Rédemption ?

Résumé :
Bon, je vais commencer par coller un bon gros warning des familles sur ce chapitre : Ce n'est définitivement PAS pour tout le monde, il y aura des violences physique, psychologique, de la manipulation, une définition particulièrement moisie de l'amour et des personnages qui ne pensent probablement pas de manière très cohérente vu ce qu'ils se prennent.


Lucrécia a menti, manipulé, détruit tout ceux autour d'elle.
Elle a fait tout ça pour sauver le monde.
Mais au moment de mourir, elle réalise qu'elle ne veut plus sauver que deux personnes.
Son fils.
Et Vincent.

Personnages
Lucrécia Crescent, Vincent Valentine, Hojo, bébé Séphiroth

Chronologie :
Se situe le 4 janvier 2945. Oui, Séph est un bébé de l'hiver !

Tags spécifiques à ce chapitre :
Point de vue, Lucrécia Crescent, alors d'abord, GORE TO THE MAX, torture physique, torture psychologique, horreur, Lucrécia est une salope, Lucrécia est aussi une pauvre fille, les plans de Lucrécia ne fonctionnent jamais, réinterprétation de backstory, les scientifiques de Shinra devraient relire Frankenstein, sauf que Hojo le prendrais pour des instructions, science sans conscience tout ça tout ça, Vincent était un petit con, Hojo est toujours un gros con, bébé Séphiroth, c'est peut-être le seul point positif de cette fic, sauf qu'on sait tous ce qui lui arrivera après.


Elle allait mourir.
Elle en avait la certitude.
Et ce n'était pas un pressentiment comme ceux qu'elle partageait avec Ifalna.
C'était son don de guérison qui le lui soufflait.
L'accouchement s'était mal passé.
Quelque chose avait lâché, le sang s'accumulait dans son corps à un endroit où il ne devait pas.
Et sa magie native ne parvenait pas à la soigner.
La chose, l'araignée qui dépliait ses pattes en elle, la vidait de tout le sacre en elle.
Hojo était parti avec le bébé, avec son enfant, à peine celui-ci sortit de son ventre. Elle n'avait même pas pu le tenir.
Elle avait hurlé, elle l'avait supplié, mais il n'avait pas écouté. Il était parti, emmenant le bébé, en marmonnant comme à son habitude, sur les tests à mener.
Comme elle détestait quand il marmonnait dans sa barbe.
Elle allait mourir.
Elle tira sur les sangles qui retenaient ses jambes.
Son cher époux ne l'avait même pas détachée, tout à son nouveau jouet.
Et puis il était revenu, furieux, hurlant, l'accusant de l'avoir trompé, de lui avoir menti.
A raison en plus.
Il avait presque jeté l'enfant dans le berceau qu'elle avait préparé quand les contractions avaient commencé et il était sorti.
Elle avait entendu les hurlements de Vincent commencer juste après.


"J'en déduis, ma chère, que vous n'appréciez pas le cadeau ? "
Elle avait été enceinte de quelques mois.
Trois.
Officiellement.
Il l'avait emmenée dans le laboratoire secret, celui qu'il avait aménagé à l'abri des regards de Gast.
Elle appréciait la compagnie du Professeur Falmis, mais il était tellement mesuré, tellement tiède dans ses ambitions, le laboratoire secret leur permettait de mener des expériences plus ambitieuses, plus avancées, sans devoir se justifier auprès du Professeur Éthique.
Hojo lui avait montré son nouveau projet ! Et c'était tellement rare de la part de son époux de partager une découverte, elle avait été enthousiaste en lisant ses résultats.
De la régénération sans passer par des matérias de guérison ! Des renouvellements complets d'organes, de membres, de peau !
Ça pourrait sauver tellement de vies ! Il n'y aurait plus à dépendre d'opérations chirurgicales aléatoires plus proches de la boucherie, ou de magie qui devenait chaque année plus rare !
Bon, il restait juste à résoudre ce problème de l'exposition à la mako qui provoquaient des overdoses et des mutations, mais son époux était brillant. Il trouverait.
Elle n'avait pas pensé à l'origine du pauvre hère dans le tube à mako, n'avait pas pensé à ce qui avait pu lui arriver pour qu'il se retrouve là.
Jusqu'à ce qu'Hojo tire sur le tuyau du masque qui l'alimentait en oxygène, le faisant tourner dans la mako liquide, montrant son visage sous ses mèches en bataille...
Elle avait lâché le dossier en le reconnaissant.
Elle avait hurlé son nom.
"J'étais pourtant certain que vous aimeriez revoir votre Cerbère," avait commenté Hojo en la surveillant d'un regard sévère.
Vincent était censé être mort depuis un mois. Et de ce qu'elle voyait, il devrait l'être.
Elle voyait encore à travers le trou de l'impact de balle.
Accident de chasse avait dit Hojo en lui annonçant sa mort.
Elle n'en avait même pas été surprise.
Vincent aimait chasser.
Il rejoignait souvent les groupes de chasseurs de Nibelheim, les aidant à tuer les monstres qui s'approchaient trop du village.
Et depuis qu'elle avait arrêté leur relation, il prenait de plus en plus de risques. Il s'attaquait à des créatures de plus en plus grosses.
Et il avait refusé de l'écouter quand elle le lui avait reproché, lui rappelant qu'elle n'avait plus le droit de lui dicter sa vie.
Tout comme il n'avait plus le droit de dicter la sienne.
C'est en voyant le corps de son amant supplicié, flottant dans la mako, mais son regard toujours aussi vif, toujours présent, qu'elle commença à avoir peur de son époux.


Les hurlements cessèrent.
Elle entendit les pas d'Hojo s'éloigner, la semelle de ses chaussures claquant sur le carrelage blanc jusqu'à disparaître dans l'escalier en colimaçon.
Il ne revint pas.
Le bébé pleurait, il devait être frigorifié, Hojo ne l'avait même pas habillé.
Son bébé pleurait.
Elle regarda autour d'elle. Il fallait qu'elle... Il fallait qu'elle prenne son enfant.
Hojo avait laissé le scalpel avec lequel il avait coupé le cordon sur la desserte de métal à côté d'elle.
Elle tendit la main, s'étirant petit à petit.
Un gémissement de douleur lui parvint.
Elle regarda le bébé, mais ce n'était pas lui.
Vincent ? Il était vivant ?
Elle tira derechef, tendant les doigts vers le scalpel.
Elle devait sauver son bébé.
Elle devait sauver Vincent.
C'était de sa faute s'ils étaient tous les deux dans cette situation.
Sa main se referma sur le scalpel.
Elle trancha dans la sangle qui retenait sa cheville.
L'autre sangle fut rapidement lacérée aussi.
Elle manqua de tomber en essayant de descendre de la table d'accouchement.
Elle ne sentait plus ses jambes, son ventre lui faisait mal, mais elle serra les dents, n'osant pas attirer l'attention de Hojo par un cri de douleur.
Un pas.
Un autre.
Et elle était au berceau, se retenant au bord du meuble pour ne pas tomber regardant le bébé qui s'égosillait.
Oh, il était si beau.
Elle le prit dans ses bras, l'appuyant contre elle.
Il était si chaud.
Ou était-ce elle qui était froide ?
Elle avait toujours été froide de cœur, peut-être que maintenant, avec la chose en elle, elle devenait froide de corps.
Elle n'avait pas hésité.
Elle avait manipulé son monde. Tout le monde.


Quand le corps avait été trouvé à moitié fossilisé dans les strates du Cratère Nord, ce corps si grand, orné de plumes blanches, dorées, noires et rouges, elle avait immédiatement de qui il s'agissait.
Une Cetra, comme ses ancêtres.
Et pas n'importe laquelle.
Minerva elle-même.
La planète guérissait encore de l'attaque du Fléau et le Dessein des Anciens était à peine en marche. L'armée qu'ils tentaient de monter était faible, les hybrides rares, leurs pouvoirs limités.
Maduin avait été un échec.
Mais avec elle, avec le corps de Minerva, elle allait faire revivre leur Déesse Morte. Elle allait ramener l'Esprit de Gaïa à la vie.
Et l'enfant serait leur arme contre le Fléau.


Il avait cessé de pleurer.
Il tétait, tranquillement, comme s'il n'était pas un bébé nu dans les bras de sa mère ensanglantée.
Qu'avait-elle fait ?
Elle se redressa.
Il fallait qu'elle trouve Vincent.
Ce ne fut pas difficile.
Il lui suffit de sortir de la pièce où elle se trouvait et elle était dans le laboratoire secret.
Le tube de régénération était vide, encore trempé de mako.
Vincent était sur la table d'opération.
Son ventre était grand ouvert, des organes jetés rageusement un peu partout dans la pièce, les scalpels ensanglantés, tordus, les murs blancs couverts d'éclaboussures sanglantes.
Elle gémit quand elle réalisa que son amant respirait toujours.
Le bébé protesta d'être serré trop fort et elle le remonta sur son épaule, le berçant contre elle.
Une pointe de douleur traversa son ventre et elle baissa les yeux sur ses jambes.
Du sang coulait.
Elle devait les sauver.
Mais elle serait morte dans une heure.
Elle devait être froide à nouveau.
Mais pour eux cette fois.
Elle alla dans le coin le plus propre de la pièce et posa son bébé.
Ce serait la seule et unique fois qu'elle le toucherait.
La seule fois qu'il serait dans ses bras.
"Je t'aime" murmura-t-elle avant de se relever, allant vers Vincent, ramassant ce dont elle avait besoin en passant près des armoires de stockage.
Quand elle approcha, Vincent tourna les yeux vers elle.
Et il sourit.
Ils étaient tous les deux couverts de sang, de mako, de sueur, de liquide amniotique dans son cas.
Et lui arrivait encore à être beau comme un fayth.
Elle se laissa à moitié tomber près de lui, se retenant au bord de la table d'opération.
"Lucrécia…" murmura-t-il.
"Je suis désolée, Vincent…"
"C'est... pas grave… C'est bientôt fini…"
Il leva la main, ses doigts tremblants quand il la posa sur sa joue, tâchant sa peau de sang et de mako qui grésilla à son contact.
"On s'en va… on s'en va ensemble… tu... tu veux bien... cette fois ? "
Pourquoi n'avait-t-elle pas dit oui la première fois ?
Pourquoi n'avait-t-elle pas dit oui quand il l'avait emmenée à la porte de la ville, son sac sur l'épaule. Quand il l'avait traînée après lui en la suppliant de ne pas faire ça, de ne pas sacrifier sa vie, de ne pas laisser Gast et Hojo expérimenter sur elle.
Il l'avait suppliée de venir avec lui, de partir loin. Il connaissait des maduins qui les aideraient, il était même prêt à retourner chez son père, qui les protègerait, qui les cacherait de la Shinra.
Elle n'avait pas compris à quel point il avait eu raison.
Elle avait été tellement sûre de sa théorie.
Tellement vaniteuse.
Tellement persuadée qu'elle allait sauver Gaïa à elle seule.
Elle et l'enfant dont elle ne connaissait l'existence que depuis quelques heures, alors qu'il n'était encore qu'un petit amas de cellules en elle.
Qu'elle avait été stupide.
Elle leva le pistolet à injection et ce qui restait de son cœur se brisa quand Vincent le vit, son regard s'emplissant de terreur.
"Lu... Lu, non…"
"Je suis désolée."
Le souffle du pistolet à injection claqua comme une détonation, comme ceux de Vincent quand il tuait les bêtes de Nibelheim. Il hurla.
Elle plaqua sa main sur sa bouche. Il ne fallait pas qu'Hojo revienne, pas maintenant.
Le piège n'était pas prêt.
"Je suis désolée" balbutia-t-elle, gardant la main plaquée sur ses lèvres jusqu'à ce qu'il n'ait plus de souffle.
Ses mains tremblèrent en insérant la nouvelle ampoule de mako.
"Lu... Lu je t'en supplie… laisse… laisse-moi mourir."
"Je ne peux pas… je suis... je suis désolée…"
Elle injecta une seconde dose, étouffant les hurlements de Vincent, de ses lèvres cette fois.


Elle n'avait jamais voulu admettre à quel point elle aimait ses baisers.
Les chastes comme les passionnés.
Ceux qu'il déposait sur son front pour la réveiller le matin.
Ceux qui dévoraient ses lèvres quand ils faisaient l'amour.
Chaque fois qu'il l'avait embrassée en public, chaque fois qu'il avait volé un baiser dans le dos des deux autres, elle avait protesté, l'avait chassé, d'un geste agacé, d'un petit coup sur l'épaule
Sur les fesses une fois, rougissant de sa propre audace.
Et il n'avait jamais cessé.
Jamais jusqu'à ce qu'elle lui dise que c'était fini.
Jusqu'à ce qu'elle signe ce registre fané dans la mairie de Nibelheim, la liant à Hojo par les liens du mariage.


"J'ai besoin de toi, Vincent. Il faut... il faut que je répare mes erreurs…
Elle avait voulu un enfant pour sauver le monde, un enfant qui serait comme le fils de Minerva elle-même.
Mais pas avec Hojo.
Il n'était qu'humain.
Brillant, mais humain.
Le père de l'enfant devrait être puissant, devrait être fort.
Son fils ne devait pas être un guérisseur. Il devrait être un mage pour lutter contre le Fléau.
Et elle avait eu quelqu'un comme ça sous la main.
Un homme au sang d'Ancien, comme elle.
Vincent le lui avait montré.
Un jour, il l'avait emmenée sur la montagne la plus haute de Nibelheim, et il lui avait montré ce qu'il était réellement.
La créature la plus terrible qu'elle ait jamais vu, doté d'une capacité de destruction incroyable, tant avec ses mains qu'avec sa magie.
Et une créature qui l'aimait. Qui craignait qu'elle le repousse en voyant son corps de démon, ses cornes et ses ailes.
Elle avait vu le père de son enfant ce jour-là.
Le père de l'héritier de Minerva, grâce aux cellules de la Déesse, de l'Ancienne Morte, injectée dans son corps à elle.
Comme elle s'était trompée.
Ce n'était pas seulement le corps de Minerva qui avait été trouvé au Cratère nord.
"Tu es l'homme le plus fort que je connaisse. Tu as survécu à... A tout ce qu'il t'a fait. Il faut que tu vives encore."
"Lu," gémit le Turk, "non…"
Une autre injection de mako, un autre cri, mais si faible cette fois, si pitoyable qu'elle ne l'étouffa pas.
Elle laissa tomber le pistolet à injection par terre.
Une grave, grave chose à faire dans un laboratoire.
Il fallait prendre soin du matériel, tout nettoyer, tout stériliser, à l'alcool ou esuna.
Éviter au maximum les contaminations, les erreurs de manipulation.
Elle regarda dans son ventre. Il restait si peu de choses. Les poumons, le cœur, quelques fragments d'organes.
Hojo avait compris.
Un regard au bébé et il avait compris.
Le fils de Lucrécia ressemblait à son père.
Il avait été furieux.
Tellement furieux.
Il fallait qu'elle se reprenne. Il lui restait peu de temps, elle sentait son corps lui échapper, mais il lui restait un atout, peut-être que ce serait suffisant ?
Elle leva les mains vers le plafond.
"Je suis tellement… tellement désolée, Vincent. J'espère que tu me pardonneras."
Trois paires d'ailes de plumes blanches aux rémiges écarlates se déployèrent dans son dos.
Une pluie de gouttes lumineuses tomba du plafond, se déversant sur le corps de Vincent, accompagnée d'un chant angélique aux notes discordantes.
Lucrécia baissa les mains en tremblant alors que ses ailes s'effaçaient, laissant quelques plumes tournoyer paresseusement autour d'elle.
Ce ne serait pas assez.
Elle n'avait pas les pouvoirs d'Ifalna, elle ne les avait jamais eus et maintenant, avec la chose qui se développait en elle…
Elle ne les aurait jamais.
Elle sentit une douleur dans son ventre et tomba à genoux.
Il fallait qu'elle sauve son fils.
Et Vincent.
Il fallait qu'elle les sauve tous les deux.
Son regard tomba sur le tube de régénération, resté ouvert, encore humide de la mako.
Faire tomber Vincent de la table d'opération fut le plus simple.
Le plus douloureux aussi.
Grand Évangile avait à peine commencé à le soigner, le cri de douleur qu'il poussa était plus faible que les autres, mais tellement déchirant. Elle le traîna comme elle pouvait, les bras autour de son torse, tirant et poussant, sanglotant à chacun de ses gémissements de douleur, demandant pardon encore et encore.
"Lu... Lu, non…" recommença-t-il à supplier quand il réalisa où elle le traînait.
"C'est la seule solution…"
"Laisse-moi mourir" réclama-t-il alors qu'elle l'adossait à l'intérieur du tube.
Elle essaya de se relever. Une fois. Deux fois.
Ses jambes n'obéissaient plus. La chose en elle tirait ses tendons comme les fils d'une marionnette. Elle serra les dents, prit appui sur l'épaule de Vincent et se hissa finalement sur ses pieds, faisant appel à toute la magie sacrée qui restait en elle pour chasser la créature.
Elle attrapa le masque respiratoire qui pendait du haut du tube, relié à des câbles à oxygène et se laissa retomber, à moitié sur l'homme à ses pieds. Il tenta de se débattre, de l'empêcher de lui mettre le masque, mais affaibli qu'il était par la dissection, il ne put lutter.
"Il faut que tu vives," murmura Lucrécia en caressant les cheveux sales et emmêlés de Vincent. "Il faut que tu te battes."
"Lu…"
Il pleurait.


Elle ne l'avait jamais vu pleurer.
Même le jour où elle l'avait quitté, il n'avait pas pleuré.
Il était resté immobile.
Il n'avait rien dit quand elle l'avait congédié.
Pas un mot.
C'est fini.
Hojo m'a demandé en mariage.
J'ai déjà accepté.
Ne fais pas de scandale.
Il n'avait rien dit.
Il avait juste hoché la tête et était sorti de la pièce.
Elle s'était effondrée après son départ et elle s'était toujours demandé ce qu'elle aurait fait s'il avait refusé.
S'il avait fait un scandale, s'il avait hurlé, s'il avait tenté de la retenir.
S'il l'avait suppliée comme il le faisait maintenant.


Elle aimait à penser qu'elle aurait été inflexible, dure comme la pierre, prête à tout pour sauver le monde.
"S'il te plait…"
Quelle arrogance.
Elle aurait plié comme un roseau.
"Il… Il s'appelle Sephiroth," murmura Lucrécia à voix basse, posant ses lèvres sur sa tempe, "mais je l'appelle Zéph. Mon petit Zéphyr. Prends-soin de lui, je t'en supplie…"
"Lu…" gémit-t-il quand elle s'écarta.
Elle rampa hors du tube, son corps se tordant de douleur, comme celui de Vincent.
En contrepoint l'un de l'autre.
Elle l'entendait l'appeler, de plus en plus désespéré au fil de son éloignement.
Pourquoi est-ce qu'elle ne savait faire que ça ?
Pourquoi elle n'arrivait qu'à lui faire mal ?
Elle referma la porte et les cris de Vincent furent étouffés par l'épaisseur du verre.
Le verrou hydraulique s'enclencha, scellant le tube.
Appuyer sur le bouton de remplissage fut un des actes les plus difficiles de sa vie.
Elle ne put regarder quand le réceptacle se remplit de mako et que les cris de Vincent emplirent à nouveau le laboratoire.
La transformation commença.
Les doigts de la main gauche d'abord, puis le poignet, jusqu'au coude.
C'était presque étonnant qu'elle ne commence que maintenant, mais Vincent était coriace. Il savait lutter contre sa limite, l'empêcher de le surmonter, ne la laisser le prendre que quand il n'avait pas le choix, que sa vie était en danger et qu'il voulait vivre.
Il avait fallu qu'elle lui brise le cœur pour qu'elle se déclenche.
Elle devait lancer le piège.
La matéria temporelle au creux de sa main brilla.
Le sort figea le temps autour de Vincent, stoppant sa limite en pleine transformation.
Son bras gauche était écailleux, noir, des griffes acérées aux bouts des doigts.
Hojo ne résisterait pas à la curiosité, à l'idée de découvrir quelque chose de nouveau et d'inhabituel.
A l'idée de détruire quelque chose de nouveau et d'inhabituel.
Et Vincent… Vincent pourrait se venger.
Et vivre après.
Et peut-être un jour, lui pardonner.
Elle leva les mains devant ses yeux.
Des veines noires remontaient le long de ses bras, vers ses mains, recouvrant le tatouage sur le poignet de son bras gauche.
Numéro 1.
"Eh bien ma chère…"
Elle tourna la tête vers la voix.
Son époux.
Son cher époux.
"Si je m'attendais à ça," déclara-t-il, approchant de la scène.
Il ne la regardait pas.
Il l'avait l'enfant dans les bras, son petit Zéphyr, son ange, qui hurlait, comme son père avait hurlé quelques minutes plus tôt. Il le tenait à peine comme il fallait, et elle voulait le lui arracher, le tenir contre son sein, empêcher à jamais Hojo de le toucher.
Il ne savait pas tenir un enfant.
Il en savait tout juste assez pour lui tenir la tête droite.
"Incroyable, ma chère, répéta-t-il en regardant le corps de Vincent, flottant dans la mako. "Que lui avez-vous fait pour obtenir une mutation aussi rapide ? "
"Vous voudriez le savoir, n'est-ce pas ? " répondit-t-elle.
Il se tourna vers elle, surpris. Qu'elle parle ? Qu'elle réponde ? Qu'elle soit encore là ?
"Gâcher vos derniers moments à sauver votre Cerbère, est-ce vraiment raisonnable ? "
"Rendez-moi mon fils," exigea-t-elle.
"C'est mon fils" répliqua-t-il.
Elle leva les yeux vers lui et sourit, lentement.
Comme Vincent souriait avant, chaque fois que lui et Gast se chamaillaient, chaque fois qu'il voyait Lucrécia entrer dans une pièce, chaque fois que Vincent gagnait un débat contre Hojo.
Le plus beau des sourires qu'elle ai jamais vu.
Et qu'elle n'ait jamais détruit.
"Oh… Mon pauvre Hojo… Tu sais très bien qu'il ne l'est pas."
Son sourire à lui disparut.
Oh, ce sourire-là, elle l'emmènerait aussi avec elle.
Pas pour le chérir dans la Rivière de la vie, mais pour que Hojo ne puisse plus jamais, JAMAIS en faire un.
Elle ne savait que détruire les hommes autour d'elle ?
Très bien.
Cette fois, elle le ferait avec joie.
"Tu sais très bien que tu n'as rien… RIEN à voir avec la perfection qu'est mon fils."
Elle se releva, les jambes tremblantes et leva la main vers Vincent, montrant la plaie sur son ventre qui se refermait sous l'action de la mako et de Grand Évangile.
"C'est pour cela que tu l'as éventré ! C'est pour cela que tu lui as fait subir tout ça, la mako, les expériences. Parce qu'il a fait ce que tu n'aurais jamais pu faire ! "
"Ma chère" commença Hojo d'un ton dangereux, resserrant sa prise sur le bébé qui hurla derechef.
"Tu n'arrives ni à la cheville de Gast, ni à celle de Vincent ! "
Elle se redressa autant qu'elle pouvait. La créature tenta de lui faire plier les jambes, de la remettre à genoux, de grignoter en elle toutes les parcelles de son héritage pour les faire sienne.
Elle sentit, quelque part, loin, la voix d'Ifalna tenter de l'approcher, de la soutenir.
Elle la repoussa le plus durement possible, le plus loin possible.
La créature ne devait pas connaître son existence.
"Tu n'es qu'un raté, Hojo."
Il sortit un pistolet de sa poche et le pointa vers elle.
Ce n'était pas vraiment une surprise, l'arme était bien trop grande pour rester cachée dans une poche de blouse.
C'était l'arme de Vincent.
Elle reconnaissait ses trois canons.
Il l'avait gardée, comme un trophée.
"Mais moi, je suis vivant."
"Pas pour longtemps."
"Ne vous inquiétez pas, ma chère. Je vous enverrai votre cerbère dès que j'aurais fini avec lui."
Il appuya sur la gâchette.
Lucrécia eut la satisfaction d 'entendre la créature hurler de dépit quand l'impact de la balle la projeta en arrière.
Elle n'aurait pas son âme.
Bientôt, elle serait dans la Rivière de la Vie.
Elle s'effondra contre le tube à mako puis glissa dessus, aidée par son sang et la mako qui s'écoulait du trou de l'impact.
Elle jeta un dernier regard vers Vincent. Est-ce que la balle l'avait touché aussi ? Non, on ne dirait pas.
"Quel gâchis," soupira son époux avant de poser l'enfant sur une desserte, le laissant pleurer dans le froid.
Il n'était vraiment pas fait pour être père, constata Lucrécia en se sentant sombrer.
"Maintenant que j'en ai fini avec elle, voyons voir ce qu'elle t'a fait, Cerbère."
Il vida le tube, repoussa le corps de sa femme mourante et ouvrit la porte de verre.
Lucrécia eut un dernier sourire.
Et dispersa le sort temporel.
Les derniers sons qu'elle entendit furent le hurlement de colère de Vincent.
Ceux de douleur d'Hojo.
Et les larmes de son fils.