Chronologie :
Se situe en partie en même temps que le chapitre 15, en partie le lendemain.
Personnages :
Squall, Seifer, Fujin, Raijin (FF8) Vivi (FF9) Team MGU
Tags spécifiques au chapitre :
Squall est quelqu'un de bien, mais il fait des efforts pour que ça ne se voit pas, abus de magie, Enfants des rues, réinterprétation de passé de la team MGU, Seifer&Zell ? Seifer/Zell ? Ooooooh, personnage en situation d'handicap, langue des signes
Quand Squall parvint à sortir du canal, il était trempé, furax, et son PHS était mort.
Mais il était vivant.
Les vagues avaient été impressionnantes et avaient tout balayé sur leur passage, mais il avait appris à nager dans la mer, il savait retenir son souffle en attendant que ça passe. Il s'était retrouvé bloqué contre un véhicule tombé dans le canal et passa une dizaine de minutes à aider ses occupants à sortir et à patauger vers la rive.
Des troopers Shinra étaient déjà arrivés, aidant les gens emportés par les flots à reprendre pied sur les docks. Elles étaient presque autant inondées que le canal, les flots magiquement gonflés par la magie, mais ça leur permettait au moins de marcher, plutôt que de nager. L'un d'eux aida Squall à se hisser sur le dock, le tirant au presque sec.
"Ça va ? "
"Oui, j'étais avec des amis…"
"Les gens qu'on a déjà repêché ont été redirigés par-là," indiqua le trooper en désignant une rue perpendiculaire au quai, "allez voir, il y a des ambulances et des itinéraires d'évacuation."
"Merci ! "
Il ne fallut pas longtemps à Squall pour retrouver au moins un de ses compagnons.
Seifer n'était jamais discret quand il était furieux.
"... VOUS BOUFFER VOUS M'ENTENDEZ ? ! JE VAIS VOUS..."
"Seifer ! " appela-t-il en se précipitant dans la direction de sa voix.
Le blond était en pleine lutte avec deux troopers qui le tenaient à bras le corps, l'un d'eux lui tordant un bras dans le dos, l'autre essayant de déconnecter sa G-Force.
"FUJIN ! ! " appela Seifer, "Laissez-moi la voir, vous vous trompez ! "
"Seifer ! " répéta Squall en s'arrêtant près d'eux.
"Squall ! Ils ont emmené Fujin ! " s'exclama Seifer.
"Attendez, attendez ! " intervint Squall, "c'est un ami ! "
"Ils veulent soigner sa voix ! " s'exclama Seifer.
Squall poussa un soupir explosif. Les deux troopers le fixaient d'un regard suspicieux et Seifer continuait d'essayer de leurs échapper en les bourrant de coups de pied.
Diplomatie et doigté.
Il n'aimait pas faire ça, mais...
"Je suis Squall Loire, le fils du président Loire, c'est mon ami et il a raison, nous devons empêcher notre amie de recevoir des soins inutiles, ça lui serait néfaste."
Les troopers échangèrent un regard et Squall soupira, sortant sa carte d'identité Estharienne.
Ils ne pourraient pas la scanner avec leur matériel, mais personne ne pouvait en falsifier une.
Enfin, personne à Midgar.
L'un des troopers observa la carte et finit par relâcher Seifer qui se dégagea dès qu'il sentit leur prise se desserrer.
"Très bien, mais maitrisez-le."
"Merci Messieurs, où a-t-elle été emmenée ? "
Ils n'eurent pas le temps de répondre, Seifer l'avait déjà entraîné vers la tente de secourisme la plus proche.
Ils arrivèrent au moment où trois médecins essayaient de faire avaler un élixir à Fujin, deux la tenant, le troisième essayant de lui desserrer la mâchoire.
"Soyez raisonnable, Mademoiselle, c'est pour votre bien."
Seifer arracha le médecin en face de Fujin, le jetant hors de la tente avec un grognement inarticulé de fureur. Squall dû le prendre à bras le corps pour l'empêcher de se ruer sur l'homme, tendant un bras vers les deux autres.
"Arrêtez, arrêtez, elle n'a pas mutisme, arrêtez ! "
"Vous êtes ? " s'enquit un des deux autres médecins en lâchant Fujin.
"Un ami, on va à la MGU ensemble. Elle a reçu une malédiction enfant et est restée plusieurs jours avec, sa voix a été abîmée, c'est son état habituel ! "
Fujin se dégagea à son tour et Seifer la prit contre lui, la serrant à lui briser les os.
"Je m'excuse pour le désagrément," finit par déclarer Squall d'un ton aussi ferme et poli qu'il put. "Nous allons l'emmener et vous laisser assurer des soins à des blessés plus urgents. Seif, Fu."
Il leur fit signe de sortir de la tente, ce que, miracle, aucun des deux ne refusa et ils furent très vite dehors tous les trois. Squall tenta de diriger ses amis vers un endroit plus lumineux afin de voir Fujin signer.
/Fujin, ou est Raijin ? / demanda-t-il à la lueur de phares d'ambulance.
/De l'autre côté du port ! Il cherche les (...)/
/Les (...) quoi ? Fujin, je ne connais pas ce mot./
/B-I-G B-A-D R-A-S-C-A-L-S/ épela Fujin.
Seifer jura.
"Une bande d'enfants des rues. Ils dorment dans les entrepôts en ce moment."
/On s'en occupe Fujin, reste ici et.../
La jeune fille donna un coup de poing sur l'épaule de Squall et lui signa un mot probablement très vulgaire. Il fallait qu'elle les lui apprenne un de ces jours.
/D'accord Fujin./ fit Squall en se redressant. "Seifer, on va les chercher."
Ce fut relativement aisé d'échapper à la vigilance des troopers de la Shinra. Ils étaient tous dépassés par les évènements et trois adolescents déterminés à être discrets passèrent relativement inaperçu dans la panique des évacuations, de l'inondation, des attaques de sahagins et des hurlements de léviathan qui continuaient de résonner à intervalles réguliers.
Fort heureusement, aucun des trois n'avaient perdu leurs armes et Fujin était presque aussi redoutable avec ses sorts de glace qu'avec ceux de vents.
"Putain ça barde sur les quais," nota Seifer en entendant des bruits d'armes à feu.
/J'ai vu (...)/ signa Fujin, /avec toute l'eau qu'il y a ici, c'est le pire endroit pour une attaque avec elle./
Squall répéta le signe qu'il n'avait pas compris avec un froncement de sourcil confus.
/D-A C-H-A/ commença Fujin avant de secouer la tête et recommencer, /L-E-V-I-A-T-H-A-N/
"C'est ce que Yuffie a dit avant qu'on soit emporté," nota Squall.
Ils avaient été séparés par la force des vagues. Il ne se faisait pas trop de soucis pour elle, elle avait largement prouvé qu'elle savait nager et retenir son souffle cet après-midi. Mais les autres…
Les autres aussi, se morigéna-t-il, même Lulu et Yuna nageaient comme des poissons, c'est plutôt pour eux quatre qu'ils devaient se faire du souci.
Et avec les PHS noyés, impossible de les rassurer.
"Faisons vite, il faut retrouver les autres après," commença Squall.
Une colonne de foudre tomba sur un des entrepôts et un cri strident se fit entendre, accompagné d'une lumière vert jaune.
"Ça, c'est signé Raijin" nota Seifer en changeant de direction.
"Quetzalcoatl avec autant d'eau autour de nous ? Définitivement"
Fujin ne signa rien mais fit un geste très clair sur ce qu'elle allait faire subir à son deuxième meilleur ami.
Sur ce, l'oiseau de foudre apparut une seconde fois.
Les trois adolescents s'élancèrent dans sa direction.
Le temps qu'ils arrivent aux entrepôts à demi immergé, Quetzalcoatl était apparu deux autres fois et ils trouvèrent Raijin au moment où celui-ci l'invoquait une cinquième fois. Il se tenait les jambes dans l'eau à mi-cuisse, dos à une pile de caisses et était entouré de cadavres de sahagins.
Les Sahagins étaient déjà morts, mais Raijin s'apprêtait à lancer l'invocation encore une fois quand Seifer l'interpella.
"RAI ! ARRÊTE CETTE INVOCATION ! "
Le jeune homme sursauta à l'appel de son nom et se tourna, cherchant d'où venait la voix.
"Seifer ? ! Tu es où ? "
"Comment ça où ? Bouge pas, on arrive ! " lança Seifer en se frayant un chemin entre les caisses de marchandises éventrées et les cadavres de squames.
Fujin fut la première près de Raijin et signait plus vite que Squall ne pouvait suivre dans la pénombre mais Raijin se contentait de secouer la tête de gauche à droite, cherchant où elle se trouvait.
"Rai ! Qu'est-ce qui se passe ? "
"Je sais pas, j'y vois rien ! "
Squall alluma sa matéria de feu sur son bracelet pour éclairer la scène.
Un petit bruit d'horreur échappa à Fujin et Seifer devant les larmes de sang qui coulaient des yeux de Raijin.
"Qu'est-ce qu'il a ? Pourquoi ses yeux…"commença Seifer.
"Raijin, combien de fois as-tu appelé Quetzalcoatl ? demanda Squall en passant la bille de feu devant ses yeux.
"Je sais plus. Je sais plus. Squall c'est toi ? "
"Sept fois ! J'ai compté ! " Répondit une petite voix en hauteur.
Squall leva les yeux et vit un petit visage aux yeux lumineux tout en haut de la pile de caisses.
"Y va bien ? " demanda l'enfant.
"On va l'amener aux ambulances."
"Vivi ! " lança Seifer en se redressant, "Vous êtes combien là-haut ? "
Une petite main noire se leva.
"Cinq ! "
"Qui manque-t-il ? " reprit Seifer, visiblement inquiet de la réponse.
"Zul et Nina mais y dorment au temple de Yévon ce soir ! "
"Ils y sont tous" déclara Seifer avec un soupir de soulagement.
"Il faut amener Raijin à une ambulance" déclara Squall.
"Qu'est-ce qu'ils ont, ses yeux ? "
"Surcharge de magie, c'est temporaire, sa vue reviendra avec du repos et un bon soin." le tranquillisa Squall.
La main de Fujin frappant frénétiquement le bras de Seifer les arrêta et ils se penchèrent vers elle.
"Quoi ? "
A la lueur de la matéria, la main de Raijin apparut, serrée entre celles plus pâles de Fujin.
Une matéria écarlate était enchâssée dans sa paume, la plaie autour violacée et purulente.
"Tu as utilisé une matéria sans équipement" déclara Squall d'un ton froid.
"J'avais pas le choix," se justifia Raijin en agitant l'autre main, "ils essayaient d'emporter les enfants ! "
"Ça, c'est plus grave, non ? " demanda Seifer.
"Ambulance. Vite." répondit Squall.
Seifer se pencha sur Raijin.
"Procédure sac à patate, Raijin, laisse-toi faire."
"Ok Seifer" répondit son ami pendant que le grand blond le hissait en travers de ses épaules.
"Les enfants ! Descendez, un par un, et douce..."
La demi-dizaine de gamins dégringola la pile de caisses comme des singes, se rassemblant autour des adolescents en piaillant.
"Attendez, écoutez" tenta Squall "Chut CHUT il y a peut-être d'autres monstres ! "
Un hurlement strident retentit à l'extérieur et une vague entra avec force bouillonnements, bousculant les adolescents et faisant tomber les plus petits des enfants à la renverse. Fujin repêcha aussitôt le plus près d'elle pendant que Squall faisait de même avec Vivi.
"Le léviathan est toujours là ? Mais elle s'arrête quand son invoc ? " protesta Seifer.
"Y'a Léviathan dehors ? " s'exclama Raijin.
Un second hurlement similaire retentit suivit d'un bruit de combat et d'autres vagues.
"Je crois qu'il y en a un deuxième" murmura Squall. "allez vite, on sort, on sort ! "
"Je sais pas si c'est prudent de sortir avec deux Léviathans ! " protesta Raijin pendant que Seifer l'emmenait, un enfant accroché à son manteau.
Spoiler : Ça n'était pas prudent.
Et les guérisseurs et les troopers le leur répétèrent plusieurs fois chacun quand ils arrivèrent de nouveau au camp de secours, fort heureusement sans dommage, ni perte supplémentaire.
Raijin fut aussitôt pris en charge dans une ambulance et emmené à l'hôpital, pendant que Fujin, Seifer et Squall cornaquaient les enfants dans une tente.
"Et pi là et pi là et pi là Raijin il a prit sa matéra…"
"Matéria" corrigea Seifer.
"Et pi là et pi là ben y'a Squezacozk"
"Quetzalcoatl" corrigea Squall cette fois
"Qui est apparu et pi là ça a fait boum et pi après les faces de poissons y zon fait AAAAAH et après..."
"Il va bien" diagnostiqua le guérisseur Yévonite avant de tendre une barre protéinée à l'enfant qui se jeta dessus, la nourriture disparaissant dans ce qui lui tenait lieu de bouche.
Une fois dans la lumière du camp de soins, Squall avait réalisé que Vivi était un mage noir, que sa peau n'étant pas sombre comme celle de Raijin, mais d'un noir d'encre dans lequel disparaissaient les traits de son visage, et ses yeux d'un jaune intense et lumineux. Un autre des enfants s'était caché sous le manteau de Seifer. Le troisième disparaissait sous un grand capuchon d'adulte et seul son menton était visible, ainsi que sa propre barre protéinée qui disparaissait petit à petit. Les deux derniers enfants, restaient férocement accrochés à Fujin, jetant des regards mauvais dès qu'on tentait de les séparer.
"T'es qui toi ? " demanda Vivi à Squall.
"C'est Squall. Tu sais, je t'ai parlé de lui, Vivi."
"Ho, oui ! " s'exclama Vivi. "Il est adulte ? "
"Pas encore, comme moi" répondit Seifer avant que Squall ait pu acquiescer.
"Alors je l'aime bien."
"Qu'est-ce qu'ils font à la rue ? " souffla Squall à son ami.
"T'en connais beaucoup des gens qui sont prêts à adopter et élever un mage noir ? " rétorqua sarcastiquement Seifer, sans quitter la petite tribu du regard.
Fujin claqua de la langue pour attirer l'attention de Squall.
/On essaye de les faire accepter à l'orphelinat de la M-G-U, mais ils ne font pas confiance aux adultes./
"Qu'est-ce que tu fous encore ici, au fait ? " s'enquit Seifer en se penchant pour soulever le gamin accroché à lui.
"Seifer," marmonna Squall en montrant les enfants.
"Je te garantis qu'ils m'en ont appris des pires" rétorqua Seifer.
Un des enfants en profita pour lâcher une insulte qui aurait même réussi à offenser son père.
"Tu vois ? Alors qu'est-ce que tu fous là ? "
"Comment ça, qu'est-ce que je fous ici ? " protesta Squall, "je vous cherchais ! "
"Ouais, mais maintenant ça va, pourquoi tu es pas en train de rejoindre Yuffie ? " fit Seifer d'un air entendu.
"C'est qui Yuffie ? " murmura l'enfant dans les bras de Seifer.
"Sa meuf."
"Seifer ! "
"Il est pas au courant" marmonna l'enfant.
"Nan, il fait sa tête de doublecorne sur ce coup-là, mais ça viendra."
"Faut respecter sa meuf" lança Vivi en brandissant son repas.
"Ouais, les meufs c'est des bientôt maman" ajouta une des humaines.
"Moi quand je serais grand c'est Fujin qui sera ma meuf ! " renchérit l'autre.
"Et moi Seifer ! "
"Et moi Raijin ! Il a invoqué sept fois Squezacozak ! "
Squall jeta un regard désemparé à Seifer qui haussa les épaules.
"Ecoute, ils ont l'idée générale, on verra les détails plus tard."
Un des guérisseurs se tourna vers Squall en les entendant discuter.
"Yuffie. Yuffie Kisaragi ? D'Avalanche ? "
"Oui, vous l'avez vue ? "
"J'ai entendu un appel radio annonçant qu'ils la cherchaient, ils sont sur le quai d'en face."
"La cherc… ils l'ont perdue ? ! Merci ! " s'exclama Squall avant de sortir en courant, laissant Seifer et Fujin avec les enfants.
"Ah bah si, y respecte sa meuf" déclara le petit dans les bras de Seifer.
"Si ça colle pas entre eux, il peut être ma meuf ? " demanda Vivi.
Le lendemain fut douloureux.
Physiquement déjà. Il était courbaturé de partout et avait des bleus sur tout le corps d'avoir été bousculé par les vagues.
Squall avait été ramené en pleine nuit par un des membres d'Avalanche, puis à la fois réprimandé et félicité par la Matrone pour s'être mis en danger et avoir aidé les gens. Il n'avait réussi à se coucher que tard et s'endormir encore plus tard.
Toutefois, il fut debout avec le soleil et prit une douche rapide avant de sortir sur le campus, son sac sur le dos et deux petits déjeuner à emporter dans les mains.
Il trouva Seifer seul à l'entrée, à surveiller l'arrivée des élèves.
Ni Fujin, ni Raijin n'étaient en vue.
"Hey," fit Squall en arrivant à la hauteur de Seifer.
"Hey", répondit Seifer, "on ne court pas dans la MGU ! " ordonna le blond à une première année qui se figea de terreur.
Seifer fit signe à Squall de se déporter pour laisser passer la file d'élèves qui entraient dans l'école. Squall lui tendit un des cafés que le blond accepta avec reconnaissance, avalant une gorgée tout en surveillant le flot des élèves.
"Comment va Raijin ? " demanda Squall, s'appuyant contre le mur du dos.
"Ça va. Ses yeux vont mieux, il sort dans deux jours."
"Sa main ? "
Cette fois, Seifer eut un geste d'impuissance avant d'aboyer sur un autre élève pour qu'il descende de son hoverboard.
"Ils n'arrivent pas à retirer la matéria pour l'instant."
"Où est ce qu'il a eu ça au fait ? C'est rare..."
"C'était à son père" répondit Seifer.
"Oh…" murmura Squall. "Fujin ? "
"Elle passe la matinée avec lui. On échange cet aprèm."
"Et… les enfants ? "
Seifer jeta un petit regard à Squall avant de faire un petit sourire.
"Une fois la situation calmée et après avoir été nourris, abreuvés et soignés, ils se sont tirés en emportant les couvertures que les guérisseurs leur avait prêtées et tout ce qui n'était pas attaché dans la tente."
"Quoi… Seifer…"
"Ils en ont besoin," marmonna Seifer, "leurs affaires ont été emportées par l'inondation.
"Ils ne devraient pas être dans les Taudis, surtout Vivi avec tous les tarés qui…"
"Tu crois que je ne le sais pas ? " s'emporta Seifer en se tournant vers lui avec un geste de colère. "J'étais à leur place y'a dix ans, je te rappelle."
Squall se tut en baissant les yeux. Seifer était arrivé au Cap de L'Espoir après Squall, mais avait déjà passé plusieurs mois dans les bas-fond de Costa Del Sol dans une bande avec d'autres enfants, dont Fujin et Raijin. Ils avaient tous les trois été recueillis malades et n'avaient survécu que grâce aux soins dévoués de Madame Kramer, et se consacraient depuis à imiter son exemple. Quand Squall avait été retrouvé par son père, quelques années plus tard et emmené à Esthar, il avait perdu de vue son ami et ne l'avait revu qu'à son arrivée à la MGU.
Les retrouvailles avaient été houleuse, Seifer accusant Squall de les avoir abandonnés et Squall protestant qu'il n'avait pas eu le choix, mais après quelques bagarres, dont la fameuse des cicatrices doubles (ils l'avaient tous deux sentis passés, ainsi que les soufflantes qui avaient suivis de la part de la Matrone et de Quistis) et l'épisode Linoa, ils avaient finit par se réconcilier et étaient à nouveau les meilleurs amis du monde.
Même si le monde avait changé autour d'eux depuis.
Squall déballa un des sandwichs de petit-déjeuner et le tendit à Seifer, profitant d'un vide dans l'arrivée des étudiants pour essayer de le nourrir.
"Je suis désolé."
"C'rien" marmonna Seifer en prenant le sandwich.
"Il n'y a rien que je puisse faire pour eux ? "
Seifer garda le silence, luttant visiblement avec sa fierté.
"Des imperméables" finit-il par dire entre deux bouchées de sandwich, "au moins une tente. La saison léviathan arrive et ils n'ont plus d'abri avec les entrepôts fermés."
"Des sacs à dos pour les transporter ? "
"Ce serait bien."
"Je vais essayer de trouver ça."
Le silence retomba entre eux.
Seifer cria à une élève de ranger sa console.
Il indiqua à des premières années où se trouvait leur salle de cours de remplacement.
Il finit son sandwich.
"Merci" finit il par dire en revenant vers Squall.
"C'rien."
"Tu as trouvé Yuffie ? Hier, je veux dire."
"Ouais. Elle… Viendra pas en cours je pense."
Ça ne signifiait généralement qu'une seule chose.
"Elle a été blessée ? ! "
"Aérith l'a soignée," coupa aussitôt Squall, "mais ça... ça l'a secouée."
"Tu me dis pas tout," l'accusa aussitôt Seifer.
"Clause de confidentialité. J'ai été témoin de trucs que j'aurais pas dû."
"Dangereux pour toi ? "
"Non. Avalanche tabasse peut-être des squames, mais ils pourront rien contre Kiros et ses hommes s'il décide de me protéger. Je sens que dès que Papa et mes oncles apprendront ce qui s'est passé, je vais devoir être convainquant pour qu'ils me laissent rester."
"Pourquoi tu ne retournes pas à Esthar ? "
Squall dédia un regard outragé à son ami.
"Pourquoi j'y retournerais ? "
"Pour être à l'abri ? "
"A Esthar, je ne servirais à rien."
"Et tu sers à quelque chose ici ? " rétorqua Seifer.
Seifer ne savait pas pour l'espionnage et ça faisait probablement partie des choses que Squall n'avait pas le droit de répéter selon le directeur Tuesti.
"Je cherche la source."
"La source ? Des squames ? "
"Non, non. C'est une… parabole que m'a appris Yuffie. Si tu as le choix entre laisser une vieille femme mourir de faim ou condamner un village entier au même sort, tu ferais quoi ? "
"Quel genre de village laisserait une vieille mourir de faim, bordel ? " s'exclama Seifer avant de finir son café, "ils connaissent pas la solidarité ? "
Squall cligna des yeux et dévisagea son ami. Il... n'avait pas envisagé cette solution.
C'était… tellement maduin comme façon de penser qu'il se demanda pourquoi ça ne lui était jamais venu. Il n'était probablement pas resté assez longtemps au Cap de L'Espoir pour ça. Ça l'avait étonné quand il était arrivé là bas, de voir une tribu entière soudée par le concept de la famille, sans qu'aucun ne puisse être du même sang. Seifer considérait Fujin et Raijin comme son frère et sa sœur, mais c'était pareil pour Irvine, Selphie et Quistis. Même ceux qui avaient été adoptés, comme Zell, gardaient cet esprit foncièrement communautaire, où chacun prenait soin des autres à son niveau.
Les Kramer avaient été Maduin aussi et avaient élevé leurs enfants dans cet esprit.
Et leurs enfants feraient de même avec les leurs.
Seifer et sa clique s'occupaient des enfants des Taudis. Selphie organisait des activités pour ceux de l'orphelinat et du pensionnat, leur permettant d'avoir une vie normale en dehors de l'école. Zell aidait sa mère avec les enfants dont elle était famille d'accueil. Quistis voulait devenir prof. Irvine voulait retourner au Cap de L'Espoir et prendre part aux caravanes qui parcouraient Centra, à la recherche d'enfants à élever, à qui donner une famille Maduin.
"Je comprends pas cette histoire de source ? " reprit Seifer.
"J'avais dit que je chercherais une autre source d'approvisionnement plutôt que de sacrifier l'un ou l'autre," expliqua Squall.
"Ouais, c'est ton truc ça, chercher la solution en allant de l'avant plutôt que d'essayer de faire avec ce que tu as."
"Ouais, désolé."
"Nan, les deux se valent. A un moment, faut arrêter de raccommoder un vieux fute et aller en chercher un nouveau ou tu te retrouves quand même le cul à l'air."
Squall eu un petit rire. Les réflexions métaphysiques de Seifer lui avaient manquées. Surtout avec ses tournures de phrases élégantes.
"T'es philosophe aujourd'hui."
"Le dit pas à Quistis ou elle va vouloir que je m'inscrive sur les cours facultatifs."
Seifer hésita quelques secondes avant de plonger la main dans sa poche et y prendre quelque chose qu'il tendit à Squall.
Sa G-Card.
"Tiens."
Squall prit la carte de Quetzalcoalt avec délicatesse et la rangea dans une de ses poches avec la sienne. Il n'utilisait quasiment plus son ifrit, seulement pour les cours de para-magie, et déconnectait immédiatement. Et depuis, miracle, son humeur s'était grandement améliorée. Il n'avait pas réalisé que ses migraines et sa mauvaise humeur étaient aussi partiellement due à la guerre que Griever menait contre les G-Forces. L'Ancien était apparemment très territorial et ne supportait pas une autre présence dans l'espace mental qu'il partageait avec Squall. Même si c'était un eidolon mort.
Surtout si c'était un eidolon mort en fait.
"Tu vas en baver dans les prochains jours," le prévint Squall.
"Comment tu le sais ? "
"C'est la seconde fois, Seif'," intervint la voix de Zell.
Squall soupira et tourna la tête vers le portail. Le carré d'As était arrivé, à l'heure pour une fois, mais sans Yuffie, comme il l'avait pensé.
Zell avait quelques pansements sur les doigts, d'avoir tabassé du sahaguin sans ses gants. Seifer se redressa en voyant les bandages et sembla distrait quelques secondes avant d'arriver à reprendre le fil.
Ouais, il était vraiment temps qu'il arrête les G-Forces, même sa mémoire à court terme commençait à être impactée.
"Que j'arrête les G-Forces ? "
Zell hocha la tête.
"Pourquoi ça n'a pas marché la première fois ? "
Squall fut immédiatement aux aguets.
Avant de se morigéner. Seifer lui avait respectueusement demandé de 'se mêler de son cul' l'année dernière, quand il avait repris sa G-Force et Squall avait patiemment attendu une nouvelle opportunité, mais il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il n'y avait pas un rapport avec Zell.
Ni Djidane, ni les jumelles n'avaient ses scrupules. Ils étaient tous les trois à attendre des révélations croustillantes, l'oreille tendue.
Mais Zell n'avait pas l'air décidé à les faire.
"Je te dirais dans deux, trois jours. Quand tu commenceras à te souvenir," répondit-t-il d'un ton sans ambages avant de reprendre sa route vers la salle de cours.
"Hein ? Zell ! Crête de coq, attends ! " s'exclama Seifer en le suivant.
"Dix gils qu'ils concluent dès que Seifer a retrouvé la mémoire," annonça Djidane.
"Dix qu'ils ont déjà conclus à l'époque et que ça a foiré," rétorqua une des jumelles.
"Dix qu'ils ne concluent pas et que ça prendra encore des plombes," ajouta sa sœur, " et toi Squall ? "
"Je parie dix gils que Seifer va se souvenir qu'il n'a pas fermé la MGU avant le début des cours."
Quand Seifer revint trois minutes plus tard en jurant, les trois-quarts du carré d'as tendirent chacun un billet à Squall en grommelant.
"Faut pas parier avec lui, il gagne tout le temps," leur rappela Seifer en fermant la porte.
