Acte manqué

Résumé :
Ça y est.
Enfin.
Hojo va tomber.
Et si Séphiroth et Rufus jouent bien leurs cartes, bientôt, ils seront libres tous les deux.
Ils n'iront plus jamais dans le Tambour, ils n'auront plus à utiliser leurs pouvoirs pour les caprices de leurs pères respectifs.
Ils seront libres.

Chronologie :
Se situe en 2963 quelques jours avant la disparition d'Hojo et des pupilles de Shinra.

Personnages :
Séphiroth, Rufus, Umbra (FF7)

Tags spécifique au chapitre :
Petit Rufus et Séph-ado-th, ils étaient mignons à cet âge, doom incoming


"On fête ça ? "
Séphiroth baissa les yeux sur l'adolescent sur le pas de sa porte, un fauve aux longues pattes assis près de lui. Le petit blond avait deux bouteilles de bières dans les mains, le fauve, un os de double-corne dans la gueule. Tous deux semblaient très contents d'eux.
"Où as-tu eu ça ? " demanda-t-il en les faisant entrer.
"Salle de pause des SOLDATs première classe," ajouta le petit blond en entrant, lui mettant une des bouteilles dans les mains.
Séphiroth lui prit la seconde et le rangea toutes les deux en hauteur, hors de portée du gamin.
"Eh ! "
"Tu n'as que treize ans, Rufus," lui rappela Séphiroth.
"Mais Séph, il faut qu'on fête ça ! " rétorqua Rufus en se débarrassant de ses chaussures pendant qu'Umbra filait se coucher dans un rayon de soleil, sur le sol du salon.
"Ce n'est pas encore officiel, tu sais," objecta le SOLDAT, sortant toutefois des tasses et du thé.
"Le Vieux est furieux qu'il se soit fait pincer, il est en train de lui couper tous ses financements ! "
"Et Morrow ? " demanda Séphiroth.
"Mise au placard définitive ? " suggéra Rufus en sautant sur le canapé de Séphiroth, rebondissant dessus.
Séphiroth soupira. Il avait tenté d'arriver en premier pour 'arrêter' le directeur Morrow, mais s'il y avait bien une chose qu'il devait reconnaître aux Turks, c'était que ces petites fouines étaient promptes à obéir aux ordres.
"Shinra ou les Turks ? "
"Disons que les deux sont persuadés qu'il a été mis au placard ? "
Séphiroth posa sa théière en silence. Il se tourna vers l'adolescent, le dévisageant avec insistance avant de se tourner vers Umbra qui mâchonnait son os avec application.
"Umbra."
Le fauve cessa de dévorer sa gourmandise et leva les yeux vers le général.
"Dis-moi qu'il n'a pas été modifié les mémoires du président ou des Turks ? "
Le fauve secoua la tête. Puis la hocha.
En deux pas, le jeune SOLDAT était au canapé et posa sa longue main sur le front de Rufus, l'obligeant à le regarder.
L'adolescent avait une tache rouge sur l'œil droit.
"Tu as modifié des souvenirs," comprit Séphiroth.
"Il nous a aidé, c'était le moins que je pouvais faire pour lui ! "
"Bon sang, Rufus ! Tu vas te griller la cervelle avec ces conneries un jour ! "
Le SOLDAT se releva, alla dans sa salle de bain et revint avec une trousse de secours qu'il posa sur le canapé, près de l'enfant.
"Tu as pris quoi ? " demanda-t-il en sortant une boite d'anti-douleur.
"Rien," répondit Rufus d'un ton penaud.
Séphiroth lui jeta un regard sévère, de ceux qu'il avait appris avec Basch et qui marchait admirablement sur les SOLDATs plus vieux que lui.
"Rufus."
"Rien, juré ! Je suis venu directement après, j'ai juste été piquer les bières aux premières classes."
Séphiroth lui tendit les cachets et se leva pour aller chercher un verre d'eau, un torchon humide et une matéria de glace.
"Où est-il ? "
"Chais pas," admit Rufus, "Umbra l'a fait sortir de la Tour et j'ai perdu sa trace aussitôt. Mais c'est un Turk et il est malin, personne ne le retrouvera."
"Prends l'antalgique," ordonna Séphiroth en s'agenouillant, gelant très précisément le torchon grâce à sa matéria.
Rufus obéit, laissant Séphiroth poser la compresse sur sa tête. Le froid atténua légèrement la douleur et il laissa échapper un soupir de soulagement, penchant la tête pour laisser Séphiroth caresser ses cheveux doucement.
"Tu pourrais être médecin, tu sais."
Son ami laissa échapper un petit soupir incrédule tout en roulant les yeux.
"Tu vois les gens accepter d'être soignés par le Docteur Hojo Junior ? "
"Non. Dommage. Tu ferais un super docteur. Un vrai."
"On en rediscutera quand on ne sera plus à la Tour."
"Ah, d'ailleurs ! " s'exclama Rufus en fouillant ses poches.
Séphiroth le regarda faire, jonglant négligemment avec la matéria verte qui étincelait autant que ses yeux.
"Tiens," fit le gamin en lui tendant une enveloppe.
"Qu'est-ce que c'est ? "
"Ton billet d'aérostat."
Le jeune homme prit le billet tout en jetant un regard intrigué à son cadet.
"Pour où ? "
"Costa Del Sol. Le Vieux a décidé de partir en 'vacances' quelques semaines, le temps que tout se tasse. On part demain."
"Je reste."
"Séph ! "
"Je tiens à voir de mes yeux Hojo se faire embarquer, humilier et incapable de nous faire le moindre mal pour le reste de sa vie."
Dis comme ça, Rufus était presque tenté de lui demander des photos.
Mais...
"Méfie-toi. Il y a… quelque chose," murmura Rufus.
"Qu'est-ce que tu veux dire ? " demanda Séphiroth.
"Je sais pas. J'arrive pas à le lire, j'arrive pas à le voir, mais il y a… quelque chose dans la tour qui s'est réveillé récemment. Je ne sais pas ce que c'est, mais... j'aime pas ça."
L'adolescent remonta ses jambes sur le canapé, s'asseyant en tailleur. Son regard se fit vide, comme son esprit commençait à s'ouvrir.
"Ils flippent tous. Je peux le sentir d'ici."
Séphiroth l'attrapa par l'épaule, le secouant légèrement pour briser sa concentration.
"Rufus, arrête."
Le petit blond se redressa, une expression agacée sur le visage.
"Le Vieux me cherche. J'espérais avoir un peu plus de temps libre."
"Qu'est-ce qu'il veut ? "
"Conseil de guerre, il veut s'assurer de la fidélité des autres directeurs."
"Fais attention à ta tête."
Rufus hocha vigoureusement ladite tête avant de se lever, allant remettre ses chaussures. Séphiroth le suivit, s'assurant que la fameuse tête était guérie d'une pression sur le crâne.
"Rufus, suit le Président à Costa Del Sol," déclara Séphiroth, "dis-lui que tu as capté des intentions de meurtres dans son entourage proche."
Rufus eut un sourire carnassier. Ce ne serait même pas un mensonge en plus.
"Et toi ? "
"Je viendrais. Dès qu'Hojo est sous clef et que le Tambour a été scellé, je prends le premier aéronef pour te rejoindre.
"Promis ? " demanda Rufus en rajustant sa cravate.
"Promis."
Rufus noua ses bras autour de la taille de son ami. Un jour il serait assez grand pour viser les épaules[1], mais en attendant, ils se contentaient tous les deux de ça.
"On va être libres, Séph."
"Oui."
"Prépare ta lettre de démission."
"Je vais surtout préparer un coup de Masamune entre les deux yeux du Président."
"C'est ce que je voulais dire, Umbra ! On y va ! "
Umbra acheva de cacher le reste de son os sous le canapé de Séphiroth et approcha, donnant un petit coup de langue sur la main du général avant de se glisser par la porte entrouverte.
"Rufus ? "
"Hm ? "
"Soit prudent, d'accord ? "
"Toi aussi," rétorqua le petit blond avant de fermer la porte derrière eux.


Ce fut la dernière fois que Rufus Shinra vit Séphiroth Hojo.


Rufus se précipita dans l'appartement de Séphiroth.
Il avait la clef, ce ne fut pas dur d'entrer.
Il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas.
Il y avait de la poussière.
Personne n'était entré depuis des semaines.
Il sentait qu'il n'y avait personne mais il ne put s'empêcher d'appeler.
"Séph ? ! "
Umbra avait déjà parcouru tout l'appartement et revint, la tête basse.
Il retira ses chaussures, explorant tout le logement, à la recherche de son ami.
"Séph ? ! "
Tout était à sa place.
Il ne manquait que Masamune, son support vide sur le mur.
Il ouvrit le tiroir de matérias de Séph.
Vide aussi.
Tout le reste était là.
Le matériel d'entretien de ses armes.
Les rares photos personnelles qu'il possédait.
Son portefeuille, toujours posé sur l'étagère vide-poche de l'entrée, si haute que Rufus devait se mettre sur la pointe des pieds pour l'inspecter.
Il arriva dans la chambre.
Il y avait un sac ouvert sur le lit. Rufus s'en approcha, regardant son contenu.
Des vêtements civils, ou du moins ce qui s'approchait le plus de vêtements civils pour Séph.
Sa trousse de toilette.
Son PHS.
Et le billet d'aérostat posé dessus.


[1] Désolée Rufus, mais même adulte tu n'iras pas assez haut