Et voilà l'épilogue ! Il est plus long que les chapitres (le double) parce que je n'avais pas envie de le couper, je trouve que tout est à peu près fluide.

Bonne lecture ! Et on se retrouve à la fin !


Draco venait tout juste de déposer James et Aiden à ses parents, il était juste devant le manoir et leva le nez pour profiter de la brise qui vint lui caresser le visage. C'était rafraîchissant et elle lui faisait du bien. Avec ses sentiments en pagaille, il avait fini par prendre une décision dont il n'était pas encore tout à fait sûr mais c'était sa décision alors il transplana avant de changer d'avis.

Quand il fut enfin sur le pont regorgeant de cadenas, une vague de tristesse et de nostalgie l'envahi. Il s'approcha tout de même de l'une des barrières, se mit accroupi, et effleura tous ces cadenas placés là par des couples persuadés de ne jamais se quitter, jusqu'à trouver le bon. Un cadenas classique, sur lequel avait été inscrit au marqueur « DM + HP » sur une face, et une date sur l'autre, celle du jour où ils l'avaient accroché. Celle du jour où Harry lui avait fait sa plus belle déclaration.

En l'observant, il laissa le dernier souvenir qu'il avait de ce pont, de ce cadenas et de cette vue, lui remonter en mémoire.

Draco était assis près de son avocate, face au juge. La main tremblante et l'écriture maladroite, il venait de signer les papiers du divorce avant de les passer à Harry. Il l'observait, du coin de l'œil, les signer d'un coup, sans hésiter, et le dernier espoir de Draco de sauver sa relation avec Harry venait de disparaître. Jusqu'au bout, il avait prié pour qu'il lui fasse une scène, une déclaration d'amour enflammée pour le supplier de changer d'avis. Qu'il le supplie de ne pas signer. Sentant son cœur se serrer et les larmes lui monter, il serra discrètement son pantalon. Face à eux, le juge prononça le divorce et Draco se leva d'un coup avant de prendre la direction de la porte. Il n'avait pas envie de craquer devant qui que ce soit.

- Draco, attend, l'interpella Harry.

La poignée de la porte en main, Draco s'arrêta sans se retourner. Il ne pouvait pas le regarder.

- Je me disais que… On pourrait peut-être rester en bons termes, comme des amis.

Son souffle se coupant dans sa gorge et ses lèvres se mettant à trembler, Draco fit la seule chose qu'il put faire dans son état : prendre la fuite. Il ne se soucia pas d'Harry criant son nom, ni des gens qui le regardaient étrangement, ou ceux qu'il bousculait en courant à travers les couloirs du Ministère. Il transplana dès qu'il put et le premier endroit auquel il pensa fut celui qui lui fit le plus mal au cœur. En voyant le paysage face à lui, il craqua et un flot de larmes incontrôlables dévala ses joues. Rapidement, il dut s'appuyer sur la rambarde. Il serra ses bras et inonda le tissu de ses manches avec ses pleurs. Depuis qu'il avait demandé le divorce, il avait eu mal au cœur, continuellement, sans rien pouvoir y changer et en souffrant un peu plus chaque jour, mais aujourd'hui, on venait de le lui briser.

Il ne les entendit pas arriver, mais quand une main se posa sur chacune de ses épaules, il sut que Blaise et Pansy venaient de le rejoindre. Plus tactile que leur amie, Blaise fut le premier à l'enlacer, l'entourant d'un bras et calant sa tête contre la sienne.

- Il veut qu'on reste amis, sanglota Draco.

- Je suis désolé, lui souffla Blaise au creux de l'oreille.

Pansy avait fait glisser sa main et lui frottait doucement le dos. Elle n'avait jamais été douée pour réconforter les gens mais elle voulait être là pour son ami.

- C'est fini maintenant…

Draco pleura plus fort encore. Il détestait qu'on puisse le voir comme ça, il avait toujours fait des pieds et des mains pour ne jamais se montrer faible, mais il n'avait encore jamais été si malheureux. Quand Draco, dans un élan, leur avoua que c'était sur ce pont qu'Harry lui avait fait sa demande en mariage et que, lui, lui avait annoncé par la suite la grossesse de James, les larmes montèrent aux yeux de Pansy qui se colla contre son ami.

Draco respira un bon coup pour refouler ses larmes. Ce jour-là, il avait pleuré à n'en plus finir. Ça lui avait paru durer des heures avant que Blaise et Pansy ne l'arrachent à la barrière pour rentrer. Caressant une dernière fois ses initiales et celles d'Harry avec un léger sourire, Draco fit glisser sa baguette dans sa manche. Il la cacha le plus possible du regard des moldus et murmura un sortilège de déverrouillage. Le cadenas s'ouvrit aussitôt, lui serrant un peu plus le cœur et il le retira comme il put. Même s'il ne signifiait plus rien aujourd'hui, Draco ne put se résoudre à le jeter et l'emporta avec lui. Il resta dans sa poche une bonne partie du reste de la journée.

Il y était, quand Draco retourna chez ses parents et qu'il dîna là-bas, quand son père lui fit passer un véritable interrogatoire pour savoir où il en était avec son admirateur secret et il y était quand Draco rentra chez lui avec ses fils. Il passa un moment privilégié avec eux, parce qu'il était sûr et certain de l'amour qu'il ressentait pour eux, coucha Aiden et partit récupérer une boite qu'il gardait en bas de son placard pendant que James, habitué à une vie à moitié moldu, regardait son dessin animé. La boite en main, il prit place au bord de son lit impersonnel et trop petit, puis l'ouvrit doucement.

- Tu fais quoi maman ?

Draco tourna la tête et vit James dans l'encadrement de la porte.

- Tu as déjà mis ton pyjama, constata-t-il.

- Oui.

- Et ton dessin animé ?

- Je l'ai déjà vu celui-là alors j'ai éteint la télé, répondit James.

Il louchait toujours sur la boite de sa mère et Draco lui fit signe d'approcher. Content, il le rejoignit en quatrième vitesse et grimpa sur le lit à côté de lui. Tirant le vieux cadenas de sa poche, Draco le plaça dans la boite, avec le reste.

- C'est quoi ? Demanda James.

- Ce sont des affaires que je partageais avec papa, répondit Draco.

- C'est ta bague ! Remarqua James en la pointant du doigt.

- Oui.

Ça faisait déjà plusieurs jours qu'il avait retiré sa chaîne et l'avait mise de côté. La sensation qu'il lui manquait quelque chose n'était toujours pas partie, mais Draco savait que c'était ce qu'il devait faire.

- Pourquoi t'as enlevé ta bague ?

- Parce que ça me faisait mal au cou, menti Draco en se disant que ça passerait.

- C'est quoi ça ? Fit ensuite James en montrant le cadenas.

- C'est un cadenas qu'on a accroché avec papa sur un pont.

- Pourquoi ?

Draco chercha ses mots pendant de longues secondes, il ne savait pas trop comment lui expliquer ça.

- Sur ce pont, il y a beaucoup d'amoureux qui accrochent des cadenas avec leurs noms, et puis après, ils jettent la clé. C'est comme une promesse de rester amoureux pour toujours.

Levant le nez vers sa mère, James le regarda longuement avant de poser sa question d'une petite voix.

- Pourquoi tu l'as enlevé ? Tu l'aimes plus, papa ?

Ne répondant pas, Draco préféra passer sa main dans ses cheveux, et embrasser son front. Il lui souffla qu'il était l'heure pour lui d'aller se coucher et l'emmena dans sa chambre. Pour qu'il oublie sa question, il lui lut l'histoire de son choix et le borda comme il l'avait toujours fait, lui souhaitant une bonne nuit. En regagnant sa chambre, Draco vit la boite laissée ouverte sur le lit. Il la referma rapidement et la rangea à sa place, espérant ne plus avoir à y penser. Même si c'était dur, il devait se faire une raison : sa vie avec Harry était terminée et lui était en train de passer à autre chose. Il ne l'aimait plus.

Assis dans un fauteuil, quelques jours plus tard, Draco referma son livre et se massa le front. Il n'arrivait pas à se concentrer, il pensait à bien trop de choses sans avoir la moindre réponse. Choisissant ce moment pour sonner, Draco dû aller ouvrir à son facteur. Il lui fit un sourire poli, habitué à le voir maintenant. L'homme le lui rendit avant de lui tendre un paquet. Il était rectangulaire, un peu épais et emballé dans un joli papier, du ruban de soie noué autour.

- Encore un paquet ?

- Il semblerait, répondit le facteur.

Partant s'installer à table après l'avoir récupéré, Draco tira doucement sur le nœud avant de déballer son colis du jour. Qu'est-ce qu'il allait trouver à l'intérieur cette fois ? Encore un cadeau pour les enfants ? Et il n'y avait aucune carte. Peut-être que ça ne venait pas de son admirateur mais de quelqu'un d'autre. Soulevant le couvercle, il découvrit un album photos. Fronçant les sourcils, Draco le sortit de la boite et souleva la couverture. Sous la première feuille de papier, il découvrit une photo qui le déstabilisa. Une vieille photo de lui et Harry, quand ils avaient commencé à sortir ensemble. Quand le moindre événement était une nouveauté. Draco passa ses doigts dessus. Il ne se souvenait pas très bien de ce jour, mais il se rappelait de ses sentiments.

Sur la page suivante, Draco trouva une nouvelle photo d'eux, un peu plus tard. Il comprit rapidement que l'album entier était rempli de leurs photos, accompagnées parfois de petits mots tapés à la machine. Que ça retraçait leur histoire et les photos n'avaient pas été choisi au hasard. Même s'il ne se souvenait pas toujours du moment où elles avaient été prises, les autres étaient flagrantes. Comme sa photo de mariage. Sa photo préférée de l'événement, plus précisément. Dessus, Harry semblait tellement heureux, tellement amoureux. Les larmes montèrent aux yeux de Draco mais il continua tout de même. Revoir le petit être minuscule qu'avait été James le fit sourire.

- Tu fais quoi ?

Sortant de sa bulle, Draco baissa les yeux vers son fils aîné. Décidément, il était d'une curiosité sans nom.

- C'est mon nouveau cadeau, lui répondit Draco. Un album photos.

- Avec des photos ?

- Oui.

- Des photos de quoi ?

Affichant un sourire amusé, Draco tira la chaise à côté de lui.

- Viens voir.

Content, James poussa la chaise pour être au plus près de Draco et grimpa dessus, assis sur ses tibias, pour voir les photos.

- C'est papa ! S'exclama-t-il dès qu'il posa les yeux sur la photo.

- Il n'y a que des photos de papa et moi, lui révéla Draco.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas.

Draco ne savait vraiment pas, mais il avait terriblement envie que cet album lui vienne d'Harry et qu'il ait une signification particulière. Parce qu'il ne faisait clairement pas partie de ceux qu'ils avaient remplis jusqu'à maintenant. Si c'était Harry, alors peut-être que tout n'était pas fini.

- C'est papa qui l'a fait ?

- Je ne sais pas.

Observant Draco, James comprit sans trop de mal que ça lui ferait plaisir que ce soit le cas. Qu'il allait enfin sourire pour de vrai et ne plus être triste. Pour éviter qu'il ne lui pose encore une tonne de question, Draco regarda la fin de l'album avec son fils. Sur l'avant-dernière page, Draco fut surpris de ne voir aucune photo, mais un message manuscrit. De l'écriture d'Harry.

« Je t'aime. Alors… »

Il s'empressa de tourner la page d'une main tremblante et lut la suite avec appréhension.

« Est-ce que tu veux encore de moi ? »

Juste en dessous, il avait scotché son alliance sur la page. Il l'avait gardé et le cœur de Draco se gonflait d'espoir dans sa poitrine. Faisant attention à ne pas déchirer le papier, Draco décolla l'alliance et la prit entre ses doigts pour l'admirer.

- C'est la bague de papa ? Demanda James.

- Oui.

Tendant la main vers elle, James s'en empara et la regarda à son tour.

- Elle est bizarre, dit-il.

- Pourquoi tu trouves qu'elle est bizarre ?

- Elle est cassée.

James lui mit les gravures, des arcs de cercle à intervalle régulier, sous le nez et Draco ne put s'empêcher de le trouver adorable. Il lui passa la main sur les cheveux avec un sourire.

- Tu te rappelles de ma boite ? Celle dans laquelle j'ai rangé ma bague ?

- Oui.

- Elle est dans mon placard, sous la grosse couverture verte. Tu veux bien aller la chercher ? Je vais te montrer quelque chose.

- D'accord.

Le garçon descendit de sa chaise et fila récupérer la boite pendant que Draco passait son doigt sur les gravures sur et à l'intérieur de l'anneau. Harry avait beau l'avoir enlevé, il ne s'en était pas débarrassé. S'il avait conservé son alliance, c'est qu'elle devait être importante pour lui.

- Tiens.

James tendit la boite à Draco et se réinstalla dès qu'il put. L'ouvrant, Draco en extirpa la sienne, qu'il retira de la chaîne, et plaça les anneaux côtes à côtes, de façon à ce que les gravures s'alignent.

- C'est des cœurs ! S'exclama James, surpris et impressionné à la fois.

- Oui.

C'était terriblement niais, et Draco avait longtemps bataillé pour y échapper, mais Harry n'avait jamais lâché le morceau.

- Maman, souffla James en essayant de capter son regard.

- Hm ?

- Pourquoi y'a la bague de papa avec les photos ?

- Tu sais quoi ? Lui répondit Draco. Je crois que c'est papa qui a fait l'album et qui nous l'a envoyé.

James fronça légèrement les sourcils, il ne comprenait pas vraiment ce que ça voulait dire.

- Et si on allait voir papa ?

En voyant sa moue, Draco s'empressa de clarifier les choses.

- Tous les trois, pour que je puisse discuter avec lui. Tu joueras avec Aiden dans le salon.

- D'accord, capitula James.

Il savait très bien que, de toute façon, il n'aurait pas eu le dernier mot.

- Va mettre tes chaussures et ton manteau. Je m'occupe d'Aiden.

James hocha la tête et descendit de sa chaise pour filer dans le couloir. Refermant délicatement l'album, Draco se leva à son tour pour aller chercher son fils cadet dans son parc.

Une demi-heure plus tard, ils se présentaient à leur ancienne maison. Harry ouvrit la porte sans grande conviction avant de rester figé en les voyant.

- Draco ?

Il baissa ensuite les yeux vers James, debout à côté de lui et qui évitait légèrement son regard.

- On peut entrer ? Demanda Draco.

Hochant vivement la tête, Harry se décala et les laissa passer. Devant la porte du salon, Draco confia Aiden à James et l'y poussa gentiment. Même s'il n'était pas très convaincu par cette initiative, et qu'il avait peur que ses parents se disputent encore une fois, il emmena son petit frère par la main en les regardant par-dessus son épaule. Draco ne prit pas le temps de s'en amuser et se releva pour se tourner vers Harry.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Bafouilla Harry.

Finalement, incapable de vendre la maison, il avait tout annulé, quitte à devoir cohabiter avec les fantômes. Draco lui accorda un regard qu'il ne sut déchiffrer, bien qu'il ne laissait rien de négatif s'échapper, et se dirigea vers la pièce attenante au salon. Harry le suivit rapidement, se retenant de faire un détour pour aller voir ses enfants.

- Je suis venu pour qu'on discute, lui dit Draco dès qu'il eut passé la porte.

Harry la repoussa, sans la fermer complètement pour autant, et rejoignit Draco pour se poster face à lui. Attrapant le poignet d'Harry, Draco lui ouvrit la main et y déposa son alliance.

- Je te rends ça.

Baissant les yeux dessus, la première réaction d'Harry fut d'avoir le cœur comprimé. Qu'est-ce qu'il devait comprendre ? Sa tentative n'avait pas marché ? Il était arrivé trop tard ? Relevant les yeux vers Draco, il le vit lui sourire légèrement.

- J'ai reçu ton cadeau. Ou plutôt, tes cadeaux, non ?

Ouvrant la bouche, Harry baissa le nez. C'était bien lui qui avait fait livrer les cadeaux. Tous. Sans vraiment savoir pourquoi il avait acheté le premier bouquet de fleurs.

- J'aimerais te poser une question, continua Draco.

- Je t'écoute.

La voix d'Harry était mal assurée. Il aurait tout donné pour pouvoir savoir à l'avance ce qui allait se passer. Est-ce qu'à force de recevoir des cadeaux anonymes, Draco avait fini par tourner la page, comme l'espérait son père ?

- Pourquoi tu as fait ça ?

Surpris, il releva les yeux vers lui et vit que Draco était au moins aussi stressé que lui.

- En fait, je ne sais pas trop. La première fois, c'était comme si un autre moi avait pris le contrôle.

- Et les cartes ?

- Pareil, je ne me rendais pas vraiment compte.

Draco aurait dû s'en douter, et pourtant il était quand même déçu.

- Pourquoi avoir continué ? Qu'est-ce que t'espérais ?

Après un moment de silence, Draco posa une nouvelle question, la voix tremblante.

- Pourquoi avoir écrit que tu m'aimes ?

- Parce que c'est la vérité ! S'exclama Harry.

- Ah oui ? Ironisa Draco. Comment tu veux que je croie à ça ? Après tout ce qui s'est passé ces derniers mois.

Faisant un pas vers lui avant de se raviser, Harry plongea son regard dans le sien pour la première fois depuis longtemps.

- Je t'aime, dit-il. Je n'ai jamais arrêté de t'aimer, pas même une seconde. J'avais seulement oublié à quel point c'était vrai et je m'étais tellement habitué à ne plus vous voir qu'il m'a fallu un an pour prendre réellement conscience que vous n'étiez plus là.

- Et elle ?

Harry, les yeux humides, haussa les épaules.

- Peut-être qu'une partie de moi pensait que c'était ce qu'il fallait faire. Je n'ai jamais eu le moindre sentiment pour elle, affirma-t-il, lisant dans les pensées de Draco. Je l'appréciais pour sa gentillesse, mais rien de plus.

- Je n'ai jamais voulu de ce divorce, avoua Draco à son tour. Mais j'en avais assez que tu sois sans arrêt absent. J'aurais dû commencer par avoir une conversation avec toi, te demander de faire des efforts, mais j'étais tellement persuadé que ça ne changerait rien…

- Je suis désolé Draco. Je m'en veux de vous avoir négligé pendant si longtemps, d'avoir arrêté de faire attention à vous.

S'humectant les lèvres, Draco essaya de reprendre ses esprits pour savoir où il en était. Il y avait encore des choses qu'ils devaient se dire, ce n'était pas le moment de perdre le fil de la conversation.

- Je voulais que ça te fasse réagir, que tu te battes pour nous. Que l'idée de me voir partir te pousses à faire quelque chose. Jusqu'au bout j'ai espéré que tu te rebelles, mais la seule chose sur laquelle tu as discuté, c'est la maison. Tu n'as même pas essayé de savoir ce qui m'avait poussé à prendre cette décision.

- Je veux que tu saches que, quand ce soir-là je t'ai dit que ça devait arriver, c'était parce que depuis le début, j'ai toujours eu cette petite voix qui me répétait qu'un jour tu finirais par en avoir marre de moi, que je n'étais pas fait pour toi et que tu méritais mieux. Alors, pour le divorce, j'ai juste décidé d'accepter ta décision de vouloir t'en aller. Je ne voulais pas te priver de ta liberté, c'est tout.

Draco n'avait jamais envisagé cette option. Alors, c'était pour lui qu'Harry n'avait rien fait, et pas parce qu'il ne l'aimait plus ?

- Si tu avais su…

- J'aurais tout fait pour que tu restes, coupa Harry en se doutant de la question qu'il allait poser.

- Je ne voulais pas de la maison parce que rien que d'imaginer vivre ici, là où on avait été heureux si longtemps, ça me donnait envie de pleurer.

S'avançant pour de bon, Harry n'osa pas prendre la main de Draco pour autant.

- Draco… Je… Est-ce que j'ai encore une chance ?

- Tu me poses vraiment la question ? Fit Draco avec un gloussement nerveux. Alors que depuis un an, la première chose à laquelle je pense en me levant, et la dernière à laquelle je pense en me couchant, c'est que tu me manques et que je voudrais que tu sois là ?

- Ne pleure pas, le supplia Harry en voyant les larmes lui monter aux yeux. Je t'en prie…

Détournant le regard pour chasser ses larmes, Draco passa ses doigts sous ses yeux. S'approchant encore, Harry posa sa main sur son bras, n'osant pas faire plus malgré son envie.

- C'est rien, je suis habitué maintenant, souffla Draco.

- Je déteste te voir comme ça… Et je m'en veux d'en être la cause, mais je me dis que tu pourrais ne plus vouloir de moi après tout ce que j'ai fait et je le comprendrais.

Draco secoua doucement la tête. Il avait conscience que ses parents avaient cet espoir, caché au fond d'eux, mais ce n'était pas ce que lui voulait. Ce qu'il avait toujours voulu, c'était être avec Harry et rien ni personne, même pas un admirateur secret qui semblait parfait, n'aurait changé ses sentiments.

- Même si je t'en veux, et je mentirais si je disais que c'est pas le cas, pour plusieurs raisons, ça change rien à ce que je ressens pour toi. J'arrive pas à m'habituer à ton absence et je ne veux pas m'y habituer.

Plongeant son regard embué dans celui d'Harry, Draco prit sur lui pour aller au bout de sa pensée.

- Je voudrais juste que ce soit comme avant.

- Pourquoi m'avoir rendu mon alliance ? Demanda-t-il enfin.

- Parce que c'est la tienne.

Draco extirpa la sienne de sous ses vêtements. Il avait remis le collier autour de son cou. Touché et soulagé, Harry tira Draco vers lui et l'enlaça. D'abord déstabilisé et tendu, plus du tout habitué à cette sensation, Draco fini par s'accrocher au haut d'Harry. Tout ça lui avait tellement manqué, la sensation de son corps contre le sien, son odeur, la douceur de ses gestes. Harry le serrait à lui en faire mal mais Draco s'en fichait éperdument. Souffrir un peu physiquement valait bien ce moment dont il avait tant rêvé. Fermant les yeux, il se laissa bercer par les battements du cœur d'Harry, comme avant.

Après quelques secondes, il releva les yeux et il vit Harry faire de même. Ils se regardèrent longuement, comme si eux seuls existaient. Ils ne surent pas vraiment qui en avait eu envie en premier, ou qui s'était approché en premier, mais leurs lèvres se frôlèrent presque quand la porte grinça légèrement. Se séparant, Harry et Draco se tournèrent vers elle. Depuis l'entrebâillement, James les observait, le visage crispé dans une expression de peur et d'espoir mélangé. Il était venu par curiosité mais peut-être qu'il n'aurait pas dû.

Harry échangea un regard avec Draco, qui lui fit un léger sourire en serrant ses bras sur sa poitrine. Il prit ça pour un oui et s'approcha de James, ouvrant un peu plus la porte, et posa un genou à terre pour être à sa hauteur. James quitta sa mère des yeux pour les poser sur son père qui lui souriait doucement. Le garçon n'osait rien dire, pourtant, il avait une tonne de question.

- Pourquoi tu fais cette tête ? Lui demanda doucement Harry.

- Vous êtes plus fâchés ? Préféra demander James d'une voix tremblante.

- C'est un peu plus compliqué que ça…, avoua Harry.

- On va pas revenir, alors… ?

Les larmes lui montèrent aux yeux pour la première fois depuis longtemps et Harry eut envie de pleurer à son tour. Bon sang, il détestait vraiment voir Draco et ses fils pleurer. Ça lui brisait le cœur.

- Pas tout de suite, lui dit Draco, tout de même avec un sourire. Mais papa et moi, on est encore amoureux, alors on va essayer. D'accord ?

Pour avoir une confirmation, James planta son regard sur Harry.

- Maman, Aiden et toi, je vous aime fort. Plus que tout. Je vous laisserais plus jamais partir, promis Harry.

- Et ton travail ? Demanda James.

Il n'avait pas oublié que son père s'absentait tous les jours, même ceux où il était censé être là, et qu'ils ne le voyaient presque pas.

- J'ai démissionné. Ça veut dire que je ne retournerais plus jamais au travail. Je vais rester à la maison avec vous, comme maman.

Écarquillant les yeux, Draco regarda Harry. C'est vrai qu'ils n'avaient pas encore abordé cette question, sans doute parce qu'il n'avait pas vraiment eu envie de connaître la réponse, ou de se disputer avec Harry. Harry lui jeta un regard par-dessus son épaule et lui fit un sourire.

- C'est fini, lui dit-il.

Draco lui rendit son sourire, un brin tremblant à cause des émotions. Les coupant, James se jeta au cou de son père et serra autant qu'il put. Rapidement, Harry sentit des larmes mouillées sa peau. Enlaçant doucement son fils, il lui caressa le dos.

- C'est pas vrai que je te déteste, sanglota James contre lui.

- Je sais, répondit Harry en le serrant plus fort, la gorge nouée.

Il posa finalement la main sur sa tête et lui caressa les cheveux en le maintenant contre lui, le laissant pleurer tout son soûl, même si ça le peinait horriblement.

- Je suis désolé d'avoir rendu maman triste, lui murmura-t-il. Je recommencerai plus.

Se décollant, James renifla grossièrement et frotta ses yeux avec ses manches. Il rouvrit les yeux quand il sentit des doigts froids sur ses joues. Ceux de Draco qui les essuyait, comme il le faisait toujours. James renifla encore une fois, mais il ne pleurait plus. Il regardait ses parents, l'un à côté de l'autre, s'occuper de lui ensemble, sans se disputer. C'était un peu comme avant.

- Et si on allait lire un livre ? Tous ensemble, proposa Harry.

Il tourna le nez vers Draco et paru gêné.

- Enfin, si maman est d'accord…

Draco hocha la tête et passa la main dans les cheveux de son aîné.

- Et si papa est d'accord, on pourrait rester manger et peut-être dormir.

James braqua aussitôt les yeux sur son père qui, après une seconde de surprise, acquiesça avec un grand sourire. Il se laissa ensuite entraîner vers le salon, s'installant entre les jambes d'Harry. Draco se mit à côté d'eux, collé contre Harry et Aiden sur les genoux qui leur servait ses grands sourires. Ils étaient par terre, contre le canapé, sous un plaid malgré la cheminée qui brûlait, et ils se laissèrent tous emporter par la voix d'Harry leur narrant une nouvelle histoire.


L'histoire aura été courte (un peu plus que ce que j'avais prévu, mais c'est pas grave). J'espère en tout cas que vous l'aurez apprécié. Moi j'ai pris plaisir à l'écrire et surtout à travailler avec des personnages adultes (je préfère quand ils sont adolescents d'habitudes, du moins pour la lecture).

En tout cas, je suis ravie de vous avoir présenté ce projet que j'aurais réalisé en peu de temps. N'hésitez pas à me laisser vos avis sur cette histoire dans son intégralité ou en détails, sur les personnages ou le scénario, en review ! Je vous invite vraiment à le faire, ça fait toujours plaisir et ça m'aide à m'améliorer !