Puisque le prologue sert plutôt d'introduction, à planter le décor, et qu'il ne dit pas grand-chose, je me suis dit que j'allais poster aussi le chapitre 1.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Six mois s'étaient écoulés depuis la signature des papiers de divorce. Harry s'installa dans le canapé, droit comme un i et patientant. Puisqu'il vivait sur la fortune de ses parents et pouvait offrir confort, stabilité et présence, Draco avait obtenu la garde des enfants et avait déménagé dans un appartement ancien en ville. À cause de son travail, même s'il avait la garde des enfants le week-end, Harry ne pouvait pas les prendre autant qu'il le souhaitait. C'était la première fois depuis plus d'un mois qu'ils venaient passer du temps chez lui.
Avec un sourire joyeux, il se leva pour ouvrir la porte dès qu'il entendit les coups. Sur le palier, James tenait la main de son petit frère, tout sourire, comme toujours. Il leva les yeux et vit Draco, un peu plus loin, surveillant ses enfants en étant suffisamment loin d'Harry pour ne pas avoir à lui parler. C'était son comportement habituel depuis le divorce. Harry tenta un signe de la main avec un léger sourire, mais ça n'eut aucun effet. James regarda par-dessus son épaule, l'air désolé.
- On rentre papa ? Il fait froid, dit-il.
- Oui, viens.
Harry prit son cadet dans ses bras et ouvrit la porte plus en grand pour l'aîné. James attrapa le sac à ses pieds et entra dans la maison. Ça lui faisait bizarre de revenir dans sa maison juste de temps en temps. D'avoir une nouvelle chambre, une nouvelle salle de bain, une nouvelle vue à la fenêtre, il avait encore du mal à s'y faire. Il avança jusqu'au salon, sans se préoccuper de savoir si son père le suivait, et posa le sac sur le grand fauteuil. La cheminée brûlait et il faisait chaud.
- Vous m'avez manqué, tu sais.
Harry passa la main dans les cheveux bruns de son fils et lui fit un grand sourire.
- Tu as grandi.
- Un peu, admit James.
- Ton frère aussi.
- Oui. Maman lui a acheté de nouveaux habits avec papi, les autres étaient trop petits.
Asseyant son cadet sur ses genoux, Harry reprit place sur le canapé. Il avait envie de discuter avec son fils, mais il ne savait pas trop comment faire. James n'avait jamais été très causant, et il l'était encore moins depuis que Draco et lui s'étaient séparés. Peut-être parce qu'il avait du mal à digérer, parce qu'il était trop jeune pour tout comprendre et ne voyait que le fait de ne plus vivre dans la maison qui l'avait vu grandir, entouré de son père, sa mère et son frère.
- Tu es content de passer le week-end ici ?
James haussa les épaules et se dirigea vers la bibliothèque.
- J'ai acheté de nouveaux livres pour toi, l'informa Harry. J'espère qu'ils te plairont.
- Merci.
Jetant la tête en arrière, Aiden s'agita dans les bras d'Harry. Le sourire de son père étira le sien et le fit glousser.
- Papa !
L'enserrant fortement, Harry embrassa sa joue ronde, se régalant de pouvoir enfin voir ses enfants et passer du temps avec eux. Aiden ne pouvait pas lui parler, mais il était plus démonstratif.
- Papa ?
- Oui ?
- Je peux lire ça ? Demanda James en lui montrant un livre.
Harry lui fit signe d'approcher et prit le livre, l'un des siens, pour en lire le titre. Ne se rappelant pas du contenu pour autant, il survola le résumé.
- Oui, si tu veux. Mais ça sera peut-être un petit peu compliqué pour toi.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est un vieux livre, ce n'est pas écrit pareil que dans ceux que tu lis d'habitude.
- Tu m'aideras ?
Surpris, Harry ne répondit pas tout de suite. Il avait cru percevoir dans la voix de son fils un brin de doute.
- Bien sûr que je t'aiderais, le rassura-t-il avec un sourire. Je te le lirais, si tu veux.
Montant sur le canapé pour s'installer à côté de son père, James accepta qu'on lui fasse la lecture, ce qui était une assez grande victoire. Une victoire qui rendait Harry un peu triste, ne cessant de se demander s'il prenait sur lui pour qu'ils se rapprochent, ou s'il se sentait délaissé. Ouvrant le livre au prologue, Harry jeta un œil à l'horloge pour surveiller l'heure avant de commencer sa lecture.
Une heure plus tard, une arrivée inattendue perturba grandement James. Une femme qu'il n'avait jamais vu avant avait sonné à la porte et maintenant, elle était avec eux dans le salon et les regardait en souriant.
- Tu dois être James, lui dit-elle, penchée vers lui et tout sourire. Je suis ravie de te rencontrer.
Se retenant de froncer les sourcils, James tourna la tête vers son père.
- C'est qui ? Demanda-t-il.
- James, je te présente Marie. C'est, hum…
Harry se gratta légèrement la nuque, gêné. Osant confronter son fils du regard, il prit son courage à deux mains.
- C'est ma nouvelle amoureuse.
Ouvrant grand les yeux, James fit volte-face vers la femme. Avec son grand sourire, elle se baissa et tendit les bras vers Aiden, debout à côté de lui.
- Tu me fais un câlin ? Souffla gentiment Marie.
- Non, répondit James aussi sec, se rapprochant de son petit frère pour faire barrage. Il aime pas les câlins des autres.
En vérité, Aiden n'avait jamais refusé un câlin. C'était plutôt James qui refusait que cette femme s'approche d'eux. Ne s'attendant pas à une telle réponse, si froide et sans appel, Marie leva les yeux vers Harry. Elle ne savait pas trop ce qu'elle était censée faire, et Harry n'était pas plus avancé. Jamais il n'avait vu son fils comme ça et la suite ne fut guère mieux.
James s'était assis dans le fauteuil, sur lequel il avait posé son sac plus tôt, avait hissé Aiden sur ses genoux et le tenait fermement contre lui, fixant son père et sa compagne, sur le canapé, le visage parfaitement impassible. Harry se sentait terriblement mal à l'aise, pourtant, ce n'était qu'un enfant. Mais il avait préparé et dressé l'apéritif en vain. James ne bougeait pas d'un pouce et Marie n'osait rien dire.
- Je suis désolé, lui glissa Harry à l'oreille.
- Ne t'en fais pas, je comprends.
Elle lui fit un sourire, posant sa main sur la sienne. Voyant ça, James ne put s'empêcher de serrer les mains sur le pull de son frère. Dès qu'il s'en rendit compte, il le lâcha immédiatement avant de lui faire mal. Attrapant un feuilleté au fromage, Harry le tendit à son fils aîné.
- Je les ai faits pour toi.
- J'ai pas faim.
Ramenant son bras contre lui, Harry mangea le feuilleté qu'il fit passer avec une longue gorgée de champagne. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour faire les présentations, finalement. Mettant fin à son calvaire, un hibou se présenta à sa fenêtre, une lettre dans le bec.
- Je reviens, souffla Harry en se levant rapidement.
Marie appréhenda de rester seule avec les deux garçons mais ne dit rien, de peur de froisser Harry. Elle le regarda s'approcher de la fenêtre et décacheter l'enveloppe avant de la parcourir.
- Merde, fit-il d'un coup.
- Un problème ? Demanda la jeune femme pour combler le silence.
Il tourna vers elle un regard désolé. Oui, il semblait y avoir un problème. Pliant la lettre et la glissant dans sa poche, Harry s'approcha du fauteuil et se baissa.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda James.
- Je suis désolé mon grand, je dois aller au travail.
- Mais…
- Je sais, coupa tristement Harry. Je te promets que je reviendrais vite.
James serra la mâchoire, se retenant de lui dire qu'il disait ça à chaque fois. Il laissa Harry l'embrasser sur le crâne, et faire un bisou à Aiden.
- On va où alors ? Demanda-t-il.
- Eh bien, nulle part. Vous allez rester ici, et Marie va vous garder.
Harry lui fit un sourire et lui ébouriffa les cheveux en se levant. Quand il leur tourna le dos pour parler à la femme, James se recoiffa. Il n'aimait pas qu'on lui mette les cheveux en bazar.
- Tu es sûr ? Fit la jeune femme en se levant.
- Vous apprendrez à vous connaître comme ça. Ça va bien se passer, rassura Harry en posant les mains sur ses bras.
Marie hocha la tête et l'accompagna dans le couloir d'où il partit. Malgré le froid, la jeune femme resta longuement devant la porte ouverte, bras croisés sur la poitrine. La maison était agréable et les garçons semblaient gentils, mais c'était la première soirée qu'elle passait en leur compagnie et le petit James semblait plutôt réfractaire à s'ouvrir. D'un autre côté, elle le comprenait, ça ne devait pas être très agréable d'apprendre que son père avait trouvé quelqu'un. Ne voulant pas enrhumer les enfants, Marie ferma la porte et retourna dans le salon.
- On va rester tous les trois alors, sourit-elle.
Un regard froid lui répondit, la déstabilisant. Si le jeune garçon était capable d'avoir ce genre d'expression à son âge, c'est qu'il devait la tenir de quelqu'un. Et puisque son père était quelqu'un de plutôt joyeux, elle se dit que ça venait à coup sûr de sa mère. Elle préférait ne pas faire sa connaissance.
- Qu'est-ce que tu veux faire ? On peut faire un jeu ou alors je peux te lire le livre que ton papa lisait tout à l'heure.
- Non, répondit sèchement James.
Bon, elle aurait essayé. Espérant que ça changerait quelque chose, Marie retrouva sa place sur le canapé et attendit. Peut-être qu'au bout d'un moment, James finirait par dire quelque chose ou peut-être qu'il lâcherait son frère et qu'elle pourrait faire connaissance avec au moins l'un des deux. Attrapant la coupe qu'Harry lui avait servi, elle but quelques gorgées, mal à l'aise. Les enfants étaient plutôt curieux d'habitude, ils posaient plein de questions et, après un moment de gêne, s'intéressaient à toutes les personnes qu'ils rencontraient mais James était une véritable statue, un bloc de glace inébranlable. Au bout d'une vingtaine de minutes, ne supportant plus cette atmosphère lourde, Marie se leva et leur sourit.
- Je vais aller dans la cuisine pour préparer le dîner, d'accord ? Ton petit frère doit avoir faim.
James ne lui répondit pas mais il la regarda partir. Il tendit l'oreille et dès qu'il l'entendit ouvrir la porte de la cuisine, il glissa du fauteuil sans lâcher le petit garçon. Souriant, Aiden se laissa prendre par la main et suivit son frère aussi vite que ses jambes lui permettaient. Parce qu'il devait aller vite, James prit rapidement la décision de le porter. Il était un peu lourd pour lui, mais tant pis. À pas de loup, il s'avança dans le couloir. Accroché à son cou, Aiden se mit à glousser comme il le faisait toujours.
- Chut, murmura James, le doigt sur sa bouche.
- Chuuu, répéta Aiden.
- Oui, chut. Il faut pas faire de bruit.
Surveillant la lumière et les ombres au sol venant de la cuisine, James s'avança jusqu'au bureau de son père. Il tendit le bras pour pouvoir attraper la poignée, grimaçant de devoir tenir son petit frère uniquement de l'autre, et ouvrit la porte. Il la poussa juste assez pour entrer, posa Aiden à côté de lui et poussa la porte des deux mains pour la refermer. Contrairement à ce qu'il aurait voulu, les gonds grincèrent et un bruit métallique résonna dans le couloir.
- James ? Fit la voix de Marie.
Elle allait approcher. Se dépêchant, James attrapa la clé, toujours insérée dans la serrure, et la tourna deux fois.
- James ?
Marie, étant à peu près sûre d'avoir repéré d'où venait le bruit, toqua à la porte avant d'essayer de l'ouvrir. De l'autre côté, James regarda la clenche s'abaisser et souffla de soulagement en constatant qu'il avait correctement verrouillé.
- James, tu es là ? Demanda Marie, plus inquiète.
Comme s'il allait lui répondre. À la place, il se tourna vers Aiden et attrapa sa main libre, l'autre tenant sa peluche qu'il avait pensé à lui donner.
- Viens.
Le petit suivit gentiment, jusque sur le tapis au milieu de la pièce.
- Tu restes là et tu bouges pas, ordonna James. D'accord ?
Aiden le regarda de ses grands yeux bleus et lui fit un sourire, maintenant sa tétine dans sa bouche. Ne pouvant pas le laisser venir avec lui, James le laissa là. De toute façon, d'ici deux minutes, Aiden allait sûrement s'asseoir sur le tapis et jouer avec sa peluche. Se dirigeant vers le grand bureau en bois massif de son père, James fit tourner le fauteuil vers lui et monta dessus comme il put. Assis sur ses tibias, il ouvrit le grand tiroir du milieu et sortit un bout de parchemin. La plume et l'encrier étaient juste assez près pour que James arrive à les attraper en s'allongeant à moitié sur le bois. Il trempa la plume, oubliant de retirer l'excédent, et rédigea une lettre rapide de son écriture maladroite. Le papier était couvert de tâches d'encre mais le principal y était. Reposant la plume à côté de lui, l'encre gouttant sur le meuble, il regarda sa lettre.
- C'est moche, dit-il.
Son attention étant attirée par les coups à la porte, James releva le nez. Il entendit la femme jeter un sort à la porte et la trouva ridicule. Ça ne marchait pas sur leurs portes. Ses parents n'étaient pas aussi bêtes ! Sachant qu'elle perdait son temps à essayer d'ouvrir la porte, de trouver une autre entrée, ou de le convaincre de sortir – en utilisant son frère comme excuse, en plus, comme s'il ne savait pas s'occuper de lui correctement – James descendit du fauteuil et le poussa contre le perchoir. La chouette de son père était là, à se nettoyer les plumes. Elle s'arrêta et tourna la tête vers lui.
- Pour maman, lui dit-il en tendant le parchemin plié en deux.
L'oiseau attrapa la lettre dans son bec et déploya ses ailes. Elle se prépara à s'envoler, se posant même devant la fenêtre. Bougeant à nouveau le fauteuil, James dut se mettre debout sur ce dernier pour pouvoir lui ouvrir. Dès qu'il le put, l'oiseau se faufila à l'extérieur et s'envola dans la nuit noire. Refermant aussitôt, James rejoignit son petit frère sur le tapis. Il espérait seulement que sa lettre arriverait vite.
