comprendre où nous sommes !

Cyrus se redressa et regarda les rives uniformément émeraude, l'eau boueuse, la barque fragile et se sentit profondément découragé.

- Elle t'a peut-être laissé de l'eau quelque part, cherche ! intima Sirius.

- Qui ça ? demanda Cyrus hagard et désemparé.

- Laelia ou Nymphadora, qu'importe ! s'agaça Sirius.

"Laelia", gémit Cyrus à haute voix, très proche des larmes.

- Laelia voulait que tu t'en sortes, lui rappela sèchement Sirius. Cesse de gémir ! Cherche de l'eau !

"Laelia", répéta Cyrus, et ça sonnait aussi plaintivement que le cri de l'urutau.

- Satané môme ! marmonna Sirius. Tu veux qu'on crève, comme elle ? Aux larmes qui jaillirent des yeux de Cyrus, c'était visiblement une faible psychologie, réalisa l'adulte ensuite. - Eh petit, faut qu'on se bouge, il reprit plus doucement. Faut qu'on trouve de l'eau et de l'aide !

"De l'eau ?", répéta Cyrus en regardant les eaux boueuses de l'Amazone qui filaient de chaque côté de la pirogue.

- Ça m'étonnerait qu'elle n'ait pas pensé à te mettre de l'eau, insista Sirius avec une patience qu'il ne savait pas posséder.

Cyrus, enfin, se mit à chercher dans le fond de la pirogue.r