Hey ! Je ne me suis pas rendu compte que le dernier chapitre datait déjà autant, du coup je ne tarde pas plus à poster celui-ci.
Petite information qui a quand même son importance, dans ce chapitre et dans l'épilogue juste après, il y a des flash-backs. Je n'aime pas trop en mettre en plein milieu de la narration tous les deux paragraphes, mais ici ça s'y prêtait, donc j'ai fait une exception. Les flash-backs sont écrits en italique, et normalement vous ne vous perdrez pas. J'ai essayé de faire en sorte que ce soit le plus fluide et compréhensible possible.
D'ailleurs, il s'agit du dernier chapitre de l'histoire, donc je vous poste l'épilogue tout de suite après !
Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser une review !
Serrant son trousseau de clés à s'en faire mal, Harry resta planté devant la porte de chez lui un long moment avant de se décider à l'ouvrir d'une main tremblante. Quand il la poussa, elle alla s'écraser contre le mur à l'intérieur et il mit plusieurs secondes avant d'entrer. Le couloir était vide, et Harry s'avança jusqu'à la pièce principale, le cœur aussi lourd que du plomb. Il se posta, immobile, devant l'entrée et observa les murs dénudés.
Vivre dans cette maison était finalement devenue trop oppressant et sans y réfléchir, Harry s'était mis en tête de la vendre. Quel intérêt avait-il à la garder de toute façon ? Alors, un peu plus tôt, il l'avait fait vidée et elle lui paraissait tout à un coup immense et glacial.
À force de balader son regard, Harry finit par se laisser envahir par ses souvenirs. Ils prenaient forme sous ses yeux.
Glissant son pinceau sur le mur après l'avoir plongé dans la peinture, un petit sourire aux lèvres, Harry pencha la tête sur le côté et jeta un regard à Draco, posté derrière lui.
- Qu'est-ce que tu regardes ?
- Pourquoi tu t'embêtes à faire ça ?
- Faire quoi ?
Draco lui montra le pinceau du bout de sa baguette.
- Avec un sort, ce serait déjà réglé.
D'humeur joueuse, alors que Draco s'apprêtait à en lancer un, Harry le déconcentra en étalant de la peinture sur sa joue. Reculant d'un pas et la bouche ouverte par la surprise, Draco passa les doigts sur la marque et leva les yeux vers Harry.
- Tu es sérieux ?
Pouffant, il évita de justesse le sort de Draco en se baissant. Derrière lui, un impact de peinture d'une toute autre couleur venait entacher son travail. Riant un peu plus, il se redressa et s'arma de son pinceau.
- Tu veux jouer à ça ? Fit-il d'un air de défi.
Ne pouvant retenir son sourire, Draco chercha à s'éloigner en le pointant avec sa baguette.
- N'essaye même pas, gloussa-t-il.
- Je vais me gêner.
S'élançant vers lui, dans leur double hilarité, Harry laissa de nouvelles traces sur sa peau et ses vêtements. Après quelques minutes de luttes acharnées, il attrapa Draco par la taille et le colla contre lui.
- J'espère que vous appréciez la couleur, Monsieur Potter, se moqua-t-il alors que Draco s'essuyait la bouche.
- Plus visuellement que gustativement, je dois bien l'avouer Monsieur Malfoy.
Draco releva ses yeux vers lui et lui fit son fameux sourire. L'enserrant plus fermement dans ses bras, Harry se régala de son rire et se gorgea de sa présence.
La gorge nouée, Harry se détourna de la pièce avec l'impression d'entendre le rire de Draco comme s'il était à côté de lui. Cherchant à s'en éloigner, et à ignorer les fantômes de leur passé qui rôdaient dans tous les coins, Harry monta les escaliers. Pourtant, il fut attiré par un nouveau souvenir et s'arrêta devant la chambre qui avait toujours été celle de James.
Assis par terre, Draco poussa le plus long râle d'agacement qu'Harry lui ait jamais entendu et jeta rageusement le papier qu'il tenait entre les mains sur ses jambes.
- J'en ai marre ! S'écria-t-il. Je n'y comprends rien !
Le regardant du coin de l'œil en se retenant de rire, Harry donna un dernier coup de tournevis pour faire tenir les planches qu'il venait d'assembler.
- C'est un guide de montage, Draco, pas un manuel de philosophie.
- Et tu peux me dire pourquoi il y a tellement de sortes de planches et de vis qui se ressemblent toutes ? Comment je suis censé les différencier !
Collant le dos de sa main à sa bouche pour se contrôler, il ravala son rire et le regarda.
- Toi qui dénigres tant les moldus, on a trouvé quelque chose sur lequel ils te battent largement.
- Répète ça pour voir, menaça faussement Draco.
Harry ne répondit que d'un large sourire moqueur et repris son activité en essayant de faire abstraction du regard noir que lui lançait Draco. Il posa les yeux sur le travail qu'il avait déjà accompli et senti une joie encore inconnue se répandre dans sa poitrine. Même s'ils avaient encore de longs mois devant eux, le berceau de leur bébé était quasiment monté et il ne manquait plus grand-chose dans la chambre.
Ne pouvant empêcher un sourire de naître sur ses lèvres, Harry resta assez longtemps pour voir un autre souvenir prendre forme. Il n'avait plus repensé à celui-là depuis longtemps mais il se sentit nostalgique de ces moments. Quand, les premières semaines, Draco s'asseyait sur la chaise à bascule, James endormi tout contre lui, et qu'il se mettait accroupi près d'eux pour regarder son visage si paisible. Quand lui et Draco discutaient d'une voix à peine audible de ce que ça leur faisait ressentir d'être parents. Reculant d'un pas et se tournant, Harry se retrouva devant celle d'Aiden.
S'approchant de la pièce d'où venait les voix, Harry trouva Draco et leur fils dans la chambre qu'ils préparaient pour leur deuxième enfant. Soupirant, et bien qu'il n'ait plus beaucoup d'énergie après sa journée de boulot, Harry regarda son mari installer un meuble contre le mur, adossé au chambranle de la porte.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il.
- Je pense que ça se voit, répondit Draco.
- On fait la chambre pour Aiden, papa, fit James.
Harry fit un sourire à son fils, loin d'être étonné de le trouver collé à Draco qu'il suivait toujours partout. Il reporta ensuite son attention sur Draco qui continuait son déménagement.
- C'est à moi de le faire.
S'arrêtant, Draco se tourna vers lui et le regarda d'une façon qu'il ne sut déchiffrer, parce qu'il avait enfilé son masque neutre.
- Justement, il est là le problème. On a moins d'un mois pour finir et la seule chose qui soit prête, ce sont les murs.
Draco se détourna de lui pour reprendre, laissant Harry scotché.
En se rappelant de ça, Harry réalisa qu'il avait été moins présent pour accueillir Aiden qu'il ne l'avait été pour James. Pourtant il l'aimait tout autant.
D'un coup, une vérité s'insinua dans son esprit. Il avait commencé à négliger sa famille à cette époque. Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine et même s'il avait envie de s'enfuir loin pour fuir la réalité, il se dirigea vers sa chambre. Celle qu'il avait partagée avec Draco pendant des années. Posant une main sur l'encadrement, la première chose qui le frappa fut le rebord de la fenêtre. Les traits de son visage se crispèrent en une expression douloureuse.
Assis entre les jambes d'Harry, calé contre son torse, sous un plaid, Draco écoutait son mari lui faire la lecture à la lueur de la lune. Quand il recommença plusieurs fois la même phrase, parce qu'il était incapable d'en déchiffrer l'un des mots, Draco se mit à rire.
- C'est pas possible d'être aussi nul, souffla-t-il en levant un regard tendre vers lui.
- Ne te moque pas de moi, répondit Harry avec un sourire.
- Continue.
Draco ferma les yeux et se concentra à moitié sur l'histoire. L'autre moitié écoutait les battements réguliers du cœur d'Harry.
Se laissant tomber à l'intérieur du tour de la porte, Harry appuya son dos contre la planche trop petite, ramena grossièrement ses jambes contre lui, qu'il entoura de ses bras, et garda la tête tournée vers sa chambre à regarder des souvenirs à n'en plus finir. C'était ici qu'il avait passé le plus de bons moments. Ceux-là qui lui donnaient le plus envie de pleurer.
Un grincement venant de l'escalier résonna dans le couloir mais Harry ne s'en préoccupa pas. Il préférait se rappeler tout ce qu'il avait pu vivre à l'intérieur de ces quatre murs.
- Qu'est-ce que tu fais par terre ? Demanda la voix de Ron.
Le rouquin échangea un regard avec Hermione. Harry leur avait demandé de passer, un peu plus tôt dans la journée. D'habitude, Ron se serait probablement moqué de lui avec des coups d'épaules, mais là, il était un peu trop inquiet pour ça. Décidant d'adopter la même posture, Hermione s'installa sur le sol, contre le mur à côté d'Harry.
- Tu vas bien ? Fit-elle doucement.
S'approchant, Ron les imita et s'installa juste en face d'Harry, lui aussi contre le mur pour être plus à l'aise.
- On s'asseyait souvent là-bas, déclara Harry en pointant le rebord de la fenêtre du menton. La plupart du temps, je leur faisais la lecture à lui et à James, quand il était petit.
Hermione se pinça les lèvres. La première chose qui lui était venue à l'esprit était une remarque plutôt désagréable et Harry ne semblait pas en état de l'entendre.
- Ça fait bizarre de voir ta maison vide, souffla Ron. Ça faisait déjà bizarre de ne plus y voir Draco et les petits…
Lui donnant un discret coup de pied pour le faire taire, Hermione lança un regard noir à Ron qui lui rendit la pareille.
- J'ai été nul, renifla Harry. Pire que nul, même.
- Harry…
- Qu'est-ce que tu ressens ? Coupa Hermione.
- Ça fait mal, répondit Harry d'une voix tremblante. Je les ai perdus et c'est seulement maintenant que je sens ce vide.
- Tu es triste maintenant ?
Harry hocha la tête, grimaçant un peu plus pour retenir ses larmes. Pendant des mois, c'était comme s'il avait été hermétique à ses propres émotions, à la réalité. Il n'avait jamais vraiment réalisé qu'ils n'étaient plus là, qu'ils lui manquaient, que c'était fini.
- C'est pas trop tôt, soupira Hermione.
Ron imita la réaction qu'avait eue sa femme un peu plus tôt et lui donna un léger coup de pied.
- Pourquoi j'étais pas triste, avant ? Demanda Harry, sans vraiment vouloir savoir.
- Tu l'étais, assura Ron. Mais tu ne t'en rendais peut-être pas compte.
- Harry n'est pas aussi bête que toi.
Hermione se tourna un peu plus vers Harry, passant un morceau de sa jupe sous ses jambes, et chercha à capter son regard. Ce fut un échec, Harry était bien trop obsédé par sa chambre.
- Tu étais complètement déconnecté de la réalité. Elle est là l'explication.
Reniflant légèrement, il tourna des yeux rougis vers elle et la regarda sans rien dire.
- Tu passais ta vie au travail, rappela-t-elle. Est-ce que tu te souviens de ce que c'était de vivre avec eux ?
- Hermione a raison. Tu partais à l'aube pour rentrer tard. Tu ne les voyais plus, normal que tu n'aies pas été affecté par leur départ.
Se prenant un poignard en plein cœur, Harry ne voulut pas croire qu'il avait été aussi distant avec ceux qu'il aimait le plus. S'être tellement habitué à leur absence que leur départ ne l'avait qu'à peine atteint.
- Je les aime.
- Personne n'a dit le contraire, Harry, souffla Hermione d'une voix triste.
- Oui, tu aimes tes fils. Mais Draco ?
Là-dessus, Hermione ne pouvait rien dire alors elle baissa le nez. Ron, lui, continua de regarder Harry avec insistance. Même s'il fut déstabilisé par son expression peinée, il n'en montra rien.
- C'est ça le problème, Harry, continua-t-il. T'as tout perdu parce que tu l'as laissé tomber. Pourquoi il aurait voulu continuer de vivre avec toi puisque tu ne le regardais même plus ? Et ça, même s'il t'aime.
- C'est faux, voulut se défendre Harry d'une petite voix.
- Ah oui ? Reprit Hermione. Pourtant, c'est toi qui as oublié votre dernière Saint-Valentin.
Honteux, Harry baissa la tête et se recroquevilla un peu plus. Il ne s'était rappelé de cet événement que quelques heures plus tôt et, à cet instant, il lui rappelait horriblement à quel point il avait été négligeant.
- C'est toi qui es parti travailler ce jour-là. Plus tôt que d'habitude, avant de rentrer à pas d'heure pour aller directement te coucher. Tu sais, Harry, après que tu sois parti, Draco a attendu quelques heures en espérant que tu réalises et que tu reviennes, lui dévoila Ron.
- Quand il a compris que tu avais bel et bien oublié, il n'a pas voulu gâcher la réservation qu'il avait faite, alors il nous a envoyé un hibou avec ses billets. Et même après ça, il a quand même gardé espoir que tu t'en souviennes les jours d'après. Que ça ne soit qu'un report.
Voyant qu'il ne répondait rien et se disant qu'il ne trouvait peut-être rien à répondre, même si sa culpabilité augmentait, Hermione et Ron avaient encore des choses peu agréables à lui dire mais qu'il avait besoin d'entendre.
- C'est ton obsession pour ton travail qui a ruiné votre relation, lui dit Hermione.
- Draco était prêt à l'endurer, et il l'a fait pendant des mois, mais ça lui a fichu un sacré coup que tu oublies votre journée. Ça avait toujours été spécial pour vous deux.
- C'est parce qu'il t'aimait qu'il n'a pas supporté d'être devenu transparent. Et c'est pour ne plus souffrir qu'il est parti, même si t'arrives encore à lui faire du mal.
Le regardant rentrer la tête et la couvrir de ses bras, Hermione et Ron virent le corps d'Harry se secouer. Il ne faisait presque aucun bruit et savoir si c'était dû à une forte respiration ou des sanglots étaient difficiles à déterminer. Pourtant, même s'ils avaient endossé le mauvais côté de l'amitié, et qu'ils ne savaient pas vraiment réconforter Harry, ils restèrent à leur place, près de lui. Sans rien dire.
Alors que le soleil déclinait de plus en plus et que Draco s'étonnait de ne toujours pas avoir reçu la visite du facteur, quelqu'un sonna à sa porte. Il le trouva sur le pas de sa porte, un ours en peluche sous un bras et un paquet emballé dans l'autre.
- C'est pour moi ? Demanda-t-il, intrigué.
- Oui.
L'homme lui tendit d'abord la peluche, puis le paquet, et lui souhaita une bonne soirée. Draco lui rendit la politesse rapidement et referma la porte d'un habile coup de pied. Ne comprenant pas trop à quoi rimait cette nouvelle livraison, il emporta le tout dans le salon, posant les deux objets sur le canapé. Il trouva la carte coincée dans le ruban qui entourait le paquet et s'en saisit.
« J'aimerais t'avoir tout entier et cela inclus tes enfants. Alors voici de petits cadeaux pour trouver grâce à leurs yeux. »
Relisant encore une fois avant de jeter un regard aux cadeaux, Draco ne sut pas trop comment l'interpréter mais un tout petit quelque chose au fond de lui était heureux de savoir que ses enfants comptaient tout autant que lui. Parce qu'il n'irait jamais nulle part sans eux.
- Nounous ! S'exclama joyeusement Aiden en laissant tomber son buste contre les deux grosses pattes.
Surpris, Draco le regarda et repéra rapidement James. Il l'avait amené ici. Soupirant, il se résigna. Il aurait voulu prendre le temps de réfléchir à quoi faire de ces cadeaux, s'il voulait les donner ou non à ses enfants, mais Aiden avait vu la peluche et semblait déjà l'aimer, ce serait cruel de sa part de la lui retirer.
- Y'a pas de fleurs ? Demanda James.
- Non, répondit Draco avec un rapide sourire. Les cadeaux sont pour vous aujourd'hui.
Jetant un regard curieux au canapé, James comprit tout seul que la peluche était pour son petit frère, lui était trop grand pour ce genre de chose.
- Je peux l'ouvrir ? Demanda-t-il en pointant le paquet emballé.
Draco hocha la tête et s'installa sur le fauteuil pour le regarder faire. S'il avait voulu garder une attitude neutre et un recul – il ne voulait pas non plus que sa mère trouve un nouvel amoureux – James ne put s'empêcher de sauter de joie en soulevant le couvercle de la boite, exposant un balai qu'il était encore trop jeune pour utiliser. Qui que ce soit l'admirateur de Draco, il venait probablement de conquérir le cœur de ses garçons.
