Sauvetage de Princesse en danger

Résumé :
Joyeux anniversaire Yuffie !
Pour l'anniversaire de leur benjamine (techniquement Nanaki est plus âgé et de toute façon ne fête pas son anniversaire), ses collègues et amis ont tout prévu ! Dès que son anniversaire officiel à l'ambassade sera fini, ses amis de la MGU iront la chercher là-bas, puis la ramèneront pour qu'Avalanche emmènent tout le monde à l'aérodrome, où ils pourront se goinfrer de barbecue en plein air tout en regardant un feu d'artifice fourni par Cid et l'équipage du Haut-Vent.
Ce sera une soirée parfaite !
Si tout se passe bien.
Spoiler : Ça ne se passera pas bien.

Personnages :
Team Avalanche, Team MGU

Chronologie :
Se passe le 20 novembre, après les funérailles du Président et la prise de pouvoir de Rufus. Aucun rapport avec l'un ou l'autre.

Tags spécifiques au chapitre :
Relation père fille foireuse, Godo est un bon dirigeant, mais pas un bon père, heureusement Yuffie a d'autres figures paternelles dans sa vie, Vincent est un grand frère, Vincent est un Turk, Vincent n'a pas le droit d'apprendre des choses aux amis de Yuffie mais il prend le gauche, viva la fuck you à la tradition


"J'ai pas envie d'y aller," marmonna Yuffie pendant que Vincent, assis sur son lit, s'échinait à nouer la ceinture de son kimono, jetant des regards fréquents à la vidéo d'explication que lui montrait Aérith sur son PHS.
"Ça n'est que pour quelques heures," déclara Vincent, comparant son résultat à celui de la vidéo avec perplexité.
"Tu veux des épingles à nourrice ? " suggéra Aérith avec un regard désolé au nœud.
"Ouch, à ce point-là ? " demanda Yuffie, sans oser se tourner.
"Je n'ai jamais appris à nouer un obi élégant. Ma mère mettait sa ceinture comme un homme," admit Vincent en défaisant le nœud pour recommencer.
"Tu as de la chance que ce n'est pas le kimono royal."
« Je serais déjà allé chercher Yusui San."
Le nouvel essai fut plus concluant et Yuffie fit deux, trois petits bonds sur place, évaluant la tenue du nœud avant de remercier Vincent d'une inclinaison du buste.
"Trop serré ? " fit Vincent en la voyant grimacer.
"Non, le kunaï me rentre dans les côtes," expliqua Yuffie en se tortillant pour changer l'arme de place.
"Tu veux vraiment prendre tes armes pour ton anniversaire à l'ambassade ? " soupira Aérith.
"T'en fais pas, l'ambassadeur me les confisquera de toute façon," expliqua Yuffie en mettant les pieds dans ses sandales, se tenant au bras de Vincent pour ne pas perdre l'équilibre.
"Ce serait peut-être plus prudent de mettre tes chaussures après avoir descendu l'escalier," suggéra Vincent.
Yuffie admis la justesse de l'observation et retira ses pieds de ses chaussures, tentant de se pencher pour les ramasser, sans trop de succès. Elle portait un kimono à plusieurs épaisseurs, aux longues manches brodées, fait d'un lourd brocart doublé pour survivre dans le climat hivernal Midgarien et qui, malheureusement, limitait ses mouvements.
"Je déteste les vêtements d'apparat," soupira-t-elle quand Vincent la prit en pitié, ramassant ses affaires pour elle pendant qu'Aérith aidait Yuffie à s'emmitoufler dans une étole doublée de fourrure.
"Pourquoi tu mets ce kimono ? Celui du dernier gala était joli aussi," objecta Aérith.
"Alors attention, gros faux pas de porter un kimono de gala pour une célébration traditionnelle, même un anniversaire," commença Yuffie.
"Je suis si heureux d'avoir été élevé par des pisses-ruisseaux," déclara Vincent, impassible en les suivant dans le couloir de l'étage.
"Et puis, c'est un cadeau que Père m'a envoyé pour la célébration, ça provoquerait un incident diplomatique si je venais habillée autrement."
"Et de ne pas avoir eu mon père sur le dos avant l'âge de dix ans," ajouta Vincent.
"Veinard."
"Yuffie, la voiture de l'ambassade est arrivée ! " s'écria Cid d'en bas.
"Ouais, j'arrive ! " lança Yuffie, descendant les marches une à une.
Une fois en bas, ses chaussures mises, un couteau discrètement ajouté dans sa manche par Vincent et la promesse d'être sage arrachée par Barret, Yuffie monta dans la voiture de luxe noire qui l'attendait dans le garage, aidée par un officiel de l'ambassade.
"Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on vienne te chercher ? " demanda Barret en se penchant par la fenêtre.
"Non, c'est gentil, merci, mais on s'est mis d'accord avec Squall et les autres, ils viennent me chercher à l'ambassade et on rentre ici ensemble."
L'officiel prit poliment congé et le conducteur démarra s'éloignant aussi rapidement que possible du Taudis, sous le regard d'Avalanche.
"Bon, on a cinq heures pour achever de préparer son anniversaire," déclara Barret.
"Je vais chercher le gâteau chez Madame Yusui," annonça Vincent.
"Je vais charger la Chocomobile avec les feux d'artifice," ajouta Cid.


"Qu'est-ce qu'ils font ? " s'étonna Shera en consultant sa montre. "Ils devraient déjà être là depuis vingt minutes."
"Ils se sont peut-être arrêtés prendre un verre," suggéra Jessie, assise sur le canapé.
Tout Avalanche patientait dans la pièce principale, attendant le retour de leur benjamine et de ses amis pour les emmener à l'aérodrome lancer les feux d'artifices.
"Alors, d'abord, aucun n'est majeur…" commença Barret.
"Seifer a dix-huit ans," corrigea Vincent de derrière son écharpe.
"Et ça n'arrêterais pas un gamin des Taudis," ajouta Aérith.
"Et Yuffie nous auraient préve…"
Barret fut interrompu par un tambourinement précipité sur la porte de Seventh Heaven, suivi par le son des deux sonnettes déclenchées en même temps. Zack, qui était le plus proche, grimaça et ouvrit rapidement la porte.
"Eh doucement, vous allez les…"
Zell et Squall se tenaient sur le pas de la porte, les yeux écarquillés, et leurs amis à bout de souffle derrière eux, certains arrivant tout juste.
"Que se passe-t-il ? " s'inquiéta aussitôt Zack, vite rejoint par Vincent et Barret.
"C'est Yuffie ! L'ambassade n'a pas voulu nous laisser entrer ! " expliqua Zell en agitant les bras.
"Ils disent que Yuffie doit repartir à Wutai ce soir," ajouta Squall.
"On n'a pas réussi à lui parler ! " ajouta Linoa par-dessus l'épaule de Squall.
"Même en insistant," grommela Seifer.
Vincent lui jeta un rapide regard, notant le sang sur son col.
"Entrez. Aérith, Seifer est blessé."
"Ça va, ça va ! Garnet m'a soigné…"
"Un des gardes lui a donné un coup de poing," expliqua Garnet en poussant Seifer à l'intérieur.
Vincent ne comprenait pas le langage des signes qu'utilisaient les amis de Yuffie, mais la plupart des gestes de Fujin étaient suffisamment explicites pour qu'il ait l'idée générale.
"J'appelle la Shinra," déclara Reeve en se précipitant vers son bureau.
Avec une dizaine d'occupants en plus, la pièce devint rapidement oppressante pour Vincent et il recula jusqu'à la porte du couloir, laissant les adolescents envahir la pièce de vie.
"Il faut que vous fassiez quelque chose ! " s'exclama Djidane.
"En tant que ressortissant de Midgar, nous ne sommes pas autorisés à entrer à l'ambassade sans invitation," grommela Barret.
"Pratique," intervint Vincent, "ils ont tout fait pour que nous ne puissions pas intervenir."
"Tu vas les laisser faire ? " s'étonna Cid.
"J'ai dit ça ? "
"Vincent ! " appela Barret.
Le brun se figea, alors qu'il s'apprêtait à sortir de la pièce.
Le Lieutenant le fixait d'un regard sévère.
"Tu montes dans ta chambre. Je veux pouvoir dire à l'ambassadeur que je ne t'ai pas vu descendre de la journée, compris ? "
Vincent cligna lentement des yeux.
Puis eut un petit sourire.
"Oui, Lieutenant," répondit-t-il à la grande surprise de tout le monde avant de sortir, son pas clairement audible dans l'escalier.
"Et vous tous, sortez, on se charge de ça," ordonna Barret.
Il y eut un tollé de protestations des adolescents et de certains membres d'Avalanche.
"Barret ! "
"Tu peux pas les laisser emmener Yuffie ! "
"Officiellement, nous n'avons aucune autorité sur elle. Si Wutai décide de récupérer leur princesse et de la renvoyer à leur capitale, ils devront en répondre à Shinra, pas à nous."
"J'arrive pas à croire que vous disiez ça ! " s'exclama Zell.
"Zell," commença Squall d'un ton pensif.
"Tu vas rien faire non plus ? "
"On sort," déclara soudain Djidane, aussi pensif que Squall, sa queue giflant ses chevilles.
"Mais…"
"Merci de nous avoir prévenus, vous devriez rentrer chez vous."
"Mais..."
"Merci de vous en charger," répondit Squall avant d'attraper Zell et Linoa par les bras, les entraînant avec lui.


"Squall, Yuffie est probablement retenue prisonnière et…" commença Linoa à peine furent-ils sortis.
"Moins fort," gronda Squall une fois dehors, désignant l'immeuble d'en face, en haut duquel il voyait une tête et un objectif dépasser.
"Mais…" protesta Zell, essayant de suivre le pas du brun dehors.
"Tu crois qu'il est déjà sorti ? " demanda Djidane en collant aux basques de Squall, ralentissant à peine pour laisser Garnet s'accrocher à son bras.
"Je ne sais pas, je n'entends pas son pas, et toi ? "
"Queud dalle, j'ai jamais réussi," déclara le blond.
Un petit psst attira leur attention et après un regard vers le photographe, le groupe se scinda en plusieurs parties, l'un d'eux se dirigeant vers la boutique de madame Yusui à grands bruits pour acheter à boire pendant que Djidane, Linoa, Squall, Seifer et Zell se glissaient dans une ruelle.
Vincent y était déjà, le sac d'urgence de Yuffie sur l'épaule. Depuis l'affaire avec Heidegger, tout le monde à Avalanche avait un sac prêt, histoire de pouvoir disparaître tout en ayant une brosse à dents et quelques vêtements propres au besoin.
"Mais…"
"Diplomatie appliquée, Zell," soupira Linoa, "ils n'ont pas le droit d'agir officiellement."
"Le mot-clef étant officiellement," ajouta Vincent, "qui d'entre vous sait se glisser discrètement dans un bâtiment ? "
"Djidane," répondirent d'une même voix les quatre autres.
"Tu es déjà allé dans cette ambassade ? "
Djidane secoua la tête, sa queue retombant de dépit.
"Moi oui," intervint Squall.
"Je viens aussi ! " s'exclama Seifer.
"Non," répondit Vincent.
"Mais…"
"Mais vous aiderez. On va avoir besoin de détourner l'attention pour entrer discrètement."
"Comment ça ? " demanda Linoa, attrapant le bras de Seifer pour tenter de le calmer.
"Vous pensez pouvoir faire un scandale à la porte de l'ambassade ? "
La jeune fille eut un très grand sourire.
"Oh, vous demandez ça à une pro," répondit-t-elle.


"C'est une HONTE ! "
Vincent devait admettre que la voix de l'adolescente portait loin. Même de là où ils étaient, Squall, Djidane et lui, dans la ruelle perpendiculaire à l'ambassade, il pouvait l'entendre parfaitement. Et les deux adolescents aussi, probablement, même sans être augmentés.
"Je suis Linoa Heartilly Caraway, la fille du Général Caraway et la Princesse Kisaragi nous as explicitement invité à sa fête d'anniversaire ! Comment OSEZ-VOUS nous interdire l'entrée ? ! Je veux vos noms et celui de votre superviseur ! "
"Elle sort direct la grosse artillerie," nota Djidane avec un sourire qui découvrait ses crocs.
Squall se contenta de rouler des yeux, observant Vincent écouter à la porte.
"De quoi tu viens de traiter ma meilleure amie, toi ? ! "
"Et ça, c'était Seifer," ajouta Squall alors que des bruits de bagarre se faisaient entendre.
Les cris offensés de Linoa se mêlaient aux appels au calme de Garnet et Yuna, aux insultes de Seifer et Zell puis Vincent entendit le pas des gardes de l'autre côté de la porte s'éloigner.
"Ils libèrent la voie."
"Je m'occupe de la caméra," proposa Djidane en escaladant les épaules de Vincent.
Une fois la caméra rapidement désactivée, ce ne fut que l'affaire de quelques secondes pour Vincent d'ouvrir la porte, sous le sifflement admiratif de Djidane et ils purent entrer par la porte de derrière.
"Où pourrait-elle être ? "
"Commençons par sa chambre," suggéra Squall.
"Tu sais où elle est ? "s'étonna le blond.
Squall ne savait pas. Mais Griever était un redoutable pisteur quand il y mettait du sien et savoir que la petite amie de son invokeur était en danger était une formidable source de motivation.
Vincent et Djidane étaient fort heureusement tous les deux rompus aux techniques d'infiltration, vu que Squall ne l'était pas et, suivant son nez, manqua à plusieurs reprises de foncer dans un couloir très passant ou une pièce occupée.
"Merde," souffla Squall après avoir été ramené de justesse dans l'ombre et la servante passée sans les avoir vus.
"Les yeux doivent rester aussi ouvert que le nez," murmura Vincent avant de le lâcher.
La pièce ou Squall les guida était vide.
Suspicieusement vide.
Il ne restait que les rideaux aux fenêtres.
"Ça a été vidé récemment," nota Djidane en passant la main sur le sol. "ils n'ont pas nettoyé les traces de poussière sous les meubles."
"Sa chambre ? "
"Je pense. Ils ont déjà dû évacuer ses affaires à Wutai."
Le gamin rappelait à Vincent un autre pickpocket des Taudis, aussi prompt à vider les poches qu'à s'introduire dans des endroits lucratifs où il n'était pas censé entrer.
La seule différence était peut-être que Vincent n'avait pas eu de jolie princesse pour laquelle il aurait tenté d'être honnête.
La seule Princesse qu'il connaissait avait les doigts qui chatouillaient autant que les siens après tout.
Et il ferait tout pour la ramener à Seventh Heaven, même s'il devrait aller la chercher à Wutaï pour ça.
Vincent parcouru la pièce d'un pas silencieux, observant le tout.
"Continuons de chercher alors," déclara-t-il en approchant des rideaux, "elle ne peut être que dans l'Ambassade."
Son bras se détendit brusquement, saisissant quelque chose derrière le rideau, faisant sursauter les deux adolescents, avant qu'il en tire un troisième de sa cachette.
Celui-ci, un jeune Wutan aux courts cheveux blancs, vêtu d'un kimono de cérémonie, tenta de poignarder Vincent, puis de le frapper quand le Turk intercepta son arme avant de le plaquer violemment contre le mur.
"Edge ? ! " s'exclama Djidane à mi-voix.
A moitié sonné, le Wutan mit quelques secondes à reconnaître ses camarades de MGU.
"Djidane ? " marmonna-t-il d'un commun aussi accentué que celui de Yuffie.
"Dis-moi que tu n'es pas mêlé à cette histoire," gronda Squall dans sa barbe.
"Moins fort," ordonna Vincent.
"J'y suis pour rien ! " protesta Edge.
"J'ai dit : Moins fort."
"Oui, Monsieur," répondit Edge, d'un ton plus bas.
"Vous le connaissez ? " demanda Vincent.
"Un des soupirants de Yuffie," répondit Djidane.
Le regard de Vincent à l'encontre d'Edge fut suffisamment soupçonneux pour que le jeune homme se sente obligé de se justifier.
"J'ai rien fait ! Je savais que quelque chose se tramait, mais j'ai pas compris avant que Père me dise de faire ma valise pour retourner à Wutaï et me préparer aux fiançailles officielles ! "
"Où est Yuffie ? "
"Ils l'ont enfermée dans une chambre de bonne au grenier le temps qu'elle se calme."
"Bonne chance pour ça," rétorqua Djidane.
"Je peux vous montrer où c'est," suggéra Edge.
"Pourquoi tu ferais ça ? " demanda Squall d'un ton soupçonneux.
"Eh, si je dois épouser Yuffie un jour, j'aimerais qu'elle n'ait pas l'intention de m'assassiner pendant la nuit de noce, merci ! "
"Logique," jugea Djidane alors que le regard de Squall se faisait orageux.
"Il y a des gardes ? " demanda Vincent.
"Oui…"
"Tu penses pouvoir détourner l'attention ? "
"Vous aimez détourner l'attention lors d'une infiltration," nota Djidane.
"Le Lieutenant Wallace m'a informé que l'autre option n'était pas socialement acceptable," rétorqua Vincent d'un ton sarcastique.
"L'autre option ? " s'étonna Edge pendant que Vincent le posait.
Squall passa son index en travers de sa gorge.
"Il est Turk," précisa Djidane avec son sourire plein de crocs.
Edge jeta un petit regard maintenant plein d'appréhension à Vincent.
"Et je suis aussi le grand frère adoptif de Yuffie," précisa Vincent.
"Ah. Merde."


"On ne passe pas ! "
"C'est juste moi ! ' s'exclama Edge en levant les mains.
"Prince Eiji... " soupira un des gardes en baissant son arme.
"La Princesse a bien précisé qu'elle ne souhaitait pas vous parler," reprit l'autre garde.
L'expression du jeune homme s'effondra.
"Elle est toujours fâchée ? "
"Je le crains."
"Laissez-moi lui parler, je vais essayer de la raisonner…"
"J'ai peur que non, Prince, personne n'a le droit d'entrer sans l'autorisation de l'ambassadeur."
"Je... reste de ce côté de la porte, promis… juste un ou deux mètres d'intimité…"
L'un des deux gardes jeta un regard à son collègue, visiblement plus haut gradé et celui-ci soupira avant de faire signe à son collègue de s'éloigner.
"Très bien, mais nous restons à proximité, Prince," déclara-t-il en s'éloignant un peu de la porte.
"Je vous en remercie," répondit Edge avant de se tourner vers la porte. "Bon, heu… Yuffie ? Tu m'entends ? "
Pas de réponse. Il s'en était douté. Il s'était même attendu à ce qu'elle l'insulte vigoureusement.
C'était peut-être bon signe ?
"Écoute, je sais que tu es en colère, mais je te promets, je n'y suis pour rien…"


Vincent tendit l'oreille. Il se tenait devant une des fenêtres du toit, celles qui devraient correspondre à l'endroit où était retenue Yuffie.
En tout cas, il entendait la voix d'Edge, à moitié assourdie par la fenêtre et la porte.
"Besoin d'un crochet ? " suggéra Djidane en tendant une pochette à Vincent.
Il avait ce qu'il fallait, mais le matériel du jeune homme était impressionnant et il lui emprunta un crochet.
Il le lui rendit même après les faits.
La fenêtre s'ouvrit très, -trop- facilement.
Il n'y avait personne dans la pièce.
Le kimono de Yuffie était bien là, épinglé au mur par plusieurs kunaï et lacéré de coups de couteaux, les bijoux avaient été envoyés aux quatre vents et les getas de Yuffie flambaient joyeusement dans la cheminée.
Il n'y avait pas une trace de la jeune fille.
Vincent referma la fenêtre.
"Que se passe-t-il ? " s'inquiéta Squall.
"Elle n'est plus là."
"Quoi ? Ils l'ont déjà emmenée ? " s'affola Djidane.
"Edge a menti ? " reprit Squall.
Un petit ricanement fit lever la tête aux trois hommes.
Yuffie était accroupie sur le toit au-dessus d'eux, frissonnant dans l'air froid de novembre, seulement vêtue de son juban[1].
"Vous veniez sauver la princesse ? " s'amusa-t-elle.
Vincent lui sourit et grimpa jusqu'à elle, vite suivi par les deux adolescents.
"Tu es sortie depuis longtemps ? " demanda-t-il en retirant le sac qu'il portait sur le dos.
"Quelques minutes, je cherchais à voler des fringues avant de rentrer à Seventh Heaven."
"J'aurais dû me douter que tu ne te laisserais pas faire," nota Squall en retirant sa veste pour la poser sur ses épaules.
"Comment vous avez su où j'étais ? " s'étonna Yuffie, reconnaissante.
"Le jeune Edge. Il nous a aidé à te trouver," répondit Vincent en tendant le sac d'urgence à Yuffie.
Elle eut une petite moue boudeuse tout en sortant ses vêtements du sac. Vincent lui tourna le dos, se plaçant de façon à la protéger du vent et fit signe aux deux garçons de l'imiter.
"Mouais," fit Yuffie en enfilant un pantalon sous le juban, puis un pull par-dessus. "Je lui en parlerais. Mais avant ça, j'ai un coup de téléphone à donner à Wutai."


"Et bah, ça gueule en wutan," commenta Zack, assis à l'arrière de la chocomobile avec Vincent.
"Je ne traduirais pas," déclara Vincent, une bière à la main.
Ils avaient retrouvé le reste des amis de Yuffie hors de l'Ambassade et étaient rentrés en train, les amis de Yuffie refusant de la quitter des yeux pendant tout le trajet. Une fois à Seventh Heaven, ils s'étaient tous entassés dans les véhicules d'Avalanche, l'ambulance comprise et avaient déguerpi à l'aérodrome, espérant que le temps qu'ils reviennent, les envoyés Wutan se soient lassés de les attendre.
Barret et Elmyra avaient de toute façon prévus assez de burgers, salades, biscuits sucrés et salés pour nourrir tout le monde deux jours.
Plus les boissons.
Yuffie était en train d'hurler au téléphone, Squall près d'elle qui la regardait faire avec calme, alors que tous ceux qui comprenait le wutan dans la troupe étaient de plus en plus atterrés parce qu'ils entendaient.
Yuffie était au téléphone avec son père et apparemment, réglait ses comptes.
"Parce que tu crois qu'enlever ta propre fille le jour de son anniversaire est honorable, vieille BIQUE ? ! ! "
/Je n'aurais jamais osé parler ainsi à mon père/, signa Fujin.
/Moi non plus,/ rétorqua Seifer, /et je ne sais même pas qui c'était./
"Non, non, TU m'écoutes ! Ce sera la dernière offense que je tolèrerais de ta part. Que tu le veuilles ou pas, je suis ton héritière, j'ai vaincu l'épreuve de la Pagode et le peuple le sait ! La prochaine magouille de ta part pour essayer de me forcer à retourner à Wutai, je te jure que dès que je retourne DE MON PLEIN GRÉ à la maison, je mène une révolte contre toi et j'impose une monarchie constitutionnelle ! "
"J'ai pas eu tous les mots, là," marmonna Seifer, pendant que Fujin restait bouche bée.
"Oui, avec des élections ! " reprit Yuffie.
"Qu'est-ce qui se passe ? " s'inquiéta Barret en revenant de l'allumage des barbecues, aidant Fran et Elmyra à la cuisson des burgers.
"Elle négocie," répondit Vincent avec un petit sourire amusé.
"Ou tu préfères que je revienne enceinte de Squall ? "
Vincent manqua d'en recracher sa gorgée de bière, à la grande surprise de Zack.
"Là j'ai compris," ricana Seifer alors que Fujin laissait échapper un rire jaune de sa voix cassée.
"Bien. Nous sommes d'accord. On en reparle à mes dix-huit ans. Et en attendant : Plus d'enlèvement. Tu ne te mêles plus des affaires d'Avalanche. Tu arrêtes le chantage affectif."
Il y eut un autre petit silence.
"OH et bien FÉLICITATIONS pour ta future nouvelle paternité ! J'espère que tu te démerderas mieux cette fois ! "
Et sur ce, Yuffie raccrocha, poussa un hurlement de frustration et laissa Squall lui prendre le téléphone des mains et lui ranger dans la poche de son blouson qu'elle portait toujours.
"Ça va mieux ? " s'enquit-t-il.
"J'ai une seconde raison de ne pas vouloir d'enfants : Ils risqueraient de ressembler à mon père ! " cracha Yuffie.
Squall hocha la tête et lui prit la main, la ramenant au milieu de leurs amis et d'Avalanche. Une fois la conversation avec son père finie, toutefois, Yuffie sembla beaucoup plus calme, à peine agacée.
"Je suis désolée pour tout ça," commença Yuffie, "mon père n'est pas sortable."
"Il va réessayer ? " s'inquiéta Zell, appuyé du dos contre le torse de Seifer.
Yuffie soupira et haussa les épaules.
"Je ne pense pas. On verra à la naissance de mon futur frère ou de ma future sœur."
"Tu vas avoir un petit frère ? " s'exclama Yuna avec un grand sourire ravi.
"J'espère pas pour lui," maugréa Yuffie. "Ecoutez c'est… ce sont des histoires de famille et je suis désolée que vous en ayez été mêlés et… et je vous remercie d'être venu à mon secours," ajouta-t-elle en s'inclinant devant ses amis.
"On n'allait pas les laisser t'emmener," déclara Linoa.
"Ouais, les pauvres," renchérit Seifer avant de parer un coup de poing vengeur de Yuffie.
Zell, soupira, tâchant de séparer les deux amis pendant que Garnet plongeait vers son sac à main.
"Et maintenant, les cadeaux ! " s'exclama la deuxième Princesse en sortant un petit paquet.
Tout le monde fut aussitôt autour de Yuffie, lui chargeant les bras de paquets plus ou moins grands, jusqu'à ce que Squall et Zell durent l'aider à porter le tout.
Une fois le tas ramené dans la lumière du feu de camp, Yuffie commença à ouvrir les cadeaux, ricanant des cadeaux blagueurs, remerciant pour les cadeaux sérieux, jusqu'à ce que, une fois le tas bien diminué, Vincent approche, lui tendant un long paquet.
"Joyeux anniversaire, Yuffie."
"Merci Grand Frère."
"Mais… euh… vous êtes vraiment frère et sœur ? " demanda Seifer.
"On s'est mutuellement adoptés," répondit Yuffie en déchiquetant le papier, "comme les maduins ! "
"On avait dit : Pas d'armes, Vincent," objecta Barret.
"Ce n'est pas juste une arme," rétorqua l'ex-Turk.
"Aniki, je ne peux pas accepter ! " s'exclama l'adolescente.
C'était effectivement une arme, une espèce d'épée courte dotée d'un crochet au-dessus de la garde.
Ladite garde avait été refaite, la poignée ornée d'un nouveau tissage sombre et le fourreau adapté à sa forme avait été récemment repeint de noir mate, pour garantir son camouflage dans l'ombre.
"Makoto, c'est l'hachiwari de ta mère ! "
"Je ne sais pas le manier et je n'ai pas l'intention d'avoir un enfant à qui le transmettre."
"Mais…"
"Yuffie," reprit Vincent en posant la main sur la sienne, lui resserrant les doigts autour de la poignée de l'arme, "je serais honoré que tu acceptes cette arme et que tu l'utilises pour te défendre quand je ne pourrai pas être là."
Yuffie leva les yeux vers Vincent, puis les baissa sur l'arme et inspira longuement avant d'hocher la tête et s'incliner devant son frère.
"Je te le remercie, grand frère. J'en prendrai soin."
Elle manqua de sursauta quand Vincent, en public, déposa un baiser sur le haut de son crâne. Avec un petit rire ravi, elle passa son autre main autour de lui, se serrant contre son torse.
"Mais, sérieusement, concernant le fait d'être enceinte…" reprit Vincent en passant son bras humain autour d'elle.
"On n'a rien fait de plus que se peloter, grand frère," rétorqua Yuffie, blottie contre lui.
"Vraiment ? "
"Il vit sur le campus de la MGU et moi à Seventh Heaven, tu peux me dire où on pourrait aller pour un coin tranquille ? "
"C'est du sarcasme ou une demande de conseil ? "
"De QUOI vous parlez tous les deux pour que Fujin ait l'air aussi scandalisé ? " demanda Barret.
/Je voulais pas savoir. Je ne VOULAIS PAS savoir, je veux oublier, d'accord ? ! / s'exclama la borgne en signant à toute vitesse pendant que Seifer s'effondrait de rire sur Zell.
/Savoir quoi ? / s'étonna Squall.
/RIEN ! /


[1] Le kimono du dessous quoi