Avertissement : J'emprunte ces personnages pour m'amuser. Ils ne m'appartiennent en aucune façon et je n'en tire aucun profit. Ils sont la propriété de leurs créateurs, Adam Horowitz et Edward Kitsis.

Appariement : Emma Swan/Regina Mills

Classification : Mature pour le vocabulaire utilisé et le contenu sexuel explicite

Chapitre 1

Emma souffla fortement, ses narines frémirent de colère, elle glissa ses mains dans ses longues mèches blondes et les empoigna avec frustration. Il était minuit passé et son pirate de mari n'était toujours pas rentré. Elle mettrait sa main à couper… Hum, pas forcément la bonne figure de style à utiliser avec un mari manchot. Elle parierait sa chemise ? Oui, mieux. Encore qu'elle parierait plutôt les siennes et, si possible, avec l'assurance de perdre. Autant par leur style que par leur état, elles devaient bien être aussi anciennes que lui, soit quelques siècles, et elle aurait bien aimé qu'il les renouvelle quelque peu. Bref, elle était sûre qu'il était encore en train de vider les cuves du Rabbit Hole avec ses copains de beuverie et sa patience s'amenuisait de jour en jour à ce propos. Elle donna un coup de pied dans la table de la salle-à-manger et se plia de douleur. La colère n'améliorait généralement en rien sa maladresse mais elle avait hélas souvent tendance à l'oublier quand elle était dans cet état justement.

Cela faisait bientôt deux ans qu'ils étaient mariés et, durant ce temps, il n'avait jamais été capable de garder un boulot plus de quelques semaines et n'avait en rien changé ses habitudes de célibataire. Il ne donnait jamais un coup de main pour tenir la maison, laissait ses habits sales traîner partout, passait son temps à zoner avec son équipage, rentrait saoul n'importe quel soir de la semaine et avait parfois une hygiène des plus douteuses. Plus ça allait, plus elle avait l'impression d'avoir épousé un adolescent en plein crise. Et s'il avait su se montrer charmant et la séduire avant leur mariage, depuis, il semblait la tenir pour acquise et ne plus trop se soucier d'elle, même en ce qui concernait leur vie sexuelle.

Non pas qu'il eut jamais été un amant extrêmement attentif, son plaisir passait souvent en premier et, quand il était satisfait, il ne prenait que rarement la peine d'en faire de même avec elle, mais, au moins, il la désirait et le lui montrait régulièrement. Or, depuis quelques semaines, il n'en était plus rien. S'il n'avait pas passé ses journées et ses nuits avec ses hommes, elle aurait presque pensé qu'il avait une maîtresse. Oh, et puis zut, il finirait bien par rentrer de toute façon, elle avait un boulot, elle, et devrait se lever tôt demain pour y aller. Elle monta se coucher en prenant bien soin de fermer à clé la porte de leur chambre. S'il parvenait à gravir l'escalier, il pourrait toujours dormir sur le palier, il ne méritait pas mieux.

En effet, le lendemain matin, elle embrassa le mur en face de leur chambre avec le menton, en trébuchant sur lui. Il était étalé de tout son long et ronflait bruyamment, une flaque de vomi séchée sous la joue. La moquette allait être une partie de plaisir à nettoyer. Au moins, elle savait à quoi elle occuperait sa prochaine soirée en attendant que son saoulard de mari daigne rentrer, s'il se montrait à une heure décente cette fois-ci, évidemment. Jurant comme un charretier, elle sortit de la maison en coup de vent. Elle prendrait son petit-déjeuner chez Granny, ne voulant pas rester une seconde de plus dans cette maison qui commençait à l'insupporter tout autant que son mari. Elle grimpa dans sa coccinelle et examina le bleu qui faisait son apparition en bas de son visage. Elle regrettait presque l'année qu'elle avait passé à dormir dans son véhicule adoré. Au moins, elle n'y avait qu'elle en charge et elle ne devait nettoyer que son propre bazar.

Elle fut au café-restaurant en quelques minutes, un avantage de la vie dans une petite ville. En pénétrant chez Granny, elle reçut les regards apitoyés des quelques clients du matin à la vue de son bleu, un désavantage de la vie dans une petite ville. Tout le monde vous connait et les ragots galopent. Elle s'installa en soupirant. Ruby accourut.

- Oh, putain, Emma ! T'as quoi, là, au menton ?

- Te fiche pas de moi. Mon crétin de mari a dormi à la porte de la chambre cette nuit et j'ai trébuché dessus en sortant.

- Tu es toujours du matin à ce que je vois.

- Ha, ha, très drôle. Apporte-moi un café et un beignet, s'il-te-plaît, je n'ai encore rien mangé, je risque de mordre.

- Oups, j'y cours !

Ruby revint dans la minute avec sa commande et s'installa pour discuter avec elle. Il y avait rarement foule à cette heure et elles s'entendaient bien, sortant assez souvent pour des soirées entre copines.

- Emma, vraiment, tu devrais songer à le larguer. Je ne vois vraiment pas ce que ça t'apporte de rester mariée avec lui. D'après ce que tu m'as dit, ce n'est même pas un bon coup au lit.

- Ouais, ben, à ce sujet, même le peu auquel j'avais droit a disparu maintenant alors…

Ruby allait lui répondre quand la porte du petit café d'ouvrit avec fracas. Regina Mills entra, furieuse.

- Houla, elle a l'air pire que toi ce matin, ça va chauffer, je te laisse !

Une heure avant

Regina se réveilla avec une bonne migraine et dans un lit vide. Elle n'aurait pas dû abuser de son cidre la veille au soir, elle était bien placée pour savoir qu'il était plutôt costaud. Elle n'en pouvait juste plus de passer ses soirées seule, à attendre un mari qui ressemblait de plus en plus à un courant d'air senteur pin. D'après lui, il y avait des tensions importantes qui commençaient à se faire jour parmi ses hommes depuis qu'il les avait abandonnés pour vivre avec elle après leur mariage. Elle avait tiqué au terme choisi : abandonnés. Pauvres petits. Franchement, après la forêt enchantée, les bois du Maine était aussi dangereux qu'un parc pour enfants en bas-âge. Des hommes adultes et habitués à une vie de criminels pourchassés ne devraient pas éprouver de difficulté à y vivre. A se recycler dans des activités un peu plus acceptables, peut-être mais bref, c'étaient des grands garçons, non ? Ils pouvaient se bouger et prendre leur vie en main. Elle l'avait bien fait, elle ! Et puis, zut, il ne semblait avoir aucun mal à l'abandonner elle alors qu'elle était sa femme. Il avait beau lui jurer, quand parfois ils se croisaient, qu'il passait ses nuits avec eux dans la forêt, elle avait de plus en plus l'impression qu'il y avait anguille sous roche, voire baleineau sous gravillon. Et s'il y avait bien une chose que Regina Mills, ex-reine, actuelle maire, ne supportait pas, c'était qu'on la prenne pour une idiote.

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Elle se vêtit et se maquilla avec soin, comme à son habitude. Il ne serait pas acceptable de laisser transparaître un quelconque souci au vu et au sus de tout un chacun, sa vie privée était exactement cela, privée. Elle alla ensuite réveiller Henry et Roland pour qu'ils se préparent à aller à l'école. Elle descendit leur faire un bon petit-déjeuner, omelette et bacon, quelques tartines grillées et un chocolat chaud. Elle discuta tranquillement avec eux de la journée à venir, rit d'une plaisanterie d'Henry, cajola Roland qui avait demandé d'une petite voix triste où était son papa… Tout cela en serrant intérieurement les dents tant elle avait envie de hurler, voire de mettre le feu à deux-trois trucs ou à un arrière train bien particulier. Non seulement ce crétin oubliait qu'il avait une femme mais il ne semblait pas trop se soucier de Roland et encore moins d'Henry. Elle se rendait compte qu'il n'avait d'ailleurs jamais trop pris le temps de créer un quelconque lien avec son petit prince. Plus elle y pensait plus elle se demandait s'il n'y avait pas une date de péremption en ce qui concernait la poussière de fée. Ce n'était pas possible qu'il soit son âme sœur et la traite ainsi.

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Elle déposa les deux garçons à l'école et se rendit compte que, comme souvent, elle s'était tellement occupée d'eux qu'elle en avait oublié de se faire son café du matin. Elle décida de s'arrêter chez Granny avant de se rendre à la mairie. Dans l'état où elle était, elle ne pourrait de toute façon pas fonctionner correctement sans sa dose de caféine matinale. Ou alors, il risquait d'y avoir quelques morts à la mairie aujourd'hui, si ce n'est réels, elle était du côté du bien désormais, à son grand regret des jours comme celui-ci, au moins d'amour-propre. Elle ne pouvait pas non plus tout tenir en laisse, elle était humaine après tout. Et elle savait très bien que son côté sarcastique avait tendance à exploser à égale proportion avec tout ce qu'elle retenait intérieurement. La journée allait être salée, se dit-elle en ouvrant avec violence la porte du café-restaurant.

Retour au présent

Regina balaya la salle du regard. Elle aperçut Emma qui ne lui sembla pas dans un meilleur état qu'elle. Elle se demanda brièvement ce qui avait pu lui arriver à la vue du bleu qui couvrait le bas de son visage mais elle était trop hors d'elle pour arriver à s'extirper de ses propres problèmes et à se préoccuper de ceux d'une autre.

- Ruby, grinça Regina qui se retenait de ne pas crier, un café, noir, serré, et vite, je n'ai pas que ça à faire !

- Ho, on n'est plus dans la forêt enchantée là ! Sa majesté est priée de se calmer et de se montrer un minimum polie ! rétorqua Ruby, qui n'était pas réputée pour avoir la langue dans sa poche.

Regina serra si fort les dents qu'on les aurait presque entendues crisser. Elle passa à un joli cramoisi et, dans ses poings serrés, quelques étincelles crépitèrent. Emma n'avait rien perdu de tous ces signes annonciateurs de typhon de force 9 qu'elle connaissait très bien pour en avoir si souvent essuyé les retombées. Elle se leva précipitamment et posa un main apaisante sur le bras de la maire. Celle-ci se retourna si violemment à ce contact qu'Emma, pourtant son amie, dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas se réfugier sous la table la plus proche.

- Tu viens t'installer avec moi pour prendre ton café ? proposa-t-elle à Regina tranquillement. J'ai besoin de parler avec une amie ce matin et j'ai comme dans l'idée que ça te fera du bien à toi aussi de te poser quelques minutes. Tu sais très bien qu'avec le travail que tu abats quotidiennement à la mairie, Storybrooke peut survivre à un léger retard de ta part.

Regina eut envie de s'agacer que la blonde sache si bien comment s'adresser à elle désormais qu'elle ne pouvait rester en colère bien longtemps en sa présence mais à quoi bon, elle avait en effet raison. Même s'il faudrait la tuer et se servir de son cadavre comme d'un pantin de ventriloque pour lui faire admettre cela de vive voix. Elle s'installa en grommelant sur la banquette en face de la shériffe.

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- Alors, que nous vaut cette délicieuse humeur si tôt le matin ?

- Si c'est pour me provoquer, Emma, je te conseille vivement de changer ton fusil d'épaule tant qu'il te reste encore un souffle de vie, grogna Regina.

- Aïe, aïe, désolée, tu as raison, je n'aurais pas dû. Tu veux bien me dire ce qui ne va pas ? demanda-t-elle sur un ton beaucoup plus doux, sincèrement inquiète pour son amie.

- Robin. Et toi ? j'ai vu ton air en entrant, tu n'avais pas l'air beaucoup mieux que moi.

- Killian. On fait la paire, je te jure, avec nos deux incapables.

- Hum, en ce qui concerne le mien, encore faudrait-il que je le vois pour savoir de quoi il est capable…

- Hum, à ce point-là ? Crois-moi, je préfèrerais en voir moins du mien, surtout le matin au réveil…

- Il ne t'a pas frappée, Emma ? Rassure-moi, vous n'en êtes pas là ?

- Non, non, rassure-toi. Il était juste couché devant la porte de la chambre. Et tu connais ma légendaire maladresse. Rajoute à cela que je venais de me lever, avec ma toute aussi légendaire capacité à émerger le matin. Le mur en face de ma chambre a eu le droit à un bonjour très intense de ma part.

Elle aurait voulu être désolée pour son amie, cela devait quand même être douloureux vue la couleur, mais Regina ne put s'empêcher d'éclater de rire. De honte, Emma prit une légère teinte rosée.

- Merci, Emma, j'avais besoin d'un peu de légèreté ce matin, pas comme ton atterrissage ceci dit, ajouta-t-elle en recommençant à rire.

- De rien, ravie de t'avoir divertie, grommela sa voisine de tablée. En parlant de divertissement, je sortirais bien demain, c'est samedi, mais mon mari et ses camarades de beuverie ayant fait du Rabbit Hall leur premier chez-eux, je ne vois pas trop où.

- Hum, j'avoue, c'est tentant, peu importe où. En ce moment, tout autre lieu que mon manoir encore plus silencieux que mon caveau de famille me semble tentant de toute façon.

- Hey, Ruby, il y aurait moyen de se faire une petite soirée entre filles chez Granny demain soir ?

- Heu, ouais, se hasarda l'interpellée peu convaincue, mais on n'a pas de musique ici, c'est pas fun, on ne pourra pas danser. Et puis, il y aura les clients en train de manger, y'a mieux comme compagnons de soirée…

- Dis, Regina, et si on mettait un peu le feu à ton manoir hanté ?

- Ha ha, très drôle, Emma, mais je ne dis pas non, tant que ce n'est qu'une métaphore.

- Rho, bien sûr, tu nous connais.

- Justement oui.

- Promis on sera aussi sages que possible.

- Autant dire que j'ai intérêt à ignifuger les meubles, non ?

- Rho, tout de suite, les grands mots. C'est toi la reine du feu de toute façon, pas nous.

- Je ne sais pas comment je dois prendre cela mais puisque tu as eu l'amabilité de me sortir de mes idées noires, je tolère le compliment. Je vous attends toutes demain à sept heures. Shériffe ? Vous avez vu l'heure ? Le poste vous attend.

- J'en dirai de même pour votre bureau, Madame la maire.

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Le visage tout à coup fermé de Regina et son haussement de sourcil suffirent à amener un air honteux sur le visage d'Emma qui se leva en grommelant pour se rendre au poste pour commencer sa journée de travail. Regina sortit derrière elle, un sourire moqueur sur les lèvres. Elle aimait bien asticoter la blonde de temps à autre, c'était tellement facile mais elle appréciait réellement leurs échanges. D'autant que depuis que son mari jouait l'Arlésienne, elle ne pouvait pas dire qu'elle croulait sous les conversations avec d'autres êtres humains adultes en dehors du travail. La situation ne pouvait pas durer mais qu'y faire ? Elle ne le croisait pratiquement plus. Comment, dans ce cas, avoir une conversation sérieuse avec lui sur l'état de leur mariage afin d'avoir une chance de le sauver ? A supposer même qu'elle en eut envie, ce dont elle doutait de plus en plus. C'est en soupirant à nouveau qu'elle se lança dans la comptabilité de la ville.