Balthazar & Hélène
Chapitre 1
La capitaine Hélène Bach était assise sur une chaise, vêtue de noir, les traits du visage tirés. Elle devait faire un effort pour retenir les larmes de couler. Devant elle se trouvait un cercueil, celui de Raphael Balthazar. Son médecin légiste, son ami. Elle l'avait vu mourir sous ses yeux. Elle avait essayé de le retenir, de le maintenir en vie. Elle lui avait dit tout ce qu'elle cachait depuis des mois, des années. Elle lui avait dit qu'elle l'aimait. Elle lui avait dit qu'il ne pouvait pas la laisser seule. Et pourtant il était parti, sans même dire au revoir. Il l'avait blessé une fois de plus, une dernière fois.
Trop tard, elle avait agi trop tard, comme d'habitude. Elle avait attendu qu'il s'éloigne, qu'il en épouse une autre et même qu'il meurt pour qu'elle lui dise enfin ce qu'elle avait sur le cœur. Mais c'était trop tard.
Elle tourna la tête sur sa droite et elle l'aperçu. La colère monta alors en elle. Comment était-ce possible que Maya Deval soit là, assise sur une autre chaise à pleurer la mort de Balthazar. Non, c'était impossible, elle n'avait pas le droit d'être là, elle ne pouvait pas être là. Et encore moins pleurer la mort de l'homme qu'elle avait sauvagement assassiné.
Cette fois, elle ne put retenir ses larmes. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'il s'était passé. Avait-elle rêvé ? Était-ce quelqu'un d'autre qui avait tué Balthazar et non Maya ? Son cœur commença à battre plus vite alors que le cercueil descendait doucement sous la terre. Jérôme qui était assis à sa gauche posa alors sa main sur une des siennes.
« Capitaine ? »
Elle ne réagit pas. Elle avait l'impression que tout lui échappait, elle ne contrôlait plus son corps, son esprit. Elle se força à respirer profondément en fermant les yeux.
« Hélène !? »
Elle sursauta et ouvrit les yeux. Elle fut d'abord éblouie par une lumière blanche puis elle parvint à distinguer la personne devant elle. Fatim.
« Hélène, vous allez bien ? »
« Je… Je, oui ça va, je me suis endormie. »
« Jérôme s'est réveillé. Vous pouvez aller le voir si vous voulez. »
Elle acquiesça en se relevant, ses jambes encore légèrement tremblantes.
« Et… Et Balthazar ? »
« Il est toujours au bloc… » Répondit Fatim, inquiète.
Hélène soupira doucement mais elle ne répondit rien et partit en direction de la chambre de Jérôme.
Elle ouvrit doucement la porte et sourit à son ami quand il se tourna vers elle.
« Tu m'as fait peur, toi ! »
« Désolé » Dit-il avec un léger sourire.
« Ça va ? » Demanda son capitaine.
« Oui, je m'en remettrai. Mais… Balthazar ? Fatim m'a vite expliqué… Je suis désolée Hélène. »
Elle attrapa une chaise et s'assit près du lit avant de répondre.
« J'attends des nouvelles. »
« J'espère qu'il va s'en sortir, au moins tu pourras l'engueuler comme il se doit. »
Malgré elle, Capitaine Bach lui offrit un fin sourire. Jérôme ne savait pas tout ce qu'il s'était passé, elle ne savait pas tout ce que Hélène avait dit. Elle avait certes très envie de l'engueuler, de lui montrer à quel point il l'avait blessé mais elle avait aussi très envie qu'il se réveille pour pouvoir l'embrasser et lui dire qu'elle ne voulait plus jamais le quitter. En y réfléchissant, elle se dit qu'elle n'aurait peut-être pas le courage de le lui dire tout de suite. Elle ne savait même pas s'il avait entendu ce qu'elle lui avait soufflé à l'oreille, si elle savait qu'elle l'avait embrassé alors qu'il luttait contre la mort.
Lisant la tristesse sur le visage de son capitaine, Jérôme tendit le bras pour attraper une de ses mains et le serra doucement.
« Je suis sûr qu'il va s'en sortir, tu sais bien comment il est. Et Maya ? »
Hélène ferma les yeux. Elle détestait entendre le prénom de cette femme qui avait presque gâché sa vie.
« J'ai laissé les autres s'en occuper, je n'avais pas envie de la voir. »
« Je comprends. »
Hélène allait dire quelque chose quand la porte de la chambre s'ouvrit sur Fatim et Eddy.
« Il est sorti du bloc, son état est stable mais il n'est pas encore réveillé. Une personne est autorisée à aller le voir. Allez-y Capitaine. » Déclara Eddy.
Les battements du cœur d'Hélène accélérèrent.
« Je… Vous êtes sûr ? Je peux y aller après. »
« Capitaine, s'empressa de dire Fatim, s'il se réveille, c'est vous qu'il voudra voir en premier. »
Hélène se tourna vers son ami.
« Vas-y, ça ira pour moi, ne t'inquiète pas. »
Elle sourit puis quitta la pièce sans un mot et suivi les instructions que Fatim lui donna pour trouver la chambre de son légiste.
Elle entra doucement dans la chambre en faisant attention de ne pas faire de bruit. Son cœur se serra quand elle l'aperçu. Couché ainsi, les yeux fermés, le visage pâle, on pourrait presque croire qu'il était mort si le « bip » régulier des machines ne venait pas briser le silence. Elle ferma la porte derrière elle puis s'approcha calmement. Elle ne put s'empêcher de poser une main sur sa joue. Il n'était plus aussi froid que la veille alors qu'il se vidait de son sang. Elle se pencha pour l'embrasser mais se ravisa au dernier moment. Elle ne savait pas trop quoi faire, elle n'avait pas vraiment envie qu'il se réveille alors qu'elle l'embrassait. On n'est pas dans un conte de fée, se dit-elle.
« Je suis là, Balthazar. Tout va bien, vous êtes vivant, je suis là. » Lui dit-elle au creux de l'oreille. Elle finit par déposer un baiser sur sa tempe tout en lui caressant toujours la joue.
Elle se redressa, tira l'unique chaise de la pièce vers elle pour s'y asseoir puis elle attrapa la main de Balthazar. Elle observait son torse monter et descendre. Elle resta longtemps à le regarder, à mémoriser chaque détail de son visage. Elle l'aimait tellement, elle en avait presque honte de l'aimer autant alors qu'il était si agaçant, manipulateur, fatiguant, … Il lui avait menti, il était parti puis revenu, il était sur le point de se marier avec une autre et pourtant elle l'aimait encore si fort qu'elle en souffrait. Elle souffrait de l'aimer.
Elle soupira en se laissant tomber sur le dossier de la chaise, la tête en arrière. Tu es vraiment une idiote se dit-elle. Stupide légiste avec son stupide regard à tomber par terre ! Elle ferma les yeux quelques instants puis sans s'en rendre compte, elle s'endormi, sa main toujours bien liée à celle du médecin.
Elle sentit quelque chose lui chatouiller le dos de la main alors elle ouvrit doucement les yeux avant de se rappeler précisément où elle était. Elle se redressa vivement et tomba dans le regard doux et tendre de Balthazar qui la regardait en souriant. Le cœur d'Hélène rata un battement et elle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. Ils se regardèrent ainsi un long moment, le cœur du capitaine finit par reprendre un rythme normal. Après quelques minutes, elle se décida. Elle en avait marre de faire semblant. Elle se redressa un peu plus et se pencha sur Balthazar pour le prendre dans ses bras et enfuir son visage au creux de son cou.
« J'ai eu tellement peur, Balthazar, tellement peur de te perdre. » Murmura-t-elle.
Il avait passé une main dans sa chevelure blonde et lui caressait la tête.
« C'est fini, je suis là, mon cœur. » Répondit-il.
Hélène sursauta et se redressa doucement pour ne pas risquer de lui faire mal. Avait-elle bien entendu ?
Elle plongea de nouveau ses yeux dans les siens, comme pour être sûre d'avoir bien entendu. Et comme s'il lisait dans ses pensées, il répondit en lui souriant puis passa une main sur son front qu'il fit descendre jusqu'à sa joue où une larme venait de couler. Il l'essuya du pouce avant de poser deux doigts sur ses lèvres. Hélène ferma les yeux, ses gestes la faisait frissonner. Elle se pencha vers lui et déposa un nouveau baiser sur son front. Elle n'avait pas envie de l'embrasser maintenant, pas ici sur son lit d'hôpital. Elle avait envie que leur vrai premier baiser soit beau, elle avait envie que ce soit lui qui l'embrasse. Elle n'avait pas besoin de l'embrasser pour confirmer leurs sentiments, leurs yeux en disaient largement assez.
Hélène finit par briser leur échange et posa sa tête sur son torse en fermant les yeux. Elle se força à respirer calmement. Elle ne savait plus très bien où elle en était. Elle ne savait pas si elle devait le haïr et se mettre en colère sur lui ou si elle devait arrêter d'y penser et simplement l'aimer. Elle n'eut pas à se poser la question trop longtemps car Balthazar vint briser le silence.
« Capitaine… Hélène, je… »
Entendant qu'il hésitait, elle se redressa pour l'inciter à continuer de parler.
« Je suis désolé. Je sais que ce que je t'ai fait est impardonnable. Je ne t'ai pas écouté, je t'ai rejetée alors que tu avais raison depuis le début. Et pire que ça, je t'ai fait trop de mal en étant avec… avec Maya. Mais je m'en suis rendu compte trop tard et je comprendrais parfaitement si tu te mettais en colère contre moi et que tu décidais de ne plus me voir. Je… Je l'ai mérité. »
Elle ne l'avait pas lâché des yeux durant tout son petit discours. Bien sûr qu'elle était en colère contre lui mais elle n'était pas sûre de vouloir le montrer maintenant. Pour l'instant, elle voulait simplement être près de lui.
« Hélène, dis quelque chose, s'il te plait. »
« Je… Bien sûr que je suis en colère, je t'en veux à mort ! » Elle avait craqué, les émotions venaient de prendre le dessus et elle ne savait pas comment ça allait finir.
« Hélène je… »
« Laisse-moi finir ! »
Il se tut, sachant qu'il n'avait pas d'autre option.
« Tu m'as abandonné, plusieurs fois, tu m'as menti. Tu m'as rejeté, tu ne m'as pas crue quand je te parlais d'elle. Donc oui, je te déteste. » Les larmes ne cessaient de couler. « Mais… Nom de Dieu Balthazar, je t'aime aussi tellement fort que même si je le voulais je ne pourrais pas continuer à t'en vouloir. J'ai eu si peur de te perdre sans avoir eu la chance de te dire tout ce que je voulais, sans pouvoir te dire que sans toi, je ne pourrais pas y arriver. Et ça, ça me fait peur. »
Elle baissa les yeux, n'osant plus le regarder. Sans rien dire, il l'attira à elle. Il l'obligea à grimper sur le lit pour se coucher à côté de lui et l'enveloppa de ses bras protecteurs. Il se mit de nouveau à caresser ses cheveux ainsi que son dos pour l'aider à se calmer. Rapidement, sa respiration devint plus calme. Il posa un baiser dans ses cheveux en la serrant un peu plus fort contre lui.
« Moi aussi je t'aime tellement Hélène. Et moi aussi j'avais peur, j'avais peur d'abandonner Lise mais tu es la seule à m'avoir aidé à faire mon deuil. Maya n'était qu'une façade, c'était et ce sera toujours toi. Si tu savais comme je m'en veux d'avoir été aussi idiot. Mais je te promets que je ne te quitterai plus jamais. »
« Promis ? » Souffla-t-elle contre son oreille.
« Promis » Murmura-t-il en déposant à son tour un baiser sur son front.
N'hésitez pas à laisser une petite review! Le chapitre 2 est déjà écrit ;)
