Résumé :
L'équipage du Falcon X-12, dit Lady Luck, est le meilleur de tout le front de Junon. Rien n'arrête le Capitaine Highwind et sa bande de joyeux tarés quand ils sont dans les airs.
Jusqu'au jour où ils ne le sont plus.
Chronologie :
Se situe un an et demi avant la fondation d'Avalanche.
Personnages :
Cid Highiwnd, Shera Highwind Mist, (ff7) Cid Pollendina (FF5) , Fran, Balthier, (FF12), Gippal, Baralai, Nooj (FFX2), Edgar (FF6)
Tags spécifiques au chapitre :
MIA, L'équipage du Haut Vent, amputations et blessures grave, PTSD, interprétation sur les Al Bhed, traumatisme de… ben tout le monde en fait, c'est plus un cross-over c'est un passage à niveau, Gippal, Nooj et Baralai sont probablement OOC, désolée, pas joué assez à FFX2.
Il est dix-huit heures trente-deux et Shera est seule.
Aujourd'hui, à seize heures douze, le Falcon X-12 : Lady Luck, s'est écrasé sur le champ de bataille, après avoir été touché par un moissonneur en plein vol.
A seize heures trente, on est venu lui annoncer que son frère et son équipage étaient déclarés morts au combat.
Cid est mort.
Le vieux Cid aussi.
Balthier et Fran aussi.
Edgar aussi.
Nooj, Gippal et Baralai aussi.
Elle est la seule survivante de l'équipage et ce uniquement parce qu'elle s'est engueulée avec Cid la veille au sujet d'une réparation de Lady Luck et qu'il lui a interdit de voler ce matin.
Il faudrait qu'elle prenne son PHS, qu'elle appelle leur mère et qu'elle lui annonce la nouvelle, mais elle n'y arrive pas.
Elle reste assise au milieu de leur baraquement, à contempler les lits autour du sien.
Celui de Fran, dans lequel elle est censée dormir, mais qui n'est jamais défait, vu qu'elle préfère rester avec Balthier.
Ceux des trois mousquetaires, toujours tirés au cordeau, uniquement différenciés par les objets personnels posés sur les malles à leurs pieds. La vielle à roue électrique de Gippal. La collection de sphères de Nooj et Baralai, les livres théologiques de celui-ci.
Il y a le lit d'Edgar, ni fait, ni à faire comme d'habitude, et elle a presque envie d'aller le refaire, de réordonner les photos de lui et de son frère sur la table de chevet.
Celui du vieux Cid, avec les photos de ses enfants et toutes celles de sa fille qui s'arrondit de plus en plus.
J-15 sur la dernière. Cid était censé partir en permission dans dix jours pour la naissance de son premier petit-enfant.
Et enfin, il y a celui de son frère.
En bordel, comme d'habitude. Avec ses livres, ses bloc-notes pleins de calculs, son dernier projet de réparation pour s'occuper les mains. Elle n'a jamais compris comment Cid arrive à dormir sur tout ça, ou à retrouver ses affaires.
Il faudrait qu'elle appelle leur mère. Il faudrait qu'elle l'annonce à leur père. Il faudrait qu'elle le dise à Freya.
Mais elle n'y arrive pas.
Il n'y a plus de Cid, plus de vieux Cid, plus d'Edgar, plus de Gippal, plus de Nooj, plus de Baralai, plus de Balthier et Fran.
Plus de Setzer.
Plus de Darill.
Il est dix-huit heures trente-trois et Shera est seule.
"Gip ? "
L'Al Bhed tourne la tête vers son ami. Edgar est pâle, ce qui n'est pas étonnant avec tout le sang qu'il a perdu. Il a de la boue sur la joue, ses cheveux se sont libérés de sa queue de cheval et sont en vrac autour de son visage, son uniforme est tâché de sang, de boue et de sueur...
C'est la première fois qu'il voit Monsieur Propre-Sur-Lui aussi débraillé.
"Ça recommence à saigner," finit par murmurer Edgar.
"Je t'avais dit de pas bouger," répond Gippal sur le même ton.
"J'ai pas bougé… presque pas."
Gippal essaye de se mettre à genoux, mais il a toujours les jambes qui flageolent, il arrive à peine à se pencher vers Edgar, levant le gant avec la matéria de soin dans la direction générale de sa jambe. Le moindre mouvement de sa tête lui fait comme des flèches de douleur dans la tempe et il n'arrive pas...
Il n'arrive pas à viser.
Heureusement, Edgar parvient à lui prendre le gant et le dirige vers…
Vers ce qui reste de sa jambe.
C'est peut-être aussi bien qu'il ne voit plus bien. Il a déjà vomi ses tripes devant le corps de Nooj.
La matéria referme à nouveau la plaie, mais ça ne guérit pas grand-chose. C'est de la matéria de premier secours, pas celles des docteurs, ça ne fait pas grand-chose.
Juste une grosse croute.
"Cette fois, tu bouges pas," marmonna Gippal en reprenant le gant.
"Je crois que Balth a tourné de l'œil," répondit Edgar en se tournant vers leurs deux camarades étendus face contre terre.
Gippal se tourne aussi vers eux, déglutissant nerveusement. Fran n'a pas repris conscience depuis le crash, depuis que leur capitaine l'a traînée hors de la carcasse, l'a portée sur son dos, et l'a posée là, à l'abri dans le vieux camion défoncé qu'ils ont trouvé pour se cacher.
Depuis que Balthier s'est laissé tomber près d'elle, les mains carbonisées et a commencé à psalmodier en Alexandriote, quelque chose qui ressemble à une prière alors qu'il sait bien que ce petit con est aussi athée que lui.
Quelque chose où le nom de Fran revient sans cesse.
"J'ai pas envie de vérifier s'il est mort ou vivant."
"Va falloir parce que je lève pas mon cul non plus," déclare une autre voix.
"Cid ? ! L'Ancien ? "
Cette fois, Gippal se lève. Ou du moins essaye. Oui. Non ? Si. Presque. Suffisamment pour se démêler les pieds et arriver à ramper vers le cinquième membre d'équipe, leur doyen, à sa droite.
"Hé, l'Ancien ? Ça va ? "
"Il fait noir," répond seulement le vieux Cid. "Je ne vois presque rien."
Gippal n'ose pas lui dire. Il n'ose pas lui dire qu'il fait encore jour. Un petit peu du moins.
Il a essayé, il a tenté de guérir ses yeux, mais il ne sait pas faire. Il ne sait pas comment le corps humain est censé se rabibocher et la matéria n'est pas assez puissante.
Et il est Al Bhed. Leur créateur, que les crabes aient ses ongles, a bien fait en sorte qu'ils naissent sans magie.
Qu'ils ne puissent même pas utiliser les matérias de soins.
"Gip, va voir Balth. Va vérifier."
Le doyen a parlé. Les Al Bhed obéissent aux anciens. Ils savent mieux. Alors Gippal rampe à quatre pattes vers le bébé de l'équipage.
Il vient d'avoir vingt ans, bon sang. Il est encore plus jeune que Bar, il devrait même pas être ici, il a menti sur son âge à son engagement, pour faire chier son père et depuis quand il en sait autant sur ce petit obsédé ?
Il ne devrait pas être là.
Il tâtonne, palpant le cou de Balthier, cherchant son pouls et pendant quelques secondes, il panique, parce qu'il ne sent rien.
Oh, le con.
Normal.
Il a toujours ses gants.
C'est le genre de Gippalerie qui feraient bien marrer Nooj, tiens, il va encore se foutre de sa gueule et…
Et…
"Gip ? "
Cette fois la voix est plus rauque, plus encore que d'habitude, mais avec tout ce qu'il l'a entendue crier dehors, à appeler à l'aide, à demander des secours ou à insulter les squames qui approchent, c'est pas vraiment étonnant.
Leur capitaine est là, debout devant la brèche qui éventre le camion, une barre de métal à la main, et le regarde comme s'il avait perdu la boule.
"Je peux savoir pourquoi t'es en train de te marrer ? "
"J'ai fait une Gippalerie."
"Normal," rétorque-t-il, mais il n'y a pas la moquerie habituelle dans sa voix. Juste de la fatigue.
"J'ai voulu prendre le pouls de Balth mais je trouvais rien et en fait c'est…"
Leur capitaine se jette à genoux près de lui, lâchant son arme improvisée et arrache son gants de ses dents pour poser sa main sur la gorge de Balthier.
"... j'ai oublié de faire ça. C'est con, hein ? "
"Il est vivant," murmure leur capitaine d'un ton soulagé. "Putain, ouais, belle Gippalerie."
"Je suis désolé."
Il ne répond pas. Il vérifie que Fran est aussi vivante. Elle ne bouge même pas quand il touche ses oreilles. Personne ne peut faire ça, même Balth se prend une tape sur les doigts quand il essaye.
"Elle est vivante," finit-t-il par dire.
"Moi aussi," intervient Ed, sans bouger de sa place.
"Pareil," ajoute l'ancien dans un grommellement. "Cid ? Gamin ? "
"Ouais ? " fait leur capitaine en se relevant, marchant courbé dans le camion pour rejoindre leur doyen.
L'ancien l'a appelé gamin et il a même pas râlé.
"Nooj ? " demande le vieux Cid.
Le capitaine se penche, regardant le visage du vieux et son visage se décompose.
Il voit pour la première fois ce qui s'est passé.
Il voit pour la première fois les yeux du vieux Cid.
Il n'a pas pris le temps. Après le choc, quand Gippal essayait juste de comprendre ce qui s'était passé, quand il ne sentait pas encore la douleur sur la droite de sa tête, leur capitaine les as sorti de la Lady Luck. Un par un. Il a trouvé la carcasse du camion et les as traîné là, il est venu et reparti cinq fois.
Mais la sixième fois, il est revenu les mains vides.
Il aurait dû le faire sept fois pour que tout le monde soit là.
Et puis il y a eu un cri de squames et il est ressorti et il y a eu ses cris, des bruits de combats...
Gippal sent comme une colère monter dans sa gorge.
Pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas encore été évacués ? Leur crash n'a pas été vu ? Ils ont des blessés, putain !
"Cid," reprend le vieux," où est Nooj ? "
Gippal a encore du mal à réaliser qu'il n'est pas avec eux. Qu'il n'est pas juste sorti quelques minutes pisser au milieu des squames parce que c'est exactement le genre de truc qu'un suicidaire comme Nooj ferait, un dernier doigt d'honneur à Hojo avant de rejoindre la Rivière de la Vie.
"Il a… Il s'en n'est pas sorti."
"Baralai ? "
"Non plus. Me suis réveillé et il… il... sur le coup… j'espère."
Non… c'est pas juste. Nooj voulait mourir, mais Bar non. Bar voulait retourner à Bevelle et prendre le clergé par les couilles, les leur retourner jusqu'à ce qu'ils réalisent qu'ils étaient en l'an de grâce deux-mille neuf cent soixante-treize et que ça suffit les conneries rétrogrades.
Bar voulait changer les choses.
Bar ne changerait plus jamais rien.
"Premier crash, gamin ? "
Le Capitaine hoche la tête avant de la secouer et répondre à voix haute.
"Ouais. Et toi ? "
"Second. Troisième si on compte la fois où on a pas réussi à décoller plus de cinquante centimètres à Wutai Sud. Je te l'ai racontée celle-là ? "
"Tu sais quoi ? Garde la pour la prochaine fois…hein ? Tu t'accroches et tu nous la raconteras."
Il y a un sifflement et leur capitaine tourne la tête vivement. Il se relève, reprend sa barre de métal et ressort.
"Gip, veille sur eux, je reviens" demanda-t-il avant de sortir.
Gip obéit à l'ordre pendant à peine trois minutes.
Le temps d'entendre un grondement plus fort, suivit du bruit sourd de quelqu'un qui tape sur quelque chose de vivant avec quelque chose comme une barre de métal.
Il le suit.
Ed tente de le retenir, mais il ne peut pas bouger.
Il n'a plus qu'une jambe.
"Gip ! Putain pourquoi tu fais toujours le contraire de ce qu'on te dit ? Gip ! ! ! "
Il sort de l'abri du camion et se redresse, se tenant à la carcasse déchiqueté du véhicule.
Le champ de bataille est vide.
Enfin, non.
Il est plein de véhicules à moitiés détruits, il y a les restes de Lady Luck pas loin qui achèvent de brûler et…
Des corps.
Des corps partout.
Des humains, des squames, des monstres, des bienheureux probablement aussi…
Mais pas autant qu'avant.
Il n'y a plus que quelques squames qui errent, qui ramassent des cadavres, de la matéria, qui mangent les morts qui…
"GIPPAL ! "
Il sursaute.
Il n'a pas vu venir son capitaine, il est venu de la droite.
"Reste dans le camion ! T'es pire que Shera, putain ! "
"Elle avait raison."
Il se fige la main sur l'épaule de Gippal.
"Il y avait une fuite. Je l'ai vue juste avant qu'on.. qu'on…"
"Gip…"
"Je vais vous montrer, venez voir, on peut la réparer rapidement…"
"C'est bon… c'est bon, on le fera... après…" murmure leur capitaine en le poussant doucement dans le camion.
"Va falloir que vous rampiez pour qu'elle vous pardonne sur ce coup-là…"
"Ouais... ouais t'as raison. Je vais avoir intérêt à sortir la bonne bière."
"C'est votre sœur ! Elle mérite mieux que la bière du mess ! "
"Gip a raison. Offrez-lui une bonne bouteille de vin plutôt." renchérit Edgar qui est redevenu tout pâle, les mains crispées sur son… sur sa… sur...
"T'a bougé, abruti ! " s'exclame Gippal.
"Hey, hey, HEY, je peux pas vous laisser cinq minutes seuls ou quoi ? "
A nouveau un grondement et il se retourne, jetant un regard méchant derrière lui.
"Cette fois, tu restes dedans, Gippal" grogne-t-il en ressortant.
Il y a un trou noir.
Quand Gippal se réveille, il fait noir et un moment, il se demande s'il a perdu son autre œil.
Mais il n'a pas mal à gauche et au bout de quelques minutes à cligner de la paupière, il commence à mieux voir dans la pénombre.
"Gip ? "
Cette fois, c'est Fran.
"Lapinette ? "
"Petit con."
Elle est penchée sur lui, courbée et tient son gant dans la main.
Ouais, normal, elle a les mains tellement plus longues que lui, elle ne peut pas le mettre.
La matéria brille dans son emplacement, illuminant légèrement la pièce.
"Oh… Oh, Fran, je t'aime, épouse-moi ! " gémit-t-il quand elle le soigne à nouveau.
"Balth était là d'abord."
"Balth est toujours là d'abord."
Il essaye de se redresser et la douleur dans sa tête reprend, mais plus assourdie. Il peut réfléchir. Il peut aligner deux pensées cohérentes.
Il n'a pas l'impression de mieux voir pour autant.
La lueur de la matéria s'estompe. Fran est la meilleure mage d'eux tous, mais ça n'est toujours pas suffisant.
"Balth ? "
"Inconscient."
"Ed ? "
"Aussi."
"Cid ? "
"Lequel ? "
"Les deux."
"Votre ancien dort."
"Il dort ? sérieux ? "
"Oui."
"Et le Capitaine ? "
"Il tue les squames qui approchent."
"Toi ? "
"La matéria de soin ne peut rien contre les brûlures."
Il a vu son dos tout à l'heure.
Il a beau savoir qu'elle est dure à la douleur, ça ne doit pas faire du bien.
Il se sent… Mieux. Pas bien, mais mieux. Il s'assied et tâtonne ses poches.
"Que cherches-tu ? "
"PHS."
Elle ramasse quelque chose sur un tas de débris et le lui tend. C'est son PHS. Complètement explosé.
"On y a pensé," grommelle-t-elle. "Cassé. Celui du Capitaine aussi."
Il y voit RIEN.
"Tu peux me faire de la lumière ? "
Elle obéit, levant à nouveau la matéria qui scintille. C'est peu, mais suffisant. Il lutte pour essayer d'ouvrir la coque.
"Tu fais quoi ? "
"Ce que j'aurais dû faire dès le début si j'avais eu les neurones qui se touchent," répond Gippal, ouvrant la coque et sortant ce qu'il y a caché quand il s'est enrôlé dans l'armée de Shinra.
Un câble, muni de différents connecteurs d'un côté, d'une pointe acérée de l'autre, protégée par un étui transparent et stérile. Il le sort et le cale dans sa bouche le temps de ramasser les autres PHS.
"'umiè'e," marmonne-t-il autour du câble et Fran approche la matéria plus près.
Il n'a pas d'outils.
Mais merde, il est Al Bhed !
Il ramasse l'écran de l'un, la mémoire d'un autre, quelque chose qui n'est pas un PHS mais tant pis et il assemble, il parle aux composants, il les range différemment, les câbles lui obéissent, les soudures se défont et se refont.
"Il fout quoi ? " demanda leur capitaine à un moment, venu reprendre son souffle à l'abri.
"Shh ! " répond Fran.
Son œil droit fait mal, il essaye de tourner comme celui de gauche, mais il n'y a plus rien à tourner.
Oh, bon sang, il douille.
Fran le soigne et il ne s'arrête pas pour la remercier.
Il ne s'arrête que quand l'engin qu'il a entre les mains daigne enfin s'allumer.
"Oh, putain, Gip," murmure leur capitaine avec émerveillement.
Gippal reprend le câble et le branche à la machine, puis sort l'aiguille de sa protection et la fixe quelques secondes avant de regarder Fran, puis leur Capitaine.
"Vous promettez de dire à personne ce que vous allez voir et surtout pas à ma mère ? "
"Bouche cousue" répond Fran.
"Pareil."
Gip regarde à nouveau l'aiguille.
Il pourrait la planter dans la blessure qu'il a déjà à droite mais…
Il inspire profondément avant de l'enfoncer dans sa tempe, à la recherche d'un des trous dans sa boîte crânienne, ceux avec lesquels naissent tous les Al Bhed.
Fran le regarde comme s'il était fou.
Et c'est bien la première fois qu'il la voit avec une expression.
"Oh. Bidyeh cy sèna[1] ! "
"Soin ? "
"Huh ! Non ! Si tu fais ça, l'aiguille va fusionner avec mon cerveau et c'est PAS le moment ! "
"Ok"
"On capte super mal ! "
"C'est pas nouveau," rétorque le Capitaine, à la fois fasciné et horrifié, "c'est la machina ? "
"Chut ! Vous voyez rien, vous n'avez rien vu ! " rétorqua Gippal en essayant de se concentrer.
Le Capitaine semble hésiter à répondre mais un bruit le fait tourner la tête et il se redresse.
"Fran, veille sur lui, je reviens."
Et en un bond, il est déjà loin.
Une viéra, un burmécien et un al bhed sont dans un camion…
Le PHS de Shera sonne.
Elle relève la tête. Elle est blottie dans le lit de Cid. Elle s'y est endormie après avoir appelé leurs parents. Après avoir passé une heure à pleurer avec eux.
Le téléphone sonne à nouveau.
Ce n'est pas sa sonnerie.
On aurait dit une des musiques de…
Une des mélodies de Gippal.
Elle prend le téléphone, les mains tellement tremblantes qu'elle manque de le laisser tomber.
Des lettres défilent sur l'écran.
une viéra un burmécien et un al bhed sont dans un camion c'est pas une blague même si ça y ressemble je douille merde je douille shera shera t'es là tu me vois t'avais raison le capitaine te dois une bière.
"Gippal ? " murmure-t-elle en se redressant.
shera sort nous de là shera fait quelque chose on est toujours là on s'est crashé mais on est là non pas nooj nooj nooj putain nooj est mort shera il a eut ce qu'il voulait
"Gippal, tu m'entends ? "
baralai aussi baralai est mort personne priera pour nous personne pour l'âme que j'ai pas
mais nous les autres on est toujours là sors nous de là fait quelque chose shera t'es la plus forte t'es la plus intelligente par la machina sort nous de là
"Vos coordonnées ! Quelles sont vos coordonnées ? "
binaire de merde j'y comprends rien on dirait que ces machines ont un accent je te jure je comprends pas tu veux quoi tu veux quoi
"Coordonnées ! Où êtes vous ? ! " répond Shera en criant à tue-tête.
co..or..coordonnées
je suis con putain oui fran fran franounette bunny girl qui a les coordonnées qui ça cidlequel l'ancien oui réveille le demande vas y rah j'ai mal
Elle agrippe un crayon dans le bordel de Cid et donne un coup de pied pour faire tomber un carnet au hasard, prête à noter.
shera j'ai mal j'ai tellement mal
"Je suis là Gippal, je vais vous sortir de là."
Les coordonnées s'affichent sur l'écran et elle les note aussitôt.
"je les ai ! Reste en ligne je vais prévenir l'état-major ! "
je t'aime shera je vais t'épouser mais j'ai demandé fran en mariage d'abord ca te dit la bigamie j'ai MAL
Elle bondit sur ses pieds, sans même prendre le temps d'enfiler ses chaussures et se rue dehors, effrayant deux troopers au passage.
"Du neuf ? " demanda le Capitaine en revenant, une plaie sur la tempe gauche.
Fran désigne Gippal, replié sur lui-même, oscillant d'avant en arrière, sa pupille en spirale tournoyant dans son iris.
"L'écran, que dit l'écran ? " demanda le Capitaine en surveillant les alentours.
La viéra se tordit le cou pour essayer de lire.
"On dirait que c'est son esprit. Ça dit ce qu'il pense."
Elle fronça les sourcils.
"Il parle à Shera."
LES CONNARDS
"Mademoiselle Highwind, je comprends votre peine, mais je ne peux pas envoyer une unité de secours en pleine nuit sans avoir la preuve que vos coéquipiers sont bien vivants."
"Mais ! "
"Retournez vous reposer. Nous parlerons de l'évacuation de leurs corps demain."
connard connard connard
Shera se retrouva devant la porte fermée sans avoir compris un seul mot de ce que leur supérieur avait dit avant de fermer.
Par contre, elle se fit mal en donnant un coup de pied dans la porte, laissant une trace de pied boueuse sur la porte immaculée.
"Gippal, ils ne veulent pas venir ! "
entendu j'ai entendu fils de pute et c'est méchant pour les putes faut trouver autre chose y faut y faut y faut
"Gip. Tu te souviens de la journaliste ? "
joor. na. leest. journaliste laquelle
"SNNet News. Cheveux gris, yeux rouge, elle est venue faire un reportage sur les aéronefs Shinra le mois dernier, Cid l'a envoyée paître et elle t'a mis une gifle quand tu as essayé de la peloter ! "
paine gullwing des jambes jusque-là et un regard de braise à me mettre le feu putain j'ai mal
"Passe-moi son numéro."
comment tu sais que je l'ai eu
"Passe-moi son numéro MAINTENANT ! "
La Capitaine titube jusqu'au camion.
Un pas après l'autre.
Il a les bras lourds, les pieds en plomb, et la barre d'acier a cassé il y a... une heure ? Deux ?
Ça vaut pas une bonne lance ces trucs, il faut vraiment qu'il s'en construise une. Une pour la guerre, pas un de ces trucs surchargés de ses ancêtres qui se prennent dans les tendons quand on essaye de les retirer de la viandasse. Un truc simple, mais efficace, profilé comme un aéronef.
Il entre dans le camion.
"Toujours vivant ? "
Edgar lève les yeux. Gippal est blotti contre lui, endormi ou dans les vapes. Ils ne savent pas trop. La batterie de sa machine les as lâché avant que Shera ait pu faire quoique ce soit et il a retiré l'aiguille, la brisant en deux avant de s'effondrer.
"Ouais. Vous ? "
"Ne me laisse pas m'asseoir. Me relèverais pas."
"On sera deux."
"Ed, putain, on t'a dit que tu avais un sens l'humour pourri ? "
"Ouais, vous, mais ça vous fait marrer quand même."
Cid secoue la tête avant de tourner le regard vers le reste de ses hommes. Il ne les voit pas. Il fait si sombre.
Il ne voit que les cheveux de Fran, encore plus clairs que ceux de Bar.
Ça avait été la seule chose intacte chez son co-pilote.
Cid secoue la tête.
Il ne veut pas penser à ses hommes… Il ne veut pas penser à Bar et Nooj.
Pas maintenant.
Pas tant que les autres sont encore en vie.
Pas tant qu'ils ont besoin de lui.
Quand il n'aura pas le choix.
Quand ils seront à deux doigts de la mort.
Quand il devra faire appel à sa limite et risquer d'être tué à vue par leurs alliés.
"Les autres ? "
"Fran s'est rendormie. Balthier s'est réveillé, il a pleuré et s'est rendormi. Cid nous a raconté une histoire. Je ne la connaissais pas."
"Gardez-en pour après. Shera va râler si elle n'est pas là pour les entendre."
Edgar le regarde. Il le voit à peine dans la pénombre. Les étoiles ne brillent pas assez fort dans le ciel et il n'y a pas de lune. Si Edgar n'était pas aussi pâle, il ne le verrait probablement pas du tout.
Il préférerait ne pas voir le vide sous la cuisse d'Edgar, sous le garrot qu'il lui a mis il y a… des heures ? Seulement ?
Il a l'impression de se battre depuis des jours.
"On va mourir, hein ? " demande soudain Edgar.
"Non."
"Vous devriez profiter que vous tenez debout. Retournez au camp sans nous."
La pointe de l'arme improvisée de son capitaine apparaît sous son nez.
"NON. Jamais ! J'abandonne pas mon équipage, tu m'entends ? ! "
"Ou quoi ? Vous allez me tabasser ? "
Le Capitaine ouvre la bouche.
Et se tait.
Il lève le nez vers le ciel.
"Tu entends ? "
Edgar l'imite.
Un bruit de turbine.
"Un Atomos ? Modifié ? Besoin de réglages..."
Le Capitaine se rue à l'extérieur, levant le nez vers le ciel.
Il n'a jamais été aussi content de voir une de ces horreurs à l'aérodynamisme de briques.
C'est un véhicule civil, pas un de l'armée. De toute façon ces trucs datent de Wutai, Shera, Darril, Setzer et lui faisaient déjà mieux à l'académie, les Falcons les ont détrônés dès le début de la guerre de Sin.
Le parpaing volant vole bas, balayant le sol de ses projecteurs et il sent comme si son cœur allait exploser.
L'Atomos cherche quelque chose.
Quelqu'un.
Eux ?
"HE ! HEEE ! ! ICI ! ON EST LA ! "
Les projecteurs se braquèrent dans sa direction, l'éclairant de plein fouet. Il a l'impression d'être en face de plusieurs soleils, ses yeux lui font mal à en pleurer.
Mais on le voit.
Ils sont sauvés.
"Ed ! ED ! On vient nous chercher ! Réveille les autres ! "
L'Atomos commença à se poser, la porte s'ouvrant dans le même temps, sur une jeune femme aux cheveux gris, vêtue de cuir noir, un appareil photo à la main, l'enregistreur de sphère à sa ceinture déjà en marche. Elle baissa son appareil photo et décocha un petit sourire au Capitaine.
"Hé, Capitaine Highwind, je peux l'avoir mon interview, maintenant ? "
"PAINE ! Qu'est-ce que je t'ai dit au sujet de pointer ces trucs vers moi ? "
"Que la prochaine fois, je devrais aller le chercher dans mon fondement ! "
Quand Shera titube dans l'Atomos, après avoir violemment shooté dans les tibias du trooper qui voulait l'empêcher de passer, elle voit d'abord Edgar, allongé sur sa civière, pâle mais vivant.
Puis Fran, et Balthier, dans les bras l'un de l'autre, les mains de Balthier à vif.
Et Gippal, endormi, du sang sur le visage et un bandage sur l'œil droit.
L'ancien, assis, mais silencieux, son visage rouge d'une brûlure et ses yeux recouverts par un pansement protecteur.
Et Cid, étendu à même le sol, à côté de Paine agenouillée près de lui. Quelqu'un a posé une couverture sur lui et lavé son visage, laissant une trace de propre au milieu de la poussière et du sang.
"Cid" croasse Shera.
"Il va bien, une brûlure au bras, quelques coupures sans gravité dont une sur le côté du crâne," explique Paine, "il est juste épuisé, il s'est effondré dès qu'on a fermé la porte."
Shera tombe à genoux devant son frère, ses mains cherchant les blessures, les brûlures, des fractures peut-être.
Il est là. Il respire. Son frère est vivant.
Elle pose le front sur son épaule et laisse échapper un sanglot.
"C'est presque dommage qu'il ne soit pas silencieux plus souvent," ajoute la journaliste avant de prendre une photo de Shera et Cid. "il serait presque canon."
"Je ne te conseille pas mon frère, tu sais."
"J'ai promis un rencart à Gippal, ne t'en fais pas."
Shera paya les bières et les emporta avec elle, traversant le bar emplit de soldats en permission. Elle arriva vite à sa table, posant la bière froide sur la nuque de son frère.
"Shiera ! " grommela-t-il en se redressant.
"Et si tu allais te coucher plutôt que dormir sur la table ? "
"Première permission en commun depuis deux mois, j'ai quand même le droit de passer du temps avec ma soeur."
Shera s'assit et posa la bière devant lui.
Le crash avait eu lieu un an et demi plus tôt.
Leur équipage avait été démobilisé pour raison de santé.
Sans déc, avait commenté Balthier avant d'aller épouser Fran à la première chapelle assermentée qu'ils avaient trouvée à leur sortie de l'hôpital. Ils étaient tous les deux contre le principe du mariage, mais les parents de Balthier avaient refusé de payer pour le rapatriement de Fran, ce qui aurait provoqué son extradition à Eruyt où sa famille ne voulait pas d'elle et sa pension militaire n'avait aucune valeur. Balthier avait répondu à ses parents avec la même mesure qu'à son habitude, demandé la nationalité midgarienne à laquelle il avait le droit pour son engagement dans leur armée et épousé Fran pour lui en faire bénéficier, malgré son statut de non-humaine. Cid et Shera avaient applaudi.
Ça avait été un mariage express et étrange, même d'un point de vue militaire. Shera avait dû signer pour Balthier et ils avaient toasté au jus de sylkis pour raison médicale. Edgar l'avait déclaré mariage le plus triste du siècle et avait proposé qu'ils fassent un second essai dès que Cid et Shera seraient à leur tour hors circuit militaire.
Shinra n'avait pas apprécié le coup de prévenir les médias pour sauver Cid et son équipage.
Dès qu'il avait été déclaré de nouveau bon pour le service par les médecins, Cid avait promptement été privé de vol et rétrogradé comme mécanicien.
Puis il avait pris l'habitude de retourner sur le champ de bataille récupérer les blessés 'oubliés' là.
Et avait donc prit une autre habitude : celle de fréquenter la cellule disciplinaire pour insubordinations répétées. Il avait failli être jugé plusieurs fois, mais chaque menace avait été suivi d'un autre article de Paine sur les actes héroïques de Cid ( et qu'est-ce que ces deux-là avaient pu se disputer sur le terme 'héroïque') et chaque fois l'opinion publique avait levé les boucliers pour le Capitaine Highwind.
Pour la fratrie Highwind, le pire était leur séparation.
Shera avait été mutée dans un autre équipage, loin de Cid, trop près du front à son goût, où elle passait son temps libre à observer les squames (encore une fois, de trop près du goût de son frère) et doubler toutes les vérifications des réparations du Falcon X-23 sur lequel elle servait désormais.
"Encore six mois" murmura Shera. "Six mois et on a fini nos cinq ans."
"Et après ? " demanda Cid. "On fait quoi ? "
"On… on pourrait… récupérer le Haut Vent ? "
"Ils ne voudront jamais. Avec toutes les conneries que je leur ai faites, ils ne nous laisseront plus le faire voler."
"Et si on construisait le Shiera ? " suggéra Shera.
"Avec quel budget ? " répondit Cid.
Il avait raison. Un aéronef coûtait cher à construire, à entretenir, à faire voler. Même en les cumulant, leurs pensions militaires ne suffiraient pas.
"On pourrait partir à Alexandria," finit-t-elle par suggérer.
"Aviation civile ? "
"Au moins, tu pourrais voler. C'est mieux que… que rentrer à Burmécia."
"Et toi ? "
"Avec toi. Où veux-tu que j'aille ? "
"Pourquoi pas Gip ? "
Shera le foudroya du regard.
"Quitte à me caser, je préfèrerais que ce soit avec quelqu'un dont l'œil est pas tout le temps en train d'aller voir ailleurs."
"Il est toujours avec Paine ? "
"Nope, elle l'a plaqué. Il m'a envoyé son dernier morceau au fait," se rappela Shera en sortant son PHS et un casque audio.
"Ouais, 'fin, tu me connais, la musique et moi…"
"Ferme là, tu aimes sa musique," déclara sa sœur en lui glissant un écouteur dans l'oreille.
Comme chaque fois que sa sœur avait raison, Cid choisit de se taire et de la laisser faire.
Il avait appris sa leçon de la fuite de Lady Luck.
Elle prit l'autre écouteur, mis le lecteur audio en marche et s'appuya sur l'épaule de son frère. Elle sentit son baiser sur sa tempe avant qu'il ne s'appuie sur elle à son tour.
"Ah. Cid a envoyé des photos de ton filleul au fait."
"C'est pas mon filleul."
"Ils l'ont appelé Siddhe. C'est ton filleul."
"Je leur ai pas demandé de l'appeler comme ça."
"T'avais qu'à pas corriger la prononciation quand ils t'ont demandé s'ils pouvaient lui donner ton nom."
"Montre les photos, Shiera," soupira-t-il.
Elle obtempéra, ouvrant le dernier mail de leur ancien.
"Regarde-moi ce petit bout."
"La vache. Freya était un bébé maigre ou ils le nourrissent trop ? "
"Je le dirais à Cid."
Son frère ricana mais son expression retomba aussitôt quand il leva les yeux. Il se redressa, délogeant Shera de son épaule et retirant son écouteur. Shera l'imita en se tournant dans la direction de son regard, éteignant la musique du pouce.
Un homme et une femme approchaient, tous deux en costume noir qui criait Shinra à tue-tête.
Bon, la jeune femme avait aux pieds une paire de rangers rouge qui faisaient un peu tâche dans le tableau, mais porter des talons à Junon, c'était purement suicidaire, entre les galets du pavage et les montées, elle se serait retrouvé le cul par tere en quelques minutes. L'homme avait des cheveux noirs, rabattus en arrière et portait un bouc soigneusement taillé. Ils approchèrent tout d'eux des Highwind et s'arrêtèrent devant la table.
"Mademoiselle Highwind. Capitaine."
"J'ai rien fait cette fois," répondit Cid.
"Monsieur ? " commença Shera.
"Tuesti. Reeve Tuesti. Directeur du Développement Urbain à Shinra. Je vous présente ma secrétaire, Mademoiselle Raspberry."
"Bonjour ! "
"J'ai une proposition à vous faire."
[1] Putain sa mère. Ouais bon hein, Gippal est marin à l'origine, artilleur ensuite, il ne va pas déclamer de la poésie.
