A boire et à manger

Résumé :
Elmyra était gouvernante pour des enfants de famille aisée, l'adaptation à gouvernante pour troupe d'élite a été étonnement facile.
Au moins, c'est plus facile de leur faire manger des légumes.

Personnage :
POV d'Elmyra au sujet d'Avalanche et de leurs habitudes alimentaires

Chronologie :
Il n'y a pas de dates exactes, mais il y a des références aux chapitres 27 à 28 à Nibelheim

Tags spécifiques au chapitre :
POV, Elmyra est une maman, Avalanche sont ses enfants, sauf Barret, ça serait glauque, référence à de l'expérimentation humain, torture, ce chapitre vous donnera faim, aucun rapport avec la torture.

Quand Aérith était arrivée dans sa cuisine, un an auparavant, les yeux brillants, Elmyra ne s'attendait pas à ce que sa vie change autant.
Elle lui proposait un travail.
Ce qui tombait bien, le dernier contrat d'Elmyra s'achevait et elle n'avait pas encore trouvé de nouvel employeur. C'était comme ça quand on s'occupait des enfants des autres, il y avait toujours un moment où les enfants devenaient des adolescents, pouvaient se débrouiller seuls et n'avait plus besoin d'une gouvernante.
Aérith lui avait proposé de s'occuper d'enfants un peu plus grands.
Cela faisait dix ans qu'elle connaissait Aérith, elle aurait DÛ se méfier, mais elle n'avait compris qu'en arrivant à Seventh Heaven pour son entretien d'embauche avec le directeur Tuesti.
"Tu veux que je nourrisse des SOLDATs ? "
"Tu ne verras pas la différence avec des enfants, c'est promis ! " avait rétorqué Aérith.
"Oh, Aérith ! Ce n'est pas pareil ! "
Et effectivement, ce n'était pas pareil. Elle avait moins à insister pour leur faire manger des légumes pour commencer.
Encore que, avec Cid, c'était parfois un peu compliqué. Ce jeune homme aimait sa viande saignante.
Et puis, ils étaient presque tous adultes et elle n'avait qu'à annoncer un jour de ménage pour que tout le monde ramasse ses affaires et les range.
Pareil pour les lessives, il n'avait fallu que quelques semaines pour que l'organisation soit optimale.
Et, encore une fois, ils étaient presque tous adultes et avaient spontanément organisés des tours de corvées pour l'aider avec le plus gros des tâches ménagères.
La seule chose qu'elle faisait d'un bout à l'autre était la cuisine.
Tifa avait aidé, au début, mais elle soupçonnait surtout que les autres plombs n'avaient pas beaucoup de compétences culinaires. Cid et Shera savaient préparer des plats simples, Barret arrivait même à équilibrer un repas, mais les jumeaux étaient des catastrophes en cuisine. Heureusement qu'ils étaient doués en épluchages de légumes.
Ça n'avait été qu'eux sept au début. Huit avec Jessie. Neuf quand Reeve restait déjeuner. Dix avec la petite Marlène.
Et avec l'état des jumeaux à leur arrivée, ils n'avaient pas été difficiles. Ils ne l'étaient toujours pas, même si Elmyra avait dû beaucoup réduire la quantité de piment de certains plats.
Les jumeaux mangent tout. Y compris l'assiette et les couverts, avait blagué Cid la première fois qu'il les avait vu manger. Entre leur métabolisme de SOLDAT et leur état de santé, il avait été urgent de les nourrir en bonne quantité et, bien que sa fierté de cuisinière en ait pris un coup, il y avait eu beaucoup de boissons protéinées pour les aider au début. Elmyra en avait oublié à quel point elle en avait voulu à Zack d'avoir disparu en brisant le cœur d'Aérith, cinq ans plus tôt.
Ils devaient manger, voulaient manger, et par Shiva, ils ALLAIENT manger.
Elle les avait pratiquement gavés, surveillant leur poids de près et s'assurant qu'ils se reposaient et s'entrainaient suffisamment pour retrouver leur état de santé optimal.
Le Professeur Falmis l'avait félicité de son efficacité quand il avait déclaré que les jumeaux étaient de nouveaux en bonne santé.
Mais elle gardait toujours des préparations protéinées dans un placard.
Car parfois, Zack se réveillait le matin, l'air hagard et n'arrivait pas à manger de viande pendant plusieurs jours. Ces jours-là, Elmyra sortait un sachet protéiné du placard, et le servait à Zack dans une tasse colorée, parfois avec une paille et un petit parasol à cocktail, pour essayer de lui donner de l'appétit, de le faire rire et qu'il avale quelque chose le temps qu'ils se remette.
Elle avait été moins compréhensive avec Cid.
Cid et Shera n'étaient pas vraiment difficiles et ne faisaient pas de manie devant leurs assiettes, même si Cid demandait à savoir ce qu'il y avait dans les plats les plus exotiques, par curiosité.
Jusqu'au jour où, voulant leur faire une surprise pour le weekend, elle avait préparé un petit déjeuner kalmien complet, avec pains briochés, trois préparations d'œufs de chocobos différents, de la charcuterie et surtout du bacon grillé à la perfection.
Cid avait senti un seul effluve du bacon et violemment repoussé son assiette, la faisant tomber par terre.
Elmyra n'était pas fière d'admettre qu'elle lui avait crié dessus et il était sorti en claquant la porte.
Shera était venue la voir après le petit déjeuner et lui avait expliqué l'attitude de son frère.
Expliqué.
Pas excusé.
Cid était venu lui présenter ses excuses plus tard dans la journée et elle lui avait offert les siennes en échange.
Elle gardait désormais le bacon et la viande grillée pour les jours où Cid et Shera n'étaient pas à Seventh Heaven.
Il n'y avait pas d'allergie alimentaire à Seventh Heaven, heureusement. Le plus proche était le régime alimentaire de Red.
Quand le fauve avait été trouvé dans un des laboratoires, Cloud avait refusé de le confier à la Shinra et l'avait gardé plusieurs jours dans sa chambre, le nourrissant de viande crue. Heureusement, Jessie avait vite retrouvé la famille du fauve. Ou du moins, ce qui s'en rapprochait le plus, en la personne de Monsieur Bugenhagen. Le vieil homme avait immédiatement contacté Elmyra pour lui donner la liste d'aliments que les lions de cosmo pouvaient, ne pouvaient pas ou ne devaient pas manger.
Fort heureusement, à part les agrumes et quelques légumes, il n'y avait rien de nocif dans ce qu'Elmyra cuisinait habituellement et elle se contentait d'augmenter la dose de viande dans sa portion.
La passion de Red pour les mimetts avait été une surprise par contre et il les mangeait crues, croquant dans les courges cassantes et sucrées avec délice.
Aérith, Jessie, Biggs et Wedge, élevés et certains nés, dans les Taudis, mangeaient tout. Si c'était mort, comestible et à peu près cuit, ils le mangeaient.
Parfois, ça n'avait pas besoin d'être cuit, mort était en option et le côté comestible était ouvert à interprétations.
Elle avait craint que Yuffie, en tant que Princesse de Wutai, soit plus difficile et refuse de manger de la nourriture Estérienne, mais l'adolescente l'avait surprise, mangeant ce qu'elle avait dans son assiette sans se poser de questions. Apparemment, de nombreux repas de galas en ambassades lui avaient appris à ne pas ciller devant ses assiettes afin de ne pas créer d'incidents diplomatiques. Yuffie était suffisamment curieuse et disons-le, bien élevée, pour ne pas refuser d'office un plat. Elle avait ses préférences, comme tout le monde, et mangerait du poisson cru sur la tête d'un pouilleux, mais elle acceptait de goûter avant de se faire une opinion et même si elle n'aimait pas, elle finissait son assiette, par respect envers la cuisinière.
Elmyra en avait parlé avec Madame Yusui, alors qu'elles papotaient toutes les deux au sujet des enfants (les fils de Madame Yusui et tous les plombs, que Madame Yusui qualifiait affectueusement d'enfants d'Elmyra).
La wutane lui avait parlé des privations qu'avait enduré sa famille pendant la guerre, puis des famines dues aux attaques des squames qui ravageaient les récoltes.
Personne ne pouvait se permettre d'être difficile à Wutai.
Même la famille royale prenait soin de ne pas gaspiller la nourriture, et de manger ce que mangeait leur peuple.
Ces dix dernières années, c'étaient les rations envoyées par les pays limitrophes qui permettaient au peuple de Wutai de survivre, et à la honte de la défaite, s'ajoutait celle de devoir accepter la charité d'anciens ennemis ou alliés.
Vincent… C'était encore compliqué de le nourrir. Elle avait pensé que, comme les jumeaux, il n'aurait rien de plus pressé que s'empiffrer, mais des mois après son arrivée, il avait encore des difficultés à finir ses assiettes, et même dans ses plus gros accès de gourmandise (quand elle faisait des ramens, du curry ou qu'elle laissait un paquet de chocobonbons ouvert à sa portée), il avait du mal à se resservir.
Ça aurait pu être vexant pour ses talents de cuisinière mais même les boissons protéiques de Zack semblaient avoir du mal à passer.
Il ne se plaignait pas, mangeait de tout, remerciait Elmyra pour sa cuisine, mais le faire manger une portion complète était une gageure.
Elle lui avait demandé un jour, s'il voulait qu'elle essaye de cuisiner les plats de son enfance, tels que sa mère les lui aurait faits et il avait souri, de cette façon discrète qui ne relevait qu'un coin de sa bouche et adoucissait son regard.
Il lui avait expliqué que sa mère avait été une cuisinière exécrable et qu'il avait grandi en mangeant du riz, les plats des gargotes au bord des routes et tous les fruits exotiques qu'il pouvait 'trouver' dans les vergers de Wutai Sud.
Quelques mois plus tard, après leur mission à Nibelheim, Shera l'avait emmenée au laboratoire, à un moment où Vincent n'était pas à Seventh Heaven et lui avait expliqué ce qu'Hojo lui avait fait.
Elle n'avait pas donné tous les détails, mais Elmyra avait compris ce qu'elle ne disait pas.
Hojo avait vidé Vincent comme un chocobo à rôtir.
Il avait arraché tout ce qu'il avait dans son corps et ses organes, trente ans après, guérissaient tout juste, apprenaient encore à fonctionner comme il fallait.
La première fois après cette révélation qu'Elmyra dû préparer un animal pour le repas du soir, la première fois qu'elle avait dû découper son ventre pour retirer les abats, elle s'était effondrée en larmes, les bras autour du cou de Red.
Puis elle s'était relevée, avait essuyé ses larmes, rassuré le fauve et finit le repas.
C'était son rôle. S'assurer que les plombs étaient bien nourris, sortaient avec des vêtements propres et raccommodés, que Seventh Heaven était chaleureuse et accueillante quand ils revenaient d'une mission, le cœur en berne et les pieds lourds de fatigue.
Qu'il y avait toujours un paquet de chocobons pour les gourmands, du thé et du café prêt à infuser, de quoi faire un gâteau ou des biscuits au moindre gargouillement d'estomac, de l'ifrit cola pleins les placards et un plat chaud qui mijotait.
C'était à elle de prendre soin d'eux.
Les beignets de poulpe restent toutefois bannis de Seventh Heaven.