Friends to lovers : Version accélérée
Résumé :
Dans le secteur 5, Jecht et Auron font maintenant partie des meubles. Leur bar est le plus réputé du secteur, ils élèvent deux adolescents avec brio, ils font partie de la milice, sont des membres actifs et respectés de la société, vivent sous le même toit le tout en se disputant à peine plus qu'un autre couple...
… ha pardon ? Ils ne sont pas en couple ?
Et bien ça va changer.
-
Ce chapitre se situait logiquement en même temps qu'un chapitre d'Avalanche dans lequel ces deux-là apparaissaient, mais le chapitre ayant été depuis annulé (pas indispensable de mon point de vue), j'ai quand même voulu vous faire partager leur… euh… love story ?
-
Je précise aussi qu'habituellement, je suis pas une fanne du couple, mais encore une fois avec Avalanche : Ils se sont incrustés et m'ont annoncé qu'ils étaient ensemble à mon insu.
Chronologie :
Se situe à peu près en même temps que le chapitre 21.
Personnages :
Auron, Jecht, Tidus, Yuna (FF10) mention de Tifa, Marlène, Barret et Dyne
Tags spécifique au chapitre :
Auron/Jecht, Friends to lovers : power run, rien de cochon, mais ça se passe le lendemain, et ils en parlent, (enfin, ils y repensent, parler n'est pas leur truc à tous les deux), Jecht a une bouche à laver au savon de Marseille, dads in love, idiots in love, leurs enfants sont pour, Tidus est plus mature que son père, c'est pas dur.
Jecht fut réveillé par quelque chose qui lui chatouillait le nez.
Évidemment, son bras droit n'était pas disponible pour se gratter et il dû maladroitement lever le gauche, essayant de faire obéir ses articulations abîmées.
Ouais, rien à faire, ce serait un jour sans. Il essaya à nouveau de bouger le droit, mais il y avait quelque chose de lourd et chaud dessus.
Quelque chose de lourd et chaud qui grommela dans sa barbe quand il le bouscula en essayant de reprendre son bras.
Hm.
Peut-être qu'il devrait ouvrir les yeux…
Il le fit.
Il avait le nez sur une épaule musclée.
Et ce qui lui chatouillait le nez étaient de longs cheveux noirs striés de gris.
Oh.
Hm.
Ah, oui.
Non, c'était normal en fait, vu la nuit qu'ils avaient passée.
"'Teint la lumière," marmonna Auron.
"Peut pas, c'est la Plaque," répondit Jecht sur le même ton, essayant de resserrer son bras gauche autour du brun.
"Fait jour ? " reprit Auron.
Jecht n'eut pas le temps de répondre que son ami et colocataire s'était brutalement assis, l'œil écarquillé.
"Il fait jour ? ! "
En quelques secondes, Jecht se retrouva nez à nez avec le torse d'Auron cette fois, puis proprement dessous quand il se pencha pour attraper son réveil.
"Tu as vu l'heure ? "
Le réveil fut reposé sans ménagement sur la table de chevet et Jecht se retrouva tout seul dans le lit, pendant qu'Auron se ruait à travers la pièce, ramassant ses habits.
"Faut ouvrir le bar ! "
Jecht resta dans le lit, admirant Auron s'habiller rapidement. Il n'avait pas exactement pris le temps de regarder la veille au soir, autant en profiter maintenant.
"Où est mon tee-shirt ? "
"Hu… regarde au niveau de l'escalier ? " suggéra Jecht en s'asseyant.
"Ah, merci," fit Auron en sortant.
Il revint quelques secondes plus tard, plus doucement, son tee-shirt à la main, le regardant avec une expression confuse.
Il vit Jecht, toujours assis.
Sur SON lit.
Dans SA chambre.
Et avec le reste de SES vêtements toujours répandus à travers la pièce.
"Hu."
"Bonjour à toi aussi," déclara Jecht d'un ton jovial.
"Bonjour," répondit Auron.
Il baissa les yeux sur le tee-shirt.
Il avait effectivement été au niveau de l'escalier, là où Jecht l'avait jeté la veille quand…
"Tu sais quoi ? Ouvre le bar, je prépare le petit déj," offrit Jecht en se levant, repoussant la couverture.
"D'accord," répondit Auron.
Hu.
Il avait l'habitude de voir Jecht nu, le blitzballer avait pratiquement été un nudiste quand ils étaient à Besaid, ne restant jamais suffisamment hors de l'eau pour que ses habits sèchent et à Midgar, seul le froid le faisait enfiler plus qu'un short.
Mais là, étonnement, le voir nu prenait une tout autre dimension.
"Auron ? "
"Hu ? "
"Le bar."
"Oh, IFRIT ! " jura Auron en se détournant pour dévaler l'escalier.
Quand Auron eut fini d'ouvrir les volets du bar, de passer un coup de balai devant la porte et de descendre les chaises des tables, Jecht avait préparé un petit déjeuner correct.
Le café était trop fort, comme d'habitude mais le reste était décent.
Bien que l'œuf du loco moco[1] soit un peu trop cuit, mais vu que Jecht n'avait pas son orthèse au bras gauche, sa dextérité était limitée et...
"Où est ton orthèse ? "
"Chais pas, je ne l'ai pas trouvée," répondit Jecht en s'attablant.
"Où est ce que tu l'as vue la dernière fois ? " soupira Auron.
"C'est à toi de me le dire," rétorqua le brun avec un de ses sourires moqueurs.
Auron ouvrit la bouche pour lui répondre qu'il n'était pas responsable des affaires de Jecht…
Et réalisa qu'en effet, c'était lui qui l'avait vue la dernière fois.
Il avait dû la lui retirer pour...
Son regard tomba sur l'épaule gauche de Jecht, couverte de suçons.
Pour... ça...
Il referma la bouche.
"Je vais te la chercher."
Elle était sous son lit.
Ils avaient dû donner un coup de pied dedans à un moment ou l'autre pour la projeter là, mais elle n'était pas abîmée.
Auron s'assit sur son lit, l'orthèse entre les mains.
Bon.
Tidus allait criser.
Ou... pas. Peut-être pas. Le gamin avait l'habitude que son père ramène autant des femmes que des hommes à la maison. Et il avait beaucoup d'amis homosexuel et était parfaitement à l'aise avec eux.
Aucun d'eux n'était le colocataire/frère d'arme de son père/tuteur légal de sa petite amie, ceci dit.
"Auron ! Tu trouves ? " appela Jecht du bas de l'escalier.
"Oui ! J'arrive ! "
Mettre l'orthèse fut l'affaire de quelques dizaines de secondes. Ils avaient tous les deux l'habitude maintenant, et dès qu'elle fut à nouveau sur son bras, Jecht poussa un soupir de soulagement, faisant jouer ses articulations.
"Faut que je commence la cuisine pour ce midi," marmonna Auron en se tournant vers les fourneaux.
"Besoin de courses ? "
"Ah… Oui, j'ai fait une commande chez Rin hier, tu peux aller la chercher ? "
"Je fais vite."
"Merci."
Le reste de la matinée fut très occupé. Trop pour qu'Auron repense à la nuit précédente. Il y avait la cuisine à préparer, le riz à cuire, dresser les tables pour ceux qui viendront manger, celles pour ceux qui préfèreront boire. La routine quoi.
Jecht fut effectivement de retour vite, avec quelques ragots sur les dernières bêtises des enfants de Rin et à peine les aliments rangés ou préparés, il s'attela à la préparation du bar. Vérifier le niveau de la réserve de bière, laver les derniers verres, remplacer les bouteilles vides qui auraient dû l'être la veille au soir s'il n'y avait pas eu les fesses d'Auron sur le...
Hu…
Auron jeta un rapide coup d'œil à Jecht par la fenêtre de service entre le bar et la cuisine, observant le blitzballer ranger son domaine.
Comme d'habitude, il n'avait qu'à moitié enfilé sa salopette, attachant son tablier par-dessus et dévoilant le tatouage de son torse à tous les regards.
Visiblement, reprendre le blitzball sérieusement après des années d'alcoolisme avait fait des merveilles sur sa santé.
Et ses muscles.
Malgré son bras et son genou, Jecht n'avait eu aucune difficulté à le soulever et le poser sur le comptoir.
Une des cocottes-minutes siffla et Auron se secoua, retournant aux fourneaux.
Midi arriva vite.
Le premier service aussi.
Le vendredi était toujours une journée chargée et le repas de midi ne faisait pas exception. Auron ne quitta pas la cuisine, laissant Jecht faire le service et prendre les commandes.
Il fallait VRAIMENT qu'ils embauchent quelqu'un un de ces jours. Tidus et Yuna aidaient le weekend mais en semaine, c'était trop juste à deux. Ne plus avoir Tifa et le Lieutenant alors que le bar fonctionnait à plein régime était une plaie. Tifa serait en train d'hurler de rire si elle était là, réalisa Auron.
Elle avait passé un an et demi à leur dire de prendre une chambre au lieu de se crier dessus. Il pouvait presque entendre le "je vous l'avais bien dit" tout droit venu de la Rivière de la Vie.
"Trois chocobo huli huli pour la quatre et qu'est-ce que t'as ? " demanda Jecht en passant la tête par la fenêtre de service entre le bar et la cuisine.
"Je pensais à Tifa," expliqua Auron. "et ce qu'elle dirait de nous deux."
Jecht le fixa quelques secondes avant de se mettre à ricaner aussi.
"Elle dirait que nous sommes deux vieux cons ridicules."
"Parle pour toi, Vieillard."
"C'est pas ce que tu disais cette nuit."
"Je te retourne le compliment."
"Trois huli huli, Auron ! "
Il ne savait pas d'où lui venait ce soudain besoin de mettre les mains sur Jecht et inversement, mais il était sûr d'une chose :
Il fallait qu'ils refassent ça un jour.
Définitivement.
Et en attendant de savoir où, quand, comment et pourquoi, il avait trois chocobo huli huli à préparer.
Fin du second service.
Ils purent se poser en contemplant le champ de bataille qu'était le bar.
"On a besoin d'embaucher," déclara Auron en tendant une assiette à Jecht.
"Ouais. Mais faut qu'on fasse les comptes pour voir si on peut, d'abord."
Auron grogna. Encore une fois, c'est Tifa qui s'était chargée de ça. Auron se débrouillait depuis, et Jecht faisait ce qu'il pouvait pour aider, mais aucun des deux n'était doué pour les chiffres.
"P't'être qu'on peut prendre la môme de Rin à mi-temps ? " suggéra Jecht en mangeant, "elle cherche un petit boulot et elle habite pas loin."
"Ne serait-ce que pour la vaisselle, ce serait bien," ajouta Auron en pensant à ce qui les attendait en cuisine.
Trois bras et demi, ce n'était pas suffisant pour venir à bout du béhémoth de vaisselles sales qui s'y tapissait en embuscade.
"Je lui en parlerais tout à l'heure."
"En attendant, faut qu'on s'y mette," soupira Auron.
"Finis ton assiette d'abord," ordonna Jecht en glissant son pied derrière la chaise d'Auron, l'obligeant à rester assis.
Auron hocha la tête et s'attela à sa dégustation. Ils avaient droit à une heure de calme avant de commencer à préparer le service du soir.
Heureusement, les renforts arriveraient dans l'après-midi.
"Papa ! Auron ! On est là ! "
"Bonjour Jecht, bonjour Auron ! " lança Yuna en s'essuyant soigneusement les pieds.
Jecht, installé au bar à nettoyer des verres, les salua.
"Hey, Fiston ! Yuna ! Auron ! Les gosses sont là ! "
"J'arrive ! "
Le temps qu'Auron puisse sortir de la cuisine, Yuna et Tidus étaient montés poser leurs affaires et redescendaient, enfilant leurs tabliers.
"Posez-vous cinq minutes avant de vous y mettre," protesta Auron, "vous avez déjà une journée de cours dans les pattes."
Yuna vint déposer un baiser sur sa joue avant de lui prendre le plateau qu'il tenait.
"Ça va où ? "
"Table 5, ils n'ont pas payé."
"Je m'en charge ! "
"Et vous deux, vous avez pas une journée de travail dans les pattes, peut-être ? " rétorqua Tidus en commençant à ramasser des assiettes sales pour les amener en cuisine.
"Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter des gamins pareils ? " demanda Jecht de derrière le bar.
"Tu n'y es pour rien. Les remerciements vont à Braska et Nawai[2]," rétorqua Auron.
"Eh, qu'est-ce qui sent aussi bon ? " s'exclama Tidus en sortant de la cuisine.
"Plat du jour. C'est une des recettes de Tifa, il commence à faire frais, je pense qu'une spécialité de Nibelheim ne sera pas de trop."
"Saucisses de béhémoth ? " demanda Tidus avec espoir.
"Qu'est-ce que vous avez ton père et toi avec les saucisses ? " marmonna Auron avant de voir le regard suggestif que Jecht posa sur lui.
Auron leva l'index vers son ami d'un geste menaçant tout en secouant la tête.
"N'y penses même pas, Jecht."
"Auron, il manque un verre ! " lança Yuna.
"Je te l'amène ! "
Jecht retourna derrière le bar en ricanant et se fit intercepter par son fils qui commença aussitôt à le rhabiller, remontant les bretelles de sa salopette sur ses épaules.
"Papa, pourquoi t'es toujours aussi débraillé ? " grommela Tidus.
"Manque de dextérité dans la main gauche," rétorqua son père en levant la main en question.
"C'est pas une excuse pour se balader dans cette tenue..."
Tidus essaya d'ajuster l'orthèse de son père et son regard tomba sur un bleu sur sa clavicule.
"Comment tu t'es fait…" commença Tidus avant de comprendre.
Il sentit sa nuque craquer quand il releva brusquement les yeux vers le visage de son père.
"De quoi tu parles ? " demanda Jecht en posant la main sur la blessure. "Oh."
"Va mettre un tee-shirt espèce d'exhibitionniste ! " glapit Tidus.
"Et allez, pourquoi ils gueulent encore ces deux-là," soupira Auron en posant un verre devant un client.
"C'est génétique ? " suggéra celui-ci, habitué de longue date et qui venait autant pour l'alcool et la nourriture que pour le spectacle.
"S'ils ne se crient pas dessus, c'est qu'ils sont malades," ajouta Yuna d'un ton malicieux en approchant, son plateau serré contre elle.
Accoudé sur le bar, Tidus avait plongé le visage dans ses mains, écarlate, pendant que Jecht montait à l'étage en boitant, riant comme un moogle. L'adolescent finit par relever le nez, plongeant ses mains dans ses cheveux blonds et se tourna vers Auron et Yuna qui le fixait, se demandant ce qu'il avait.
Il ouvrit la bouche pour expliquer sa découverte et accuser Auron de lui avoir caché que son père avait une nouvelle copine. Ou un nouveau copain, pour ce que ça changeait.
Puis il vit un bleu sur le cou d'Auron. Il montra Auron du doigt. Ouvrit et ferma la bouche.
Il se tourna vers Yuna.
"Quoi ? " fit-t-elle.
Son petit ami montra son propre cou de l'index, mimant un cercle.
Elle rosit. Ah, est ce qu'elle avait oublié de soigner un de ses suçons ? Elle porta la main à sa gorge mais il fit signe que non, secouant vigoureusement la tête de gauche à droite avant de montrer Auron.
Yuna suit la direction du doigt du regard.
Et vit le suçon aussi.
"Oh."
Auron la regarda sans comprendre.
"Tu t'es trouvé une copine, Auron ? " remarqua le client avec un sourire égrillard.
Auron pâlit.
Puis rougit.
Yuna eut un très lent et très grand sourire.
"Je... j'ai un truc sur le feu."
Et il disparut en cuisine.
"Ouais, et apparemment c'est son cul," commenta le pilier de bar.
"Je reviens ! " s'exclama Yuna en retenant un fou rire.
"Pourquoi y'a personne en salle ? " s'enquit Jecht en redescendant dans la cuisine avec un tee-shirt correctement enfilé.
Il vit Yuna secouée de rire, Auron très concentré sur ses casseroles et Tidus qui balbutiait en les montrant alternativement, son père et Auron.
"Ah. Ils savent ? "
"Ils ont deviné," rétorqua Auron, "toi et tes…"
"Tu as fait un suçon à Auron ? ! " s'exclama Tidus.
Son père s'apprêtait à répondre que c'était réciproque mais le blond l'interrompit d'un geste.
"Non ! Quoique tu allais répondre, je veux pas savoir ! "
"Tu viens de me demander ! "
"Jecht, arrête de taquiner ton fils," grommela Auron par habitude.
"Pourquoi vous ne nous avez rien dit ? ! " demanda Tidus, outragé.
"C'est récent," avoua Auron.
"A quel point récent ? "
"Ça dépend, il est quelle heure ? " demanda Jecht avant de prendre un petit coup de pied d'Auron dans le mollet.
"Oh," compris Yuna.
"Ok, ok, je suis très content pour vous deux, mais je veux pas en entendre plus, joie, félicité, dauphins qui chantent, tout ça tout ça, je retourne en salle," déclara Tidus en entraînant sa petite amie après lui, laissant les deux adultes seuls.
Auron soupira.
"C'est pas exactement comme ça que je voulais qu'il l'apprenne..."
"Tu comptais lui dire ? " s'étonna Jecht.
"Pas toi ? "
"Tu sais comment il est avec mes…"
"Conquêtes ? " suggéra Auron.
"J'allais dire coup du soir."
Eeeet ce n'était peut-être pas la chose à dire à l'homme qui venait de partager son lit et avec lequel il aimerait bien recommencer, réalisa un peu tard Jecht.
Il se mettrait des baffes des fois. Si Auron ne le faisait pas en premier.
"Ecoute je…" commença précipitamment Jecht sans trop savoir ce qu'il allait dire, "je... j'emmène Tidus pécher tout à l'heure, je lui parlerais, ok ? "
Auron sembla hésiter, tournant la tête vers lui et ruminant ses paroles avant de se lancer.
Jecht parlait souvent sans réfléchir et Auron réfléchissait beaucoup trop pour ne rien dire. Mais cette fois, Jecht voulait savoir.
Ils n'avaient pas réussi à se poser suffisamment pour parler de la nuit précédente et…
"P'pa ! Y'a des clients au comptoir ! "
"Faites des gosses, qu'ils disaient," soupira Jecht avant de se redresser, retournant dans le bar.
Auron secoua la tête, un petit sourire aux lèvres et se remit a ses casseroles.
Il se faisait vieux, réalisa Jecht une fois dans le canal, à tenter de suivre Tidus qui filait comme une torpille, son harpon à la main.
Vieux, avec un bras inutile et un genou qui lâchait.
Heureusement, il avait encore d'assez beaux restes pour ne pas se faire humilier et arriver à attraper quelques poissons pour le repas du soir. Il rangea ses prises dans leur filet avant de se laisser flotter dans l'eau, reprenant son souffle pendant que Tidus passait et repassait à la poursuite d'une anguille peu coopérative. Une fois l'animal capturé et mit avec les autres, Tidus resta à flotter à côté de lui, le contemplant pensivement.
"Vas-y, crache," ordonna Jecht.
L'adolescent fit une petite grimace, visiblement aussi peu enthousiaste que lui à l'idée d'avoir cette discussion.
"Depuis quand tu… enfin… Toi et Auron ? "
"Cette nuit."
"Non non, pas ça ! Depuis quand vous êtes… ensemble ? "
"Je t'ai dit : Cette nuit."
Cette fois, son fils resta silencieux, fronçant les sourcils.
"Quoi ? "
"C'est… c'est juste du cul entre vous ? "
"Dis donc, t'es bien curieux pour quelqu'un qui veut rien entendre sur mes affaires de cul ? "
"Ouais, mais c'est pas tes groupies cette fois. C'est Auron, c'est presque mon deuxième père."
Jecht jeta un regard surpris à Tidus. Il savait que le gamin était attaché à Auron, mais c'était la première fois qu'il l'entendait l'appeler ainsi.
"D'après toi, qui s'occupait de moi avant que les services sociaux décident de m'embarquer ? "
"Je… ne me souviens pas trop," avoua Jecht.
Il avait été saoul quasiment en permanence à cette époque, puis en permanence quand la garde de Tidus lui avait été retirée.
Si Tifa n'était pas venue mettre quelques coups de pieds dans son cul et la fourmilière, il serait probablement une épave dans les caniveaux du secteur 6.
Et maintenant, il avait récupéré la garde de son fils, Auron était le tuteur légal de Yuna, elle venait passer les week-end et les vacances chez eux, le bar fonctionnait, il avait recommencé à nager et il n'avait pas touché un verre d'alcool à part pour le servir depuis presque deux ans.
Et depuis cette nuit, il avait un nouvel amant.
"Si vous vous mettez ensemble, je veux que ça colle," déclara Tidus sérieusement.
"Rah, putain Tid', tu sais bien que je suis pas doué avec ces trucs-là ! " grommela Jecht en se redressant.
"Ouais, justement. Te foire pas comme avec Maman."
Jecht tourna la tête vers son fils, son expression redevenant sérieuse.
"Elle serait restée, tu sais. Si tu avais arrêté de boire plus tôt et que tu le lui avais demandé, elle serait restée."
Et partir avec un autre homme en emmenant Tidus avec elle avait la chose la plus intelligente qu'elle ait jamais faite. Ils avaient tous les deux été trop jeunes à la naissance de Tidus, à peine dix-huit ans. Jecht n'avait pas réalisé à l'époque ce que ça impliquait d'être père et avait laissé Nawai s'occuper seule de Tidus, partant des jours entier en entraînement ou en compétition, à sortir avec ses amis le peu de temps qu'il était à la maison, à rentrer saoul à des heures improbables. Elle avait essayé, elle lui avait laissé de nombreuses chances de se corriger, mais quand leur fils avait sept ans, elle était partie avec lui. Au moins, elle avait été heureuse quelques années avant... avant que Sin détruise Zanarkand. Avant que Tidus ne revienne dans sa vie avec un sac à dos qui contenait trois tee-shirt et un jean.
Et qu'il le déçoive à nouveau.
"J'ai pas bu d'alcool depuis deux ans, Tidus."
"Je sais. Et je suis fier de toi. Maintenant faut que tu fasses en sorte qu'il reste."
Jecht baissa les mains vers le fond du canal, prenant la Rivière à témoin.
"Comment ? "
"Dis lui déjà."
"Ouais, ça c'est facile à dire…"
"Tu as essayé au moins ? "
Jecht inspira profondément, comme s'il allait plonger au fin fond de la mer.
"Non… Non mais... je vais le faire."
"Bien. On fait la course jusqu'à la rive ? " demanda Tidus avant de s'élancer comme une torpille.
"Hey ! J'étais pas prêt ! " protesta Jecht avant de le suivre.
Il gagna. De très peu.
La clochette de la porte arrière tintinnabula joyeusement et Auron se redressa par réflexe.
"Serpillère ! "
Il entendit le père et le fils ricaner en cœur et revenir probablement sur leurs pas pour s'égoutter, retirer leurs chaussures et s'essuyer soigneusement au-dessus de la serpillère de l'entrée. Il avait fallu trois ans, mais ils arrivaient enfin à ne pas répandre de l'eau partout quand ils revenaient de la pêche. Ce fut donc presque sec et pieds nus que les deux blitzballers arrivèrent dans le bar.
C'était le moment calme, l'heure du repas n'avait pas encore sonnée et les soiffards arriveraient plus tard. Auron en profitait donc pour faire une pause, une tasse de thé devant lui. Yuna l'avait même empêché de se mettre aux comptes, lui arrachant la promesse qu'ils le feraient tous les deux demain.
"Ça s'est bien passé ? " demanda-t-il en voyant Tidus et Jecht arriver.
"On a ramené des anguilles ! " s'exclama Tidus, brandissant fièrement leurs prises.
"Oh, bien, ota ika[3] ce soir, va les dépouiller."
"Urk, je déteste faire ça, c'est dégueu," marmonna Tidus en traînant les pieds vers la cuisine.
"Je t'avais dit d'attraper un poulpe ! " lança son père dans son dos.
"C'est PIRE ! "
Jecht ricana tout en s'essuyant les cheveux, approchant de la chaise d'Auron. Il se planta devant lui, la serviette sur le crâne et les poings sur les hanches.
"Et ben Monsieur le Moine ? On tire au flanc ? "
"Yuna m'a ordonné de prendre une demi-heure de repos," expliqua Auron en posant sa tasse de thé.
Jecht prit une chaise et s'assit près d'Auron.
"Ton orthèse est de travers," nota Auron en désignant la sangle.
"Tidus sait pas la mettre, il a toujours peur de me faire mal en serrant."
Auron se redressa et défit la sangle pour ajuster l'orthèse de Jecht.
C'était comme d'habitude, réalisa Jecht.
Ils avaient passé une journée normale.
Ils s'étaient chamaillés, ils avaient travaillé, ils s'étaient taquinés, ils s'étaient occupés du bar, ils avaient accueilli leurs enfants à la maison pour le week-end…
Et coucher ensemble n'avait rien changé à ça.
Jecht posa la main sur la hanche d'Auron qui leva l'œil vers lui.
"Jecht, les enfants..."
"Y'a personne pour l'instant."
"Mais…"
"Écoute, s'il te plait. J'ai parlé à Tidus.
Auron hocha doucement la tête avant de se redresser, fixant Jecht dans les yeux.
"Qu'y a-t-il ? "
"Il m'a informé que j'avais intérêt à ne pas me foirer avec toi."
L'expression d'Auron se referma et il baissa pensivement l'œil.
"… Ah. Il n'approuve pas."
"Non, non ! Je veux dire SI ! Enfin, il approuve ! Rah merde, c'est pas mon fort de parler de ce genre de truc..."
Jecht chercha ses mots, fourrant la main dans sa tignasse, retirant sa serviette de ses cheveux pour la passer autour de son cou avant d'arriver enfin à trouver quoi dire.
"Je vais être vulgaire et grossier."
"Rien de neuf, quoi."
"On a bien baisé cette nuit."
"J'étais prévenu," marmonna Auron en soupirant.
"Et... j'aimerais continuer à le faire régulièrement. Avec toi. Et juste avec toi."
Auron resta silencieux.
Jecht le prit comme un encouragement à continuer.
"Je sais qu'on… passe notre temps à se crier dessus et à se chicaner. Je sais que je ne nettoie pas assez derrière moi et que tu es un peu trop pointilleux et… et pourtant… on vit ensemble depuis bientôt trois ans, sans compter Besaid, et crois-moi c'est mon record, même avec Nawai, j'étais en championnat la moitié de l'année et le reste du temps, je m'entrainais et je rentrais jamais à la maison…"
Il inspira longuement, sentant que tous les mots lui échappaient dans le désordre.
"Je sais pas parler de ces trucs sentimentaux, Auron ! Je veux pas en parler ! Je veux juste qu'on continue."
"Précise ? "
"A vivre ensemble. A s'occuper du bar. A élever Yuna et Tidus jusqu'à ce qu'ils décident de nous faire grands-pères. A baiser comme des bêtes aussi. Et... et quand Sin et Hojo iront brouter les coraux, on retournera à Besaid et on aura un bar là-bas, au soleil, avec vue sur la mer et on verra plus jamais le dessous de la Plaque."
"Tu fais des projets d'avenir," nota Auron d'une voix neutre.
"Pas toi ? "
"Pas exactement. Je n'ai jamais eu à le faire. J'ai juste... suivi la voie que le clergé m'indiquait. Je suis passé de l'orphelinat au Monastère, j'ai été gardien et après… après Besaid, la seule chose que je pouvais faire c'était essayer de vous garder en vie, le Lieutenant, Dyne et toi."
Il soupira et jeta un regard dans sa tasse à moitié vide. Il n'avait pas réussi à aider Dyne. Le ferrailleur s'était embourbé dans des affaires de plus en plus louche, jusqu'au moment où un règlement de compte lui avait coûté la vie, laissant Marlène orpheline et Barret désemparé. Auron avait été celui qui avait tenu le bar à bout de bras pendant des mois, à essayer de récupérer Tidus, à cacher Barrett quand il avait décidé de disparaître de la circulation avec la petite pour empêcher les services sociaux de la leur prendre, à tenter de faire arrêter la boisson à Jecht... jusqu'à ce que Tifa arrive et remette de l'ordre dans tout ça.
"On voit le résultat."
"Tu… y'a rien que tu voudrais faire ? T'as pas de… de point d'attache ? De pays natal ? Bevelle ? "
"Certainement pas Bevelle, merci."
"T'es pas de là-bas ? "
"Non. Wutai. Wutai Nord."
La surprise de Jecht devait être assez évidente pour que Auron se sente obligé d'expliquer.
"Je n'en ai aucun souvenir, Jecht. J'étais bébé quand les prêtres de Yevon m'ont emmené à Bevelle."
L'expression de Jecht s'assombrit. Il venait de coucher avec Auron, après avoir passé trois ans sous le même toit et une année supplémentaire à Besaid et il apprenait tout juste cette partie de sa vie.
"Emmené ? Mais et tes parents ? "
"J'ai aucune idée de qui sont mes parents. Si ils étaient mariés ou pas, ou trop pauvre ou juste pas assez croyant," cracha Auron en se redressant, "je ne sais même pas si… je suis né à Wutai mais regarde-moi : J'ai l'air wutan ? "
Jecht secoua doucement la tête. Effectivement, son ami n'avait pas la silhouette élancée des wutan. Et à part des yeux légèrement bridés, il n'en avait pas le visage non plus.
Des bébés maduin sans famille laissés aux yévonites, ça pouvait facilement être une histoire un peu glauque.
"Si Tifa était en vie, elle serait déjà en train de donner l'assaut sur le temple le plus proche pour qu'ils crachent tout ce qu'ils savent," marmonna Jecht.
"Oui. Mais elle est plus là. Et ce n'est pas important."
Jecht releva les yeux vers Auron. Ouais, pas important, c'est ça. Il allait vite prendre d'assaut un temple de Yevon et Yuna serait prête à aider, il en était sûr.
"Retourner à Besaid, c'est sérieux ? " demanda Auron d'une voix hésitante.
"Ouais. C'est le plus bel endroit du monde ! Une fois rebâti, ce sera à nouveau le Paradis."
"Et… je fais partie du plan ? "
"Oui ! Pourquoi tu crois que je t'en parles ? Tu as goûté ma cuisine, tu veux que j'inflige ça aux futurs clients ? Non, non oublie cette phrase ! C'est pas pour ça, ok ? "
"Jecht…"
"Je veux qu'on continue… ce qu'on a actuellement. Le bar, les gamins, avec le cul en plus. Tu es partant ? "
Auron resta silencieux quelques instants, semblant réfléchir avant de laisser échapper un petit rire en secouant la tête.
Il était ridicule. Il connaissait très bien la réponse.
"Oui."
"C'est vrai ? "
"Bien sûr. Coucher ensemble ne changera rien au reste ? "
"Ouais."
"Alors j'en suis. Et dès que Sin et son Maître sont morts, on prend le premier aérostat pour Besaid et on s'y installe avec Tidus et Yuna."
Jecht eu un de ses grands sourires, ceux dont Tidus avait hérité, qui illuminaient tout ce qu'il y avait autour d'eux.
"Il y a juste un truc."
"Hm ? "
Le blitzballer se pencha vers lui, jusqu'à se mettre nez à nez avec Auron.
"Je meurs d'envie de te rouler une pelle depuis ce matin."
"Hm. Romantique avec ça."
Romantique, peut-être pas, mais très doué avec sa bouche et Jecht le lui prouva ( à nouveau) avec un baiser aussi long que passionné qui...
"Excusez-moi ? "
Jecht grogna en posant le front sur l'épaule d'Auron, mais celui-ci se contenta d'un petit souffle amusé avant de tourner la tête vers Yuna, penchée par la fenêtre de service de la cuisine et légèrement verdâtre.
"Qu'y a-t-il, Yuna ? "
"Tidus n'y arrive pas avec les anguilles, c'est un massacre."
"Je pensais qu'en tant qu'escrimeur, il se débrouillerait mieux avec une lame," soupira Auron. "Je vais lui remontrer comment on fait,"
"Vas-y," déclara Jecht en se levant, "je vais préparer la marinade."
Auron passa près de lui, lui donnant une tape affectueuse sur le dos en passant.
"Oy, Auron."
"Quoi ? "
"Mon cul est plus bas, tu sais," déclara Jecht avec un petit sourire malicieux.
Auron le lui pinça.
Scène bonus que je n'ai jamais réussi à caser mais que j'aimais trop pour l'effacer.
"Au fait, Auron ? "
"Hm ? "
"J'ai jamais caché le fait que j'étais bi, mais je t'avoue que jusqu'à hier, j'avais jamais réalisé que tu étais intéressé par les hommes."
"Hé," souffla Auron d'une voix amusée, "pour être honnête, je n'avais jamais réalisé que je pouvais être intéressé tout court."
"Hein ? "
"J'étais moine-guerrier, Auron."
"Heu…"
"Jecht, quelle partie de MOINE-guerrier, tu ne comprends pas ? "
[1] Head canon perso pour cette fic : Zanarkand et les îles de Costa Del Sol d'où viennent Jecht et Tidus sont des îles similaires à Hawaii et Auron a appris à cuisiner des plats de là-bas pour Tidus quand il était plus petit. La carte du bar est un peu éclectique en fait, entre les plats de Costa Del Sol, les recettes de Nibelheim de Tifa, les spécialités de Midgar...
[2] J'avais besoin d'un nom pour la mère de Tidus vu que les créateurs de FFX n'ont pas jugé bon de le nommer, ni elle, ni la mère de Yuna -_- sérieux les mecs, 5 minutes sur et c'était plié. Ça veut dire l'eau en Hawaïen.
[3] Poisson cru mariné avec du citron et du lait de coco
