J'ai quasiment fini l'écriture donc je suis super contente !


Harry avait attendu presque deux semaines avant d'inviter Draco à prendre un thé. Il voulait lui parler de Marie et de ce qui s'était passé à Noël, mais il avait préféré attendre que sa colère diminue. Avec de la chance, Draco avait pu prendre un peu de recul face à tout ça et ils pourraient en discuter calmement comme deux adultes censés. Harry avait choisi un salon, certes moldus, mais réputé et n'accueillant qu'une clientèle haut de gamme dans une salle à faible capacité, décorée avec raffinement. Il était arrivé en avance, pressé d'avoir cette conversation. Draco entra quelques minutes plus tard et avança vers Harry dès qu'il le repéra.

- Décidément, tu essayes toujours de m'imposer ton côté moldu, lui reprocha Draco en s'installant face à lui.

Inspirant un grand coup, Harry prit sur lui.

- Ils font un excellent thé à la rose, dit-il.

Draco lui fit sa mimique, celle qui disait « comme si ça m'intéressait ». S'il voulait que les choses avancent, il allait devoir prendre les choses en main. Harry demanda donc du thé à la rose et un assortiment de mignardises pour les accompagner.

- Pourquoi tu m'as fait venir ? Demanda Draco en croisant les bras sur sa poitrine, et probablement ses jambes sous la table.

- Pour discuter. Visiblement, tu m'en veux encore pour ce qui s'est passé, mais je pense vraiment qu'on devrait en discuter.

- Ooh, je risque de t'en vouloir longtemps, confirma Draco. Très longtemps.

- Bon, d'accord, c'était maladroit de ma part…

- Maladroit ? Répéta-t-il. Mais tu te fiches vraiment de moi.

Se rapprochant de la table, il posa un coude dessus pour pointer Harry du doigt.

- J'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à comprendre comme une idée pareille a pu te venir.

- Marie est quelqu'un de bien.

- Mais j'en ai rien à faire. Harry tu as laissé nos enfants à une inconnue.

- Ce n'est pas une inconnue. Et je l'avais justement invité pour la présenter aux garçons.

Plus Harry parlait, et plus Draco se rendait compte qu'il avait des choses à lui reprocher. Prenant sur lui pour rester aussi calme que possible et ne pas faire d'esclandre en public, Draco se tut quelques secondes.

- Vouloir la présenter à James et Aiden n'en fait pas moins une inconnue pour autant. Tu les as laissés seuls avec elle, sans même avoir la moindre idée de la durée de ton absence. Dire que c'est irresponsable de ta part est encore loin de la vérité !

- D'accord, mais comment tu veux qu'elle trouve sa place si on ne la laisse pas faire ?

- Je vais te tuer, répondit Draco du tac au tac, sans vraiment le penser.

Il s'arrêta le temps qu'on dispose sur leur table la commande d'Harry. Les tasses étaient d'une délicate porcelaine et le thé sentait divinement bon, mais ça ne suffisait pas à le détendre assez pour ne pas avoir envie de frapper son imbécile d'ex-mari. Quand le jeune homme reparti en leur souhaitant une bonne dégustation, Draco reprit là où il s'était arrêté.

- Je ne laisse les garçons qu'à des gens en qui j'ai confiance et tu le sais parfaitement ! En dehors de mes parents, de Granger, Weasley, Blaise et Pansy, personne ne les a jamais gardés. Et, actuellement, je doute vraiment de ta capacité à le faire correctement.

- Tu es en colère, d'accord, mais…

- Mais rien, Harry ! Tu ne pourras rien dire qui justifiera ce que tu as fait. Ni pour moi, ni même pour James. Est-ce que tu as pris la peine de lui demander, à lui, s'il voulait rester avec quelqu'un qu'il n'avait jamais vu de sa vie ?

- Non, mais…

- Quoi ?

- Je ne pouvais pas le laisser tout seul avec Aiden.

- Parce que tu crois que c'est une bonne raison ? Tu n'aurais pas pu prendre cinq minutes pour les ramener à mes parents avant d'aller au boulot, vu que ça te tenait tellement à cœur, non.

- J'étais pressé, je n'y ai pas pensé, avoua Harry en baissant les yeux sur sa tasse.

Soufflant un coup et vérifiant que personne ne s'était tourné vers eux, attiré par leur discussion légèrement houleuse, Draco rassembla ses idées.

- Le problème, Harry, reprit-il doucement et plus calmement, c'est que tu ne penses jamais à rien. Il aurait pu leur arriver n'importe quoi et vu le temps que tu as mis à rentrer, ils auraient eu le temps d'avoir mille problèmes. Tu ne peux décemment pas confier nos enfants à quelqu'un que tu connais depuis si peu de temps. Et si elle s'en était prise à eux ?

- Ça ne serait pas arrivé.

- Tu n'en sais rien ! Et pitié, ne prétend pas le contraire.

Dit comme ça, Harry ne pouvait pas le nier. Il avait confiance en Marie, mais il ne la connaissait pas aussi bien qu'il connaissait Ron ou Hermione. Alors, oui, elle aurait pu le trahir et ses fils auraient pu en payer le prix.

- Ce que je trouve le plus hallucinant dans cette histoire, c'est que même après un mois sans les avoir vu et pour un soir aussi spécial, tu as trouvé le moyen de faire passer ton boulot avant tes enfants.

- Je n'avais pas le choix. Autrement, bien sûr que je serais resté avec eux.

- On a toujours le choix et tu as fait le tien depuis longtemps.

Sur ces mots, et laissant son sous-entendu flotter dans l'air, Draco se leva et quitta le salon. Il n'avait pas touché à sa tasse, ni à une seule pâtisserie. Il ne l'avait pas salué et n'avait pas jeté un regard en arrière, vers lui. Se massant le front, Harry songea au fait que, cette fois, il avait vraiment merdé. Avec cette histoire, Draco ne le laisserait pas voir ses enfants avant un bon moment. Il devait absolument régler le problème avec lui. C'était le mieux à faire et c'était aussi ce qu'il désirait. Il n'aimait pas du tout ce début de guerre entre eux, c'était insupportable. Au moins, contrairement à ce qu'il avait craint à un moment, Draco ne lui avait pas reproché de s'être recasé aussi vite. Sauf que Draco n'avait simplement pas eu l'occasion de le faire, trop pris dans son argumentation pour les garçons.

Assis à la table d'un restaurant dans lequel Harry avait réservé, Draco ne cessait de ruminer. Il lui avait fallu moins d'un an pour le remplacer, et c'était lui qui avait mis fin à leur relation, pas Harry. Même s'il en était le responsable, Draco avait beaucoup de mal à digérer. Sans parler du fait qu'il avait décidé de la présenter à leurs enfants, sans même lui demander son avis. C'était pourtant la seule règle à laquelle ils n'avaient jamais dérogé les concernant : prendre les décisions pour eux ensemble. Il y avait ça, et le fait qu'Harry lui avait donné rendez-vous deux fois en un mois. C'était presque un comble de le voir plus souvent en étant divorcé que marié. Tapant des doigts sur la table, dans un rythme soutenu, Draco patientait en observant la ruelle passante. Cette fois, Harry avait eu la décence de l'inviter du côté sorcier. Il le repéra tout de suite, distinguant sans problème sa silhouette parmi toutes les autres. Pour être à son avantage, il se redressa sur sa chaise et s'installa correctement, le regard braqué sur Harry qui s'approchait.

- T'es déjà là ?

- Je suis toujours en avance.

Devant cette évidence, Harry ne dit rien et s'installa en face de Draco.

- Tu attends depuis longtemps ?

- Non. Et même si c'était le cas, j'ai l'habitude. Pourquoi tu m'as fait venir ? Demanda-t-il avant qu'Harry ne réponde.

Il n'avait pas envie d'entendre une de ses phrases bateaux parce qu'il se sentait obligé de lui répondre quelque chose.

- Ah ça.

Gêné, Harry se gratta le visage, comme il le faisait toujours. Il se retenait de dire ce qu'il avait sur le bout de la langue, et Draco ne saurait pourquoi que quand Harry se décidera à parler.

- Si tu n'as rien à dire, je m'en vais. Je ne travaille peut-être pas, mais je n'ai pas toute ma journée à perdre.

- Excuse-moi. C'est juste que je cherche les bons mots.

Tout de suite après, il regarda autour de lui, notamment par la baie vitrée, avant d'harponner un serveur qui passait à côté de lui.

- Oui, monsieur ? Demanda l'homme en se postant face à lui.

- J'avais réservé pour trois, vous pourriez rajouter un couvert s'il vous plaît ?

- Bien sûr, toutes nos excuses pour cette erreur, monsieur. Je reviens immédiatement.

Déposant les cartes à la table d'à côté, l'homme repartit dans la direction opposée.

- Pour trois ? Fit Draco, qui ne comprenait pas très bien.

Harry ne lui avait pas dit qu'ils déjeuneraient avec une troisième personne, et il n'arrivait pas à déterminer qui ça pouvait bien être. Harry lui fit un petit sourire qui ne rassura pas franchement Draco.

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? S'impatienta-t-il.

Avant qu'il n'ait pu lui expliquer, Draco eut le déplaisir de voir arriver la jeune femme qu'il avait trouvée dans son ancienne maison. Glacé, il la regarda s'installer à côté d'Harry. Il les écouta se saluer. Le serveur choisit ce moment pour venir déposer le troisième couvert demandé devant elle.

- Je t'ai demandé de venir parce que, si je fais les présentations, Marie ne sera plus une inconnue.

Draco ouvrit la bouche, sans rien dire pour autant.

- Les présentations ? Lâcha-t-il finalement.

- Oui. J'ai pensé que si tu apprenais à la connaître, il n'y aurait plus de problèmes avec les garçons.

Déglutissant, Draco se leva d'un coup, surprenant Harry et la jeune femme qui n'avait pas osé lui adresser un seul regard ou un mot. Il ne se préoccupa pas de sa chaise renversée, de l'attention qu'il avait attirée, et contourna la table pour partir rapidement en direction de la porte.

- Draco, appela Harry en se tournant. Où est-ce que tu vas ? Draco !

Il n'obtenu aucune réponse et dut se contenter de le voir partir.

- Il n'a pas l'air de vouloir faire d'efforts, souffla Marie. Tu crois que cette situation durera longtemps ?

- Je crois qu'il est juste en colère et qu'il a besoin d'un peu de temps. J'ai sans doute voulu faire les choses trop vite.

Bousculant les passants en marchant aussi vite que ses jambes le lui permettaient, Draco transplana dès qu'il put. Il atterrit devant un perron qu'il franchit à toute vitesse et attrapa le heurtoir pour marteler la porte.

- C'est bon, j'arrive ! Cria une voix de l'autre côté.

Draco n'arriva pas à se calmer pour autant. Il franchit la porte dès qu'elle fut déverrouillée et s'engouffra dans le hall.

- Évidemment.

Avec un soupir, l'homme qui lui avait ouvert ferma la porte et le suivit jusque dans son salon. Draco se tourna vers lui et s'apprêta à parler avant de le scruter de la tête aux pieds.

- Tu sais qu'il est midi passé ?

- Moi aussi je suis content de te voir, répondit Blaise. Et pour répondre à ta question, j'ai travaillé de nuit.

- Je t'ai réveillé ?

Blaise allait confirmer et le lui reprocher quand il vit l'expression de Draco. Il fut d'un seul coup bien plus réveillé.

- Tu vas bien ? S'inquiéta-t-il.

- Il a osé, souffla Draco. Il m'a invité pour me présenter sa pouffe en soutenant que comme ça, elle ne serait plus une inconnue. Il a osé !

- Holly, appela Blaise.

Il attendit que son elfe de maison apparaisse et lui demanda de leur apporter du thé. Quelque chose qui calmerait les nerfs de Draco. L'elfe s'inclina devant son maître et disparut.

- Assieds-toi, invita Blaise en désignant le canapé.

Draco s'y laissa tomber et prit son visage entre ses mains. Pour lui montrer son soutien, Blaise s'installa à côté de lui.

- Qu'est-ce qui s'est passé exactement ?

- Tu te rappelles ce que je t'ai raconté, sur le soir de Noël ?

- Harry qui a laissé les garçons à cette femme, oui je m'en rappelle.

- Depuis, on arrête pas de se disputer à propos de ça, parce que je refuse qu'une sombre inconnue s'occupe de mes enfants et cet abruti n'a rien trouvé de mieux à faire que vouloir me la présenter.

S'interrompant dans leur conversation le temps qu'Holly dépose le plateau sur la table basse, Draco en profita pour mettre un peu d'ordre dans ses idées.

- Ça fait même pas un an qu'on est plus ensemble et il a déjà tourné la page.

Blaise lui tendit sa tasse, qu'il prit et dont il but une gorgée, avant d'en faire de même.

- En revanche, toi, tu n'as pas l'air de l'avoir tourné.

- Comment tu veux que je fasse ? S'exclama Draco en posant des yeux embués sur son ami. On est resté ensemble pendant plus de dix ans. Et moi, comme un con, j'ai ruiné mon mariage sur un coup de poker…

Draco reposa la tasse pour se couvrir la bouche et essayer de contrôler ses larmes, même si certaines parvenaient à s'échapper.

- Je voulais qu'il réagisse, souffla-t-il d'une voix tremblante. Qu'il réalise que ça n'allait pas. Je voulais qu'il se batte pour nous…

- Draco, ne t'en veut pas d'avoir craqué, réconforta Blaise en posant sa main sur son épaule. Tu ne supportais plus qu'il passe sa vie au boulot.

- J'aurais dû commencer par lui dire ça au lieu de faire un truc aussi stupide que de demander le divorce. Maintenant il s'est mis en couple avec la première pétasse qu'il a croisé et il veut l'intégrer dans la vie des garçons.

- Tu aurais pu, mais tu as préféré l'électrochoc. Quand tu nous en as parlés, tu étais convaincu qu'une simple discussion n'aurait aucun effet, qu'il fallait qu'Harry soit mis au pied du mur pour se rendre compte des choses et je pense toujours que tu étais dans le vrai.

- J'étais peut-être dans le vrai, mais j'ai perdu mon mari.

Cachant son visage de Blaise, Draco essuya les larmes sur ses joues. Il les avait vues, Draco le savait, mais ça lui donnait au moins l'illusion d'avoir encore un minimum de contrôle sur la situation. En l'espace de quelques minutes, il avait à nouveau eu le cœur brisé. Il l'avait presque entendu se fissurer dans sa poitrine et ce qui lui faisait le plus mal, c'était de voir qu'Harry n'avait rien remarqué. Ni les sentiments qu'il n'avait jamais cessé d'éprouver pour lui, ni la douleur qu'il ressentait continuellement depuis leur séparation.