Guéri-moi du Mal.
Tout est calme cette nuit-là dans les rues de Storybrook et le Sheriff Swan fait sa ronde au volant de sa voiture de patrouille. Elle roule doucement, elle surveille les alentours mais c'est plutôt paisible depuis quelques temps alors elle tente de se détendre, ce qui n'est pas vraiment dans son tempérament. Elle fait craquer sa nuque et respire profondément. Tout est si calme et sans danger, que cela pousse son esprit à penser à des choses auxquelles elle ne veut pas penser.
Même si elle a l'air toujours cool et détendue, ce n'est qu'une apparence, elle est de nature angoissée et toujours prête à affronter le pire. Elle tente, tant bien que mal, d'accepter que sa vie soit moins agitée, et que tout semble se « normaliser » mais rien n'y fait, elle stresse - et sa relation avec Killian est l'un de ses sujets de discorde intérieure le plus fréquent. Il l'aime et ils commencent doucement à entretenir ce que l'on appelle une relation stable et suivit, et pourtant, ça la terrorise plus que tous les dangers et les monstres qu'elle a déjà affronté par le passé. Elle en vient même à espérer qu'un Méchant survienne et menace la ville pour pouvoir l'affronter et penser à autre chose.
Elle continue sa route, roulant au pas dans les rues désertes et puis soudain, en plein milieu de la chaussée, elle aperçoit Regina Mills qui cours comme si elle était poursuivie par une meute de loup affamés. Regina est méconnaissable, la peur se lit sur son visage, elle est terrorisée et semble être pourchassée par quelque chose ou quelqu'un.
Emma arrête la voiture et cours à sa rencontre, Regina frôle la folie furieuse, elle semble même ne pas reconnaitre Emma qui la stoppe dans son élan en l'attrapant dans ses bras pour l'empêcher de fuir. Emma ne l'a jamais vu comme ça, elle lit la terreur et la peur panique dans ses yeux, et jamais elle n'avait vu La Reine paniquer. Jamais.
Regina se débat dans les bras d'Emma en hurlant, tentant de s'enfuir, regardant en arrière en tremblant de peur. Emma tient bon, elle ne la lâche pas, puisque de toute évidence, il n'y a rien derrière elle, il n'y a personne d'autres qu'elles deux dans la rue.
« Regina ! Regina ! Stop, calme-toi, bon sang ! C'est moi ! »
Emma la tient de toutes ses forces et tente de capter son regard pour qu'elle se calme. Regina se débat encore puis la fermeté d'Emma commence à avoir raison d'elle, elle la serre si fort contre elle que Regina capitule, ses nerfs lâchent, elle s'effondre et sans les bras d'Emma autour d'elle, elle serait tombée à terre.
« Hey, voilà, calme-toi, respire, ce n'est que moi. Respire. » Calme Emma, en la tenant dans ses bras.
Regina a encore des sursauts de panique, elle regarde par-dessus son épaule mais Emma la contraint à se tenir près d'elle et lui ordonne de respirer profondément.
« Ils sont là, Emma, ils sont tous là… laisse-moi m'enfuir… sinon ils vont me tuer… » Articule difficilement Regina, la voix étranglée par la panique.
« De qui tu parles Regina ? Regarde, il n'y a personne, il n'y a que toi et moi dans cette rue, tu ne risques rien. Calme-toi, s'il te plait. »
« Mais ils étaient là… » Ajoute Regina, à bout de nerfs, les larmes coulant sur ses joues.
« Il n'y a plus personne, viens, je te ramène chez toi. » Conclut Emma, en la gardant dans ses bras et en l'aidant à avancer.
Emma lui ouvre la porte de sa voiture de patrouille et l'aide à s'installer sur le siège passager. Regina tremble et des larmes coulent sur ses joues, elle est à la limite de la crise de nerfs et Emma fait preuve de beaucoup de douceur à son égard. Elle se met ensuite au volant, et roule vers le quartier résidentiel où habite Regina.
Pendant le trajet, plutôt court car Storybrook est une toute petite ville, Regina se tient la tête entre les mains et n'ose plus ouvrir les yeux, elle semble presque prostrée, reclus sur elle-même et traumatisée. Emma conduit en la surveillant du coin de l'œil, elle est inquiète pour elle, totalement inquiète, ce genre de crise et de comportement ne ressemble absolument pas à la Regina qu'elle connait, une femme forte et déterminée, qui n'a peur de rien, ni de personne.
Elle se gare devant le Manoir et aide Regina, totalement ailleurs, à sortir de la voiture. Elle l'accompagne à la porte mais n'arrive pas à se résoudre à la laisser ainsi. Elle entre avec elle, et en la tenant par la taille pour la soutenir et elle la monte directement dans sa chambre.
« Regina, où est Robin ? Tu veux que je l'appel ? » Demande Emma.
Regina ne semble même pas l'entendre et Emma insiste un peu en répétant plusieurs fois sa question.
« Non, il n'est pas en ville… il est dans la forêt, au camp avec les Joyeux Compagnons et son fils pour plusieurs jours. » Finit-elle quand même par répondre, avec une voix mécanique.
« D'accords, mais ne t'en fait pas, je vais rester avec toi. »
Guidée par Emma, Regina s'assoit sur le rebord de son lit, immobile, le regard dans le vide, incapable de faire quoique ce soit. Emma allume quelques petites lumières pour y voir plus clair et lui enlève ses chaussures. Puis elle s'accroupi à ses pieds pour capter son regard. Elle prend ses mains dans les siennes et tente d'avoir son attention mais Regina, tête baissée, ne semble même plus être là.
« Regina… regarde-moi… Regina, s'il te plait… regarde-moi. »
Regina semble revenir lentement à elle. Emma capte son regard encore un peu hagard et elle serre ses mains dans les siennes un peu plus fort pour qu'elle sente sa présence.
« Regina, dis-moi ce qui s'est passé ? Pourquoi tu courrais dans la rue, pourquoi tu avais si peur ? »
« Ils étaient là… à mes trousses… » Murmure-t-elle.
« Qui ça ? Je n'ai vu personne, il n'y avait personne derrière toi. »
« Si… ils étaient là… ils étaient tous là… » Répond Regina, comme une automate, comme dans un état second.
« Qui ça ? » Insiste doucement Emma, avec une voix douce et rassurante pour l'aider à se confier et ne surtout pas la brusquer.
« Ceux qui sont morts… »
« Comment ça ? Je ne comprends pas. »
« Tous ceux que j'ai tué… ils sont là… ils me suivent, ils me hantent, toutes les nuits… » Avoue finalement Regina, les larmes coulant de nouveau sur ses joues.
Regina était hantée par ses Démons les plus profond. Elle avait pourtant changé, elle s'était repentie, elle avait combattu auprès des « gentils » depuis des années maintenant, elle était devenue un héros elle aussi, mais elle était rattrapée par toutes ces anciennes mauvaises actions et les morts du passé étaient revenus. Et chaque nuit, depuis quelques temps déjà, ils venaient la hanter et la poursuivre quoiqu'elle puisse faire pour les éviter. Elle avait tenté de les ignorer, elle avait tenté de les faire partir avec quelques sorts qui s'étaient tous avérés inefficace, elle avait tenté de les attaquer, de les tuer mais ils étaient déjà morts de toute façon, donc rien n'y faisait. Elle avait caché ça le plus longtemps possible mais elle n'y arrivait plus, chaque nuit elle frôlait un peu plus la dépression nerveuse, et ce soir, elle avait totalement craqué.
« Tu veux que j'appelle Archie ? »
« Quoi, le Docteur Hopper ? Non ! Tu ne me crois pas hein ? Tu crois que je suis folle, c'est ça ? » Lance Regina dans un petit relent d'énergie et de colère.
« Non, non, pas du tout Regina, je te crois, je te crois. » Calme Emma tout de suite en prenant son visage entre ses mains et en la regardant droit dans les yeux.
« Ils sont là, je te jure qu'ils sont là… et ils cherchent à se venger… »
« Tu ne risques plus rien pour ce soir, je suis là. »
Emma caresse ses joues avec douceur, puis elle se relève, s'assoit à côté d'elle et la prend dans ses bras. Elle la serre contre elle, Regina résiste quelque peu puis elle se laisse aller dans ses bras, elle se blotti contre elle, et lâche les dernières larmes qui lui reste. Elle est épuisée.
Elles restent ainsi un long moment puis, tout doucement, Emma l'aide à se déshabiller, elle lui retire son gilet puis sa chemise, elle déboutonne son pantalon et le glisse le long de ses jambes. Regina la laisse faire, totalement dans un état second. Emma déglutit difficilement, elle tente de ne pas remarquer à quel point Regina est sublime sans ses élégants vêtements et à quel point sa peau est douce lorsque ses doigts l'effleurent sans faire véritablement exprès. Une fois fait, elle tire sur les couvertures du lit et laisse Regina se glisser dedans. Elle rabat la couette sur elle, jusqu'aux épaules puis elle recule mais Regina lui attrape le bras.
« Ne me laisse pas. »
« Je ne vais pas loin, je vais te faire une tisane et je reviens. D'accords ? »
« D'accords » Répond Regina, fébrile.
Emma, sans réfléchir, se penche vers elle et dépose un baiser sur son front. Un baiser doux et appuyé. Regina ferme les yeux et semble soudain aller un tout petit peu mieux à ce contact.
Puis Emma descend en cuisine lui préparer une tisane pour l'apaiser, pour qu'elle puisse trouver le sommeil. Peu de temps après, elle s'assoit sur le rebord du lit, et Regina se redresse pour boire quelques gorgées de tisane. Emma lui parle, elle la rassure, elle lui dit que tout va bien, que les Morts sont partis, qu'elle ne risque plus rien et qu'elle veille sur elle. Regina respire plus tranquillement, ses sursauts et ses pleurs se sont enfin calmés, elle s'apaise doucement. Emma la débarrasse de la tasse et Regina se recale sous les couvertures, Emma prend sa main dans la sienne et caresse sa peau avec son pouce d'un mouvement tranquille, pour la rassurer, et puis Regina finit par s'endormir, totalement épuisée.
Emma reste encore un long moment au bord du lit, sa main dans la sienne.
SQ
Le lendemain matin, Regina émerge difficilement, elle a la tête dans un étau et son esprit est confus. Il lui faut quelques secondes pour se reprendre et se souvenir de la crise d'hier soir. Elle se prend la tête entre les mains, elle s'en veut de s'être misérablement donné en spectacle ainsi et en particulier devant Emma Swan. Et puis elle se relève légèrement dans son lit et soudain elle l'aperçoit. Emma est toujours là. Elle s'est endormie sur la méridienne en tissu capitonné qui est posé dans un coin de la chambre près d'une fenêtre donnant sur le jardin. Elle est restée là toute la nuit et a veillé sur le sommeil agité de La Reine.
Regina ne se pardonne pas ses crimes et son inconscient lui joue de vilains tours. C'est ce qu'elle se dit chaque matin au réveil mais quand vient la nuit, tout semble si réelle qu'elle en perd pied et hier soir, elle avait craquée sous la pression de ses Démons qui l'assaillaient de toutes part. Elle s'en veut, elle se maudit et maintenant, Emma est au courant qu'elle devient folle. Elle soupire lourdement sans savoir quoi faire.
Emma se réveille en entendant Regina s'agiter sous les couvertures en découvrant qu'elle est en sous-vêtement. Elle se souvient qu'Emma l'a aidé à se dévêtir et l'a vu ainsi, dans un ensemble de lingerie assez simple mais raffiné, et le rose lui monte directement aux joues. Elle se lève précipitamment pour attraper un peignoir et l'enfiler au plus vite.
Regina se rassoit au bord de son lit mais elle évite de regarder Emma qui se redresse et s'étire douloureusement, assise sur la méridienne qui lui a servi de lit. Regina est mal à l'aise et sur la défensive, elle sent sa mauvaise humeur faire surface sans pouvoir rien y faire.
« Est-ce que tu te sens mieux ? » Demande Emma gentiment.
« Qu'est-ce que tu fais là ? » Reprend Regina un peu sèchement.
« Je veillais sur toi. »
« Merci, mais tu ne devrais pas faire ça. »
« Faire quoi ? »
« Prendre soin de moi. Je ne le mérite pas. »
« Ne dis pas n'importe quoi. »
« Tu ne devrais pas t'attacher à moi Emma, je ne suis pas une bonne personne. »
« Arrête un peu. On t'a tous pardonné tes actions du passé. Tu étais happée par le Mal parce que tu étais brisée par la peine et la colère, tu t'es engouffré dans un cercle vicieux dont tu ne pouvais pas te sortir toute seule. Ce n'était pas totalement de ta faute et puis c'était écrit comme ça, c'était ton rôle. Mais à présent tu es quelqu'un d'autre et ce quelqu'un d'autre mérite qu'on s'attache à lui. »
« On m'a pardonné, oui. Enfin on a pardonné les choses terribles que j'ai faites et qui se sont su… mais j'ai encore des secrets Emma, de terribles secrets… il se pourrait que tu ne tiennes plus à moi, si tu viens à les découvrir, enfin si tenté que tu tiennes à moi. »
« Bien évidement que je tiens à toi, avec tout ce que l'on a vécu ces dernières années. On a un fils ensemble, je te signale, et on a combattu côte à côte, toi et moi, de nombreuses fois… on se soutient. Et puis tu es une bonne personne aujourd'hui, tu … »
« Faut croire que se repentir ne suffit pas… j'ai fait des choses impardonnable Emma. »
« C'est ce qui te hante ? »
« Oui. Ils me hantent tous, ils sont là, chaque soir à la tombée de la nuit… ils reviennent. »
« Raconte-moi tout et je les ferais partir. » Dit Emma en se levant et en venant s'assoir sur le rebord du lit à côté de Regina, qui recule un peu.
« Je ne suis pas sûr que tu y arrives. »
« Je peux au moins essayer. »
« Je ne veux pas te perdre… enfin je veux dire… perdre cette nouvelle relation que l'on a toi et moi… on s'entend bien à présent, on a arrêté de se faire la guerre comme autrefois. »
« Ça ne changera pas. Je te l'ai dit, ton passé ne sera pas une raison pour moi, de ne pas t'… de ne pas être proche de toi, comme on l'est aujourd'hui. »
« Je ne suis pas sûr de ça… quand tu sauras, tu ne me pardonneras peut-être pas. »
« J'ai été la première à te pardonner et à te faire une place dans notre famille, la première à te faire confiance alors que tous les autres n'avaient encore que de la méfiance et de la haine à ton égard. Alors confesse toi Regina, libère-toi. Ça te ronge, je le vois bien et je veux t'aider. »
Regina inspire profondément, les mots qu'elle va dire sont lourds et peine à sortir.
« Non, je ne peux pas … »
« Si, tu peux. Il faut que tu en parles, il faut que tu te libères. »
« Je ne sais pas. »
« Tu veux que chaque nuit ressemble à la nuit dernière ? »
« Non. »
« Alors parles-moi. »
Regina semble réfléchir encore quelques secondes. Elle pèse le pour et le contre. Malgré qu'Emma affirme que rien ne changera, elle sait qu'il y a une chance pour que la Sauveuse claque la porte et ne veuille jamais la revoir après avoir entendu ce qu'elle a à dire, ou bien même, qu'elle ait envie de la tuer de ses propres et Regina comprendrait, si ça arrivait, elle ne se défendrait même pas. Elle inspire et décide de se confier, même si les conséquences la terrorisent.
« Très bien… pour commencer… je me suis servi de Sydney, quand il était encore le Génie tout juste sorti de sa lampe magique, tout juste libéré de sa condition et de son fardeau, pour lui faire faire une chose horrible. Il était amoureux de moi et je me suis servi de lui pour qu'il assassine mon époux le Roi Léopold, le père de Blanche-Neige donc ton grand-père, qui ne m'aimait pas et ne me prêtait aucune attention. »
Emma déglutit lourdement, elle garde son calme, elle n'a pas connu cette vie-là au fond de la Forêt Enchantée, elle n'a pas connu cette époque Médiévale, les châteaux forts, les calèches, les rois, les reines, les serviteurs, les intrigues, les aventures, les mariages forcés, les mœurs différentes, tout ça lui est étranger alors pour elle c'est un peu différent, mais elle sait que sa mère, elle, a beaucoup souffert de la perte du Roi Léopold.
« C'était il y a une éternité. » Commente simplement Emma.
« Ensuite pour lancer le Sort Noir, et me venger de Blanche-Neige qui avait trahit mon secret en révélant à ma mère mon amour pour Daniel, j'avais besoin du Cœur de celui que j'aimais le plus au monde, et je n'aimais personne en ce temps-là. Excepté mon père… J'ai tué mon propre Père, je lui ai arraché le cœur de ma propre main pour assouvir mon désir de vengeance. »
« C'est le Mal en toi qui gouvernait tes actes. »
« Ne me trouve pas d'excuses Emma, je n'en ai aucune. Le dernier que j'ai à confesser… tu ne me le pardonnera pas. J'ai broyé de ma main, le cœur de Graham quand j'ai compris qu'il tombait amoureux de toi et que j'étais en train de le perdre. Car encore une fois, je perdais le peu que j'avais. »
Emma se fige, ses yeux verts se noient de larmes, elle les retient et les essuis d'un revers de main avant qu'elles ne coulent sur ses joues. Elle respire, elle serre les dents et pourtant elle pose sa main sur celle de Regina qui tremble de ton son être, tant avoir avouer ses crimes avait été un calvaire. Regina baisse le regard sur la main d'Emma posée sur la sienne et elle a du mal à croire que cette dernière ne soit pas en train de la fustiger sur place, non eu lieu de ça, Emma reste là, et serre sa main dans la sienne.
« Effectivement, ce sont de lourds secrets, c'est même carrément des aveux qui te vaudrais la peine capitale … mais… c'était la Méchante Reine, et tu n'es plus la Méchante Reine, Regina. Tu es quelqu'un d'autre aujourd'hui, tu es quelqu'un de bien, qui a choisi de faire les bons choix. Tu te bats tous les jours pour repousser le Mal qui t'habitait autrefois et qui, je le sais, tente parfois de revenir … Mais tu n'es plus cette femme diabolique et, moi, c'est cette nouvelle toi que j'… »
Emma se tait, le regard vacillant, la gorge sèche. Elle ne veut pas se laisser emporter, elle ne veut pas accabler Regina plus qu'elle ne l'est déjà. Elle refuse de lui en vouloir pour les actes d'une personne qu'elle n'est plus aujourd'hui. Elle prend sur elle et ne la blâme pas, sachant que son subconsciente le fait déjà.
« Regina ça ne change rien pour moi … et il est temps que tu te pardonnes totalement pour commencer à vivre vraiment. » Reprend-elle.
Regina a encore un énorme travail à faire pour se pardonner toutes les atrocités qu'elle a commise par le passé, cela lui semble insurmontable, sa conscience lui rappelle sans cesse les mauvais choix qu'elle a fait, sa mémoire lui rappelle aussi combien elle était cruelle, combien elle aimait se délecter de voir les autres souffrir autant qu'elle souffrait, elle. Et c'est alors qu'Emma fit la seule et unique chose qui pouvait lui valoir la rédemption. Elle, la fille de Blanche Neige et du Prince Charmant, celle qui devrait lui en vouloir le plus d'avoir lancé le Sort Noir et de l'avoir séparé de ses parents pendant 28 ans, elle lui pardonnait totalement, entièrement, sans condition.
« Si tu ne te pardonnes pas. Moi je le ferais pour toi. »
Emma s'approche d'elle, plus près qu'elle ne l'est déjà. Regina a un minuscule mouvement de recul et détourne les yeux, un peu honteuse, un peu fragile. Emma pose une main sur sa joue, la forçant à la regarder en face et Regina tente de soutenir son regard. Puis, prise d'une pulsion incontrôlable, prise d'un élan plus fort qu'elle, un élan qu'elle ne maitrise pas, Emma s'approche encore… Son cœur bat tellement fort qu'elle est persuadée que Regina peut l'entendre resonner dans sa poitrine, puis son regard papillonne entre les lèvres et les yeux de La Reine. Et cette dernière en a le souffle coupé quand elle comprend ce qui va suivre. Elle a encore le temps de fuir mais elle reste là, immobile, tétanisée entre la peur et le désir. Elle reste plantée là, attendant qu'Emma approche encore.
Délicatement, Emma dépose ses lèvres sur les siennes dans un soupire. Et pour Regina c'est comme une étincelle qui s'illumine d'un coup en plein milieu de son cœur, ce cœur en parti encore noircit de ses mauvais choix passés est soudain trahit d'une lueur rouge, vive et éclatante.
Emma se recule, elle ouvre les yeux et rencontre le regard de Regina, outré, choqué, perdu, et en même temps, légèrement conquis. Mais comme la Reine ne s'enfuit pas, ni ne la gifle, ni ne lui hurle dessus, Emma recommence, elle reprend ses lèvres entre les siennes et, contre toute attente, Regina répond à ce baiser. Doucement leurs respirations se gonflent et d'un seul coup leurs lèvres dansent ensemble dans un élan qui semble avoir été attendu depuis longtemps, sans même qu'elles en aient conscience. Entre elles se produit un élan d'une douceur inouïe et d'une force incroyable.
Leurs deux cœurs, à l'unisson, semblent éclater sous la pression de ce baiser inédit. Le poids immense qui pèse sur les épaules de Regina se dégage enfin. Elle se sent légère et libéré en quelques secondes, et la seconde d'après elle empoigne Emma par la nuque pour approfondir ce baiser.
SQ
Plus tard, Emma quitte le Manoir, la tête basse, le regard fuyant, et les mains en train de remettre sa chemise dans son pantalon.
Elle monte vite en voiture et claque la porte, la mine sévère, les joues rouges, et ses cheveux blonds légèrement en bataille. Elle relève la tête, les larmes aux yeux. Elle passe ses doigts sur sa lèvre inférieure, elle garde en mémoire le goût des lèvres de Regina et se demande déjà comment elle va faire pour oublier ça. Et pour oublier tout ce qui s'est passé ensuite.
Elle démarre la voiture et part en trombe, elle rejoint le Poste de Police, sa garde de nuit est finie depuis quelques heures déjà et elle aurait déjà dû repasser par le bureau. Elle se gare de travers, passablement énervée et à peine sortie du véhicule, Killian lui tombe dessus.
« Où étais-tu Princesse ? » Demande-t-il en se postant devant elle.
Elle sursaute, elle ne l'avait pas vu arriver et elle se passe la main dans les cheveux, machinalement, mais presque nerveusement aussi, car en vérité, elle a une peur bleue qu'il ne s'aperçoive qu'elle est décoiffée.
« Nulle part. Et ne m'appelle pas Princesse, tu sais que j'ai horreur de ça ! »
« Je sais … Princesse. » Répète-t-il avec ce sourire insolent qu'il arbore beaucoup trop souvent.
Elle le foudroie du regard et le pousse gentiment pour passer.
« Hey, mon cœur, je n'ai même pas droit à un baiser alors que je me suis demandé où tu étais toute la nuit. »
« J'étais de garde, tu le sais bien et j'ai eu un truc… important… à gérer. » Bafouille-t-elle maladroitement.
« Oh toute la nuit ? »
« Oui. »
« Et tu peux m'en parler, c'est grave ? Qu'est-ce qui se passe ? »
« C'est… confidentiel. » Conclut-elle.
Killian lui barre de nouveau le passage avant qu'elle n'entre dans le bâtiment du Poste de Police.
« Hey, mon cœur, tu ne me … »
« Killian, s'il te plait, je suis fatigué, j'ai eu une longue garde, j'aimerai pointer, passer le relais… et rentrer chez moi dormir. Ok ? »
« Très bien. On se retrouve pour le déjeuner ? »
« Oui. » Souffla-t-elle en passant à côté.
« Et mon baiser ? » Lance-t-il avec son sourire charmeur.
Elle se retourne, en tenant la porte du Poste entrouverte avec son pied et l'embrasse du bout des lèvres. Il tique, elle semble distance mais il met ça sur le compte de la fatigue. Elle disparait et lui, il retourne à ses occupations de Pirate à la retraite, c'est-à-dire flâner sur le Port sans réel but.
Emma dépose son arme et son badge dans le tiroir de son bureau, elle salut son père qui boit un café en lisant le journal. Tout à l'air plutôt calme et elle s'affale dans son fauteuil.
« Tu as eu un problème cette nuit ? » Demande David.
« Non, non. » Répond-elle.
« Tu as patrouillé toute la nuit ? »
« Oui. »
« Et alors ? »
« Rien de spécial. »
« Rentre te reposer. »
« Ouais, j'y vais… à plus tard. » Répond-elle, un peu lasse, un peu à côté de la plaque.
Elle rentre chez elle, elle a gardé l'appartement de sa mère Mary-Margareth depuis qu'elle, son père et son petit frère sont partis vivre dans une jolie maison, près des écuries et des champs, en dehors du centre-ville. Elle claque la porte avec son pied et elle remarque qu'Henry est déjà parti pour l'école. Elle jette son blouson sur une chaise et balance ses chaussures n'importe où, elle monte sur la mezzanine, elle défait son jean, sa chemise et puis elle s'écroule dans son lit.
Cette nuit, elle a dormi quelques heures sur la méridienne dans la chambre de Regina pendant qu'elle veillait sur elle, elle n'est pas si fatiguée que ça, mais elle n'a plus la force de quoique ce soit, si ce n'est resté là, immobile, allongée sur le dos, les yeux rivés au plafond. Elle n'arrête pas de se repasser la scène en boucle. La scène de ce baiser échangé avec Regina. La scène de cet élan totalement incontrôlé et totalement époustouflant.
Elle avait pris soin de Regina dans un moment délicat, chose qu'elle referait sans hésitation. Elle avait veillé sur elle toute la nuit. Elle l'avait regardé dormir, s'assurant qu'elle ne se réveille pas en pleine crise. Elle l'avait poussé à se confier sur ce qui lui arrivait, elle l'avait écouté sans la juger et lui avait pardonné. Et elle l'avait embrassé, oui c'était elle qui l'avait embrassé, pour cela elle pouvait plaider coupable mais pour le reste, le reste était totalement de la faute de Regina et elle se demandait encore comme tout ça avait pu déraper aussi vite.
SQ
Après le départ d'Emma, Regina est restée assise sur le bord de son lit, avec un drap enroulé autour de son corps, les yeux dans le vague et une main recouvrant sa bouche comme si elle tentait de se faire taire. Ce qu'elle voulait surtout faire taire c'était cette voix dans sa tête qui ne cessait de hurler « Mais qu'est-ce que tu as fait ? ».
Elle finit par se lever pour prendre une douche, et tenter de chasser les images qui tournent en boucle dans sa tête mais c'est peine perdue. Emma avait pris soin d'elle, Emma avait chassé ses Démons, Emma avait écouté ses affreuses confessions, Emma l'avait embrassé et puis, elle n'avait plus rien contrôlé du tout. Ce baiser avait eu sur elle un tel effet qu'elle avait empoigné la nuque d'Emma pour l'embrasser de plus belle et tout avait dérapé.
Elle l'avait embrassé avec une passion qu'elle ne se connaissait pas, un élan totalement inédit et elle avait basculé son corps contre le sien, entrainant Emma avec elle sur le lit. Emma n'avait pas cherché à se défaire de cette étreinte, au contraire, elle avait passé ses mains entre les pants de son peignoir et Regina les avait sentis sur sa peau nue. Puis c'est elle qui avait cherché à déboutonner à la hâte tous les boutons de la chemise d'Emma, pendant qu'elles s'embrassaient sans plus aucune retenue, pressées par une envie démesurée et maladroite. Ensuite, elle se souvient seulement que son peignoir et la chemise Emma avaient valsé au pied du lit et qu'elles s'étaient retrouvées toutes les deux à moitié nues, leurs mains s'égarant sur le corps de l'autre dans un empressement quasi sauvage. Elle se souvient d'avoir basculer la tête en arrière alors qu'Emma déposait ses lèvres dans son cou, elle se souvient en avoir gémit tendrement de plaisir et puis elle se souvient des baisers d'Emma parcourant son corps, sa poitrine, son ventre, ses cuisses et s'attarder longuement sur le tissu de son sous-vêtement.
Elle se rappelait absolument tous les détails, la moindre caresse, le moindre baiser, le goût de sa peau, la douceur de ses lèvres et l'habileté de ses mains sur son corps. Elle se voyait encore enfouir ses mains dans ses cheveux blonds et l'attirer à elle pour l'embrasser, elle se revoit encore déboutonner son jean et glisser sa main dedans, elle se revoit la tenir sous ses doigts et la regarder dans les yeux, le souffle court et le corps brulant de fièvre. Elle se revoit lui faire l'amour entre force et douceur, avec un dévouement dont elle ne se savait pas capable.
Elle sort de la douche et ces pensées ne la quittent toujours pas. Elle ne sait pas comment oublier ce qui vient de se passer. Elle ne sait pas comment elle pourra encore la regarder en face après ça, elle ne comprend pas comment tout ça à bien pu arriver.
Elle se prépare, elle boit un café, les yeux toujours un peu dans le vague, la crise de nerfs d'hier l'avait totalement épuisée, et cet écart de ce matin, la rendrait fébrile et totalement à l'ouest. Elle part travailler à la Mairie mais n'arrive absolument pas à se concentrer plus de deux minutes de suite. Ses pensées se bousculent et elle pense soudain à Robin, ils se fréquentaient depuis peu, il était adorable avec elle et selon la Fée Clochette, selon une très vieille prédiction, c'était lui, l'homme de sa vie. Et elle venait de coucher avec Emma Swan, la mère de son fils adoptif, la fille de Blanche-Neige, qu'elle avait détesté au début, qu'elle avait même tenté d'endormir pour toujours avec un reste de Magie glissée dans un chausson aux pommes Emma Swan avec qui finalement elle était devenue presque amie et même partenaire dans les batailles car leurs magies combinées faisaient toujours des merveilles.
Elle est perdue, sonnée, et elle pense qu'elle a tout gâché alors forcément, son naturel revient au galop et elle s'emporte, elle s'énerve contre tout et tout le monde, à commencer par sa secrétaire qui en prend pour son grade sans trop savoir pourquoi. Elle passe une assez mauvaise journée et pourtant, elle se surprend à sourire. Elle se surprend à repenser aux lèvres d'Emma contre les siennes et son cœur s'emballe alors elle chasse vite ses idées absurdes de sa tête et soupire lourdement pour retrouver sa mauvaise humeur.
Le soir venu, elle dine avec Henry au Manoir, et elle remarque d'un seul coup que les Démons ne sont pas là. D'ordinaire, ils commencent à se montrer à la tombée de la nuit, mais ce soir, aucune trace d'eux. Regina sourit et respire plus aisément, elle se dit que peut-être Emma a raison et que d'en avoir parlé les a fait fuir.
SQ
Emma n'est pas sortie de chez elle de la journée, elle est restée cloitré et à même posé un lapin à Killian pour le déjeuner. Il est venu frapper à sa porte mais elle n'a pas répondu. Elle a passé une heure sous la douche pour se défaire du souvenir de l'odeur et de la douceur de la peau de Regina contre la sienne mais elle n'arrive pas à chasser ces pensées de son esprit.
Elle pense à elle et à ce qui s'est passé, elle se reprend dans un long soupire et puis elle se décide à tout faire pour oublier. Le soir, elle part rejoindre Killian et s'excuse de son comportement, elle l'embrasse, il sourit et ils vont manger au Granny's Diner.
Le lendemain, Emma se réveille seule, Killian dort rarement chez elle, il ne trouve le sommeil qu'à bord de son bateau et ça l'arrange tant cette nouvelle relation l'angoisse secrètement. C'était déjà le cas avant l'épisode « Infidélité dans le lit du Maire au petit jour. » alors maintenant c'est encore pire. Pendant quelques secondes, elle pense que c'est un rêve mais non, ça s'est bien passé et ça lui colle encore à la peau. Elle a beau se débattre avec ses émotions et tenter de tout nier en bloc, elle doit bien avouer qu'elle a aimé ça, qu'elle a vraiment beaucoup trop aimé ça d'ailleurs, et ça l'inquiète.
Elle secoue la tête et se lève, déterminée à oublier.
SQ
