Telle mère, tel fils

Résumé :
Vincent devrait garder un œil sur le calendrier de temps en temps, ça lui permettrait d'éviter des surprises.
Bon, au moins, celle-ci n'est pas désagréable.
Il y a des Chocobonbons et de la bonne compagnie.
Personnages :
Team Avalanche, Gast et Ifalna Falmis (ff7) , Edéa Kramer (ff8), Minako Hamasaki (Mère de Vincent-OC)
Chronologie :
Se situe entre les chapitres 28 et 29, mais plus exactement, ça se passe le 13 octobre, joyeux anniversaire Vincent !
Avertissement :
Une grande partie de l'équipe d'Avalanche va cracher sur le culte de Yévon.
Tags spécifiques à ce chapitre :
Réinvention de passé, DIRGE OF CERBERUS N'EXISTE PAS, le clergé de Yévon doit avoir les oreilles qui sifflent, la mère de Vincent était une force de la nature d'un mètre cinquante-deux de haut, OC, famille au sens très étendu du terme.


Vincent se figea sur le pas de la porte, le sac de course dans les bras.
Une douzaine de visages hilares le fixaient.
Il y avait un gâteau au chocolat décoré de chocobonbons et de nombreuses bougies au milieu de la table, des paquets cadeaux tout autour et Edéa, Ifalna et Gast étaient parmi l'équipe d'Avalanche, tous trois l'air très content d'eux.
Vincent jeta un petit regard par-dessus son épaule vers Yuffie, qui lui barrait la route. L'adolescente tenait son propre sac de courses et le regardait, un sourire tout aussi grand sur les lèvres.
"Bravo, Yuffie, je n'ai rien vu venir."
"Merci ! "
"Joyeux anniversaire, Makoto ! " s'exclama Edéa en approchant pour l'embrasser.
"Tu croyais vraiment y échapper ? " s'étonna le professeur Falmis.
"Je pensais que je remarquerais vos manigances," avoua l'ex-Turk pendant qu'Elmyra venait le débarrasser des courses.
"Merci pour les courses, c'est la seule excuse que j'ai trouvée pour te faire quitter Seventh Heaven quelques heures," s'excusa la gouvernante, "on mange quand même du ramen ce soir."
"C'est moi qui ai les nouilles ! " déclara Yuffie en la suivant en cuisine.
"Joyeux anniversaire ! " s'exclama Marlène en se précipitant vers Vincent, agitant une feuille vers lui.
Vincent s'agenouilla près d'elle et accepta gracieusement le dessin qu'elle lui tendait, avant de la laisser s'accrocher à son cou pour qu'il la soulève.
Il crut entendre le bruit d'un appareil photo du côté d'Edéa et lui jeta un petit regard las.
"Déa…"
"Pour mon album de famille, Makoto et que je ne t'entende rien dire à ce sujet."
"C'est ta sœur ? " demanda Marlène.
Vincent jeta un petit regard à Edéa. Marlène était peut-être un peu jeune pour comprendre les circonstances du sauvetage d'Edéa, le principe d'adoption des maduins[1], et le fait qu'Edéa était techniquement sa petite sœur maduin.
"Elle fait partie de ma famille," se contenta d'expliquer Vincent.
"Comme Yuffie ? " demanda Marlène, prouvant qu'elle était bien plus perspicace que Vincent le pensait.
"Awwww", fit Yuffie en tendant les bras vers Vincent, venant lui faire un gros câlin, incluant Marlène dedans.
"Vous réalisez qu'il y a six mois, il ne l'aurait jamais laissée faire ? " fit Zack en apportant des assiettes pour le gâteau.
"Tu crois qu'elle me laisse le choix ? " rétorqua Vincent.
"Nope ! " confirma Yuffie, la joue sur son dos.
Il y eu un autre bruit de photo du côté d'Edéa


Le gâteau avait vingt-huit bougies. Plus une autre, plus grosse, marquée au feutre des signes '+30'.
"Gast…"
"L'encre n'est pas inflammable," le rassura son vieil ami.
"Il a insisté," marmonna Aérith, "je ne trouvais pas ça de très bon goût…"
"C'est une blague entre nous, ma puce," déclara son père.
"Demande lui comment s'est passée la fête de ses trente-trois ans," lui conseilla Vincent alors qu'Elmyra était désignée personne suffisamment responsable pour allumer les bougies.
Heureusement, le gâteau de Vincent ne subit pas le même sort que celui de Gast, trente ans plus tôt. Et à peine les bougies soufflées, le vœu fait et le gâteau évacué vers la cuisine pour être coupé, tout le monde poussa les cadeaux vers Vincent.
Reeve lui offrit plusieurs magazines de mots croisés.
"Je… Merci mais pourquoi ? "
"Histoire que tu ne t'ennuies pas. Ma tension s'envole quand tu t'ennuies et que tu dois te distraire seul."
Il avait aussi ajouté un chèque cadeau pour un achat de livres. Ça, ce serait utile.
Un pull de la part de Shera et qui serait fort pratique pour l'hiver de Midgar.
Les jumeaux lui avaient offert une trousse d'outils pour sa moto.
Elmira avait cousu une nouvelle paire de gants pour cacher sa main.
Biggs et Wedge avaient opté pour un abonnement à une appli de musique et préparé une playlist par décade, histoire de lui faire découvrir les tubes des trente dernières années.
Il reçut un nouveau tee-shirt des Adamantaimai de la part d'Aérith, Gast et Ifalna, qui provoqua un fou rire de la part de la petite famille.
Edéa lui offrit une petite peluche de mog étiquetée Miss Chamallow que Cait s'empressa de voler.
Cid avait réussi à trouver l'arme de poing des Turks à son époque. Le Cerberus avait deux canons, au lieu des trois de son arme personnelle, mais que Cid ait pu en trouver un était déjà un exploit. Ça avait été des armes customisées, un des rares avantages spécifiques aux Turks.
"Ce n'est pas la tienne, hein, mais j'ai demandé à Elena de regarder ce que tu avais à l'époque et j'ai réussi à trouver une similaire. Du coup, c'est de sa part à elle aussi."
"Merci, Cid."
"Les armes dans le vestiaire," soupira Reeve.
"Bon, alors, pour ton cadeau," commença Jessie alors que Yuffie venait se placer près d'elle, "de la part de Yuffie et moi."
Elle lui tendit une épaisse enveloppe en carton, sur laquelle Yuffie avait soigneusement calligraphié ses noms.
Vincent ouvrit l'enveloppe, la vidant sur la table. Elle contenait de nombreux documents et photos dont…
Oh.
Il sortit une des photos du tas.
C'était sa mère, âgée d'un peu plus de vingt ans, probablement au moment de sa naissance. Avant ou juste au début, mais elle n'avait pas l'air enceinte à ce moment-là. Elle se tenait au milieu d'un groupe de chasseurs, ses armes à la main et l'air toujours aussi aimable.
"On a eu du mal, mais en s'y mettant à deux, moi pour traduire et elle pour trouver les documents, on a réussi à trouver des photos de ta mère ! " s'exclama Yuffie en trépignant.
"Comment ? "
"Coup de bol," déclara Jessie, "mais apparemment, ta mère a collaboré avec plusieurs guildes de chasseurs, dont une de Centra et l'un d'eux avait pris des photos en souvenir. J'ai réussi à trouver leurs archives."
"Elle était super mignonne ! " lança Zack en se penchant par-dessus son épaule pendant que Cloud observait alternativement Yuffie, puis les photos.
"En revanche," continua leur hackeuse, "je vais demander des explications."
"A quel sujet ? " demanda Vincent en levant les yeux vers Jessie.
"Pourquoi y avait-t-il un avis de recherche à ton nom et celui de ta mère quand tu avais sept ans ? "
Il baissa de nouveau les yeux sur le contenu répandu devant lui.
Il s'agissait de reproduction de nombreux documents et photos et, comme l'avait indiqué Jessie :
Des avis de recherche en Wutan.
Il les tourna vers lui, tâchant de déchiffrer les signes. L'un d'eux portait une de sa mère. L'autre, c'était lui, enfant, le crâne rasé. Il y avait une main d'adulte le tenant immobile pendant la prise de la photo, l'agrippant par le cou. Il pouvait même voir une trace de morsure sur la main de l'adulte.
"Qu'est-ce que c'est que…"
Yuffie vint se pencher par-dessus son épaule, suivant les lignes du doigt tout en traduisant.
"Alors, elle était recherchée pour chasse illégale sur les terres Impériales, enlèvement d'enfant et… Incendie volontaire ? "
"Incendie volontaire ? " répéta Vincent.
"Ouais attends… Ebon no minashigo-in…"
La jeune fille eut une mimique de surprise avant de reprendre sa lecture à mi-voix en Wutan, traduisant au fur et à mesure.
"Makoto, ta mère a mis le feu à un orphelinat yévonite ? " finit-t-elle par s'exclamer, abasourdie.
"Pardon ? ! " s'exclama Barret.
"Pourquoi je ne suis même pas surpris ? " marmonna Gast.
"Oh, ça va être bien," murmura Zack, fasciné.
"Ça doit être une erreur," marmonna Yuffie, mortifiée, "je suis désolée, Makoto…"
L'ex-Turk semblait plongé dans ses pensées, fronçant les sourcils, mais il se redressa finalement avec un petit sourire.
"Non, non, ne t'en fais pas, c'est ça, en effet."
"On va tous avoir besoin d'une explication," décida Cid.
"Je les trouve culottés de l'accuser d'enlèvement d'enfant, cela dit," jugea Vincent en posant la main sur le visage de sa mère.
"Mets tes cadeaux de côté, je coupe le gâteau," déclara Shera en brandissant un couteau, "et tu nous racontes."
Le gâteau fut découpé. Tout le monde fut servi, y compris et surtout Vincent, qui hérita de la plupart des chocobonbons de décoration.
"Ma mère n'était pas mariée," commença Vincent, "elle était chasseuse de prime et m'élevait seule."
"Et c'était il y a…"
"Cinquante-huit ans maintenant," déclara Vincent en montrant les bougies, "à l'époque, à Wutai, ce n'était pas courant."
"Même maintenant, les mères célibataires ne sont pas très bien vues," ajouta Yuffie, perchée sur l'accoudoir du canapé à dévorer sa part.
"J'espérais que ça avait changé."
"Et quel rapport avec l'orphelinat Yévonite ? " demanda Barret.
"A l'époque, les Yévonites commençaient à implanter le culte de Yévon à Wutaï. Et en plus de leurs temples, ils ont mis en place leur infrastructure habituelle : cliniques, écoles, opérations caritatives, orphelinats pour les enfants défavorisés."
"Ooooh," commença Ifalna, "je crois que je vois où tu veux en venir."
Vincent lui jeta un petit regard intrigué mais elle lui fit signe de continuer.
"Mère me confiait généralement à des amis ou me laissait dans une auberge le temps de ses chasses. Mais un jour, pendant qu'elle était absente, des prêtres de Yévon sont venus me chercher et m'ont emmené dans un de leurs orphelinats."
Il avait eu droit au traitement intégral. Bain, cheveux rasés, changement de vêtements et même des chaussures, qu'il avait détesté dès le premier moment.
Pour les prêtres aussi, ça avait été un mauvais moment à passer. Il avait déjà ses crocs à l'époque et savait donner des coups de pieds avec le talon plutôt que les orteils. Ça faisait plus mal.
"Mais…" commença Cid, "tu n'étais pas orphelin."
"Non. Juste illégitime et élevé par une mère célibataire."
Gast écarquilla les yeux, réalisant quelque chose. Il se redressa tout en tamponnant rapidement sa bouche de sa serviette.
"Rivière," murmura-t-il, "c'étaient déjà les scandales des enfants volés ? "
"Les quoi volés ? " reprit Barret.
"C'est reconnu ? " s'étonna Vincent.
"Ça a été révélé il y a une vingtaine d'années," intervint Edéa, "ou plutôt, le clergé de Yévon a reconnu qu'il y avait eu des irrégularités dans la gestion des orphelinats de Wutai."
"Pas qu'à Wutai," précisa Zack. "A Centra aussi, mais là-bas, il y avait les Maduins. Vous savez comment ils sont avec les Yévonites."
La seule comparaison qui vint à Vincent fut une mêlée générale au blitzball. Et les Maduins avaient tendance à jouer de manière bien moins fair-play et plus efficace que les Yévonites.
D'ailleurs, les seuls matchs qu'il regardait étaient ceux dans lesquels figuraient les deux équipes, c'était toujours cathartique de voir les Maraudeurs mettre une raclée aux Bevelle Bells.
"Ils enlevaient des enfants ? " s'offusqua Cid.
"Ils les retiraient de la garde de parents jugés inadéquats dans leur rôle," corrigea Edéa avec tact, non sans afficher une lueur furieuse dans le regard.
Vincent espérait que les sceaux estharien tenaient bien. Edéa était maduin après tout et elle aussi ne devait pas jouer fair-play. Un peu par sa faute d'ailleurs.
"Et être inadéquat, ça pouvait être par négligence, par pauvreté, pour raison de santé ou… défaillance morale ? " ajouta Zack avec un sourire psychotique.
"Mon cul de biais sur un chocobo," grommela Cloud de derrière sa part de gâteau.
"Cloud ! " protesta Barret en plaquant ses mains sur les oreilles de sa fille, "la maîtresse de Marlène se plaint déjà assez de son langage ! "
"M'man a eu des ennuis avec un prêtre de Yévon aussi," expliqua Zack avant de gober un chocobonbon.
"Et donc, c'est ce qui t'es arrivé ? " reprit Jessie.
Vincent hocha la tête, se souvenant de plus en plus précisément des événements maintenant qu'il y repensait.
Comment avait-t-il fait pour oublier ça ? Bon, il avait été petit et ne se souvenait pas de tout avec exactitude, mais sa mère avait gagné quantité de verres et de nuits à l'auberge à raconter cette histoire et il l'avait entendue mille fois. Plus celle où elle l'avait raconté à son père qui avait trouvé le tout absolument hilarant.
L'inimitié avec le clergé de Yévon était de famille des deux côtés.
"Mais les prêtres ont fait l'erreur de s'attaquer à une chasseuse de prime. Une qui avait des amis et des amants dans toute la région. Et une qui m'a légué un tempérament... légèrement revanchard."
"Elle a vraiment mis le feu à l'orphelinat," réalisa Barret pendant que la moitié d'Avalanche ricanait à la litote.
"Non," corrigea Vincent, "elle et ses amis ont d'abord tabassé tout le personnel de l'orphelinat, prêtres compris, l'ont évacué dans sa totalité et après, ils y ont mis le feu," répondit Vincent avant de prendre une bouchée de gâteau. "Et ensuite, nous avons passé un an et quelque dans la nature le temps que les Serviteurs Impériaux et les Moines-guerriers arrêtent de nous poursuivre."
"J'en ai entendu parler," déclara Yuffie, "ça ou d'autres incidents du même genre et des parents dont les enfants avaient été volés et qui sont allés se plaindre à mon grand-père. Ça a pas mal dégénéré et en... hm... Entre 2945 et 2950 je crois ? Dans ces eaux-là, les Yévonites ont été officiellement bannis de l'île. Ça ne fait qu'une dizaine d'années qu'ils sont autorisés à revenir, merci Shinra, et ça ne se passe pas très très bien avec la population locale, on les appelle toujours les voleurs d'enfants là-bas."
Le côté revanchard était fort probablement un trait de caractère des Wutan que Vincent était fier d'avoir hérité.
"Et voilà l'histoire de comment ma mère a mis le feu à un orphelinat Yévonite et leur as inculqué la peur des femmes wutanes sur plusieurs générations."
"Santé à elle," déclara Edéa en levant son verre.
"Quand je serais Impératrice, je ferais quelque chose pour l'honorer parce que wow, je veux être comme elle quand je serais grande."
"Trop tard, tu l'es déjà."
"Grande ? "
"Comme elle."


[1] Pour citer Maduin : L'enfant était seul.e et avait l'air triste, ielle est à nous maintenant.