17 | La maîtrise du destin

« Si ça te convient Aesthelia : vous pouvez prendre la chambre de... Cyrus le lit n'est pas si étroit... », proposa Remus en ouvrant la porte de la chambre.

« Ça ira très bien, Remus. Ne t'inquiète pas », répondit la Brésilienne alors que Cruz pénétrait immédiatement dans la chambre. Les yeux de la fillette s'arrêtèrent sur le dessin fait par Harry, et elle pencha la tête avec curiosité. Harry se demanda si elle avait jamais vu des photos de son père adulte, mais il n'osa rien dire.

« Je », commença Remus dans son dos. « Je te trouve très courageuse... »

Aesthelia s'esclaffa : « Qu'est ce je devrais dire de toi, alors ? »

« Je... Je n'ai pas vraiment le choix. Si je m'écoutais je partirai très loin avec Harry... Mais ce serait un leurre - une fausse et temporaire sécurité, et il y a Sirius... », répondit Remus sans tellement cacher l'émotion dans sa voix.

« Sirius... il prendrait tous les risques pour Harry, n'est-ce pas ? », estima la Brésilienne après un temps de réflexion.

« Sans doute », admit Remus. « Mais s'il te savait là, s'il savait pour Cruz... Depuis qu'il est là, il m'a posé plusieurs fois des questions sur toi.. J'ai senti... ses regrets... », développa-t-il encore sans cacher sa volonté de défendre son ami.

« Merci Remus », sourit Aesthélia. « Je ne sais pas comment cela finira mais... ce que j'ai dit dans ton bureau est vrai : rien d'autre n'a de sens, ni pour Cruz ni pour moi... Et je comprends que pour toi aussi, c'est le seul chemin... »

« Oui », confirma Remus avec une conviction empreinte de crainte.

« Essayons de prendre du repos », conclut la Brésilienne en entrant à son tour dans la chambre. « C'est toi qui as fait ce dessin, Harry ? »

L'enfant opina, toujours impressionné par les deux Brésiliennes apparues brusquement dans l'équation déjà compliquée de la réhabilitation de son parrain, alors que Remus demandait :

« Tu connais cette photo, Aesthélia ? »

« Non, mais je me rappelle de vous quatre. »

« Il est mon père ? », questionna alors Cruz pointant sans hésiter le doigt vers le dessin maladroit de Harry.

« Tu veux voir la photo, Cruz ? », proposa Remus.

« Je vais chercher mon album », se dépêcha de glisser Harry en filant dans sa chambre prendre le volume relié. « Il y a surtout mes parents, mais il y a Cy... Sirius, plusieurs fois... »

« Merci », dit gravement Cruz en prenant le volume sans l'ouvrir. Elle le serra simplement contre sa poitrine de petite fille dans un geste que Harry comprenait trop bien.

« Nous allons vous laisser », décida Remus en prenant l'épaule de Harry pour le guider vers le couloir et fermer la porte derrière lui.

« J'ai bien fait ? », souffla Harry.

« Je crois », répondit son père sur le même ton.

« On doit se reposer ? »

« On aura besoin de toutes nos forces... »

« Je peux... rester avec toi », se força à demander Harry – n'était-il pas trop grand pour ce genre de chose ?

Remus regarda Harry ses yeux verts inquiets et se força à sourire : « Oui, essayons ensemble... Dans ta chambre ? »

« Dans la tienne ? », proposa Harry un peu gêné, mais c'était dans la chambre de Remus qu'il était toujours venu chasser ses cauchemars. La pièce lui paraissait bien indiquée à la situation actuelle.

« Comme tu veux », accepta Remus avec facilité.

« Tu partirais avec moi ? », souffla Harry quand ils se furent allongés côte à côte dans le grand lit. L'enfant ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il était venu se réfugier ici mais le sentiment de sécurité – de fausse sécurité, avait dit Remus – était bien là.

« Oui », confirma Remus les yeux rivés sur le plafond.

« Mais ça ne servirait à rien... Parce que Voldemort continuerait à me chercher », continua l'enfant sans se douter de son propre courage.

« Je pense, oui. »

« À cause de notre lien », demanda Harry la main sur sa cicatrice.

Remus prit cette main et la serra de toutes ses forces d'adulte.

« Je déteste le mot destin, Harry, mais Voldemort, lui, y croit . Tant que tu seras en vie, il n'aura de cesse de te détruire, je le crains », expliqua-t-il en faisant de son mieux pour garder un ton neutre.

« Et toi avec moi », compléta Harry.

« Ce n'est pas... », commença Remus avec inquiétude.

« Pour moi, c'est important », le coupa son fils adoptif en plantant ses yeux vers dans les siens.

« Pardon, Harry. Bien sûr », s'excusa Remus avec une bonne dose d'émotion. « Oui, nous ne serions pas en paix. Ni toi, ni moi.»

« Jamais ? »

« Non. »

« Et puis, il y a Sirius », continua Harry, visiblement satisfait de cette confirmation. « Il ne doit pas souffrir une nouvelle fois pour moi. Ça ne serait pas juste. »

« Aesthelia a raison de dire qu'il mourait pour toi », indiqua Remus avec résignation.

« Mais il a une fille qui a besoin de lui. Moi, j'ai besoin de toi et je suis bien plus âgé », commenta Harry.

« Dix mois au moins », s'amusa Remus. « N'oublie pas qu'elle a sa maman... »

« Ce n'est pas pareil... », estima Harry.

« Aurais tu besoin d'une maman ? », taquina Remus presque par réflexe.

« Moi ? Tu parles de Tonks ? »

Le sourire moqueur de Remus s'effaça immédiatement : « Non… c'était une boutade, Harry »

« Parce qu'elle est jeune ? »

« Un peu », admit Remus avec réticence.

« Je croyais que tu l'aimais ? », s'étonna l'enfant.

« Harry. Oui, Tonks est jeune, et sa vie... Elle rencontrera peut-être quelqu'un de son âge et... Je prends ce qu'elle me donne... Mais nous devons dormir. »

« Si on pouvait partir, elle ne viendrait pas ? », demanda Harry sans sembler un instant intéressé par la dernière injonction.

.

« Je... Harry, je n'en sais rien... », souffla Remus.

« Il faudrait qu'elle veuille », estima encore l'enfant.

« Oui », répondit Remus encore une fois plus résigné qu'autre chose.

« On irait où ? »

Remus regarda de nouveau le plafond comme pour chercher une réponse adaptée.

« Je n'en sais rien. Tu voudrais aller où ? », finit-il par répondre.

« Au Brésil », déclara Harry avec une conviction affichée. « Je voudrais voir d'où vient Cyrus... Il a dit qu'il y fait chaud... que les arbres sont immenses et le fleuve aussi... ce serait vraiment différent d'ici... »

« Oui », admit Remus avec un sourire fugace.

« Tu sais quoi ? », reprit Harry après un moment de réflexion. « Si on a peur, on a qu'à se dire que quoi qu'il arrive, on ira là-bas... on ne sera pas séparés, on ne mourra pas... »

« Harry ! », s'affola Remus.

« Tu m'as promis que tu ne mentirais pas », lui rappela assez sévèrement l'enfant.

« Severus, Tonks, Albus, moi... on ne compte pas te laisser... laisser rien de mal t'arriver ! », argumenta l'adulte, éperdu.

« Mais on peut aussi tous mourir », opposa l'enfant. « L'important, c'est de se dire qu'on sera ensemble et qu'il fera chaud... comme au Brésil... »

« Si tu veux », accepta Remus incapable de plus.

« Ce sera bien », décida l'enfant en se collant contre lui.

oo

« Nao !»

Le cri réveilla Harry et Remus en même temps - même s l'adulte n'aurait pas sû dire quand il avait réussi à se laisser aller au sommeil. L'enfant courut dans la chambre de Cyrus derrière son père, sans que ce dernier ne fasse un geste pour l'en dissuader.

Dans le lit de Cyrus, Cruz en larmes débitait une longue litanie en portugais serrée contre sa mère qui essayait de la calmer. En voyant Harry et Remus sur le pas de la porte, celle-ci se mit à traduire sans qu'ils aient besoin de poser une seule question.

« … La Voix... elle a réussi à entrer dans son esprit... Cruz l'a vu – comme un serpent de fumée avec des yeux rouges... elle a senti la torture comme du feu... Cyrus a cherché à cacher Sirius, et le secret a attiré la Voix-aux-yeux-de-serpent plus qu'autre chose, mais Sirius a rejeté la Voix-aux-yeux-de-serpent... ça a pris toute leur énergie, et Cruz ne ressent plus rien – ce qui l'inquiète au plus haut point... »

« Il faut y aller », osa Harry, malgré la certitude intime que Remus allait plus ou moins l'enfermer dans sa chambre jusqu'à la fin des événements.

« Nous ne pourrions rien seuls », commenta tout au contraire ce dernier.

« Allons-y, Remus », plaida doucement Aesthélia. « Rester ici n'est pas une option... »

« Non », admit Remus après une infime et dernière hésitation. « Je vais leur envoyer un message... »

Il se dirigea vers le salon et Harry le suivit, peut-être trop impressionné par la réaction de Cruz pour rester dans la chambre. Remus prit une pincée de poudre et appela Severus.

« Cruz veut y aller maintenant », il indiqua sobrement. « Elle n'a plus de contact... »

« Bien », accepta le visage Severus dans les flammes. « Retrouvons-nous en bas... »

« Tu n'es pas obligé de... »

« Bien sûr que si, et tu le sais, Lupin », cracha Severus.

Remus ne releva pas. Il se contenta d'acquiescer avant de laisser les flammes redevenir normales. Il prit ensuite deux plumes qu'il enchanta pour porter ses messages.

« Grand-père et Tonks ? », questionna timidement Harry, debout appuyé contre la bibliothèque.

« Oui », admit Remus en se retournant vers lui. Ils se regardèrent pendant de longues secondes avant que l'adulte ne prenne la décision que l'enfant espérait et redoutait à la fois : « Va mettre tes chaussures... »

Moins d'un quart d'heure plus tard, ils étaient tous les cinq dans un carrosse les emmenant à la limite de Poudlard. Ils avaient évité Pré-au-lard pour lui préférer une porte secondaire presque totalement envahie par la végétation. Après l'avoir dégagée, Remus l'ouvrit en apposant ses deux mains contre la serrure.

« Tu as prévenu, Minerva ? », s'enquit Severus en se retournant une dernière fois vers le château dont ils ne voyaient que les plus hautes tours.

« Oui », confirma sobrement Remus en refermant la porte derrière eux. Il sortit ensuite une carte d'Angleterre et indiqua la position du manoir Jedusor à Aesthélia et Severus. « Albus a parlé d'une maison de gardien... Nous ne savons pas où ils sont... ni si des sortilèges de protection ont été posés... mais soyons prudents... Retrouvons nous dans ce petit bois avant... pas d'habitations... on devrait y passer inaperçus... »

« Je pars le premier et je vous confirme », proposa Severus dans le silence pensif qui suivi l'explication de Remus.

« Severus, tu... », s'interposa ce dernier.

« Lupin, tu as tes raisons pour y aller ; Aesthélia aussi. Vous avez aussi deux enfants à protéger – autant que possible... Je n'ai que moi. Laissez donc moi chercher ma rédemption comme je l'entends ! »

« Merci Severus », commenta Aesthélia en serrant Cruz contre elle et avant que Remus ait pu une nouvelle fois s'opposer au projet de son adjoint.

Ayant reçu la confirmation de Severus que l'endroit était bien choisi et relativement sûr, ils se matérialisèrent quelques minutes lus tard dans un bois mal entretenu, quasiment en même temps. Severus était sur le qui-vive, baguette pointée.

« Quoi ? », souffla Remus en se plaçant à ses côtés, sa main gauche sur l'épaule d'Harry, l'autre tenant sa baguette.

« Une présence, pas loin... je perçois des auras.. »

Au même instant, un patronus de loup apparut et s'arrêta devant Remus.

« Nous sommes un peu plus loin – rejoignez nous, on a une vue sur la maison », indiqua le patronus avec la voix de Tonks.

«C'est le patronus de Tonks ? », questionna Harry avec curiosité et une pointe d'envie. Les patronus faisaient partie des magies avancées qu'il trouvait particulièrement cool.

«Il semblerait que cette jeune femme n'ait décidément pas peur du changement», commenta Severus avant de croiser le regard de Remus et de hausser les épaules pour ajouter : « Ni de l'engagement... »

« Ils sont déjà là ? », s'étonna ouvertement Aesthélia.

« Albus », soupira Severus en guise de commentaire.

Harry regarda Remus en quête de son opinion ou d'une simple confirmation, mais ce dernier ne sembla pas juger utile de faire l'un ou l'autre. Sans lâcher son épaule, il se contenta de se mettre à suivre le patronus, et les autres lui emboitèrent le pas. Une cinquantaine de mètres plus loin, ils rejoignirent Tonks et Albus accompagnés de trois autres sorciers que Harry ne connaissait pas tous. Le plus âgé était grand et avait la peau noire, les deux autres semblaient du même âge que Tonks.

« Qu'est-ce qu'ils font là ? », demanda Remus en désignant les trois nouveaux venus sans beaucoup de gentillesse dans la voix.

« Nymphadora et moi avons réfléchi dans l'après-midi que si nous arrivions à prendre Pettigrew, il faudrait immédiatement transformer cette opération en intervention officielle. Nymphadora n'est malheureusement pas assez gradée pour être légitime... Kingsley Shacklebolt a bien voulu prendre cette responsabilité... Il a jugé qu'une équipe de trois Aurors serait crédible, et les Paulsen... »

« Albus, ça fait beaucoup trop de monde en danger », jugea âprement Remus. « Dawn et Carley sont trop jeunes... »

« Tout le monde est là selon sa propre volonté, Remus ! », s'agaça Tonks. « Et ne me lance pas sur la question de l'âge ! »

« Vous croyez que Pettigrew va se laisser capturer vivant ? », s'interposa calmement Severus.

« Quitte à le surestimer, se laissera-t-il mettre la version qui vous arrange sur le dos ? »

« Peter dira que ça ne c'est pas passé comme cela ! », approuva Remus.

« D'abord, ce sera la parole de quelqu'un réputé mort contre celle de quatre Aurors assermentés. Ensuite, trouvera-t-il judicieux d'expliquer qu'il a enlevé Cyrus, rejoint Voldemort sous quelque formes qu'ils soient ? Je pense que les probabilités sont de notre côté, Remus», estima posément Albus. « Notre version fera de lui en partie une victime du Seigneur des ténèbres ... »

« Un marché ! », s'horrifia ouvertement Remus.

« S'il le faut, mais ne péchons pas par excès de confiance, Remus. Il nous faut encore les localiser dans ce manoir, séparer Cyrus et Peter de Quirrel et Voldemort... »

« Les séparer ? », releva Aesthélia.

« Nous avons des objectifs complémentaires mais différents. Sauver Sirius, ce qui implique prendre Pettigrew », expliqua l'Auror que Harry avait déjà vu – Kingsley Shacklebolt.

« Ceci implique d'essayer de contacter Cyrus ou Sirius », rajouta Tonks en regardant Aesthélia qui acquiesça lentement.

« Et pour le reste ? », aboya presque Remus, et Harry le regarda sans cacher son inquiétude.

« Les Horcruxes ? », s'enquit Albus en regardant Remus qui ne sut qu'acquiescer sans un mot.

« Si le destin nous est clément, nous aurons le temps de vous raconter comment Andromeda m'a aidé à convaincre un elfe des Black a collaboré avec nous... mais pour l'instant, j'espère que vous serez simplement content de savoir que nous en avons détruit cinq... »

En parlant, Dumbledore avait eu un geste contraint qui avait relevé sa manche droite révélant une chair singulièrement noire et abîmée.

« Votre main », s'écria Severus le premier.

« Le prix du phoenix, mon ami... les larmes du phoenix sont très puissantes contre la magie noire mais elles sont très brûlantes aussi... J'ai amené ceci », ajouta le vieux sorcier en sortant un objet des plis de ses robes.

« L'épée de Godric Gryffondor ! », commenta cette fois Remus.

« Nous pouvons espérer avoir supprimé tous les horcruxes mais nous ne pouvons pas en être sûrs. Je voudrais que vous la preniez Remus... vous ou Harry... »

« Et l'épée peut cela ? », questionna Aesthélia alors que Remus prenait l'épée après une infime hésitation, lâchant l'épaule de Harry pour la première fois pour le faire.

« Godric Gryffondor a bien plus étudié la magie noire que l'histoire l'a retenu », expliqua Albus. «Il a travaillé aussi à contrer les maléfices les plus dangereux de son point de vue... d'où l'épée...»

« Mais pourquoi ne pas l'avoir utilisée ? », s'enquit Remus avec une forte tension dans la voix.

« Je n'avais pas pensé à l'emporter avec moi, square Grimmaurt... le temps n'est pas notre allié dans cette bataille, Remus, j'en suis intimement convaincu. Le temps peut permettre à Voldemort de prendre le contrôle de Sirius ou de Cyrus, de monter en puissance... Vous même l'avez senti... »

« Cruz l'a senti », indiqua Harry.

« C'est un de nos rares atouts... veillons à ne pas le gaspiller », commenta Albus. « Pouvons nous vous faire part de notre ébauche de plan ? »

Tous acquiescèrent.

Ooo

Cyrus sentit un truc bizarre. C'était comme si on lui grattait l'oreille ou on lui chatouillait le cou. C'était à la fois léger et désagréable.

« N'ouvre pas les yeux », dit une voix dans sa tête. Elle parlait portugais cette voix. « Attends. Est-ce que tu sais où tu es dans cette maison ? »

Sirius était sur le qui-vive maintenant mais n'arrivait pas à savoir quoi penser de cette nouvelle voix. Est-ce que c'était un piège de Voldemort pour lui faire baisser la garde ? Une image se forma dans leur esprit. Une fillette à robe blanche. Elle avait l'air grave et inquiète. Très différente de la figure aux yeux de serpent.

« Je m'appelle Cruz », insista la nouvelle voix. « On a peu de temps. »

Cruz est ma fille se rappela Sirius désarçonné. Est-ce que Voldemort avait eu le temps de voir cela dans leur esprit ? La crainte de se tromper était là mais le désespoir le rendait fataliste.

« Dans la cuisine », laissa-t-il Cyrus répondre mentalement.

« Ok... on va t'envoyer ta baguette... Quand je te dirai, tu ouvriras les yeux et je leur dirai comment t'atteindre... »

L'idée était tellement à la fois séduisante et inquiétante que Cyrus préféra fermer les yeux plus forts et Sirius se taire.

« Queudever, tu vas surveiller notre prisonnier », énonça alors la Voix-aux-yeux-de-serpent. «Nagini va t'aider »

Cyrus ressentit les glissements du serpent monstrueux qui les avait rejoints. Ils se rapprochaient de lui. Il serra plus fort ses paupières.

« S'il se réveille, force le à manger...j'ai besoin qu'il soit en forme... Nous même allons aller nous reposer... le prochain combat sera le bon... »

« Oui maître », répondit Pettigrew. Cyrus entendit les pas de Quirrel qui semblait quitter la pièce. Il eut bizarrement le sentiment que la fillette l'avait entendu aussi. D'autres images se formèrent : une baguette volait dans les airs, traversant ce qui dans l'obscurité avait l'air d'un parc à l'abandon. Elle s'approchait d'une maison étouffée par les lierres. Il y avait une lumière diffuse derrière de grandes fenêtres qui ressemblaient bien à celles que Cyrus voyait dans la pièce quand il ouvrait les yeux, et la baguette continua.

« Il y a un carreau cassé tout en haut, à gauche », indiqua Cyrus sans oser y croire.

Il vit mentalement la baguette se diriger vers ce carreau cassé et passer la fenêtre pour se coller au plafond. Il compta jusqu'à dix avant d'oser ouvrir les yeux. La baguette était là. Il referma vite ses paupières.

« J'ai vu », indiqua la voix de la fillette. « Ne bouge pas. »

Cyrus obéit, incapable de croire à ce possible sauvetage et incapable de ne pas y croire. Il sentit la baguette contre sa main et il referma les doigts sans ouvrir les yeux. Le contact était bien celui dont il se rappelait. Comment Voldemort aurait-il pu disposer de la baguette de la mère de Remus ? - Comment ma fille pourrait-elle te parler ? s'agaça en retour Sirius. L'image de la médaille emplit leur cerveau. La médaille de la famille d'Aesthélia. Sirius se souvint que cette dernière les disait magiques, amplifiant les liens entre personnes du même sang. Mais pouvaient-ils être en relation depuis le Brésil ?

« Non, on est là.. dehors », indiqua la fillette. Cyrus eut l'impression de la voir lever les yeux au ciel. « On arrive ! »

« Non ! », hurla Sirius mentalement. Il ne voulait pas que d'autres soient en danger. Surtout pas Cruz.

Le cri fit s'agiter Cyrus et le serpent se rapprocha de lui en cercles concentriques et affolant.

« Est-ce qu'on se réveillerait ? », demanda la voix de Queudever. « Si Sirius te voyait.. est-ce qu'il sait même que tu existes ? Je suppose que non... mais c'est étrange quand même que tu sois apparu si brusquement aux côtés de Remus... où te cachaient-ils donc ? Au Brésil ? Pourquoi t'avoir rapatrié maintenant ? Qu'est-ce qu'ils ont en tête ? »

Cyrus essaya de n'avoir aucune réaction.

« Tu as tenu étonnamment bon mais ça ne sert à rien, petit, tu sais : il te détruira... il est plus fort que toi, plus fort que nous tous... je l'ai toujours su... ça ne servait à rien de lutter... regarde James... regarde Lily... regarde ton propre père... Quel gâchis ! »

Dans l'esprit de Cyrus et Sirius, de nouvelles images se bousculaient. Trois silhouettes courraient sans bruit dans le parc qu'avait traversé la baguette. Cyrus ne les voyait que de dos comme si la fillette avait été loin derrière elles. Elles se séparèrent, sur l'indication de la plus grande d'entre elles.

« Tiens-toi prêt ! » dit la voix de la fillette. « Ils vont entrer ! »

La porte vola en éclats au même moment et Queudever pivota immédiatement vers elle, baguette à la main. Des sortilèges fusèrent et Cyrus sortit sa baguette. Le serpent l'enserra d'un seul coup – comme s'il n'avait attendu que son geste pour essayer de l'étouffer. Il essaya différents sorts mais l'air lui manquait rapidement.

« Nao », hurlait la filette et les images étaient moins nettes.

« Peter Pettigrew vous êtes en état d'arrestation », cria une voix grave et masculine et un sort suivi.

« Non », pleurnicha Peter. « Non, je suis une victime ! »

« Je rêve que je meurs », songea Cyrus. Il se sentait étrangement léger et loin de toute l'agitation qui régnait autour de lui.

« Vite », supplia une voix qui ressemblait à celle de Harry – mais qu'est-ce que Harry aurait fait ici ? «Papa, vite ! »

Le corps de Nagini contre le sien se convulsa et immédiatement relâcha sa pression. L'air revint brutalement dans ses poumons avides. Des bras de femme l'enserrèrent.

« É ele meu pai ? », demanda une voix jeune qui ressemblait à celle qui lui avait parlé dans ses rêves.

« Sirius, réveille-toi », exigea une autre voix féminine. Une voix qu'il n'osait pas identifier.

Cyrus ouvrit les yeux. Il vit Remus en face de lui. Harry à ses côtés, baguette à la main. Remus tenait une immense épée ensanglantée. Tonks était derrière eux. La femme qui le tenait était Aesthélia. Une fillette semblable à celle de ses rêves le dévisageait avec des yeux gris étonnamment semblables aux siens.

« Je suis mort », laissa-t-il échapper.

Il y eut un rire contraint.

« Non, pas encore », dit Remus les yeux étonnamment brillants.

Il allait répondre quand Harry se plia en deux, les deux mains sur sa cicatrice écarlate. Tonks se pencha vers lui alors que Albus levait sa baguette. La porte de l'office s'ouvrit quasiment en même temps sur Quirrel trébuchant, la baguette pointée vers eux tous :

« Qu'avez vous fait !? », hurla la Voix-aux-yeux-de-serpent. « Qu'avez vous fait !?»

oooo

Il y a des chances que la suite arrive ici plus vite que Dans une famille normale...

Remerciements à Dina et Alixe, toujours, toujours dispo pour mes petites histoires

Portez vous bien et dites moi comment vous imaginez la suite !