Cauchemar - Vincent

Résumé :
C'était prévisible.
On ne retourne pas sur les lieux d'un traumatisme sans en faire quelques cauchemars.
Et vu les traumatismes que Vincent a subis à Nibelheim, le cauchemar allait forcément être costaud.

Chronologie :
Se situe quelques jours après le retour de Nibelheim et la rencontre avec Ifalna, entre les chapitres 28 et 29

Personnages :
Vincent, Cid, Zack et Yuffie, référence à Hojo

Tags spécifiques au chapitre :
Trauma, Angst, cauchemar, référence à de la torture, Vincent est OOC mais pour sa défense, à ce moment-là, il doit avoir moins de dix ans mentalement, cette fois, c'est à Yuffie d'être la grande sœur, no soucy, elle gère, (elle gère pas)


"Yuffie ? Yuffie, réveille-toi."
L'adolescente ouvrit les yeux, faisant difficilement le point sur la silhouette debout au seuil de sa chambre, éclairée à contre-jour par la lumière du couloir.
"Yuffie ? "
"Cid ? " marmonna-t-elle en se redressant.
"Désolé du réveil, on a besoin de toi en bas. Dans la salle de bain."
"C'qui se passe ? demanda Yuffie en repoussant sa couverture pour se lever.
"Vincent. Il a fait un cauchemar et il ne parle plus que Wutan."
"K'so'," jura Yuffie en posant ses pieds sur le sol.
Le lino était froid sous ses orteils et elle enfila rapidement ses chaussons avant de suivre Cid au rez-de-chaussée.
Zack était aussi dans la salle de bain, hésitant à avancer.
"Comment il est ? " demanda Cid à voix basse.
"Toujours les ailes au vent. Il a arrêté de vomir par contre."
"C'est déjà ça" marmonna Cid en laissant Yuffie passer.
"T'es sûr que…" commença Zack en jetant un petit regard à l'adolescente.
"T'as une meilleure idée ? "
"Non," admit Zack avec un regard triste.
"Yuffie", reprit Cid, "il… est sur le point de basculer dans sa limite, fait attention, ok ? "
L'adolescente hocha la tête, approchant à petits pas.
Makoto était recroquevillé contre le mur, frissonnant contre le carrelage blanc.
Ses ailes étaient sorties. Plus petites que sous sa forme complète, mais suffisamment grandes pour l'envelopper. Les morceaux de son masque flottaient autour de sa tête, prêts à s'assembler au besoin. Il avait des traces de griffures ensanglantées sur le ventre, comme s'il avait essayé de se gratter de sa main démoniaque, et était couvert de sueur.
Et il marmonnait en Wutan.
"Makoto 'Nii-san ? " murmura Yuffie.
Il tourna la tête vers elle.
"Kaa-san ? " répondit-t-il sur le même ton.
Pour l'anniversaire de Makoto, Yuffie aidait Jessie à trouver des photos de la mère de son frère adopté.
Elle savait qu'elle lui ressemblait, ne serait-ce que par le fait d'être Wutan, petite et aux cheveux courts.
Mais entendre Makoto l'appeler 'maman'...
Et avec cette voix…
Ça ne lui donnait pas envie d'avoir un enfant, ne serait-ce que pour ne jamais l'entendre lui parler d'une voix aussi apeurée.
"Ça va aller," déclara Yuffie en Wutan, "je suis là, d'accord ? "
"Maman, l'homme en blanc… Il était là…"
L'homme en blanc.
Hojo.
Il avait tellement de noms. Toutes les ethnies de Gaïa lui en donnaient un différent, pour ne pas avoir à lui faire l'honneur de prononcer son vrai nom.
Le Maître de Sin.
Grand-père des horreurs.
Le Vieux Taré.
Docteur Jekyll.
Le Savant Fou.
Mais chez les jumeaux, chez Red surtout, moins prompt à l'insulte, c'était ça.
L'homme en blanc.
"Il n'est plus là," répondit Yuffie avant de se tourner vers le meuble où Elmyra rangeait les serviettes.
Elle ouvrit le placard, sortit une petite serviette et l'humidifia au robinet, essorant le plus gros avant d'approcher à nouveau de Makoto. Elle s'agenouilla, juste hors de portée de ses griffes et lui tendit la serviette.
"Tiens. Essuie-toi le visage."
Il regarda le linge un long moment, comme s'il ne comprenait pas. Yuffie approcha doucement, à genoux.
"Essuie-toi" répéta-t-elle, "ça ira mieux après."
Il tendit la main, tâtonnant pour attraper le tissu humide. Yuffie avait utilisé de l'eau froide, ce n'était pas le plus agréable, mais c'est ce qui lui permettait de mieux se réveiller après un cauchemar, elle espérait que ça aiderait Makoto. Elle s'approcha encore, cette fois à se mettre épaule contre épaule avec lui, l'aidant à s'essuyer le visage.
"Ça va mieux ? " demanda-t-elle une fois qu'elle lui ai épongé le front.
"Il était là."
"Où ça ? "
"Dans le sous-sol du Manoir. Il était avec moi."
"Makoto, tu sais où nous sommes, là ? " demanda Yuffie en essayant de le redresser pour lui nettoyer le ventre.
Le brun se débattit faiblement et elle retira ses mains, le laissant se calmer.
"Où sommes-nous ? " répéta Yuffie.
"Dans le labo… il va revenir."
"On va partir avant qu'il revienne, alors. D'accord ? "
"Oui."
Yuffie se tourna vers les deux hommes qui patientait, à l'entrée.
"Il croit qu'on est dans un labo" expliqua-t-elle en commun, "il faut qu'on le sorte de là."
Elle vit Zack froncer les sourcils puis regarder autour de lui.
"Oh... oh mince… Le carrelage," comprit-t-il.
"On l'emmène dans la pièce de vie ? " suggéra Cid.
"Dans son état, il passera pas le couloir, trop étroit."
"Le garage alors, y'a de la place."
"Ouais. Yuffie, tu penses qu'il arrivera à marcher jusqu'au garage ? "
"Je m'en charge," répondit Yuffie en se tournant à nouveau vers le brun, changeant de langue, "Makoto ? "
"Oui, Maman ? "
"Il va falloir que tu te lèves. Tu es trop grand pour que je te porte."
Il obéit.
Il dû s'appuyer sur le mur pour se hisser sur ses pieds, et il eut du mal à trouver son équilibre avec ses ailes, mais il finit par se mettre debout et, serrant la serviette contre lui, suivit Yuffie à travers le vestiaire, puis le garage. Cid alla ouvrir le hayon de la Chocomobile, et Zack put aider Vincent à s'asseoir à l'arrière, arrangeant ses ailes comme il pouvait.
"Ici, ça ira, Makoto ? " demanda Yuffie en approchant, reprenant la serviette pour achever de lui nettoyer le visage.
"Ça va…"
"Qu'est-ce qui s'est passé, Makoto ? "
"L'homme en blanc… il était en colère. Il disait que j'avais tout gâché… que c'était ma faute."
"Il dit n'importe quoi, ne l'écoute pas."
"Il m'enlevait des morceaux du ventre."
Les mains de Yuffie tremblèrent et elle baissa les yeux sur le ventre ensanglanté de Makoto.
Ça ne saignait pas trop fort, il n'avait fait qu'érafler l'épiderme, et le sang ne couvrait pas la cicatrice en forme de Y qui s'étendait de son ventre à ses épaules. Yuffie s'humecta les lèvres et dû se racler la gorge avant de reprendre, d'une voix presque stable.
"Je ne le laisserais pas faire ça. C'est promis."
"Promis ? "
"Juré. Petits doigts coupés, mille aiguilles et tout."
Cela sembla le tranquilliser.
En tout cas, les morceaux de masque disparurent.
"Est-ce que je peux te toucher ? Ton ventre est sale, je dois te nettoyer."
"D'accord."
C'était déjà presque guéri. Le sang s'effaça rapidement, laissant son ventre…
Yuffie détourna vite le regard, posant la serviette tachée sur le côté de la Chocomobile avant de passer son bras autour des épaules de Makoto.
"Il faut rentrer tes ailes maintenant…"
"Non… il a peur des ailes."
"Je lui ferai encore plus peur, tu verras."
"T'as pas d'ailes. C'est Père qui les a."
"J'ai des tonnes de shurikens. Et mon épée. Et aussi les explosifs. Et Cid a sa lance. Tu te souviens de Cid ? "
Makoto tourna la tête vers Cid qui attendait, debout près de lui.
"C'est un dragon."
"Ah, ça oui. Il fait peur aux gens et il leur crie dessus très fort. Il lui fera peur aussi. Et il y a Zack, aussi, tu te souviens ? "
Makoto tourna la tête dans l'autre direction, regardant Zack.
"C'est un loup."
Yuffie laissa échapper un petit rire nerveux et remercia Da Chao que personne d'autres ne comprenait le wutan dans la pièce. Elle en avait peut-être un peu trop appris sur les secrets de ses deux amis.
"On lui fera peur. Tu peux rentrer tes ailes."
Les ailes s'effacèrent, s'évaporant comme de la vapeur et Makoto resta à frissonner, assis sur la benne de la Chocomobile.
"Tu as froid ? "
"Oui."
"Cid va te ramener dans ta chambre, ok ? "
"Tu viendras ? "
"Je range, je ferme les portes pour que l'homme en blanc ne vienne pas et j'arrive."
"D'accord."
Yuffie prit la main humaine de Makoto et l'aida à descendre de son perchoir avant de la tendre à Cid.
"Tu peux l'aider à se remettre au lit ? " demanda-t-elle en commun au dragoon.
"Je m'en charge," répondit Cid en glissant sa main sous celle de Vincent. "Vince ? "
"Makoto. Appelle le Makoto" corrigea Yuffie.
Le pilote n'hésita que quelques secondes avant d'obtempérer.
"Tu viens, Makoto ? "
"Oui, Cid."
Le blond entraina Makoto après lui, le ramenant à l'étage, sous le regard de Zack et Yuffie. Une fois sûr qu'ils ne pouvaient plus les entendre, Zack baissa les yeux sur Yuffie qui repliait la serviette.
"Il t'a dit de quoi il a rêvé ? "
"Je vais buter Hojo," siffla Yuffie en mimant la cicatrice de Vincent sur son ventre.
"Merde. C'est ce que je craignais…"
"Il lui a pris des morceaux de ventre," murmura Yuffie, sentant sa voix se casser. "Zack…"
"Il faisait ça, oui" répondit le brun d'une voix distante, "quand il n'était pas content, que ça n'allait pas comme il voulait, il retirait un morceau au hasard et…"
Il sursauta quand Yuffie lui assena un coup de poing sur l'épaule.
"Je voudrais essayer de me rendormir, tu sais," murmura-t-elle sans le regarder.
Zack grimaça d'un air coupable.
"Ça te dirait un bol de glace ? " proposa-t-il.
"Il reste de la vanille ? "
"Je l'ai fini, mais y'a du caramel pahsana, nouveau parfum."
Yuffie eut un petit sourire avant de se rembrunir.
"Non... Non, je lui ai dit que je rangeais et que… que je venais. Je vais juste… faire tremper la serviette d'abord."
"Je m'en charge," offrit Zack.
"Merci."
Elle alla dans l'armurerie chercher son fuma shuriken. Il faudrait qu'elle le range demain avant que Reeve s'aperçoive de sa disparition, mais là, elle en avait besoin. Elle grimpa l'escalier menant aux chambres, s'arrêta dans sa chambre chercher sa couverture, puis se dirigea vers celle de Cid et Makoto.
Elle toqua doucement.
"Entre," fit la voix de Cid.
Elle poussa la porte. Il n'y avait que la lampe du bureau d'allumé. Makoto était au lit et semblait déjà dormir. Cid fumait à la fenêtre ouverte.
Cait profita que la porte était entrouverte pour se glisser entre les pieds de Yuffie et aller se blottir sur les pieds de son maître.
"Qu'est-ce que tu fais là ? " demanda Cid en la voyant refermer derrière elle, s'emmitouflant dans sa couverture.
"Je lui ai dit que je viendrai."
Il la regarda bizarrement avant d'écraser sa cigarette et la poser sur le cendrier posé sur le rebord de la fenêtre. Il se dirigea vers son armoire, l'ouvrit et sortit un pull qu'il lui tendit d'une main.
"Tiens. Chope pas froid."
"Merci, Cid."
"J'ai des chaussettes. Presque neuves, jamais portées."
Elle eut un petit rire et les accepta. Elles étaient trois fois trop grandes pour elle, comme le pull, mais elles lui tiendraient chaud aux pieds.
Elle s'installa confortablement sur la chaise, regardant Makoto dormir.
Elle était prête à monter la garde.